L'excitation. La joie. L'emballement. Des émotions diverses traversaient l'esprit d'Eileen alors qu'elle faisait ses achats pour sa rentrée à Poudlard. Sa toute première rentrée et sûrement celle qu'elle attendait le plus depuis qu'on lui avait dit qu'elle apprendrait la magie dans une école, c'est-à-dire depuis qu'elle avait trois ans. Aux côtés de son père, William Adams, elle avait été acheter sa baguette, un moment rempli d'émotions pour la petite qui avait directement senti un lien fort qui la liait au bout de bois magique. Dans les yeux de son père résidait de la fierté et de l'accomplissement. Maitre de son éducation, il était heureux de voir que son enseignement avait porté ses fruits. Il avait l'espoir que, peut-être, toutes ces années où il avait essayé de lui inculquer un maximum de connaissances la mènerait à intégrer Serdaigle, sa propre maison. Mais, au fond de lui, aussi brillante qu'elle puisse être, il y avait une différente forme d'intelligence qui l'habitait plus que l'intelligence créative, à savoir la ruse. Eileen était une vraie canaille, et ce n'était pas faute d'avoir essayé de la dompter, mais elle était sans appel.

D'un pas rempli d'entrain, la jeune fille prenait la direction de Fleury et Bott pour l'achat de ses livres qu'elle n'avait que trop hâte de dévorer. William avait les yeux rivés sur elle, car il savait qu'au moindre moment où il les détournerait, elle allait lui échapper. S'il y avait bien une chose que la jeune fille adorait faire, c'était fuir la supervision de ses parents. Désobéir, quel pied ! Mais souriante, là voilà qu'elle déambulait sur le Chemin de Traverse. Il y avait du monde, et une atmosphère un peu étrange quand on pensait au contexte politique actuel, bien que les né-moldus étaient maintenant autorisés à circuler sur les pavés du chemin commerçant. La blonde le ressentait, mais décida d'y faire abstraction.

Un peu dans la lune, elle observait la magnificence de l'automate magique géant qui était à l’effigie d'un jumeau Weasley soulevant son chapeau. La boutique rêvée qu'Eileen avait mise en dernier sur sa liste pour en profiter un maximum avant de partir et rentrer. La petite était si à l'Ouest qu'elle ne remarqua pas la silhouette d'un sorcier qui lui paraissait gigantesque. C'était la collision.

"- AÏE !"

Elle leva les yeux. Face à elle se trouvait un sorcier chapeauté d'une chevelure blonde foncée et un visage maquillé d'une barbe mal taillée. Elle grimaça, légèrement embarrassée.

"- Eileen, on s'excuse, fit son père en poussant un soupir.

- Oh, euh, oui, pardon Monsieur."

William secoua la tête avant de regarder la pauvre victime de l'excitation d'Eileen. Mais soudain, le temps se suspendit. Ses yeux bleus azurs se fixèrent sur le visage si familier qui se trouvait devant lui. Il avait changé, oui. Il avait troqué la jeunesse pour la maturité et sa silhouette s'était agrandie. Mais dans les yeux de l'homme, William reconnut ce regard vif et animé qui l'avait poussé à aider ce garçon, encore jeune à l'époque, dans ses révisions. Peut-être était-ce d'ailleurs ces soirées acharnées qui l'avait inspiré à devenir le tuteur de sa fille. Il se souvint de ces heures autour d'un devoir de potion, ou encore de sortilèges, où William avait essayé de lui apprendre tout ce qu'il connaissait déjà. Il s'était un peu comporté comme un mentor pour le jeune homme, mais cette relation les avait considérablement rapprochés et, même après avoir quitté Poudlard, William ne cessa pas de le considérer comme un ami. Quoiqu'il en était, un large sourire se dessina sur les lèvres du père de la blonde. Un sentiment de chaleur et de nostalgie s'éprit de lui.

"- Duncan ? Duncan Darwin ?!"

@Duncan Darwin

Voilà peu de temps que Duncan Darwin était arrivé à Londres, son train tout juste arrivé en gare, le blond n'avait pu s'empêcher de faire un léger détour par le centre avant de retrouver son frère. Après un an passé l'un sans l'autre, la fratrie Darwin avait décidé de se retrouver en fin d'après midi, pour ensemble s'envoler en direction de la maison familiale. Dans un sens il avait hâte oui, qui ne le serait pas, mais dans l'autre, il devait bien admettre que son retour était porteur de choses bien moins joyeuses dont il ne voulait pas penser. Du moins, pas encore. Passer un an à fuir les soucis dans moultes contrées et pays, il pouvait très certainement s'accorder un énième instant de répit.

Profitant de l'effet de foule, Duncan se glissa sans soucis jusqu'à l'accès du Chemin de Traverse, allée commerçante magique et rue de son adolescence. Cependant, une tour d'obsidienne provoqua un moment d'arrêt dans les pas de l'expatrié, se tenant là où le Chaudron Baveur siégeait depuis toujours, il avait toujours cru que pub serait éternel, Londres ne pouvait vivre sans lui. L'homme avait beau savoir de par les hiboux de son frère les avancées politiques du pays, le voir de ses propres yeux était une tout autre chose. Malgré lui, il pensa un instant, en mémoire à ce bar qu'était le mythique Chaudron Baveur, la dernière fois qu'il avait pu s'y rendre. Duncan y était en ruines, tel un fils enterrant sa mère bien trop tôt et désormais, le bâtiment l'était lui aussi. Quelle drôle d'époque.

D'une profonde inspiration, le temps de remettre ses idées en place, il reprit sa route l'esprit ailleurs, porté par le mouvement de la foule, le solitaire qu'il était savoura un bref instant leur rescousse loin de ses pensées. L'air était bon, chaud, portant avec lui l'odeur de l'été, il se délecta un instant des rayons du soleil sur sa peau. Une bousculade légère, tira le Darwin de sa torpeur, baissant les yeux il croisa le regard paniqué d'une fillette à la chevelure rousse, et plus qu'amusé qu'autre chose de la situation, il sourit face à l'enfant. Pourtant à son tour il fut embarrassé lorsqu'une figure paternelle exigea des excuses, elle avait, à son sens, bien moins de raison de s'excuser que lui, mine de rien, c'était lui le plus imposant des deux. A son bégaiement, il balaya l'air d'un revers de main et pardonna bien vite la petite.

Mais alors, qu'il allait repartir poursuivre son chemin, à l'entente de son nom, il se figea à nouveau, s'interrogeant sur la possible connaissance. Les yeux plissés sur le grand homme blond qui l'avait interpelé, cherchant une bribe de souvenir même fugace, mais cela fut de courte durée. William Adams. C'était évident, Duncan était consterné de ne pas l'avoir réalisé plus tôt. Tuteur de ses premières années, son ainé lui avait d'une grande aide lors de ses révisions nocturnes dans la salle commune des Serdaigle, le poussant toujours vers le haut mais intriguant, il avait tout d'un professeur. A son départ, les deux aiglons avaient gardé contact, Duncan aimait à correspondre avec William au travers des années . Il lui devait beaucoup et le voir le ramena dans instantanément à sa place d'étudiant en admiration devant son doyen.

- " William, par Merlin que ça fait longtemps ! Comment vas tu ?", rapportant son attention sur la plus jeune il réalisa bien assez vite son identité, "Toi tu dois être Eileen, non ? Ton père m'a beaucoup parlé toi dans ses courriers, alors on prépare sa rentrée à Poudlard ?"

Dire qu'il venait d'arriver et voilà qu'il appercevait déjà des fantômes du passé, décidément c'était vraiment une drôle d'époque.

Eileen avait rarement vu son père ainsi. Il paraissait amusé, joyeux et excité, tout ça en une seule fois. Quant à elle, elle était plutôt interloquée. Comment est-ce que son père pouvait connaitre cet inconnu qu'elle venait de bousculer ? Elle n'avait pas l'impression de l'avoir déjà croisé. La petite fille était intriguée. Elle fut d'autant plus curieuse quand le jeune homme qui avait suscité toutes ses émotions chez son père s'adressa à elle et connaissait son prénom. Cette situation devenait de plus en plus cocasse.

William, lui, était on ne peut plus souriant. La nostalgie réchauffait son coeur. Il tendit sa main pour serrer chaleureusement la main de Duncan avec fermeté. Ses années à Poudlard avait été les plus belles années de sa vie avant qu'il ne devienne adulte et il en gardait un doux souvenir. Raviver sa mémoire de cette manière était un cadeau qu'il n'attendait pas et le père d'Eileen aimait les surprises quand elles étaient aussi tendres.

Mais rapidement, Eileen se ressaisit et sourit à l'homme de toutes ses dents pas encore tout à fait alignées. Le prénommé Duncan lui plaisait bien car il s'était adressé à elle et elle aimait qu'on lui porte de l'attention. D'un air fier, elle hocha la tête, faisant abstraction de son père qui s'apprêtait à répondre à son vieil ami.

"- Oui ! Je rentre en Septembre. Alors avec Papa, on fait nos petites courses. Enfin, on les faisait, du coup, dit-elle sur le ton de la plaisanterie."

William secoua la tête, habitué au comportement de sa fille malgré tous ses efforts pour qu'elle évite d'être aussi direct et ironique avec les nouveaux venus. Il posa une main sur son épaule et la pressa doucement pour lui indiquer de faire attention. Mais cette dernière n'en tint pas compte. Elle plissa alors les yeux.

"- Et vous, vous connaissez mon père ? ET mon prénom ? Fort curieux, tout ça, fit-elle en posant ses poings sur ses hanches comme un petit adulte."

William coupa court à la désinvolture de sa fille :

"- Et bien, Duncan, qu'est-ce que tu fais ici ? Ça doit faire... une éternité que je ne t'avais plus vu."

Son ton était un peu plus posé désormais, son exaltation étant désormais un peu descendue. La joie était toujours là mais un peu plus cachée, comme à son habitude. Après tout, il était rare pour le père de montrer la plupart de ses émotions, étant plutôt éloquent que démonstratif.

Soudain, une des phrases de leur interlocuteur tiqua dans la tête d'Eileen.

"- Mais pas écrit, si je comprends bien !, intervint-elle. Des courriers ? Vous êtes écrivain ?"

William se pince l'arête de son nez, légèrement embarrassé de l'aisance de sa fille à tort et à travers sans tourner sept fois sa langue dans sa bouche. Il espérait que son vieil ami ne soit pas offensé qu'elle soit à ce point sans-gêne de s'immiscer aussi naturellement dans leur conversation.

@Duncan Darwin

La petite tête rousse amusait Duncan, sa répartie cinglante démontra avec justesse l'assurance dont débordait l'enfant, un potentiel bien loin du stéréotype Serdaigle. De son côté, le malaise de William démontrait, aux yeux du gérant, que ce caractère semblait bien trempé et inné chez sa fille, résistant à des années d'éducation. Si il ne doutait pas des talents de précepteur de son vieil ami, il put cependant se questionner sur la complexité d'élever un enfant, surtout lorsque celui-ci semblait aussi énergique. Le sourire aux lèvres, notre grand blond ne put s'empêcher de ricaner face à la nouvelle altercation de la plus jeune, elle ne s'arrêtait donc jamais ? Malgré tout, il tenta de se ressaisir rapidement afin de ne pas augmenter le courroux paternel, il ne voulait surtout pas lui attirer de problème. Tant bien que mal, Duncan se racla alors la gorge, en quête de sérieux, tout en ébouriffant sa barbe blonde. " Pas loin d'une éternité c'est vrai William, la preuve une mini toi à fait son apparition et semble parfaitement maitriser la dialectique.", disait il tout en envoyant un clin d'oeil à la principale concernée, "Mais et toi alors que deviens tu, j'imagine que tu enseignes toujours ? Quand je pense que tout a commencé alors que nous étions encore gamins, enfin surtout moi, des insomnies à travailler dans la salle commune des aigles.."

Des souvenirs pleins la tête il posa son regard sur la Adams miniature, elle avait encore tout à vivre et à découvrir dans ces couloirs aux milles surprises et quelque part, il l'enviait. Le visage rieur par sa curiosité infantile il lui répondit avec une douce malice, " Quant à moi, non je ne suis pas écrivain malheureusement mais un modeste voyageur en mal du pays qui vient tout juste de revenir. Ne prends pas exemple sur moi, je ne suis plus le bon élève que ton père a connu."

William sourit. Duncan n'avait pas l'air le moins du monde offensé par l'aisance de l'enfant, il semblait même amusé et ne s'en cachait pas. Il était vrai que cela faisait longtemps que les deux adultes ne s'étaient plus vu, mais William n'en avait pas oublié son caractère tranquille et son sens de la répartie. Il n'allait pas être démonté si facilement par la petite Eileen qui n'en faisait qu'à sa tête malgré les nombreux signaux de son père.

Le père Adams secoua alors la tête à l'énonciation de l'enseignement. Non, il n'enseignait pas officiellement. Il ne jouait simplement que le rôle du précepteur de sa fille mais cela allait radicalement changer avec l'arrivée de la rentrée scolaire, au plus grand désarroi de l'ancien Aiglon.

"- Je n'enseigne plus, non. J'ai fait l'éducation de ce petit troll, plaisanta-t-il en pressant les épaules de sa fille, mon mini moi, comme tu dis, même si je ne sais pas d'où elle sort toute cette énergie. Mais elle rentre à Poudlard bientôt, donc je reste à mes écrits. Je manie mes mots à la Gazette, sourit-il."

Il aimait bien son métier. Il ne faisait pas partie de ces grands journalistes dont on entendait parler mais il avait l'occasion ici et là de lire le travail d'autres illustres écrivains avant que les articles ne soient publiés et ça, c'était un avantage qui lui faisait très plaisir. Eileen, quant à elle, regarda Duncan d'un oeil curieux. Elle était intéressée par la brève énonciation de ses voyages. Elle n'avait jamais vu que les Cornouailles, Bakewell et le Chemin de Traverse - qu'elle venait tout juste de découvrir. Entendre quelqu'un parler de la grandeur du monde, c'était comme lécher les vitrines du magasin d'équipement de Quidditch pour la petite : c'était attrayant.

William rit légèrement quand il entendit la dernière phrase de son ancien "élève" si on peut l'appeler ainsi :

"- Je suis sûr que tu n'as pas récidivé à ce p-

- Vous avez voyagé où ça ? Vous avez vu des dragons ?, le coupa-t-elle sans ménagement. Ça doit déchirer de voir des dragons !"

Elle avait des étoiles dans les yeux sans même s'en rendre compte mais l'homme avait piqué sa curiosité et il allait lui en falloir beaucoup pour l'arracher à son admiration.

"- Ou alors, des Trolls des montagnes ? Ou même des Billywigs ? Des Occamys ? Des Abrax-

- Eileen, Eileen, la réprimanda son père. Respire, ma chérie. Et ne dérange Duncan comme ça."

Une moue prit place sur le visage de la petite fille. Comme c'était injuste, elle qui avait tant hâte d'en savoir plus. William mima un "Désolé" du bout de ses lèvres à l'attention de son vieil ami. Il n'y avait pas faute d'avoir essayé de canaliser l'enfant mais elle n'était pas prête à amorcer sa mission pour en savoir plus sur la diversité de la nature aussi facilement.

Mille excuses pour ce temps de réponse aussi long...

Si Duncan fut surprit de savoir son vieil ami loin de la carrière de professeur qu'il lui imaginait il n'en fit rien transparaître. Celui-ci paraissait heureux et c'était bien tout ce qui importait, puis après tout peut-être ne le connaissait il pas tant que ça, l'eau avait coulé depuis leur époque étudiante. D'une certaine manière la carrière de journaliste de son interlocuteur ne l'étonna guère, toujours particulièrement doué devant ses yeux d'enfant admiratif, il l'avait admiré bien d'années d'autant plus qu'il ne s'était jamais vanté. Néanmoins il constata aisément la tristesse dans la voix de William, sa fille préparant sa rentrée à l'école de magie, il comprenait le vide qu'il pouvait ressentir en lui. Enfin, balayant ses tracas aussi vite qu'ils furent arrivés en pensées, le blond ne laissa pas tourmenté et conserva son fidèle sourire, bien heureux de cette rencontre.

Tandis qu'il s'apprêtât à répondre, laissant son ancien camarade conclure, il ne fut guère surprit face à l'interruption volcanique de sa fille. Attendri un bref instant, il ne put s'empêcher d'exprimer un bref plissement de nez à l'entente du mot dragon, déchirer était un faible mot. Malgré tout, impossible de lui tenir rigueur et encore moins de déprimer face à ces feux de joie qu'abritèrent ses prunelles. Cette fougue infantile lui manquait parfois, pire encore il l'enviait, était-ce donc ça vieillir ? Ou bien n'était il seulement qu'un homme au besoin de fonder une famille lui aussi, il n'en savait rien à vrai dire.

- "Ma maman a étudié les dragons pendant des années oui mais aujourd'hui c'est mon frère qui travaille avec eux. J'en ai eut la chance de voir un vert Gallois une fois, tout feu tout flamme comme créature un peu comme toi, non ?" riait il doucement d'un clin d'oeil complice, " Avec ton père on a pu en voir des Trolls des montagnes, enfin ce n'est très certainement pas très gentil pour nos professeurs de l'époque.", finissait il d'un regard entendu en direction, cette fois, du paternel.

C'est moi qui m'excuse cette fois ci

Un petit gloussement enfantin s'échappa des lèvres de la petite fille au son de la dernière phrase du Monsieur. Elle le regarda, les yeux plein de malices en tentant d'imaginer à quoi pouvaient ressembler les professeurs de l'époque. Quant à William, lui non plus ne put s'empêcher de pouffer un peu mais son visage se ravisa bien vite en un simple sourire en coin. À nouveau, un petit éclair de nostalgie traversa ses yeux aux souvenirs qui lui étaient jetés à la figure avec beaucoup de grâce. Ce n'était pas douloureux, loin de là. Ça lui mettait du baume au coeur.

"- Waouh, fit Eileen, interrompant les pensées du paternel."

Les yeux de la petite Vipère à en devenir souriaient, admirateurs. Ses joues s'étaient aussi un peu teinté de rose à la comparaison de Darwin quand il l'avait appelée "tout feu, tout flamme". Si elle était aussi impressionnante qu'un Vert gallois, elle ne ferait qu'une bouchée de cette rentrée et sa confiance en elle monta en flèche à cette pensée. Elle bomba alors le torse puis jeta un coup d'oeil vers son père qui n'avait pas fini d'être exaspéré de la mise en scène constante de sa fille.

"- Regarde, Papa, je vais devenir un Vert gallois ! Monsieur Darwin a dit que j'étais tout feu, tout flamme, comme eux ! Rawrr !"

"- Oh, Seigneur, répliqua William, sans pour autant s'empêcher de rire."

Eileen éclata de rire à la réaction de son père en se prenant le ventre puis tapota son épaule comme pour le rassurer de sa folie. Il leva brièvement les yeux au ciel sans pour autant cacher son amusement mais se reconcentra bien vite sur leur interlocuteur qui devait être quelque peu interloqué de cet échange. La petite Eileen ne connaissait qu'à peine l'embarras et était bien difficile à canaliser. Il s'apprêta à ouvrir la bouche mais, sans grande surprise à ce stade, fut vite coupé par la pile électrique qui l'accompagnait.

"- Vous avez aimé Poudlard ? Malgré les Trolls de profs, dit-elle, rieuse. Vous avez l'air intelligent, ça n'a pas du être bien compliqué, pour vous, je me trompe ?"

Rieur, Duncan n'en finit plus d'être surprit par la petite à la chevelure de feu à l'inépuisable énergie. L'imitation infantile du dit dragon toucha en plein coeur le blond, se surprenant à comparer la jeune Adams aux souvenirs de l'enfant que fut son ainé, Aedan. Des images nostalgiques plein la tête, celui-ci revoit les jeux fous qu'inventaient les deux Darwin avides d'aventures. Incapable de retenir un rire face à l'imitation de la jeune Adams devenue Vert Gallois, emporta Duncan dans un franc éclat de joie. Ce n'était pas tant que la métamorphose soit réussi, et bien qu'il fut attendri, le regard dépité du paternel de ce dragon offrit au blond un régal sans appel.

" Ouh je suis terrifié ! ", s'amusa t'il tout en feignant la terreur de manière peu convaincante la larme à l'oeil.

La folie passagère de Eileen s'étant calmée, Duncan put reprendre son souffle et ainsi se calmer un temps soit peu tout en secouant la tête désabusé. Le calme olympien de son ami d'enfance semblait à milles lieux de son intenable de fille, de qui pouvait elle bien tenir cela, les soirées familiales devaient être mouvementées, pensa t'il. Les questionnements de la jeune Adams reprenant de plus belle, sans réelle surprise, cette dernière replongea plus encore le blond dans la douceur de la mélancolie.

" Poudlard est un doux souvenir oui, il est clair que ce château en aura vue des choses.", soupira t'il des flashs adolescents lui offrant un doux sourire., " Et je te remercie, il est clair que Serdaigle m'aura apporté un peu de sagesse, du moins je l'espère et puis ton père a bien aidé aussi.", riait il le regard complice sur son camarade de la maison bleu, " Ah William il aura fallut que tu partes pour rater mes premiers déboires, m'enfin tu as bien assuré, avec mon frère comme modèle ce n'était pourtant pas gagné ! Mais et toi alors, comment as tu donné naissance à un tel dragon ? "

Eileen avait du mal à dissimuler la fierté qui s'éprenait petit à petit d'elle en voyant que son imitation de dragon répandait la joie chez ledit Duncan Darwin. Faire rire un plus grand que soit, n'est-ce pas là le plus grand accomplissement d'une enfant ? Du moins, pour Eileen, ça l'était. Elle jeta un coup d'oeil qui n'avait pas cillé, malgré un petit sourire amusé et elle lui sourit en coin. Assez amusant, au final, car elle avait l'air de lui dire "Tu vois que c'est drôle ?". William roula des yeux mais ne put s'empêcher de rire en voyant son vieil ami s'essuyer les yeux tant il riait aux larmes.

Quand le calme revint enfin à la discussion, William put enfin se permettre d'ouvrir un peu la bouche. Le pauvre paternel avait à peine eu l'occasion de discuter avec Duncan tant la pile électrique qui lui faisait office de fille ne pouvait s'empêcher de déblatérer ses âneries. Alors âneries, certes, mais malgré le désespoir qu'il pouvait ressentir par moment, il ne l'échangerait pour rien au monde.

Aux dires de son ami, le père Adams se laissa à rire une énième fois. Cet échange était décidément animé de rires et cela n'était pas pour déplaire au blond qui y prenait un malin plaisir. Lui qui à la base pensait simplement à acheter les fournitures scolaires de sa fille et à devoir se casser la tête pour ne pas la laisser filer, Duncan était là pour apaiser son esprit tourmenté. Sa femme ne le lui aurait jamais pardonné s'il l'avait perdue mais la présence de son ancien camarade de maison semblait canaliser la petite.

- Eh bien écoute, on se le demande toujours !, rigola-t-il à gorge déployée. Cette énergie ne peut certainement pas venir de moi donc je pense que ça vient de Lana mais tu sais, c'est une personne plutôt posée... Si c'est une erreur au moment de la commande aux cigognes, alors c'est une belle erreur.

Il se pencha alors pour chuchoter au jeune homme :

- Oui, on a en effet du sortir la carte cigognes... Mais elle est tellement curieuse, aussi !

La complicité qui semblait unir les deux parents, ne pouvait qu'émouvoir l'ancien Serdaigle autant qu'il était amusé par cet échange incongru. Lui fraichement revenu de voyage, il n'aurait guère pensé retrouver un vieil ami sur cette allée, et moins encore y échanger ces quelques banalités. Retour dans le monde réel pour le moins efficace, à cet instant Duncan comprit tout ce qui avait pu lui manquer et l'inciter à rentrer, et ce malgré toutes les tracas qui, de pieds fermes, l'attendaient. On ne pouvait pas partir du jour au lendemain pour fuir ses tracas à l'autre bout du monde, sans être certain, qu'armés de toutes leur patience, ces derniers sauront nous retrouver. Mais pas pour l'instant non, et ce petit bout de quotidien, lui, il s'en délectait.

Riant de plus belle face à la confession paternelle, Duncan lui tapa brièvement l'épaule dans un signe de familiarité amicale.

- Ah ces cigognes... il faut croire qu'elles se sont mélangées ce soir là oui, ce n'est pas une simple petite fille que tu as mais bien un dragon. Parole d'expert.

A ses mots, il offrit un énième et bref clin d'oeil complice à la rouquine visée par cette comparaison, décidément celle-ci semblait avoir de l'énergie à revendre, il mourrait d'envie de voir les professeurs qui, bientôt, s'en brûleront les doigts. D'un regard pour son vieil ami, Duncan ne put s'empêcher de lui proposer de nouvelles retrouvailles, sans doutes qu'une fois la rentrée passée, celle-ci seraient plus calmes.

- Il faudra qu'on aille boire un verre un de ces quatre si tu veux, on pourra parler plus librement du bon vieux temps sans risquer de tomber sur un dragon.

Ce n'est même plus du retard à ce rythme mais un avis de disparition, pardon petit dragon !