Théo était très content, c'était les vacances et Noël approchait à grands pas. Il s'était donné à fond pour les derniers devoirs de cette année 2044 qu'il en avait totalement oublié de faire des cadeaux pour ses parents. Il prit donc sa journée pour aller faire quelques achats. La rue du Chemin de Traverse était bondé, des centaines de sorciers se ruaient dans les différentes boutiques. Il voyait des élèves de Poudlard parmi toutes ces têtes mais la plupart lui étaient inconnues. Avec toute cette foule, il devait pousser les passants avec sa petite taille à laquelle il ne prêtait aucune attention. Ça l'énervait vraiment !

Il sortit de la boutique de Quidditch fier de ses achats pour son père et pour lui-même. Il s'était auto-offert un cadeau. Par contre pour sa mère, il devait sortir du Chemin de Traverse et rentrer dans les rues moldues de Londres pour aller dans une librairie spéciale pour trouver deux livre sur la fête de Yule et Noël. Il s'était un peu renseigné sur Yule qui était une fête du solstice d'hiver occidentale pré-chrétienne. Son père l'avait un peu aidé pour lui dire dans quelle librairie les deux livres étaient mais il en avait totalement oublié le nom. Théo laissa tomber et se dit qu'il pourrait demander à quelqu'un sur son chemin qui aurait potentiellement plus d'informations que lui. C'était une jeune fille aux cheveux très noirs qui devait avoir à peu près son âge à Poudlard. Il se lança car il était pressé et voulait en finir.

"- Bonjour, excuse-moi, est-ce que tu connaitrais une librairie à Londres qui vend des livres sur l'histoire de Noël et Yule, si tu connais bien sûr... "

Il fit le garçon mignon, tout gentil pour la convaincre de ne pas l'ignorer et d'avoir pitié de lui. Elle avait un peu une tête à lire des livres mais c'était peut-être le fruit de son imagination. Au pire, si elle ne s'y connaissait pas, c'est pas grave, le garçon demandera à quelqu'un d'autre jusqu'à trouver un connaisseur.

La neige tombait délicatement sur le sol du Chemin de Traverse. Pour Noël, Marguerite avait décidé de se rendre dans ces galeries de magasins sorciers. Lydia la soupçonnait de faire une repérage pour avoir des idées de cadeaux. À vrai dire, elle ne voulait pas grand chose. Noël n'était pas très présent dans son esprit et lui paraissait loin, si loin. La présence d'une inconnue chez elle la préoccupait d'avantage. Elle espérait vraiment que cette fille *Barton* ne serait pas trop insupportable. Elle avait du mal à comprendre son père : inviter un ami éloigné pour Noël, c'était si bizarre !

Elle songeait, en attendant que sa grand-mère ait fini quelques achats, que son père ne finissait jamais de la surprendre. Ce n'était pas toujours agréable mais il fallait faire avec. La contemplation des flocons était agréable et donnait envie de réfléchir. La neige envahissait le sol et tombait silencieusement. Le vent faisait valser ces petites choses blanches dans l'air. C'était joli. C'était l'hiver et l'hiver était beau, enfin la plupart du temps.

Un garçon l'accosta. Elle avait souvenir d'avoir vu ce visage quelque part ; c'était donc un élève de Poudlard. Il lui posa une question à propos de Noël ou Yule. Elle s'étonna un instant qu'il vienne lui parler si facilement. Elle résista à l'envie de lui lancer un regard légèrement méprisant mais se reprit, c'était Noël. Elle ne fêtait pas Yule et avait un peu oublié la signification de cette fête, elle espérait ne pas avoir l'air trop stupide devant ce garçon. En revanche, la naissance du Christ, elle la fêtait. Marguerite était chrétienne et bien qu'elle n'ait jamais obligé sa petite fille à se rendre à la messe de Noël, Lydia y était allée plusieurs fois par curiosité. Le concept de religion lui paraissait très peu rationnel et elle ne comprenait pas encore l'intérêt.

Elle fixa ses yeux azur dans ceux du garçon et lui répondit.

« Il y a la librairie moldue Foyles, je crois. Mais pourquoi tu cherches un livre comme ça ? »

La jeune fille ne lui avait pas mis de vent et ne l'avait pas si mal regardé que ça, elle avait l'air sceptique. Mais il aurait été quand même étonné si elle ne s'était pas posée de questions sur la manière dont le garçon était arrivé vers elle. Heureusement pour lui, vu sa réponse, elle avait l'air de s'y connaitre un peu en librairies et livres du coin. Elle lui indiqua donc la librairie Foyles, ce nom lui disait quelque chose mais il ne se souvenait de rien sinon... Surtout de l'emplacement du lieu. Théo allait lui poser la question pour trouver son chemin vers son but final de la journée mais elle le coupa dans son élan lorsqu'elle lui demanda pourquoi il cherchait un livre de ce type. C'était un peu ses affaires personnelles mais il lui répondit quand même car elle avait été sympathique avec lui et n'était pas si effrayante que ça !

"- Je cherche un cadeau pour ma mère. Et mon père m'a parlé de ce thème de livre qui pourrait l'intéresser. Sauf que j'ai oublié le nom de la librairie où ils pouvaient se trouver...

Le garçon venait de remarquer qu'il ne l'avait même pas remercier et se sentait assez coupable de son impolitesse. Il hésita à se reprendre car cela ferait assez bizarre de laisser un blanc entre ses deux phrases. Mais il ne voulait pas être vu comme un impoli et garder ça sur la conscience même si dans une heure, il allait sûrement oublié le fait d'avoir oublier de la remercier.

- Merci beaucoup en tout cas, tu as l'air de t'y connaitre en livre."

Il en oublie totalement de lui demander son chemin tellement il avait hésité à se reprendre, il réfléchissait beaucoup trop. Ça commençait à ne plus l'étonner.

Le jeune garçon – Williams, elle se souvenait du nom de famille mais pas du prénom – cherchait un livre. Un cadeau pour sa mère. Lydia fronça légèrement les sourcils : offrir un livre religieux était… étrange. Les histoires où les héros vivaient avec passion, se consumaient dans leur amour pour un autre personnage, vivaient des tas d’aventures et exploraient toutes les facettes de l’âme humaine étaient beaucoup plus intéressantes. Du moins, c’est ce qu’elle aurait offert à Colombe, sa mère. Cette année pourtant, elle lui offrirait autre chose. Elle ne savait pas encore quoi – Merlin savait pourtant que Noël approchait à grands pas ! – mais la fillette voulait une chose originale, personnelle ; autre que d’habitude.

Williams lui répondit et la remercia. Elle fit un petit signe de la main et continua la conversation.

« Oh mais de rien ! Et si je me connais en livre, je suis une Serdaigle après tout, dit-elle avec un clin d’œil. Mais ta mère est intéressée par l’histoire de Noël ou Yule ? Pas banal… »

C’était peut-être une historienne réputée, ou une intellectuelle sorcière ou moldue connue dans son milieu. La petite Holmes n’en savait rien mais elle était curieuse d’en savoir plus. Marguerite n’avait pas fini ses achats, elle resterait encore à parler potions avec la vendeuse, Lydia avait donc tout son temps pour connaître un peu plus son interlocuteur, sous le regard des étals divers des échoppes.

Le froncement de sourcil de la jeune fille ne passa pas inaperçu aux yeux de Théo et il voyait bien que quelque chose la perturbait dans ses gestes ou bien sa réponse. Il trouva vite sa solution... Certes le Chemin de Traverse était beaucoup plus peuplé par rapport à certains jours des vacances d'été, mais il entendit clairement et nettement sa question qui était restée pour l'instant au bout de sa langue.

« - Pourquoi ce thème... Et bien, ma mère est très investie dans sa religion donc mon père m'a conseillé de lui offrir ça... Et puis c'est le bon moment pour ce cadeau, on est dans la bonne période... »

Il n'avait pas l'air très futé car, lui, ne s'y connaissait vraiment pas. Pourtant il avait essayer de s'y intéresser mais il ne devait vraiment pas avoir de lien entre lui et Dieu. Sa mère, de son côté, essayait de tout faire pour l'investir au maximum mais têtu comme il était, impossible de le faire changer d'avis. Elle ne perdait pas espoir et croyait toujours en lui en pensant que dans quelques années, il lira la Bible tous les deux le soir. Un rêve qui, à son avis, ne se réalisera jamais, avec Poudlard à côté, il était compliqué de se parler. Les seuls moments où ils peuvent parler en tête-à-tête de sa vie "sérieuse" sont pendant les vacances...


« - Ça a l'air de t'étonner de chercher un livre comme ça mais j'ai l'impression que chez moi, ça devient de plus en plus une habitude. »

Théo sourit brièvement pour lui montrer le chemin du minime humour qu'il venait d'essayer.

Le jeune homme répondit à la jeune fille ce qu'elle voulait savoir. C'est à dire : sa mère était-elle croyante ? Elle trouvait plutôt étrange d'offrir un livre au sens si personnel et intriguant qu'étaient les manuscrits religieux. De plus, la foi lui apparaissait comme quelque chose de personnel, pas vraiment ce dont on parle à ses enfants... Enfin, chacun et chacune pouvait avoir des avis divergents. Lydia n'avait pas envie de se poser trop de questions aujourd'hui. Le moment qui se déroulait devant elle était simple. Il neigeait, les flocons avaient de jolies formes et une jolie couleur. Elle attendait Marguerite, bientôt elles rentreraient dans la maison chaleureuse de Bath et la fillette s'enroulerait dans une couverture en regardant les flammes danser dans l'âtre et avaler le bois. Un garçon lui demandait de l'aide et elle lui répondait ; c'était simple.

Au milieu de cette banalité, une chose l'étonna pourtant. C'était une des paroles du garçon, il avait parlé d'habitude. On prenait l'habitude de la religion ? C'était donc une sorte de routine qu'on adoptait un jour ou l'autre ?

« Oui ça m'étonne un peu mais c'est pas grave, chaque famille est différente ! Par contre, comment ça une "habitude" ? »

Elle lui adressa un petit sourire. Elle ne voulait pas être trop hautaine car cela rendrait le dialogue impossible, or la fillette avait envie de continuer cette conversation pour voir où ils pourraient en venir.

Finalement, le garçon était tombé sur la bonne personne, elle était fort sympathique et ouverte. Ça le rassurait. Au moins, il n'était pas tomber sur un Sang-Pur prêt à tout pour lui détruire sa journée. Ou alors une personne au revenu assez modeste qui sortirait de l'Allée des Embrumes avec un regard assez peu discret. Elle avait l'air assez intrigué à l'idée de parler de religion pour une personne banale en plein milieu du Chemin de Traverse.

« - C'est une habitude parce que ma mère est très investie dans ses idées principales. Sa religion en fait partie et elle essaye de me la transmettre tous les jours mais ça ne marche pas sur moi apparemment. Mais je m'y fais et elle a l'air d'être exaspéré car je ne fais pas d'effort. Donc ça devient une habitude pour moi de voir ses soupirs mais qu'elle a toujours le courage de me transmettre ses idées. De temps en temps, elle m'aide et je fais pareil en retour. »

Il commençait à s'étendre sur sa vie familiale et religieuse de sa mère. Théo doutait sur le fait que la jeune fille soit si intéressée par la description de sa mère qui se lève pour aller prendre son petit-déjeuner pour ensuite raconter sa journée entière. C'est pour cela qu'il s'arrêta de parler et essaya de détourner la conversation sur autre chose ou pour en savoir plus sur elle vu qu'il était littéralement en train de parler à une inconnue dans la rue. Pas si inconnue que ça comme elle avait l'air d'étudier à Poudlard elle aussi.

« - Tu m'as posé ta question, à moi ! Pourquoi cette question ? C'est si étrange que ça chez les sorciers ? »

Lydia grinça des dents. Le garçon était peut-être sympathique – au premier abord – mais elle n’avait pas envie de rencontrer sa mère. La religion était quelque chose avec laquelle elle avait du mal ; quel que soit le dieu, c’était selon son esprit rationnel, une croyance assez peu fondée. Alors être exaspéré parce que son enfant est imperméable aux discours religieux… Elle revêtit un visage impassible pour ne pas montrer son total désaccord – elle n’avait pas à donner son avis sans connaître les personnes et la famille.

« Ah bah c’est sympa, tu cherches à te rattraper » dit-elle malicieusement.

Il lui posa ensuite une question, qui attesta bel et bien qu’il était né-moldu. Elle frotta ses mains entre elles pour se réchauffer et pensa à une réponse.
« Mh non, c’est pas étrange mais… »

Comment expliquer son cas personnel sans remonter plusieurs générations en arrière et ennuyer royalement son interlocuteur ?

« Dans ma famille, tout le monde croit à la science, ou à l’art si on prend l’exemple de ma mère. Mais je pense qu’il existe des sorciers religieux – peut-être moins que de moldus. J’pense que le peuple sorcier possède déjà une magie qui, elle s’arrêta avant de commettre un gros blasphème auquel le jeune homme pourrait être sensible, est déjà une sorte de religion à elle-seule et explique beaucoup de mystères. »

On appelait cette technique : retomber adroitement sur ses pattes.

Sa remarque malicieuse lui déplut, il posa ses mains sur ses hanches, dépité de voir qu'elle avait l'impression de faire face à un sale gosse posant un pied vers l'adolescence. Il ne se rattrapait pas voyons ! Il était juste aimable avec sa mère.

Les explications de la jeune fille le laissèrent perplexe pendant quelques secondes. Que voulait-elle dire par là ? Cela voulait dire que c'était possible d'avoir plusieurs religions... Il avait toujours été persuadé qu'on ne pouvait en avoir qu'une... Il trouvait cette discussion assez étrange car il n'avait pas l'air d'avoir du tout le même avis que la Serdaigle.

- Mais oui mais la magie ça existe vraiment ! La preuve regarde autour de toi ! On sait tous que n'importe quel Dieu n'existe pas, en tout cas je ne crois pas...

Théo ne faisait plus attention à ses mots, il ignorait totalement le côté "relation sociale" et "choses à ne pas dire avec une personne quasi inconnue" . Mais la conversation avait pris le dessus de ses pensées et de sa réflexion. Alors que quelques secondes de silence s'étaient installées entre eux deux, il reprit :

- Après quand on est moldu, on doit sûrement penser que la magie n'est pas réelle et qu'elle n'apparaît que dans les contes... Ça doit être perturbant pour ceux qui reçoivent leur lettre alors qu'ils n'ont jamais mis un pied au Chemin de Traverse.

Heureusement que son père l'avait un peu initié en douce dans le dos de sa mère aux pratiques sorcières, sinon, il aurait atterri à Poudlard en pensant qu'un balai servait seulement à nettoyer le sol des dortoirs...

Théo est en pleine forme !

Une minute.
Le jeune homme posait ses mains sur ses hanches.
Il n’avait pas aimé sa blague. Il n’avait pas adhéré à sa blague.
Le visage de Lydia, qui s’était ouvert, se referma. Elle était vexée et ses yeux étaient devenus un brin plus sombres : comment ça il n’adhérait pas à sa blague ? Si on ne pouvait plus rien dire maintenant sans craindre de froisser les sensibilités de chacun !
Elle abandonna l’idée d’être ouverte et décida de se concentrer uniquement sur la conversation qu'elle menait, sans intérêt pour la personne avec qui elle la partageait. Cet interlocuteur était d'ailleurs en train de lui démontrer l'absence totale de religion face à la magie. « Ouais je sais pas, j'pense que certains sont faibles et éprouvent le besoin de croire en quelque chose... » répondit-elle en hésitant. Son esprit rationnel s'activait, poussant au loin les traces d'empathie que Lydia avait parfois. Elle parvint toutefois à s'imaginer à la place d'autre plus faibles lorsqu'il s'agit de parler d'enfants nés-moldus.

« Merlin oui, ça doit être super perturbant ! Tu penses que certains ne sont jamais allés à Poudlard juste parce qu'ils n'y croyaient pas ? Imagine comme la stupidité peut conduire à faire la pire erreur de sa vie. »

Elle sourit en sentant un flocon de neige se poser sur son nez. D'ailleurs, la neige : création entièrement expliquée par la science ou mystérieuse au point qu'on devait y chercher une réponse dans la religion ? Il lui faudrait creuser cette problématique.