L'hiver était vraiment installé sur Poudlard. Le vent, la neige, le froid, tout y était, impossible de s'y tromper. Le parc s'était paré de son manteau blanc, tout comme les arbres, ce qui donnait un air encore plus magique, mystérieux même au château. Mais ce qu'Eileen aimait par dessus tout, c'était le crissement des pas sur le sol, les sons feutrés comme si tout était paré de coton. Ça apportait un calme apaisant qui lui faisait le plus grand bien. Bien sûr, il fallait s'écarter un peu de la bâtisse pour éviter les inhérentes batailles de boules de neige mais ce n'était pas bien compliqué. De toute façon, comme à son habitude depuis le début de l'année, c'était vers le lac que la menaient ses pas. Emmitouflée dans un gros pull bien chaud, une écharpe, des gants et un bonnet, elle aurait pu rester là pendant des heures, à regarder la surface paisible et miroitante, malgré la buée sortant de sa bouche à chaque expiration.

Seulement, elle finit par grelotter et donc à devoir se résoudre à rentrer. Elle se voyait déjà en train de déguster un chocolat chaud agrémenté de marshmallows au coin de la cheminée de la salle commune pour terminer en beauté cet après-midi ensoleillé. C'était un programme parfait... sauf qu'à Poudlard, rien ne se passe jamais comme prévu, c'est bien connu. L'adolescente était à mi-chemin entre le lac et la porte du château lorsqu'elle sortit un choc assez fort à l'arrière de sa tête. Le froid à l'endroit de l'impact n'était pas compliqué à comprendre : elle venait de se prendre une boule de neige. Mais de qui ? Elle tourna donc la tête pour voir l'auteur de cette plaisanterie et... patatras. Tout tourna autour d'elle alors que son pied se posait sur une plaque de verglas. Elle n'eut pas le temps de rétablir son équilibre que boum, elle se retrouvait les fesses par terre.

Mais si ça n'avait été qu'une chute - sûrement ridicule au demeurant - ça n'aurait pas été bien grave. Eileen aurait mis son égo dans sa poche, se serait relevée et aurait repris sa route. Seulement, la vive douleur dans sa cheville, elle, n'était pas qu'un problème de fierté. Elle essaya bien de poser son pied par terre mais sentit aussitôt sa tête qui tournait, sa vison se brouiller et la nausée s'emparer d'elle. Clairement, son programme allait se transformer en séjour à l'infirmerie... si quelqu'un était suffisamment avenant pour l'y conduire. Parce qu'en l'état, la Serpentard n'irait pas bien loin.

En ce dimanche après midi, Laurence était sortie prendre l'air emmitouflée dans des vêtements. Gants, bonnet, écharpe, une cape bien chaude. Il avait neigé et Laurence s'était amusée à aller marcher dans la neige là ou il n'y avait pas encore de marque, en essayant de faire des empreintes toutes propres et toute jolie. Faire quelques dessins, elle avait même pensée à faire un ange mais n'avait pas envie de se retrouver tremper alors avait évité. La petite brune aimait la neige, pour elle marcher dedans alors qu'il n'y avait encore rien dedans était une sorte de petite victoire personnelle, comme si elle pouvait se vanter d'avoir fait cette marque dans un petit coin du chemin.

Elle allait rentrer pour faire réchauffer un coups *si possible au coin d'un feu*, lorsqu'elle repéra une fille glisser et se retrouver par terre. Elle se rapprocha d'elle et repéra une personne s'enfuir en rigolant. *Lâche*. L'aiglonne comprit bien vite la situation et indignée que l'on puisse avoir si peu de respect, elle ne put s’empêcher de lui crier dessus sans savoir qui il était.

- ESPÈCE D'IDIOT ! Tu vois pas qu'elle s'est fait mal ?

Elle s'approcha de la fille en courant, et arrivée à son niveau, elle perdit l'équilibre et se retrouva sur les fesses à coté de la rousse en laissant échapper un petit rire nerveux. *Outch, bien joué ça Laurence, c'était évident que ça glissait, pourquoi tu y as été en courant ?*

-Wooo ça glisse par ici, dit-elle avant de se relever vite fait bien fait en frottant son pantalon tout plein de neige en essayant ne pas trop penser à sa douleur au coccyx. *Et ça fait pas du bien aussi*. Elle tourna la tête et reconnu l'ancienne capitaine des crochets d'argents.

- Ça va ? Tu t'es fais mal quelques part ? demanda t-elle en tapant un coup dans ses mains pour essayer d'enlever quelques grains de neige qui restait sur ses gants, avant de lui tendre la mains pour l'aider à se relever.

Voilà, dis moi si ça te va

"Atten..."

Trop tard. Si Eileen n'avait pas eu si mal à la cheville, elle aurait certainement éclaté de rire en voyant la Serdaigle les quatre fers en l'air. Non qu'elle se moquait d'elle mais plutôt d'elle-même, imaginant parfaitement à quel point sa chute avait dû être ridicule au possible. Il n'empêche qu'elle avait perçu l'échange de sa sauveuse avec le plaisantin et si ça lui avait permis de voir la direction d'où le projectile était arrivé, rien de bien concluant sur l'identité du type en question. A part qu'il portait une écharpe de Gryffondor et qu'il était brun... elle n'allait pas aller loin avec ça. De toute façon qu'aurait-elle bien pu faire, le poursuivre ? Et pour quoi faire ? Après tout, lancer des boules de neige, c'était de saison et, même en étant de très mauvaise foi, elle ne pouvait pas lui imputer sa chute. Pas directement en tout cas. Et encore une fois, s'il n'y avait pas eu la douleur, elle aurait été la première à rire de tout ça.

"La cheville. J'peux plus la poser par terre, ça me lance."

Elle finit par prendre son courage à deux mains avant de remontant à hauteur de la moitié de son mollet son pantalon pour découvrir sa cheville droite qui... ouch... avait doublé de volume. C'était pas bon signe ça. Et crotte de bique. Juste avant les vacances de Noël en plus. Si elle s'était retrouvé seule, elle en aurait pleuré de rage mais là... elle essaya au maximum de se contenir même s'il était évident à ses traits crispés que ça n'allait pas.

"Je vais avoir besoin d'un coup de main. Mais toi, ça va ?" finit-elle par dire.

Elle voulait avant tout s'assurer que la Serdaigle allait bien mais aussi reporter l'attention sur autre chose qu'elle-même. Heureusement, dans son malheur, c'était une joueuse de Quidditch qui était venu à son secours. Eileen l'avait vu évoluer sur le terrain quelques semaines plus tôt et elle était athlétique, ça jouerait forcément en leur faveur. N'empêche que l'infirmerie lui semblait diablement loin, les fesses posées dans la neige du parc.

Enfin, quand fallait y aller... La rousse attrapa donc la main tendue de la brune et s'appuyant de son autre main sur le sol, se releva pour rester à cloche-pieds. Si sa sauveuse l'aidait à marcher, ça irait mais elle allait avoir mal. Heureusement que le Quidditch endurcit, elle en avait vu d'autres.

Voyant la cheville toute gonflée d'Eileen, Laurence comprit rapidement que non, ça n'allait pas.

- Aïe, oui tu m'étonne, dit elle en faisant une grimace. Elle n'avait pas besoin d'être médecin ou quoi que se soit d'autre pour comprendre que sa cheville était cassée. L'aiglonne comprit aussi qu'il allait falloir aller faire un tour à l'infirmerie.

- Oui oui ça va, 'juste un peu mal au fesse mais c'est rien, dit-elle en souriant à l'idée de la belle gamelle qu'elle venait de se prendre avant de reporter son attention sur la Serpentard.

La main tendue, elle aida Eileen à se relever en essayant de faire en sorte qu'elle n'ait pas trop mal, même si elle ne pouvait pas faire grand chose. La voyant, Laurence n'osait pas imaginer la douleur qu'elle ressentait, elle pensait au cognard qu'elle s'était prit pendant le match contre Gryffondor, mais en version continu. Elle n'avait absolument aucune idée de ce que cela faisait de se casser quelque chose. Elle essaya de passer le bras de la rousse autour de ses épaules pour qu'elle puisse s'appuyer sur elle.

- Bon ben direction l'infirmerie je suppose, dit-elle avec une nouvelle grimace. Ça va aller ? Tu veux peut-être que j'aille chercher Mr Mason et que tu m'attende ici ? proposa t-elle. Ce n'est pas qu'elle n'avait pas envie de l'accompagner, loin de là, elle essayait juste de trouver la solution qui serait la moins douloureuse pour Eileen. En soit elle se moquait de devoir la porter, mais c'est clair que maintenant que la Serpentard était debout, elle voyait bien la différence de taille. *Logique, elle est en 4ème année*.

- Dis moi comment tu veux qu'on y aille sinon, je suivrai ton rythme. Prends ton temps surtout et n'ai pas peur de me faire mal. Je suis une solide moi, dit-elle en essayant de faire sourire un coup Eileen. Laurence n'aimait pas voir les gens avoir mal, c'était plus fort qu'elle, elle aimait voir les gens souriants, alors voir l'ancienne capitaine comme ça... Ça ne lui plaisait pas du tout.

Bon, la douleur, ce n'était pas la première fois qu'Eileen avait à faire à elle et même si sa cheville était en sale état, l'infirmier était capable de faire des miracles. C'était le lot des joueurs de Quidditch après tout, elle avait vu pire. Voilà ce qu'il fallait qu'elle se dise plutôt que d'imaginer en avance ce qui pouvait se passer si elle était immobilisée pendant ses vacances. Elle devait avoir confiance en M. Mason qui allait la remettre sur pieds en deux temps trois mouvements. Une petite potion ou bien un sort et le tour serait joué. Mais encore fallait-il atteindre le troisième étage du château.

Alors oui, la proposition de la Serdaigle était tentante. Qu'elle parte chercher de l'aide était sûrement la meilleure solution. Sauf que la douleur, les nerfs qui commençaient à lâcher dictaient une toute autre approche à l'adolescente. Elle avait froid et ne se voyait vraiment pas attendre, ne serait-ce que quelques minutes, dans la neige. Le pire, c'était les soubresauts de rire... oui, oui, de rire... qui l'agitaient. Parce que oui, ces nerfs lâchant, le rire était son seul moyen de défense. Elle en pleurait même et ça devait paraître complétement dingue à sa sauveuse, ce qui faisait encore plus rire la Serpentard. Ben c'était pas gagné tout ça mais c'était nerveux et elle ne pouvait rien faire pour se calmer.

Elle réussit tant bien que mal à répondre :

"A cloche-pieds, ça va le faire."

Ouch, ça allait prendre des lustres. Pourquoi le château était-il si grand, hein ? Et pourquoi n'y avait-il aucun adulte dans les parages quand on en avait besoin ? Ah ça, quand les élèves faisaient des bêtises, y'avait du monde mais sinon... Oui, ça aidait Eileen de maugréer et la colère permettait d'avancer. La reconnaissance aussi parce qu'elle ne voulait pas non plus être un point mort pour Laurence.

"Merci. C'est vraiment sympa ce que tu fais pour moi."

Allez, elles pouvaient le faire !

La Serpentard riait, d'un rire complétement nerveux, Laurence était complétement perdue sur la manière dont elle devait réagir. Eileen venait probablement de se casser la cheville, alors pourquoi riait-elle ? La situation dépassait totalement la petite brune qui ne comprenait absolument pas le rire de l'ancienne capitaine des verts. Devait-elle être inquiète, est-ce qu'elle était tombé sur la tête ? *Bon au moins elle arrive à me répondre, c'est qu'elle à encore un minimum sa tête*.

- Comme tu veux, répondit-elle simplement en commençant à avancer au rythme d'Eileen en arrêtant de se préoccuper de son rire. *C'est pas grave, laisse là elle à mal* Laurence ne s'imaginait même pas à la place de la rousse. Elle aurait probablement préféré rester un peu dans la neige le temps qu'on aille chercher une personne capable de la porter mais elle respectait complétement son choix.

- Pas de soucis, j'allais quand même pas te laisser toute seule dans la neige. dit-elle avec un sourire.

Les deux filles avançaient lentement, mais surement, c'était assez laborieux mais elles pouvaient difficilement faire autrement . Laurence suivait tranquillement tout en continuant de regarder ou elle marchait pour ne pas retomber et la distance qu'il restait encore entre elles et l'infirmerie. L'aiglonne ne le montrait pas, mais elle était impressionnée par la Serpentard qui avançait à cloche pieds malgré sa cheville toute gonflée.

- Allez courage tu peux y arriver ! lui dit-elle pour l'encourager. Puis avec un peu d'imagination elle ajouta : Imagine que si tu y arrives... Serpentard gagnera, son prochain... Euh non, le dernier match de la saison ! en essayant de la motiver du mieux qu'elle pouvait. Elle voulait tout d'abord dire que les Crochets gagneraient le prochain match mais c'était vite rattraper en se rappelant que c'était les Ailes qui jouaient contre eux et qu'ils ne devaient surtout pas perdre le prochain match. *Foutu Gryffondor* En tout cas petite brune avait hâte d'arriver à l'infirmerie, non seulement pour elle car elle avait l'impression d'être une béquille humaine, mais aussi pour Eileen.

La clé était dans la concentration, voilà ce qu'Eileen ne cessait de se dire. C'était sûrement un avantage d'avoir joué au Quidditch, elle était plus dure au mal que lorsqu'elle était arrivée à Poudlard. Quoique, même à l'époque, en bon garçon manqué, elle avait eu l'habitude de tomber, de prendre des coups et ça ne l'avait pas arrêté pour autant. Être élevée avec un grand frère, ça forgeait le caractère, même s'ils s'entendaient bien la plupart du temps. Leurs disputes étaient aussi rares qu'épiques alors forcément. En attendant, elle avait la tête qui tournait mais un objectif en vue et il était hors de question d'abandonner.

"Non, non, t'as raison... Le prochain match. Et le dernier aussi." taquina-t-elle un peu sa camarade.

Bon d'accord, ce n'était pas très fair-play alors que la Serdaigle était sa sauveuse mais Eileen restait avant tout une compétitrice et elle espérait vraiment voir ses camarades gagner. Même si, en étant parfaitement honnête, ça lui ferait aussi vraiment plaisir que les Ailes d'Airain finissent deuxième. Elle le garda pour elle, ceci dit. C'était déjà assez difficile comme ça de se concentrer sur la marche alors qu'elle était toujours secouée par son rire nerveux alors rentrer dans une explication, ce ne serait pas pour de suite. D'autant qu'elle ne voulait pas trop peser sur les épaules de sa camarade... bon, c'était pas simple, à chaque claudication, la douleur l'élançait et elle s'appuyait d'autant plus.

Heureusement, elles arrivaient enfin à l'entrée du château. Une fois la lourde porte franchie, la chaleur frappa les joues de l'adolescente. Ca faisait du bien mais elles n'étaient pas encore arrivées. Une pause s'imposait, pourtant, au risque de voir la Serpentard tomber dans les pommes.

"Ça t'embête pas de faire une p'tite pause ?"

- Psstt raconte pas n'importe quoi, c'est ta cheville qui te fais dire des bêtises pareils ? Le prochain match est pour nous ! ne put s’empêcher de répliquer la petite brune un grand sourire au lèvre. La réaction d'Eileen était très prévisible, elle défendait sa maison, c'était complétement normal et Laurence trouvait ça plutôt rassurant de voir qu'elle réagissait à ce qu'elle disait.

Les deux filles avançaient et Eileen avait tendance à s'appuyer assez fort. Laurence ne disait rien en se contentant que d'une grimace et un petit encouragement pour continuer. Le trajet était laborieux, l'aiglonne avait mal pour la rousse, probablement pour cette raison qu'elle ne disait rien et continuait d'avancer en faisant de son mieux. Arrivée au château, au chaud, la buée inonda complétement les lunettes de Laurence qui ne voyait presque plus rien. *Grrr qu'est ce qu'elles m'énervent !*. Comme par réflexe, elle tenta de lever la tête pour essayer d'apercevoir quelque chose. C'était un peu inutile, mais c'était déjà un peu mieux que de ne rien voir du tout. Eileen demanda alors si elles pouvaient faire une petite pause et Laurence hocha la tête.

- Oui oui bien sûr, viens il y a un banc juste là dit-elle en désignant le banc qu'elle réussit à voir sur le côté. Une fois à sa hauteur, elle aida Eileen à s'installer et s'assit à coté d'elle avant de déboutonner sa cape et d'essuyer ses lunettes dans son Pull. Elle les remit sur son nez, contente de revoir quelque chose avant d'apercevoir la blancheur d'Eileen.

- Eileen ? Ca va ? *Non bien sûr que ça va pas* Tu aurais du me dire plutôt que ça n'allait pas du tout ! J'étais trop occupée à vérifier que l'on ne retombe pas ! Laurence n'avait pas du tout fait gaffe à l'état d'Eileen et s'en voulait maintenant de ne pas s'en être aperçu avant. Il était absolument impossible que les deux filles arrivent jusqu'à l’infirmerie au troisième étage sans que la verte tombe dans les pommes. Sans hésitation, elle reprit la parole.

- Ne bouge surtout pas, je vais chercher l'infirmier. C'est pas une question. dit-elle d'un ton ferme. Elle n'avait pas l'habitude de parler comme ça, surtout pas à une personne plus grande qu'elle, mais elle ne voulait absolument pas que la Serpentard tombe dans les pommes.

- Je reviens vite, t'inquiète pas ! dit elle un petit sourire avant de courir jusqu'en direction de l'infirmerie. *Faut pas que je la fasse trop attendre, allez hop hop hop*

Laurence gravissait les marches deux par deux, en se frayant un chemin parmi les personnes. Elle avait chaud et enleva ses gants et son bonnet avant de les fourrer rapidement dans sa poche trop petite, tout en continuant de courir. *Merci Irene pour tes entrainements !* Elle manqua de louper une marche et finit par arriver complétement essoufflée devant les portes de l'infirmerie. Elle les poussa délicatement avant de rentrer en cherchant l'infirmier du regard et en s'appuyant sur ses genoux pour reprendre son souffle.

- Monsieur ! Eileen... En bas... Elle va pas bien du tout... Sa cheville... Elle est super gonflée... J'crois c'est cassé ! *Pas le temps de tout expliquer, Eileen m'attend, elle est pas bien du tout et doit avoir super mal !* Vous pouvez venir ? finit-elle par demander en retrouvant son souffle. *Wahou, c'est sportif de courir jusqu'ici*

@Rafael Mason à votre tour, merci d'avoir accepté

La neige tombait depuis le petit matin et une épaisse couche blanche s’était posée dans le parc et sur le lac. Par l’une des fenêtres de son bureau, Rafael voyait les élèves jouer avec la neige, faire des batailles de neige ou des bonhomme de neige. L’ambiance de Noël s’immisçait petit à petit dans le château et atténuait la dureté des récentes révélations lues dans le journal des sorciers. Azkaban avait été détruit et de nombreux sorciers étaient portés disparus. Rafael essayait de ne pas trop y pensait mais il était heureux que les enfants puissent avoir de quoi les réjouir un petit peu. Il prit de nouveau sa tasse de thé et le termina en quelques gorgées. C’est à ce moment là qu’il entendit des pas pressants dans la salle d’attente.

Il releva la tête et remarqua une jeune fille qu’il avait déjà vu quelques semaines plus tôt pour un problème de vision. Laurence semblait essouffler et il n’attendit pas qu’elle vienne jusqu’à lui, il sortit de son bureau pour se retrouver dans la salle d’attente près d’elle. Tentant de retrouver sa respiration, les mains sur les genoux, elle essaya de lui expliquer la raison de sa venue. De ce qu’il en comprit, une certaine Eileen s’était tordue la cheville, ou peut-être même fracturée, et souffrait. Avec la dernière question de la Serdaigle, Rafael comprit que la blessée n’avait pas pu monter les marches et attendait au rez-de-chaussée. Rafael acquiesça et répondit:

« — Oui bien sur! Montrez moi où elle nous attend. Vous m’expliquerez les circonstances quand vous aurez récupéré votre souffle. Je vous suis. »

Le problème de faire une pause, c'est qu'Eileen n'avait plus d'objectif en vue pour lui permettre de maintenir le cap. Alors oui, être assise sur le banc, c'était un répit salvateur mais elle sentait aussi qu'elle partait. Elle grelottait alors qu'il faisait pourtant bon dans le hall d'entrée et tout son environnement s'estompait petit à petit. Elle avait la tête qui tournait, les oreilles qui bourdonnaient et des tâches lumineuses qui apparaissaient devant son champ de vision. La douleur pulsait dans sa cheville, remontant le long de sa jambe et elle ne se sentait vraiment pas bien. Elle luttait de toutes ses forces contre l'envie de vomir et était en prise avec des bouffées de chaleur quand ce n'était pas un froid intense qui s’immisçait jusque dans ses os.

Y'avait fort à parier qu'elle devait être blanche comme un cachet d'aspirine et se tenir assise devenait terriblement difficile. Alors, avant de complètement lâcher, n'entendant plus rien de ce qu'il se passait autour d'elle, l'adolescente s'allongea sur le banc. Elle essaya bien, quelques minutes, de regarder autour d'elle pour garder un pied avec la réalité mais elle se sentait sombrer. La douleur gagnait, elle ne pouvait pas résister plus longtemps. Elle s'abandonna donc à l'obscurité qui s'emparait d'elle et glissa dans une inconscience bénéfique. Au moins, elle ne sentait plus la douleur. Plus rien d'ailleurs, son esprit venait d'utiliser le disjoncteur pour se protéger.

Comme vous n'avez pas l'air d'être arrivés à la hauteur d'Eileen, j'ai fait comme si elle était toujours seule sur son banc.