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15 janv. 2021, 23:07
Fragments et Déchirures
Pēteris Vasks – Vientulais Engeli
°Ce RP fait suite à l'aventure L'une noire et les Autres

et retrace la semaine que Leo passe à l'infirmerie
°°° 16 septembre 2045



Son regard est vide, rivé droit devant elle, insensible à toute impression - dénué d'expression. Dans le coin de l'oeil gauche se niche une larme, goulette transparente désespérément agrippée aux cils pour ne pas tomber. Son visage est de marbre, pas inexpressif mais figé dans une étrange grimace, lèvres aussi légèrement entrouvertes que ses cils abaissés; cils au raz desquels coule un regard bleu vide. Pour la première fois depuis longtemps, cette source n'est plus entièrement asséchée. Battement de paupières. La perle lâche prise, traînée salée qui qui dévale lentement la joue singulièrement pâle de la jeune fille, traverse champs de tâches de rousseurs, grimpe le mont menton, redescend la vallée jusqu'aux clavicules avant de se glisser sous le col de la robe de sorcière pour définitivement disparaître. Dans son sillage ne reste qu'une strie humide dans laquelle scintille, dans des intervalles réguliers, les reflet tremblotants des torches qui guident la procession.

On la fait monter les trois étages qui séparent la Grande Salle de l'infirmerie. Escaliers, couloirs, tableaux, tout défile sans que Leo ne s'en rende compte. Pas moins qu'elle n'a conscience que ses pieds s'encoublent, trébuchent à plusieurs reprises sur les marches qu'elle grimpe machinalement. Le bruit des pas résonne dans les couloirs à présent étrangement vides. Et pourtant, dans les oreilles de Leo ne vibre toujours que le timbre de la voix puissante à l'omniprésence glaçante qui avait empli son esprit, s'écrasant sur les parois de son crâne sans parvenir à s'en échapper, contrainte à ricocheter sempiternellement sur les murs de cette caverne osseuse - ou mentale? Un boomerang a mouvement perpétuel traînant avec lui l'écho de trois uniques phrases: "La Citadelle tombera. La sans-maison sera traquée et enchaînée comme la pire des bêtes. Son cœur sera arraché aux quatre vents et ses ténèbres s’écouleront dans vos rues pour y répandre la mort. " Pour y répandre la mort. La mort, encore et toujours la mort. Elle a si marre des unes meurtrières de la Gazette du Sorcier, de cette incompréhensible guerre, de la destruction et de la menace.

Si le corps de la rouge et or se traîne bel et bien au-travers des couloirs du château, son esprit semble loin. Ou plutôt, il se recroqueville quelque part dans un coin du crâne, tente de se faire le plus petit possible pour échapper à la terrible voix, pour ne pas devoir penser - ce qui l'aurait obligé à abattre le petit marteau de juge la déclarant coupable pour sa propre stupidité. Condamnée entre autres à une semaine d'infirmerie - si seulement il s'agit-là du pire... Mais toute ce processus de réflexion est fuit par la jeune fille. Combien de temps parviendra-t'elle à se réfugier ainsi dans cet étrange état second? Déjà que les premières bouffées de migraine s'engouffrent dans son crâne, répandent leur brouillard froid et douloureux, sondent les lieux, se l'approprient et partent à la recherche de la conscience misérablement tassée tout au fond pour lui signifier leur présence.

Il faut croire que l'anglaise est douée pour fuir la confrontation à elle-même et ses actions: Leo ne se souviendra pas réellement de ce trajet par la suite. Machinalement, elle a suivit les indications des adultes pour s'écrouler au milieu de draps immaculés et sombrer dans un sommeil agité.

ˈli(ː)əʊ ˈʤɪnʤə
Flash McQueen, Flash McWin

29 mai 2021, 21:20
Fragments et Déchirures
°°° plus tard


... Le regard bleu cherche désespérément quelque chose à quoi s'agripper, ne serait-ce qu'une irrégularité infime dans cet océan d'encre qui l'enveloppe; une obscurité lisse et totale, presque irréaliste tant elle semble parfaite. Rien ne semble troubler cet infini noir, pas même la tempête contre laquelle le corps, pourtant, bataille vainement. Il veut avancer mais la fureur des vents l'en empêche. Avancer à tout prix pour ne pas être déraciné et emporté par un tourbillon déchaîné. Ce serait s'abandonner à la rafale, se perdre définitivement dans l'obscurité et être arrachée à ce sol invisible et pourtant bien présent. Le sol est là, ou bien? Puisque les pieds sentent le support? Est-ce que c'est vraiment son corps? Elle ne sait pas, je ne le voit pas. Mais est-ce qu'elle le sent? Soudainement, un éclair déchire le noir. Flash de lumière trop intense, les rétines ont l'impression de brûler, les yeux se ferment instinctivement, très fort, espérant se réfugier sous une couverture sombre pour échapper à l'aveuglement. Mais la lumière est toujours là, s'est glissée sous les paupières, est blanche, intense et partout. Puis soudainement, elle s'éloigne - ou est-ce le corps ? - rétrécit à toute allure jusqu'à devenir entièrement envisageable. Une déchirure blanche, lambeaux de lumière. Puis, la fente commence à se refermer, engloutie par l'ombre. Le corps se remet en mouvement, il sent qu'il doit atteindre à tout prix cette fissure, là où la lumière est parvenue à déchiqueter l'obscurité. La tempête semble plus forte que jamais , le but trop loin pour être atteint.

Brusquement, Leo ouvre les yeux. Un flot de lumière assaille ses prunelles... la fente? L'a-t-elle atteinte? Pas de réponse. Les battements de paupières se succèdent, et à chaque clignement, les contours plus précis d'un plafond se dessinent. D'un mur, du haut d'une fenêtre, d'un paravent et de draps blancs. L'infirmerie. Un sourire s'échappe des lèvres de Leo et son corps se détend.

ˈli(ː)əʊ ˈʤɪnʤə
Flash McQueen, Flash McWin