Chaleur.
Froid.
Puis encore Chaleur.
Finalement Froid.

Lorsqu'elle s'était réveillée, après un sommeil agité, Sophie n'avait pas pu faire autre chose que se diriger vers l'infirmerie.
En effet, son front était tout chaud lorsqu'elle sortit de son sommeil, et elle grelottait.
Elle avait essayé de se lever et d'aller prendre son petit-déjeuner, mais elle n'avait évidemment rien pu avaler.
Ce n'était pas dans ses habitudes, elle qui considérait le petit-déjeuner comme sacré.
Habituellement, la vue de toutes les viennoiseries lui mettaient l'eau à la bouche, mais ce matin, cela ne faisait que lui donner la nausée.
Ses amies avaient alors insister pour qu'elle aille à l'infirmerie, et bien que la jeune Gryffondor n'appréciait pas vraiment y aller et aurait de loin préférer éviter cette corvée, elles n'écoutèrent pas ses protestations.
Évidemment, malgré qu'elle leur assurait qu'elle allait bien, elle ne pouvait pas plus protester.
Son corps parlait à sa place.
Fiévreuse.

On l'accompagna jusqu'à l'infirmerie. Puis on partit.
Elle était désormais seule, dans la salle d'attente de l'infirmerie, essayant de lutter contre ce sentiment de flotter entre deux mondes.
Parfois, la fièvre l'emportait, et elle était transportée dans un monde imaginaire, où elle voyait des hiboux bleu ou violet sur des balais volants.
Mais elle avait aussi des moments de lucidité, moments où elle se disait qu'être à l'infirmerie, c'est bien. Mais être soigné, encore mieux.

Sophie s'assoupit sans s'en rendre compte.
C'était un sommeil léger, qui fût bientôt interrompu par le bruit d'une porte qui s'ouvrait...

Première année.

Ça craignait, elle allait encore se faire fâcher par l'infirmière. Finalement son frère avait bien eut raison. Elle n'arrêtait pas de se blesser pour une raison ou une autre. Aujourd'hui elle s'en voulait un peu. Il avait fallu qu'elle trébuche dans un trou de rat et qu'elle se prenne une belle pelle en se promenant dans le parc. Un peu exaspérée, elle regarda Sowyn tourner au dessus de sa tête en lançant des petits cris. Une fois qu'elle était tombée, la chouette s'était précipitée vers elle pour lui picorer le crâne. Parfois, l'animal la fatiguait autant qu'elle fatiguait les autres. Peut-être que c'était un cri du destin ? Enfin...

Elle se dirigeait vers l'infirmerie avec un air fatigué sur le visage et elle boitillait. Si jamais elle avait croisé un de ses amis, il lui aurait été difficile de la reconnaitre tant elle manquait d'énergie en cet instant même. Il fallait le savoir, elle se remettrait vite. Mais à cet instant T, elle était d'assez mauvaise humeur. Elle avait voulu s'entrainer à lancer de nouveaux sortilèges sur lesquels elle s'était renseignée à la bibliothèque. Elle savait que de nombreux sortilèges n'étaient pas appris en cours et alors il fallait qu'elle se débrouille seule pour en connaitre tous les aspects.

Le sortilège de l'écran de fumée avait causé sa chute. Ne le maitrisant pas encore à merveille, elle s'était entourée de fumée et était passée dans un trou de lapin très ennuyeux. Une fois devant l'infirmerie, elle poussa la porte en marmonnant.

- Bonjour...

En regardant aux alentours, elle découvrit que personne n'était là. Pourtant, selon ses renseignements, la nouvelle infirmière avait débarqué quelques jours plus tôt. Sowyn qui n'avait pas disparu, vint se poser sur un lit et poussa un miaulement plaintif caractéristique de sa race.

- Qu'est-ce-t'as Sowyn ? Y'a quoi dans c'lit ? Tu d'vrais pas être ici en plus ! On va s'faire jeter.

Heureuse de pouvoir reposer sa cheville blessée, elle s'approcha du lit pour s'y assoir quand elle remarqua la présence d'une personne vraiment mal en point. Y'avait quelqu'un qui était malade à cette période de l'année ? C'était étrange au possible...

Avec un ordre assez clair, elle congédia le hibou qui s'enfuit en poussant un cri indigné. La place de l'animal n'était pas dans cette pièce dédiée au calme. Surtout pas lui. Elle s'assied sur le lit proche de la fille et s'y installa avant de se pencher vers elle. Sa mauvaise humeur s'était envolée aussi vite que la chouette.

- Eh ça va toi ? T'es ultra pâle...

Voilà pour moi ! Désolée du retard !

Une voix.
Un poids.
Une plainte animal.
Animal ?

Se réveillant en sursaut, Sophie mit quelques temps à reprendre ses esprits.
Voyant une chouette à côté d'elle, elle crut d'abord qu'elle était encore en train de rêver.
Ou que la fièvre lui causait des hallucinations.
Mais elle entendit alors une voix qui venait de l'entrée de l'infirmerie.
Flottant encore entre deux mondes, elle n'entendait pas vraiment ce que cette voix disait, et son cerveau était trop lent pour comprendre les quelques bribes de paroles que ses oreilles percevaient.

Sophie émergeait petit à petit.
Ses yeux désormais ouverts lui permirent de voir une jeune fille se diriger vers elle.
Elle lui parlait. Que disait- elle ?
Sophie saisit quelques mots.
Va toi ? ...Pâle.


La jeune Gryffondor avait l'esprit de moins en moins embrumé, et sa vision se stabilisa pour voir une jeune fille blonde avec de grands yeux bleus clairs.
Elle était penchée vers elle, et elle semblait attendre une réponse de sa part.
Sophie se releva à moitié, et répondit d'une voix qui ne trompait pas sur son état.

- Je n'étais pas très bien, mais ça va mieux maintenant.

Elle fit un petit sourire à l'inconnue, comme pour la rassurer.
Sophie n'était toujours pas au meilleur de sa forme, mais son léger repos semblait néanmoins lui avoir redonné un peu d'énergie.
Et comme elle ne savait pas si sa réponse allait convaincre son auditrice, elle ajouta une petite phrase pour persuader qu'elle n'avait aucun mal à lui parler :

- Et toi ? Que fais-tu ici ?

Le regard dirigé vers sa camarade, Charlotte était assez inquiète. Est-ce qu'elle allait se réveiller ? Tous ses sens étaient à l'affut d'une quelconque réaction chez sa voisine. Encore une fois sa cheville la lançait. Elle espérait que l'infirmière pourrait la réparer car elle se voyait mal assister aux examens de vol avec une cheville foulée... Pas d'inquiétudes. Après s'être fait mal au poignet quelques mois plus tôt tout s'était bien vide terminé.

Alors qu'elle était toujours penchée au dessus du lit blanc et qu'elle réfléchissait, sa camarade s'éveilla de ses songes fiévreux la sortant de ses pensées. Elle n'avait pas vraiment l'air en forme et Charlotte avait du mal à comprendre ce qui avait pu la mettre dans cet état. Comment avait-elle pu tomber malade et devenir aussi bouillante de fièvre alors qu'on était au mois de juin et que la chaleur devenait infernale ?

Un peu perdue, elle essaya de prendre une voix rassurante et pas trop forte. Peut-être que sa camarade allait avoir mal au crane et une vois trop enjouée serait de trop. elle déclara doucement.

- Je me suis fait un peu mal à la cheville. T'sais ça m'arrive souvent. J'cours, j'cours et puis après j'tombe et j'me fait mal. Mais là c'est même pas arrivé en courant... F'in bref, t'as l'air vraiment malade. T'as vu l'infirmière quand t'es arrivée là ?

En attendant la réponse de la jeune fille, elle se dirigea vers un placard qu'elle avait déjà fouillé lors de sa venue pour des gâteaux empoisonnés et trouva un linge qu'elle s'en fut humidifier pour l'autre. Elle aurait bien aimé pouvoir utiliser le sortilège qu'Oxy avait lancé sur elle il y a quelques temps mais elle en était malheureusement incapable malgré tous les efforts qu'elle aurait déployé pour que cela fonctionne. Elle revint alors s'assoir à côté du lit occupé et lui donna le linge.

Réveillée
Pas très bien mais réveillée.
Mieux qu'avant mais pas très bien.
Toujours à l'infirmerie mais mieux qu'avant.

Elle ne savait même pas pourquoi elle était comme ça.
Sûrement à cause de la chaleur, à laquelle elle était plutôt sensible.
Si c'était la première vague de chaleur de l'année qui l'avait mise dans cet état, elle n'osait même pas imaginer comment son corps réagirait pendant les canicules de l'été.

Il fallait aussi qu'elle s'avoue qu'elle se surmenait trop en cette fin d'année, et que la fatigue accumulée à force de se priver de sommeil pour réviser ne lui réussissait pas très bien.
Evidemment, cela l'avait affaiblie et rendue plus vulnérable aux petites maladies qui se propageaient au château, et il avait suffi d'un jour un peu trop chaud pour obtenir ce résultat, Sophie couchée à l'infirmerie.
Mais elle était trop fière pour se l'admettre, et sitôt rétablie, elle reprendrait ses révisions acharnées que seule la fin des examens pourrait arrêter.

La voix douce de la jeune fille blonde s'éleva, lui expliquant les raisons de sa venue.
Sophie sourit en entendant son récit : elle avait l'air très active et spontanée, et son côté maladroit la rendait attachante.
Lorsqu'elle s'éloigna, Sophie se demanda ce qu'elle faisait, avant qu'elle ne revienne avec un linge humide.
La jeune fille blonde paraissait réellement être une créature angélique, se portant au secours de la jeune Gryffondor.
Le linge frais sur son front lui fit beaucoup de bien. La tête un peu moins chaude, elle lui répondit :

- Merci beaucoup ! Ça fait vraiment du bien
Par contre, je ne l'ai pas vu non... C'est une nouvelle infirmière je crois ? Tu penses qu'elle est arrivée ?

Assise sur le bord du lit, Charlotte balançait sa jambe non blessée dans le vide pour passer le temps. Le temps d'attente pour voir l'infirmière était toujours un peu long. Elle ne savait pas vraiment quand est-ce que cela se terminerait et quand est-ce qu'elle allait pouvoir se faire soigner. En tout cas, elle avait trouvé quelqu'un avec qui discuter et ça c'était fabuleux. La fille devant elle ne paraissait pas aller beaucoup mieux mais un joli sourire avait fleuri sur ses lèvres faisant voir qu'elle était finalement un peu moins perdue. Elle répondit donc à la question de sa camarade qui faisait écho à celle qu'elle se posait depuis quelques jours.

- J'ai déjà croisé l'infirmière, tu ne l'as pas vue en arrivant ici ? Tu sais à quoi elle me fait penser ? Une gentille maman ! Elle a l'air vraiment cool ! J'avoue qu'elle me donne un peu plus envie d'aller lui parler que Miss Sharpe.

En effet un jour, elle avait eu besoin d'elle pour un soucis de gâteaux empoisonnés ou plutôt, ensorcelés, et elle avait eu beaucoup de mal à apaiser Alison sans l'aide de l'infirmière. Ah Alison...Des souvenirs de cette journée étrange remontèrent dans son esprit. C'était quelque chose.

Sortant de ce bref instant dans ses pensées, elle se rappela qu'elle ne se souvenait même pas du nom de sa camarade, lui avait-elle seulement donné le sien ? Mortifiée par ce constat, elle s'écria peut-être un peu trop fort pour le mal de crâne que devait se taper sa camarade.

- Oh ! Moi c'est Charlotte ! Tu t'appelle comment ? J'suis pas sûre de t'avoir demandé !

Navrée pour le retard...

Le linge sur son front la rafraîchissait et rafraîchissait en même temps son esprit désormais moins embué.
Ses pensées retrouvaient quelque peu leur vitesse habituelle, et Sophie sentait peu à peu lui revenir tous ses sens.
Assise dans l'infirmerie, elle se demandais où pouvait être la gardienne de ce lieu.
Elle ne savait pas combien de temps elle était restée ici, mais sûrement assez pour commencer à se demander où pouvait être l'infirmière.
Son interlocutrice lui affirmait que celle-ci avait l'air d'une vraie maman, pleine de douceur.
Intriguée, Sophie se demandait à quoi elle pouvait ressembler, et la jeune fille l'imaginait tantôt brune, tantôt blonde, yeux marrons, ou yeux bleus, mais toujours avec un grand sourire sur le visage.
C'était ce qui changeait tout sur une personne, la rendant sympathique, empathique.
Comme la fille devant elle d'ailleurs. Elle avait l'air de déborder de gentillesse.

Soudain, elle parut sursauter, traversée d'une pensée qui l'avait surprise.
Évidemment, elles avaient oublié de se présenter.
Cela n'avait pas tout de suite frappé Sophie, mais il est vrai que ce n'était pas dans ses habitudes de rester aussi longtemps dans l'ignorance du prénom de l'autre.
Et aujourd'hui, cet autre s'appelait Charlotte.

- Ah oui c'est vrai ! Et bien moi c'est Sophie
Tu as déjà croisé l'infirmière ? J'espère qu'elle est aussi gentille que tu le dis !
Je n'y étais jamais allée quand il y avait miss Sharpe, d'habitude j'essaie plutôt d'éviter l'infirmerie.

Bien qu'il lui restait encore quelques symptômes, Sophie allait bien mieux que ce matin, et elle était heureuse de parler avec Charlotte. Elle avait l'impression que c'était un petit rayon de soleil dans sa journée.

Sophie avait l'air d'aller un peu mieux mais le manque de l'infirmière se faisait tout de même ressentir. Charlotte pensa qu'elle ferait mieux de revenir. En effet, le problème à sa jambe allait devenir handicapant pour les examens de la semaine qui allaient suivre et il était hors de question qu'elle ne puisse pas effectuer la pratique. cette partie des examens était pour elle, la plus simple à effectuer et la plus amusante à travailler alors si elle ne pouvait pas participer cela allait être un enfer et elle allait tout rater.

Elle fronça les sourcils à cette pensée, un petit vent de panique commença à s'emparer d'elle. Elle se trouva tout à coup bien bête de ne pas avoir fait attention juste avant les examens. Si cela se trouvait l'infirmière était occupée sur tout le weed-end et sa vie était fichue. Bon, elle dramatisait certainement un peu trop, mais sur le moment c'est comme cela qu'elle le prit.

Elle répondit assez rapidement, tordant ses doigts entre eux.

- Oh eh bien je suis contente que tu aille un peu mieux Sophie. J'avoue que cet endroit n'est pas mon préféré non plus mais j'ai le malheur d'être maladroite comme pas possible.

Elle attrapa une mèche de ses cheveux qu'elle coinça entre son indexe et son pouce pour la faire rouler montrant son inquiétude.

- Oui, je l'ai croisée au détour d'un couloir mais je ne lui ai jamais parlé. J'aimerai bien savoir si elle est aussi gentille qu'elle en a l'air. Est-ce que tu crois qu'elle est plutôt du genre à donner des potions vraiment mauvaises pour guérir où qu'elle est plus cool et qu'elle met des épices dedans ? Dis, tu crois qu'elle faisait quoi avant ?

Tirant légèrement sur sa mèche, elle enchaina.

- Tu penses qu'elle va revenir et pas trop tard ? J'crois qu'ça m'fait un peu peur... J'aimerai bien être guérie à la fin du week-end... Et pouvoir marcher comme il faut...

Pardon pour le retard