25/01/2045 avec @Edwin Wellhister

Solenn marchait à grands pas, encore plus grand que d'habitude. Entre les différents problèmes qui lui étaient tombés dessus, un nouveau commençait à faire son apparition. La disparition mystérieuse et subite d'Edwin. Cela faisait quelques jours que Solenn ne l'avait plus vu parcourir les couloirs de l'école.  Même si le brun était discret depuis quelques temps, la quatrième année ne le loupait jamais et le saluait toujours avec bienveillance. Bien que cela l'a rendait inquiète, Solenn se doutait de ce qui s'était passé. Avec les récents événements, la mère du garçon avait sûrement souhaité avoir son fils à la maison. Du côté de sa famille, cette dernière avait déménagé à la Citadelle depuis quelques jours. Abigail et Helen faisaient tout pour protéger Amy et Adam. Solenn était restée au château. Helen travaillait au ministère, et même si elle était une sang-mêlée elle se sentait plutôt en sécurité entre les murs de l'école pour la première fois depuis quelques temps. 
Elle arriva enfin à la volière, et parcourut nerveusement des yeux les nombreux oiseaux. Elle trouva enfin le sien, et se précipita vers lui. Il venait de rentrer après qu'une lettre pour Charlie ait été glissé entre ses pattes, mais n'avait pas de lettre de réponse. Solenn fit comme si de rien n'était, essayant de ne pas penser à la terreur et à la confusion de Charlie, qui avait peut-être compris par lui-même qui elle était vraiment, et donna une enveloppe à l'oiseau. Celui-ci l'attrapa, et s'envola tout de suite, ressentant peut-être l'angoisse de Solenn. Elle essuya une larme qui avait réussi à trouver la porte de sortie, et ressortit de ce lieu puant.

Edwin,
J'espère que tu es en sécurité là où tu te trouves. J'imagine que tu as été rapatrié chez toi. Je n'ai pas bien entendu ce que disait la Beuglante, mais je peux imaginer que cela peut être difficile. 
Pour ma part je suis restée. Cela ne fait que quelques jours que tu sembles parti, mais j'ai comme l'impression que les tensions ne font qu'augmenter. Même si je me sens plutôt en sécurité ici, je suis contente que peu de gens soient au courant à propos de mon père (un Moldu). Si je devais choisir un côté, les né-sorciers ou les né-moldus, quel serait mon choix ?

Je m'étais toujours sentie plus moldue depuis toutes ces années, mais maintenant... J'aimerais bien avoir ton avis. Tu es tellement plus mature que moi lorsque j'avais ton âge. Désolé pour la phrase de vieille, c'est juste que tout ça me fait repenser à mes premières années ici, où le monde semblait bien plus calme...

En tout cas, réponds-moi le plus tôt possible. Je veux savoir si tu vas bien. Ne me fait pas attendre s'il te plaît.

27/01/2045

Il se calmait à peine après le savon magistral que sa mère lui avait passé quand il entendit gratter à sa fenêtre. Persuadé que ce n'était que le vent qui faisait gratter les crochets, il se détourna de la fenêtre qu'il angoissait à l'idée de voir bloquée en s'enfonçant encore un peu plus dans son lit. Quand le grattement ne s'arrêta pas au bout d'une minute, il tourna la tête et ouvrit de grands yeux en voyant un hibou essayer de se frayer un chemin dans l'espace entre ses volets en passant par dessus la chaîne. Il eu une montée d’adrénaline à l'idée que quiconque ne puisse voir le hibou. En ouvrant la fenêtre, il commença à parler au hibou et quand il fut assez proche du hibou pour lui agripper les pattes, il le tira vers lui et le fit aisément passer dans sa chambre. L'oiseau se débattit mais en voyant qu'il n'était pas en danger, se posa simplement sur son bureau en tendant la lettre. Profitant du fait que l'oiseau était assez intelligent pour ne pas faire de bruit, il ouvrit la lettre et sourit en réalisant de qui elle venait avant d'y répondre rapidement. 

Il n'aurait pas pu lui dire la vérité, alors il préférait lui dire de beaux mensonges. Il ne voulait pas se plaindre : il n'en avait pas le droit. Après tout c'était essentiellement de sa faute, toutes les choses qui se passaient pour lui en ce moment. 

Bonjour Solenn,
Je suis bien rentré chez moi, et je suis parfaitement en sécurité. Je suis très content que tu sois restée à Poudlard, c'est beaucoup plus en sécurité pour toi que londres, si c'est là où tu habites. Je sais pas quel côté choisir non plus, c'est compliqué. Je suppose que je suis plus du côté des moldus ? Les sorciers ont pas fait beaucoup de choses pour moi. Mais bon, les moldus sont pas des anges non plus. C'est nul de devoir choisir un camp quand on a le cul entre deux chaises comme nous deux. Ça doit être plus facile quand on est tout moldu ou tout sorcier, pas quand on est un peu des deux. Comment s'y passent les choses ? Je suis désolé de ne pas avoir dit au revoir, c'était mieux comme ça.

Je t'ai répondu dès que j'ai eu ta lettre, j'espère que je n'ai pas fais trop peur au hibou.
Ed'

29/01/2045

Solenn se trouvait dans la Salle Commune des Serpentard lorsqu'un hibou s'engouffra dans la pièce et se hucha sur l'un des grands fauteuils. Plusieurs élèves tournèrent la tête tandis que la rousse restait le regard dans le vague, essayant de ne pas fermer les yeux. Une fille se leva et alla chercher la lettre à la patte de l'oiseau.

-Solenn... Cooper ?

La quatrième année leva la tête, sortant de sa rêverie et se leva pour aller chercher sa lettre. Elle lâcha un "Merci..." embrumé et retourna s’asseoir. Lorsqu'elle se rendit compte qu'il s'agissait de l'écriture de Edwin, elle eut une sorte de coup d'adrénaline et se dépêcha de lire d'une traite ce qui était écrit.
Elle prit ensuite du papier et s'empressa d'écrire une réponse.

Bonjour Edwin,

Ça me rassure que tu ailles bien, ici, c'est toujours aussi étrange. Devine qui est venu il y a deux jours ? Ursula Parkinson. Elle a même fait gelé le lac et il y a des Manteaux Noirs qui ont jeté plein de sorts sur le dôme de protection. J'étais aux premières loges, j'ai vraiment cru que ça allait casser, mais non. Comme quoi, on est vraiment en sécurité à Poudlard. Après, les profs nous ont faits rentrés dans le Château, donc je sais pas trop ce qui s'est passé. Y'a des élèves qui ont regardé par les fenêtres, ils ont beaucoup parlé, ça c'est sûr. J'espère que la directrice va pas se laisser faire. 

Ma famille a déménagé à la Citadelle il y a quelques jours. Londres, c'était trop dangereux pour eux, et de toute façon ma belle-mère travaille là-bas. 

Ce qui est horrible, c'est que les deux camps sont mauvais. Les sorciers sont anti-moldus, et anti-né-moldus et même anti-sang-mêlé ! Et les Moldus veulent tout simplement tuer tous les sorciers... Pourquoi il faut que chacun veuille tuer les gens différents de soi ? Les humains sont horribles je trouve.

Solenn

30/01/2045

L'adrénaline de sentir le hibou gratter à ses volets avait été accueillit, la seconde fois, avec beaucoup moins d’appréhension. Il s'était rendu compte que ce petit bout de Poudlard entrait parfaitement dans sa vie, encore plus, qu'il en avait besoin. Il avait besoin de se rappeler de l'école, parce qu'il s'ennuyait. C'était infernal, ça n'avait rien changé, il était en train de mourir d'ennui ou de peur que sa mère débarque dans sa chambre pour lui passer un énième savon sur le monde des sorciers. C'était pas sa faute, il le savait, alors il ne comprenait pas pourquoi c'était exactement la façon dont il se sentait. le hibou se posa à nouveau sur le bureau tendit qu'il refermait la fenêtre. Il n'avait rien à lui donner, et il était content qu'il ne fasse pas de bruit. D'une certaine manière, c'était comme s'il avait comprit qu'il devait rester silencieux pour ne pas leur attirer des ennuis à tous les deux. Il était persuadé que si sa mère avait vu l'oiseau, elle aurait carrément barricadé sa fenêtre, ou qu'elle aurait achevé l'animal. Il ne voulait pas avoir ça sur la conscience, ça aurait été impossible à vivre.

Coucou Solenn !

Merci pour ta lettre, je commençais à m'ennuyer, tout seul dans ma chambre haha. Si jamais elle venait chez moi, elle aurait aucun mal à passer la porte, qui sait que ma maman préférerait poser des mines que mettre des protections sorcières.

Je sais pas pourquoi les gens sont cons. Ici c'est un peu la catastrophe. Une chasse aux sorciers grandeur nature, et j'en ai lu que dans des bouquins. Je déteste les sorciers, Solenn, et les moldus me détestent, alors je sais pas trop quoi faire. Je suppose que je dois être con aussi. J'ai envie d'être du côté des moldus, parce que je vis ici, et puis, les sorciers et moi, ça a jamais vraiment été cool.
Je veux pas choisir de camp, je veux juste que les choses s'arrangent, mais maman me laissera pas faire.
Je me déteste parfois.

Ed'

01/02/2045

En ce mercredi pluvieux, Solenn se trouvait une nouvelle fois à la Bibliothèque pour travailler. Elle était seule à sa table et c'était nécessaire. Des montagnes de parchemins et de livres s'empilaient alors qu'elle tenait tant bien que mal de finir un devoir particulièrement tortueux. Elle commençait à venir à bout de ses capacités de concentration lorsqu'un bruit lui fit lever la tête. Sa table préférée se trouvait près d'une fenêtre et aujourd'hui elle était contente de s'asseoir ici. Sous la pluie, un hibou lui lançait des coups d'œil. Elle s'empressa de lui ouvrir la fenêtre et de prendre la lettre que l'animal avait caché sous ses plumes. Elle le remercia d'une petite voix puis s'empressa de se rasseoir sur sa chaise. C'était une lettre d'Edwin. Elle attendait toujours impatiemment sa réponse à partir du moment où elle lui répondait. Comme pour ne pas prendre lien avec lui. Elle avait peur pour lui, il vivait au milieu de la tourmente et ne pouvait être protégé par Loewy.

Edwin,
J'espère qu'Ursula ne viendra jamais chez toi, j'en frissonne rien que d'y penser ! Tu penses que parler à ta mère de revenir à Poudlard serait une idée folle ? Je préférerais que tu sois là, au moins tous nos professeurs sont capables de nous protéger. Mais j'imagine que ta mère préfère t'avoir près d'elle... Mais quand tu me dis qu'il y a eu une chasse aux sorcières je ne peux pas m'empêcher d'avoir peur pour toi !

Je connais ce sentiment mais tu dois réaliser qu'être un sorcier n'est pas forcément une mauvaise chose ! Si tu veux agir dans le bon sens, tu es un bon sorcier. Et être un sorcier ça veut pas forcément dire que tu soutiens Parkinson, oublie pas ça. Y'a des sorciers qui veulent la paix de nouveau. Donc j'espère qu'on l'aura un jour...

Je crois en toi, Edwin, je sais que tu es une bonne personne. Meilleure que ce que tu crois.

Je t'embrasse,
Solenn

Désolé pour cet affreux retard...

04/02/2045

Il lève la tête de ses bras en entendant le hibou galérer à passer dans le creux de ses volets. Il n'a même pas envie d'aller le chercher, il veut juste rester sous ses couvertures et qu'on le laisse tranquille, qu'on l'oublies dans son coin. Il est bien, sous sa couette comme dans un cocon. Parfois il aimerait que ce soit une vraie chrysalide et qu'il se métamorphose en sortant. Mais ça n'arrive pas et il reste le même, le monde reste le même aussi et c'est déprimant, plus qu'il ne l'avait imaginé. Il se sent seul, abandonné dans un tourbillon où tout va trop vite. Il finit, presque une heure après que le hibou ai débarqué, par sortir du lit. La lettre est froide, gelée presque dans ses doigts et ça le ramène à la réalité. Il l'ouvre rapidement, affamé des lettres de Solenn, de sa petite écriture parfois brouillon. Elle n'est pas là, il aimerait que si, au moins elle lui envoie des lettres. C'est agréable de savoir qu'elle ne change pas, elle. Ce n'est pas comme sa maman, elle n'est pas heureuse un jour et en colère le lendemain. Solenn est une ancre très appréciable dans la marrée déchainée où il sombre. Il retient ses larmes avec mal et manque de déchirer la lettre en l'ouvrant si vite. Elle finira cachée avec toutes les autres, où sa mère ne pourra pas les voir. Son petit secret. Une petite honte aussi, de ne pas pouvoir se détacher de Poudlard alors qu'il sait que ce serait la meilleure chose à faire.

Solenn ! Je suis super content d'avoir ta lettre.
Vraiment, vraiment très content.

Si je devais parler à maman de revenir à Poudlard, elle serait folle de rage et puis... j'ai pas envie de revenir. Si je pouvais juste oublier que j'étais un sorcier je suis sûr et certain que tout irait bien. Elle m'aime, et si je fais assez d'efforts elle ne sera plus en colère contre moi pour être un sorcier. De toute façon, à Poudlard personne me voulait. Ca ne change pas d'ici, mais j'ai ma maman. Elle est la seule chose qu'il me reste, tu vois ? Je veux pas la perdre parce que si elle me déteste comme tous les autres sorciers, je serais tout seul. Ici personne peut croire que je suis un sorcier, parce que ma maman est vraiment vraiment en colère contre eux.

Je veux plus être un sorcier... Je veux juste être normal, comme avant que je reçoive ma lettre. Tout allait mieux avant. Aujourd'hui j'ai juste l'impression que tout est de ma faute, tu vois ? Ma maman elle est malade, elle va pas bien et moi je suis parti loin d'elle et je suis devenu un monstre, comme elle dit. Je suis un fils affreux.

J'aimerais que tu sois là, juste qu'on regarde les étoiles et qu'on crie un peu
Ed'

06/02/2045

Ce matin, ses yeux étaient lourds, lourds de fatigue. Elle était assise à la table des Serpentard, et essayait tant bien que mal de se réveiller pour commencer la journée. La voix de Violet lui fit lever la tête. Cette dernière était en pleine conversation avec un de ses amis, et Solenn se replongea dans ses tartines. Il lui arrivait quelque fois d'être jalouse de la popularité de Violet, qui avait de nombreux amis. Mais elle n'aimait pas se plaindre de ça. Elle avait sa cousine, et commençait à converser avec un garçon en cours, Ian. De quoi devait-elle se plaindre ? Elle n'était pas seule. Alors pourquoi le ressentait-elle si fort ? Pourquoi cette solitude venait, certains jours, lui briser le cœur un peu plus ?
Le vol des hiboux venait de commencer, et elle leva le regard, appréciant ce ballet comme chaque jour. L'un d'eux s'arrêta devant elle, et elle sut tout de suite de qui venait la lettre. Elle s'empressa de l'ouvrir, avide de voir ce que Edwin lui écrivait.

Edwin,
Je n'aime pas que tu dises ça, il y a des gens qui te veulent à Poudlard. Lili, Kya, moi. Elles t'attendent, et je suis 100% sûre qu'elles se font du souci pour toi.
Je sais que ta maman fait attention à toi, mais j'ai peur quand même. Fais vraiment attention, un jeune sorcier comme toi à Londres, c'est vraiment dangereux en ce moment !

Edwin, être sorcier ce n'est pas ne pas être "normal". Je sais ce que c'est de ne pas comprendre, de se sentir trop différent. Je sais ce que ça fait de ne pas comprendre ce que l'on est, mais un sorcier est une personne tout aussi valide qu'un moldu Edwin.

Transmet tous mes vœux de guérison à ta mère, j'espère que son état va s'améliorer, mais ne t'avise pas de répéter que tu es un fils affreux ! Je te connais trop bien pour savoir que tu es un fils parfait. Tant que tu fais de ton mieux, c'est le plus important. Je crois en toi ♥

Moi aussi Edwin. J'aimerais qu'on puisse relâcher la pression sur nos épaules une fois encore. J'espère bientôt...
Solenn

Elle se frotta les yeux, son cœur serré à la pensée d'Edwin. Qu'est-ce qu'elle donnerait pour se retrouver en haut de la Tour d'Astronomie une dernière fois avec lui !

08/02/2045

Solenn avait de la chance, elle envoyait toujours ses lettres quand son moral s'améliorait un peu. Edwin doutait sérieusement qu'elle l'eut fait exprès mais c'était agréable quand même. Les bleus autour de ses côtes ont presque disparu, même s'il grimace encore quand il faut bouger. Il dort plus mal que d'habitude en ce moment. Normalement, il reste simplement dans son lit en attendant que le sommeil vienne mais en ce moment, son dos lui fait assez mal pour qu'il préfère rester assit, puisqu'il ne peut pas non plus se mettre sur le ventre. Au matin, sa nuque et ses épaules lui font mal mais au moins, ça passe assez vite avec de l'exercice ou une bouillotte. C'était un traitement miracle, malheureusement pour les bleus il n'y en avait pas vraiment et il n'avait aucune envie de demander à sa mère de lui acheter une crème pour tout ça. Elle serait probablement plus déçue qu'autre chose de le voir dans cet état là, persuadée qu'il se serait encore battu. Et il n'avait pas envie de la décevoir en ce moment, ce n'était pas du tout la bonne choses à faire vu comment elle était à cran. Ca semblait s'arranger depuis deux jours, mais Edwin savait que ça ne durerait pas longtemps avant qu'elle ne reparte dans sa croisade contre un truc qu'aurait fait, ou pas, un sorcier.
La lettre de Solenn lui coula une pierre dans l'estomac. Il ne pouvait pas tout lui dire, elle changerait forcément d'avis sur lui. Il n'avait pas envie de se plaindre, envoyer sa dernière lettre à Lili avait déjà été une étonnante mauvaise idée, c'était pas pour recommencer un autre carnage. Il devait arrêter de se victimiser, c'était lui qui était parti, c'était lui qui ne faisait pas assez bien les choses et c'était lui qui répondait à leur lettre et les inquiétait encore plus. Il ne faisait rien de bon, peut-être qu'elles auraient dû arrêter de lui envoyer des lettres. Elles seraient mieux sans lui mais, égoïstement, il ne pouvait pas se résoudre à les laisser attendre une lettre qui ne viendrait jamais, ou à briser le dernier lien qui le retenait à Poudlard.

Solenn,

C'est vrai, tu as raison. Vous devirez pas m'attendre, tu sais. C'est mieux à Londres, les gens sont gentils un peu mieux avec moi. Vous faites pas de soucis, ça va super en ce moment. Les cours, la maison et tout. C'est super chouette. Maman dit que si on laisse le bonheur entrer dans notre vie, on devient forcément heureux. Il ne vient pas facilement avec moi, mais si j'y pense très fort je suis persuadé qu'il va venir. J'attend du coup, mais il finira bien par montrer le bout de son nez !

C'est peut-être moi qui suit pas valide alors, nan ? Maman dit toujours que les sorciers ne sont pas bons pour moi, que j'ai bien fait de revenir. Elle est vraiment remontée contre eux, je comprend pas toujours pourquoi. J'essaie de penser comme elle mais c'est compliqué parfois, et ça me dérange.

C'est gentil de ta part de croire en moi. Ca me motive un peu plus ! Maman sort souvent en ce moment, je la vois partir très tôt le matin et elle revient le soir. Parfois elle reste à la maison, dans son lit, mais ça devient plus rare. Je trouve ça un peu triste qu'elle ne trouve une raison d'aller bien que pour manifester et tout, mais ça lui plait je suppose.

Quand je regarde les étoiles, la nuit, je pense très fort à toi. Est-ce que toi aussi tu les regardes, parfois ? Je me demande si mon ciel est le même que le tien.
Ed'

Il observait les étoiles en se demandant si quelqu'un faisait la même chose. S'il pouvait le voir à travers les reflets dans le ciel et si une étoile attrapait à la volée les pensées de Solenn pour lui apporter à sa fenêtre.

10/02/2045

C'était un vendredi, et Solenn sortait de son dernier cours, les yeux fatigués mais l'esprit plus léger que ces derniers jours. Les bras chargés de manuels, elle descendait en direction de la Salle Commune de Serpentard, en essayant de s'organiser pour le week-end pour pouvoir en profiter au moins quelques heures. Un bruit lui fit tourner la tête et elle aperçut l'animal, toquant à la fenêtre. Cette capacité à retrouver chaque élève individuellement l'étonnait toujours ! Elle se dépêcha de poser ses affaires par terre pour ouvrir au hibou, recevant en même temps l'air glacé de février en pleine face.

-Brrr...

Sans prendre le temps de lire la lettre, elle chargea les livres dans ses bras en direction d'une table où elle pourrait répondre à Edwin.

Edwin,

Savoir que tu vas bien à Londres me rassure quand même, mais j'espère que tu ne me mens pas ! Ici, tes amis t'attendent et je sais qu'ils ne t'oublieront pas tant que tu ne seras pas revenu sain et sauf. Mais je comprends que tu souhaites rester avec ta mère, je ne te fais pas la morale ne t'inquiète pas.

J'ai aussi du mal à l'atteindre, ce bonheur. Comme si il partait à chaque fois que je voulais l'attraper. Mais il y a quand même des choses qui me font sourire dans la vie, donc je me dis que je ne suis pas si loin de l'avoir, non ? Essaye peut-être de voir ce qui te fait du bien, et accroche-toi à ça. Et sache que tu es une des choses qui me font sourire...

Tu es valide. Qu'importe le type de sorcier que tu sois, tu es valide. Y'a pas besoin d'être Harry Potter ou Hermione Granger pour être un sorcier "valide". Sois toi, et ce sera suffisant. Moi je le sais.

Pour ta mère, peut-être est-ce juste provisoire ? Peut-être qu'elle trouvera d'autres passes-temps au fur et à mesure et pourra aller mieux ? C'est facile de se perdre dans une seule tâche, crois-moi j'ai un peu vécu ça aussi.

Dès que je regarde les étoiles, je pense à toi. J'ai toujours aimé regarder le ciel nocturne, et je suis contente que notre rencontre ce soit faite sous les étoiles. On est connectés, non ? Nos deux ciels sont les mêmes, c'est évident.
Solenn

désolée désolée désolée pour le retaaaard

17/02/2045

Solenn avait envoyé une lettre qu'il avait reçu le 13 au matin. En milieu de journée, Londres avait apprit la mort d'Adrian Roberts. Assassiné, mutilé par des sorciers, mais pour la plupart des moldus simplement disparu. Et Edwin, lui, avait haït de tout son être les gens comme ça, qui tuaient, emportaient d'autres pour le plaisir. Il avait haït les sorciers de n'être pas mieux que les moldus, d'être même peut-être pire. Il avait haït le monde entier de ne lui donner aucun repère, de ne lui permettre aucun souffle. De lui arracher l'air des poumons à chaque pas dans sa maison ou en dehors. Le 13 et jusqu'à récemment, il avait haït avec toute la ferveur du monde les sorciers. Ce monde qu'il avait quitté, et lui même d'en faire partie et d'avoir souvent eu envie d'y retourner. Il avait supplié sa mère d'aller manifester, avait hurlé lui aussi à travers la foule en colère. Avait vu et revu les mêmes images, les mêmes interviews. La détresse de la famille, la haine des passants. L'incompréhension de certains et le dégoût des autres. Et à travers tout ça il avait essayé de s'agripper à quelque chose, n'importe quoi et la première prise qui lui était passée sous la main avait été la haine.

Il l'avait prise à pleine main et l'avait serré à s'en exploser la pulpe des doigts, à s'en casser les ongles. Il avait tout fait pour ne pas la lâcher parce que c'était enfin la chose qu'il attendait. Choisir un camp, arriver à être un moldu normal. Enfin penser que les sorciers étaient des montres comme sa mère et ne plus se sentir le cul entre deux chaises, à sauter d'un monde à l'autre. Ne plus s'accrocher à deux bouts de falaise quand cela lui faisait si mal aux membres qu'il tétanisait. Alors forcément, répondre à Solenn avait été difficile. Il avait voulu lui hurler à travers le papier, détruire sa condition de sorcière. Il avait voulu lui faire du mal, il avait voulu être méchant. Il avait voulu la faire pleurer, et qu'elle aussi se remette en question. Qu'elle aussi se haïsse et haïsse les sorciers. Qu'elle vive la même chose de lui pour ne pas être tout seul, qu'elle sache tout sans louper la moindre information. Il avait voulu être blessant, lui briser le cœur et la détruite. Et le pire, c'est que ça avait été une envie tellement forte qu'il en avait cauchemardé. Maintenant que tout était redescendu, il se sentait horrible. Il se sentait pire que les autres, méchant et con. Il avait honte.

Ce n'était pas redescendu tout seul, ça avait été à coups de claques et de sa mère qui hurlait. Du jour au lendemain elle était repartie sur sa chasse à la partie sorcière d'Edwin, lui qui essayait tant de ne plus y penser. Elle lui avait rappelé avec force que les moldus n'étaient pas bons non plus et qu'ils n'y avaient pas de gentils dans l'histoire. Juste deux méchants.

Coucou Solenn,

Ca a pas été très fort récemment. En fait, c'est horrible à la maison. J'ai menti mais bon, tu devais t'en douter. Ma mère est affreuse avec moi et avec les sorciers, j'ai pas de copains au collège parce qu'ils pensent tous que je suis un fouteur de merdre attardé et le 13, y'a un sorcier qui a embarqué un moldu et qui a été filmé. Je suis sûr qu'il est mort maintenant. A Londres ça a été le bordel monstre. Je suis sûr que personne à Poudlard va vous prévenir de ça en plus. Y'a des manifestations et tout. J'ai participé. Je m'en veux maintenant.

De toute façon ma mère me laissera jamais retourner à Poudlard et je sais toujours pas si j'ai envie ou pas de revenir. Ca sert probablement à rien de m'attendre. De toute façon, j'avais pas ma place avec les sorciers. Avec les moldus non plus, mais tant que ma mère et son amie sont les seules à savoir que je suis pas normal, ça devrait aller. Je suis sûr qu'elle me dénoncerait pas. On en est pas encore à ce stade de nos disputes. Juste parfois elle me frappe et elle me hurle si fort dessus que j'entend sa voix jusqu'au matin qui résonne dans mes oreilles et je ne suis pas capable de dormir.

J'ai pas envie d'être un sorcier. J'ai jamais eu envie et j'étais même pas assez bon en tant que débile à Serpentard. Et puis je veux plus être un sorcier si tout ce qu'on est capable c'est de kidnapper un pauvre mec. Je te jure, toute sa famille passe à la télévision ou sur les réseaux depuis des jours. C'est horrible, j'ai envie de tout éteindre et de partir loin. Londres est horrible.

Si nos ciels sont les deux mêmes, alors fait attention. Le mien m'est déjà tombé trop de fois sur la tête depuis que je suis rentré, et il me retombera encore dessus j'en suis sûr.
J'espère que ce n'est qu'un ressort et que s'il tombe chez moi, chez toi ça va.

Je regrette de t'écrire tout ça mais le hibou commence à s'énerver, si je le renvoie pas très vite il va me déplumer mon crâne à coup de bec alors ben j'ai pas le temps d'écrire une autre lettre.

C'est ok si tu réponds pas.
Ed'