La première année monta les escaliers menant vers la volière, le bruit de ses semelles contre les marches résonnant en écho dans les murs. Noël approchait à grands pas, accompagné de ses cadeaux, les vacances et surtout de sa température glaciale, obligeant la fillette à rester à l’abri du froid. Frileuse comme elle était, la petite passait le plus clair de son temps bien au chaud dans le château de Poudlard et ne sortait qu'une fois habillée chaudement.

La Serpentard avait soigneusement rédigé une lettre avec la liste de cadeaux qu’elle souhaitait avoir ; elle avait rangé ce papier dans une enveloppe portant les couleurs rouge et vert, les couleurs symboliques de cette même festivité.
Arrivée à sa destination, la fillette poussa la porte, qui s’ouvrit en un grincement. Ses pieds avaient à peine franchi le seuil de la porte que les hululements et battements d’ailes de hiboux ou de chouettes l'accueillirent. S'approchant des rapaces qui séjournaient provisoirement à la volière, en attendant qu’on leur attribue une mission à remplir, Ava se mit à caresser les plumes d’une minuscule chouette hulotte. Elle ressemblait plus à une minuscule boule de plumes dotée de deux grosses perles noires en guise d'yeux qu’autre chose. La brune sourit alors que l'oiseau donnait de gentils coups de bec, comme pour réclamer de la nourriture. Ava ne se fit pas prier et la regarda engloutir le miamhibou avec avidité, amusée. Malgré sa petite taille, l'oiseau semblait robuste et pouvait sans aucun doute pouvoir faire l’affaire jusqu'en Irlande.

En attendant que la chouette termine son encas, Ava déposa sa lettre sur une table et prit sa tête entre les mains, les coudes contre le rebord de la fenêtre qui donnait sur l'extérieur.

*Pourvu que Grand-mère et Grand-père ne viennent pas à la maison pendant Noël*, pensa-t-elle.

Ses aïeuls passaient le plus clair de leur temps à offrir des discours sur la pureté du sang. En ce moment, leur principale occupation semblait être l'éducation de leurs petits-enfants, au grand malheur des parents Meywood. Naturellement, les tensions prirent place entre ses grands-parents maternels et paternels étant donné leurs avis différents quant aux nés-moldus. Quelques silences inconfortables venaient prendre place entre les membres de la famille lorsque les deux branches se réunissaient.

Ava, elle, était sûre de ne pas suivre l’exemple de son… adorable grand frère, le parfait petit-fils que toute famille conservatrice sang-pur voudrait avoir.

L'irlandaise poussa un soupir, continuant de fixer l'horizon d'un air vide, le vent glacial de décembre venant lui caresser le visage et rosir ses joues. Elle remonta un peu plus son écharpe verte, histoire de couvrir son visage un peu mieux.

Lumah parlait beaucoup à ses parents via hiboux. Non seulement ils s'y étaient habitués (et ne renversaient donc plus leur thé en voyant un tel oiseau faire irruption dans leur salon sans guère prévenir), mais c'était surtout parce que l'année dernière avait été traumatisante pour la petite et sa famille et qu'elle avait pris l'habitude de les tenir au courant deux fois plus, afin de leur assurer - et de s'assurer - que tout allait bien. Tout était censé être réglé, certes, mais Lumah doutait que cela ne dure longtemps - tout était si imprévisible, dans le monde magique comme non-magique. Parenthèse inutile, la blondinette avait toujours la drôle d'impression que sa sœur était encore à la maison avec Mr et Mrs Greenleaf tant elles se croisaient peu, si bien que c'étaient ces parents qui lui donnaient des nouvelles d'elles. Neïa avait souhaité être soit-disant indépendante mais en faisant cela, elle avait coupé les ponts avec sa grande sœur. Jamais donc, elles n'avait eu l'occasion de se rendre ensemble à la volière pour envoyer une lettre commune à leurs parents, qui recevaient deux lettres. Fort heureusement, Lumah avait des amies qui lui faisaient oublier cela ; enfin, de ce côté-là non plus, elle n'était pas gâtée. Les Grimms étaient dissous, Lumah ne côtoyait plus qu'Elicia : la troisième Grimms, Colibri (ou Lila Rose) n'était plus revenue à Poudlard, et Sam, ou Rebecca, s'était éloignée d'elles subitement. Peut-être était-ce à cause de l'absence de Lila, qui était sa meilleure amie ? C'était grâce à elle que la rouquine avait accepté de faire partie de la bande. Puis il y avait Antonn, à qui la Poufsouffle ne désirait plus parler, et des ennemis partout. Dont Edmund, allez savoir pourquoi celui-ci cherchait à lui adresser la parole après les ignominies qu'il lui avait fait.

Lumah secoua sa tête en arrivant à la volière. Elle n'avait pas idée de se remémorer tout ça alors que ça ne faisait que lui mettre le moral à zéro !

Lorsqu'elle passa le seuil de la porte, la petite remarqua la présence d'un autre élève. C'était une Serpentard aux cheveux bruns et lisses. Elle supposa qu'elle était en première année, parce qu'elle ne la reconnaissait pas, mais cela voudrait dire qu'elles faisaient à peu près la même taille malgré leurs années de différence. Pourquoi fallait-il que ses cadets soient de plus en plus grands ? En se rapprochant, la petite comprit que la fille s'était perdue dans ses pensées, elle aussi. Instinctivement, la troisième année agita sa main non loin du visage de la brune pour la rappeler à la réalité, avant de se dire qu'elle avait peut-être mal fait. La première année souhaitait peut-être ne pas être dérangée... Zut.

Puis elle baissa son regard, qui se posa sur l'enveloppe colorée que la Serpentard tenait en main.

« Ohhh, elle est jolie, ton enveloppe ! C'est ta liste de Noël, peut-être ? »

La première année repensa à sa sœur ; elle lui manquait énormément. La petite se perdit dans ses souvenirs, repensant à ses journées passées en sa compagnie durant son enfance.
Les deux sœurs écoutaient leur père raconter quelques extraits de la mythologie grecque (Ava s’y était intéressée puisque son deuxième nom, Diane, venait d’une déesse romaine), lire ensemble des contes de fée, qui racontaient l’histoire des seigneurs au Moyen Age.

Depuis son arrivée ici, elle avait eu beaucoup de rencontres, mais qui allaient rarement au-delà d’une simple connaissance ou tout simplement une bonne impression.
Elle repoussait toutes les chances d’approfondir les relations, de faire durer les conversations.

La châtaine soupira et appuya ses coudes sur le rebord de la fenêtre. Les yeux clos, elle sentit le vent lui caresser le visage.

Une main s’agita à quelques centimètres de son visage, sortant la première année de ses pensées.
L'irlandaise cligna des yeux et se tourna vers l’inconnue ; elle n’avait même pas remarqué son arrivée.
La Vert et Argent la scruta un instant. Elle n’était pas très grande et avait des cheveux blonds, aux yeux bleus qui avaient un joli reflet violet.
Peut-être lui avait-elle dit quelque chose ?

« D-désolée. Tu… tu me parlais ? » bredouilla-t-elle.

La blonde complimenta ensuite son enveloppe et lui demanda si c’était sa liste de Noël.

« Oui. » lui répondit-elle simplement, avant de se rendre compte qu’elle avait répondu d’une voix plus sèche qu’elle ne le voulait.

« Euh, je veux dire o-oui, c’est ma liste de Noël. » essaya-t-elle de se rattraper.

La première année ne savait pas exactement comment s’y prendre avec les autres.
Elle n’était franchement pas douée avec les mots ; les autres avaient tous des réactions différentes et imprévisibles.
Elle tritura distraitement la manche de son uniforme.
« Et… toi ? Tu es venue pour quoi ? » lui questionna-t-elle.

*Mais en quoi ça m’regarde ?*
Elle avait posé cette question malgré cette voix au fond d’elle qui lui criait de couper court à la conversation.
Sa mère, contrairement à la petite, procédait ainsi : elle posait des questions sur leur vie et ça faisait durer la discussion. Étrangement, aujourd'hui elle avait envie de l'imiter.

Elle ne savait pas pourquoi, mais en ce moment, elle commençait à changer ; elle voulait échanger un peu plus avec son entourage, essayer de sortir de sa petite grotte et se sociabiliser un peu.
Peut-être était-ce la solitude, ce vide que son ami avait laissé en elle ?
Elle baissa son regard bleu vers le sol et fixa ses chaussures, sentant ses oreilles en feu.

Lumah s'était mise dans une position des plus inconfortables... C'était bien pour cela qu'elle avait tenté de converser avec sa cadette ; en effet, si engager un sujet lui permettait d'éviter l'éventuel courroux de la première année causé par la maladresse de la blondinette, elle préférait saisir l'occasion : elle n'était pas d'humeur à se faire enguirlander, là tout de suite - et elle espérait de tout coeur qu'elle n'avait pas dégradé l'humeur de la serpentard, même si celle-ci arborait d'ores et déjà une mine sombre avant coup.

Elle lui semblait d'ailleurs peu réveillée. Son intuition se confirma en entendant ses réponses.

« Oui », confirma la petite à la première interrogation de sa cadette.

Si son oui à elle avait d'ailleurs été prononcé d'une voix légère et que Lumah avait voulue la moins hautaine possible, la réponse de la vert et argent, lui, avait eu l'effet d'un véritable coup de fouet. Lumah regretta à peu près toutes ses actions rien qu'à l'entendre, à vrai dire. Mais, sachant que sa soeur faisait la même et qu'elle était convaincue qu'il existait des maladroits autre qu'elle, elle décida de ne pas y donner trop d'importance, même si son visage livide disait sans doute le contraire.

Elle soupira intérieurement de soulagement en entendant la première année ensuite bégayer. C'est bon, elle ne lui en voulait pas. C'était non-intentionné.

« Je suis venue pour écrire à mes parents, leur envoyer ma liste, aussi ! Tu y as mis beaucoup de choses, toi ? », ajouta la petite, enthousiaste.

La blonde ne semblait heureusement pas relever le ton froid que la brune avait employé quelques secondes plus tôt. Les épaules d'Ava, se détendirent en signe de soulagement, sans qu'elle ne s'en rende vraiment compte. Merlin, il fallait absolument qu'elle corrige le ton de sa voix et l'expression faciale qu'elle arborait habituellement. La brune avait un de ces resting bitch face, comme certains l'appelaient vulgairement.

L'enthousiasme de son interlocutrice était contagieux et mettait la petite un peu plus à l'aise. Un petit sourire gagna les lèvres de l'enfant alors que la blonde confirmait qu'elle était bel et bien venue pour envoyer sa liste de Noël à ses parents, elle aussi. Cette dernière lui demanda si elle avait mis beaucoup de choses. La première année ouvrit son enveloppe rouge et verte qu'elle n'avait pas encore cacheté et sortit la lettre couverte d'une écriture soignée qu'elle contenait. Si le message adressé à sa famille fût beaucoup plus long, la liste ne comportait que quelques tirets. En effet, la Meywood n'était pas vraiment une personne que l'on pourrait qualifier de matérialiste.

« Un peu, oui. Je leur ai demandé quelques trucs utiles, mais je voudrais surtout rentrer à la maison pour les vacances. »

Même si son intégration à Poudlard et au sein de sa maison s'était bien passée, sa famille lui manquait. La Vert et Argent préférait passer le tout premier Noël et le Nouvel An depuis sa rentrée à Poudlard chez elle. L'ambiance était festive chez les Meywood en cette période de fin d'année. Avec un peu de chance, ils passeraient les vacances avec sa famille maternelle.

« Et toi, qu'est-ce que tu as commandé ? Tu comptes rester au château pendant les vacances de Noël ? » reprit-elle, sur le même ton léger.

En attendant sa réponse, son regard se détacha de la Jaune et Noir pour survoler la volière. Ayant eu l'occasion venir ici assez régulièrement, elle était désormais habituée à cette salle, y compris les bruissements d'ailes venant briser le silence à intervalles réguliers et les plumes des rapaces voletant un peu partout. Son nez en revanche, ne s'accommoderait jamais à l'odeur pestilentielle qui y régnait. Si c'était un peu plus supportable que lors de sa première visite, son odorat souffrait toujours. Elle était prête à parier que même à la fin de sa scolarité ici, ce serait toujours le cas.

La fillette se reconcentra sur son courrier et plia à nouveau le morceau de parchemin en deux. Puis, elle le glissa dans l'enveloppe, qui était déjà un peu froissée à force d'avoir été rouverte et refermée, la Serpentard ayant réitéré plusieurs fois cette action même avant sa conversation avec la Poufsouffle.