Elvire tenait la lettre de ses parents dans ses mains. Elle était toute pleine d'appréhension de découvrir leur réponse. Il y avait quelques jours de cela, elle leur avait annoncé ce qu'elle avait subi : une place à Serpentard.

Sauf que non, ce n'était pas comme ça que les choses auraient du se passer. Toute sa famille, à deux ou trois exceptions près, était à Poufsouffle ! Elle s'était toujours sentie Poufsouffle. Elle avait été élevée comme telle, et avait été persuadée, au fond d'elle, qu'elle allait revêtir une cravate jaune et noire. Elle baissa le regard, elle voyait du vert, elle avait peur.
La voix ténébreuse du Choixpeau résonnait encore en elle. "Serpentard !" Qu'avait-il décelé en elle ? Elle avait fait ses recherches. Elle ne se sentait pas particulièrement ambitieuse, ni même noble ou quoi que ce soit. Elle avait bien un peu de fierté et, oui, peut-être bien qu'elle était rusée. Certaines règles, elle les outrepassait quand elle ne les aimait ou ne les comprenait pas et pouvait être dans la provocation.
Mais cela faisait-il d'elle une Serpentard ? Elle refusait de le croire.

Elle entendait déjà les remarques de ses oncles et tantes aux repas et les regards déçus des autres membres de sa famille. Elle se faisait une montagne de cette annonce. Chez elle, la traiterait-on différemment maintenant ? Son petit frère aurait-il peur d'elle ?

Elle se souvint de ce qu'elle avait envoyé à ses parents.

Chers papa et maman,

Comme promis, je vous écris pour vous dire comment ça se passe pour moi.
Je m'entends bien avec mes camarades de dortoir et les cours qui ont juste commencé sont bien. Pour le moment.
Mais je dois vous dire quelque chose : le Choixpeau m'a envoyée à Serpentard ! Je pense qu'il s'est trompé ! Parce que je suis une Poufsouffle comme vous au fond de moi ! Je ne sais pas quoi faire. Je dois en parler à la directrice pour refaire le test vous croyez ?

Désolée de vous avoir déçus...
Elvire.

Et maintenant, dans ses mains, il y avait leur réponse. Ils avaient été rapides.
Alors, en attendant de trouver le courage d'ouvrir l'enveloppe, elle resta là à regarder les chouettes. Ces veinardes n'avaient pas ce genre de problèmes.

Oiseau de merde ! Il débarque dans la volière après avoir donné un coup d'épaule brusque dans la porte. Foutu piaf de connerie là ! En colère n'était pas vraiment le mot. Frustré, énervé, saoulé par ces foutus piafs, eux l'étaient. Edwin n'aimait pas vraiment le bruit que faisaient les oiseaux, déjà, mais alors qu'un hibou vienne l'emmerder à lui picorer les doigts, ça il appréciait encore moins. Beaucoup de choses avaient été à cause de ces oiseaux, les lettres à répétitions ou les engueulades. Depuis que sa mère ne lui envoyait plus de lettre -sûrement parce qu'il n'avait pas fait l'erreur de lui envoyer un oiseau en premier temps- plus aucun hibou ne l'attendait le matin pour lui donner une lettre. Edwin ne savait pas vraiment si il appréciait ça, de ne plus avoir peur des contenus des lettres, ou s'il détestait le fait de ne plus avoir aucune nouvelle de sa mère. C'était sûrement mieux comme ça de toute façon, il imaginait très bien comment elle pourrait lui en foutre pleins la tronche à travers ses lettres. Il s'était cassé comme un voleur, et même quand il était là bas elle ne gardait pas pour elle les insultes et les reproches.

C'était bien mieux comme ça mais ça faisait quand même mal, parfois de voir tous les autres recevoir et envoyer des lettres et d'être seul. Il n'avait personne sur qui compter réellement en dehors de Poudlard. Personne pour lui demander de raconter ses journées, de raconter Poudlard et la magie. Sa mère aurait sûrement fait un arrêt cardiaque si son fils lui avait dit qu'il commençait à apprécier la magie et les sorciers. Elle avait assez fait en sorte qu'il les déteste l'année dernière pour le détester encore plus maintenant qu'il était l'un deux.

Il sursaute quand il se rend compte qu'il n'est pas seul dans la pièce. D'habitude c'était la première chose qu'il captait et ne pas l'avoir fait lui fit monter une boule d'angoisse dans la gorge qui disparu cependant bien vite quand il se rendit compte que ce n'était qu'une fille avec une lettre. Elle avait de la chance d'en recevoir. Elle n'avait pas une tête à pouvoir lui faire du mal alors il se détend rapidement et avance dans la pièce, les mains dans les poches. Hey il lui fait un signe de la main avant de rapidement la replonger dans sa poche Désolé pour la crise de colère, un foutu piaf m'a bouffé les doigts. Il fait trois grands pas et se pose contre le mur, l'épaule collée à la surface froide de pierres taillées. Qu'es'tu fais ? En la regardant de plus près, il trouvait encore plus stupide son réflexe d'avoir eu peur de ce qu'elle aurait pu lui faire le temps qu'il capte qu'elle était là. Comme beaucoup des filles qu'il croisait, elle était petite et avec une tête de poupée. Franchement, elle avait l'air normale.

Elvire était en train d'admirer une superbe chouette blanche lorsque son cœur faillit lui sortir de la poitrine. Quelqu'un débarqua brusquement dans la pièce, lui faisant lâcher sa lettre par terre, parmi les fientes.

C'était un garçon brun et tout maigre. Elle l'avait déjà vu quelques fois, dans la salle commune. Mais ils ne s'étaient jamais parlés. Et elle n'était pas du genre à engager la conversation. Heureusement, le garçon le fit assez naturellement.
En réponse à son salut, elle leva la main elle aussi, puis ramassa sa lettre sur le sol. Elle était toute sale. Beurk.
Le garçon avait l'air fâché. Il se justifia. Un problème avec un oiseau un peu trop agressif.
"Ah, pas de chance.", dit-elle simplement.

Puis il se posa contre le mur et fit son curieux. D'un naturel méfiant, Elvire fronça les sourcils.
"C'est une lettre de mes parents. Mais j'l'ai pas encore ouverte."

Lui, il n'avait pas l'air de chercher quoi que ce soit ici. Elle ne voulut pas lui retourner la question, elle ne voulait pas avoir l'air curieuse.
Elle essuya la lettre contre sa cape de sorcière. Grosse erreur. Ou peut-être pas. Finalement, la couleur de poussière et de caca d'oiseau allait bien avec les couleurs de Serpentard. Elle releva les yeux. Ce garçon, là, il était de sa Maison. Peut-être qu'il pourrait l'aider. Lui donner des conseils ou elle ne savait pas trop quoi. Elle avait juste le sentiment qu'ils pourraient en discuter. Après tout, il montrait bien, par son attitude, qu'il voulait rester un peu là.

"J't'ai déjà vu dans la salle commune, j'crois."

Et peut-être en cours aussi, mais n'étant pas sûre, elle préféra ne rien dire. La pauvre Elvire n'était pas tellement physionomiste.

"J'l'aime pas, cette salle commune. J'aime pas Serpentard." Dit-elle d'un ton boudeur en jetant un regard de réflexe sur sa cravate qu'elle aurait préféré jaune et noire.

Il hoche la tête en regardant autour de lui. Il ne sait pas trop quoi faire maintenant qu'il a perdu l'oiseau de vue. Et l'autre fille le rend mal à l'aise parce qu'elle a l'air franchement minable, et il n'est pas sûr d'avoir envie de l'écouter pleurnicher sur combien ses parents lui manque. Si elle commence à le faire dans les dix prochaines minutes, autant qu'il s'accroche à un hibou pour sauter par la fenêtre, avec un peu de chance il sera assez maigre pour que l'oiseau arrive à amortir la chute. Il fait une grimace quand il voit la fille essuyer sa lettre sur sa cape. C'est positivement dégueu et il ne peut pas s'empêcher de la rejoindre en trois enjambées pour lui essuyer avec un mouchoir. Il en avait toujours sur lui, parce qu'il n'était pas le plus doué et que ça lui arrivait souvent de se couper en bricolant, et avoir un mouchoir pour appuyer sur la plaie c'était toujours positif. C'est dégueu d't'essuyer dessus comme ça, et pis si tu sors d'ici pleine de fiente j't'explique pas comment les gens font se foutre de ta tronche ajoute-t-il par la suite. Faire un truc gentil et essayer de noyer le poisson en changeant de sujet, c'était son habitude. Il n'aimait pas qu'on le trouve gentil, parce qu'il avait l'impression que dès que c'était le cas, les gens le prenaient pour un débile. Et pourtant il n'arrivait pas à se résoudre de devenir un gros con, c'était étrange.

Ouvre là alors, toi au moins t'en reçois Il lui sourit avant de s'éloigner d'un pas, trop proche d'elle pour qu'il ne soit pas mal à l'aise. Il fourre ses mains dans ses poches et se balance d'avant en arrière sur ses pieds. Lui aimerait bien recevoir des lettres, mais sa mère serait la dernière à lui envoyer. Et de toute façon, ses lettres à elle ne seraient pas une bonne chose. Ceci dit, depuis qu'il n'était plus à Londres, personne n'avait besoin de lui envoyer des lettres. Il n'était plus à des heures de Poudlard, il n'était plus seul, perdu à Londres. C'était bien mieux.

Il hausse les épaules quand elle reprend la parle. Ouaip, t'as raison, moi non plus. Enfin, pour être honnête il ne détestait pas Serpentard, mais il détestait beaucoup de ses membres. Au final ce n'était qu'une maison, des couleurs et des valeurs, on ne pouvait pas détester ça, par contre il pouvait aisément détester ceux qui incarnaient tout ça, parce qu'eux étaient pour la plupart totalement détestables avec lui. Ca le faisait chier de les voir lui en mettre plein la tronche à lui mais être totalement mielleux avec d'autres. Il n'avait juste pas le bon sang pour certain et ça suffisait, c'était ça qu'il n'aimait pas là bas. Ca, et le fait que la salle commune soit enterrée sous terre. La nuit, il avait l'impression que les fenêtres éclataient et déversaient un torrent d'eau gelée sur lui et que le plafond craquait, à la limite de se briser. Ses angoisses étaient irrationnelles mais il n'arrivait pas à s'en défaire. Sans pouvoir voir la lune à travers les fenêtres, il avait l'impression d'être enfermé comme à Londres et tout était trop noir. C'était bidon, mais il détestait le noir, y plonger comme ça, ça l'angoissait vraiment. Pourquoi tu la saque pas la salle commune ? Parce qu'les gens sont des abrutis ou parce que t'veux pas être là ?"

Elvire fut surprise lorsque le garçon se rapprocha d'elle pour s'occuper de son uniforme avec un mouchoir. De quoi il se mêlait celui-là ? Elle eut un geste de recul mais pas assez évident, apparemment, pour qu'il arrête ce qu'il était en train de faire. Et pire : il se mit à la critiquer. La blonde était définitivement vexée. Elle décida de hausser simplement les épaules, les sourcils peut-être trop froncés pour paraître vraiment reconnaissante des conseils prodigués.

Vinrent ensuite les ordres. "ouvre-la". Ils reculèrent d'un pas en même temps, voulant s'éloigner l'un de l'autre. Entre Elvire et les contacts physiques, c'était... compliqué.

Comme elle ne voulait pas découvrir le contenu de son message devant lui, elle ne cessait de faire glisser la lettre dans ses mains. D'abord un sens, puis l'autre. Elle ne savait plus trop quoi dire. Heureusement pour elle, il reprit la parole tout seul. Il voulait savoir ce qu'elle n'aimait pas dans sa nouvelle Maison. Elle réfléchit un instant avant de répondre. Elle hésitait, en réalité. Ce qu'elle vivait n'était pas un secret d'état mais avait-elle envie de partager tout cela avec un inconnu ? Elle n'en était pas sûre. Et puis, elle décida de tout raconter, même si cela devait la faire passer pour une capricieuse.

"Bah, les gens, j'les connais pas trop encore. Mais j'voulais pas être à Serpentard, c'est tout. J'voulais Poufsouffle, comme toute ma famille..."

Elle avait dit cela sur un ton plus enfantin que prévu. Elle était sûrement vu comme une gamine, mais c'était ce qu'elle ressentait et puis, finalement, le partager avec un élève lui fit du bien.

"En vrai, je suis pas une Serpentard moi ! Je sais pas pourquoi le choixpeau a dit ça..."

Puis, elle se souvint que le garçon avait dit comme elle, il partageait ses sentiments. C'était pour ça qu'elle s'était sentie libre de dire ce qu'elle pensait.

"Pourquoi t'aimes pas, toi ?" Lui demanda-t-elle, tout en essayant de caler correctement ses pieds par terre pour éviter la moindre fiente.

Edwin n'était pas quelqu'un qui avait le tact inné. En fait c'était tout l'inverse, il était totalement nul avec les interactions sociales, il lui semblait toujours faire quelque chose de mal mais il ne savait jamais quoi. Même quand il essayait de bien faire, ça finissait inévitablement par dévier dans la mauvaise direction. Il s'y était habitué, à être à l'aise dans les conversations comme un pingouin en plein désert, c'était pas si grave. Il ne faisait pas exprès de mettre les gens mal à l'aise, mais il était presque incapable d'arriver à les lire correctement. Les gens savaient le faire, mais pas lui. Les gens captaient souvent ce qui le rendait mal à l'aise avant qu'il soit assez doué pour le cacher, mais lui n'avait jamais su faire ça, et Poudlard, les cris, les coups n'avaient pas arrangés ça, c'était même tout l'inverse. Il ne voulait plus essayer de comprendre les gens, parce que ça finissait toujours pas trop se montrer, trop montrer ses faiblesses et les gens se ruaient dessus. Et le pire dans tout ça, c’est qu’il ne remarque même pas que l’autre est gêné par lui. Peut-être parce qu’il ne fait pas assez attention aux sentiments des autres. Ou peut-être que c’est aux siens qu’il ne donne pas un regard, il essaye de les fuir même. Fuir tous les sentiments, même ceux qui ne sont pas les siens. Ce sont des bêtes agressives, violentes et dangereuses, ces choses là. Edwin s’en tient loin, le plus loin possible et c’est mieux comme ça.

Il hausse les épaules La famille parfois c’est naze, le choixpeau aussi, mais te sens pas mal d’être dans une maison juste parce que t’es différente des gens de ta famille. Il la regarde droit dans les yeux Serpentard c’est qu’un nom de maison, ça défini pas qui tu es ou qui t’es pas, alors que tu sois verte ou chez les jaunes, ça changera rien du tout Il grimace Je le trouve con leur système de maison, parce que les gens changent, mais il paraît que ce chapeau arrive à voir ce que toi tu vois pas. Y’a que toi pour dire que t’es une Serpentard ou pas, mais c’est débile de choisir ça juste par rapport à d’autres gens

Il tire sur son haut pour le remettre correctement avant de passer une main dans ses cheveux, légèrement mal à l’aise par la question. C’est de bonne guerre, elle lui dit pourquoi elle n’aime pas la maison, lui lui dit pourquoi lui ne la supporte pas. C’est du donnant-donnant, mais il n’arrive pas à ne pas être gêné. Juste parce que les gens sont cons, enfin pas tous mais beaucoup, et puis la salle commune est sous terre et… et j’ai l’impression que le château va s’écraser sur moi et que je vais me noyer dans le lac dit-il doucement en se grattant le crâne. Ça lui semble stupide une fois dit à voix haute, mais la nuit, dans son lit c’est quelque chose dont il n’arrive pas à se défaire et ça a le don de le faire paniquer. Le château pourrait leur tomber sur la tête que personne ne pourrait rien faire, ses camarades pourraient briser les vitres de son dortoir et le laisser se noyer dans l’eau gelée du lac. Il pourrait se faire enfermer dans un coin que personne n’entendrait ses cris de toute la journée parce que les cachots étaient si loin de tout. Il ne faisait confiance à aucun de ses camarades, chacun était une bombe à retardement qui pourrait lui exploser en plein visage à n’importe quel moment, dès que ça leur chanterait.

Elvire n'était pas très à l'aise. Et ce n'était pas propre à cette conversation précise avec Edwin. C'était le cas depuis le début de son année scolaire. Elle n'aimait pas les débuts. Ce qu'elle adorait Elvire, c'était la routine, les relations bien installées, être avec ceux qu'elle connaissait bien. Elle n'était pas contre le fait de se faire de nouveaux amis mais elle payerait cher pour passer le moment de la rencontre. Se découvrir et découvrir l'autre, c'était compliqué, une vraie épreuve pour elle que de passer le stade de la simple connaissance pour atteindre la familiarité, ce fameux niveau qui supprimait toute gêne et qui rendait les discussions agréables et faciles.

Ce moment ne l'était pas.

Mais à part ça, Edwin avait l'air d'être quelqu'un d'intéressant. Alors, et comme elle le faisait depuis son arrivée au château, Elvire se forcerait à creuser pour le connaître. Et bientôt, elle l'espérait, leurs interactions ne seraient plus laborieuses.

Le garçon lui prodigua quelques conseils. Elvire fit un sourire de surprise, amusé, quand il osa dire que le système des Maisons était, bah, con. Elle le croyait aussi, elle pensait qu'il avait raison.
Mais elle ne partageait pas sa claustrophobie par contre. Elle, elle aimait plutôt bien le côté reculé de cette salle commune. Elle aimait rentrer dans ce lieu secret et sombre. Descendre dans les tréfonds plutôt que grimper dans les étoiles. Elle était encore trop inhibée pour préférer les hauteurs aux entrailles.
N'empêche, leur monde était tellement imprévisible...

"J'avoue que si l'château se fait attaquer, on n'a p'têtre pas la meilleure place."

Elvire fit glisser l'enveloppe toujours fermée entre ses doigts, puis reprit la parole.

"Moi, c'est pas les gens qui m'gênent. Je connais pas grand-monde encore et ils ont été gentils, pour l'instant, les Serpentards à qui j'ai parlé. C'est plutôt, j'sais pas... C'qu'on a pu voir en moi pour me mettre là. Ca définit p'têtre pas qui j'suis comme tu dis, mais, bah, ça m'embête quand même un peu."

Elvire fit quelques pas pour aller caresser la tête d'une chouette qui venait de se poser là. Elle avait envie de demander à Edwin pourquoi il avait critiqué ses camarades. Elvire aimait les petites histoires, les ragots. Mais elle n'osait pas. Pas pour le moment. Elle ne le sentait pas.

Elle fit quelques pas vers lui, pour sortir de la volière. Elle voulait lui proposer de la laisser seul ici, peut-être qu'elle le gênait, puis elle se rappela qu'il lui avait fait part d'une peur qu'il avait, ce qui était malgré tout, même s'ils ne se connaissaient, la preuve d'une certaine confiance, d'une certaine connexion.
Alors elle ne sortit pas et préféra s'appuyer contre le mur le plus proche, écartant du pied quelques cailloux.

"J'ai pas peur du noir ou d'aller sous terre. Mais c'est vrai que ce lac... Il m'donne des frissons. Je ne pensais pas que Poudlard était... comme ça." Lui dit-elle en levant ses yeux presque noirs vers lui.

Edwin était très sociable. La plupart du temps, il parlait aux gens avant même de capter qu'ils ne les connaissaient pas. Ca ne l'avait dérangé d'être tactile, de faire des blagues à des gens qu'il n'avait jamais vu avant, il n'était pas timide. Souvent, ça gênait un peu les autres mais Edwin ne captait jamais vraiment ça. Un sociable aveugle aux sentiments des autres, c'était bien drôle parfois. Pourtant, même s'il pouvait rendre les gens mal à l'aise, ce n'était jamais son intention. Quand ça l'était, tout le monde comprenait vite que c'était fait exprès. Cependant, même s'il aimait parfois rencontrer de nouvelles personnes, il avait un besoin infini de garder contact avec ceux qu'ils connaissaient déjà. La routine s'installait rapidement et elle lui plaisait. Il s'avait toujours à quoi s'attendre et il n'y avait pas de mauvaises surprises. Et, en plus, il savait toujours qu'il avait quelqu'un à ses côtés, il n'était jamais seul quand il voulait de la compagnie dans ces moments là, parce qu'il savait où trouver les gens et ce qu'ils aimaient. Il savait leur parler pour se sentir mieux, ou pour les faire sourire. Il avait peut-être la chance de ne jamais être gêné dans ces moments là ou d'avoir l'impression d'être déjà familier avec les autres, mais quand ça ne se passait pas comme prévu, le coup faisait mal. Horriblement mal, d'ailleurs, parce qu'avec lui c'était toujours tout ou rien, et quand il voulait vraiment se rapprocher de quelqu'un et que ça ne fonctionnait pas, quelque chose dans son ventre se retournait et il avait l'impression que des milliers d'yeux le regardaient de partout et savaient instantanément qu'ils pouvaient l'attaquer parce qu'il avait baissé ses défenses. Cela aurait dû l'empêcher de parler aux gens, ou le faire devenir méfiant mais ce n'était pas le cas. Il préférait jouer et perdre que de rester dans son coin pour éviter d'être blessé.

Si quelqu'un avait dû découvrir, quelqu'un de mauvais, que Edwin avait peur d'entrer en salle commune, il ne donnait pas cher de sa peau. Bien sûr, c'était parfois tellement évidement de comprendre qu'il se sentait mal, mais les gens ne comprenaient jamais vraiment pourquoi et c'était tant mieux. Edwin avait vite comprit que, à Serpentard, montrer ses faiblesses sans avoir quoi que ce soit pour se défendre était une très mauvaise idée. Là, Elvire lui avait donné matière à se défendre donc ça ne le dérangeait pas de partager un peu de ses angoisses, surtout qu'elle n'avait pas l'air particulièrement méchante. Mais il n'aurait jamais été avouer à Carter qu'il avait peur du noir, ou d'être enfermé. Sinon il aurait probablement ensorcelé ses couvertures pour qu'elles ne le laissent jamais partir ou qu'elles ne l'étouffent carrément. Le savoir c'était le pouvoir, et Edwin était persuadé que ce dicton ne parlait pas de connaître toutes les plantes des serres de botaniques mais plutôt de connaître son ennemi, de savoir où se trouvaient ses faiblesses pour pouvoir attaquer. Il n'était pas assez fou pour les balancer à la vue de tous consciemment. La plupart du temps, quand il le faisait, il ne faisait pas gaffe et voulait se gifler dans la minutes où il se rendrait compte de sa connerie.

Bah, p't'être que tu penses que si t'es à Serpentard c'est parce que t'es méchante ou quoi, mais c'est pas forcément l'cas hein t'sais. Enfin j'veux dire, la ruse, l'ambition, ça peut être super cool aussi. Les médecins le sont, et ils sauvent des vies ! Y'en a certains c'est des gros cons mais la plupart son sympa. il hausse les épaules Pis j'me sens pas trop rusé ou ambitieux non plus mais j'suppose que ça changera avec le temps ou qu'on m'a foutu là parce que je me serais pas """épanoui""" il fait de gros guillemets avec ses doigts dans une autres maison, chais pas il hausse les épaules et fout ses mains dans ses poches. Il fit un sourire lumineux à l'autre quand elle décida de ne pas s'enfuir de la volière. Cool, ça c'était une bonne nouvelle. J'aime pas le lac non plus, mais avant normalement le château était attaché à la terre j'crois, enfin y'avait pas que du lac tout partout autour.

"Ah ouais ?"
Elvire avait réagi d'instinct à la dernière remarque du garçon. Elle ne savait pas du tout ce qu'était le château avant, il y avait des années et des années, et encore moins que le lac n'avait jamais existé. Qu'est-ce que ça voulait dire ? Que les sorciers du sous-sol voyaient sous la terre ? C'était pire que voir sous le lac, non ?

Maintenant, elle ne savait plus quoi dire. Elvire n'avait pas tellement envie de répondre à tout ce qu'il avait dit autour des qualités de Serpentard. Oui, elles n'étaient pas forcément négatives. Oui, peut-être que la blonde s'y reconnaîtrait davantage avec le temps. C'était des banalités qu'elle était elle-même capable de se dire. Mais ce qu'elle retenait de toute cette situation, de cette répartition, c'était qu'elle était profondément différente du reste de sa famille. C'est cette vérité-là qu'elle avait du mal à accepter. Et elle ne connaissait pas assez bien le garçon, même pas son prénom encore, pour partager tout cela avec lui. Et puis, elle avait du mal à se livrer en général.
Elle se dit qu'elle devait quand même être reconnaissante envers le garçon. Après tout, il prenait le temps de la rassurer, à sa façon. Il ne l'ignorait pas, il la considérait. C'était quand même assez rare pour qu'Elvire le note.
Elle s'éclaircit la gorge.

"Bah, merci, en tout cas. Merci de prendre le temps de me dire tout ça. Peut-être que oui, que je comprendrai plus tard."
Donc elle avait répondu finalement. Et puis, elle fit sa curieuse avec une question qu'elle aimait beaucoup.
"Tu te serais bien vu dans quelle autre Maison que Serpentard, toi ?"

Sa lettre lui glissa des mains, elle s'empressa de la ramasser.

Pardon pour ce retard horrible !

Il hoche la tête à l'exclamation de l'autre. Ouaip, l'année dernière le lac faisait pas tout l'tour de Poudlard. Enfin, j'crois que c'était bien l'année dernière. Il ne se rappelait plus vraiment s'il avait connu Poudlard autrement qu'entouré du lac mais il était certain que le château avait déjà été rattaché à la terre, au moins pour une partie. Il avait eu la manie de vouloir tout oublier de Poudlard l'année passée. Même si ça n'avait pas abouti à grand chose, certains souvenirs étaient passé à la trappe avec le temps et le fait de ne jamais voir le château. Tout ce qu'il avait vu avait été Londres et sa chambre, et ce n'était pas exactement la meilleure ville pour se rappeler d'un château immense. Il avait même dû rapprendre à se diriger dans le château au début de cette année parce que ses souvenirs étaient trop vagues. Il avait pu avoir une nouvelle immersion dans le monde des sorciers, en tout cas en théorie. En pratique, ses anciennes connaissances l'avaient un peu empêcher de repartir de zéro. Pour les bons ou les mauvais côtés, d'ailleurs.

Il réfléchirait à tout ce qu'il avait dit plus tard en se disant qu'il était bien stupide de détester sa maison mais d'en louer les qualités. Enfin, même s'il détestait plus ses membres que ses valeurs, c'était plus qu'il ne s'y reconnaissait pas vraiment. A vrai dire, il avait encore du chemin à parcourir pour se sentir totalement à sa place à Poudlard tout court. S'intégrer à Serpentard arrivait en deuxième sur sa liste de choses à faire et ce serait tout de suite plus compliqué que de se faire à l'idée d'être un sorcier. Et pourtant, il avait vraiment du mal. Il lui offre un autre sourire et passe une de ses mèches de cheveux derrière son oreille pour libérer son champ de vision De rien, c'est normal. C'pas ouf d'avoir l'impression d'être un intru là où on est, et j'en sais quelque chose. Que mes conneries servent à quelqu'un c'est toujours positif, nan ? Il entama un mouvement pour rattraper la lettre fugueuse mais les réflexes de l'autre furent plus rapides. Tu devrais l'ouvrir avant qu'elle ne disparaisse vraiment dans toute la crasse et les fientes d'oiseau il lève ses mains de chaque côté de sa tête Je promet de pas regarder, si jamais. Et si tu veux pas l'ouvrir, c'est bien aussi mais tu n'as pas de poche ou quoi pour la ranger ?

Il ne recevait pas de courrier, mais il doutait d'apprécier si les seules lettres qui pouvaient lui être adressées finissaient dans de la crotte d'oiseau. Ce n'est pas vraiment le truc le plus génial du monde. Il pouvait un peu comprendre le dégoût de l'autre et l'imaginer aussi. Lui, ça ne le dérangeait plus trop avec le temps, après tout Londres était sale aussi et puis on ne pouvait pas avoir d'animaux si le bazar et la saleté nous dérangeaient.

J'pense pas à une autre maison que Serpentard. J'me retrouve pas trop dans ses valeurs, mais encore moins dans celles des autres il avait souvent pensé qu'il n'avait pas sa place pour cette raison. Trouver un endroit avec des gens comme lui dans un monde où toutes les catégories ne lui convenaient pas, c'était compliqué. Le caractère des ado est malléable, et heureusement non définitif. Maintenant, il avait comprit ça mais avant ça avait été dur de se demander pourquoi il était ici et pas ailleurs et s'il arriverait un jour à voir Serpentard comme son groupe. Se créer une appartenance prenait du temps mais il arrivait enfin à imaginer que ce serait possible, un jour. J'suis pas assez bosseur pour être à Serdaigle, et j'suis trop trouillard pour Gryffondor même si j'fais genre que j'suis courageux. Et pas assez bon vivant pour Poufsouffle, mais à choisir entre les trois, j'aurais peut-être été chez les jaunes si j'avais pas été à Serpentard ? Enfin, je peux pas savoir bien sûr mais j'pense que j'suis loyal. Et toi, tu avais envie d'atterrir où ?