La période de la Saint Valentin.

Pour certain, cela représentait une opportunité de faire face à leurs sentiments, de célébrer leur amour, de faire germer des cœurs sur mille et un parchemins… Pour d’autres, il s’agissait ni plus ni moins que d’un décompte pour une journée infernale. Comment pouvait-on caractérisé autrement une fête qui semblait métamorphoser des personnes déjà insupportables en personnes insupportables et désespérées ? Une journée qui prônait le chaos postal des déclarations d’amour, des gloussements et des pleurs beaucoup plus fréquents qu’habituellement ?

Donc oui, pour Veronica, la Saint Valentin était tout simplement une sorte... d’Apocalypse.

Dans une école moldu lambda au moins, elle aurait pu continuer ses propres traditions. Après tout, cela avait toujours été une bonne journée pour fouiller dans les affaires de ses camarades moldus, pour emprunter des boites de chocolat discrètement, ou bien se jouer des autres. Mais, dans une école telle que Poudlard, le risque d’empoisonnement par des philtres d’amour l’avait rapidement dissuadé de faire quoi que ce soit. Hormis la faire passer plus de temps dans ses cachettes habituelles.

Car, pour survivre à une apocalypse, il fallait bien trouver le bunker parfait.

Ce jour-là, Veronica n’avait pas cours, et en avait profité pour s’installer tranquillement dans un recoin de la salle des trophées, avec un livre qu’elle avait emprunté à la bibliothèque il y a peu, sur le vampirisme – elle devenait presque incollable sur ce sujet. Calée dans un angle, entre deux meubles au fond de la pièce, elle semblait presque se confondre avec les murs.

Presque.

Excuse moi pour le retard de lancement

Narcisse n'avait pas d'avis sur la Saint-Valentin. Il appréciait ce jour comme les autres, sans distinction. Il n'avait pas d'apriori, et s'il pouvait se sentir heureux pour les autres, il ne partageait pas vraiment cette passion de l'amour. Il préférait les amis. Quand il voyait à quel point ses parents étaient heureux, il souhaitait, parfois, pouvoir un jour vivre ce qu'il vivaient et ce qu'ils avaient vécu. Mais chaque chose en son temps. Profitant de son jour sans cours, Narcisse voulu à nouveau explorer le château, qui semblait être décidément sans fin ! C'était assez extraordinaire, lui qui ne se lassait jamais de nouvelles aventures, cet endroit était réellement rêvé pour lui. Tous les jours, il pouvait prendre un nouveau tournant, et aller à un nouvel endroit, et il redoutait le jour où il aurait fait le tour de ce château merveilleux.

Perchée sur son épaule, Klee renifla soudainement l'air alentours, tournant sur elle-même, alors qu'ils passaient aux alentours de la salle des trophées. Elle bondit alors de son épaule, touchant le sol dans un petit couinement, elle entreprit alors de sprinter comme une dégénérée dans une direction bien précise ! Narcisse ne perdit pas une seconde, et se lança à sa poursuite, mais elle roulait bien trop vite pour lui, zigzagant dans tous les sens, avant de s'élancer en planant droit sur Veronica !

- Klee ! Ça suffit les bêti...

Trop tard. Elle atterrit brutalement (brutalement pour une boursouflette) sur le torse de Veronica. Elle piailla ensuite avec violence, lui sautillant dessus, tournoyant sur elle-même, mâchouillant tous les vêtements qu'elle pouvait trouver. Narcisse observa les alentours, du chocolat. Il s'empara à la vitesse de l'éclair de Klee, qu'il fit léviter.

- Air jail !

Il se tourna ensuite vers Veronica, le visage rouge de honte.

- Euh... Salut, hrm. J'suis désolé... Klee perd la tête quand elle sent du chocolat. Tout va bien ?

Klee se déchaînait, flottant dans les airs, à la hauteur de la tête de Narcisse, donnant des coups de patounes et roulant sur elle-même, poussant ses grands cris de guerre aigus.

Veronica était tranquillement plongée dans sa lecture, tout en grignotant des friandises qu’elle avait prise avec elle – une boite de chocolat qu’elle avait reçue de sa mère. Tout était parfait. Mais alors qu’elle entama un nouveau chapitre de son livre, elle fut soudainement agressée par une boule de poils. Dans un cri de surprise la Serpentard lâcha instinctivement son livre, qui se retrouva brusquement éjecter sur le côté.

« Quoi - mais - lâche-moi sale bête ! »

Elle tenta d’éloigner son petit agresseur tout en s’agitant frénétiquement. Elle aurait surement fini par le projeter sur le meuble en face d’elle, mais elle fut débarrassée de la créature avant de pouvoir en faire de la bouillie. Toujours alerte, la Serpentard se releva tout en sortant sa baguette, et tourna son attention vers celui qui avait lancé le sortilège de lévitation – le propriétaire présumé de la créature qui venait de lui mâchouiller les vêtements. Il s’agissait de Narcisse Brando.

Le chiot de Poufsouffle.

« Non ça va pas ! Tu pouvais pas faire plus attention à ta chose là ? Quand on sait pas s’occuper d’animaux, on les laisse dans les dortoirs ou à la maison, nom d’un basilic ! T’as de la chance que ma baguette était rangée dans ma poche, sinon ton machin aurait eu le droit à un Diffindo ! »

Je suis couverte de bave de boursouflet maintenant, beurk beurk beurk !

Elle qui s’était installée ici pour être tranquille, c’était un échec plus que cuisant. Ne pouvait-elle donc pas avoir la paix juste une journée ?

Klee se débattait frénétiquement dans les airs, emplie d'une rage frénétique, ne pensant qu'au chocolat. Ses yeux étaient braqués sur ces derniers, n'attendant que de pouvoir poser ses patounes sur le sol pour se ruser à nouveau dessus. Narcisse ne l'entendait pas de cette oreille, il comptait bien la faire léviter toute la journée s'il le fallait, l'attachant au bout de sa laisse si nécessaire. Si au début il se sentait mal pour Veronica, il s'offusqua soudainement de sa réaction en se plaçant devant sa boursouflette dans un mouvement protecteur.

- Mais ça va pas ?? Tu vas pas Diffindoer ma Klee ! Faudra m'passer sur le corps !

Il se racla ensuite la gorge, avant de pointer sa baguette sur sa camarade pour lancer un Recurvite, histoire d'au moins la nettoyer de la bave de sa boursouflette. Malgré tout, c'était évident qu'il allait devoir apprendre à contrôler Klee bien plus efficacement. Et si jamais c'était sur Aelle qu'elle s'était jetée... Il frémit rien qu'en y pensant...

- Elle est impossible à contrôler... J'ai tout essayé. Et si j'la laisse dans l'dortoir, elle risque de s'échapper d'sa cage pour tout détruire dedans.

Il se frotta l'arrière de la tête, le visage rougissant sous l'embarras.

- Euh... Tout va bien ? Elle t'a pas blessé ? J'sais qu'elle peut vraiment être hyper teigneuse à cause du chocolat.

Il s'inquiéta soudainement de savoir si elle en avait mangé ou non, et il se tourna vers elle pour observer ses petites babines remontées. Pas de traces, ouf, au moins, il n'aurait pas à se soucier de ça.

Parce qu’il pense que se placer entre son animal et moi suffirait à m’empêcher de lancer un Diffindo ?!

Narcisse était encore plus naïf que ce qu’elle pensait. Néanmoins, Veronica se contenta de serrer les dents, puis de rabaisser sa baguette. Si elle devait se faire punir, ce ne serait pas pour avoir agresser un de ses camarades ou son animal. Même si elle était très tentée sur le moment. Et lorsqu’il laissa le Recurvite, elle grimaça. D’où se permettait-il de jeter un sort sur elle sans sa permission ? Elle l’aurait elle-même fait – après s’être occupée de la bestiole. La Serpentard resta interdite, alternant son regard noir entre les deux perturbateurs.

« Tu as tout essayé hein ? Mais oui bien sûr, c’est toujours facile de dire ça », finit-elle par répondre, exaspérée. Il voulait quoi en disant cela ? De la pitié ? De la compassion ? « T’avais qu’à prendre un caillou de compagnie ou une plante moldue si tu sais pas tenir ta Klee en laisse. ».

Elle voyait bien le genre… Vouloir un animal et penser qu’il suffisait de le nourrir et de jouer avec. Une sorte de peluche animé. Ses parents lui avaient bien fait comprendre que ce n’était pas simplement ça. Il fallait les éduquer, les dresser, les surveiller… C’est une des raisons pour laquelle ils lui avaient confiés un vieil hibou en premier lieu.

« Si elle s’approche de mon chocolat, elle finira en purée, et toi avec si tu t’interposes encore ».

Veronica se baissa pour ramasser son livre. Sa tranquillité dans la salle des trophées avait été anéanti par un boursouflet, et elle se retrouvait devant un choix : trouver un autre bunker, ou éjecter le premier année.

Le visage de Narcisse rapidement un air dur, fronçant légèrement les sourcils, croisant les bras, il n'allait pas se laisser faire, et un sourire se dessina sur ses lèvres. Inutile de jouer la provocation, il avait des choses à redire, mais ça ne servirait à rien. En revanche, il n'aima pas trop les commentaires sur sa boursouflette. Avait-elle un animal de compagnie ? S'en sortait-elle parfaitement avec lui ? Ce n'était pas vraiment de la faute de Narcisse s'il était tombé sur la déesse capricieuse des boursouflets. En décroisant les bras, il se frotta le nez, un peu embarrassé.

- Bah... Ouais, j'ai tenté d'appliquer tous les conseils d'ma mère. Mais rien n'y fait, la p'tite boule rose en fait toujours qu'à sa tête.

Il la regarda flotter en l'air, couinant toujours aussi agressivement, et regarda à nouveau Niks.

- Euh, t'aurais des conseils ?

Il leva ensuite les mains au niveau de son visage à la menace de sa camarade en rigolant doucement, avant de faire flotter Klee derrière sa tête, juste au cas où. Non pas qu'il ne prenait pas sa camarade au sérieux, mais il ne prenait pas au sérieux ses menaces. Personne ne se montrerait aussi violent gratuitement n'est-ce pas ? C'était ridicule, surtout quand on pouvait discuter, et il était persuadé que la Serpentard était une personne raisonnable, comme tout à chacun.

Il pouvait être en colère, sourire ou faire une mine embarrassée que Veronica s’en fichait. Elle n’allait pas accorder de la sympathie au garçon et à son animal – bien que disparue, la bave de la boursouflette en avait étouffé toute trace dans l’œuf. Quand il finit par lui demander des conseils, la brunette n’en revenait pas. Narcisse n’avait pas compris qu’elle était de mauvaise humeur ? Elle venait de menacer Klee bon sang ! Et il se permettait de rire ?

« Tu manques pas d’air Brando… Tu penses que j’ai le temps et l’envie de te conseiller ? J’étais occupée avant que vous veniez me déranger, toi et ta bestiole. »

Diffindo, Incendio, Calvorio… Veronica énumérait intérieurement les sortilèges qui pourrait lui servir pour se venger de Klee. D’ailleurs, ça ressemblerait à quoi un boursouflet sans poils ? Elle tourna son regard vers la boule de poils toujours autant énervée. Non. Cela ne servait à rien de s’énerver. Après tout, si aujourd’hui elle s’était cachée, c’était pour être au calme. Et les deux perturbateurs n’allaient pas changer cela. La jeune fille se pinça l’arête du nez. Elle avait peut-être juste un hibou à Poudlard – et franchement, Napoléon était un vieil oiseau aigri qui ne manquait pas une occasion de la mordre – mais elle avait aussi Whisky. Un labrador noir que ses parents avaient adopté quand elle était toute petite. Sans oublier ceux de ses grands-parents… Veronica avait grandi entouré d’animaux.

« De toute façon, tu ne peux pas dresser un animal qui ne te respecte pas, et ce n’est pas en la traitant comme une princesse que ce sera le cas. »

Narcisse poussa un long soupir de déception. C'est vrai qu'elle avait raison, Klee avait décidé de foncer dans sa direction pour lui pourrir son petit moment tranquille. Il n'avait contrôle sur elle dans ces moments, malgré tous les efforts qu'il déployait pour tenter de la dresser. Son corps glissa sur le côté alors qu'il dégainait sa baguette pour faire flotter Klee jusqu'au sommet de sa tête, lui décochant un petit coup de son catalyseur sur la truffe pour la calmer. Rien à faire, cette dernière s'agrippa en mordillant les cheveux de Narcisse. Il soupira à nouveau en rigolant doucement, et la prit dans ses mains pour l'enfermer dans sa poche, comme punition.

- Ça n'coûte rien d'demander mais j'comprends t'inquiètes.

Il haussa les épaules en souriant, fermant fermement la poche de sa robe, laissant Klee se débattre de toutes ses forces en poussant des couinements énervés.

- Mais j'fais tout pour pas la gâter en plus, mais rien à faire, y'a qu'ma mère qu'elle écoute sans broncher. Et toutes les punitions du monde ont l'air d'lui passer au-dessus, pfuit !

Il mima d'un geste de la main quelque chose d'imaginaire lui passant au-dessus de la tête.

- Et j'refuse d'être violent ou autre, mais parfois, j'ai l'impression qu'elle écoute que les personnes hyper fermes et autoritaires. Et j'arrive pas encore à trouver l'équilibre.

Ses doigts vinrent frotter l'arête de son nez, laissant une petite seconde de silence.

- T'as des animaux toi ?

Le reste de colère qui l’animait s’était muté en exaspération en voyant le manège du garçon et de la créature rose. Elle trouvait les boursouflets moches et inutiles par nature. Un chat chasse les souris, et un hibou sert pour les correspondances. Mais ce genre de bestioles… pouvaient-ils au moins survivre s’ils étaient lâchés en pleine nature ? Ils se feraient manger par un serpent ou un loup, voir passer sous les sabots d’un centaure en quelques minutes.

Elle leva les yeux quand elle écouta ses pseudo-justifications. Ce n’était pas une question de violence, même si Veronica savait plus que bien que l’autorité était souvent associé à cela. Mais aurait-elle plus de respect pour son oncle s’il lui mettait des claques ? Si elle se faisait taper sur les doigts pour chacune de ses bêtises chez ses grands-parents ?

Bien sûr que non.

« Pourquoi ton machin t’écouterait quand tu n’es pas son maitre, mais son valet. Ça ne m’étonnerait même pas qu’elle te voit comme un esclave »

Enfin si ce genre de bestiole est capable de penser…

« Tu as ta solution donc. Devient ferme et autoritaire sans être violent, sinon ta bestiole finira morte dans un coin de couloir pour avoir embêter la mauvaise personne. »

Veronica se montrait peut-être cruelle avec ses mots, mais elle les pensait. Et puis si cela pouvait clore cette conversation indésirable alors elle ne comptait pas macher ses mots. Lui demander si elle avait des animaux franchement, donnait-elle l’impression de vouloir partager des détails personnels ?

« J’étais là la première, alors si tu pouvais retourner d’où tu viens, je t’en remercierais. »

Narcisse écouta les conseils avisés de son amie en hochant la tête, croisant les bras sur son torse. Il fronçait légèrement les sourcils en regardant sur le côté, plongé en pleine réflexion et introspection, tentant de se projeter dans la peau de quelqu'un de plus sévère. Difficile pour lui d'imaginer une telle chose, mais si c'était pour le bien de Klee, il devait essayer ! Il se frotta le menton, en arquant les sourcils, hochant doucement la tête.

- Ah ouais ?.. Tu penses vraiment qu'c'est ça l'problème... Mh, j'avais jamais envisagé la situation sous cet angle !

Il claqua des doigts, un sourire illuminant son visage, et il sortit Klee de sa poche, qui s'empressa d'à nouveau partir à l'assaut de ses doigts en les mordillant. Mais suivant le conseil de la Serpentard, il la regarda droit dans les yeux.

- Bon, Klee, tu arrête, maintenant !

L'exercice était pour lui pénible, et il n'avait en aucun cas l'habitude de se montrer ne serait-ce qu'un peu sévère. Ce n'était pas dans sa nature de jouer un rôle ou d'être quelqu'un qu'il n'était pas. Mais si c'était pour le bien de sa boursouflette, il allait se donner à fond ! Klee s'immobilisa, le regardant avec un drôle de regard, avant de lâcher lentement son doigt pour rouler dans la paume de sa main. Elle se tourna ensuite vers Veronica pour mal la regarder, avant lever le menton pour se tourner et se rouler en boule, l'ignorant copieusement.

Les yeux de Narcisse s'écarquillèrent et s'emplirent d'étoiles, un immense sourire élargissant ses lèvres.

- Woooooo ça marche ! Punaise ! Merci beaucoup !

Il hocha ensuite la tête en gardant Klee dans ses mains, lui lançant un sourire en penchant la tête sur le côté.

- Oui bien sûr ! Encore désolé pour tout à l'heure et merci pour l'conseil ! J'vais m'entraîner dur ! Bonne journée !!

Puis il décampa en trottinant, sifflotant une petite chanson, avant de se mettre à mimer la phrase qu'il avait prononcé tout à l'heure du bout des lèvres : "Klee, tu arrête, maintenant !" Il était très heureux de cette rencontre et très satisfait d'avoir appris quelque chose !