Installée dans les marches du hall d'entrée, Elena avait le regard dans le vide, elle ne prêtait guère attention aux élèves qui — d'un pas pressé — essayaient de l'éviter. Dès lors qu'elle avait commencé à descendre les marches, la fillette s'était arrêtée pour s'installer sur l'une d'entre elles. L'épisode précédent l'avait laissé bouche bée. Elle était sortie de la Grande Salle avec rage, tout cela était improbable, Elena ne voulait pas le croire.

Comment ce genre de chose pouvait arriver dans une école ? Elena était venue à Poudlard pour une seule et unique chose : apprendre à contrôler sa magie mais en aucun cas pour assister à un tournoi mortel où des élèves étaient choisis à l'aveugle par une boîte absurde. Le bal d'Halloween de l'an passé l'avait déjà sidéré, heureusement pour elle, elle n'y avait pas assisté. Peut-être que son instinct lui avait dit que c'était une mauvaise idée, quoi qu'il en soit elle s'estimait chanceuse de ne pas y être allé. La rouge était déjà effrayée par sa propre magie, en revanche jamais elle n'aurait cru être effrayé par l'école en elle-même. N'est-ce pas le but de s'y sentir en sécurité ? En ce moment, c'était tout le contraire, elle n'avait qu'une envie : rentrer chez elle.

Elle crut apercevoir Lahya au loin, néanmoins elle ignorait si cette dernière l'avait aperçu. Lahya était une camarade rencontrée dans la Grande Salle quelques mois plus tôt, les deux jeunes filles avaient tout de suite sympathisé. Malheureusement, depuis elles ne s'étaient pas revues. Sur un coup de tête, Elena lui envoya un signe de la main amical, pour que celle-ci vienne lui tenir compagnie si elle le désirait, Elena lui indiqua la marche en guise de lieu de discussion.

Lahya sortit de la grande salle, le dîner qu'elle venait de vivre envahissant toujours ses pensées. Elle aurait pu être triste, elle aurait pu être scandalisée, et pourtant, seulement un sentiment d’hébétude l'envahissait. Tout ces évènements lui paraissaient si irréels... Comme si elle allait se réveiller quelques instants plus tard et découvrir qu'elle était bien dans son lit à Cambridge, rien de tout cela n'ayant jamais existé.

La jeune fille ne savait pas trop sur quel pied danser. Elle voulait rentrer chez elle, voir David, retrouver sa relation d'avant avec Wendy. Mais elle voulait rester à Poudlard, garder son amitié avec Laurence ou encore Élina, et continuer d'apprendre chaque jour. Alors certes, il était vrai que Lahya se serait bien passée de certaines matières telles que le vol ou bien la métamorphose, néanmoins, le bénéfice de son apprentissage valait bien quelques inconvénients de son point de vue.

Son regard glissant finalement sur le hall, la Serdaigle stoppa ses pas alors qu'elle apercevait le panneau des annonces non loin, ainsi que les sabliers. Ce qui l’intéressait n'était cependant pas les sabliers, mais bel et bien les annonces. Cela faisait au minimum une semaine que Lahya n'y avait pas jeté un coup d'œil, et maintenant qu'elle y pensait, elle préférait aller voir avant d'oublier.
La jeune fille se dirigea donc vers ce panneau, lorsqu'un mouvement à la périphérie de sa vision attira son attention.
L'espace d'une milliseconde, elle eut juste une paresse monumentale de regarder ce que c'était *Bah, à tous les coups ça ne me concerne pas*, mais finalement la curiosité prit le dessus et c'est avec un petit sourire septique, comme un défi à elle-même pour se prouver que le geste aperçut ne la concernait pas, que Lahya se tourna.

Et c'est avec surprise que la jeune sorcière découvrit Elena lui désignant une place à ses côtés. *Raté, c'était pour toi* Avec un franc sourire, Lahya se retint alors de rire — qu'est-ce qu'elle pouvait se montrer bornée parfois ! — puis se détourna du panneau d'affichage afin de se diriger vers la gryffonne, acceptant de ce fait l'invitation.
Elle n'avait pas vraiment reparlé à Elena depuis la rentrée, malgré le fait que les deux filles aient cours ensemble, et pouvoir passer de nouveau un moment avec elle n'était pas pour déplaire à la bleue. Et, si pour une personne ordinaire Lahya se serait étonnée et aurait légèrement soupiré, ce n'était pas le cas à cet instant puisqu'elle avait une vision positive d'Elena, ayant vraiment apprécié leur première conversation.

Quelques pas plus tard, la jeune sorcière, dans le même temps qu'un « Salut Elena ! », s'asseyait à côté de sa camarade et frissonnait au contact de la pierre froide sous ses cuisses. Avec un sourire, heureuse de pouvoir se changer un peu les idées après ce dîner assez particulier, Lahya engagea la discussion :

- Ça va ? Je n'avais pas vu que tu étais resté pour les vacances ici... C'est sympa !

L'observation n'était pas la première qualité de la bleue, et à vrai dire, elle se sentait toujours bête de ne remarquer qu'après les détails qui paraissaient évident à tout le monde. Elle espérait donc ne pas passer pour trop stupide aux yeux d'Elena, en ne remarquant que maintenant sa présence à Poudlard pour les vacances.

La Serdaigle semblait avoir accepté l'invitation d'Elena car cette dernière se dirigeait vers elle. Néanmoins elle avait hésité ignorant si ce geste lui était adressé. Tandis qu'elle se dirigeait en sa direction, Elena se décala sur le côté, laissant donc plus de place à sa camarade. Elle l'a salua poliment et la rouge fit de même avec un autre geste de la main.

Elena ne rentrait que très rarement chez elle durant les vacances. Pour des raisons pratiques, ses parents préféraient qu'elle reste à Poudlard bien que cela ne lui convienne guère parfois. La plupart du temps — quand elle avait cette chance de rentrer dans sa demeure —
tout était silencieux, trop paisible. Les repas devenaient interminables et Elena restait dans sa chambre collée à son téléphone. En raison des péripéties actuelles, ses parents évitaient de la laisser vagabonder dans les rues toute seule. On avait toujours appris à Elena que l'honnêteté était une vertu des plus nobles donc, elle fut franche avec sa voisine.

« Bof...avec ce qui vient de se passer j'ai un peu le moral à zéro. Je reste souvent pendant les vacances, en tout cas je suis contente que tu sois là Lahya. »

Elle se contenta de poursuivre, elle avait toute confiance en la Serdaigle et savait que leurs avis étaient souvent similaires. Elle ne se retenait pas de lui parler des évènements récents.

« C'est fou cette histoire d'urne, ça fait froid dans le dos.» Dit-elle tout en frissonnant légèrement.

Lahya écouta attentivement la réponse qu'Elena lui fournissait et sentit son cœur s'enfoncer, un sentiment de lassitude l'envahissant. Tout semblait la ramener vers les mêmes évènements qu'elle cherchait à oublier, ou au moins minimiser, tant bien que mal. Tout semblait être ligué contre elle, les personnes qu'elle appréciait allant mal.
Soupirant, la bleue resta quelques instants silencieuse, les souvenirs défilant à l'arrière de son crâne. Quelle histoire...

- Oui moi aussi, je suis contente de te voir !

Acquiesçant ensuite aux parole de la gryffonne, Lahya enchaîna rapidement :

- Je... À chaque fois que j'y pense j'ai l'impression que ce n'est pas réel, que c'est juste un cauchemar tu vois. Et puis j'arrive dans la grande salle pour dîner et je vois ça. Aujourd'hui c'était ces personnes, mais qu'est-ce que ce sera demain ? Enfin... Je reste positive tout de même, les professeurs sont là.

En effet, depuis sa conversation de bon matin avec Laurence quelques semaines plus tôt, la jeune fille arrivait à garder la tête froide et à se résonner. La directrice était une sorcière très douée qui arriverait sûrement à les protéger... Et elle pouvait toujours envoyer des lettres à son frère !
Esquissant un sourire à cette pensée, Lahya songea justement qu'il était bien temps pour elle de s’exécuter. Suite à la discussion avec son amie, elle y avait pensé mais n'avait trouvé aucune manière de formuler décemment les récents évènements. Cependant, elle ne pouvait retarder plus l'échéance et savait que cette lettre lui serait bénéfique. Alors certes, elle n'informerait certainement pas son frère d'une manière trop abrupte, tel un boulet de canon... Mais aborder doucement la question en lui demandant ce qu'il pensait des tournois pouvait être une bonne approche.

Oui, c'était résolu, le soir-même elle écrirait à David.

C'était impensable et inconcevable pour Elena d'imaginer pire, que pourrait-il se produire à présent ? L'atmosphère anxiogène qui régnait au château commençait à devenir de plus en plus pesante. Qu'est-ce que l'avenir leur réserverait ? Si la mère d'Elena apprenait les récents évènements, la rouge n'osait même pas imaginer sa réaction. Trop émotive pour réussir à garder le contrôle de ses émotions Daphné Corbeau aurait surement eu une autre idée saugrenue bien que — d'un certains point de vue — cette situation était à son avantage car elle avait enfin un moyen de pression pour que sa fille ne retourne pas à Poudlard. Elena soupira à cette idée.

« J'ai tellement peur pour eux Lahya...J'ai tellement peur de c'qui pourrait arriver demain, elle commença à tripoter ses doigts frêles, j'ai l'impression que...que les professeurs et les adultes en général, ont presque l'habitude de faire face à ça. C'est encore plus inquiétant que tout le reste en fait. Mais d'ailleurs, qui ? Qui ici est assez fou pour mettre son nom dans une urne maléfique...j'comprends pas » Dit-elle d'une voix tremblante.

Submergée par l'émotion et l'incompréhension, Elena paniquait. La fillette avait l'impression que ses camarades laissaient leurs émois traverser les couloirs jusqu'à ce qu'ils soient absorbés par les autres élèves. Elena tentait de se ressaisir, elle n'était pas à plaindre loin de la mais cette peur de l'avenir ne voulait pas la quitter. Paraissant trop pessimiste, Elena s'expliqua.

« J'dois paraître vraiment négative moi pour le coup. Tu vois, je suis contente, enfin j'sais pas si c'est le bon mot, mais je pense que j'ai de la chance de ne pas avoir de proche qui ait été sélectionné. Je ne connais aucun d'entre eux sauf Jacob Tramontane mais je ne lui ai parlé que quelques fois. C'est un très gentil garçon, toujours de bonne humeur et qui a toujours des paroles encourageantes, il ne mérite pas ça, d'ailleurs aucun d'eux ne mérite ça. »

Rassurée par sa décision et complètement hors de la conversation, Lahya reporta finalement son attention sur Elena alors qu'elle déversait un flot de parole. Des mots qu'elle semblait visiblement ressasser depuis un bon bout de temps et que la Serdaigle comprenait, bien qu'elle arrivât à prendre les évènements plus calmement que sa camarade.
Lahya acquiesça tandis que la gryffonne continuait de s'exprimer puis réfléchit sérieusement aux questions énoncées par celle-ci. À vrai dire, elle non plus ne comprenait pas ce qui avait poussé des élèves à mettre leur nom dans l'urne. Cependant, si elle prenait toutes les possibilités en compte, la jeune fille pouvait réussir à obtenir une vision globale des motivations des champions.

- Honnêtement, j'avoue que je reste aussi perplexe que toi. Pourquoi mettre son nom ? Un désir de gloire, de reconnaissance ? Ou bien au contraire des envies suicidaires, ou encore l'illusion de servir à quelque chose ? Impossible de savoir...

Songeant à Jacob et aux précédentes paroles de sa camarade, la Serdaigle acquiesça de nouveau, pour elle-même.

- Je ne les connais pas non plus, vaguement Irene ou Elowen que j'ai dû croiser, mais c'est tout.

Marquant une légère pause pour rassembler ses idées, la jeune fille soupira. Tant de possibilités, tant de peur, mais si peu de solutions. Et c'était cela au fond qui devenait effrayant : ces questionnements sans réponses, cette attente dans la peur permanente que quelque chose de plus grave ne survienne. Lahya essayait toujours de rester positive, car selon son point de vue, ressasser les mauvais évènements ne servait à rien... Mais cette conviction restait compliquée à mettre en œuvre dans les moments comme ceux-ci.

- C'est sûr que personne ne mérite tout ça, non... Enfin peut-être des personnes qui auraient faites des actions horribles, mais je ne pense pas en connaître. Après... Je sais pas, je me dis que tant mieux si je ne connais pas ceux qui vont partir tu vois, parce que je pense que ça serait encore plus compliqué à vivre.

Tandis que Lahya terminait sa phrase, le souvenir d'Eileen en larmes lorsqu'Elowen avait déposé son nom dans l'urne resurgit dans son esprit, et ne fit que conforter son opinion. Elle avait bien de la chance de ne pas être trop proche des champions.

Elena commençait à croire que la plupart des élèves avaient déposé leur nom dans un objectif de gloire ou de fierté. Peut-être y avait-il un peu de curiosité dans ce choix, le désir de savoir ce qui se passerait après ou tout simplement la naïveté face à ce qui les attendrait. La rouge connaissait bien cette sensation de curiosité, elle-même souhaitait découvrir les secrets de l'urne noire, la raison de sa venue et son but, comme beaucoup. Au final, peut-être qu'elle n'avait pas envie d'en savoir trop non plus.

« Tu crois qu'ils peuvent..., ce mot lui écorchait la bouche si bien qu'elle le chuchota presque, mourir ? » Demanda-t-elle.

Elle avait déjà un avant-goût de la réponse mais c'était surement une manière de se rassurer, ils étaient si jeunes et si innocents. Elle s'imaginait peut-être les pires scénarios possibles mais n'ayant aucune réponse, un tas de scripts se bousculaient dans sa tête. Sans compter les questions sans réponses ou qui en menaient à d'autres. Pourtant, Elena aurait pu passer outre et se contenter de reprendre sa vie de jeune étudiante mais elle n'arrivait pas à réaliser que des élèves allaient réellement risquer leur vie pour une raison qui leur était eux-mêmes inconnue.
Elle soupira un coup avant de reprendre avec une seconde interrogation.

« Tu penses qu'on peut faire quelque chose ? Enfin, j'veux dire, je sais qu'ils ont l'aide des professeurs qui les aident à s'préparer mais nous on est plus là pour leur apporter un soutien moral. Je sais pas, c'est peut-être bête ce que j'dis...»

Cette affirmation lui semblait idiote mais cela la rassurait un peu de se dire qu'il était possible d'agir autrement qu'avec une baguette magique.

Un peu en retard, mes excuses

Attention, sujet sensible de la mort pour environ les quatre paragraphes découpés en deux sous-partie découpée en un axe ci-dessous.

Elena posa une question, une interrogation qui n'avait jamais traversé l'esprit de Lahya ; ou alors qui était restée en bordure, voletant, mais n'osant pas être clairement énoncée. Car lorsque la jeune fille se retrouvait seule, le Dominion était le sujet à éviter, le sujet auquel elle refusait de songer. Elle n'avait donc jamais évoquée la question de la mort, et même lors de ses discussions sur le tournoi avec d'autres personnes, ça n'avait pas été abordé.
Parce que ce phénomène paraissait abstrait n'est-ce pas ? De s'imaginer qu'un jour ces élèves... Pouvaient ne plus être. Abstrait mais pourtant terriblement réel. Abstrait mais pourtant aisément explicable. Des dommages corporels, trop grand. Et... Ce qui animait la personne s'envolait, il ne restait que les souvenirs.

Prenant une respiration hachée, la bleue déglutit. Elle n'appréciait pas ce sujet, et lorsqu'il envahissait soudainement ses pensées, lors d'une insomnie par exemple, elle se sentait faible. Ou stupide, face à la fatalité qui soudainement pouvait frapper n'importe qui. Elle en avait déjà entendu, des histoires, où subitement la personne cessait de vivre, foudroyée par une crise cardiaque.
Soudain, lassée de ces pensées trop sombre, Lahya prit une inspiration pour s'ordonner les idées. Stop, elle devait se ressaisir, faire comme si les paroles d'Elena ne l'avaient pas atteinte. Elle devait affirmer avec aplomb qu'elle ne savait pas, et que, par les dieux de n'importe qui, comment pouvait-elle avoir le commencement d'une réponse ?
N'osant regarder sa camarade, Lahya articula donc quelques mots, un sentiment de lassitude mêlé à la tristesse l'envahissant. Ce n'était pas juste, mais ça avait lieu, et elle ne pouvait rien y faire.

- Je... ne sais pas. Je pense que tout est possible, on verra bien après tout.

Soupirant alors qu'elle songeait au phrases suivantes qu'énonçait Elena, la bleue haussa finalement les épaules. Elle, une seconde année, pouvoir aider des élèves bien plus âgés qu'y s'y connaissait dix fois mieux en magie ? Leur apporter du soutien moral, pourquoi pas... Mais ils devaient être tellement sollicités. Et puis, s'ils désiraient rester seuls ?
À vrai dire, Lahya n'osait même pas leur parler, car de son ressenti, ces élèves paraissaient terriblement impressionnants et inaccessibles. Si elle tentait de leur parler, ils la regarderaient certainement telle une petite larve qui se mêle de ce qui ne la regarde pas. Même les paroles de Laurence lui affirmant Irene comme géniale et très gentille ne la convainquaient pas, il fallait forcément un caractère bien trempé pour avoir déposé son nom dans l'urne.

- J'avoue que je ne sais pas trop. Je ne les connais pas du tout, qu'est-ce que je pourrais leur dire ? « Ne vous inquiétez pas on est tous derrière vous » ? Ca n'a aucun sens, et puis je pense qu'ils le savent très bien, qu'on les soutient.

Restant quelques instants silencieuse, Lahya acheva finalement par rendre les armes, avouant ce à quoi elle songeait depuis le début de la discussion :

- Je ne suis pas sûre que j'ai très envie de les connaître, de vraiment discuter avec eux... Je ne sais pas, ça ne m'inspire rien du tout, ça rendrait tout ces évènements encore plus réel qu'ils ne le sont déjà.

La réponse de sa camarade voulait tout dire, elle ignorait et cela devait surement la mettre mal à l'aise alors Elena n'insista pas plus sur ce sujet délicat. Néanmoins la fillette ne pouvait pas s'empêcher de s'imaginer le pire. Son pessimisme ne l'aidait sans doute pas à se sortir ses idées noires de la tête. La mort restait un sujet incommodant dont les gens n'osaient pas discuter, c'était si maussade et déprimant, ils avaient raison mais tout le monde avait beau se sortir la mort de la tête cette dernière avait une fâcheuse tendance à revenir à la charge nous laissant avec une amertume désagréable et une appréhension de l'avenir.

*N'imagine pas le pire* se disait-elle mais cela n'était pas une mince affaire. Comment sortir la mort de son esprit ? Comment faire partir de tels sentiments, de telles pensées alors qu'ils étaient les premières choses à laquelle notre esprit pensait lorsqu'on évoquait le tournoi. Blessure morale et physique, certes, mais si le pire devait arriver, que se passerait-il ensuite ? Une question qui restait en suspend et qui frustrait la rouge.

« Oui, je suppose...je me rappelle de...comment s'appelle-t-elle déjà ? Livenstone ? Lovingstone ? Bref...cette fille de Serdaigle. Elle était si terrifiée quand son nom est sorti de l'urne on n'aurait presque dit qu'elle ne s'attendait pas du tout à ça. Alors oui, je me dis qu'au moins apporter du soutien moral avec un simple "bonne chance, on est avec vous" peut toujours changer les choses, les mots sont puissants tu sais.» Finit-elle avec conviction.

Bien que l'idée semblait étrange, Elena avait trop d'empathie pour ces quatre élèves. À défaut d'être trop jeune pour les aider à braver les épreuves ou d'utiliser une quelconque force, la fillette savait très bien réconforter et encourager. Sa timidité envers l'inconnu devenait de plus en plus minime comparé à la situation.

« Layha, tu sais aussi bien que moi que c'est réel...c'est arrivé alors que personne ne s'y attendait, elle lui attrapa les mains en la regardant droit dans les yeux, tu ne veux vraiment pas te mêler de ça, d'accord mais n'ignore pas ce qui se passe. Je ne t'oblige pas à leur parler mais...personnellement je ne veux pas rester les bras croisés à les regarder concourir dans un jeu dangereux sans leur apporter un minimum de soutien, ce sont nos camarades. » Affirma-t-elle

Bien que cette suggestion était totalement folle, Elena se sentait presque mal de ne rien faire, elle avait toujours eu ce sens de l'honneur et de la fidélité. Rien qu'envers son propre camarade de Gryffondor mais aussi envers les autres.

Les yeux à présent baissés sur ses pieds, Lahya écoutait avec attention les premières paroles de la gryffonne, le cœur serré. Des émotions toutes plus contradictoires les unes que les autres l'envahissaient, passant du "Je m'en fiche d'eux je ne veux rien savoir !" au "Il faut que je les aide, ils vont mal", et la jeune fille peinait à rester dans le même état d'esprit qu'elle l'avait toujours été. Même durant sa discussion avec Laurence elle avait réussi à rester un brin positive grâce à une pincée d'humour, seulement, dans le cas présent ce n'était pas une amie qu'elle devait réconforter, non, juste elle-même. Or... En voilà un beau défi que de se rassurer soi-même lorsqu'une personne en face balance tous les contre-arguments à la volée.

Lorsqu'Elena saisit ses mains, Lahya touchée releva la tête. Dans les yeux de son interlocutrice, elle put essayer de deviner une partie des sentiments qui animait celle-ci, notamment une ferveur d'aider les concourants. La bleue l'écoutait dans le même temps, et ce qui atteignit son esprit désorienté acheva finalement d'entrouvrir une brèche à travers les certitudes qu'elle avait tant bien que mal réussi à se construire.
*Ne pas pleurer... Juste tout va bien* Sentant déjà des larmes lui monter aux yeux, Lahya prit une bonne inspiration afin de se ressaisir — sans y arriver malheureusement — puis balbutia d'une voix peu sûre d'elle :

- Je... Je ne sais pas, ça me perd tout ça. Je veux essayer d'y croire, mais c'est trop abstrait, rien ne rentre comme il faut dans mon cerveau. J'ai juste l'impression qu'on nous a planqué dans un immense jeu de société dans lequel on n'a pas vraiment de règle et... Voir les choses sous cet angle là n'est pas pour me déplaire même si je sais que ce n'est pas bien.

Détournant ensuite le yeux, coupable, Lahya ajouta encore d'une voix peu sûre.

- Ca me fait peur tout ça. Mais jamais je ne voudrais me l'avouer, même si au final je viens de le faire...

Prenant une rapide inspiration, la Serdaigle sentit immédiatement que livrer tout ceci à Elena l'avait soulagée. Certes, cela avait été compliqué pour elle, et la pauvre rouge ne pouvait certainement pas y faire grand chose, mais fait accompli semblait que Lahya se sentait légèrement mieux. Et peut-être que sa camarade comprendrait...