Je traversai les grandes portes du château, ouvertes malgré l’heure matinale, et passai la main dans mes cheveux, emportant l’élastique de mes doigts. Sans vraiment y mettre beaucoup d’énergie, je rassemblai quelques mèches encore rebelles pour former un chignon rapide au-dessus de mon crâne et me dépêchai de traverser les quelques mètres restants pour atteindre les escaliers. Je n’avais qu’une envie : rentrer dans les dortoirs, prendre une bonne douche et me changer les idées avant d’aller avaler un énorme petit-déjeuner. Sans compter que je devais commencer les devoirs des tous premiers jours – aucun répit dans cette école, quelle folie –, et peut-être même profiter de ma vie, non ?

Alors que j’arrivais sur l’imposant escalier en pierre, une couleur vive attira mon regard. Instinctivement, je tournai la tête vers le panneau d’affichage. Une vitre reflétait un pauvre petit rayon de soleil entrant par l’ouverture du hall, et ce qui était marqué derrière m’intriguait depuis la rentrée. Pourtant, à chaque fois que ma curiosité se sentait attirée par la mystérieuse affiche, j’avais quelque chose d’autre affaire. Je me disais que j’irai voir plus tard, et le plus tard tombait dans l’oubli…

*Bref, là faut qu’on aille aux dortoirs, on ira voir quand on petit-déjeunera* Non. Pas cette fois. Maintenant que je passais, je voulais voir ce que me réservait cette nouveauté – j’étais totalement sûre de ne pas avoir vu ça l’année passée.

Je descendis la pauvre petite marche sur laquelle je m’étais arrêtée pour trottiner jusqu’au… « Règlement intérieur de Poudlard ». Intéressant. Il y avait beaucoup de règles quand même, je ne pensais pas avoir déjà eu connaissance de celles-ci… *C’est l’moment, c’est l’instant* Ouch, ça allait être long. Deux chapitres, une quinzaine de sections, beaucoup d’articles…

Le respect, blablabla, ça c’était pareil partout, aucune nouveauté. Le matériel ; franchement, on nous prenait pour qui ? Il y avait vraiment des gens qui ne savaient pas qu’on avait besoin d’une baguette à Poudlard ? Ensuite, les objets interdits. Il fallait mal me connaître pour penser que j’allais venir avec un yoyo hurleur… J’avais besoin de calme pour travailler. Et les ceux électriques, franchement…

*OH, le club de musique* Avoir leurs propres instruments ? Comment… Ça ne s’appliquait pas aux pianos, bien sûr. Quoique, mon piano en carton était tout à fait suffisant… pour éviter cette pièce, en tout cas. La santé, la tenue vestimentaire, l’uni…

– Faut porter l’uniforme tous les jours ? m’exclamai-je, oubliant mon entourage pendant quelques instants.

Du lundi matin au vendredi soir… *Aïe, j’suis mal* Je baissai les yeux vers mon T-shirt et legging noir, mordillant la lèvre du bas. Je n’avais pas le droit de porter une tenue « civile » pour courir le matin ? Ou même simplement pour circuler dans les dortoirs ? *Veulent qu’j’dorme avec la chemise et la cravate ?*

Miss @Canelle Johnson, vous êtes appelée dans le hall d'entrée. Je répète, Miss Canelle...

C'était un samedi comme les autres pour la jeune deuxième année, un samedi à Poudlard. Le genre de samedi qui lui avait bien manqué pendant le temps qu'avait duré les vacances chez elle. En réalité, tout ça ne s'était pas si mal passé. *Seulement quelques moments* Elle ne pouvait à présent plus supporter son père, mais cela n'avait rien de vraiment nouveau. Ce sentiments s'était juste empiré avec les vacances et le décès de sa mère. Rien de bien méchant.

Canelle traversa le hall rapidement, voulant rejoindre son dortoir pour faire quelques exercices de souplesse. Elle portait à ce moment-là son uniforme, n'ayant pas eu particulièrement envie de se changer en vêtements moldus ce matin-là. Elle l'avait fait pendant presque toutes ces vacances et en avait marre de ses jeans. *Trop larges* Elle avait minci, bien plus qu'elle ne l'aurait pensé et ses pantalons tombaient presque quand elle les mettait. Cela était problématique dans un château peuplé d'élèves.

La jeune fille avança jusqu'aux escaliers capricieux, se préparant à devoir se rendre jusqu'à la tour ouest pour rejoindre son dortoir. S'il y avait bien quelque chose qui ne lui avait pas manqué, c'était bien les escaliers. Monter, monter, toujours monter... C'était plus de sport que son footing matinal. *Trop de marches* Au moins, dans sa petite maison à Bletchley, il n'y avait qu'un étage pour se rendre à sa chambre. Elle n'avait pas besoin de perdre 500 calories pour aller se coucher.

Cependant, avant qu'elle n'ai pu atteindre les marches, son regard fut attiré par un papier qui ornait les murs du hall d'entrée. Elle était passée devant une ou deux fois depuis la rentrée, mais n'avait jamais pris le temps de le lire. Ca lui semblait assez long et elle n'avait pas eu le courage à de nombreuses reprises. *Pas que ça à faire* Mais c'était le premier week-end de l'année et Canelle était libre. Ce serait peut-être le dernier où elle serait tranquille. C'était le moment d'aller voir ce papier intriguant.

Finissant par s'approcher du papier, elle ouvrit de grands yeux en découvrant le titre. Elle n'avait même pas pris la peine de le lire quand celui-ci avait été distribué en début d'année dans son dortoir. Elle aurait peut-être mieux fait de le faire. *73 articles ?* Il y avait tant de choses interdites dans l'enceinte du château ? Canelle était étonnée, elle pensait avoir quand même un minimum de liberté.

L'attitude, l'accès au château... C'était des règles qui allaient de soi, non ? Il fallait vraiment être bête pour ne pas faire ça ? Canelle laissa échapper un léger rire en voyant la partie objet. Qui venait en cours sans baguette ? *Franchement* L'administration les prennait-ils réellement pour des idiots ? Il fallait le faire quand même pour penser qu'un élève allait aller en cours de sortilège sans baguette magique.

Alors que la jeune fille lisait la partie uniforme, qui lui semblait être raisonnable -elle pouvait encore aller faire son footing le dimanche matin- elle remarqua la présence de quelqu'un d'autre à côté d'elle. Visiblement, sa camarade était assez mécontente puisqu'elle s'exclama qu'il fallait porter l'uniforme tous les jours. *Bah non* Le week-end et les vacances, elles pouvaient très bien s'habiller comme elles le souhaitaient.

-Seu.. seulement du lundi au vendredi, explica-t-elle, ayant pris l'exclamation de sa camarade pour une question. Tu as le droit d'être en legging le week-end.

La jeune fille rougit légèrement, se demandant si elle avait bien fait d'expliquer cela à sa camarade. Ca se trouve, celle-ci avait parfaitement compris mais en était tout simplement outrée. *Tant pis* Elle se contenterait de continuer à lire le réglement si jamais sa camarade venait à la prendre pour une idiote.

Une voix me tira de mes pensées. Je tournai la tête vers une fille blonde, un peu plus haute que moi. Elle portait son uniforme, elle. Sans en démordre de mon indignation, je rétorquai immédiatement.

– C’est déjà ça ! T’imagines sinon ? Cravate et jupe vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept ?

Je laissai échapper un petit soupir. L’intervention de la blonde m’avait rappelé que c’était le week-end, et que personne ne viendrait m’enlever des points pour ma tenue. Mais les autres jours ? Quand je sortirais courir dans le parc ? Je n’avais vraiment pas besoin de faire perdre des points à ma maison.

Je continuai à lire et haussai les sourcils. « La pudeur de tous » ? Ça voulait dire quoi, ça ? Et le maquillage était interdit ? Mais pourquoi ? Oh, rectification : il était toléré pour les élèves de plus de quatorze ans s’il était léger et naturel. De même pour les piercings. Et les teintures de cheveux étaient interdites ? Mais même dans mon école primaire c’était autorisé !

– C’est n’importe quoi… je secouai la tête, mécontente. Ça change quoi, la tenue, la coiffure et tout ça ?

Puis venaient le couvre-feu, et les sorties à Pré-au-Lard. Au moins, cette année, je pourrais visiter ce village ! Je me souvenais encore de la déception de Charlotte, qui ne pouvait pas s’y rendre avec nous. Il fallait que j’y aille, au moins pour lui acheter un petit cadeau de compensation. Ensuite les vols, l’usage de la magie… *Duels* Je frissonnai en me souvenait de l’affrontement de deux de mes amies, lors de ma deuxième année. Heureusement qu’ils étaient interdits en dehors de ce cadre surveillé. Avec les serpents, et… *brrrr*.

C'est parfait, ne t'en fais pas ! :3

Canelle sourit timidement à sa camarade, se demandait si celle-ci allait se vexer ou si elle allait comprendre le point de vue de la jeune aiglonne. Au pire, ce n'était pas bien grave. Malgré le fait que la jeune fille était plus petite qu'elle, la deuxième année devinait sans mal qu'elle devait avoir un ou deux ans de plus qu'elle. *Ca se voit qu'c'est pas une première année* Et visiblement, elle était d'une autre maison puisque la sorcière ne l'avait jamais vue dans sa salle commune. Il y avait donc très peu de chance qu'elles se recroisent si jamais sa camarade la rembarrait.

Ecoutant la réponse de sa camarade avec attention, la jeune deuxième année se surprit à hocher la tête. Au fond d'elle, Canelle était légèrement d'accord avec sa camarade. Porter l'uniforme tous les jours auraient vraiment été compliqué. *Heureusement qu'c'est pas comme ça* Ce que la direction acceptait était réellement le minimum, et la jeune fille ne comprenait pas bien ce qu'il voulait dire par "respecter la pudeur de tous". On avait le droit de s'habiller comme on le voulait, non ? Les élèves n'avaient même pas cours.

-C'est vrai que ce serait chiant, soupira-t-elle, pensive. Au moins, on peut encore se mettre à peu près comme on veut le week-end.

Peut-être avaient-ils de bonnes raisons ? Mais il ne lui semblait pas avoir déjà vu des élèves portant des vêtements insultants durant l'année précédentes. *Y a pas trop d'vêtements moldus* Mais bon, Canelle ne pouvait pas faire grand chose contre l'avis de la directrice et du personnel enseignant. A vrai dire, la jeune sorcière n'avait jamais vraiment porté Miss Loewy dans son coeur, son discours en fin d'année ayant même empiré les choses.

La jeune fille haussa les épaules. Elle n'était pas vraiment en mesure de répondre à sa camarade, ne sachant pas elle-même. A vrai dire, elle trouvait quelque peu exageré d'interdire aux élèves jusqu'à la quatrième année de mettre du maquillage. *On gagne pas dix ans d'maturité en deux mois* C'était vrai, quel était la différence entre un élève en fin de troisième année et un élève en début de quatrième ? Il n'y en avait tout simplement pas.

-J'sais pas, fit-elle finalement, ignorant si sa camarade s'adressait ou pas à elle. Ils doivent penser qu'on va faire n'importe quoi avec nos vêtements.

Canelle était particulièrement heureuse d'être de retour à Poudlard, ce qui faisait qu'elle bégayait bien moins qu'en fin d'année. Elle en était heureuse, et soulagée et espérait que cela allait continuer. Elle avait vraiment vécu un enfer durant les mois de mai et de juin. *D'puis sa mort quoi*

Préférant ne pas penser à ce sujet-là, la jeune fille se reconcentra sur le réglement, légèrement gênée en voyant le couvre-feu et l'interdiction à Pré-au-lard. Elle avait en effet légèrement dérapé l'année précédente, se faisant prendre dans les couloirs après le couvre-feu, et étant sortie à Pré-au-lard sans autorisation. *Mais j'étais au fond du trou* C'était vrai, et elle ne savait pas vraiment si elle en était sortie. Seul les prochains jours le lui diraient.

-Canelle Johnson, dit la jeune fille, décidant de se présenter afin de potentiellement continuer la conversation. Je suis à Serdaigle, en deuxième année.

Rougissant légèrement, la jeune fille baissa les yeux et fixa ses chaussures comme si c'était la chose la plus intéressante du monde. Elle venait de réaliser que sa camarade en avait peut-être rien à faire de qui elle était. *J'suis bête*

Au moins. Je ne savais pas ce que pouvait changer le port d’un uniforme – à part nous retirer la possibilité de s’habiller comme on voulait ou nous unifier toustes. De toute façon, on ne pouvait même pas sortir du château ! On savait d’office que toutes les personnes présentes ici étaient des membres de Poudlard, pas besoin d’insister à nous faire encore plus ressemblant.es les un.es de autres. Et puis, quelques manquements à ces « obligations vestimentaires » étaient possibles, et sans pertes de points. Il n’y avait pas écrit que la chemise blanche devait être enfoncée dans la jupe, ni qu’elle devait être précisément à ma taille… Et puis les boucles-d’oreilles étaient autorisées aussi, si… Je relevai les yeux, cherchant la phrase précise. Si elles n’étaient « pas outrancières ». Je portais instinctivement un main à mon lobe droit : non, pas de souci.

– Et à Pré-au-Lard aussi. J’suppose. De toute façon, les sorties sont uniquement le week-end… C’est logique, marmonnai-je pour éviter de m’enfoncer dans mes erreurs.

J’avais hâte de visiter enfin le village magique. J’irai sûrement accompagnée de Lena ou Lydia, si elles acceptaient de se rendre avec moi et faire les boutiques… Il fallait que j’y achète des cadeaux. Ce serait bien plus facile pour tous les anniversaires ! Et, si besoin, je pourrais m’y acheter des livres peut-être. Il y avait des librairies ?

Je ricanai, amusée par l’hypothèse de la fille. Oui. Peut-être. Mais que voulait-elle dire par « n’importe quoi » ? Utiliser la cravate comme ceinture ? Aller en cours pieds-nus ? Porter des chaussettes au lieu d’une cravate ? Une couverture comme cape ? Et peut-être même que la façon dont moi j’utilisais les vêtements et objets du quotidien allaient leur sembler bizarre. Ou l’était. Porter une baguette dans un chignon ? C’était bien plus pratique que dans les poches. Une chemise trop grande et plus longue que la jupe ? Ça regardait qui ?

Avant que je ne puisse chercher quelque chose à répondre, elle se présenta. Je lui offris un regard qui se voulait sympathique, tiquant à peine sur le fait qu’elle soit plus grande que moi. J’avais l’habitude après tout, même les élèves des années inférieures me dépassaient en taille… *Ivy Mercer* en était le meilleur exemple.

– J’aime beaucoup ton prénom ! Je m’appelle Eryne, j’suis en troisième à Poufsouffle. Ta rentrée s’est bien passée ? demandai-je par pure politesse.

Je remarquai à peine le changement de couleur de ses joues en me retournant vers le règlement. J’étais curieuse de savoir quels étaient les points suivants… Suivaient directement les sanctions. *Sévère tout ça* Blablabla normal, patati patata… Puis les pertes de points, retenues… Je frissonnai : il ne fallait vraiment pas s’opposer aux règles ci-dessus. Blâme ? Conseil de discipline ? *Conseil d’éducation !* Les punitions montaient crescendo.

– On peut nous confisquer la baguette ? Sérieux ? je me tournai vers la Bleue, le visage rosi par la surprise. Et même renvoyé.e… Tu crois qu’y’a des gens qui ont été expulsés ?

Les battements de mon cœur s’accéléraient rien que d’y penser.

Plus besoin de me mentionner ! Je suis abonnée

Les joues de la jeune fille rosirent légèrement quand sa camarade mentionna Pré-Au-Lard. Canelle ne se souvenait plus vraiment de comment elle s'était habillée ce jour-là. Avait-elle mis son uniforme pour se rendre au village voisin au château ? Il ne lui semblait pas, mais ses souvenirs restaient malheureusement flous de ce moment-là. *J'étais pas très bien pendant cette période* La jeune deuxième année se souvenait parfaitement n'avoir ressenti aucun remord en pénétrant sur la grande place du village.

La jeune sorcière détourna le regard quelques secondes, espérant que sa camarade n'avait pas remarqué son mal aise. Elle n'avait pas vraiment envie de se faire dénoncer par une élève qui ne connaissait même pas son prénom quelques minutes auparavant. *J'aurais p't'être pas dû lui dire* En tout cas, Canelle regrettait ses faits et gestes. Au pire, elle se prendrait une punition. Mais peut-être aussi se faisait-elle des films, et sa camarade n'avait rien remarqué. La jeune fille espérait vraiment que ce soit le cas.

-Oui, je pense, répondit-elle. De toute façon, vu qu'on est pas dans l'en..enceinte du château, ils peuvent rien nous dire j..j'crois.

*Oups* Elle avait recommencé à bégayer. Elle espérait que cela s'arrêterait quand elle reviendrait de vacances, mais apparemment ce n'était pas le cas. Peut-être était-ce le stress qui avait réveillé cela chez elle, ou peut-être pas. Canelle ne voulait même pas savoir, la jeune fille souhaitait juste que cela cesse. Mais bon, elle en était loin et elle le savait. Il fallait juste qu'elle se concentre et tente de le faire le moins possible. Cela devait bien être possible, non ? Tout le monde y arrivait, alors pourquoi pas elle ?

En troisième année... C'était bien ce qui lui semblait. Bien que plus grande que sa camarade, la jeune fille avait deviné que celle-ci était plus âgée qu'elle. Cela se voyait. Canelle avait encore un visage enfantin, bien que ses traits devenaient de plus en plus fins, alors que sa camarade ressemblaient bien plus à une adulte. *C'est pas flagrant non plus* Mais ça se voyait quand même, ou en tout cas, aux yeux de la jeune deuxième année.

-Merci, rougit-elle. Le tien aussi est jo...jolie. Canelle prit une grande inspiration, se concentrant afin de ne pas bégayer sur la fin de sa phrase. Super, et toi ? Je suis contente d'être de retour à Poudlard.

La jeune Serdaigle se reconcentra ensuite sur le réglement, c'était pour cela qu'elle était là après tout. Pas pour se questionner et réfléchir aux nombreuses choses qui n'allaient pas en ce moment. *Les sanctions* Rien de bien étonnant de ce côté-là, bien que Canelle n'ai pas beaucoup eu l'occasion de se faire sanctionner, tout lui semblait assez évident. Elle sentit cependant un léger frisson lui parcourir l'échine quand elle vit qu'on pouvait se faire renvoyer. Il ne fallait vraiment pas que l'on découvre qu'elle était allée à Pré-Au-Lard.

-C'est un peu bizarre, fit-elle remarquer. J'crois pas qu'on ai le droit de... de s'en servir en dehors des cours, alors ça sert à quoi de nous la confiscer ? Je s.sais pas. J'pense, il y a eu beaucoup d'élèves avant nous.

La jeune fille haussa les épaules avant de continuer à lire. Il ne fallait absolument pas qu'elle pense aux différentes sanctions qu'elle pourrait avoir si elle faisait des infractions au réglement à nouveau. *Ca risque pas d'arriver* Heureusement pour Canelle, sa nature inquiète et sage avait repris le dessus durant l'été.

Je hochai la tête, rassurée par son affirmation. Et, de toute façon, les sorties étaient organisées le week-end, non ? C’était une double raison pour laquelle on pouvait s’habiller comme il nous plaisait.

– Oui, ça doit être ça… répondis-je, distraire par ma lecture.

Je ne connaissais pas cette version d’Eryne qui ne focalisait pas toute son attention sur son interlocutrice, qui permettait son attention être fixée sur autre chose et qui plaçait la discussion en second plan. Et ce, sans une once de timidité, les joues rouges devant une inconnue. D’ailleurs, je me souciai à peine de ce qui m’entourait, tant j’étais focalisée sur le panneau d’affichage. Et puis, ce n’était pas pour être déplaisant… Je ne me sentais pas constamment jugée, et pourtant, je ne dévalorisais pas la personne avec qui je parlais. Au contraire, j’étais très attentive à ce qu’elle me disait ! Peut-être juste moins réactive.

Je me daignai quand même de tourner le regard vers elle pour la remercier de son compliment, un grand sourire aux lèvres.

– Ça va ! Le retour était plutôt tranquille, c’était assez chouette. Surtout après des vacances… je me repris vite de ce petit écart et repris mon air joyeux, ravalant le « mouvementées ». Et t’es tout aussi contente de reprendre les cours ? plaisantai-je.

La suite de la lecture nous présentait une carte de Poudlard, avec les emplacements précis de chaque endroit. *Pratique* Ç’aurait été tellement bien de l’avoir à ma première rentrée, pour m’y retrouver… Pourquoi ne nous offrait-on pas des petits dépliants-cartes, comme à la visite de monuments ? Ce serait tellement plus simple pour tout le monde.

Après quelques lignes parcourues de plus et sa voix ayant repris la conversation, je finis par me rendre compte des nombreux balbutiements qui faisaient tressauter sa voix. Pourquoi ses mots étaient-ils tout tremblotants maintenant ? Et ce depuis… depuis que je lui avais dit que j’étais en troisième année ? Le fait que j’aie un an de plus la terrifiait autant que ça ? Ce n’était pas comme si j’étais préfète non plus…

Je fis une petite moue pour montrer mon désaccord.

– M’enfin, on s’en sert quand même un peu… Non ?

Peut-être qu’elle ne connaissait ou maîtrisait pas assez de sortilèges pour se permettre de les utiliser souvent. Mais, de mon côté, l’utilisation de ces sorts était quotidien… Je prononçais Lumos aussi souvent qu’un.e professeur.e donnait cours. Et puis, je m’exerçais après certains cours… Les deux mois sans ma baguette avaient été vraiment éprouvants et le réflexe de porter la main à ma poche pour la saisir était devenu vain. À cette rentrée j’avais besoin de l’avoir toute la journée sur moi… Sauf quand je courais. Je portai une main nerveuse à mes cheveux. J’avais envie de retourner aux dortoirs rien que pour m’assurer qu’elle était bien là.

– Moi j’détesterais qu’on me la confisque. Pendant les vacances c’était déjà horrible, alors…

Je soupirai et retournai sur la description des lieux. Ça parlait maintenant de l’extérieur, puis du reste du monde de dehors… Et les salles communes. Qui avait déjà essayé d’entrer dans une autre salle co’ par effraction ?

La jeune fille sourit, soulagée. Sa camarade n'avait pas remarqué son malaise, c'était super. Heureusement pour elle, les deux jeunes filles changèrent bien rapidement de sujet. Canelle ne voulait pas éveiller les soupçons même si mentir était quelque chose qu'elle avait horreur de faire. *Qui aime ça en même temps ?* Beaucoup de monde certainement, si la jeune fille comptait dedans toutes les personnes qui lui avaient déjà menti dans sa vie.

La deuxième année hocha la tête, d'accord avec sa camarade. De toute façon, la direction ne connaissait pas tous les élèves du château, si ? Comment les professeurs pouvaient-ils être sûr d'être face à un élève de Poudlard en rencontrant un adolescent dans Pré-Au-Lard. Après tout, sur les sept années qu'il y avait, ils ne pouvaient pas se souvenir de tous les prénoms et visages. *P't'être que par magie...* Non. C'était tout simplement impossible.

Canelle hocha la tête, un petit sourire aux lèvres. Son retour au château s'était tout aussi bien passé, après tout comment aurait-il pu mal se passer ? La jeune fille n'avait jamais été aussi contente de retrouver le château depuis le début de sa scolarité. *Pas étonnant en même temps* On ne pouvait pas vraiment dire que la jeune fille avait passé de supers vacances, malgré les deux semaines passée chez sa meilleure amie. Ca avait été la seule chose positive.

-Yep, ria-t-elle. Super contente. Non, en vrai je suis vraiment contente, mais c'est plus être ici qui me rend heu...heureuse.

La jeune fille préféra ne pas relever la phrase non finie de sa camarade. Elle comprenait parfaitement ce que celle-ci pouvait ressentir et ne souhaitait pas vraiment remuer le couteau dans la plaie. Avec la nouvelle copine de son père, ces sorties "familiales" invivables et ces semaines sans voir son père, elle avait peut-être passé un des pire été des sa vie. *Au moins, j'ai vu Zoey* Et ça, ça s'était vraiment bien passé.

Regardant d'un peu plus près les cartes du château, la jeune fille emit un sifflement admiratif. La direction avait dû travailler longtemps pour obtenir un résultat aussi satisfaisant. Canelle aurait bien aimé avoir ce genre de cartes à son arrivée l'année précédente, cela lui aurait évitée d'arriver en retard à de bien trop nombreuses reprises. *Ca va en vrai, c'était qu'une ou deux fois* De toute façon, les professeurs étaient assez compréhensifs sur ce point-là.

-Oui, se résigna-t-elle. Mais pas trop non plus, fin, on pourrait survivre sans en dehors des cours.

Canelle haussa les épaules, cela lui importait que très peu finalement. Elle, elle n'utilisait pas beaucoup sa baguette en dehors des cours, mais peut-être sa camarade le faisait-elle ? C'était probable, après tout, tous les élèves n'étaient pas les mêmes et n'avaient pas les mêmes habitudes. *Ca doit être ça* Et puis, sans baguette, la jeune fille ne pourrait plus s'entraîner aux sortilèges en dehors des cours. Et ça, c'était pas vraiment ce qu'elle voulait.

La jeune deuxième année hocha la tête. Leur baguette leur avait été prise pendant les vacances, et il était vrai que Canelle avait eu un peu de mal à s'y habituer. Elle avait eu l'impression qu'on lui avait retiré une partie de son être, un peu comme si on lui avait enlevé quelque chose. On ne pouvait pas vraiment dire que cela avait été agréable, aussi la jeune fille comprenait la réaction de sa camarade. *C'était un peu horrible* Heureusement que cela n'avait duré que deux mois.

-Ouais, c'est... c'est vrai, ajouta-t-elle. C'était bizarre comme sensation, un peu comme si on m'avait enlevé une partie de moi.

Il était très probable que sa camarade ne comprenne pas ce que la jeune fille avait ressenti au cours de ces deux mois.

@Lumah Greenleaf & @Deryn O'Connors pour les brèves mentions !

Je remerciai par les pensées le silence de la deuxième année par rapport à la mention de mes vacances. Elle avait rebondi très rapidement et avec le sourire sur son retour à Poudlard – heureusement, car je n’aurais pas supporté que l’on insiste sur les deux mois passés à la maison. En parler avec mes deux meilleures amies avait été largement suffisant. Je hochai doucement la tête, comprenant ses propos. Je m’étais sentie de la même façon durant ma première et les derniers mois de ma deuxième – cette année s’annonçait bien, avec quelque peu d’angoisse, en espérant qu’il ne nous arrive rien de comparable aux années précédentes.

– Le château t’avait manqué ? C’est fou ce que cet endroit devient tellement notre chez nous après y passer un an… Dire qu’on voit nos profs plus que nos parents, parfois ! soupirai-je avec un petit rire.

Avec ce qu’il s’était passé cet été, c’en était presque mieux. Jamais mes professeur.es seraient autant sur mon dos, et s’éloigneraient dès qu’il y avait quelque chose à cacher. Être ici nous procurait des libertés supplémentaires, qui s’agrandissaient au fur et à mesure que l’on grandissait et grimpait dans les années scolaires. Pré-au-Lard en troisième, le transplanage pour les plus Grand.es… Ça ne s’arrêtait pas.

Je fus surprise à l’affirmation de Canelle. Je n’avais pas du tout la même opinion qu’elle sur le sujet. Survivre en dehors des cours… Très objectivement, oui, comme on pourrait survivre sans livres, sans sacs, sans cours, sans profs, sans sabliers, sans chaussures. Mais… j’avais besoin du contact rassurant de *mon* morceau de bois, j’avais besoin de jeter des sorts pour tout et pour rien, pour m’amuser ou pour moins m’ennuyer, ou parfois juste quand j’en avais besoin.

– Ah ouais ? Moi j’en ai vraiment besoin. Genre d’un point de vue vraiment pratique et simple, quand je me lève la nuit pour avoir du la lumière, tu vois ?

D’autres sortilèges pouvaient vraiment devenir un passe-temps. Je me souvins d’une camarade de dortoir pendant ma première année, qui se baladait souvent avec des origamis voletant autour d’elle, ou des oiseaux utilisés par Deryn lors de la bataille de l’année passée.

Les propos de la fillette finissaient par se contredire entre eux : alors qu’elle disait ne pas vraiment avoir besoin de sa baguette, elle sentait qu’on avait enlevé une partie d’elle quand elle ne l’avait pas… Et je comprenais bien cette sensation. Nos baguettes étaient l’objet nous reliant le plus à la magie, sans la mienne, je ressentais comme un vide, quelque part au fond de moi… Un vide laissé par la privation de magie. L’horreur.

– Ouais, j’comprends. J’ai senti pareil. Comme si on nous avait vidé.es de la magie… J’ai vraiment pas hâte que ce soient les prochaines. Vacances. Devoir les redonner… Brrr.

Pas de souci ! J'ai pas été très rapide non plus

La jeune fille sourit, hochant la tête. Il était à présent sûr qu’elle verrait ses profs plus que sa mère, puisqu’elle ne verrait certainement plus jamais celle-ci. Et son père… Canelle préférait largement ses professeurs à celui-ci, alors il n’y avait aucun problème pour elle. De toute façon, il était bien mieux pour elle ne pas voir sa famille tous les jours. *Manquerait plus que ça* En tout cas, il était sûr pour elle qu’elle ne rentrerait pas pour les vacances de Noël, et essayerait de le faire le moins possible à présent. Surtout si la nouvelle copine de son père emménageait avec eux, il était mieux pour elle de rester loin et de tenter de préserver son calme. Pas sûr qu’elle ne le prendrait très bien si elle s’énervait un peu trop.

Un léger rire s’échappa de sa bouche, alors que la jeune fille songeait au fait qu’elle était totalement d’accord avec son aînée. Poudlard était devenu comme sa maison, et elle s’y sentait bien mieux que chez elle à présent. Les Serdaigle était devenue comme sa famille, bien qu’elle n’avait pas souhaité être dans cette maison au début. *J’y suis très bien au final* En effet, Canelle avait pensé être chez les Poufsouffle, comme sa mère l’avait été avant elle. Mais le choixpeau en avait décidé autrement, et même si la blonde en avait été assez étonnée, la jeune deuxième année s’était rapidement habituée à cela. A présent, elle ne changerait pour rien au monde.

-Oui, c’est sûr, répondit-elle en souriant. Oui, ça devient un peu comme une seconde famille, maintenant. On les voit tellement souvent…

Canelle hocha la tête. Elle comprenait à peu près ce que sa camarade voulait dire, même si ce n’était pas vraiment son cas. Ayant grandi parmi les moldus malgré son statut de née-sorcière, la jeune fille avait gardé des habitudes de moldus, et n’utilisait donc que très rarement sa baguette à part pour s’entraîner à de nouveaux sortilèges. Elle comprenait cependant que ce n’était pas le cas pour tout le monde, et que sa camarade avait peut-être été élevée de cette manière-là. *Comme beaucoup de monde en fait* En effet, rares étaient les sorciers dont les parents les obligeaient à aller dans un primaire moldu. Elle ne connaissait personne qui l’était à part elle en réalité.

-Ah oui, je comprends répondit-elle. Mais en fait, mes parents sont sorcier mais ont insisté pour que j’aille à l’école moldue et tout. Du coup, je suis habituée à vivre comme une moldue et j’utilise pas souvent ma baguette.

La jeune fille sourit. C’était sûr que devoir redonner sa baguette n’allait pas non plus être une partie de plaisir. Elle se sentait beaucoup plus rassurée quand elle l’avait, et c’était l’objet qui la reliait à sa magie, à son monde en quelque sorte. Sans elle, elle ne pouvait pas vraiment avancer dans le monde magique, et devait vivre comme une moldue. Pas que cela ne la dérangeait -elle le faisait la plupart du temps après tout- mais elle n’appréciait pas cette sensation. *Un peu comme si j’étais à découvert en fait* Oui, c’était exactement cela qu’elle ressentait. Comme si plus rien ne pouvait la protéger.

-Moi non plus… songea-t-elle. C’est vraiment trop bizarre comme sensation.

Curieuse, la jeune fille continua à lire le règlement intérieur. Après tout, c’était pour cela qu’elle était là, non ?