Elle prit le paquet entre ses mains. Il n'était pas très grand, rectangulaire, mais tout de même volumineux. Cela ne servait à rien de le faire entrer dans une enveloppe, mieux valait y accrocher une lettre. Cependant... Etait-ce vraiment utile d'écrire à nouveau quelque chose ? Il lui faudrait juste signer, et le professeur comprendrait.

Lydia regarda Diphda avec des reproches pleins les yeux. « Tu vois dans quel embarras, tu m’as mise ? Obligée d’offrir un crapaud à la menthe à un professeur ! » L’animal ne sembla pas comprendre - elle devait s’en ficher comme de sa première mouche.

La petite Holmes détourna la tête et vit sa meilleure amie arriver. Quand avaient eu lieu leurs dernières paroles échangées ? Leurs derniers regards entremêlés et sourires de l’une rendus à l’autre ?
Depuis hier. Hier le Dominion, aujourd’hui son souvenir. Lydia salua Eryne et lui expliqua les raisons de sa présence.

« T'es partie hier ? J'suis en train de faire quelque chose pour Mr Dole. Diphda s'est comportée comme une grenouille super mal élevée, alors j'essaye de réparer ça. » Son amie lui demanda ensuite des précisions sur les évènements de la veille.

« C'était bizarre. Je... Enfin heureusement que Kyana était là. Et Diphda m'a occupé l'esprit, si bien que je n'ai pas trop vu. Elowen, dit-elle avec une nausée montante, a semblé bien souffrir à un moment. Jacob s'est pris une énooorme claque aussi et Irene semblait garder une certaine élégance de Serdaigle. Une fille a lévité à un moment, elle a atterri à Poudlard, mais n'a pas pu ouvrir les yeux. Les quatre sont revenus dans un état à peu près normal, du moins physiquement. »

Elle soupira : nul doute que les quatre têtards du Dominion allaient être changés mentalement.



Paquet emballé, crapaud préparé. Regard lourd à Diphda adressé puis petit carton déposé. Elle partit sur la pointe des pieds, en espérant que son colis orné d'un "Nous y tenions, Diphda et moi." parviendrait à la bonne personne.

S’endormir avait été compliqué, mais se réveiller encore plus.

Tout était revenu comme une vague, un énorme tsunami déferlant dans mes pensées encore endormies. D’abord des images : la foule dans la Grande Salle, la fumée, Charlotte, en boule sur mon lit, Fraise, pour essayer de la réconforter – et de me consoler en même temps. Je me souvins presque immédiatement du tact rugueux des vêtements de la première année, les petites gouttes dévalant mon visage et celles chutant sur mes draps.

Et la cacophonie de la veille avait vite remplacé le bruit de mes camarades de dortoir, se levant.

Immédiatement, je cherchai à mes côtés la présence de mon amie ou mes doudous pour me rassurer – ou comprendre que tout n’avait été qu’un cauchemar ? Mais le vide laissé par ma peluche préférée était beaucoup trop parlant.

On était le vingt-et-un mars. Et les quatre sélectionné.es étaient parti.es au Dominion hier.

*Non non non non*


Je ne remettrai jamais les pieds dans la pièce maudite, et c’était une décision incontestable, prise ce matin, à l’instant même où j’avais quitté mon lit. Plus. Jamais. Jamais jamais jamais. Et s’il fallait que je me passe de tous les repas communs : pas de souci. Je le ferai. Je pouvais toujours me procurer à manger quelque part d’autre, et personne ne remarquerait mon absence parmi la foule d’élèves.

Pourtant, je ne pouvais pas ne pas passer devant ses grandes portes, tandis que mes bottines s’écrasaient d’un pas pressé sur les pierres du Hall. L’endroit où tout s’était déroulé n’était plus qu’à quelques mètres, et je ne pouvais pas rester plus longtemps sans sentir les battements de mon cœur s’emporter, une énorme pression se rabattre sur ma poitrine et ma respiration s’accélérer. Il fallait que je parte au plus vite et… Une silhouette qu’il était impossible de ne pas reconnaître apparut dans mon champ de vision. *Lydia* Une grenouille comme seule accompagnatrice et un paquet entre les mains, elle semblait identique que la dernière fois que je lui avais parlé, comme s’il ne s’était rien passé entre temps. Comme si la fumée n’avait jamais débarqué dans nos vies, brouillant notre champ de vision de toutes ses *méchantes* images.

Sans y réfléchir une seconde de plus, j’effectuai un virage de quarante-cinq degrés pour courir vers elle, et je dus me contrôler très fort pour ne pas sauter dans ses bras et me mettre à pleurer.

*Lydia*

Les yeux embués de larmes, je fus incapable de la saluer et de la regarder dans les yeux, hochant la tête à ses mots. Heureusement qu’elle avait pris la parole, heureusement qu’elle arrivait à m’offrir quelque chose à laquelle m’ancrer, pour reprendre mon souffle. Heureusement qu’elle était là.

– Ly-Lydia… Il s’est passé quoi… hier soir… après qu’j’sois partie ?

Personne n’avait répondu à ma question depuis ce matin… Je n’avais même pas eu la force de la poser. Le courage d’affronter ce que j’avais fui hier. Est-ce que quelqu’un avait tout raconté à Charlotte ? Est-ce qu’elle, elle avait pu reprendre des couleurs en entendant le récit ou, au contraire, avait-elle sombré dans un état pire qu’hier ?

« Un état à peu près normal » *À peu près normal* C’était tout ce que j’avais retenu de son explication, passant au-dessus des petits commentaires associés à quelque participant.e de Poudlard, l’absence de mention de Lilly ou la fille ayant lévité jusqu’au château.

Les quatre étaient revenu.es.

Dans un état à peu près normal.

Ma cage thoracique se souleva et mes yeux s’écarquillèrent d’un coup, alors que les secondes arrêtaient de s’écouler ; juste le temps que je saisisse ce que ça signifiait. *Fini ?* C’était fini ? Plus de Dominion, plus de tatouages-colliers noirs, plus de tournoi, plus rien ? C’était fini, vraiment fini ?

Mes lèvres s’écartèrent en un sourire hésitant, le premier depuis plus de vingt-quatre heures. *Fini fini fini, y’a plus de de de, y’a plus de rien, y’a plus, y’a plus…* Je m’approchai de Lydia et l’entourai de mes bras pour la serrer fort, très fort, contre moi.

Fini, c’était fini. FINI !

Merciii, j'avais trop hâte d'écrire ce moment !
Et @Charlotte Dwight