Je parcourus les derniers mètres me séparant du cloître et déposait mon sac sur les dalles froides – même en pleine approche de l’été. Je m’installai sur un des arches ouvrant l’espace en direction de la fontaine. Mon regard se dévia vers celle-ci, le bruit des gouttes d’eau retombant dans le contenant emplissant l’espace. La constance du flot transparent était étrangement calme et formait une douce mélodie avec la chorale d’oiseaux s’en donnant à cœur joie et les conversations de quelques élèves. Il y en avait d’ailleurs peu à cette heure-ci, la plupart s’étant rendus manger à la Grande Salle. De mon côté, j’avais sûrement battu le record du repas avalé le plus rapidement possible. *Pour une fois, c’est par pour ta grandesallephobie* Non, en effet. Aujourd’hui, j’avais exactement une heure trente pour terminer le devoir de Vol – que j’avais comme par hasard oublié de faire. *J’te jure, parfois j’me donnerai bien une baffe*

Sortant de ma rêverie, j’attrapai de nouveau mon sac pour en sortir un stylo et un parchemin. *Les genoux, ça va pas servir comme support* Et la pierre sur laquelle j’étais assise non plus… Il valait mieux rendre un devoir un minimum soigné, surtout si le contenu n’allait pas l’être autant. Je farfouillai dans ma sacoche pour ressortir le manuel de vol *pratique pour le devoir aussi*, et y placer les exercices. Bien. Au travail.

Les devoirs de cette matière étaient dans le classement des plus longs et ennuyeux à faire. Enfin, il ne fallait peut-être pas autant se creuser le chaudron que pour les comptes-rendus… Ça, c’était vraiment de la torture. J’avais beau bien aimer les potions, faire des comptes-rendus de recettes me demandait vraiment du temps. Et alors, ce même exercice dans une matière me plaisant moins, *j’vous raconte même pas*… C’était à ces moments-là que je me comprenais la raison pour laquelle le Choixpeau ne m’avait pas envoyée à Serdaigle. Pas assez… surdouée en tout. *Pas comme Maman ?*

J’ignorai ma propre question pour retirer ma veste. En réalité, avec le soleil chauffant au-dessus de nos têtes, le vent n’était pas aussi froid que ce que je pensais ce matin. J’enfonçai le vêtement dans mon sac avant de reprendre mon travail. C’était long. Long et casse-pieds. Et bon, j’avais déjà fourni des efforts considérables le reste de l’année en théorie pour remonter mon niveau après les épreuves pratiques ; je pouvais me permettre un petit devoir de pas aussi bonne qualité, n’est-ce pas ? Rien qu’un. Promis. *Juré*

Je rangeai la feuille et ce qui allait avec et consultai ma montre. *Quand même* J’y avais passé une bonne demi-heure. Moins de ce que je pensais, mais c’était suffisant. Je remplaçai mon improvisée table de travail par un petit roman à peine plus lourd que l’arbre-géant : le tout nouvel ouvrage que j’avais emprunté à la biblio’. Je me replongeai dans la lecture débutée la nuit dernière, en espérant ne pas rater la fin de la pause de midi.

On inaugure (presque), @Élina Clarke ?

L'heure du repas avait sonné pour les élèves du château. Tous installé l'un à côté des autres à blablater et grignoter, la brunette, contrairement à la majorité des gens, n'était pas particulièrement heureuse de se retrouver envahi par le bruit ambiant. Se faisant le plus discrète possible, la jeune fille avala en vitesse deux/trois dernières bouchées de son repas avant de quitté la table sans dire un mot. Ce n'était plus vraiment une surprise pour ses amis, elle avait l'habitude de quitté la salle en plein milieu du repas, c'est donc sans un regard vers ses derniers qu'elle prit la direction du parc.

Leur dernier cours de la journée était vol, sa matière favorite, peut-être pourrait-elle arriver un peu en avance pour s'échauffer et être prête à l'arrivée de l'enseignant ? *Bonne idée* C'est donc dans un relent d'énergie qu'Élina grimpa quatre à quatre les marches menant à la salle commune bleu afin d'attraper son balai ainsi que son manuel dans le cas où le cours serait théorique. *Ça s'rait longgg* Redescendant aussi vite qu'elle avait monté en faisant bien attention pour ne pas trébucher, on ne savait jamais avec sa maladresse légendaire et un balai entre les mains, elle arriva rapidement dans la cour de la tour de l'horloge. Elle aimait bien cet endroit, il lui permettait de passer quelques minutes à l'extérieur entre deux cours alors que le parc ou le lac étaient trop loin. Respirant l'air frais du midi, la jeune fille observa momentanément les personnes présentes au à l'entour dans l'idée de partir rapidement.

Mais comme cette pensée frôlait son esprit, son regard noisette accrocha une tête qui lui semblait familière. S'approchant discrètement afin de discerner qui était-ce, ce fut à quelques pas de la jeune fille que son nom la frappa comme une évidence. *Eryne* La fille du train qui avait l'air sympathique. Elle s'était totalement ridiculisé en imitant les miaulements de celle-ci, mais au moins, leur rencontre s'était bien terminé, à son avis du moins. *Justement, elle est où Loria ?* Sûrement à dormir en salle commune ou dans son dortoir. Peut importe, elle n'était pas avec elle et ne la rejoindrais surement pas. Planté devant Eryne, elle se demandait bien ce qu'elle pouvait faire. La saluer ? Lui parler ? Partir sans rien dire ? À cette distance, il était presqu'impossible que la petite blonde ne l'ait pas remarqué alors quitté sans même un sourire serait bien impolie.

C'est donc dans l'indécision la plus totale qu'elle posa ses yeux sur la couvertures du livre. *Peut-être que... ?* Ouais, c'était une bonne solution. S'approchant encore de quelques pas afin d'être certaine d'être remarqué, faire sursauter sa camarade n'était pas vraiment une bonne idée, elle racla sa gorge avant d'articuler.

-S'lut Eryne, j'te dérange pas j'espère ?

Puis accotant son balai au mur, elle s'installa aux côtés de la blonde avant de demander sa question initiale.

-Tu lis quoi ?

Combien de temps s’était écoulé depuis que j’avais commencé ma lecture ? Je n’avais plus aucun moyen de le savoir. Plongée dans les caractères imprimés sur les pages blanches, me décoller des mots m’étaient absolument impensable. En plus, j’avais cette drôle de manie d’être incapable de recommencer à lire si je m’interrompais soudainement ; pour regarder ma montre par exemple. Il m’arrivait de ne tout simplement plus réussir à me plonger dans l’histoire. Comme ça. Parce que je réfléchissais trop. Parce que je pouvais pas me concentrer/pas me concentrer/me concentrer. J’allais donc devoir me fier à mon horloge interne pour partir avant l’heure du prochain cours. *’Fin…* Ce n’était pas pour rien que j’étais à la cour de la tour de l’horloge.

Je tournai encore une page et portai mes doigts au bas de mon visage en un geste inconscient. Non. Pas maintenant. S’il lui jetait ce sort… Il allait apprendre tout le plan d’embuscade, et l’avenir de la Cité d’Argent en serait détruit… *Noooooon !* Pourquoi il n’utilisait pas ses pouvoirs de… Comment ça se disait déjà ? Légilément ? Légilimens ? Ce roman avait, sans aucun doute, été écrit par un.e sorcier.e pour des sorcier.e.s. Il était ubiqué dans une communauté magique d’allez-savoir-quel-pays, mais avec des éléments fantaisistes d’autres univers. Depuis le début, ce terme était répété avec toute la naturalité du monde, comme si sa signification était claire. *Eh ben non*

Enfin, l’auteur.e laissait comprendre qu’il s’agissait d’un pouvoir qui permettait de lire dans les pensées. Ou de remplacer les pensées ? Ou de communiquer avec les pensées. Mais ce n’était pas encore totalement clair… Pourquoi il n’y avait pas de lexique ? *Parce que t’es supposée le savoir* Je soupirai et changeai de page. Le chapitre était déjà fini ! Mais il ne pouvait pas se terminer comme ça ! Mes yeux débutèrent immédiatement le numéro 29.

Après un moment, un mouvement attira mon attention. Occupée par la trame de mon roman, je sourcillai à peine : il était courant que des élèves circulent dans la cour. Mais… un peu moins qu’iels s’arrêtent, me fixant à à peine quelques mètres. Ne voulant pas croiser le regard de cette personne – et considérant que mon livre était plus important –, j’essayai d’ignorer la sensation d’être observée. *Iiiil se passe rieeeen* Mais après quelques longues secondes, ça devenait dérangeant.

Je lançai un coup d’œil à ce qui m’était visible sans bouger. Deux pieds. Qui se mirent soudain en action, avancèrent vers moi. *Oh oh* Je levai la tête, et la surprise ne fut pas des moindres.

*Élina* Qui laissait bien apercevoir sa passion pour le Quidditch, avec ce balai dans une des mains. Même si la réponse la plus appropriée à sa question était « je lis », je me souvenais de sa gentillesse apparente dans le train et de nos discussions. Je ne pouvais pas lui paraître désagréable, pas maintenant.

– Coucou ! Non, non, t’en fais pas, je… lisais juste un peu. En attendant le cours, tu sais, souris-je timidement.

Je me décalai un peu pour lui laisser la place quand elle fit mine de s’installer. J’avais l’impression que ce n’était pas aujourd’hui que je saurais comment Mark s’en serait sorti…

– Oh, euh… tiens, regarde, indiquai-je en lui tendant le volume. *On parle souvent de livres, on dirait* Je l’ai pris à la bibliothèque, il y a quelques jours. Il est vraiment pas mal… *Enfin, si je comprenais tout, ce serait encore mieux*

Je levai discrètement le regard vers la Bleue, me demandant si elle aurait la réponse à mes interrogations. De notre dernière rencontre, j’avais noté qu’elle semblait toujours plus en savoir que moi… Mais pouvais-je lui parler de ça sans avoir l’air inculte ?

Inventer des trames, on connaît, on connaît

Ses yeux posés sur sa camarade, elle commençait déjà à regretter de l’avoir approché. Quelle idée aussi ! Il était évident qu’Eryne était occupée à lire et si la situation avait été inversée, elle aurait détesté que quelqu’un la dérange. Alors pourquoi s’attendait-elle du contraire de la jeune blonde ? *Ch’ai pas, p’t’être que j’l’aime bien ?* Sur cette belle réflexion pleine de clarté, elle attendit patiemment la réponse de sa voisine. Déjà que celle-ci se décale légèrement pour lui faire de la place était bon signe, non ? Sans se répondre à elle-même, elle affirma avoir raison, restait qu’à espérer qu’Eryne pensait la même chose. Puis, vint les paroles de la blonde, détendant la brunette bien plus qu’elle ne pensait s’être tendu. *Ouf* Rendant son sourire à la jeune fille, elle baissa les yeux sur le livres qu’elle tenait dans ses mains, analysant d’un coup d’œil la couverture.

Si ses souvenirs étaient bon, elle ne l’avait jamais lu n’y n’en avait entendu parler. *Chouette, une nouvelle lecture* Il semblerait que ce soit leur sujet de prédilection. Lors de leur première rencontre, la deuxième année avait également fait découvrir un nouveau roman à la brune. Lorsque la jaune lui tendit le bouquin entre les mains, la fillette s’empressa de retenir le titre du mieux qu’elle pouvait avant de retourner le tas de page afin de voir la quatrième de couverture, là où le résumé se trouvait certainement. *Bingo !* Rapidement pour ne pas trop prendre du temps de sa camarade, elle lut le résumé en diagonale, essayant de comprendre les grandes lignes de l’histoire. *C’est vrai que ça a l’air super ! Et puis, ça parle de Legilimens, papa m’en avait parlé, mais ça veut dire quoi déjà ?*

Toujours souriante, la fillette rends le livre à sa propriétaire avant de finalement reprendre la parole. On lui avait souvent reproché de ne pas répondre assez vite et elle ne tenait pas à ce qu’on lui fasse la remarque aujourd’hui.

-Oui, je suis prête pour le cours, j’aime pas trop la grande salle alors j’ai préféré prendre de l’avance. *Remarque inutile, c’est évident que je suis prête, avec mon balai…* En tout cas, avec le résumé, ça a l’air super, je l’avais jamais vu à la biblio, j’pourrais te l’emprunter après ?

La quatrième de couverture avait titillé sa curiosité et ce mot *Legilimens*, elle voulait savoir ce que ça signifiait. Peut-être qu’avec le contexte du roman, c’était plus simple à deviner mais sorti du contexte, la brunette n’arrivait pas à mettre une définition au mot. *P’t-être qu’Eryne… nan, j’vais pas lui demander ça* Et pourquoi pas, ainsi, elle serait fixée ou serait rassurée par rapport à son ignorance. Et puis, face à cette fille, elle avait fait bien pire.

-Dit, tu sais ça veux dire quoi Legilimens ? Jl’ai vu dans le résumé, mais j’suis pas sûr dl’a signification…

Ses prunelles emplit de curiosité, elle regarda sa camarade dans l’espoir que celle-ci réduise un peu plus son ignorance.

Je regardai l’autre deuxième se saisir du livre pour parcourir le résumé. Qu’allait-elle en penser ? L’angoisse d’attendre son avis me serrait le ventre, comme si j’étais l’auteure, qui attendait l’avis d’une de ses lectrices. *Faut pas le prendre comme ça, hein* Le temps ne s’arrêtant pas à souhait, mes doigts se retrouvèrent pour se tortiller avec nervosité, laissant les secondes de lecture filer les unes après les autres. Je savais que la quatrième de couverture était un aspect du roman très important pour décider si le lire ou pas, et je devais laisser à Élina la tranquillité nécessaire pour profiter de ces quelques phrases.

Je lui offris un petit sourire penaud quand elle me le tendit, comme si toute la fatigue accumulée ces derniers jours ressurgissait soudain, mais la voir d’aussi bonne humeur me rendit les forces. Mes sourcils se haussèrent en entendant que la pièce « principale » du château ne lui plaisait pas. Aucun jugement, juste de la surprise ; n’étais-je donc plus la seule ? Pouvais-je lui demander pourquoi ou… le jugerait-elle trop indiscret ? Si on me demandait pourquoi j’évitais la Grande Salle, qu’allais-je répondre ? C’était évident que je resterais très évasive si je ne connaissais pas la personne. « Oh, j’sais pas, pour rien sûrement » *Hahaha* Le beau mensonge. Mes amies les plus proches devaient sûrement le savoir, sinon je leur en informerai sans honte – *j’crois*. Mais, cette Bleue ? Je ne savais pas encore quoi penser d’elle. *J’crois que je l’aime bien* Elle était sympathique. On partageait certains centres d’intérêt – *pas le vol*. Et Loria était adorable. Je gardais un plutôt bon souvenir de notre trajet, ensemble. Alors pourquoi pas ?

Pourquoi pas ?

– Moi non plus… ‘Fin, moi non plus j’aime pas trop la Grande Salle. Ouais. Voilà, rougis-je. *Ça se voit que t’es gênée rien qu’en t’entendant, t’es obligée de devenir une tomate aussi ?* Je… J’peux demander pourquoi tu l’aimes pas, toi ? ‘Fin t’es pas du tout obligée de dire hein, c’est tes affaires et euh, ça te regarde, et… mes paroles se noyèrent dans un filet de voix inaudible. *Qu’est-ce que tu racontes ?*

Elle me demanda si je pourrais lui passer le livre ensuite et je sautai sur sa phrase comme une bouée, pour oublier mon embarras.

– Oui, bien sûr ! Je, euh… Tu veux que je te dise quand je le rends, pour que tu puisses le prendre direct ? Ou… Tu veux que je te le prête avant de le rendre ?

Cette option m’enchantait moins ; comment savoir qu’elle n’allait pas le perdre *elle a pas l’air d’être comme ça*, et que la faute retomberait sur moi ? Prudence extrême avec les livres. Plus encore de la bibliothèque. Et toujours plus avec Mr O’Lake…

– Il était bien caché, soufflai-je en réponse à une de ses phrases précédentes. J’passe beaucoup de temps là-bas, ça m’a donné du temps pour chercher !

Avec surprise, j’écoutai sa question, et restai quelques secondes en silence. Était-ce… ? En la voyant me poser exactement la même question que j’essayais de lui poser, je pouffai. Un petit rire amusé, que je stoppai net en comprenant qu’elle penserait peut-être que je me moquais d’elle. Alors que pas du tout ! Mais la coïncidence que l’on ait la même interrogation était minime. À moins que… ce ne soit ça, la legilimancie ?

– J’crois que… ‘fin en fait… je laissai échapper un autre petit rire avant de marquer une pause – je ne voulais pas qu’Élina pense que je la prenais de haut. J’sais pas c’que c’est en fait, Legilimens. J’allais… te poser la question… Mais, j’crois que c’est quelqu’un qui sait lire dans les pensées, ou… un truc comme ça. Qui fait de la… legili... mancie ?

J’éloignai mes autres hypothèses, rapportant cette particularité magique aux récits de fiction moldues. C’était ainsi plus clair pour moi… Mais peut-être allions-nous trouver la vraie définition de ce terme ensemble ?

On en fait un recueil de nouvelles et vuala

Alors que les premiers mots de l'enfant se rendait dans l'oreille d'Eryne, la jeune blonde haussa les sourcils, comme surprise de ses paroles. Pourtant, la serdaigle n'avait rien dit de surprenant, si ? Il lui semblait que la grande salle n'était pas apprécié de tous, du moins, pas depuis le dîner de l'année dernière. Et pour cause, l'évènement en avait traumatisé plus d'un. Ce n'était pas la seule raison qui poussait la brunette à quitter le plus rapidement possible cette pièce à chaque fois qu'elle si trouvait, mais elle n'avait pas aidé. Lorsque sa camarade lui posa la question, elle ne sut que répondre. Peu de personne savait la réelle raison de son aversion pour cette salle, voulait-elle le confier à la blondinette ? Ce n'est pas comme si c'était un sujet particulièrement tabou, mais l'aborder n'était pas quelque chose de simple pour l'irlandaise. Fuyant le regard d'Eryne, elle chercha rapidement quoi faire, devait-elle dire la vérité ? Éviter la question avec une réponse flou ? Mentir ? *Nan, j'aime pas mentir* Alors quoi ? Faire comme si elle n'avait pas entendu ? Aucune de ses solutions ne lui convenait. Après un moment d'hésitation, elle finit par se jeter à l'eau, laissant son instinct décider de ce qu'elle révèlerait.

-Je... euh.. la salle est toujours trop pleine... de gens, j'veux dire. Pas de place pour réfléchir et trop de bruit, ça... ça m'rends anxieuse donc bon. Et puis, avec le dîner dl'année dernière et ceux de cette année, j'préfère pas m'attarder.

La brunette espérait qu'elle ne se moque pas, elle en doutait, comme elle avait mentionné elle aussi ne pas aimer cet endroit, mais on était jamais assez sure.

-Et toi ?

Les deux mots lui avaient échappé, elle détestait qu'on lui retourne une question qu'on lui posait, mais sa curiosité était trop grande, et puis, elle venait tout de même de répondre à la question, elle était en droit de la lui retourner, non ? Mais très vite, les fillettes en revinrent au livre d'Eryne, enfin, plutôt celui de la bibliothèque qu'elle avait emprunter, comme il ne lui appartenait pas totalement. Les deux options que la blonde lui offrit lui firent oublier sa précédente gêne et offrant un petit sourire à sa voisine, elle s'exclama :

-C'est gentil, merci. Comme tu préfères, je n'ai pas de préférence. On pourrait aller le porter ensemble quand tu l'auras terminé, comme ça, je pourrais l'emprunter direct et pas de chance que quelqu'un le prenne entre-temps.

*Est-ce que je...?* Oui, elle venait bel et bien de proposer une nouvelle rencontre entre elles. Eryne allait-elle accepter ? Ou balayerait-elle simplement sa proposition d'une main ? Elle ne savait pas de quoi elle avait le plus peur, mais ce qu'elle savait, c'est qu'elle aurait simplement dû retenir sa langue, ça lui aurait éviter bien des traquas.

-'fin, c'est comme tu veux.

Rouge pivoine, elle sauta le plus rapidement à la suite de la conversation.

-C'est sur qu'on peut faire plein de trouvaille à la bibliothèque, j'en faisais beaucoup plus en première, mais avec le Quidditch, j'ai plus autant de temps... Un petit haussement d'épaule, signe que ça ne lui dérangeait pas plus que ça. Tant que j'ai un livre à porté de main, ça me convient.

Comme sa question concernant le mot legilimens était toujours sans réponse, la bleue stoppa un instant de blablater, écoutant la réponse d'Eryne qui était accompagné de quelqu gloussement. *Est-ce qu'elle rit de moi ?* Pourtant, cette attitude ne collait pas avec l'image qu'elle commençait à se faire d'elle. Mais lorsque la jeune prit la parole, les doutes de la bleu tombèrent et un sourire plana sur son visage. *Oh* Alors c'était ça être legilimens ? Lire dans les pensées ? Si Eryne avait raison, n'était-ce pas ce qu'elles venaient de faire comme elle avait posé la question à la place de la jaune ? Il va falloir qu'elle se renseigne sur ce terme, c'était vraiment intéressant.

-Ah d'accord, j'comprends pourquoi tu riais maintenant, c'est ce qu'on vient de faire, nan ? De la legilimancie, comme tu dis ? Mon papa m'en avait parlé, mais j'me souvenais plus c'que ça voulait dire. Après, il pouvait pas utiliser le terme, je sais pas moi... Télépathe ? C'est ça que les auteurs moldus utilisent non ? Beaucoup plus simple pour tout le monde comme ça.

Un petit rire s'échappa de ses lèvres, s'était assez sympa comme moment, plus que de voler seule en tout cas !

Élina semblait hésiter. Je le savais ! Je n’aurais jamais dû poser cette question. Pourquoi m’y étais-je intéressée, finalement ? C’était ses affaires ! Avec le prétexte de vouloir comprendre que *je suis pas la seule*, j’avais posé une question trop intime, et la Serdaigle allait sûrement se renfermer. Et si elle partait ? Peut-être que ne pas répondre à ma curiosité l’intéressait plus que le livre que je lui avais prêté. C’est que j’étais bête parfois. Elle baissa les yeux et, au moment où je m’attendais le moins, elle éleva une voix tremblotante. *Oh*

Trop pleine. C’était pour dire. Combien d’élèves y avait-il au château ? Si un bon tier se tenait en même temps dans la pièce… C’était beaucoup de monde, quand même. Pas de place, trop de bruit, je fus surprise de ne pas y avoir songé. Je ne m’étais même pas imaginée que cela pouvait déranger. Enfin, si, mais pas au point de l’angoisser autant… Quand tous les occupants de la Grande Salle dialoguaient le temps d’un repas, il était vrai que la cacophonie était incroyable – il arrivait qu’on ne s’entende même plus penser. Et ce bruit était causé par chaque mot prononcé, comme une avalanche de neige, ou chaque flocon emplissait la catastrophe. Étrangement, je comprenais mieux ce qu’elle voulait dire.

Puis elle aborda le dîner *de l’année dernière*. Ha. Ha. *Et ceux de cette année* Ceux-là, j’avais eu de la chance de pas y assister. Enfin, un s’était déroulé pendant les vacances, me semblait-il… Puis celui de la fumée… Je closai les paupières pour effacer ces images me revenant soudain. *Charlotte* Ses larmes. *Fraise* Tant de choses associées à ce jour. *Je…* Il fallait que j’arrête d’y penser.

– Effet boule de neige, hein, murmurai-je en écho à mes pensées, réfléchissant tout haut.

Je m’arrêtai net quand la Bleue me retourna la question. *Je le savais* On semblait dotées de la même curiosité, *malheureusement*. Mais je ne pouvais pas la blâmer, ayant moi-même posé la question d’abord… *Aaaargh*, qu’est-ce qui m’avait pris ? Et maintenant, qu’allais-je répondre ? Que pouvais-je lui dire ? Je pris une grande inspiration pour débiter en un souffle :

– Pareil. ‘Fin, genre les repas, pas les gens. Si, les gens. ‘Fin non. L’Urne et, euh… *Daï* ‘Fin tout ce qu’il s’est passé quoi. Mais le bruit ça va. Je crois. Ouf. Enfin. Ouais.

Je baissais la voix au fur et à mesure, me rendant compte des bêtises que je déblatérai. Allait-elle y comprendre quelque chose ? C’était vraiment un désastre. Je n’étais même pas capable d’expliquer ça correctement ? Alors que ses phrases à elle étaient au moins grammaticalement correctes ? *Faut que je me répète*

– Pour tout ce qu’il s’est passé… c’te année, et l’année passée. Avec… ‘Fin voilà.

Le « t’y étais, toi ? » se noya dans mes lèvres – ça ne servait à rien de demander, et puis, je me souvenais de notre trajet dans le train. Je soupirai et baissai les yeux vers la pierre sur laquelle mes doigts dessinaient des formes inexistantes.

Un sourire fragile illumina mes traits après ses mots. Passer à un autre sujet effaçait ces souvenirs, que je n’avais même pas demandé à garder. Je hochai d’abord doucement la tête, ne comprenant pas le double-sens que pouvaient avoir ses mots. Quand je relevai mon regard vers elle et vis ses joues rouges, une question se posa. Non pas « qu’est-ce que j’ai (encore) fait », je connaissais bien ce regard fuyant : le même que j’utilisais depuis toujours quand une situation me mettait mal à l’aise ; mais plutôt « qu’est-ce qu’elle a fait de si gênant ? ».

Je n’eus que besoin de quelques secondes de plus le comprendre.

– Oh, euh… *elle me propose de se revoir ?* Lui avais-je donc fait bonne impression ? *Oh lalala, je…* Ouais, bien sûr ! ‘Fin… je baissai la tête, l’embarras marquant mon visage : je ne devais pas avoir non plus l’air trop enthousiasmée. Oui, oui, ça m’va ! ‘Fin, j’sais pas trop quand je le finirai. Il me reste encore… *Un bon 300 pages ?* un peu à lire. Mais… Genre, on fait comment pour se donner rendez-vous ?

Essayant d’effacer cette couleur déplaisante de ma face, je repassai mentalement les cours où l’on était ensemble. Sortilèges… non. Astronomie, si. Bleu et Jaune, le ciel et les étoiles, cohérent. Par contre, allez savoir ce que vous faites avec du rouge et du vert dans le ciel… *Tiens, tu d’viens poète maintenant ?*

– Oui, j’comprends ! Lire c’est ma vie, ris-je doucement. Du coup, tu lis un truc en ce moment, toi ? les nouvelles lectures étaient toujours intéressantes à additionner.

Élina suggéra que l’on venait de faire de la *Légilimancie*. C’était possible, ça ? On pouvait communiquer avec l’esprit des autres sans le savoir, sans le vouloir ? Ou alors, cette sorte de magie s’effectuait seule : plusieurs personnes qui avaient les mêmes pensées en même temps ? Cela voulait-il dire que ce super-pouvoir n’était pas réservé à une élite restreinte ? *Attends : tu veux dire que je suis Legilimens ? Genre je sais lire les pensées des gens ? Euh, pas très réaliste* Ça ne devait pas être ça. Ou alors, ma camarade s’était trompée sur son diagnostic.

– Tu crois que c’est ça, toi ? Comme des esprits qui communiquent entre eux, mais sans qu’on en soit conscientes ? Mhm, ça c’est pas exactement la même chose que télépathe, du coup… Tu penses qu’on peut être télépathe sans le savoir ?

Tout cela était assez étrange finalement. Où pouvais-je en apprendre plus sur le thème ? Mon livre apporterait sûrement des précisions au fur et à mesure que l’histoire continuait. Et sinon, si ce n’était pas clair, la bibliothèque était toujours une solution de secours, non ? Ça nous ferait une deuxième activité ensemble, pensai-je avec un sourire fantôme sur le visage.

Excuse-moi pour le délai
En tant que Plume, j'avoue que j'adorerai rencontrer Élina... On se ressemble beaucoup beaucoup trop xD

-Hum hum...

Ce fut tout ce que la fillette trouva à répondre concernant l'effet boule de neige abordé par Eryne. Et elle avait raison, c'était un peu ça au fond, un trop plein d'émotion, de souvenir qui formait un tout l'empêchant de rester trop longtemps dans cette salle sous peine de se sentir oppressée. Une boule de neige qui, lorsqu'elle la frapperait pour de bon, ne la laisserait certainement pas indemne. La brunette secoua la tête, ne souhaitant pas se laisser envahir par ce genre de pensée. Elle était en compagnie d'une personne qu'elle... appréciait bien, il n'était pas question de tout gâcher. Et pourtant, peut-être n'aurait-elle pas dû retourner la question à la jaune. Elle semblait bien trop déstabilisée et ses phrases étaient encore plus décousue que tout ce qu'elle avait entendu de sa bouche. Essayant de rassurée sa voisine, elle lui sourit doucement. *P't-être qu'elle s'ra plus à l'aise après ?* Lorsqu'elle réussis à formuler une phrase environ cohérente, la brunette comprit ce qu'elle voulait dire.

-Ouais j'comprends, j'crois pas qu'on soit les seules qui pensent ça...

Après tout, il y avait eu beaucoup de personnes présentes lors des différents dîné catastrophique. Rien que l'année dernière avec *Daï*, la salle était pleine de monde. Et elle était loin d'oublier les tables pleines à craquer lorsque les quatre "champions" avaient disparut, suivi d'une fumer qui avait fait bien plus de dégât que ce que de la brume est censé faire.

Mais très vite, les deux jeunes filles balayèrent ces souvenirs de la main pour retourner à leur conversation initial, soit le roman d'Eryne. Elle se sentait tellement gêné d'avoir osé demander pareil chose à cette personne qu'elle ne connaissait pas vraiment. *Mais faut revoir les gens pour apprendre à les connaitre* Mouais, elle n'en était pas convaincu. Mais lorsque sa camarade accepta sa proposition avec enthousiasme, elle ne put s'empêcher d'être soulager. Tenait-elle autant à revoir cette fille ? Il faut croire que oui. Le sourire aux lèvres, la jeune fille écouta les interrogations de la blonde avant de réfléchir un moment. Elle avait raison, comment allaient-elles faire pour se donner rendez-vous, la brunette n'avait aucune idée de quand l'autre finirait sa lecture, il faudrait bien qu'elles trouvent un moyen pour savoir.

-P't-être à la fin d'un cours, tu m'diras quand t'auras terminé à ce moment et on se donnera rendez-vous pour aller le porter. Ou sinon, tu m'envoies un hibou quand t'aura terminé. Et puis, dans le pire des cas, on finira bien par se croiser dans le château.

Elle n'était pas vraiment inquiète à ce sujet, elles trouveraient bien un moyen de se rejoindre à un moment. À l'entente de : Lire c'est ma vie ! L'enfant sourit davantage à la jeune blonde. Elles avaient vraiment pleins de points communs que ça en était étrange. Riant doucement, elle ouvrit la bouche afin d'approuver.

-Oui t'as raison, lire, c'est la vie !

Hochant la tête à la suite, elle ajouta.

-Oui, je lis, Crooked Kingdom de Leigh Bardugo, je sais pas si tu connais. C'est le deuxième tome, bref, c'est vraiment bon, j'te le passerais si tu veux après.

Après tout, c'était la moindre des choses comme elle allait faire pareil avec son propre roman. Mais comme elle réfléchissait de nouveau au terme legilimens, Eryne posa des doutes sur son précédent diagnostic. Doutes qui étaient justifiés après réflexion. Venaient-elles réellement de faire de la legilimencie ? De lire dans les pensées de l'autre ? Après tout, ça arrivait plusieurs fois qu'elle pense la même chose qu'une autre personne et au même moment, qu'est-ce qui était différent ici ? *Rien* Alors elle s'était surement trompé.

-Mmm, je suis plus certaine là. J'crois pas qu'on puisse être télépathe sans le savoir, mais si ça s'trouve, t'as raison et être legilimens c'est pas la même chose que télépathe. Donc ça se pourrait que faire de la legili...mancie soit instinctif, et qu'on sache comment sans le savoir ? Mais j'sais pas, faudrait s'renseigner, p't-être à la bibliothèque justement ?

Elle détestait rester ignorante, il fallait qu'elle sache ce que ce mot voulait dire exactement et comprendre quelles étaient les capacités des legilimens, après tout, peut-être que c'était accessible à tous ?

*Pas les seules* Ça me plaisait, de ne pas être les seules. De savoir que je n’étais pas une bête bizarre, quelqu’un de différent, qui ne savait pas se tenir en société, qui ne savait pas faire face au stress de ses peurs. Je ne disais pas que le bruit, la foule et les souvenirs angoissent Élina était bien, loin de là ! Mais, tant qu’à être ennuyée par ceux-ci, au moins ne pas être la seule ? *Nan, c’est pas ce que je veux dire* Enfin, c’était trop difficile de s’exprimer dans les pensées.

– Hum.

Ce fut tout ce que mes lèvres parvinrent à articuler. Maintenant que j’avais la révélation – la confirmation – que je n’étais pas seule dans la haine, peur, de cette pièce, je voulais en profiter, j’avais presque besoin de continuer d’en parler, comme pour avoir la confirmation, même implicite, que je ne rêvais pas, que l’on était bien là, toutes les deux, que nos angoisses existaient, que quelqu’un m’avait dit noir sur blanc ce que je voulais entendre de mes plus proches amies. Que c’était… légitime.

– Jjj…

Merlin, qu’est-ce que j’allais lui dire ? Je ne voulais pas lui poser de questions à propos du 28 mai, ç’aurait été trop… *trop*.

– Oui.

Je haussai les épaules, empourprée de gêne, et baissai la tête pour masquer ce que ce sujet me faisait sentir. J’étais incapable d’exprimer le besoin que j’avais d’en parler, de raconter, de souffler quelques mots pour oublier… En jetant un regard en biais à la Bleue à côté, je réalisai combien ce qu’il s’était passé m’affectait encore, m’affectait tant… Je n’avais presque pas eu l’occasion de me défouler à propos ; un peu avec Maman, avec Granny, Julie, au début de l’année… Mais à chaque fois, mes pensées s’entremêlaient, mes souvenirs reprenaient possession de tous mes sens et je me retrouvai bloquée, une crise de larmes impossible à contenir, mon cœur explosant de douleur.

Un an, dans quatorze jours.

Un an, dans deux semaines.

Un an de l’horreur.

– Tu en as… parlé, toi ? murmurai-je.

Je pris une grande inspiration et secouai la tête pour me changer les idées. Je passai la main dans les cheveux pour les laisser tomber du côté droit et pouvoir continuer de parler avec la deuxième année sans être gênée par des mèches. Finalement, Élina pouvait prendre ma question de n’importe qu’elle manière… mais c’était trop tard pour y penser, la suite venait déjà.

Pfiou.

Je secouai la tête de haut en bas, un sourire au coin des lèvres. Elle me proposait plusieurs solutions que je notai dans un coin de ma tête, pour quand j’aurais fini le livre. Mais, *envoyer un hibou* ? Certaines personnes communiquaient vraiment comme ça, au sein du château ? C’était comme si, hum… J’envoyais des lettres à mes parents en étant à la maison. Alors que l’on passait beaucoup de temps ensemble. Ça n’avait pas de sens ! Non ?

– Ok ! Je te dirai, du coup. Je pense le finir dans… deux ou trois jours max ? maintenant j’allais devoir me tenir à ce délai, de peur de décevoir mon interlocutrice.

Je joignis mon rire au sien, heureuse de ce nouveau point commun qui apparaissait. Un autre livre à ajouter à ma liste ? Intéressant.

– Ah oui ? Non, je connais pas ! C’est bien, ça parle de quoi ? l’interrogeai-je, les yeux qui pétillaient. Il y a combien de tomes ?

Elle proposa de me le prêter et mon sourire s’accentua. Voulait-elle me rendre la pareille ? C’était vraiment mignon de sa part… Si son prêt n’était pas possible, je pouvais toujours aller le chercher à la bibliothèque – je ne voulais pas la déranger. *Crooked Kingdom de Leigh…*

– L’auteur c’est Leigh quoi ? Et hum… c’est moldu ou sorcier ?

Un souvenir rapide de notre entrevue dans le train défila devant mes yeux, avant de revenir à la réalité. L’hypothèse de la fillette tenait debout, et elle n’était pas pour me déplaire. Cela voulait-il dire… *OH j’adore !*

– Eh, ça me semble cohérent, c’que tu dis ! Tu veux qu’on aille à la bibliothèque en même temps que pour le livre ? fis-je avec un mouvement de la main concernée. Legili-truc, ce serait comme… un don ? Genre certaines personnes sont douées en dessin, en méta’… en legili’ ?

J’avais hâte de finir mon livre sur la legilimancie, franchement. À quand le rendez-vous à la biblio ?

Pas de souci, tu me fais découvrir de nouvelles lectures à moi aussi
Ooooh, mais je veux !!

J'espérais que la phrase que je venais de prononcer allait être plus utile que les explications que je lui avais fourni dans le train. Après tout, j'avais été plus que confuse avec mes bégaiement et mes pensées flous et ça avait jeté un froid dans le train, je ne voulais pas que ça se reproduise. Mais lorsqu'elle affirma d'un simple oui qu'elle était d'accord, mes épaules se détendirent, heureuse d'avoir pu, ou du moins essayé, d'avoir rassurée Eryne. Mais alors que je pensais le sujet clos, la poufsouffle me posa une nouvelle question, question à laquelle je n'avais pas du tout envie de répondre. *Non* C'était pourtant un mot si simple. Trois petites lettres. Et pourtant ces trois petites lettres me faisaient vraiment mal. J'aurais dû en parler depuis longtemps, je le savais. Mais est-ce que j'étais prête à l'admettre. *Non* Encore ce petit mot. Certaine personne avait essayé de m'arracher une explication, en vain. Laurence, papa, Liam, tous avait tenté, mais la seule personne qui connaissait vraiment ce que je pensais de cette soirée, c'était Lahya. Et encore, seulement parce qu'elle l'avait vécu avec moi ! Et puis, nous n'en avions pas reparlé ensuite, alors ça ne pouvait pas vraiment compter, si ?

Consciente d'avoir réfléchi trop longtemps, je fini par secouer la tête, faisant valser mes boucles brunes sur mes épaules.

-Non...jjj... j'tais pas capable.

Et je ne l'étais toujours pas. Mais déjà admettre ce point, c'était un début, non ? Mais je n'avais pas envie de continuer à ressasser cet évènement qui en avait marqué plus d'un. Ce n'était pas pour ça que j'étais venue voir la jaune au départ et j'avais bien l'intention de changer de sujet. Nous n'étions simplement pas prête à aborder le sujet, pas besoin de s'attarder dessus. Autant se concentrer sur quelque chose de plus joyeux. Et de quoi est-ce que nous parlions d'autre ? Ah oui, son livre ! *Non Éli, c'est pas du déni que t'es en train de faire*

Lorsque qu'Eryne m'annonça qu'elle finirait le livre dans quelques jours, mon sourire s'élargit, heureuse de savoir que je pourrais l'emprunter dans peu de temps.

-Chouette ! J'ai déjà hâte de le lire.

Contente que ma camarade s'intéresse à ma lecture, je répondis avec joie à ses questions. Lorsqu'elle prononça le nom de l'auteure, je ris doucement, espérant seulement qu'elle ne pense pas que je riais d'elle.

-Leigh Bardugo, j'crois qu'elle est américaine. En gros, c'est une histoire fantastique de 6 ados qui doivent accomplir une mission qui devrait les rendre riche, vu que leur ville est très pauvre et qu'évidemment, ils n'ont personne d'autre pour s'occuper d'eux. Bref, y'en a un qui est vraiment intelligent, l'autre elle est hyper habile et il y en a même une qui peut contrôler les battements des cœurs. C'est vraiment génial et ils leur arrivent pleins d'aventure. Il y a seulement de tomes, mais j'crois que l'auteure a écrits d'autre séries. Oh, et puis c'est moldu.

Je souris, les joues légèrement roses après m'être emportée de la sorte. C'est qu'elle était vraiment super cette histoire. Juste a en parler, ça me donnait le gout de reprendre ma lecture.

-Ouais, j'pense. 'fin, j'ai même pas lu ton livre et j'y connais rien, mais ça se pourrait non ? Oh oui, pourquoi pas ! On pourra faire des recherches et peut-être même demander au bibliothécaire de nous aider pour avoir les bonnes infos.

J'espérais que mon hypothèse était bonne. Avoir un don de légilimancie, quelle chance ça serait !