Gabryel observait son ami se débattre comme il pouvait, tandis que le sort s’amenuisait peu à peu sur l’araignée. La bestiole commençait à avancer de nouveau, encore un peu déboussolée. Dans ce laps de temps, Jeffrey s’était enfin libéré de la toile grâce à un Diffindo désespéré, suffisamment pour s’accrocher comme il le pouvait à la cape tendue par le Gryffon. Gabryel tira de toutes ses forces. Même si son camarade avait la taille d’une miche de pain, lui aussi. Alors que le plus difficile semblait fait, les pieds de Gabryel glissèrent sur le bois du banc. Le Poufsouffle dégringola de quelques centimètres. Le Rouge et Or se pencha pour s’assurer que son camarade était toujours suspendu au tissu.

L’insecte se trouvait juste sous ses pieds, qu’il tenta de saisir avec ses grandes pattes poilues. Gabryel hurla, comme si le son ridicule de sa voix aurait un quelconque effet sur cette affamée. Puisant dans ce qui lui restait d’énergie, et par la seule force de ses bras, il parvint enfin à le hisser jusqu’à lui. Épuisé, il s’écroula sur le dos, à bout de souffle. Mais il valait mieux ne pas rester là. L’araignée pouvait avoir l’idée de les rejoindre. Sans laisser Jeffrey se remettre de ses émotions, il lui prit le bras et l’entraîna en courant de banc en banc, jusqu’à atteindre le dernier, à hauteur de la grande porte d’entrée.

Jeffrey sentait son cœur taper fort dans sa poitrine. Pendant un temps il avait cru que le tissu allait se déchirer et le garçon s'était imaginer tomber tout droit dans la bouche béante de l'arachnide en contrebas. Le Poufsouffle sentait encore dans son dos le frisson glacé qui l'avait parcouru à cette pensée. Le souffle court après avoir rejoins Gabryel sur le banc il s'essuya et balbutia un « Merci » à peine audible.

Le répit fut cependant de courte durée et son camarade de Gryffondor voulait visiblement lui-aussi mettre le maximum de distance entre eux et la créature. Jeffrey courut avec lui et ses plus grandes - enfin si on pouvait dire cela pour le coup - jambes couplées à son physique plus sportif le firent passer devant. Pour autant le trajet paraissait interminable de par la taille microscopique des deux élèves et la longueur proportionnellement disproportionnée de la Grande Salle, qui n'avait jamais aussi bien porter son nom.

Le Poufsouffle se tournait régulièrement en courant pour voir si Gabryel suivait le rythme mais aussi pour guetter l'éventuel retour de l'araignée. Une fois enfin arrivés au bout du banc, vers les portes de la Grande Salle, Jeffrey soupira. Comment allaient ils faire pour descendre ?

« Non mais sérieux ! C'est un cauchemar, j'vais me réveiller. Tu... »

Le Poufsouffle s'interrompit. Quelque chose ne tournait pas rond. A bien y réfléchir, plusieurs choses même. Jeffrey avait lancé à la perfection un sort qu'il avait parfois eut du mal à maîtriser. Pourtant là, sous pression extrême, le Poufsouffle avait fait cela sans soucis. Le garçon se demanda aussi pourquoi aucun autre élève n'était là... Tout cela n'était pas normal. Si le prochain sort réussissait ses soupçons seraient levés, puisqu'il n'y avait normalement aucune chance qu'il puisse réellement y parvenir.

Jeffrey se tourna vers Gabryel et lui dit, les sourcils froncés « Tu trouves pas tout ça un peu... bizarre ? Même pour Poudlard. Pourquoi c'est déserté ? Et je lance des sorts que j'arrive pas à lancer d'habitude... »

Gabryel reprenait son souffle tandis que Jeffrey s’interrogeait sur leur situation actuelle. Bien entendu que tout cela était bizarre.

- Écoute mec, toi et moi, nous nous sommes réveillés ici, il me semble. Mais la dernière chose que nous faisions était de dormir. Et le dernier endroit où nous nous trouvions était au fond de notre lit.

C’était un simple constat, mais cette observation en amenait une autre : Ils étaient seuls à se trouver éveillés dans l’école. Même Rusard n’avait pas déboulé, suivi de son chat mesquin, pour leur pourrir la vie.

- Ça veut dire, Jeffrey, que tout le monde dort encore dans sa chambre. Alors peut-être faut-il simplement y retourner aussi, et nous rendormir ?

Un autre point nécessitait que les deux garçons y apportent une solution : Par quel moyen allaient-ils rejoindre leur dortoir. Compte-tenu de leur taille, ils mettraient une bonne semaine en marchant, sans oublier les multiples dangers qui les attendaient pour y parvenir. Gabryel tourna la tête. Ce qu’il vit à sa gauche, posé au bout la dernière table de la Grande Salle, le fit sursauter un court moment. Il souffla l’instant d’après, rassuré. Il s’agissait d’une simple mouche, les yeux énormes, qui se frottait tranquillement les pattes avant. Gabryel sourit un instant vers son camarade, d’un air un peu trop joyeux pour être honnête.

- Jeffrey… Tu es déjà monté à dos d’Abraxan ?

Gabryel saisissait déjà une miette de pain, dans le but d’amadouer l’insecte. Il lui mit sous le nez. La bestiole s’approcha, pas du tout effrayée par ces deux créatures plus petites que lui. Gabryel lui jeta un bout de mie, puis lui caressa le flanc. Le reste du morceau de pain toujours dans la main, et tandis qu’elle aspirait le petit bout de nourriture, l’Écossais sauta sur le dos de la mouche, et s’accrocha au poil de sa tête, prêt à lui tendre sous les yeux le reste du festin pour la faire décoller, et la guider où il le voulait.

- Allez, viens derrière Jeffrey. Le taxi sorcier pour ton dortoir est avancé !

Presque un an d’attente pour te répondre… 1000 fois désolé. Mais ça vallait le coup pour se retrouver à dos de mouche !

La théorie du Gryffondor semblait folle mais pourtant pertinente. En tout cas ce n'était pas plus fou que d'être menacé de finir dans la gueule d'une araignée ou que d'avoir rétréci à ce point. Le garçon hocha la tête pour signifier qu'il était d'accord avec lui.

« Ouais, ça s'tient, 'fin je crois... En tout cas faut bien tenter quelque chose parce qu'à ce rythme on va finir dans un gobelet et être avalé tout rond par un élève. » tenta courageusement d'en rire le garçon.

Le garçon regarda autour de lui pour essayer de trouver un moyen d'avancer plus rapidement que ne leur permettaient leurs courtes pattes. Jeffrey songea pendant un temps à utiliser cette cuillère en équilibre comme d'une catapulte mais atterrissage risquait d'être mortel, sans compter que ce ne serait pas suffisant pour les envoyer bien loin. Et encore moins dans les dortoirs... Le Poufsouffle fut ensuite tiré de ses pensées par la question de Gabryel.

Depuis quelques minutes plus rien ne l'étonnait ! Mais voir Gabryel caresser une mouche énorme pour ensuite y monter dessus défiait quand même un peu l'imagination. Le Poufsouffle mit quelques secondes à réagir puis un sourire s'invita sur son visage face à l'invitation du Gryffondor. Si comme les garçons le pensaient ils se trouvaient bien dans un rêve, ils pouvaient tenter tous les sorts qu'ils n'avaient jamais osé lancer. Alors autant se faire plaisir ! Jeffrey pointa sa baguette en l'air, légèrement inclinée en direction à l'oblique vers la mouche.

« Ascendio ! » dit l'anglais qui s'éleva en chandelle aussitôt avant de stagner quelques secondes dans les airs puis de retomber de plus en plus vite pour atterrir un peu brutalement derrière Gabryel.

Cette manœuvre eut deux effets. La première fut une douleur peu enviable un peu plus bas qu'au bas du ventre. La seconde fut de faire décoller la mouche immédiatement, ce qui manqua de désarçonner Jeffrey, qui se cramponna à la fois à son camarade mais aussi aux poils de la mouche. Ce faisant il constata qu'il pouvait orienter l'insecte à sa guise en tirant sur ces poils. Il s'empressa de partager l'information à Gabryel qui était placé devant et avait donc la meilleure vue pour piloter. A priori la route pour les dortoirs de Poufsouffle ne devrait pas être trop longue. Mais monter jusqu'à ceux de Gryffondor c'était une autre paire de manches...

« On va mettre des plombes pour arriver, 'fin surtout toi. » cria Jeffrey pour couvrir les bourdonnements entêtants des ailes de mouche. « Tu connaîtrais pas un sort qui rend plus rapide ? Je connais Impedimenta pour ralentir, mais je connais pas son opposé. »

Au départ, le Gryffon avait espéré voir l’insecte se diriger dans le bon sens, en suivant simplement les indications susurrées à son oreille. Mais il constata que toutes les mouches n’étaient pas équipées de cet organe. Et puis, s’il existait des sorciers maîtrisant le fourchelangue, lui ne parlait pas le mouchelangue, pour peu que ce langage existe. Jeffrey lui souffla la solution. Et les poils, ce n’est pas ce qui manquait sur cette bestiole. Il fallait par contre trouver l’emplacement idéal de la touffe sur laquelle tirer. Le plus pertinent semblait sur son cou. Quelques instants plus tard, ils volaient en direction de l’escalier.

- On va mettre des plombes pour arriver, 'fin surtout toi. Tu connaîtrais pas un sort qui rend plus rapide ? Je connais Impedimenta pour ralentir, mais je connais pas son opposé…

Il fallait se l’avouer, le diptère n’était pas un foudre de la vitesse. Gabryel réfléchit un instant. À sa connaissance, il n’existait pas de sort permettant d’accelerer les mouvements. Il fallait donc prendre le problème sous un angle différent. De petites ailes sont moins rapides que des grandes. Après tout, il rêvait. Pourquoi ne pas bénéficier de cette situation en leur faveur ?

- J’ai une idée, Jeffrey, mais ne crispe pas trop tes ongles sur ma taille si ça tttttourne mal !

Gabryel se pencha légèrement en avant afin de conserver son équilibre. De sa main libre, il se saisit de sa baguette, en permanence rangée dans sa poche arrière. D’un geste assuré, il visa les ailes de la mouche :

- Amplificatum !

Un court instant, l’insecte vacilla, semblant perdre tout équilibre.

- Finalement, il vvvvaut mieux que tu t’accroches, Jeffreeeeeeeeeeeyyyyyyyy…

Sa phrase se prolongea par un cri, alors que les deux membranes volantes de la bestiole disparurent quelques secondes. Tel un avion hors de contrôle, ils vrillèrent dangeresement à pic vers le sol. Puis la mouche reprit le contrôle. Ses ailes avaient doublé de volume, duminuant la pression de l’air sur le dessus, et augmentant celle sur la zone inférieure, donc plus de rapidité.

- Ça a marché mon pppote !!! Direction ton dortoir !

Gabryel était euphorique. Cette aventure était absolument géniale à vivre.

Un an entre chaque post, ça devient une habitude chez moi… Je suis honteux et désolé Jeffrey, je suis de retour maintenant. Merci pour ta patience et ta compréhension !