Demain c'est Noël. Madelyn et Adulith ont fait le sapin et Irial prépare le repas du réveillon. Ils déposeront les cadeaux au pied du sapin et iront se coucher pour attendre le lendemain. Au matin, ils ouvriront les cadeaux, les yeux encore embués de sommeil mais heureux d'être ensemble et de découvrir les petites attentions de chacun. Et ensuite prendrait la route pour aller chez les parents d'Irial, comme le voulait leur tradition. Ce n'est que le surlendemain qu'ils iraient rendre visite à la branche magique de la famille, du côté de Madelyn. Et bien sûr ils feraient leur traditionnel repas avec Alvy, son frère et ses parents.

C'est ce qui se serait passé si Adulith était rentrée chez ses parents. Si la mère d'Alvy n'était pas morte. Si la situation n'était pas devenue si pesante dans leur monde dernièrement. Au lieu de cela, Adulith avait refusé de rentrer. Elle avait choisi la voie de la facilité, certains aurait dit de la lâcheté (mais est-on lâche quand on a que douze ans et qu'on est confronté à un deuil ?) et elle avait pris la décision de rester à Poudlard. Elle ne pouvait rentrer, elle savait que Noël n'aurait pas été pareil.

Alors à présent elle était là, dans la Grande Salle, avec les élèves qui n'étaient pas rentrés chez eux, et ils étaient nombreux cette année, par rapport à l'année précédente. Le repas de réveillon était magnifique, la décoration de la Grande Salle impressionnante mais elle avait du mal à se sentir le cœur léger. Elle culpabilisait de n'être pas rentrée, tout en se sentant mieux ici, entourée de ses camarades. Elle se sentait à l'abri à Poudlard, comme si l'extérieur n'existait pas, était en pause jusqu'à ce que décide de venir.

Depuis le début du repas elle était restée dans ses pensées, essaya alors de les mettre de côté pour profiter de l'instant actuel. Tant qu'à faire d'être restée, autant en profiter. Elle leva les yeux de son assiette pour essayer de s'intéresser à la conversation de ses camarades. Elle s'aperçut qu'à côté d'elle se tenait Eileen, elle ne lui avait pas reparlé depuis qu'elles s'étaient croisées à la bibliothèque avec Angel. Cette dernière avait d'ailleurs été insupportable et les deux filles n'avaient pas trop l'occasion de discuter. Voyant qu'Eileen ne parlait à personne pour le moment, Adulith se dit que c'était l'occasion de prendre des nouvelles de sa camarade, elle se racla brièvement la gorge pour attirer son attention : Comment tu vas Eileen ? Je ne savais pas que tu restais aussi à Poudlard pour les vacances !"

La veille, Eileen avait fêté son anniversaire. Enfin fêté... Elle n'avait pas à proprement parlé, fait une fête, mais elle s'était juste dit en se levant *Joyeux anniversaire Eileen...* C'était le premier anniversaire qu'elle avait passé loin de Londres, loin d'eux, loin d'elle. Ca lui faisait mal au coeur, de s'avouer qu'elle n'avait rien reçu, mais elle ne perdait pas espoir. Demain serait un nouveau jour, et pas n'importe quel jour aux yeux de la rouquine. Demain, c'était Noël, et si elle ne recevait rien, elle ne recevrait plus jamais quelque chose de sa famille, elle le savait. La vérité avait beau être dure à admettre, c'était la vérité. Et ni elle, ni personne ne pouvait changer ceci.

Le château était peu rempli, beaucoup étaient rentrés chez eux. Mais pas elle. Elle était restée là, loin de sa famille, à Poudlard. Elle aurait voulu retourner chez elle, à la maison, retrouver son père, sa mère... Mais affronter le regard de Thalia, ça elle ne le pouvait pas. La haine de sa soeur était plus forte que tout. Elle l'avait supportée pendant plus d'un mois, mais là déjà c'était beaucoup. Beaucoup trop pour elle.
Elle n'avait rien fait de mal, mais être une sorcière était suffisant pour être détestée de la fille qui autrefois, l'aimait plus que tout.
Et même si cela faisait plus de quatre mois qu'elle ne l'avait pas vu, ce regard bleu froid et transperçant, elle n'avait pas encore le courage de le revoir.

Les yeux fixés sur son assiettes, ou plutôt dans le vide, les poings enfoncés contre ses joues et ses coudes posés sur la table, Eileen ne bougeait pas. Elle repensait à tout ça, à tout ce qu'elle aurait pu faire si elle était retournée chez elle. Mais elle n'aurait pas pu faire grand chose au final, et elle aurait sûrement du dormir sur le canapé, et encore... Même le canapé, elle ne savait pas si elle aurait eu le courage, de dormir là où sa soeur passait les trois quarts de son temps. Elle aurait sûrement dormi par terre, dans un sac de couchage, tapis dans un recoin, sous l'escalier menant à la chambre de ses parents peut-être. En bref, elle aurait trouvé un endroit à part, le plus loin possibles des endroits susceptibles d'être sur le passage de Thalia.
Mais se dire que dans sa propre maison, elle n'était plus clairement la bienvenue, c'était dur. Tout lui manquait, et elle n'avait qu'une envie, y retourner. Mais tout ça était trop difficile pour elle. Thalia avait du jeter toutes ses affaires, tout ce qui lui rappelait sa sœur, ou plutôt, la fille qui était née juste après elle, à quelques minutes d’intervalles. Elle avait sûrement tout balancé, jeté dans l'oubli, dans les souvenirs sans ne plus jamais y penser.
Elle soupira, c'était bien le genre de Thalia, de faire cela. Dès qu'elle se mettait à détester une personne, elle jetait tout ce que lui rappelait celle-ci. Maintenant, Eileen avait juste à espérer que ses parents aient gardé quelques affaires à elle, pour ne pas totalement l'oublier...

Elle ne faisait pas attention des personnes à côté d'elle, submergée par ses pensées. Elle n'avait rien mangé depuis le début du repas, et n'avait pas très faim non plus. Elle entendit quelqu'un l'appeler.
Loin.
La voix était lointaine dans sa tête, mais tout de même suffisamment proche pour la sortir de ses pensées. Elle battit des paupières et regarda autours d'elle, puis mit la voix sur un visage qu'elle avait déjà vu. La fille était à côté d'elle, Eileen ne l'avait même pas remarquée.
Les mots qu'avaient prononcés la grande prenaient enfin un sens dans sa tête.
Elle ne se sentait pas très bien, par rapport à tout ça, mais ne voulait pas le dire. Elle ne connaissait pas assez Adulith, elle n'avait pas encore confiance en elle pour lui dire la vérité. Alors elle mentit. Elle mentit comme elle mentait à beaucoup de gens. Le mensonge sortait tout seul de ses lèvres, il fallait juste espérer que l'autre n'y voie que du feu.

- Oui, merci et toi ?

Elle ne dit rien sur l'autre phrase de la fille. Tout d'abord, qui pouvait le savoir qu'elle allait rester ? Mise à part, bien-sûr, ceux qui savaient qu'elle était une née-moldue, et encore... Eileen aurait très bien pu rentrer chez elle et...
En bref, elle ne répondit rien à la fille, concernant les vacances. Elle nous voulait pas penser à tout ce qu'elle aurait du affronter, si elle était rentrée.

Elle eut l'impression de tirer Eileen d'un long songe, comme elle, la jeune fille était perdue dans ses pensées et Adulith s'en voulut un peu de l'avoir déranger. D'un autre côté, il lui sembla à l'expression de son visage que ses pensées ne devaient pas être très joyeuses. Elle avait peut-être bien fait de l'en détourner un instant, cela leur ferait du bien à toutes les deux.

Ce ne devait pas être facile en ce moment pour Eileen, d'après ce qu'Adulith avait compris des insinuations de d'Angel lors de leur rencontre à la bibliothèque, la fillette était née de parents moldus, une position difficile à tenir surtout ces derniers mois. Elle se demandait comment elle vivait cette situation, en tout cas, cela expliquait peut-être sa présence à Poudlard pour les vacances. Adulith, en tant que sang-mêlée, subissait déjà l'impact de la politique actuelle et des agissements du Conseil de Sorciers, mais elle avait une branche de sa famille composée principalement de sorciers, et donc moins impactée. C'est difficile surtout pour son père et sa mère. Mais elle n'osait imaginer la situation dans laquelle devait se trouver Eileen si toute sa famille était moldue.

Elle voyait bien que sa camarade n'était pas d'humeur bavarde, en tout cas elle ne lui répondit que par une phrase très brève, lui retournant la question sans avoir l'air de prêter beaucoup d'intérêt à la réponse. Ne sachant trop si elle devait continuer à parler ou non, Adulith se trouvait embarrassée. D'ailleurs, elle voyait bien qu'Eileen mentait et s’apprêtait elle aussi à faire la même chose. Après tout, elles ne se connaissaient pas assez pour partager leurs états d'âme, même si cela aurait sûrement fait du bien à leurs humeurs respectives. Après un instant d'hésitation, Adulith répondit :
"Ça va oui." Mais pourquoi mentir ? à quoi cela servait-il ? Elle se reprit : "Enfin non, pas vraiment, mais on a tous nos problèmes en ce moment n'est-ce pas ? Avec tout ce qui se passe... Et nos vie personnelles..." Elle resta assez vague mais sentait qu'Eileen comprendrait ce qu'elle voulait dire. En tout cas elle l'espérait.

Je sentais que la fille avait comprit. Elle avait comprit que je mentais, que je n'allais pas bien. Elle le savait, car elle aussi l'avait fait, et le faisait toujours apparemment. Elle aussi elle a menti. Elle a dit qu'elle allait bien, alors que c'était faux. Ce n'était que des mensonges, des bobards. Ce n'est pas la vérité, pas la réalité.
La réalité c'est qu'on avait mal, toute les deux. Peut-être pas pour la même raison, mais on avait mal. Terriblement mal.

- ...on a tous nos problèmes en ce moment n'est-ce pas ?

*Oui*
Oui j'ai des problèmes.
J'en ai marre d'être ici. D'être loin d'eux.
Je ne suis pas rentrée, alors que j'aurais pu.
J'aurais pu retourner chez moi, retrouver ma famille, ma maison.
Mais non. Je suis restée ici, seule, au milieu de ce château beaucoup trop grand pour moi.
Pourquoi ai-je fais ça ? Je le savais au fond de moi. Mais me l'avouer, c'était tout autre chose.

- Ouais c'est sûr...

Je lève les yeux vers l'autre, pour fixer à nouveau mon assiette. Je fuyais son regard. Pourquoi ? Je ne sais pas, mais mon regard était fuyant, alors qu'elle savait aussi bien que moi que je mentais. Que je mens à longueur de journée.
*Max*
J'ai menti à Max, inventant une sœur qui n'existe pas.
*Iris*
J'ai menti à Iris juste pour la fuir, alors qu'on se retrouvait.
Je mens. Tout le temps.
Le mensonge franchit mes lèvres sans que je m'en rende compte, et je ne fais rien pour l'en empêcher. Je le laisse passer, je le laisse me détruire, et me plonger dans une sorte de boucle infernale qui n'en finit jamais.
Les mensonges sortent tout seuls, et ce depuis longtemps. Depuis toujours...

Je ne sais pas quoi dire après ça. Alors je me tais. Je laisse le silence prendre place entre nous, Adulith et moi. Je ne parle pas. Je respire juste. J'écoute mon cœur tambouriner dans ma poitrine, mon souffle s’échapper entre mes lèvres, le bruit incessant des conversations et des couverts tapant sur les tables.
Il n'y a pas de silence ailleurs, juste ici. Et c'est moi qui le crée, ce silence oppressant, ce silence bruyant.

Eileen répondit brièvement avant de se renfermer dans son mutisme. Elle semblait à nouveau dans ses pensées, et Adulith n'osa pas la déranger.
Elle comprenait que parfois les pensées prennent tellement de place qu'il est difficile de s'en détourner le temps de parler à quelqu'un, surtout à une personne qu'on connaît trop peu pour partager ce qui nous tracasse. Elle-même ne pouvait s'empêcher de penser que le lendemain serait le jour de Noël et qu'elle serai seule ici. Elle ne pouvait arrêter de penser à Alvy qui venait de perdre sa mère et par conséquent à ses propres parents qui venaient de perdre une amie. Et au fait qu'elle avait abandonné toutes ces personnes parce qu'elle ne s'était pas sentie capable de gérer la situation. Elle ne savait pas comment faisaient les autres face aux problèmes et aux événements tragiques qui survenaient dans leur vie, elle, la première difficulté lui avait semblé insurmontable et elle avait préféré rester cacher dans l'immense château alors que la majorité de ses camarades auraient tout donné pour pouvoir rentrer chez eux. Au milieu de la tristesse et de la peur, elle sentit la culpabilité l'envahir et le regret de ne pas avoir été plus forte.

Le silence s'installait entre les deux serdaigle. En soi, le silence ne dérangeait pas Adulith, il valait mieux parfois ce silence aux bavardages incessants de certains de ses camarades qui donnaient l'impression d'avoir peur du silence, comme si c'était un vide qu'il fallait toujours remplir. Elle se disait que si Eileen voulait parler, elle finirait par le faire, Adulith lui avait déjà montré qu'elle était disposée à écouter. Autours d'elles, les autres discutaient bruyamment, ou au contraire chuchotaient entre eux, pensant être à l'abri des oreilles indiscrètes au milieu du brouhaha de la salle. Elle resta donc là, les yeux vaguement fixés sur son assiette, à se demander ce qu'elle ferait le lendemain et ce qu'elle écrirait à Alvy.

Les yeux clos, l'air emplissant mes poumons pour s'échapper juste après, l’écho des discussions bourdonnant à mes tympans... Le silence entre nous deux est lourd, oppressant. J'étouffe, mais je n'ose pas parler. Elle aussi elle ère. Elle ère dans ses pensées, sans se soucier de moi, comme je ne me soucis d'elle.
Je voudrais parler, me libérer de la chaleur suffocante qui envahit mon corps. Mais rien, aucun son, aucun mot de franchis mes lèvres. Mes cordes vocales ne veulent pas m'obéir, ne veulent pas faire sortir un son quelconque de ma bouche.
Je rouvre les yeux, aussitôt aveuglée par la lumière de la salle. L'humidité envahit mes pupilles, le temps de s'habituer à la clarté de l'immense pièce.
Mon regard divague vers l'autre fille. Elle fixe vaguement son assiette. Un soupire s'échappe de mes poumons. Je fais le tour de la Grande Salle du regard. Tout le monde a l'air de s'amuser, de rire, parler... Et nous, on est coincées dans notre silence, enfermées dans nos esprits sans s'occuper de l'autre.
Elle est plus grande que moi, je le sais elle l'avait dit, l'autre jour à la bibliothèque. Et si elle aussi, c'est le premier noël qu'elle passait loin de chez elle ?
Je me tourne une nouvelle fois vers elle, inspirant par ma bouche entrouverte pour me convaincre que je peux le faire. Que je peux le briser ce silence.

- C'est le premier noël que tu passes ici ?

C'est Eileen qui reprit la parole et brisa le silence. Adulith se tourna de nouveau vers elle pour la regarder et s'obliger à se connecter à la réalité pour ne pas trop repartir dans ses pensées :
"Oui, c'est le premier. Je n'ai pas pu rentrer cette année... Enfin, j'ai pas voulu."
Maintenant elle avait du mal à assumer ce choix qui avait été simple à faire sur le moment, le choix de la facilité. Elle culpabilisait à l'idée qu'Eileen aurait peut-être aimé rentrer chez elle et qu'elle n'avait pas pu le faire tandis qu'elle-même était attendue et avait refusé de rentrer. Les décisions que l'ont prend son toutes importantes, elle avait peut-être pris celle-ci trop rapidement. Mais c'était fait.

Elle ne pouvait pourtant nier que tout était fait au château pour qu'elle passe un beau Noël, tout était décoré, les plats étaient encore plus copieux et recherchés que d'habitude, la Grande Salle était magnifique. Mais ça ne remplaçait pas la joie d'être en famille, l'ambiance chaleureuse de la maison, ses parents et les repas en famille. Elle repensa au dernier Noël qu'ils avaient passé ensemble, son père avait fait un merveilleux repas, sa mère avait enchanté les décorations qui voletaient dans la pièce.
On évitait de trop utiliser la magie d'habitude, pour apprendre à faire les choses soi-même, mais pour l'occasion, tout était bon pour créer une ambiance magique, et son père lui-même ne s'y opposait pas, au contraire, il riait émerveillé comme un enfant de voir tous ses plats arriver en même temps de la cuisine guidés par la baguette experte de la mère d'Adulith. Comme il aimait à le dire, là, c'était une vraie farandole de plats ! Adulith sourit à cette pensée, elle se demanda ce que feraient ses parents le lendemain.

Sans qu'elle l'eut prémédité, elle ressentit le besoin de partager ces souvenirs plus heureux avec Eileen, comme pour conjurer l'ambiance morose de l'instant présent :

"A Noël mon père passe des heures à préparer le repas, et avec ma mère on prépare le sapin. J'aime bien quand elle enchante les décorations pour les rendre vivantes. Après elle fait voler les plats préparés par mon père depuis la cuisine jusqu'à la salle à manger, tu devrais voir la tête de mon père, on dirait qu'il redécouvre la magie à chaque fois. Je pense que c'est de voir une dinde cuite voler qui lui fait cet effet...".

Elle voulait entraîner Eileen avec elle dans des souvenirs plus joyeux, elle pensait, inconsciemment peut-être, qu'à elles deux elles pourraient convoquer des moments joyeux pour s'élever mutuellement au-dessus de leurs préoccupations présentes. Elle ne connaissait pas vraiment sa camarade, mais elle sentait qu'à l'heure actuelle, elles étaient rapprochées par des questions sur leurs propres vies, finalement, et paradoxalement, cela rendait peut-être leur compréhension l'une de l'autre plus facile qu'en temps normal.

- Moi non plus...

Je laisse ma phrase en suspend, les lèvres entrouvertes et les yeux rivés sur le creux du cou d'Adultih.

- J'ai pas voulu rentrer.

Le souvenir de la lettre que je n'ai jamais envoyé se crée seul une place dans ma tête. Je n'ai pas voulu rentrer. Je n'ai pas voulu y retourner. Pourquoi ? Pour ne pas revoir Thalia, et ses yeux emplis de haine ; pour ne pas revoir Maman, et son visage si dur qu'il en est effrayant ; pour ne pas revoir Papa, qui n'a strictement rien fait, *absent*.
Ils sont loin à présent, et c'est peut-être mieux ainsi. Même si c'est dur, terriblement difficile. J'ai déjà passé quatre mois dans ce château, cent-dix-sept jours dans cette école, sans eux, loin de Londres, alors je pourrais encore le faire quelques mois de plus... Si j'y retourne un jour, bien sûr... à Londres.
Et même si c'est beau ici, sur cette île et ces murs de pierres, ils me manquent. Surement plus que je ne veux me l'avouer.

Adulith se mit à sourire, puis me raconte quelque chose. Un souvenir. Son souvenir.
Je n'ai jamais connu ça, les dindes volantes, les plats qui arrivent seuls sur la table, grâce à un mouvement de baguette... Non je n'ai jamais connu ça, et comment aurais-je pu le connaitre ? J'ai vécu parmi les moldus, tout été fait soi-même. Les plats apportés par les bras frêles de Maman, le sapin décoré avec Thalia, l'étoile déposée en grimpant sur les épaules de Papa...
Mais son sourire est contagieux. Et mes lèvres s'étirent petit à petit, effaçant la mine triste qui avait prit noyait mon visage.

- Moi c'était ma mère qui apportait les plats ! Y avait pas de magie chez moi, donc la dinde elle risquait pas de voler !

Navrée du retard

Il lui sembla que son histoire avait marché, car un fin sourire se dessina sur les lèvres d'Eileen. Elle aussi avait ses raisons d'être ici pour Noël, et Adulith était contente de lui changer un peu les idées, en tout cas de la détourner des pensées un peu trop moroses. Eileen lui expliqua que chez elle les dindes ne volaient pas. C'était souvent le cas dans les familles de non-sorciers. Adulith trouvait que c'était bien aussi. Son père lui avait appris à apprécier de faire les choses sans magie, afin d'en profiter, de prendre le temps. Et il lui expliquait que comme ça on avait un sentiment de fierté d'avoir fait les choses soi-même, même si ce n'est pas toujours parfait. Adulith était d'accord avec lui, d'ailleurs à la maison, on utilisait la magie que pour certaines tâches et ce n'était pas plus mal. Ainsi, elle avait appris à cuisiner sans magie, à réparer des objets et à nettoyer, même si pour ce dernier point, elle appréciait que sa mère vienne l'aider d'un coup de baguette.

Elle hocha la tête pour montrer à Eileen qu'elle comprenait et répondit d'un ton léger :
"C'est pas plus mal, un jour ma mère a été déconcentrée pendant qu'elle amenait la dinde et ça n'a pas très bien fini... ! Parfois sans magie c'est moins risqué !". Elle tenta de continuer la conversation plus légèrement, elle aimait bien échanger des souvenirs, et cela faisait du bien de les partager. En cherchant une anecdote marrante à raconter à Eileen pour l'amuser, elle voyait surgir dans son esprit des images qu'elle avait oubliées, comme ce moment qu'elle venait d'évoquer où son père avait voulu entraîner sa mère dans une danse, déviant ainsi la baguette et la dinde au bout. Le plat avait fini dans un drôle d'état ! Mais c'était finalement un bon souvenir. Elle se demanda si Eileen avait des bons souvenirs elle-aussi en dehors de tout ce qu'il se passait à présent, et demanda à sa camarade :
"C'est quoi ton meilleur souvenir de Noël toi ?".

Désolée pour le retard, j'étais persuadée d'avoir répondu

Je savais que la Magie n'était pas sans accident. Il y aura toujours des incidents, partout, tout le temps, mais le risque est-il réellement plus élevé lorsqu'on a une baguette entre les mains ? Je ne sais pas, mais c'est ce que je m’efforce à croire. Et c'est peut-être pour cela que je n'arrive à lancer aucun sort. Je n'ai réussi qu'une fois pour l'instant, mais je me raccroche à l'idée que j'y arriverais de nouveau. De toutes façons il le faut...
Mes lèvre s'étirent un peu plus lorsqu'elle finit sa phrase. Je m'imagine la dinde tombant au sol, comme si sa maman l'avait lâché, alors qu'elle ne la tenait pas vraiment.

- C'est sûr !

J'attrape un bout de pain sur la table, et croque dedans. J'avais faim, un peu, et je n'ai rien mangé depuis tout à l'heure.
Adulith me demande quel est mon meilleur souvenir de Noël... Mais à vrai dire, je ne sais pas trop. Bizarrement il y en a beaucoup, trop. Mais je n'ai pas envie de m'en rappeler. Tous mes Noëls, je les ai passés avec Thalia, Maman et Papa. Tous, sauf celui-ci.

- Euh... Je sais pas, tous mes Noëls c'était pareil au final. Je décorais le sapin avec ma soeur, et ma maman faisait le repas... Ah si ! Une fois, quand mon père me portait pour mettre l'étoile tout en haut on a faillit tomber parce qu'il s'est prit les pieds dans une guirlande. Mais ça va on est pas tombé !

*C'était drôle ce jour là*

Navrée du retard