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07 juin 2020, 21:55
Pupille  LIBRE 



[ 8 NOVEMBRE 2044 ]
Hall d'Entrée, Rez-de-Chaussée, Poudlard

Charlie, 15 ans.
3ème Année Double


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Rien n’avançait. Chaque jour passait en oubliant son précédent, comme une foutue boucle parfaite. Que ce soit les mots de Nejma ou les miens, ils ne changent pas. Chaque jour, ils se sautent dessus pour se frapper comme des sales chats. D’égouts, puants, à moitié amputés, mais encore enragés de vie dans les rues de Whitechapel. À se défendre comme des lions. Grands, majestueux, puissants. Ils portent une idée en eux, ces extrêmes.
Encore cette idée de l’équilibre. *Ta gueule*.

Est-ce que c’est de ma faute ou est-ce que c’est les Autres qui sont trop abrutis ? *Tss…*. La question qui se bouffe toute seule.
Nejma et moi. Deux avis qui s’attaquent sans jamais réussir à bouffer l’autre. *’cause des Autres*. Même si je sais que la réponse à ma question est un mélange des deux. Un peu de moi, un peu des Autres. Je dois donner pour recevoir, quelle idée de l’équilibre de merde.
J’ai réussi à le faire avec Aodren, mais je me suis vite fatiguée. Je n’y arrive pas. *’faut qu’j’y arrive*. Et ça recommence, combat de merde ; personne ne va jamais réussir à bouffer l’Autre.

Rien n’avance ; jusqu’à ce matin.
Une petite lettre accrochée à une petite chouette ; trop de petites choses pour ce que je considère comme Grand. La Magie est exactement comme la Composition, mais l’énorme avance que j’avais dans mes Harmoniques s’est transformée en retard béant dans ma Magie.
J’aimerais tellement écraser la falaise qui sépare ces deux Grandes. L’écraser si fort qu’elle se mettrait à gueuler, jusqu’à s’étouffer dans l’herbe qui pousserait sur sa colline.
Passer de gouffre à toute petite bosse, presque un équilibre.

Tss…

Un soupir s’envole, aussi profond que cette fission qui se balade dans mon corps. Elle a l’air tranquille, la falaise colorée ; mais je la tuerai.
Un jour. Bientôt.

J’en sais rien moi !

Ma tête vrille vers cette voix. *Serdaigle*. Ce n’est pas elle. Mais est-ce que la Serpentarde est aussi grande qu’elle ?
Je desserre ma mâchoire. *Quelle gueule…*. Cette grande fille qui ne fait que passer est tellement moche. *Bordel*. Je me rappelle l’avoir déjà vue quelque part, elle et ses traits tordus qui me fixent sans gêne. *Bien*. Je suis habituée à être regardée, alors je détourne les yeux de cette horreur sur pattes.

J’expire un air lourd.
Être plantée comme ça en plein milieu du Hall d’Entrée, sur le passage de plein d’Autres, est un premier indice de l’intelligence d’Alice. Elle ne sait pas pourquoi je veux la voir, alors elle prend ses précautions.
Même si Nejma me l’a répété plusieurs fois, je me rends compte qu’elle a raison. Alice a l’air d’être intelligente. *Lente*. Même si elle a mis une foutue semaine à me répondre.

Mes mains montent jusqu’à l’élastique qui me tient les cheveux. *’vraiment qu’j’les coupe*. Ils me grattent de plus en plus, leur longueur n’a plus aucun sens. Mes doigts s’articulent autour de l’élastique pour le remonter un peu plus haut sur mon crâne, pour alléger un peu le poids de cette masse.
*Bien*. Plus les secondes passent, plus je vois des gueules différentes se tourner vers moi. Leurs yeux se demandent ce que je fous là, plantée comme un poteau, aussi silencieuse que l’ignorance.
J’entends leurs pas accélérer, souvent ; ralentir, parfois. Et mon regard se plante sur ces ralentis pour les accélérer d’un coup.

Mes lombaires fatiguent, mais je garde mon dos durement droit. La Douleur ne m’approche pas quand je me tiens aussi haute.
Dernière modification par Charlie Rengan le 11 juin 2020, 23:38, modifié 1 fois.

je suis Là ᚨ

11 juin 2020, 22:40
Pupille  LIBRE 
Charlie,

J’accepte de te rencontrer le 8 Novembre à 14h devant la Grande Salle.

A bientôt,

Alice.


Clair et limpide, inutile de s’encombrer de futilité avec une inconnue.
Assise sur son lit, Alice demeurait silencieuse alors que l’on s’activait autour d’elle jusqu’à quitter la chambre. Enfin seule,la fillette s’autorisa un soupir tremblant. Qui était cette Charlie, et que lui voulait-elle ? Elle n’avait pas réussi à le découvrir. Devait-elle s’inquiéter ? Très certainement.
Elle avait tout de même réussi à apprendre que cette fille, cette Charlie Rengan, était une Gryffondor de troisième année. Une inconnue. Peut-être une connaissance de Nora, qui l’avait poussée à rencontrer Alice pour une obscure raison ? Peu probable. Une amie de Christopher, alors ? Non, il lui en aurait parlé.
Il n’y avait aucune raison pour que cette fille souhaite parler à Alice. Aucune. Peut-être aurait-elle dû refuser cette invitation ? Peut-être bien. Peut-être que cette Charlie était une amie de Harrison. Pourquoi pas, après tout ? Qu’est-ce qui empêcherait cela ? Le ventre d’Alice se nouait.

Elle avançait dans les cachots, ne cessant de réfléchir à l’identité de Charlie Rengan. Une grande, avec de longs cheveux noirs pour des yeux émeraudes… et cela ne parlait pas à Alice. Au moins parviendrait-elle à la reconnaître dans la marée d’élèves. Et au moindre air patibulaire, Alice repartirait dans sa salle commune. Il ne fallait pas prendre de risque, plus jamais.

Du bout des doigts, Alice contrôla que son pansement couvrait encore bien sa joue lorsqu’elle atteignit le rez-de-chaussée. En quelques coups dans ses cheveux, elle parvint à faire tomber quelques boucles pour cacher la partie de son visage qu’elle n’assumait pas encore. Charlie n’avait pas à voir ça, elle n’était personne.

Alice s’arrêta non loin du point de rendez-vous, cherchant Charlie Rengan, ou du moins ce qui pourrait l’être.
Ses yeux d’argent se posèrent sur quelqu’un qui répondait à la description qu’on lui avait faite. Elle ne s’approcha pas de suite, pas encore, prenant son temps pour observer la troisième année, cherchant à savoir si elle la connaissait.
Une inconnue, une vraie.

En silence, Alice se décida à s’approcher, jetant un regard à droite puis à gauche pour prévenir une potentielle embuscade. Jamais trop prudent.

« Bonjour, Charlie. »

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN

12 juin 2020, 00:00
Pupille  LIBRE 
Bonjour.

Plus lentement qu’avec la Serdaigle, mon regard voyage jusqu’à cette « Charlie » minuscule voix qui… *Que…*. Tout le flot de mes pensées percute contre une seule idée : blanche.
Une feuille sans partition plantée là, debout. Toute blanche. *Serpentarde*. Décolorée. Aucune nuance sur son visage, ni sur le reste. *C’est elle*. Chaque partie de ce truc copie sa jumelle, il n’y a que les formes pour départager les rôles. Les places. *Minuscule*. Non. Elle a deux barres noires à la place des sourcils, deux troncs d’arbre couchés sur sa gueule toute blanche. *C’est…*.
Et la violence d’une autre pensée — tellement simple — dévaste tout : Nejma ne m’a jamais donné Sa description.

Juste…
Une simple description, la chose la plus logique à avoir, l’information la plus simple à demander ; l’essentiel pour trouver. Et je suis venue sans.

Alice ?

Ce n’est même pas une question, mais je l’ai laissée s’échapper de ma bouche. *La blessure !*. Silence ! Mon esprit gronde. Les sons remontent en surface. Ça arrive. Et je ne peux rien faire pour arrêter ce bordel. *Bien*. Un bordel que j’ai entièrement dressé.

Brusquement, le barrage de ma conscience se casse la gueule. Mes armées de pensées s’écrasent dans mon crâne. Tourbillonnantes. Déchainées. Je grave les traits d’Alice dans ma mémoire, pour me concentrer sur son bordel.

Ses cheveux qui cachent *sa blessure* de honte ; tous les Autres en parlaient. Ses yeux pâles qui laissent de grandes ouvertures sur Rien. Sa taille *minuscule* qui se tient haute, comme un phare frappé par l’eau salé, corrosive. Pourtant, tellement sûre, fixée, présente. Elle garde tout ça autour de son corps, même si ça lui fait mal, hein ?
J’ai l’impression d’avoir compris un truc sans vraiment réussir à savoir quoi, alors je laisse mon regard traîner sur tout ce qui se passe dans le sien.

je suis Là ᚨ

12 juin 2020, 10:13
Pupille  LIBRE 
Les doigts d’Alice s’agitaient un peu, et aussitôt elle vint les cacher dans son dos. Charlie, si c’était bien elle, ne devait rien voir de ses états d’âme. Si il s’agissait d’un piège, Alice devait se montrer forte.

Charlie sembla surprise, aux premiers abords. Elle dévisagea sans honte Alice, l’interrogeant même pour savoir si il s’agissait bien d’elle. Son regard, une brûlure sur ses chairs. Elle l’observait, et observait surtout son pansement.
Alice détourna la tête, offrant à Charlie la vue de sa joue pâle sans blessure.

« C’est moi » répondait-elle en faisant mine de regarder autour d’elle.

Alice était fatiguée, aurait aimé que l’entrevue ne s’éternise pas. Comment le signifier poliment ?

« Tu voulais me rencontrer » lança Alice. « Pourquoi ? On ne se connaît pas. Pourquoi voulais-tu me voir ? Aujourd’hui ... et dans l’infirmerie. »

La fillette se félicitait de n’être pas restée aussi longtemps qu’on lui avait demandé, à l’infirmerie, cela lui aurait fait rencontrer plus tôt cette inconnue. Elle l’aurait vue aussi faible qu’un nouveau né. Nora, c’était déjà bien trop pour Alice. Au moins la connaissait-elle.

Alice reposa son regard sur la grande, se dévissant la tête pour observer son visage. Autant l’imprégner si la Gryffondor tentait de la blesser, n’est-ce pas ? Elle ne la laisserait pas faire, ça non, mais une seule tentative et Alice n’oublierait jamais les traits de son visage, ni son regard, ni même le son de sa voix.
Après ce qui lui était arrivé, il était nécessaire de se protéger. Et nécessaire de prévoir vengeance.

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN

22 juin 2020, 16:45
Pupille  LIBRE 
Pas grand-chose en surface, des courants déchainés en sous-face. *’lle s’cache*. Alice, plantée là, cachée dans ses profondeurs ; là où ses architectures donnent l’impression d’être écrasées entre elles, dégoulinantes en une grosse pâtée. *C’est ça*. Je continue à voir des trucs, mais les formes sont incompréhensibles, trop mélangées. Trop lointaines. Beaucoup trop cachées.
Et les architectures disparaissent d’un coup.

Son regard fuit le mien, pour faire semblant de s’intéresser aux Autres. *C’normal*. Elle se méfie, sa blessure lui chuchote des trucs à travers sa joue ; elle a une langue, cette blessure, qui est bien plus grosse que celle qui se cache dans sa petite bouche. Sa langue-de-joue contrôle tout en ce moment, elle est Son Sens. *’juste tourner autour pour pas lui faire peur*. C’est tellement rare de pouvoir approcher un Sens d’aussi près ; de le voir à découvert, presque nu. *Bordel*. Je n’ai pas le droit de me foirer.

Ses lèvres s’agitent en deux mots. C’est bien Alice, j’en étais sûre ; sa confirmation ne me sert à rien. *Doucement*.

Tu voulais me rencontrer.

Ses yeux ne veulent pas revenir vers moi, alors je me concentre sur les différentes mélodies de sa voix. « Pourquoi ? ». Une intonation désespérée ? « On ne se connait pas ». Un rythme fermé ? « Pourquoi voulais-tu me voir ? ».
Les mélodies s’alternent en enchevêtrement, comme si plein de mains essayaient de me faire croire qu’elles n’étaient que deux.

Aujourd’hui... et dans l’infirmerie.

Plusieurs questions dans ses questions, cette fille-sans-couleur cherche à répondre à plein de trucs en même temps.
Elle se cache tout en essayant de me chercher. *’ça fonctionne pas comme ça*. Son regard pivote vers moi.
Il faut juste… *Bordel*. Juste… *'l’regard foutrement pâle*. Accepter de donner ; ce que je n'arrive pas.
Ses yeux me fixent en des mélodies que j’ai déjà entendues, même si elles sont beaucoup trop bordéliques.
*Doucement*.

Aussi longuement qu’une agonie, je lève ma main gauche dans les airs ; et je laisse ma bouche traduire mes pensées : « J’ai entendu qu’les Autres t’ont… ». Pendant que mes doigts s’avancent à travers le vide, beaucoup trop lentement, vers le visage-trop-blanc. « …fait ça ». Mon regard traverse la plaine de sa peau pour atterrir sur sa blessure cachée.
Elle prend toute la place dans mon crâne. Je ne vois presque plus l’énorme bandage qui me barre sa vision.
Mes doigts continuent à avancer, doucement. Je ne suis plus très loin de pouvoir regarder sa blessure dans les yeux.

je suis Là ᚨ

28 juin 2020, 09:07
Pupille  LIBRE 
Elle était étrange cette fille, peut-être plus que ce qu’elle laissait supposer. Alice fronçait les sourcils en la regardant lever sa main sans savoir ce qu’elle voulait en faire. Elle l’écoutait parler, et ce qu’elle entendait ne lui plaisait pas. Charlie Rengan ne s’intéressait finalement qu’à sa blessure, sa balafre, sa honte. Comme tous les autres, finalement. Charlie Rengan était comme eux, comme ceux qui la dévisageaient sans gêne. Non, elle était pire, puisqu’elle lui donnait rendez-vous pour voir ça. La maudite.

Ses doigts s’approchaient du visage d’Alice, désireux d’en arracher le pansement, sans aucun doute. L’impolie, la mauvaise !
D’un geste de main furieux, Alice dégagea celle de Charlie avant qu’elle ne s’approche trop près d’elle.

« Ne t’avise pas de poser un seul doigt sur moi. » lança t-elle sèchement en s’écartant d’un pas.

Le passage d’autres élèves ne semblaient pas avoir découragée Charlie. Pourquoi diable se comportait-elle ainsi ? Qui était-elle pour osé l’approcher ? Alice bouillonnait, ses yeux crachaient des éclairs froids. On l’avait trompée. Elle avait fait confiance, un peu, juste un peu, et on l’avait trompée.

« Si tu m’as seulement fait venir pour voir ma joue, c’est impoli. Ça ne te regarde pas. Ça ne regarde personne, et certainement pas une fille dont je n’ai jamais entendu parler avant aujourd’hui. »

C’était cela le plus effrayant, pour Alice. Elle ne l’avait vue, et pourtant une fille aussi grande, cela devait se voir dans les couloirs. Peut-être n’avait-elle pas été assez attentive.
Mais peut-être pas.

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN