Inscription
Connexion

16 juil. 2020, 12:35
 Fin  Solitude partagée  Table de Poufsouffle   A.B 
@Aelle Bristyle
Dimanche 26 Février 2045


La Grande salle, le lieu principal de toute l’école mais aussi le point de repère de tous les élèves de Poudlard. Dans la salle, quatre tables étaient parallèles entre eux et occupait la plupart de l’espace qu’offrait la pièce avec en face d’eux, une grande table en bois massif qu’étais la table des professeurs avec au centre une chaise plus grande que les autres, celle de la directrice.

Quand Carry pénétra dans la pièce principale de l’école, elle ne pouvait s’empêcher de retenir sourire en voyant que l’activité au sein de l’école n’avait pas baissé malgré les horreurs qui étaient en train de se dérouler en dehors de l’établissement. Elle pouvait entendre des rires au coin de la pièce, des cris de joies au bout d’une table mais aussi de taquineries dans les allés de la grande salle. Si eux rigolaient à gorge déployé, Carry s’en alla prendre place à la table des Poufsouffle pour le déjeuner.

Dimanche, le dernier jour de la semaine, était la seule journée où Carry était autorisée à profiter du repas de la Grande Salle comme tout le monde. Un cadeau qui avait su redonner le sourire à la fillette avant qu’elle ne réalise que celui-ci était empoisonné. Heureuse de pouvoir prendre part à un déjeuner dans la Grande salle comme une élève, Carry essaya de se faire toute discrète et vint prendre place avec d’autres élèves de la maison du blaireau. Cependant, quand la présence de l’ex Serpentard fut enfin remarqué ; les élèves qui se jugeaient trop proches de sa personne s’écartèrent d’elle en grimaçant de dégout la laissant en bout de table toute seule avec simplement des couverts et une assiette.

Une réaction attendue mais qui n’empêchait pas de donner un pincement au cœur de Carry qui joignit timidement ses mains contre ses genoux et baissa la tête en attendant que les autres élèves aient finis de se servir pour commencer à se servir elle-même. Elle aurait bien voulu s’asseoir à la table de son ancienne maison mais la peur de se faire rejeter l’empêchait de faire le premier pas. Ses yeux trainent sur la table des Serpentard et son envie de les rejoindre était grande mais si elle le faisait, est ce qu’elle supporterait de voir les Serpentard s’éloigner d’elle comme l’avait fait les Poufsouffle ? Peut-être pas. En vérité, elle ne voulait pas essayer, effrayé par la vérité.

Carry, toujours en jetant un regard discret vers les Serpentard, se contenta de se servir un plat de frites et de poulets en essayant autant que possible de sourire à ceux qui croisaient son regard. Pas un seul regard, pas une seule considération, à chaque essaie que Carry faisait, celle-ci se faisait ignorer par les autres la laissant seule avec son sourire qui se transformait lentement en moment de gêne. Toujours seule en bout de table et devant son assiette, Carry laissa retomber ses épaules et baissa la tête avec regret en signe d’abandon. Même si elle n’avait personne avec qui partagé ce repas, au moins, celui-ci arrivait peut-être à lui réchauffer un peu le cœur. S’emparant lentement de sa fourchette, Carry découpa tout doucement un morceau de poulet qu’elle porta à sa bouche avant de se murmurer tristement à elle-même.


-Bon appétit, Carry…
Dernière modification par Carry Harrison le 19 déc. 2020, 08:33, modifié 1 fois.

Renvoyée de Poudlard
5ème Année RP (2047-2048)

Chasseuse de né-moldus professionnelle
Fiche Eleve

16 juil. 2020, 18:05
 Fin  Solitude partagée  Table de Poufsouffle   A.B 
Dimanche 26 février 2045
Grande Salle — Poudlard
4ème année



La Grande Salle un dimanche midi n’est pas l’endroit le plus confortable de l’école pour déjeuner en paix en lisant un bon livre. Je le sais. Après quatre ans, je sais que ce n’est pas l’endroit idéal et pourtant je continue à venir chaque dimanche, armée d’un bon livre, et à chaque fois je me fais la même réflexion : *Merlin, c’que c’est bruyant*. Heureusement, j’ai moins de mal avec le bruit depuis quelques semaines. Je sais cependant qu’il ne me faudra pas rester trop longtemps dans cette salle si je ne veux pas finir la journée avec un mal de crâne insupportable et une incapacité à me concentrer pour toute activité intéressante ; la lecture, l’étude et la recherche. *Encore une page*, me dis-je en enfournant une bouchée, *une dernière page puis j'rejoins Zik*. Et la dernière page se transforme en deux dernières pages, puis en trois dernières pages, et ainsi de suite. Impossible de me détacher de ma lecture malgré mon envie de trouver un endroit plus calme.

Une clameur s’élève en bout de table. Je ne daigne pas lever la tête. Le dimanche, c’est n’importe quoi. Ça rit, ça crie, ça profite et souvent, il n’y a pas grand monde pour dire quoi que ce soit. Un soupir au bord des lèvres, je me concentre sur ma lecture. Du coin de l’oeil, je remarque cependant que plusieurs élèves se lèvent et quittent le bout de table. Curieuse malgré moi, je regarde dans cette direction et comprend aussitôt ce qu’il se passe. Je grimace ; *Carry Harrison*. Comme d’habitude, elle s’assoit quelque part et les plus proches élèves se lèvent, comme si la fille allait leur sauter dessus ou quoi que ce soit dans le même genre.

Ce n’est pas la première fois que je vois ce genre de scène. Et à chaque fois, je me pose la question : est-ce que je vais la voir ? Je me souviens très vaguement de notre discussion à l’infirmerie et me rappelle qu’Harrison n’avait pas été désagréable, malgré tout ce que l’on raconte sur elle dans les couloirs. J'ai une vague pensée pour Sangblanc.

Quand je croise Harrison dans le château, un balai à la main, je ressens toujours cette envie d'aller la rejoindre ; quand je la vois dans une salle de classe également, ou dans la Grande Salle, ou n’importe où ailleurs. Mais je ne fais jamais le premier pas. Quand je la vois, je ne peux m’empêcher de songer à Loewy. Cette nuit-là me hante. Parfois quand je ferme les yeux j’entends le craquement d’une baguette que l’on brise en deux et alors je me dis : *ça aurait pu être moi*. Parfois, je me dis que j'aurais préféré ne pas surprendre la conversation entre Kristen Loewy et Carry Harrison.

Elle me fait pitié, cette fille. Pas parce qu’elle est la cible de tous les regards et des moqueries, mais parce qu’on lui a arraché tout ce qu’elle était en une fraction de seconde. Un instant, elle était sorcière, et l’instant d’après… Privée de son extension, de sa raison d’être, de ce qui lui permet de faire de la magie. Moi-même, je ne l’aurais pas supporté. J’évite de songer à ce qui aurait pu se passer si c’est ma baguette que Loewy avait brisé — j’ai peur du désespoir que j’imagine alors ressentir. Je préfère mourir, être moquée de tous, réduite à cendres, me reprendre dix mille coups dans la tronche plutôt qu’être privée de ma baguette.

Au bout de quelques secondes, je prends conscience que je n’ai toujours pas détourné mon regard d’Harrison. Encore une fois, j’hésite à la rejoindre. Nous sommes dimanche, j’ai toute la journée devant moi. Mais le livre que je lis est passionnant et Zikomo m’attend quelque part dans le château. Je ne sais pas ce qui m’attire chez Harrison. Je crois que j’ai envie qu’elle prenne conscience que personne ne pourra changer qui elle est. C’est complètement con, non ? Je n’en ai rien à faire d’elle.

Pourtant, une seconde plus tard voilà que je me dirige vers elle, mon assiette dans les mains et mon livre sous le bras. Je fais fi des regards qui me suivent — je suis presque habituée à eux — et des murmures qui s’élèvent lorsque je m’installe en face de la Serpentard.

17 juil. 2020, 10:42
 Fin  Solitude partagée  Table de Poufsouffle   A.B 
Toujours assise en bout de table, Carry porta une frite à sa bouche en évitant de relever ses yeux de son assiette de peur de voir le regard haineux des autres élèves de l’école. Malgré tous les efforts qu’elle faisait pour ne pas prêter attention aux bruits aux alentour, elle pouvait entendre les murmures des autres autours d’elle, son nom suivit de rire ou de râle d’exaspération, la mention du bal ou encore le nom de Sangblanc qui revenait plusieurs fois dans ces paroles qui se voulaient silencieuse.

Si elle ne portait pas une attention toute particulière à sa fierté et son honneur , Carry se serait contenter de prendre son assiette pour aller trouver refuge dans un coin isolé du château mais partir serait comme quémander le coup de grâce à ces pouilleux qui avaient l’air de prendre un malin plaisir à l’ignorer ou bien même à se moquer. Et alors que Carry poussait une énième fois un soupire de lassitude, une ombre soudaine vint couvrir son assiette en or montrant qu’une silhouette venait contre tout attente de s’installer juste en face d’elle, rendant la Serpentard toute nerveuse.

Ne sachant pas trop quoi faire dans cette situation, Carry releva timidement la tête et lança un regard discret aux autres tables pour essayer de voir si cette personne ne serait pas par hasard complice d’un autre groupe d’élèves qui souhaitaient se moquer de la solitude de la fillette. Au lieu de voir des regards amusé come pouvait s’y attendre Carry, elle ne vit que des regards remplit d’incompréhension. Peut-être qu’en réalité, la personne en question n’avait pas encore réalisé qu’elle était assise en présence de Carry et qu’une fois elle l’aurait fait, elle s’envolerait comme toute les autres ? Alors elle prit la décision de patienter et se contenta de ne rien. Les minutes passèrent et Carry attendait nerveusement que la personne qui venait de s’asseoir près d’elle se lève pour finalement prendre congés d’elle mais ce moment ne vint jamais.

Commençant par être dévorée par la curiosité, la jeune fille ramena une mèche de cheveux derrière son oreille et releva ses yeux pour faire face à la « courageuse » qui avait tenu sa position jusqu’ici. Aelle Bristyle. Une Poufsouffle en quatrième année qui avait été la voisine de lit de Carry juste après l’incident du bal. En voyant l’indifférence qu’exprimait la Poufsouffle, Carry ne savait pas si elle devait se réjouir de sa présence ou au contraire s’en méfier. Comme pour faire remarquer sa présence, elle déglutit et se mit à tousser en exagérant un tout petit peu sur sa gorge.


-Euh…bonjour ? Tenta timidement Carry en reprenant ce petit sourire bienveillant qu’elle essayait de présenter depuis tout une demi-heure à quiconque le voulait bien. Aelle c’est bien ça ? T-tu ne devrais pas t’asseoir à côté de moi…Ca va t’attirer des ennuies et on va croire que tu me fréquentes…

Même si elle ne la connaissait pas forcément très bien, Aelle avait été là quand Carry s’était retrouvée seule dans son lit à l’infirmerie, même si ce n’était pas fait exprès, elle s’était montrée « présente » pour elle et la moindre des choses que la Sang-pur puisse faire pour elle, était de lui faire éviter de devenir une indésirable comme elle.

Renvoyée de Poudlard
5ème Année RP (2047-2048)

Chasseuse de né-moldus professionnelle
Fiche Eleve

20 juil. 2020, 01:18
 Fin  Solitude partagée  Table de Poufsouffle   A.B 
M'asseoir malgré les murmures, poser mon assiette, ouvrir mon livre à la bonne page, m'installer, attraper mes couverts, me remettre à manger comme de rien n'était. Tant de gestes simples réalisés mécaniquement pour ne pas faire attention à mon coeur qui bat trop fort et à ma tête qui me hurle de me barrer d'ici. Je fais un effort exceptionnel pour ne pas tourner la tête et regarder les Autres autour de nous, pour ne pas faire attention aux regards, aux murmures, aux choses que l'on doit dire sur moi — et sur elle.
Elle.
Elle ne me regarde pas, contrairement à moi. Par dessus mes sourcils, je l'observe. Tête baissée, l'air toujours aussi misérable, c'est comme si elle ne m'avait pas vu arriver, comme si elle ne savait pas que j'étais là. Mais je sais qu'elle le sait, je l'ai vu lever la tête et regarder autour d'elle. Son silence me fait peur et m'angoisse. Pendant quelques temps, je me contente de la regarder, ouvrant la bouche puis la refermant ; finalement, je n'ose pas lui parler alors je tire mon livre et fais semblant de lire.

Faire semblant est tout un art. Un art que je maîtrise à la perfection. Si l'on me regarde de l'extérieur, je suis persuadée que l'on croit avec sincérité que je suis en train de lire très sérieusement ce gros grimoire. En vérité, je surveille Harrison dans ma vision périphérique. J'attends. Qu'elle fasse attention à moi peut-être ou tout simplement de trouver le courage nécessaire pour lui parler. Quoi qu'à la réflexion, ce n'est pas un manque de courage. Je peux lui parler si l'envie me vient — je ne sais juste pas quoi lui dire, je ne sais même pas pourquoi je suis là actuellement, je ne sais pas ce que je veux. Alors je me tais.

Jusqu'au moment où elle se décide enfin à m'accorder son attention. Naturellement, j'abandonne mon livre pour lever la tête vers elle et me plonge dans ses billes aussi sombres que les miennes ; un face à face comme je les déteste, yeux contre yeux, sans rien pour expliquer que je détourne le regard. *Montre rien*, me murmuré-je intérieurement, *ne montre rien du tout* ; et effectivement, mon visage reste aussi lisse que la surface du lac, contrairement à celui d'Harrison. La fille tousse, se racle la gorge, attire les regards des Autres sur nous. Un peu plus et je fronce les sourcils. Elle parle avant que je ne montre ma surprise.

Je sais ce qu'Harrison a fait. C'est Aodren qui me l'a dit et même si je n'écoutais pas, j'ai entendu le récit de la violence de cette fille des centaines de fois dans les couloirs et à toutes les sauces différentes. J'ai fini par retenir l'essentiel : cette fille n'a aucun contrôle sur elle-même et en plus elle est violente. Cette violence m'effraie un peu. Elle me rappelle qu'il y a un mois tout juste, moi aussi j'ai sauté sur quelqu'un pour lui labourer le visage, sauf que moi c'était à coups de poing, pas avec ma baguette magique. Le visage d'Harrison me rappelle que je ne suis pas toujours capable de me contrôler moi non plus. Je me demande si comme elle, je pourrais un jour sauter sur une vieille ennemie pour lui graver une méchant mot sur la joue. En serais-je capable ou saurais-je m'arrêter avant ? Je n'aime pas penser à cela, pas du tout. Surtout pas lorsque l'on songe à quelle punition a eu Harrison pour sa violence.

Les mots de la Serpentard me font sourire — légèrement. C'est vrai qu'être vu en sa présence n'est pas recommandé si je veux éviter d'être la cible des regards. Mais je suis déjà la cible des regards, et ce, depuis que j'ai insulté Chu-Jung dans cette même salle. Et même si je souffre encore de l'attention dont je suis souvent la cible, je n'en souffre pas assez pour que cela m'empêche de faire ce que j'ai envie de faire. Et actuellement, ce que j'ai envie de faire c'est être ici, face à cette fille, parce que... *J'sais pas*.

Je referme mon livre et croise les bras sur la table après avoir éloigné mon assiette.

« Pas Aelle, corrigé-je. Bristyle. » Ce n'est pas parce que nous avons quelques souvenirs en commun qu'elle doit se permettre de m'appeler n'importe comment. « Je suis pas assise à côté de toi, mais en face. Puis les regards... Rien à faire. » Je hausse les épaules. « Tout comme les ennuis. »

Si Zikomo était ici, avec moi, je crois qu'il se foutrait de moi. Il dirait « Ce n'est pas ce que tu dis habituellement » mais Zikomo n'est pas là. Alors personne ne peut savoir que j'essaie d'éviter les ennuis pour tout un tas de raison, la première étant que je n'ai aucune envie de perdre mon temps.

Je soutiens quelques secondes encore le regard de la fille qui me fait face. J'observe son visage, la danse de ses cheveux, l'éclat de la lumière sur sa peau blafarde.

« Comment tu t'en sors ? » demandé-je soudainement.

Je ne sais pas d'où me vient cette question, je ne sais même pas pourquoi je la pose de cette manière, ni pourquoi je la pose tout court. Elle s'est échappée toute seule de ma bouche. Je scille, détourne le regard brièvement avant d'oser relever les yeux.

22 juil. 2020, 09:44
 Fin  Solitude partagée  Table de Poufsouffle   A.B 
-Pardon... Je ne sais pas ce qui m'a pris.

Le sourire de Carry s’évapora comme eau au soleil. Qu’est ce qui lui avait pris de s'addresser a elle ainsi alors que la seule fois ou elle lui avait parlée c’était à l’infirmerie ? Sans se laisser submerger par cette soudaine honte qui lui dévorait le ventre, elle s’inclina poliment et ferma brièvement les yeux en guise d’excuse avant de se racler la gorge. Ce que dit Bristyle fit à son tour sourire la Serpentard déchue qui compris qu’elle jouait avec les mots. A cote, en face ? Qu’elle différence si ce n’était qu’elle restait trop proche de celle à qui l’on lançait des regards assassins. A moins qu’elle aussi était la cible de ces regards ? Mais dans ce cas pour qu’elle raison ? Si c’était vrai, Carry se promettait de lui poser un jour la question.

Mais voila qu’au lieu que ce soit elle qui pose la question, Bristyle décide de prendre les devant et se renseigne sur comment allait Carry. Une question que peu de personnes lui avaient posée ces derniers et savoir que son sort préoccupait enfin quelqu’un lui remontât le peu de moral qui lui restait. Mais demandait-elle pour maintenant ou demandait-elle en général ? Ne sachant pas vraiment ce qu’elle voulait savoir, la fillette de quatorze ans haussa les épaules tout en essayant d’éviter les regards des autres qui étaient derrière elle.


-ça…Peut aller… En fait, c’est la première fois qu’on me laisse retourner dans la grande salle pour prendre mon déjeuner et…
Carry baissa tristement la voix pour que Bristyle soit la seule à pouvoir entendre. Je n'ai pas vraiment trouvee qui que ce soit pour partager ce moment.

Carry essayait de lui donner des explications sur ce qu’elle vivait au quotidien. Des moqueries de la part de certains, de l’ignorance de la part de ces anciens camarades. Tout son récit se basait sur comment la solitude avait prit le dessus dans sa vie. Bien sûr, elle garda secret les court entretiens qu’elle eut avec Lili Cooper et Eileen Eastwood, ne sachant pas si cette Poufsouffle était digne de confiance ou non.

La confiance était une chose qui se perdait si facilement a tel point qu’il était difficile pour Carry d’en donner aux autres. Chaque fois que quelqu’un venait lui parler, elle imaginait un point d’exclamation au-dessus de son interlocuteur la prévenant que celui-ci avait de mauvaise intention. Même si cela lui faisait mal, elle devait être en vigilance constante et se préparer à subir les mauvaises remarques ou blagues des autres. Et la question qu’elle se posait, de qu’elle façon Bristyle allait-elle l’humilier ? Venait-elle vraiment sans arrière-pensée ? Le risque zéro n’existait pas.


- J-Je ne sais pas pourquoi tu fais ça mais je te remercie sincèrement de venir t’asseoir pres de moi sans me regarder comme un monstre.
Balbutia Carry qui se sentie rougir et sourire tendrement. E-et toi, est ce que tout va bien ?

Rien de suspect n’eut lieux pour l’instant. Carry releva doucement ses yeux et prit un instant pour poser son regard clair sur la troisième année qui semblait dégager un aura qu’elle aurait voulu ressentir dans ses moments les plus sombres. Tout doucement, elle commençait à retrouver le sourire. Pouvoir discuter et ressentir une présence bienveillante autour d’elle. Peu importe qui était cette Aelle Bristyle, elle était l’une des premières à s’avancer vers elle et Carry commençait à ressentir le besoin de l’avoir dans son cercle d’amis.

Renvoyée de Poudlard
5ème Année RP (2047-2048)

Chasseuse de né-moldus professionnelle
Fiche Eleve

04 août 2020, 20:36
 Fin  Solitude partagée  Table de Poufsouffle   A.B 
Elle prend la parole — je fronce les sourcils, perplexe. Concentrée, j’essaie de suivre ce qu’elle me dit, de comprendre et de le mettre en lien avec la question que je lui ai posé. Mais je ne trouve aucun lien, à aucun moment. Mes sourcils froncés sont effacés par une moue agacée ; ma question était simple, pourquoi Harrison me répond-elle à côté ? Pourquoi ne me répond-elle pas simplement ? Il me faut un moment pour comprendre que Harrison a cru que je parlais de son bien-être et de la façon dont elle vit les récents événements. Dès lors, je détourne le regard, me mâchonne nerveusement les lèvres et joue distraitement avec ma fourchette en attendant qu’elle finisse de parler. Je suis mal à l’aise et je suis certaine que cela peut se voir sur mon visage, chose qui m’enfonce davantage dans la gêne. Je déteste que les Autres se confient à moi — heureusement, cela arrive relativement peu souvent. Comme si j’en avais quelque chose à faire de sa solitude et de son mal être. Je n’en ai rien à faire. Pourtant… Pourtant je réalise que mon coeur se serre. Il le fait parce que ce qu’elle raconte, cette solitude omniprésente, je la ressentais avant de connaître Thalia. Au début de ma troisième année, j’avais l’impression que tous les Autres étaient contre moi, que j’étais victime de leur regard, de leur attention, de leur chuchotement, de leur moquerie. Je me rappelle encore du malaise que je ressentais, de la douleur qui sourdait dans mon coeur.

Je finis par définitivement baisser les yeux sur mon assiette pour avoir à éviter de croiser le regard attristé de Harrison. Je repousse avec aisance mes souvenirs, mais la gêne est toujours présente. Patiemment, j’attends qu’arrive la fin de son discours — je réfléchis à une façon de lui faire comprendre ce que j’ai réellement voulu savoir. Sa solitude, je ne veux rien en savoir. Moi, j’ai envie de comprendre comment elle peut vivre sans baguette, comment elle peut continuer à avancer ; je veux savoir si elle se bouge, se rebelle pour continuer à apprendre la magie, à étudier. J’ai envie de savoir si elle sait qu’être un sorcier est dans sa nature, pas dans sa baguette. Bêtement, j’ai envie de lui crier cette question. C’est la seule chose qui m’intéresse. Je ne sais pas pourquoi cette question me hante à chaque fois que je regarde Carry Harrison.

« J-Je ne sais pas pourquoi tu fais ça mais je te remercie sincèrement de venir t’asseoir près de moi sans me regarder comme un monstre, » me dit-elle enfin. Je lui jette un regard méfiant — mélange d’espoir qu’elle ait fini de se plaindre et d’agacement d’entendre le mot monstre. Et son sourire, sa reconnaissance me gêne horriblement, je ne sais pas pourquoi. « E-et toi, est ce que tout va bien ? »

Je soupire. Les Autres sont fatiguant avec leur tendance à me poser des questions qui ne les concernent pas. Mais par égard à la douleur que je devine dans son regard, je décide de faire comme si je n’avais rien entendu au lieu de lui reprocher cette indiscrétion. J’ouvre la bouche pour… Et pour quoi ? Je la referme bêtement. Que dois-je dire moi, hein ? Maintenant qu’elle vient de s’épancher, de m’ouvrir son coeur comme si j’étais son amie, que dois-je dire ? La plaindre ? compatir ? la conseiller ? la réconforter ? Merlin, mais je ne sais pas faire et je ne veux pas faire cela !

« Et bien, je… »

ne sais pas quoi dire.
m’en fous ?

Aucune des phrases qui atterrissent dans mon esprit ne valent le coup de les énoncer à voix haute, alors je me tais et le silence s’étire autour de nous, s’étire, s’étire. Je me tortille, mal à l’aise. Merde, mais à quel moment ai-je perdu ma confiance ? J’ai l’air d’une idiote, d’une débile et cette incapacité à parler me gèle le sang dans les veines — j’ai l’impression d’être de retour en novembre, quand j’étais incapable d’énoncer une phrase, quand je ne me souvenais pas des mots, quand j’étais irrémédiablement enfermée dans ma propre tête. Plutôt crever que de ressentir cela de nouveau ; c’est cette pensée qui me permet d’émerger de mon malaise. Ces souvenirs, pour la première fois, me permettent d’être forte alors qu’ils n’ont toujours servit qu’à m’affaiblir.

Je me redresse, me drape dans ma fierté, et dépose enfin mon regard dans les yeux sombres de la malheureuse qui me fait face. Je ne sais toujours pas quoi répondre à son épanchement émotif, alors je décide de ne rien dire.

« Je parlais pas de ça, dis-je doucement pour ne pas que les Autres nous entendent. Je voulais parler du reste, des études je veux dire. » J’hésite, fronce les sourcils. « De la magie. »

Brusquement, après un instant de réflexion, je rajoute :

« Et pas besoin de me remercier. J’ai rien fait. »

Qu’une personne se confie à moi est déjà bien assez dérangeant pour accepter en plus qu'elle me remercie, surtout si ces remerciements ne sont absolument pas mérités. Je n’ai rien fait pour Harrison et ne sais même pas si j’ai envie de faire quoi que ce soit pour elle. J’espère qu’elle se montrera moins émotive par la suite. Je ne le supporterais pas. Les émotions sont un encombrantes.

20 août 2020, 09:33
 Fin  Solitude partagée  Table de Poufsouffle   A.B 
Carry se frappa d’indignement la figure. Comment était-elle supposée devinée qu’elle parlait de la magie alors qu’elle lui avait simplement demander comment elle s’en sortait. La question était trop générale pour pouvoir deviner que le sujet principal était la magie.

-Eh bien. Je ne peux plus la pratiquer la magie du tout...
Commença doucement Carry d’un air triste. Je ne sais pas si je serai un jour réintégrée dans l’école, si on va mettre un terme définitif a mes études ou non… Elle marqua une courte pause et souffla un bref soupire de fatigue. Impossible pour moi d’emprunter la baguette de quelqu’un d’autre, celle-ci ne me répond. Cependant, j’ai une amie proche qui a acceptée de m’aider pour les études. A la fin de chaque cours, elle me ramené ses notes et ses devoirs et on les fait ensemble et ainsi de suite.

Cette fille c’était Eileen Eastwood. Sa confidente mais aussi sa meilleure amie. Elle avait disparu du château en début d’année et n’était revenue qu’en pleins milieux. Pour qu’elle raison ? Carry l’ignorait et ne voulait pas le savoir sauf si Eileen souhaitait en parler, autrement non, cela ne l’intéressait pas.

Ne voulant pas dériver la conversation sur Eileen, Carry laissa un long silence s’installer entre la Poufsouffle et elle. Elle prit le temps de la regarder puis de se tourner vers son entourage en faisant attention au moindre bruit qui se démarquait du bazar sonore qui grondait dans la salle. Elle-même ne savait même pas ce qu’elle cherchait mais en reposant son regard sur Aelle, Carry sentie comme un vertige prendre possession de son corps pendant une poignée de secondes.
Le temps s’allonge doucement tout comme les rayons du soleil qui commencent à s’élever de plus en plus haut dans le ciel. La lumière vint éclairer doucement le haut du crane de la Poufsouffle révélant ses yeux sombres.

-Tu sais, tu n’es pas obligée de faire ce que tu fais, rester avec moi et avoir pitié. Reprit-elle gentiment en souriant a moitié à Aelle. Je voudrai juste savoir ce que tu veux Bristyle. Pourquoi tu viens me voir comme ça, aux yeux de tous en sachant pertinemment que ta réputation en prendra aussi un coup ? Il y’a quelque chose en quoi je pourrai t’être utile ?

Renvoyée de Poudlard
5ème Année RP (2047-2048)

Chasseuse de né-moldus professionnelle
Fiche Eleve

28 août 2020, 14:01
 Fin  Solitude partagée  Table de Poufsouffle   A.B 
Je m'excuse. J'aurais dû répondre bien plus tôt.

« Je ne peux plus la pratiquer la magie du tout... »

Une phrase. Une simple petite phrase qui résume tout ce que je craignais. Je pousse un soupir las qu'entendra très certainement Harrison et croise les bras sur la table. Je ne suis pas assez révoltée pour l’interrompre, mais ce n’est pas l’envie qui m’en manque. J’étais certaine que je devais venir, je le sentais. Il évident que cette gamine est perdue et qu’elle a perdue toute capacité de réflexion. C’est très clair dans mon esprit, clair comme de l’eau de roche et mes pensées s’échauffent, écoutant à peine ce que l’autre raconte : *je sais comment l’aider*, me susurrent-elles, je sais ce que je dois faire, je sais comment je dois m’y prendre et je vais même—

« … j’ai une amie proche qui a accepté de m’aider pour les études. A la fin de chaque cours, elle me ramène ses notes et ses devoirs et on les fait ensemble... »

*Qu’est-ce que…*.
Mes pensées sont anéanties par ces mots. Chacun d’eux rentre directement dans ma tête pour les réduire en cendre. Et bientôt, il ne reste plus rien. Seulement ma bouche entrouverte, mes yeux vagues et le désespoir qui grimpe le long de mon être pour venir s’installer dans mon coeur qui a cessé de battre.

L'air un peu idiote, certainement, je regarde Harrison. Et c’est sur ces mots que mon esprit retrouve sa vivacité : tu es idiote, me dit-il, et il a parfaitement raison. Je suis idiote d’avoir cru qu’elle m’attendrait moi, inconnue, pour avancer dans la vie. Je suis idiote d’avoir espéré qu’elle m’attendait. D’avoir voulu qu’elle ait besoin de mon aide. Mais c’est clair qu’elle n’a pas besoin de moi. Elle a déjà une amie proche qui fait exactement ce que j’avais pensé (très vaguement jusqu’à présent, mais je ne peux plus ignorer la couleur de mes envies, désormais) faire : lui donner les cours et l’aider à apprendre, pour ne pas qu’elle se rouille, pour qu’elle n’oublie pas qu’elle est toujours sorcière.

C’est un coup dur, pour moi. Je me sens tout à fait bête, et un peu désespérée également. J’ai l’impression de m’être ridiculisée. J’essaie, en vain, de me rassurer : Harrison ne peut pas avoir deviné pourquoi je suis venue la voir, elle ne le peut pas. Personne ne le sait. Je résiste à l’envie de me tourner pour vérifier que personne ne nous regarde, ne me regarde un sourire aux lèvres. Je résiste, parce que je les sens de toute manière. Les regards nous frôlent, nous jugent. Les Autres se disent-ils : « les deux Hontes de Poudlard ensemble, c’est bien leur place » ?

Je ne prends conscience du temps qui passe qu’à l’instant où l’ancienne Serpentard retrouve la parole. Je me trémousse sur ma chaise, mal à l’aise sous le joug de son regard sombre. Moi aussi j’ai les yeux couleur d’obscur, mais les siens sont plus insondables que les miens. Cela me dérange. Je lutte pour ne pas le montrer, je me suis assez ridiculisée comme cela. A la place, je préfère montrer mon mécontentement. Les paroles d’Harrison me font froncer les sourcils et pire que ça, elles font s’emballer mon coeur — le souvenir de ma précédente petite humiliation n’aide pas à me contrôler.

« Je n’ai pas pitié, Harrison, » rétorqué-je sans attendre. Mes poings se serrent. Je ne devrais pas m’agacer. Lorsque je m’agace, j’ai tendance à… « Tu connais mon nom, tu sais qui je suis, non ? Y’a un an, c’est moi qu’étais à ta place, t’es pas la seule à avoir su-subit le courroux de… »

Je n’arrive même pas à prononcer son nom. Je secoue vaguement la main en direction de la table des professeurs — qu’elle comprenne ou ne comprenne pas ce que je veux dire, cela m’importe peu. Je prends une grande inspiration pour me calmer. Lorsque je m’agace, j’ai tendance à dire n’importe quoi et à ramener sur le plateau des choses dont je ne veux pas parler.

« Ma réputation, continué-je néanmoins, le regard fuyant, elle a pas besoin de t-toi pour en prendre un coup. »

Un sourire ironique tend à me grignoter le visage. Comme si quelqu’un en avait quelque chose à foutre qu’Aelle Bristyle fréquente Carry Harrison ! Cette fille me prête bien trop d’importance. Il n’y a absolument personne dans cette salle qui se préoccupe de mes fréquentations. Sauf peut-être Aodren, et je n’ai d’ailleurs pas envie de me tourner en direction de la table des Serpents. Je ne supporterais pas de le voir me regarder avec jugement.

Fourchette en main, je joue avec les aliments dans mon assiette sans avoir le courage de les avaler. Une envie pousse au fond de ma gorge. Elle va me forcer à parler, je le sens. Je la prends de court et marmonne d’une voix lasse :

« Tu peux pas m’être utile, nan. Et moi non plus. » J’abandonne mon couvert dans mon assiette, pose mes deux mains autour de celle-ci. Il va falloir que je m’en aille si je ne veux pas me ridiculiser davantage. Je dépose mes yeux sur le visage d’Harrison. « La théorie, c’est bien, soufflé-je finalement, sur la réserve. Tu peux aussi… T’entraîner à lancer des sortilèges. Pour le geste, pour l’habitude. Enfin, t’es déjà bien entourée. »

Je déteste le fait que dans ma dernière phrase résonne le regret. J’aimerai revenir sur mes mots, les empêcher de sortir de ma bouche, mais c’est impossible. Alors je me fige, le dos droit, le menton dressé, le regard fier. Je défis Harrison de dire quoi que ce soit, de se moquer, de me repousser. Ainsi, je me sens presque forte. Presque.

22 sept. 2020, 04:03
 Fin  Solitude partagée  Table de Poufsouffle   A.B 
Ne t’inquiète pas ce n’est pas grave ! Moi aussi j’aurai dû répondre plus tôt, je met notre RP en priorité

-Kristen Loewy, reprit Carry rapidement avec mepris pour terminer la phrase de la Poufsouffle. Le courroux de Kristen Loewy.

Aelle Bristyle. Une Poufsouffle qui n’y ressemble point du point de vu de Carry. C’est une fille qui semble forte a première vue mais qui cache leur sentiments derrière des mots soi-disant encourageant. Morrigan, la grande sœur de Carry, lui avait parlé une fois de ce genre de personne. Des individus qui essayent de passer outre ce que leur dise leur cœur et qui finalement se font souffrir eux même. Pour quelle raison ? A part eux, personne ne pouvait le dire.

Carry observa Aelle avec intérêt en étudiant chacun de ses gestes discrètement. Anxieuse ? Pressée ? Elle n’était pas bonne pour deviner ce qui se passait dans la tête des autres mais elle arrivait à voir qu’Aelle Bristyle était troublée. Un personnage qui commençait à devenir fascinant aux yeux de la Sang-pur qui commençait enfin à abandonner cet air triste qu’elle n’arrêtait pas de revêtir en public. Elle en avait marre de passer pour une faible, il était temps de se relever et d’afficher un visage fière.


-Alors comme ça tu penses déjà savoir que tu ne peux pas m’être utile ? [/i]Demanda-t-elle dans un petite rire, toute souriante avec un ton ironique. Tu te trompes. Tu as été dans ma situation l’année dernière et aujourd’hui c’est moi qui suit à ta place. Tu sais ce que je suis en train de vivre je pense et crois-moi j’aurai plus besoin de toi que tu ne peux le penser.

Bristyle ne le réalisait peut-être pas, mais l’entourage de Carry rétrécissait a vu d’œil. Toute nouvelle personne qui souhaite s’ajouter est la bienvenue tant qu’elles savent dans quoi elles s’engagent.

-Bien entourée, oui mais pas assez. Lui souffla-t-elle en la regardant. J’ai besoin de personnes de confiances autour de moi pour ne pas sombrer dans la folie et pour m’aider à ne pas être en retard sur le programme mais ce genre de personnes se font rare pour ne pas dire quasi inexistantes. En dehors de ce moment dans la grande salle, il m'est interdit de parler avec qui que ce soit...

Carry plongea doucement sa main dans sa robe et y sortie la base de sa baguette cassée et la déposa doucement sur la table devant Bristyle. C’était la première fois qu’elle l’exposait publiquement. Dans l’ordinaire, elle l’aurait cachée et ne l’aurait jamais sortie sous aucun prétexte, ayant trop honte de reconnaitre son incapacité de faire de la magie. Cependant, avec Aelle Bristyle c’était diffèrent. Elle avait vécu quasiment pareil situation et était la plus à même à aider la sang-pur à s’en sortir.


-Tu dis que je ne peux pas t’être utile mais je pense que c’est faux. Il est vrai qu’à Poudlard je ne suis personne mais je suis sûre qu’en dehors de ce château, je peux t’apporter beaucoup plus… Si tu m'offres ton aide, tu pourras me demander ce que tu veux et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour le realiser.

Carry posa ses mains sur la table autour de son assiette, elle leva les yeux vers Aelle et presenta son sourire le plus confiant possible. Si Aelle acceptait ce serait le debut de quelque chose de possiblement grand.

Renvoyée de Poudlard
5ème Année RP (2047-2048)

Chasseuse de né-moldus professionnelle
Fiche Eleve

23 sept. 2020, 18:36
 Fin  Solitude partagée  Table de Poufsouffle   A.B 
Entendre le nom de la Directrice dans la bouche de cette fille me fait presque perdre ma posture de fierté, presque. C’est le mépris qui accompagne ces mots qui me retient de frémir. Un mépris que je comprends, mais que je n’accepte pas même si je n’arrive pas à comprendre pourquoi. Pourquoi cela me dérangerait-il que l’on parle avec mépris de Kristen Loewy ? C’est complètement idiot. Je repousse mes pensées et me concentre sur Harrison. J’essaie de ne pas détourner le regard pour ne pas qu’elle pense que ses mots me font de l’effet, pour ne pas qu’elle s’imagine quoi que ce soit et qu’elle comprenne pourquoi je suis ici.

Le changement dans l’attitude de la Serpentard me fait froncer les sourcils. Je l’observe avec retenue, de plus en plus réservée au fur et à mesure qu’elle parle. Mais je ne peux pas empêcher mon coeur de réagir, impossible. Alors il sursaute, mon coeur, il sursaute lorsqu’Harrison énonce simplement : « Et crois-moi, j’aurai plus besoin de toi que tu ne peux le penser. ». Oh, je ne suis pas idiote, je ne suis pas naïve, je ne fais absolument pas confiance à cette fille et ses paroles n’ont pas la force nécessaire pour réellement me bouleverser puisque je n’y crois guère, mais… Mais elles font réagir mon coeur, tout simplement. Elles l’habillent d’espoir, ce fichu cœur.

Et Harrison bouge. Et Harrison fouille sa poche. Mes pensées cris : *baguette !* avant de s’apaiser ; Harrison n’a plus de baguette, je m’en souviens très bien, je l’ai entendu se faire briser, sa baguette. Je me souviens encore du bruit qui a résonné dans toute l’infirmerie, un bruit terrible, un craquement qui me hantera encore longtemps. Je ne sais pas ce qui me hante le plus dans cette histoire : le craquement de la baguette ou que ce craquement soit du fait de Kristen Loewy ? Ce bruit m’a renvoyé des mois en arrière, lorsque la même femme m’a expulsé de son château. Ce jour-là, en entendant la baguette de Carry Harrison être brisée en deux aussi facilement, j’ai pris conscience que cela aurait pu m’arriver à moi ; que cela pourrait m’arriver. C’est une peur immense qui m’a grignoté le cœur avec cette prise de conscience. Pendant des semaines et des semaines, j’ai été incapable de penser à Loewy ou même de la regarder, tant j’avais peur de ce qu’elle était capable de faire. Avec le temps, j’ai compris que seule une erreur aussi grosse que celle faite par Harrison pourrait obliger la femme à briser ma baguette — mais cela n’empêche pas mes cauchemars d’être habités par ce bruit immonde.

Nerveusement, je ramène mes bras contre mon torse, le regard oscillant entre le morceau de baguette et le visage de la Serpentard. Mon coeur rate un battement avant de repartir de plus belle, s’affolant dans son carcan.

« Si tu m'offres ton aide, tu pourras me demander ce que tu veux et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour le réaliser. »

Et voilà, nous y sommes. J’ouvre la bouche, mais aucun son n’en sort. C’est la toute première fois de ma vie que je rencontre une personne qui me ressemble autant. Il y a cette part d’obscurité chez Harrison qui me fait très peur car elle me fait songer à la mienne… À ma propre violence. Mais ce n’est pas tout. Harrison n’est pas en train de me demander mon aide. Elle est en train de l’échanger. Comme si tout était question d’échange, comme si rien n’était gratuit. Et cette façon de penser, je la partage. Échanger des services permet de ne pas se coltiner des dettes plus tard. Harrison l’a parfaitement compris. Je devrais discuter plus souvent avec les Serpentards, ils ont une jugeote dont les Poufsouffle ne sont pas dotés.

Je me redresse, osant à peine prêter attention à cette fichue baguette brisée qui me donne des frissons. Ce n’est pas décent d’afficher une telle aberration. Mais étrangement, elle me conforte dans mon choix de me tenir ici aujourd’hui. Je plonge mon regard dans les billes sombre d’Harrison.

« J’accepte. » Un léger sourire étire mes lèvres, mais il ne se retrouve pas dans mes yeux. « T’as quoi à m’offrir ? Et comment tu peux me prouver que j’aurais bien ce que je demande en échange de mon aide ? »

Je me fiche qu’Harrison croit que je l’aide seulement par intérêt. Moi, je sais que c’est faux. Tout au fond de mon cœur, je sais que l’aider sans ne rien avoir en retour aurait suffit à me contenter ; elle n’a pas besoin de le savoir.

« Non pas que je doute pouvoir te retrouver n’importe où pour avoir mon dû, soufflé-je sur un ton faussement léger, mais… Je veux être sûre. »