L'heure du petit-déjeuner. Probablement le moment préféré de la journée d'Eileen. Après tout, comment ne pas aimer l'occasion de s'empiffrer de nourriture sucrée pour faire le plein jusqu'à midi ? C'est d'ailleurs avec un grand sourire qu'Eileen s'y rendait en cette belle journée de début Novembre. Les yeux pétillants, elle rentra dans la Grande Salle et analysa rapidement la pièce. Emma Pan était assise à la table de Serpentard et cela n'étonna nullement la blonde vénitienne. Elle l'avait vue quitter la Chambre des Guivres avant elle quand elle ne sortait encore que de son lit mais elle s'était promise d'accélérer le mouvement pour rejoindre sa nouvelle amie. Quelques jours auparavant, les deux s'étaient trouvées. Eileen ne savait comment le décrire, mais elle éprouvait maintenant une urgence de tout partager avec la rousse. Le petit-déjeuner, les révisions, les potins, les soirées pyjamas. Elle se sentait liée à cette fille qui, six jours avant, méprisait sans raison.

Heureusement, alors que son regard ancien aurait été indifférent, il était maintenant heureux de voir la jeune fille. Le pas chantant, elle se dirigea vers elle, faisant voler ses longues ondulations dans son dos. Elle s'assit en face d'elle, un grand sourire sur les lèvres.

"- J'ai trop, trop faim !, dit-elle abruptement à l'intention de son amie."

Elle se servit immédiatement de quelques douceurs, son estomac gargouillant à la vue de toute la nourriture, ce qui la fit rire. Elle croqua dans un pain au chocolat à pleine dents, lâchant un long "Miam !" qui en disait long sur la qualité de la viennoiserie. Son estomac désormais un peu calmé, elle regarda Emma, les yeux souriants. En baissant ces derniers, elle observa le plat d'Emma qui était encore rempli. Intérieurement, la blonde grimaça. Emma lui avait fait part dans la volière de la maladie qu'elle avait surmontée, l'anorexie. Elle n'en connaissait pas un rayon dessus, voire même rien du tout, mais elle savait que voir un plat rempli devant Emma alors qu'elle était arrivé bien plus tôt dans la Grande Salle n'augurait rien de bon.

"- Tu as bien dormi ?, demanda-t-elle, reprenant son sourire qui avait tenté de s'évader. J'ai dormi comme un loir, gloussa-t-elle."

À côté des deux jeunes filles trainait un exemplaire de la dernière édition de la Gazette du Sorcier qui parlait de l'emprisonnement d'Ursula Parkinson à Azkaban, donnant les frissons à Eileen qui le reposa immédiatement. Au passage, elle attrapa un des pains au chocolat et la donna à Emma.

"- Tu DOIS goûter ça, c'est délicieux, dit-elle innocemment, un large sourire sur les lèvres."

Ses yeux se reposèrent sur le journal, et la blonde grimaça.

"- Brr, ça fait froid dans le dos ces histoires. Azkaban, ça doit vraiment être le pire endroit au monde. Et les Détraqueurs... Une horreur ces trucs-là."

Un nouveau frisson parcourut son échine. Elle avait si peur d'un jour se retrouver face à l'une de ces créatures et pourtant, elle rêvait d'un jour pouvoir lancer un patronnés, ce qui était totalement contradictoire. Mais Eileen aimait relever des défis.

"- Ils ont détruit plein de choses à Godric's Hollow. Je me demande comment ça va être maintenant..."

À dire vrai, Eileen n'était jamais allée à Godric's Hollow, mais cela n'empêchait rien qu'elle avait peur de ce qui allait se passer désormais. Elle se sentait légèrement désolée d'avoir lancé un sujet aussi froid mais l'exemplaire du journal l'avait obligée. Mais elle ne craignait pas que la discussion dérive vers un sujet plus joyeux, elle était experte en la matière et, de ce qu'elle pouvait sûrement deviner, Emma n'allait pas non plus vouloir épiloguer sur un sujet de papote aussi triste.

Et ainsi, sans aucune grâce, elle recroqua dans son pain au chocolat en espérant qu'Emma fasse de même.

@Emma Pan J'espère que ça te convient

Le petit déjeuner. Ce moment ou l'on est encore mi- réveillé, mi- endormi. Ou tout le monde lève son verre pour saluer le lever du soleil.

Rrr, qu'est-ce que, j'fais là, moi ? J'ai passé une nuit atroce hanté par des cauchemars n'ayant ni queue ni tête, et me voilà, planté là, devant une jeune fille brune qui n'arrête pas de pouffer, et servir tout le monde en viennoiserie. J'ai envie de lui dire d'arrêter, et d'la fermer, mais je suis trop fatigué. Pourtant, je me suis placé en queue de table, croyant pouvoir éviter ce genre de chose mais apparemment, non.
Je me contente de suivre ma devise : ferme les yeux, les gens t'oublieront.
Pourtant lorsque je repère les boucles blondes d'Eileen qui oscillent devant mes yeux, je ne peux réprimer un sourire. Cette fille a le don de me faire rire, chose qui ne m'arrivait jamais avant.
Je la regarde s'assoir à côté de moi, et se servir copieusement. Mon cœur se noue.

En la regardant mordre dans son p'tit pain, je fixe mon regard sur un point invisible.
Depuis, cette... Histoire, je n'ai plus jamais éprouvé de plaisir à croquer dans de la nourriture, je mange parce que j'y suis obligé, et que je ne veux pas que ça recommence, je n'y survivrais pas.

Pourtant, en voyant Eileen se régaler, et lâcher un "miam" je suis presque tenté d'en saisir un.
Pourtant, je me ressaisis. *Tu veux finir grosse, obèse ?! Oublie ça tout de suite !*
Ok. Après tout, louper un repas n'a jamais tué un homme, si ? Et puis ça ne serait pas le premier...

- Tu DOIS goûter ça, c'est délicieux !

Hein ?! Je repousse brusquement la main d'Eileen, et tente de me rattraper, en accompagnant ma phrase d'un sourire pincé :

- Non non ! Heu, nan mais j'aime pas les p'tit pains.

Je lui souris, en espérant qu'elle comprenne, et qu'elle n'insiste pas, au quel cas, je serai obligé de partir. Je n'est jamais supporté les gens qui disent vouloir prendre soin de toi, mais qui se prennent pour des médecins renommé, pourtant, j'ai découvert chez Eileen, une personne qui sous ses airs qui peuvent être énervants, quelqu'un à l'écoute. En quelques sortes, je me sens liée à elle, comme si nous partagions un secret, dont nous seule avons le clé.

Je suis son regard, et découvre un exemplaire de la gazette. Bien triste, ce qu'il se passe en ce moment...

- Brr, ça fait froid dans le dos ces histoires. Azkaban, ça doit vraiment être le pire endroit au monde. Et les Détraqueurs… Une horreur ces trucs-là.
Ils ont détruit plein de choses à Godric's Hollow. Je me demande comment ça va être maintenant...

Un long frisson parcours le long de mon échine. Pour rien au monde je ne voudrais me retrouver là-bas.

- Ouais, bah après tout, l'essentiel, c'est qu'ils arrêtent les bonnes personnes, nan ?

Je pense à ma mère, derrière des barreaux, dans une cellule capitonnée, et j'esquisse un rictus, c'est tout ce qu'elle mériterait celle-là...
Ne voulant pas approfondir ce sujet, je me tourne vers Eileen -qui mord toujours dans son pain au chocolat- et l'envie me prend de faire une bêtise. Je cherche des yeux l'instrument de torture, et repère un verre dans lequel reste un fond de jus d'orange. Je lorgne vers la table des professeurs, et note que tous ont l'air absorbé dans une grande discutions. En plus, je suis en bout de table, aucune chance que je me fasse repérer ! Je saisis discrètement le verre, et tandis qu'Eileen s'apprête à croquer dans son p'tit pain, jette le contenu sur sa tête en lançant hilare :

- On a dit qu'on parlait pas des sujets tristes, te voilà prévenue Adams !

@Eileen Adams, j'ai adoré écrire ce post , j'espère qu'il te plait

La première tentative pour essayer de faire déguster le petit pain à Emma avait été un échec mais il en fallait plus pour décourager la blonde qui haussa les épaules après son refus. Emma semblait tout aussi effrayée par le coup d'état qui venait de se dérouler. Pas étonnant, c'était vraiment effroyable tout ce qu'il pouvait se passer dans le monde sorcier. L'inconnu, l'incertitude. Néanmoins, Eileen était trop jeune pour pouvoir comprendre et bien que cela l'inquiétait légèrement, elle ne s'y intéressait pas non plus tant que ça. Elle préférait mille fois penser à sa réussite ou à comment contourner le règlement. D'ailleurs, elle espérait qu'Emma pourrait peut-être essayer l'aider à le faire.

Aussitôt que cette pensée lui traversa l'esprit, un giclée de liquide orange lui atterrit dans le visage sans crier gare. Subjuguée d'abord, elle entendit les rires de la rousse ensuite.

"- On a dit qu'on parlait pas des sujets tristes, te voilà prévenue Adams !"

Alors là ! Eileen s'essuya les yeux d'ailleurs sans prononcer un mot puis regarda Emma, la bouche en O. Avant de littéralement éclater de rire. Elle ne connaissait pas la Serpentard de cette façon mais, quoiqu'il en était, elle l'aimait comme ça aussi. Elle se lécha les babines remplit de jus d'orange et regarda ses cheveux maintenant tous collants. Cela ne la ravissait pas nécessairement, ils étaient plutôt durs à laver tant ils étaient longs et difficile à démêler de nature, mais tout de même, Emma venait de la surprendre et elle adorait ça. Elle jeta un regard joueur à son amie.

"- Alors toi, tu vas me le payer !, dit-elle sur le ton de la rigolade."

Elle regarda rapidement autour d'elle à la recherche de quelque chose d'encore plus gluant et collant que du jus d'orange et, le regard mesquin, prit une cuillère qu'elle plongea dans le pot de marmelade à l'abricot. À l'aide de ses doigts, elle attrapa l'autre extrémité et, assénant un peu de pression, lâcha soudainement l'extrémité, catapultant la gelée vers Emma. Cela lui connaissait, les batailles de nourriture. En vacances avec ses cousins, c'était presque une routine. C'était donc sans difficulté qu'elle visa juste et que la confiote atterrit dans le visage d'Emma. Un sourire satisfait sur le visage, elle pouffa de rire avant d'afficher un air suffisant.

"- L'élève ne va pas dépasser le maitre de sitôt, quand même, fit-elle, son ton frôlant l'arrogance."

Si Emma voulait la guerre, elle l'aurait. C'était bon enfant, mais Eileen était compétitrice et elle n'allait pas se laisser faire. Elle piocha une pomme dans une des corbeilles à fruit et croqua dedans avant de la tendre à Emma.

"- Tu peux capituler si tu veux, je ne t'en tiendrai pas vigueur, fit-elle sur le ton de la rigolade."

@Emma Pan Un peu plus court mais j'ai également beaucoup ri en écrivant ce post, j'espère que ça te conviendra

La réaction d'Eileen ne se fit pas attendre ! Elle ouvrit la bouche dans un "o" parfais, et sembla au bord de l'évanouissement, puis éclata d'un rire extrêmement contagieux. Comme si elle m'avait vaporisé du gaz hilarant, je la reprit aussitôt et bientôt je me tenais le ventre tant j'avais mal à force de rire.
Essuyant une larme du coin de l'œil, je ne vis pas venir de... De la quoi ?!!! Du pudding ?

Hum, je passais un doigt dans la mixture et reconnus l'odeur alléchante de la marmelade.
Faisant courir mon index le long de ma tempe d'un geste taquin, je l'engloutit d'une traite, avant de rire aux éclats.
C'est dingue ça ! Eileen avait peut-être un réel pouvoir, ou peut-être cachait-elle une bouteille de gaz hilarant dans sa manche ?! M'enfin, la première manche avait été fastoche, un fond de jus d'orange, ça n'a jamais tué personne ! Les cheveux tout collants de confiture, je grommelais dans ma barbe en me demandant à quand remontait mon dernier shampoing. Hum... Et bien ça me donnera une raison pour les laver... La dévisageant, un regard joueur brillant dans mes iris, je cherchais des yeux ma revanche.

- L'élève ne va pas dépasser le maitre de sitôt, quand même,

Je passais outre la taquinerie et saisissais discrètement des miettes de pain au chocolat, non mangées par les hiboux qui avaient déjà commencé leur ronde matinale.

- Tu peux capituler si tu veux, je ne t'en tiendrai pas vigueur, lança Eileen en pouffant.
- Mais bien sur, enfin Eileen, tu devrais le savoir, une Pan, ne se décourage jamais !

Ca m'allais bien de dire ça, tiens...
J'assemblais un gros tas de miettes, qui devait dépasser les trois bon centimètres et les rassemblaient dans un verre, que je portais machinalement à mes lèvres, avant de vider son contenu sur le sommet du crane d'Eileen, formant ainsi une petite pyramide bien droite, si parfaite qu'on aurait pu penser qu'elle avait mis cinq heures à mouler.

- Attends, bouge pas !

Je lui saisissais le manche avant qu'elle ne se lève pour secouer ses boucles.

- Adams, je te défis de faire, disons, je fais mine de réfléchir...
- Cinq pas ! Si tu arrives à faire cinq pas d'affilés sans renverser les miettes, je...

N'ayant aucun idée du gage, je la laisser décider de mon sort si je perdais :

- Bah tu décides !

Ouille, ouille, j'avais grand intérêt à gagner ce défi... Dans le cas contraire je devrai surement m'accrocher aux pattes d'un hibou et parcourir la Grande-Salle dans mon nouveau moyen de transport...

@Eileen Adams à toi !

L'heure du petit-déjeuner. Probablement le moment préféré de la journée d'Eileen. Et il venait définitivement de le devenir. Plus la discussion avançait, plus les rires de la blonde grandissaient. Et elle ne put s'empêcher de rire un peu plus en voyant Emma engloutir la marmelade tout rond.

Toutefois, elle ne semblait pas être prête à capituler. Les entrailles d'Eileen frétillaient d'excitation. Faire des bêtises était sûrement l'un de ses passe-temps favoris alors quand elle était prise au défi de faire la plus grosse, cela ne pouvait que lui plaire. Mais lorsqu'elle se fit chapeauter d'une pyramide de miettes de pain et qu'elle était sur le point de tout secouer sur la tête d'Emma à son tour, elle fut stoppée net.

Un nouveau défi ? Pff, du gâteau. Les yeux de la jeune fille de onze ans brûlaient d'exaltation. Si elle avait pu, elle sautillerait sur place mais elle ne pouvait pas laisser Emma gagner aussi facilement. L'esprit de compétition de la jeune Adams prenait le dessus sur tout son bon sens - bien que ce dernier n'était généralement pas très développé.

"- Tu es sûre que c'est le défi que tu veux me donner ? Ta sentence sera terrible, étant donné que je vais réussir, tu sais ça ?"

Bien sûr, cette fausse arrogance était accompagnée d'un oeil espiègle qui en disait long. Elle disait tout cela sur le ton de la rigolade et c'est ainsi qu'elle maquillait sa suffisance. Elle était persuadée de réussir son défi. Si persuadée, qu'elle était prête à corser les choses. Elle se leva alors doucement, passa ses deux jambes au-dessus du banc de la table et se tint bien droite devant son amie.

"- Cinq pas, mh ? Que dirais-tu de dix ? Et si je réussis, tu goûtes à mon truc au chocolat ! Tu verras, c'est meilleur que mes blagues, fit-elle avec un clin d'oeil."

Elle posa ses poings sur ses hanches, fière, ses cheveux toujours collants de jus d'orange, c'était un bien piètre spectacle. Eileen avait l'air ridicule mais elle n'en avait que faire. Cela la faisait rire et elle ne portait pas beaucoup d'attention au regard des autres. Son être transpirait de confiance en soi, mais ce n'était pas de la confiance mal placée. Elle était juste satisfaite de la personne qu'elle était, et non pas soucieuse de ce que les autres avaient à dire sur sa personne.

Elle regarda Emma, un rictus au coin des lèvres. Elle se trouvait plutôt généreuse : le gage d'Emma, elle aurait bien aimé le recevoir. Mais ici, bien que déguisée, c'est son inquiétude qui transperçait ses mots. Voir Emma ne rien manger après sa déclaration, elle ne pouvait pas simplement la laisser faire. Il lui fallait agir. Et si c'était sous forme de gage qu'elle devait la faire goûter au bonheur de manger, alors elle le ferait. Heureusement, tout ce qui se déroulait dans la tête d'Eileen, Emma ne le savait pas et Eileen espérait qu'elle ne verrait pas ici la faiblesse qu'elle avait en ayant du souci pour son amie, bien que ça soit la chose la plus naturelle au monde. Mais la blonde aimait faire son cinéma et ne rien laisser transparaitre, c'était comme ça. Porter trop d'attention aux autres, c'était se rendre vulnérable, elle n'aimait pas ça.

"- Bon, regarde ça, Pan !, fit-elle, le goût du défi dominant sa voix."

Elle commença alors à marcher droit, le pas rapide mais minutieux. Les petites leçons de sa mère pour lui apprendre à marcher avec élégance payait. "Une jeune fille doit marcher droit et élégamment, chérie, c'est comme ça", la voix de sa mère résonnait dans sa tête. Il était drôle de penser au fait que ses parents si aimants et calmes puissent être aussi stricts, mais ils aimaient l'ordre, qu'Eileen adorait déranger. Mais néanmoins, elle n'oubliait pas tout ce qu'ils lui avaient imposé, à défaut de ne pas les appliquer.

Un, deux, trois pas. C'était droit, concis. Quatre, cinq, six. Elle y était presque. Sept, huit, neuf. Encore un. Un élève qui arrivait en courant la bouscula. Elle ne pouvait pas avoir droit à l'échec. Se rattrapant comme elle pouvait, le visage déformé par la peur de l'échec, il s'en suivit une danse un peu ridicule où Eileen gigotait dans tous les sens, provoquant quelques rires chez les autres tables.

"- Noooon !"

Mais finalement, elle se redressa après une bonne minute d'imitation de funambule. Victorieuse, elle secoua sa tête avant de retourner se poster devant Emma, le torse bombé par la fierté.

"- Et hop, c'est qui la meilleure ?, elle se pencha pour tapoter le nez d'Emma. C'est bibi, dit-elle avant d'éclater de rire."

Elle se rassit alors à la table, sa grâce l'ayant quittée car elle était totalement avachie. Elle alla piocher une couque au chocolat qu'elle tendit à Emma, son rictus reprenant sa place à la commissure de ses lèvres.

"- Chose promise, chose due !"

@Emma Pan je me suis beaucoup amusée, à toi !

- Cinq pas, mh ? Que dirais-tu de dix ? Et si je réussis, tu goûtes à mon truc au chocolat ! Tu verras, c'est meilleur que mes blagues !

Mon sourire s'évanouit, et mon cœur sombra dans ma poitrine. Eileen ne pouvait pas me faire cela, je lui avait déjà expliqué.

Pourtant, cette dernière semblait si sure d'elle, si confiante, que je ne pu m'empêcher d'esquisser un sourire. Elle n'allait pas réussir, dix pas, c'était trop, beaucoooup trop avec un tas de miettes sur la tête.
J'hochais la tête vaguement amusée par son comportement, mais une boule s'était formée dans mon ventre, et grandirait à chaque pied qu'Eileen poserait sur le sol.

Je ne la quittait pas des yeux, persuadée que tôt ou tard, elle allait flanchée mais non, Adams tenait.
Je ramenais négligemment une mèche de cheveux collante qui me barrait le front, et constatais avec un faux dégout, la confiture qui descendait le long de mon menton.

Les pas d'Eileen se faisaient toujours plus surs, toujours plus assurés, si bien que ce n'était plus une boule de la taille d'une bille qui logeait dans mon ventre mais un mastodonte. Mon rictus arrogant s'était figé sur mes lèvres, et la sale commença à tourner autour de moi.

Mon regard suivait le moindre petit tressautement d'Eileen, et quand elle écarta les bras et les jambes à l'approche d'un garçon qui la bouscula, j'abattit le poing sur la table et dit d'une voix assez forte pour qu'elle l'entende malgré les pirouettes qu'elle était en train de réaliser pour se sortir d'affaire :

- Ha, ha, défis perdu !

Elle me regarda par dessus son épaule et retrouva son équilibre in extrémis, comme pas magie. Je faillis m'étrangler, ou vomir, ou m'évanouir. Eileen se dirigea vers moi d'un pas chaloupé, et bomba le torse à mon approche. Je la regardais sidérée, croyant que mon heure de mort avait sonnée. J'affichais un regard fuyant, et tout humour mourut en moi. Un rictus arrogant aux lèvres, Eileen, me tendit son...

- Chose promise, chose due !

Je la fixais, un long moment, un regard indéchiffrable dans les yeux. Mon esprit était livré à des contradictions infernales. Mange le. Ne le mange pas, tu vas finir obèse, c'est ce que tu veux, gr-o-ss-e. Je frissonna malgré la confiture qui me couvrait. Non, non, je ne le mangerais pas.
Pourtant, je connaissais assez Eileen pour savoir qu'elle ne lâcherait pas l'affaire. Mais c'était mon choix, si je n'avais pas faim. Mais est-ce vraiment la faim ? Non, je le savais, et il était hors de question que je retombe dedans. Prenant mon courage à deux mains, je tandis la main vers la couque au chocolat, et la saisis en tremblotant.
Eileen ne me quittait pas des yeux, ce qui faisait accentuer gravement mon rythme cardiaque.

Ce n'est que du chocolat, une bouchée, et Eileen sera contente. Après, tu pourras le reposer sans que personne s'en aperçoive, et aucun kilo en trop. Oui, c'était cela.
J'approchais les lèvres de la chose, et lorsque je mordis dedans, un long frisson me parcouru des pieds à la tête.

Je gardais dans un coin de la bouche, le morceau, et fis mine de me tourner pour attacher mes cheveux gluants, avant de cracher ma bouchée dans une serviette.
Je ne sus dire si Eileen m'avait vue. Je me tourna vers elle, et leva le pouce en l'air.

- Super bon !

Après quoi, une terrible envie de vomir et une affreuse culpabilité s'empara de moi.

@Eileen Adams à toi ❤

La rousse s'empara de la viennoiserie le regard hésitant et les mains tremblantes. Eileen l'avait remarqué et son petit coeur grimaça. Elle ne voulait pas faire du mal à Emma, elle ne voulait pas la forcer mais elle ne pouvait pas simplement la laisser. Ce jour-là, dans la volière, elle avait pris la responsabilité de la garder à flot. La raison de ce soudain dévouement à sa personne était encore floue mais Eileen ne savait pas agir autrement. Elle ne voulait pas agir autrement.

Malgré sa discrétion, la blonde la vit recracher dans sa serviette le petit bout qu'elle avait à peine mastiqué. La grimace de son coeur se transforma en froncement de sourcil énervé. Son franc parler allait la pousser à ouvrir la bouche et à répliquer mais elle se ravisa bien assez tôt. Elle joignit ses mains et décida de ne pas relever malgré sa petite voix intérieure qui lui criait de contester son action. "Emma, tu dois manger !" Une petite bataille se déroulait à nouveau dans sa tête comme lors de sa rencontre avec la jeune rousse. Ses petits archers tiraient des flèches vers ses chevaliers pour abattre la frontière de ses lèvres mais ils étaient tenaces. Pendant un court instant, le conflit guerrier qui se déroulait au plus profond de sa conscience la dérouta et son regard se perdit dans le vide mais après un rapide mouvement de tête, Eileen reprit ses esprits et reporta son regard sur Emma avec attention.

"- Super bon !"

Elle arbora alors un sourire joueur, faisant semblant d'avoir cru à sa supercherie.

"- Je te l'avais dit, un dé-lice, la chambra-t-elle."

Le visage de dégoût qu'affichait son amie la rendait triste, mais elle ne le montra point. Le torse bombé comme à son habitude, elle se replaça confortablement sur son fessier, se dandinant ridiculement. Elle se pencha alors sur la table, le regard perçant, les yeux plissés.

"- Bon, dit-elle, sur un ton de jugement."

Elle prit une longue pause, faisant légèrement monter la tension. Si Emma ne savait pas ce qui allait suivre, elle allait sûrement avoir l'impression que la blonde lui faisait son procès.

"- Pan, étant donné ma victoire écrasante, je propose que tu me dises un secret sur toi."

L'ironie de la chose était plutôt amusante, si le secret que la jeune Adams ne détenait pas déjà sur Emma n'était pas aussi gros. Bien sûr, Eileen était une tombe. Dévoiler des secrets était pour elle une abomination et elle ne le tolérait pas le moins du monde. Les plus légers comme les plus profonds. Gare à celui qui dévoilait le stratagème d'une de ses bêtises car la vengeance de la Serpent allait être terrible.

Néanmoins, un petit rire passa au travers de ses lèvres après sa dernière phrase. La raison pour laquelle elle aimait être aussi dramatique était inconnue, c'était probablement juste dans ses gênes, mais elle aimait ça.

Pour détendre l'atmosphère légèrement pesante quoique plus légère que lorsqu'Emma avait croqué dans la douceur, Eileen prit un air amusé, puis roula des yeux comme si Emma l'avait déjà réprimandée sur sa loyauté :

"- Ne t'inquiète paaas, il sera bien gardé avec moi, rit-elle."

Puis, se penchant un peu plus comme si elle allait lui dire un autre secret :

"- Et en échange, je te propose qu'on aille faire une petite... aventure."

Il était plutôt facile de voir qu'Eileen avait encore beaucoup à apprendre en négociations. Ou bien non ? Après tout, jusque là, tous ses stratagèmes l'avaient menée à une débouchée qui lui convenait. Et Emma ne savait pas encore que si elle acceptait son aventure, elles partaient encore ensemble vers quelque chose... d'intéressant.

@Emma Pan à toi

C'est avec plaisir que je regardais Eileen croire à ma tactique, bien que je n'étais pas dupe, son sourire en coin me laissait à penser qu'elle m'avait comprise. Je baissais machinalement les yeux, et tirais sur un accroc de mon pantalon. Le silence n'était pas oppressant, il était même plutôt relaxant.
Eileen le rompit la première.

- Bon, lança t-elle, avec un faux sérieux.

Un long moment s'écoula, pendant lequel je fixais toujours Eileen, un sourcil arqué, en train de me demander, ce qu'elle allait encore faire. Cette fille était une boule de joie sur patte, et bien que nous ne nous connaissions que depuis quelques jours, je l'adorais déjà. Fixant profondément mes yeux dans les siens, j'essayais de lire dans ses pensées, la chose folle qu'elle allait lancer.

- Pan, étant donné ma victoire écrasante, je propose que tu me dises un secret sur toi.

Un sourire étonné s'étala sur mon visage. Que voulait-elle dire ? Un secret, mon cœur en renfermait beaucoup. Regardant Eileen, je levais mon sourcil gauche, et plissa les yeux. Elle rajouta qu'il serait bien gardé, qu'est-ce qu'elle voulait, encore ? J'avais déjà mangé son horrible chose, enfin, gouté. Et elle n'avait pas la moindre idée, de ce que cela impliquait pour moi.

- Eilee..., commençais-je
- Et en échange, je te propose qu'on aille faire une petite... aventure, me coupa t-elle

Une aventure, qu'était-ce ? Eileen, ne voulait-elle pas parler de sauter de la volière, quand même ?
Ma curiosité piquée, j'arborais un léger rictus, preuve que je ne maitrisais plus du tout les évènements, ce qui n'était pas totalement déplaisant. J'aimais qu'Eileen dirige la danse, et son histoire d'"aventure" m'avait plus que décidée.

- Bon, on va faire différemment, dis-je, en la fixant dans le blanc des yeux.

Mon ton mystérieux, et ma voix faussement sérieuse donnaient quelque chose de drôle à la scène, mais, pour une fois, je m'en fichais.

- Mhhh, je veux bien te dire un secret, mais en échange d'un secret à toi, non négociable.
- Ah, j'allais oublier, je ne veux pas un secret pourri, du genre, tu mets du dentifrice dans les chaussures de ton père tous les matins, ok ?

Un nouveau rictus prit sa place à la commissure de mes lèvres, et je penchais la tête sur le côté, les sourcils levés, en attente de la réponse d'Eileen. Un secret que je n'avais jamais révélé à personne me sauta dessus, tel un ver d'eau glacé. Mon sang se figea dans mes veines, avais-je le droit de lui dire ?

@Eileen Adams, navrée pour cet affreux retard

Emma prenait les affaires au sérieux. Elle lui avait même dévoilé ses notions de négociations. Les business commençait désormais. La petite blonde s'offusqua dans un premier temps quand Emma n'accepta pas immédiatement mais une fois que cette dernière établit ses conditions, elle se ravisa. S'asseyant bien droit sur son fessier, elle ajusta une cravate imaginaire puis joignit ses mains devant elle avec un calme olympien.

"Faire autrement, mh ? Très bien, très bien.", pensa Eileen. Elle réfléchit. Un secret, qu'elle voulait ? Par Merlin, est-ce qu'Eileen en avait, seulement ? Bien sûr. Elle les disait même très rarement. Voire jamais. En fait, elle n'avait personne à qui les dire. Trop prudente, trop distante, personne ne s'y était jamais vraiment intéressé. Même ses cousins ne pensaient pas qu'elle en avait tant elle débitait un nombre incalculable de futilités à la minute la plupart du temps, ne laissant aucune place à un éventuel questionnement. Il faut le dire, Eileen savait comment se protéger de ce genre de conversation. Si elle les menait, elle ne laissait pas le temps à son interlocuteur de poser des questions qui pouvaient l'amener à se dévoiler. Elle réfléchit plus longtemps, si bien qu'on pouvait croire qu'elle était figée.

"- Mais je n'en ai pas, finit-elle simplement par dire. Je suis comme un livre ouvert."

Emma n'allait pas se satisfaire de cela, elle le savait bien. Mais Adams était trop bornée, trop réticente à parler d'elle pour laisser tomber le masque devant la rousse. Elle l'avait dit, elle ne voulait pas de secrets bidons. Dommage, ça, elle n'aurait eu aucun problème à déblatérer pour satisfaire la jeune Pan et Eileen portait trop d'importance à l'honnêteté pour lui en inventer un tout cuit.

Pourtant, quand elle regardait Emma, il y avait ce quelque chose de rassurant. Elle ne savait pas vraiment quoi, elle se sentait simplement bien en compagnie de son amie. Peu de temps qu'elles étaient un semblant de proche et pourtant, Eileen avait l'impression qu'elle n'avait jamais été aussi proche de quelqu'un. Enfin, à part... Non, c'était il y a trop longtemps, ce n'est pas comparable. Pourtant, dans les yeux d'Emma, elle y voyait la même lueur. La même chaleur. Et elle se sentait satisfaite de sa compagnie. Rien de plus, rien de moins. C'était le genre de moment où rien n'était nécessaire pour améliorer l'instant présent.

Eileen commença à se triturer les doigts d'un geste machinal. Elle voulait lui dire. Quelle drôle de scène : une Eileen embarrassée. Voilà quelque chose qu'Emma n'avait pas dû voir souvent. Malheureusement, pour l'instant, c'était trop tôt. Même la lueur, même la chaleur de sa camarade de dortoir n'allait pas suffire. Eileen se ressaisit.

"- Enfin, reprit-elle sur un ton espiègle, il y a bien quelque chose... Mais il faut que tu promettes que tu ne vas pas le dire !"

Un petit gloussement suivit ses paroles et elle arqua l'un de ses sourcils. Elle pouvait dire un tout petit secret, non ? Quelque chose de futile, de pas trop impo-

"- Ah ! Tu m'as presque eue !, s'offusqua-t-elle alors. Je t'ai posé la question d'abord, tu dois me répondre d'abord. Non mais oh ! On ne poussa pas mémé dans les orties, comme ça."

Elle la gronda en agitant son doigt devant elle tout en tapotant son dos pour imiter une petite grand-mère avec le dos recourbé. Elle tendit ensuite sa main vers elle, faisant de petits mouvements d'allers et venues avec ses doigts.

"- Allez, aboule le secret, Miss Pan-j'essaie-de-piéger-les-gens."

Les sourcils froncés, elle n'allait pas se laisser faire. Et Emma n'allait pas tout simplement lui reprendre sa victoire aussi facilement.

@Emma Pan à toi

J'étais tendu comme un arc. Je n'avais pas le droit de lui dire, Mère m'en voudrait, ou pire, j'allais me rappeler. Me rappeler des flammes, des pleurs, des lamentations de la première à la dernière. Du bruit de ces personnes qui étaient censés le sauver, et qui au final avait laissé périr la personne que j'aimais le plus au monde.
Mes yeux s'embuèrent de larmes, et je frottais d'un geste rageur ma manche contre mes paupières. Un flot de pensées noires me traversa et je tressaillis sur ma chaise. Regarder la réalité, je n'y étais pas prête. Reste stoïque Emma, reste stoïque.

Je n'entendais plus les paroles d'Eileen, je n'entendais plus rien. Comme figé, le monde continuait de tourner. Sans Moi. Des visages m'apparaissaient, pris dans de terribles tourments, puis s'évanouissaient en une volute de fumée ocre. Je ferma un instant les yeux. Ma tête me tournait horriblement. Sans m'en rendre compte, je m'étais levée.
Déglutissant péniblement, je me rassis lourdement sur la banc de bois qui me picota les cuisses.

- Allez, aboule le secret, Miss Pan-j'essaie-de-piéger-les-gens.

Mais que diable voulait-elle ? Je n'avais aucun secret, soit ils étaient trop gros, trop grands, trop lourds, si lourds que je ne pouvais les déplacer du fond de mon cœur où ils logeaient. Cela faisait longtemps qu'ils y étaient, si longtemps qu'ils faisaient désormais partis de moi. Je m'y étais habituée, songeant parfois à les révéler mais jamais je ne fus arrivée au bout. C'était bien trop compliqué. Alors, je me contentais le plus souvent de faire mine de rigoler, de les cacher, les camoufler, pour qu'ils ne ressortent jamais.

- Eileen, qu'est-ce que tu veux que j'te dise ?

Mais dans les yeux de la fille en face de moi, je ne distinguais qu'une chose, l'amitié qu'elle portait pour moi. Une chaleur monstrueusement contagieuse, un sourire diablement heureux, des joues d'une rose de joie, elle était heureuse d'être en ma compagnie, et elle n'aurait pu me faire de meilleur cadeau.

Je souriais tristement, et décidais d'y aller progressivement. Je savais pertinemment que je m'avançais en terrain glissant, et si j'allais trop loin, la valve de larmes allait se déclencher, et je perdrais le contrôle. Or, je détestais perdre le contrôle.

- Bon. Par un jour d'automne nait une jeune fille qui se prénommera Emma. Elle n'est pas beaucoup... Elle n'attire pas... Je... Ses parents ne lui accordent pas beaucoup d'attention. Enfin très peu. Non. Pas, ses parents ne lui accorde pas d'attention. Mais heureusement pour elle, son parrain, un homme d'une bonté sans faille, toujours à l'écoute des autres et très bienveillant, l'élèvera comme sa fille. La petite l'aimera d'un amour profond. Plus qu'elle n'avait jamais aimé quiconque.
Mais...

Ma voix se brise.

- La beauté, l'immortelle beauté ne dure jamais. Son parrain mourra brulé par les flammes de l'enfer, à cause de...

Mon souffle se coupe.
La valve cède.

@Eileen Adams à toi, désolée pour ce retard