Pourquoi ?
Pourquoi fallait-il que cette fichue urne soit à côté de *ma* table ?
N'aurait-elle pas pu être mise entre deux autres tables, mais pas celle de Serdaigle ? Non ? Il fallait vraiment que ce soit au centre de la Grande Salle et donc à côté de *ma* table ?
Évidemment. Ce n'aurait pas été drôle sinon, voyons.

Elle n'osait pas détourner mon regard de son assiette. A quoi bon ? Elle savait que toute l'école n'attendait que cela, qu'un signe de l'urne se fasse voir, entendre, sentir, ou quoi que ce soit d'autre qui... *j'sais pas*. Enfin si elle savait. Les paroles prononcées par Miss Montmort quelques mois plus tôt résonnaient toujours dans son esprit. Ils résonnaient tellement bien qu'elle pensait ne jamais réussir à s'en débarrasser. Mais il le fallait. Il fallait qu'elle passe à autre chose, qu'elle se rende à l'évidence que plus rien ni personne ne pourrait revenir en arrière, oublier tout ce qu'il s'était passé depuis l'année passée. Parce que c'était impossible à oublier. C'était encré dans l'histoire, ancré dans son esprit et sûrement celui des autres aussi. Et ce n'était pas bon signe.

Elle sentit quelqu'un passer derrière elle. Elle savait qui c'était, qui cela pouvait être d'autre que la place vide à la table des professeurs qui était parfaitement dans son champ du vision, bien qu'un peu flou car elle ne regardait pas vraiment dans cette direction. Mais elle était toujours proche de la table des professeurs, jamais elle n'allait plus loin que les cinq places les plus proches des adultes, encore moins si c'était pour s'approcher de cette fichue urne qui trônait au milieu de la pièce. Histoire de bien rappeler à tout le monde que Poudlard était obligé de participer à ce fichu tournoi, qu'ils ne pourraient pas y échapper à tout ça.

Ses mains se plaquèrent automatiquement contre ses oreilles lorsque le cliquetis retentit. Elle avait l'impression d'être retournée à ce jour de Septembre où tout avait commencé, où tout ce cauchemar avait débuté. Elle s'était sentie si vulnérable, si nulle de ne pas pouvoir contrôler la moindre réaction de son corps. Et elle aurait tellement voulu qu'Eridan voit là maintenant aussi. Parce qu'au moins il était là la dernière fois, il savait comment elle était mal, il... Et Elo bordel où était-elle ? Pour une fois qu'elle avait vraiment besoin d'elle elle n'était pas là ? *Mais...*

- Vous êtes en retard. Tic... tac... tic... tac...

Elle osait à peine respirer. Tétanisée. Mais par ne-savait-elle courage elle releva la tête, fixant les deux directrices, les sourcils légèrement froncés, le cœur battant à dix mille à l'heure.

Puis elle partirent. S'éclipsèrent. Elle se força à respirer, regardant les personnes autour d'elle. Que des grands. Quasiment. Et tous ne semblaient pas comme elle, aussi... vide ? Eileen n'en savait rien. Elle ne savait pas ce qu'elle était, ce qu'elle ressentait.

Elle entendit les directrices revenir, et parler. Parler... *Les élèves de quatorze ans*.

Elle s'était efforcée de ne pas y penser, ou de se dire qu'elle avait rêvé, que l'âge ce n'était pas quatorze ans mais quinze. Quinze ; juste pour se dire qu'Elowen n'irait pas tenter comme ça. Parce qu'elle la connaissait, elle se doutait qu'elle allait y aller, même si elle espérait fort qu'elle ne mettrait pas son nom dans l'urne.

Eileen fixait les élèves déposer un à un leurs nom dans l'urne. Que des personnes qu'elle ne connaissait pas, à part de vue. Mais elle avait déjà peur pour les personnes qui allaient être choisies.
Elle vit Elowen s'approcher d'elle en courant... *Qu'est-ce que*. et déposer un bisou sur sa joue. Ses sourcils se froncèrent nettement lorsqu'elle la vit faire une révérence tournée vers la table de Serdaigle. *Qu'est-ce qu'elle fait ?* Puis elle se tourne vers une fille, à Poufsouffle. Eileen ne la quittait pas du regard, le cœur battant si vite qu'elle n'entendait plus que son sang battre dans ses tempes.

Puis le bout de parchemin disparut dans l'urne.

Eileen sentit les larmes affluer ses yeux, embrouiller sa vision, mais ne pas couler sur ses joues. Il n'y avait rien qui sortait. Juste des trucs qui bouillaient. Partout. Elle s'y attendait, ce n'était pas ça le problème. C'était juste de le voir. Clairement. *Et trop bien*.

Puis sans réfléchir elle bondit de sa chaise et sortit de la salle en courant, contournant les tables de Poufsouffle et de Serpentard sans un regard derrière elle.

@Elowen Livingstone Désoléééée