Ennis avait toujours été une lève qui se levait tôt, et ce, même quand elle n'avait pas cours dès la première heure. Mais depuis le réveil de l'urne la veille, la question de participer ou non à ce tournoi la taraudait. Elle avait donc assez peu dormi et était même partie se préparer dans la salle de bain dès 05h30. Elle avait ensuite rejoins la salle commune avec ses affaires pour essayer d'avancer un devoir - quitte à être réveillée... Mais son esprit revenait sans cesse à la possibilité de répondre au défi de cette école. La perspective d'une renommée en cas de victoire était plus que tentante. Après tout, tout le monde gardait en tête le nom des vainqueurs. Cela pouvait ouvrir des portes sans aucun doute. Mais les autres, les perdants. Qui s'en souvenait? Sans compter le Dominion, lieu de la compétition, il n'avait pas bonne réputation. La mise en garde de Miss Montmort, et ce que ses frères lui en avait dit, il y avait quand même eu un mort, ce n'était pas rien.

L'irlandaise referma brusquement son livre de potion posé à plat sur la table. Elle retouche son encrier et roula son parchemin pour tout ranger dans son sac. Elle avisa ensuite lhorloge qui trônait dans la pièce. 06h45. Elle pouvaitbprendre le chemin de la Grande Salme, le temps qu'elle descende, elle serait ouverte et pourrait prendre son petit déjeuner.


Assise à la table des Gryffondor, Ennis composait son petit déjeuner. Une tasse de thé, un jus de fruit, des œufs, du boudin noir, des haricots, et quelques toast de confiture. Typiquement de chez elle et guère différent de ce que pouvait manger les anglais. Autour d'elle les places étaient vide. D'ailleurs ils étaient moins d'une dizaine à la table des rouges et ors.

Son repas avalé et son estomac calé jusqu'au repas de midi qui se prenait à midi - comme en France - et non vers 14h comme dans beaucoup de pays anglo-saxons, la jeune fille se leva et attrapa son sac. Elle le placa sur son épaule gauche et prit la direction de la sortie. Quelques élèves arrivaient et elle dur s'arrêter pour les laisser passer. Elle était toute proche de lalmee centrale.et son regard dériva sans qu'elle s'aperçoivent vers l'Urne Noire qui trônait en plein milieu de la pièce. Elle était comme captivée, les yeux aimentés sur cet objet. Elle fit quelques pas dans sa direction, les yeux rivés dessus. Elle s'arrêta à trois ou quatre mètres seulement. Plongée dans ses réflexions, elle ne faisait pas attention aux élèves autour qui la regardait peut-être plantée en plein milieu de l'allée. Pensaient-ils qu'elle venait mettre sans nom à l'intérieur? Mais c'était mal ka connaître que de penser qu'elle ferait ça à 07h23 alors que la pièce était bondée.

Morose, Eridan mangeait du bout des lèvres sa tartine recouverte de marmelade, se forçant presque pour la finir. Le coup de pression lancé par Eva Sepulveda à Poudlard à travers l'Urne lui avait fait froid dans le dos et coupé son appétit. Si en septembre Eridan n'avait pas réalisé qu'il remplissait les conditions pour concourir dans le Dominion force était d'admettre à présent qu'il était concerné.

Plusieurs étudiants s'étaient levés pour mettre leur nom dans l'Urne à l'annonce de la directrice mais pas Eridan. Lui était resté pétrifié et continuait d'hésiter s'il devait oui ou non glisser son nom dedans. La gloire, la reconnaissance, le quatrième année s'en fichait. La seule question qu'il se posait était de savoir s'il pouvait être vraiment utile là-bas. Il n'était qu'un gamin après tout, un sorcier de premier cycle qui venait de fêter ses quinze ans en ce solstice d'hivers et s'il faisait partie des meilleurs de sa promotion, particulièrement brillant en sortilège, en défense contre les forces du mal c'était loin d'être le cas.

Le ventre noué, le garçon avait affreusement mal dormi. Même son livre n'avait pas réussi à lui changer les idées, toutes tournées vers le dominion, les trois prisonniers et cette question à laquelle il ne savait toujours pas répondre : pouvait-il être utile ? Une chance pour lui, il n'était pas un gros dormeur et son visage ne reflétait donc pas son manque de sommeil. Impossible en revanche de manquer son trouble. Ses yeux revenaient sans cesse se poser sur l'Urne qui trônait toujours au milieu de la Grande Salle, narguant par sa présence les habitants de Poudlard.

Arrivé tôt pour éviter la foule comme à son habitude, il était temps pour Eridan de quitter la pièce qui commençait à se remplir. De toute façon, il n'arriverait pas à manger davantage et abandonna donc la fin de sa tartine dans sa petite assiette. Il termina néanmoins son jus de citrouille avant de se lever. C'est à ce moment-là qu'il aperçut Ennis qui se tenait debout devant l'Urne à quelques pas de lui.

Il connaissait très mal la jeune fille, simplement de vue en fait, ne lui ayant jamais adressé la parole. De nature réservée, Eridan restait souvent dans son coin, ne faisait pas de vague, répondant aux questions des professeurs que s'il était interrogé ou lorsqu'il était en petit comité. Et même s'il faisait partie des meilleurs éléments de sa promotion, il doutait que la préfète ne sache qui il était. Pourtant, il ne put s'empêcher de s'approcher d'elle et de la questionner d'une voix basse et grave, dénuée de tout jugement, posant à son tour les yeux sur le sablier dont les grains s'écoulaient à l'envers et non pas sur la jeune fille qu'il venait pourtant d'interpeller sans même prendre la peine de la saluer comme le voudrait pourtant la politesse. « Tu vas mettre ton nom ? »

Elle était maintenant une des rares personnes a être debout dans la pièce. Autour d'elle, nombreux étaient les bruits de conversation, de couverts qui s'entrechoquent, de verres reposés négligemment sur la table, de liquides versés, de bâillements à peine étouffés ou encore d'éternuments sonore. Mais l'irlandaise les entendaient à peine. Elle était bien trop attirée par ce récipient sombre. Et en même temps, il la dégoûtait. Ce mélange de sentiments bien ambivalents tenait son esprit accaparé et la coupait du monde extérieur. Elle en était tellement coupée qu'elle ne comprit que quelqu'un s'adressait à elle que quand la voix grave et chuchotée s'éteignit. Elle se retourna vers un jeune garçon de sa promotion. Un étudiant de Serdaigle qu'elle ne connaissait que de nom. Elle était bien incapable de dire s'ils avaient déjà partagé une paillasse lors d'un cours pratique ou non. Elle savait juste qu'il s'appelait Eridane Lowell et qu'ils avaient quelques cours en commun. Mais assez peu au regard de leurs filières respectives. Voilà ce qu'elle savait de lui, bien peu de chose.

Et là, debout au beau milieu de la Grande Salle, ce camarade venait de lui adresser la parole et elle n'avait aucune idée de ce qu'il pouvait bien lui avoir dit. Ce qui ne ressemblait pas le moins du monde à la quatrième année de la maison des rouges et ors. Vraiment pas. Elle avait pour habitude de faire attention à ce qui se passait autour d'elle pour éviter d'avoir des mauvaises surprises... ou l'air parfaitement idiote. Pour le coup c'était raté. Mais, elle n'allait pas se laisser démonter pour si peu:

- "Excuse moi, tu m'as dis quelque chose? Avec tout ce boucan je n'ai pas entendu." Demanda-t-elle de sa voix neutre au bleu et bronze qui avait le regard rivé sur les sabliers. Elle venait de faire référence aux bruits ambiants des couverts et des conversations environnantes dont le volume sonore augmentait petit à petit. Cetaot un excuse parfaitement plausible à ne pas avoir pu comprendre la question qui lui était destinée. Elle est un mouvement d'épaule pour replacer son sac à bandoulière alors que son regard était inexorablement de nouveau attiré par l'urne se trouvant au centre de l'allée, à trois enjambées tout juste du duo. Le vase était hypnotique. Était ce à cause de la magie qui s'en dégageait?

- "Je ne sais pas quoi penser de ce tournoi entre écoles. Il a un côté... La gloire c'est assez tentant..." Mais lle avait un revers la gloire. Et elle ne savait pas si elle avait envie de le découvrir. Parfois, il valait mieux rester dans l'ignorance. Cetait aussi une forme d'intelligence n'est-ce pas?

Cela ne ressemblait pas à Eridan d'aborder les gens de la sorte. Extrêmement timide et réservé, le quatrième année préférait rester dans son coin et ne pas embêter ses camarades. Mais cette fois, il n'avait pas pu s'en empêcher. Mû par l'envie et le besoin d'avoir un avis, afin, espérait-il, d'y voir lui-même plus clair. Le garçon détourna ses yeux noisettes de l'Urne pour les poser sur le visage de la jeune fille qui ne semblait pas avoir entendu sa question, faute du brouhaha qui régnait dans la Grande Salle.

Le Serdaigle se mordilla nerveusement la lèvre inférieure, gêné d'avoir à se répéter et surtout parce qu'il réalisait ce qu'il venait de faire : interrompre le fil des pensées de sa camarade de classe. « Ha... Mmm... Oui, » commença le garçon un peu nerveux avant de pousser un peu sur sa voix grave, qui avait presque terminé de muer, pour que la jeune fille l'entende cette fois-ci. « en fait je te demandais si tu comptais mettre ton nom dans l'Urne... Mais c'était un peu personnel comme question et je suis désolé d'être venu te couper ainsi dans tes réflexions de si bon matin. »

Détournant à nouveau les yeux, Eridan reposa son regard sur l'objet qui flottait depuis déjà 3 mois dans le réfectoire entre les tables des Serdaigle et des Poufsouffle. A chaque fois qu'il observait l'Urne, un frison lui parcourait le dos. Il ne s'y connaissait pas du tout en magie noire, mais il était certain que l'objet en était rempli. Les sourcils du garçon se froncèrent alors que la jeune fille reprenait la parole et ne terminait pas sa seconde phrase. S'il était d'accord avec la première partie, la suite le laissait plus que perplexe. La gloire. Elle ne lui avait jamais effleuré l'esprit. Pas un seul instant.

Ce n'était pas la première fois que le garçon se sentait différent et bizarre par rapport à ses camarades de classe. Mais cette fois-ci, cela le mit particulièrement mal à l'aise. Il ne voyait pas du tout le Tournoi comme un jeu entre école et s'il avait du mal à concevoir ce qu'était le Dominion, l'idée de savoir que des gamins étaient enfermés lui était particulièrement difficile. Eridan se mordilla à nouveau furieusement l'intérieur de ses lèvres, hésitant à partager son point de vue avant d'ouvrir à nouveau la bouche, n'osant pas rebondir sur la gloire citée par la jeune fille de peur que son désaccord la brusque. « Mais tu crois, qu'on pourrait y survivre ? Je veux dire ... On est qu'en quatrième année ... Et en face, les Lignées... Ces familles de sorciers et sorcières qui manient la magie noire comme personne ... C'est un peu de la folie... Tu ne crois pas ? »

Ennis haussa les épaules de manière quasi imperceptible. Elle n'apprécit généralement pas d'être dérangée dans ses réflexions mais étant préfète, elle avait dû apprendre à prendre sur elle lorsque cela arrivait. Les rares fois où elle avait plus ou moins envoyé les opportuns aller voir si les veracrasses broutaient dans le parc, on avait hurlé au despotisme, dit qu'elle était lunatique ou encore insinué qu'elle avait ses règles. Alors, elle avait appris à faire fit de son agacement:

- "A vrai dire je ne sais pas. Ça a quelque chose d'attirant..." Et puis en même temps continua-t-elle intérieurement, tellement effrayant. La voix qui était sortie de cette urne était glaçante et annonçait des conflits entre les adolescents qui s'aventureraient dans le Dominion. Une sorte de reflet des combats de leurs parents. La guerre annoncée par Dai Hong Dao. Ennis réprimandé un frisson. Repenser à la sorcière lui glaçait le sang. Sa main gauche se contracta sur la sangle de son sac qu'elle portait sur l'épaule droite. Son poignet et sa main en eurent le sang coupé de la force qu'elle exerçait sur la lanière de cuir.

- "Ça serait iduot d'y aller. Dai Hong Dao nous l'a dit, avec Irene. On n'est pas près à ce qui se prépare. Alors aller se battre contre des élèves qu'on entraînent pour ça. On n'a pas de quoi faire la différence." Elle marqua une pause, relâchant ses doigts aussi froids que s'ils avaient tenu un sorbet. Elle les plia et les deplia plusieurs fois de manière automatique.

- "Je ne pense pas mettre mon nom dans cette Urne. Mort, on ne peut plus agir." Alors elle trouverait un autre moyen. Son visage se tourna vers le Serdaigle. "Ceux qui le feront, ou qui l'ont déjà fait, ne sont que des inconscients." Elle fit une nouvelle pause. "Ou des fous." Et elle n'était pas spécialement reputee pour être l'un ou l'autre. Ce qui la confortant dans son choix de ne pas glisser de parchemin à son nom dans l'Urne qui avait élu domicile au beau milieu de la Grande Salle.

- "Et toi, tu pensais tenter ta..." chance? "de participer?" D'après ses paroles, tout laissait à penser que son camarade souhaitait rester en retrait de tout ce grabuge. Mais elle pouvait se tromper. Et peut-être qu'il venait de se sentir insulter par ses paroles. Apres tout, personne n'aimait entendre qu'il pouvait être inconscient ou fou n'est-ce pas? Si c'était le cas, il risquerait de lui faire vertement sentir sa désapprobation. Mais la Gryffondor n'en avait cure. Les yeux a nouveau aimantés vers le réceptacle de Magie Noire, elle sorti machinalement une boîte métallique mauve de son sac. Des bonbons mentholés.

- "Tu en veux un?" Proposa-t-elle en se servant elle même.

Le danger, attirant ? Eridan reconnaissait bien là les caractéristiques de la maison des Gryffondor, couleurs qu'arborait sa camarade de classe. S'il n'était pas du tout d'accord avec la préfète, le quatrième année garda le silence, pensif. La mention de Dai Hong Dao perturba un peu le garçon, qui se souvenait que trop bien de cette triste et horrible soirée de mai dernier. C'était il y a quelques mois et pourtant ça semblait être une éternité. Il hocha de la tête, rejoignant cette fois la jeune fille sur le fait qu'ils n'étaient pas du tout préparés à ce qui pouvait se passer dans le Dominion. Pour la seconde fois de sa vie, Eridan se demandait si l'enseignement dispensé à Poudlard était le plus riche qu'il soit ou si, au contraire, les sorciers anglais ne se complaisaient pas dans la tradition et gardaient les élèves à un niveau de magie très correct sans chercher le dépassement pour éviter tout débordement ultérieur.

La première fois qu'il s'était fait cette réflexion, il était bien plus jeune, tout juste sorti de sa seconde année et n'était pas allé très loin, mais le garçon avait suffisamment été impressionné par les compétences des jeunes sorciers de l'école de Zhuangyán et les magies utilisées lors de la transformation du lac de Poudlard et mise en place des protections de l'école pour se documenter sur les autres écoles de magies. Depuis sa soif de connaissance, qui ne semblait pas vouloir se tarir, avait fait progresser son cheminement de pensées, jusqu'à l'amener à penser que Poudlard ne poussait pas assez les étudiants à se dépasser et n'avait pas de réel point fort, même si cela avait tendance à disparaitre avec la mise en place des différentes filières et spécialisation des jeunes sorciers. Cela dit, cela aurait été bien malvenu de la part d'Eridan de critiquer à voix haute le système, lui qui avait refusé de choisir entre les matières et poursuivait son enseignement dans chaque cours dispensé sans chercher à se perfectionner dans une thématique précise.

Eridan fut interrompu dans ses pensées, reportant son attention sur la brune, qui donnait finalement une réponse à la question initiale du Serdaigle. « C'est vrai, » commenta le garçon gravement. Bien que la phrase de la jeune fille n'appelait pas vraiment une réaction de sa part, il était d'accord avec elle en tout point, mettre son nom dans l'Urne, vouloir participer à ce tournoi relevait de l'inconscience. « Je ne sais pas. Je ne pense pas... » répondit le garçon, ses yeux noisettes toujours tournés vers la boite qui semblait le narguer. « Comme tu disais il y a quelques instants, nous ne sommes pas préparés pour... ça. Quoiqu'il en retourne. » Le garçon marqua une courte pause, avant de poursuivre, réutilisant les mots d'Ennis qu'il trouvait si juste. « Je ne pense pas faire la différence là-bas. »

D'un geste de la main, il refusa la friandise proposée, « non merci, c'est gentil » avant de reprendre la parole, toujours tourné vers l'objet envoyé par les Lignées. « Elle me fait vraiment froid dans le dos... Je sais pas si c'est la Magie Noire qui s'en dégage ou ce qu'elle symbolise... » Eridan laissa une petite seconde s'écouler avant de reprendre. « Je suis pas du tout attiré par cette branche de la magie, mais je trouve ça dommage qu'on n'aborde pas davantage le sujet en cours, même les duels... Au final, on est démuni et j'ai l'impression qu'on sait pas grand chose, comparé aux autres. »

La conversation entre les deux adolescents scolarisés en quatrième année était décousue, entrecoupée de silences qu'ils occupaient l'un et l'autre à observer avidement l'Urne Noire. Ca avait quelque chose de malsain. Elle dégageait quelque chose de malsain. Elle était tout bonnement et simplement malsaine. Tout comme ce tournoi. Tout comme le fait que d'y participer lui avait traversé l'esprit. La promesse de la gloire faisait de sacrées choses... Ennis se rendait compte pendant un de ces instants de silence - très relatif vu le monde présent dans la pièce - qu'elle avait bien faillit y succomber et que seul son esprit cartésien mais surtout, seule sa rencontre avec Dai Hong Dao avait fait fléchir cette impulsion à vouloir prouver qui elle était, de quoi elle était capable. La petite irlandaise rangea sa boîte de bonbons puis attendit que celui qu'elle avait en bouche soit entièrement consommé pour répondre à Eridan. Le menthol faillit lui tirer un frisson qu'elle réussit à dissimuler en replacant sa robe de sorcière qu'invite pourtant pas bouger dun dixième de millimètre. Il fallait bien garder contenance.

- "Je n'ai aucune idée de ce que d'autres peuvent savoir. Mais il est certains que comparé aux élèves de Durmstrang par exemple... On ne sait strictement rien de la Magie Noire. Tout ce qu'on nous dis c'est que c'est mal. Mais..." Elle s'interrompit. Generalement la suite de ce raisonnement, construit après force de recherches et de réflexions personnelles, choquait. Ses yeux quittèrent le réceptacle des candidatures pour aller trouver son camarade. Pouvait elle en parler sans potentiellement s'attirer des problèmes? Après tor c'était un Serdaigle, il était donc en théorie intelligent et devrait être capable de voir au delà des mots utilisés et comprendre le fond de sa pensée. Alors elle tourna à nouveau son regard vers l'objet de toutes les convoitises et se lança:

- "Est ce que pratiquer la Magie Noire est forcément quelque chose qu foncièrement mauvais. Je veux dire. Lorsque l'école a subit l'attaque de faux Drago Malfoy... les asiatiques ont utilisé de la Magie Noire. Parfois je me dis que cette distinction est bien au delà de ce qu'on nous apprend depuis qu'on est petit." Elle vait dit tout ceci d'une voix très posée, très calme, avec très peu de modulation. Déstabilisant de détachement. Elle se demandait ce qu'il pouvait en penser, tout comme les étudiants assis juste derrière eux. La prefete avait entendu leurs voix s'éteindre à la mention de la branche onnie de la magie. Elle avait remarqué que la mentionner avait toujours cet effet de couper les conversation. Il n'y avait eu aucune exception à cette règle depuis qu'elle avait commencé à s'en rendre compte.

Absorbé par ses pensées, le quatrième année ne prêtait même plus attention à l'agitation qui régnait pourtant autour d'eux. Il avait même osé confier ses pensées sur les lacunes de Poudlard quant à l'étude de la magie noire à Ennis qu'il ne connaissait pourtant pas des masses. Eridan était loin de traiter le sujet avec désinvolture bien que le ton de sa voix restait neutre. Le serdaigle hocha de la tête à la première partie de la réponse de la jeune fille qui citait Durmstrang comme bien plus calé que l'école anglaise en la matière. Sa brusque interruption fit tourner la tête du garçon en sa direction, qui commença à dévisager son visage de ses yeux noisettes se demandant pourquoi elle n'allait pas jusqu'au bout de sa réflexion.

La gryffondor détourna également son regard de l'Urne noire et bien que l'échange visuel fut très bref, Eridan était certain, dans ce coup d'oeil, Ennis l'avait jaugé. Et apparemment, le garçon avait été jugé comme digne de confiance, ou tout du moins la préfète avait été satisfaite d'avoir lu dans ses prunelles une simple interrogation sans jugement négatif car elle reprenait la parole. Cette fois, les sourcils du garçon se froncèrent. Non pas parce qu'il était outré ou complètement en désaccord avec la gryffondor mais signe qu'il réfléchissait. Etait-ce quelque chose de vraiment mauvais ? En d'autres circonstances, il aurait répondu oui. Sans même y réfléchir. A présent, il ne savait plus. Eridan continuait à regarder le profil de la brune alors que se bousculait dans sa tête plusieurs éléments de réponses, parfois contradictoires les uns avec les autres.

Il n'avait presque pas noté le silence soudain qui s'était fait alors qu'elle avait exposé son avis sur la magie noire, n'en prenant conscience que lorsque les voix se remirent à parler. Pas à un seul moment Eridan ne songea à juger la jeune fille sur sa confidence. Pas plus qu'il ne tiqua au mot pratiquer. Qu'elle souhaite s'essayer à ce genre de magie ne le regardait pas après tout, il appréciait simplement la réflexion qu'elle amenait et se concentrait dessus. Il baissa d'un ton, espérant être entendu par la préfète tout en évitant de nouveau regard douteux et silence tendu de la part de ses camarades qui déjeunaient non loin d'eux. « Je ne sais pas... » commença le garçon. « Par définition, il me semble que oui. Mais j'en viens à penser un peu comme toi il me semble... Que la frontière est bien plus fine qu'il n'y parait. Et puis, on peut tout à fait faire du mal et du tort à des personnes avec des sortilèges dit comme de type "magie blanche", alors pourquoi pas le contraire ? Mais même sans pratiquer, on ne nous dit vraiment rien... Tout au plus on nous parle de quelques maléfices et malédictions. Je ne serais même pas capable de reconnaitre un sortilège de magie noire, alors se défendre contre... » Après une courte pause, Eridan osa questionner Ennis, le malaise suite à la nomination de la défunte s'étant un petit peu estompé et la curiosité d'en savoir plus l'emportant. « Tu me disais y'a quelques minutes que Dai Hong Dao vous l'avez dit... Elle t'avait parlé de la Magie Noire et de ... ce qui se passe ? »

La préfète fut étonnée, agréablement étonnée, que son camarade ne réagisse pas négativement à son discours sur la Magie Noire. Elle n'irait pas jusqu'à dire qu'elle était positive. Quoique... il faisait le choix d'entrer dans le débat, ou plutôt la réflexion. Ce qui était particulièrement intéressant intellectuellement parlant. Une réflexion qui tira à la châtain un acquiescement vague. Il ne lui semblait de toute façon pas que cela amène à une réponse particulière.

Un silence s'installa entre les deux jeunes gens alors que les discussions reprenaient avec force autour d'eux. La teneur des propos des autres étudiants lui semblait être particulièrement brumeuse et incompréhensible tant elle était focalisé sur autre chose. Son regard se portait toujours sur le réceptacle noir qui attendait là, entouré du sortilège empêchant les élèves trop jeunes de s'en approcher. Cependant, elle entendit très nettement Eridan rebondir sur son évocation de la sorcière asiatique qui avait élu domicile à l'école pour une raison qui lui paraissait encore et toujours obscure. Mais maintenant qu'elle était morte était-ce seulement important?

-"Non pas de Magie Noire. Mais elle nous a dit qu'une guerre se préparait. Un conflit important. Elle a parlé des méthodes de divination pratiquées par les centaures. J'apporte rarement du crédit aux prédictions mais force est de constater qu'elle avait raison." Ennis fit une pause dans son énoncé pour se remémorer ce que la sorcière avait dit exactement. Elle avait été marquée par son discours mais cela faisait presque deux ans maintenant. Ce n'était plus aussi précis qu'alors.

- "Elle a dit que cette école ne nous apprenait rien qui nous serait utile si quelque chose devait arriver. Qu'on devait jouer avec l'interdit et apprendre par nous même si on voulait survivre." C'était la première fois qu'elle en parlait aussi clairement à quelqu'un. Sauf à Clément, elle lui avait tout dis dans la foulée. Quand elle avait retrouvé ses esprits, ce lui qu'elle avait rejoint pour tout lui retranscrire d'une voix atone. Ils n'en avaient jamais vraiment reparlé. Elle n'en avait pas eu envie.

- "Elle n'a pas franchement parlé de Magie Noire. Mais elle a évoqué de savoir se battre ou se défendre comme les moldus. Je suppose qu'il y a bien d'autres alternatives encore entre ce qu'on connaît et ces deux options. Il suffit de chercher." Mais même la bibliothèque lui avait paru bien pauvre sur les arts mahiques alternatifs. Elle avait pourtant essayé de faire preuve d'imagination. Elle avait eu plus de succès chez ses parents, avoir un père briseur de sort avait quelques avantages. Mais c'était bien impossible à mettre en pratique sans personne pour les lui enseigner. Elle ne voulait pas faire exploser sa maison. Alors elle s'était contentée du savoir théorique.

Mes excuses pour le retard

Eridan détourna le regard pour le reposer sur l'urne alors que la préfète des gryffondor lui signalait d'un hochement de tête qu'elle était plutôt d'accord avec ses propos. Si une part de lui était soulagé de ne pas poursuivre davantage le débat, ayant presque peur des idées qui se bousculaient dans sa tête, la seconde était frustrée au contraire de ne pas pousser le raisonnement. Chassant ses pensées sur la magie noire, le serdaigle reprit la parole, osant poser une question qui lui brulait les lèvres. Il observait du coin de l'oeil la brune qui continuait d'observer la maudite boite noire, guettant la moindre réaction à sa question. Mais la jeune fille répondit simplement sans montrer si cela la touchait ou non.

La curiosité était sans doute un vilain défaut, mais Eridan avait terriblement envie de savoir, autant qu'il appréhendait la réponse. D'un hochement de la tête, il signalait à la jeune fille qui écoutant attentivement et qu'il était d'accord avec elle. Lui non plus n'avait jamais été particulièrement attiré par la divination et avait toujours douté de ces soit disant prophéties, mais contrairement à ses a priori, il s'était finalement laissé prendre au jeu et était à présent relativement intéressé par
la matière et lui donnait du crédit. Leur professeur et son enseignement étant sans l'ombre d'un doute la raison principale de son changement d'avis.

Le serdaigle n'ajouta rien, laissant la jeune fille poursuivre à son rythme. Son visage se fit plus grave alors que la gryffondor rapportait d'autres paroles de la défunte. S'il était d'accord avec la première phrase et le fait qu'ils devraient apprendre par eux-même, le jouer avec l'interdit lui posait davantage de problèmes. A nouveau il se retrouvait à questionner sa conscience morale et ce qu'il considérait pourtant jusqu'alors acquis. Non pas qu'il n'aimait pas se remettre en question, il adorait même découvrir d'autres façons de penser et conversations qui lui permettait de s'enrichir intellectuellement et aiguiser son esprit, mais il avait peur des chemins que lui ouvrirait ce genre de raisonnements.

« Je vois... » glissa le garçon qui essayait tant bien que mal d'organiser les pensées qui continuaient de se bousculer sous son crâne. « Oui sans doute qu'il existe d'autres alternatives... Je me souviens de la magie utilisée par les autres directeurs des écoles de magie, à la fin de notre 2ème année... Je me souviens, j'avais passé l'été à me renseigner sur les autres écoles de magies ... Mais bon, c'était assez naïf comme genre de lecture et recherches ... Il faudrait que je me documente à nouveau. » C'était il y avait à peine 1,5 ans et pourtant, il semblait qu'une éternité s'était écoulée depuis aux yeux d'Eridan.

N'ayant pas grande chose à ajouter de plus et pour ne pas subir un silence qui s'installait et devenait pesant pour le timide qu'il était, il réajusta son sac sur son épaule avant de se tourner un peu plus vers Ernnis. « Je vais pas te déranger plus... Merci pour l'échange, c'était vraiment sympa.» C'était surement un peu abrupte et trop guindé comme annonce de départ, mais c'était le mieux qu'il pouvait faire, lui qui était vraiment pas douée avec les relations sociales. Il lança à la jeune fille un maigre sourire avant de tourner les talons et quitter la Grande Salle.