Tu passas en revue la salle comble. Tout les élèves parlant provoquait une cacophonie insupportable, et leurs voix toutes ajoutées créait même une sorte d'écho. Tu te retins de passer tes mains sur tes oreilles. Tu étais assise à la table de Serpentard, à la place où Lydia et toi vous étiez assises, lors de l'envoi des candidats dans le sinistre Dominion. À la mémoire de ta meilleure amie disparue, un sourire nostalgique prit lentement forme sur ton visage fatigué. Le voyage avait été à la fois divertissant et épuisant. De plus, quitter ta terre natale pour la gare avait été un des voyages les plus harasant et long. Accompagnée de Fred, tu t'étais séparée de lui pour qu'il rejoigne tranquillement ses amis. C'était à ce moment là que tu avais rencontré deux personnes de ton âge. La promesse que tu avais faite à Lydia était déjà en marche. Au lieu de ta morosité quotidienne de l'an passé, tu avais fixé sur ton visage un timide sourire et ne t'étais pas mise à l'écart des Autres. Encastrée au milieu de deux jeunes groupes, tu attendais patiemment l'arrivée des nouveaux. Tu te revoyais, bredouillante et totalement perdue lors de ton arrivée, avant ta répartition dans la maison des forts. Tu remarquas alors quelques nouveaux adultes. La professeure d'Histoire de la Magie et de Sortilège avait changé, et Samy était devenu professeur de Soins aux créatures Magiques. *Chouette, je l'aurais comme prof' !* pensas-tu docilement. Tu avais choisi en option les cours de Vol, Divination suite aux conseils de Galadriel, et c'était tout. Tu n'aimais pas l'Astronomie et l'Histoire de la Magie, et les Runes ne t'inspiraient pas spécialement. Tu pensais aussi aux entraînements de Quidditch, et à t'amuser un peu, alors deux options t'avaient emplement suffit, en plus de tes cours obligatoires. Les yeux dans le vague, tu ne pensais à présent qu'à disparaître dans les dortoirs pour choisir ta chambre.

Léann promenait son regard un peu partout, à la recherche d'un visage familier.
Mais il ne lui semblait connaitre personne à la table où elle se trouvait en ce moment, alors elle dirigea ses yeux vers les tables des autres maisons. Et, en effet, elle croisa le regard d'Evie qui semblait bien s'amuser avec ses amis de Gryffondor.

La jeune fille s’ennuyait terriblement, et le bruit incessant des conversations animés lui avait coupé l’appétit, celui qu'elle ne perdait jamais. Elle se sentait horriblement mal à l'aise face à toutes ces personnes joyeuse - ou pas d'ailleurs - qui discutaient ici et là, pour raconter leur vacances, propager des rumeurs, se vanter du nouveau hibou qu'ils avaient reçu pour la rentrée.
Et il était vrai que la jeune fille aurait très bien pu s'inviter dans une conversation comme si de rien était, les autres n’auraient surement rien dit. Mais elle ne se sentait pas d'humeur. Ce qu'elle voulait faire maintenant, c'était retourner en salle commune pour choisir sa chambre.

Mais elle ne pourrait pas le faire avant que le repas ne se termine, et elle le savait très bien.
Alors elle chercha un moyen de s'occuper, ou quelqu'un à qui parler et, bingo, une fille était assise juste en face d'elle. Bien qu'elle ne la connaisse seulement de nom - Erza - elle savait qu'elle faisait du Quiddich avec les Crochets d'Argents, avec l’équipe de sa maison. Et elle avait eu vent quelques fois de ces rumeurs sur le fait qu'elle n'appréciait pas les nés-moldus. Elles pourraient surement bien s'entendre ?

- C'est bruyant n'est-ce pas ? Demanda-t-elle en s'adressant à sa camarade.

Elle parlait souvent avant de réfléchir, et cette tentative d'approche en était la preuve.
Elle n'avait aucun talent dans les relations humaines et ça, bon nombre de personnes avaient déjà dû le remarquer. Mais elle avait essayer, restait simplement à voir si la Serpentard d'en face souhaitait engager une conversation. Si ce n'était pas le cas, elle ne se fatiguerait pas.

Les nouveaux allaient et venaient sur l'estrade, avant de partir s' assoir à l'une des tables. Tu guettais seulement ceux qui venaient à ta table, espérant qu'ils soient tous dignes de ta maison. Grignotant le copieux repas de fête, comme chaque année lors de la rentrée, tu n'avais pas très faim. C'était étrange, puisque tu étais gourmande, et que tu adorais manger. Des onions rings aux pommes de terres en passant par les desserts, tout y passait. Tu observais discrètement la fillette qui était assise en face de toi. Elle était forcément en 2e année, puisqu'elle était plus petite que toi, mais pas assez perdue pour être 1e année. Elle jettait des coups d'œils à la table des Gryffondor, comme si elle aurait préféré être dans cette maison. *J'espère que non.* Elle semblait ennuyée par la cérémonie, qui n'était certe pas amusante, mais plutôt intéressante. C'était pour toi l'occasion de passer rapidement en revue toute la nouvelle promotion, pour te faire une vague idée d'eux. La blonde engagea alors la conversation, ce qui te surpris un peu. Tu trouvais son entrée en matière vraiment simple, mais tu n'aurais pas forcément fait mieux en 1e année. *Donc elle est p'têt en 1e année.* Tu tournas le regard vers elle et tu lui répondis :


Tu piochas dans les pilons de poulets et tout en en croquant un, tu fixas un peu plus la fillette. *Une sale gosse de riche. Pire que moi ? Non p'têt pas.* Tu continuas de mâcher la viande.

En première année ? Avait-elle réellement une tête de première année ? Oui, peut-être à cause de sa taille, mais elle n'aimais pas qu'on le lui fasse remarqué. Alors elle claqua la langue sur son palais et haussa les sourcils. Non, en réalité, elles n'allaient peut-être pas s'entendre.

- Non, je suis en deuxième année.

Soit. Elle trouvait que le sujet de conversation était simplet, Leann lui accordait. Et cette Erza pouvait penser ce qu'elle voulait. Leann prit ses couvert et commença à couper la viande mais lâcha brusquement les couverts qui tombèrent dans l'assiette. Elle n'avait vraiment pas la tête à manger, après ce que son père lui avait caché...

Elle baissa le regard vers son assiette, les yeux plissés, elle se demandait pourquoi elle était retourné à Poudlard. Elle aurait pu simplement partir, au Japon ou en France... Personne ne l'aurait retrouvé et elle aurait pu finir sa vie sans repenser à la magie, son monde et tout ce que ça impliquait. Elle avait honte, terriblement honte d'oser penser à des choses comme ça et elle savait très bien qu'elle ne mettrait jamais ses plans à exécutions.

Sa voisine d'en face, elle l'avait oublié. Tout comme Evie, Ava ou tout les autres. La nourriture lui paraissait si fade, et le bruit assourdissants ne parvenait qu'étouffer à ses oreilles. Comme si elle était sous l'eau.
Beaucoup de ses amis - ou pas d'ailleurs - ressentaient le besoin d'extérioriser en pleurant, ou en se mettant en colère. Leann n'avait simplement pas la force de se vider intégralement de ses larmes, surtout pas avec autant de gens à proximité.

Alors ce n'est qu'une fine goute qui tomba sur sa main, posée sur la table. Elle était penchée, personne ne devrai la voir. Elle attendait juste que ça passe, comme à chaque fois qu'elle ressentait ça. Un indescriptible besoin de chaleur, elle irait près du feu tout à l'heure. Oui, c’est surement ça, elle est juste malade.

- Dépêchez-vous de passer, qu'on en finisse... murmura-t-elle en relevant la tête vers les premières années.

La gamine qui était assise en face de toi te faisais penser à ces filles de familles riches de sang-purs, comme la tienne. *Avant.* Mais cette fillette te semblait bien ignorante de la réalité, et de ce qui se passait. Peut-être était-elle simplement une née-sorcière ? Tu avais envie d'en savoir plus, pour verifier tes pensées. Était-elle en réalité une petite peste impertinente que tu te chargerait de remettre à sa place ? Ou simplement une fille perdue ? Tu l'écoutas pour voir ce que tu lui répondrais. Elle annonça être en deuxième année, d'un air hautain qu'y t'insupporta. Pour qui se prenait-elle ? Croyait-elle faire le poids face à toi ? Elle se *croyait* supérieure, mais tu le savais, d'ici la fin de votre conversation, elle ne serait qu'une moins que rien. Tu commenças doucement pour qu'elle ne décèle rien.


Tu étais entrée doucement dans la conversation. À présent, tu allais la faire tourner en bourrique, pour la forcer à se révéler, et finir par la faire tomber. Elle avait les yeux dans le vague, alors tu haussas le ton, pour la faire revenir au présent :


Tu la fixais le regard vicieux, prête à en découdre. Une fillette te faisait concurrence sur ta façon d'être ? Mais elle était restée en bas de l'échelle, avec ses manières entre ridicules et folles. S'*attaquer* aux nés-moldus, à part le faire comme Carry, n'était pas la bonne tactique. La blonde s' était trompée sur la manière de faire.

Leann devrait reprendre ses esprits. Erza avait l'air d'une de ses pestes arrogantes et idiotes qui croyait atteindre les autres avec leur répartie à la noix. Ça n'allait surement pas se passer comme ça. Certes, Leann n'allait pas bien, mais il en allait de son honneur et si elle ne répondait pas, sa fierté en prendrait un coup. Alors bien qu'elle soit en troisième année, Leann allait l'écraser comme un vulgaire insecte sur sa route.

- Oh... L'élite tu dis ? Soit, moi qui pensais choisir cette filière, j'ai rapidement changé d'avis. Répondit-elle en riant.

Sa voix se voulait amusée, mais son visage disait tout le contraire. Elle était en colère, une colère froide, et ne cherchait même pas à le cacher. Tant pis, Erza pouvait continuer de parler tant qu'elle ne touchait pas à sa famille et à son sang. Et puis... Leann n'avais jamais eu l'intention de choisir filière Auror. Elle allait prendre filière Spéciale, comme tout le monde chez elle.

- T'es une sang-mêlée c'est bien ça ? Je suis une sang-pure, enchantée. Ton appartement n'est pas trop petit ?

Leann tiqua, ses yeux devinrent verts vifs comme quand elle était en rage et ses pupilles disparaissaient presque. Elle qui trouvait Erza appréciable, se mettait le doigt dans l’œil ! Cette idiote était pire que tout ! Mais malgré tout ça, Leann devait rester calme. Alors elle décida de jouer le jeu.

- C'est ça, sang mêlée. Enchantée également, merci de t'inquiéter pour mon confort, mais c'est vrai que c'est une peu juste...

Leann se détestait à se moment-là, pourquoi ne lui avait-elle pas tout simplement lancé ses couverts dans les yeux ?! Mais désormais, ce à quoi elle pensait se résumais à essayer de ne pas lui sauter dessus pour ensuite beaucoup mieux savourer sa descente aux Enfers. Elle devait se tenir au plan qu'elle avait mit en place. Certes, un plan plus que bancal mais elle n'avait pas le temps si elle voulait réellement se délecter de la chute d'Erza dans toute sa hauteur.

Son air hautain et provocateur ne te plaisait pas du tout, et tu avais bien l'intention de la remettre à sa place. Tu n'écoutais plus du tout la répartition des nouveaux, trop concentrée sur cette *merveilleuse* conversation. Cette fillette *idiote*, tu en avais entendu parler, à travers le bouche à oreille, mais rien ne t'avait semblé bien sur elle. Bien sur, tu t'étais promis d'arrêter de chercher les embrouilles à tout bout de champs, mais c'était plus fort que toi... La gamine en face de toi continuait en essayant de te ridiculiser, mais tu restais de marbre face à ses vaines tentatives. Tu répondis de la même manière qu'employait ta mère pour parler de sang, d'argent et de pouvoir.


Tu lui souriais toujours, lorsqu'elle continua, rentrant dans ton jeu pour évoluer elle aussi dedans. Tu savais qu'elle n'était pas sang-mêlée, et tu te doutais bien que son appartement n'en était pas un, mais tu jouais comme ça. Le ridicule ou La honte. Tu forçais Leann à mentir, pour qu'elle ne soit pas ridicule, mais tu la couvrais de honte en lui faisant dire des mensonges. Elle préférait visiblement la honte. Tu continuas, mais cette fois-ci tu lui chuchotas à voix basse :


Tu avais hâte de savoir ce qu'elle savait d'elle...

Leann était folle de rage. Devoir mentir comme ça ne lui plaisait pas du tout.
Surtout à cette idiote de joueuse de Quidditch qui ne savait peut-être qu'envoyer des piques.
Elle était si énervée, et si concentrée à ne pas la montrer qu'elle en oublia son plan initial. Alors elle décida de tout prendre comme ça venait, de répondre à l'instinct. Elle n'aurait aucune pitié étant donné l'insulte mal dissimulée qu'avais formulé Erza en parlant de son "appartement" et de son statut de sang. Quelle insolence !

Elle lui demanda ensuite si elle... Connaissait Carry Harrison ? Évidemment qu'elle la connaissait ! Qui ne connais pas Carry Harrison ?
La jeune idiote avait chuchotée, peut-être ne voulait-elle pas que les autres personnes présentes aux alentours l'entendent parler ce cette jeune fille a problèmes ?
Alors même si elle n'était sure de rien, et que c'était peut-être un autre stratagème d'Erza pour la faire chuter, elle prit le risque de parler normalement.

- Évidemment que j'en ai entendu parler, qui ne connait pas Carry Harrison ? Mais je ne m'étendrais pas sur le sujet. Je n'approuve personnellement pas ses méthodes de persécutions. Bien que je ne la connaisse pas personnellement bien sur, il me semble qu'elle s'était faite renvoyée de la salle commune un certain temps ?
Pour éviter ça, il ne faut pas oublier que même les nés-moldus parlent.

Elle marqua un temps d'arrêt. En avait-elle trop dit ? Cela pouvait être retourner contre elle ?
Tout cela avait l'aspect d'une vulgaire partie d’échecs ou de Shogi. Prévoir les coups de l'adversaire est primordial. Or, Leann était foncée tête baissée vers l'inconnue. Restait plus qu'à savoir comment elle allait s'en sortir pour ne pas sombrer.
Alors elle se risqua à ajouter quelques mots :

- Alors il faut les faire taire.

En attendant que la blondinette réponde à ta question, tu croquas dans un morceau de poulet tout en l'écoutant. Tu faillis recracher tout ce que tu avais commencé à mâcher. Comment osait-elle insulter Carry de cette façon ! Elle qui ne la connaissait même pas. Qui était réellement cette petite insolente ? Se rendait-elle seulment compte de la portée de ses paroles ? Tu commençait à sentir à à devenait vraiment inconfortable pour la blondinette. *Enfin*. Tu allais répondre, mais elle ajouta quelques mots. Tu connaissais sa réputation, et tu t'étais quelque peu préparée à ce qu'elle te sorte cela à un moment ou à autre. *Maintenant donc*. Tu réfléchis à la meilleure façon de lui répondre. Tu la regardais en la jugeant. Comment croyait-elle que tu allais réagir ? Très peu de gens étaient au courant de ta relation avec Carry, en faisait-elle parti ? C'était presque impossible. Tu ouvris la bouche en laissant échapper un rire sarcastique :


Celle qui tu croyais simplement insolente n'était peut-être qu'idiote, finalement. *Le ridicule ne tu pas*. Heureusement, sinon cette fille ne serait pas en face de toi. Connaissait-elle l'expression *tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler* ? C'était pourtant ce qu'elle aurait du faire, avant de faire des suppositions.

Elle s'efforçait de ne pas lancer une fourchette sur la personne en face d'elle et serra son uniforme tellement fort qu'il était possible qu'il soit trouée par après. Comment ? Comme les Autres ? Pour qui cette troisième année se prenait-elle sérieusement ?! Certes, elle est là depuis plus longtemps que Leann et sait sans doute plus de chose. Mais pourquoi s'enflammait-elle de la sorte quand Leann parlait de Carry ?

- Pourquoi tu t'énerves comme ça Erza, tu as quelque chose à cacher peut-être ? Tu as presque chuchoter tout à l'heure, et maintenant tu me crie dessus parce que j'ai parler d'Harrison. Vous vous connaissez donc ? Personnellement ?
Demanda-t-elle en ayant reprit ce sourire à la fois arrogant et innocent.

Elle s'aventurait en terrain glissant là, mais qu'importe. Elle pourrait toujours s'arrêter là, s'avouer vaincue et repartir dans son dortoir pour faire coucou à Charlie, mais non, il fallait qu'elle aille encore plus loin parce que, si Erza voulait que sa relation avec Harrison soit dévoilée au grand public, toute la maison le saurait déjà.

- Tu le sais bien au fond de toi, elle te prend comme un simple larbin ! Quelqu'un qui fera tout le sale boulot à sa place. Et ton admiration vis-à-vis d'elle ne fait que camoufler cette certitude, elle ne l'efface pas.

Avant qu'Erza réponde, elle ajouta en laissant échapper un rire vide :

- Enfin, ce ne sont que des suppositions, déclara-t-elle en souriant toujours de la même manière. Elle savait, ne lui demandez pas comment, qu'elle aurait raison. Et maintenant...