18 septembre 2046, le soir après la chorale,
Avec @Eryne O'Kieran
Deuxième année.

Charlotte avait tenu à passer sa soirée avec Eryne. Elle aurait elle aussi bien aimé emmener sa trompette à la chorale pour participer surtout qu'elle adorait jouer en public mais ses révisions sur les sortilèges et le besoin de trouver des idées toujours plus innovantes pour les Hel's Angels l'auraient empêchée de trouver le temps pour participer autant qu'elle le souhaitait.

La petite avait passé la journée le nez dans les cours. Si les deux matières étudiées faisaient partie de ses favorites, elle avait dû courir pour arriver à l'heure en cours et avait remercié de tout son cœur le château d'avoir été clément avec elle, aucun escalier ne lui avait fait du tord. Elle savait qu'Eryne était stressée et être présente pour elle comptait beaucoup à ses yeux. Elle aimait pouvoir être utile et d'autant plus pour ses plus chers amis.

Elles s'étaient donc toutes les deux retrouvées dans la salle de répétition où Charlotte avait seulement pénétré en cachette lorsqu'elle voulait s'entrainer à jouer de la trompette. Cela ne lui était arrivé que bien peu de fois, elle préférait dehors ou aller au Cromlech. Toujours est-il qu'elle avait été impressionnée par la prestance de la salle remplie de plusieurs personnes et par la nouvelle cheffe de cœur. Ce sentiment n'avait pas duré bien longtemps et toute son attention avait été concentrée sur l'aide psychologique qu'elle pouvait fournir à Eryne. Pourtant, fort était de se rendre compte que cela n'avait pas vraiment fonctionné. La troisième année avait perdu ses moyens et malgré tous les encouragements de la Terre, sa prestation n'avait pas été des plus réussies. Charlotte s'était dit qu'elle pourrait peut-être essayer d'améliorer cela avec elle, rapidement, ses pensées s'étaient emballées et elle avait pensé à organiser des répétitions entre elle et sa camarade.

Ensuite, elle avait été distraite. La prestation de Jacob l'avait quelque peu surprise, elle se rendait compte que le Gryffondor qu'elle connaissait peu était plein d'énergie. Comme elle. C'était assez surprenant. Elle aurait pu rester captivée devant le garçon mais l'état d'Eryne la perturbait beaucoup. Si elles étaient sorties rapidement pour qu'elle puisse se calmer avant de rentrer, la jeune fille ne voyait pas vraiment la différence. Alors, une fois les conseils de la cheffe de cœur donnés, elle lui avait attrapé la main et l'avait emmenée jusqu'à la Grande Salle.

- C'était pas si pire Eryne ! Si tu veux on pourra toujours s'entrainer ensemble.

Elle essaya de mettre une pression suffisante dans sa main pour prouver son soutient.

- Viens, un bon repas va te faire du bien j'en suis sûre. Et puis la nourriture c'est toujours bien ! Si tu veux après on pourra se goinfrer de caramels dans un de nos deux dortoirs...

Enfin, peut-être que le sien était sinistré. La petite n'en savait trop rien. Parfois Elizabeth avait des idées bizarre mais elle était rigolote.

Charlotte mena Eryne jusqu'à la table jaune et s'y installa en piochant dans les morceaux de pomme de terre qui se trouvaient dans un grand plat. Une fois fait, elle demanda à sa camarade.

-T'en veux ? Faudrait bien caler ton estomac maintenant !

Elle essayait de changer de sujet, ne voulant pas que la tristesse de sa camarade reste. C'était juste une petite audition sans vraiment de problème. Pas de quoi se faire du mouron après tout, mais elle la comprenait et changer les idée de la plus âgée passait pour l'aide la plus propice à ce moment.

@Jacob Tramontane pour la mention

Un échec. Ça avait été un échec total. Un échec sur toute la ligne, un échec intergalactique, un échec un échec un échec : une honte pour le piano. Une honte pour mes sept ? ou huit déjà ? ans de cours. Une honte pour mon père, pour mes partitions, pour ma passion, pour la chorale, Poudlard, pour Fauré, pour le monde entier.

Un vrai carnage, un désastre.

J’avais tout foiré, je le savais, et mon visage déconfit en témoignait. Mes bras et jambes étaient lourds, me tiraient vers le bas, faisaient retomber mon menton vers ma poitrine et courbaient mon dos. Les épaules affaissées, le pas lent, les pensées tantôt destructrices, haineuses, tantôt désespérées, je venais de vivre ma plus grande défaite concernant le piano – et j’étais quand même obligée de faire semblant que la vie était belle. Ouiii, je suis heureuse ! Ouiii, j’adore faire n’importe quoi sur une estrade devant des gens ! Ouiii, j’adore que l’on croit que je sais pas jouer au piano. Ouiii, la vie est magnifiiique !

De toute façon, tout ce que je faisais finissait par échouer, et cette fois-ci n’échappait pas à la règle. Je n’avais plus envie de rien, même pas de jouer, de parler, de lire, de dormir. Ni de manger, comme me proposait la voix de Charlotte – et c’était à peine si je l’entendais, comme enfoncée dans un monde parallèle, à des dizaines de kilomètres de profondeur sous l’eau. Loin d’elle, loin des gens, loin de tout. Pourquoi pouvais-je me boucher les oreilles mais pas les idées ? Je voulais faire comme si cette audition n’avait jamais eu lieu. Jamais.

Je haussai les épaules. Dé-sas-treux. Voilà ce que c’était. Tout l’entraînement du monde ni ferait rien ! Je ne serais jamais prise ! Et le problème ne venait pas de la pratique ou de la partition, non. C’était le stress, le public, la situation, la femme qui prenait des notes… Mais pourquoi ? Pourquoi cette épreuve devait se dérouler devant des gens ? Et il ne fallait pas me prendre pour une débile et sortir l’excuse « pour s’exercer », non ! Miss Sanders devait très bien savoir qu’avoir des observateurs ferait rater la prestation, même aux meilleur.es musicien.es. Alors pourquoi, pourquoi ?

C’était sa faute.

Voilà.

– Ouais, répondis-je.

Alors que *pas faim*. Ni envie de caramels. Juste d’aller dire à la cheffe de chœur là que son système n’était pas bon ! Et de me coller une bonne baffe aussi. J’aurais dû réussir ! Je connaissais mon morceau les yeux fermés, je pouvais le jouer n’importe où. Même ici, tiens : j’étais un caméléon, je pouvais m’adapter.

En écho à mes pensées, m’asseyant et détachant ma main de celle de Charlotte, je posais mes doigts sur la table et tapotai les touches imaginaires.

Je m’appelle Eryne O’Kieran, je suis une grande pianiste réputée dans le monde entier et je vais vous jouer la Pavane de Fauré. Je sais que le niveau n’est pas très élevé mais ce n’est qu’une petite mise en bouche ! Tout ça sous les applaudissements d’un public déchaîné, qui ne me ferait même pas peur.

Un petit regard du côté de mon amie, qui me proposait quelque chose à manger.

– Ok.

Puis je fermai mes paupières, toute ma concentration reportée sur le mouvement de mes mains, s’exerçant dans le vide.

Eryne allait être peu bavarde, ce soir.

Quand la motivation se lit dans son regard

A cause du malheureux départ d'Alexis Saunders, ce RP devient caduque.