La rousse piqua sans entrain dans la dernière pomme de terre qui ornait son assiette. L'ambiance à la table rouge était considérablement redescendue depuis que Siobhán avait du filer à la bibliothèque prendre un livre, laissant la troisième année toute seule pour la fin du repas. Il y avait bien d'autres personnes cools à la table mais après avoir enchaîné les fou-rire avec la cinquième année, difficile de trouver l'intérêt d'une conversation sur les cours de la journée ou mieux sur ce que dit la Gazette du Sorcier.

Guettant les arrivées dans la grande salle, une stature attira son regard. Elle se mit à nerveusement tapoter avec le bout de ses doigts sur la table, triturant son mouchoir dans sa paume observant avec insistance l'allure fière de l'élève.
Elle avait eu l'idée d'aller voir cette personne dès la première semaine de la rentrée mais le processus de tout les aveux à se faire à sois même avant d'oser était long. Voyant le garçon au cheveux noir se diriger vers sa table, la rousse inspira profondément, lâcha sa fourchette et se mit à marcher rapidement vers lui, bousculant au passages quelques premières années. Elle arriva près de lui juste avant qu'il s’asseye et tenta - sans grand succès- de l'interpeler d'une voix neutre et de sorte à ce qu'aucune personne aux alentour n'entende

- Eh Dale, j'peux te parler ? Elle indiqua la porte de sortie par laquelle le quatrième année venait de rentrer. En privé ?

En trois ans, c'était la première fois qu'elle adressait réellement la parole au garçon. Oh bien sûr elle savait qui il était, en partie grâce à une certaine aventure avec une autre capitaine de Quidditch mais jamais de face à face, pas même sur le terrain vu que Dale était sorti bien trop tôt pour qu'ils s'affrontent. Et pourtant c'était lui qu'elle venait voir.

— Au revoir, Miss !

Et me voilà désormais à flâner dans les couloirs, tout guilleret après ce cours pratique de sortilèges. Rien de mieux pour commencer la semaine, surtout lorsque je sais pertinemment que demain va être moins confortable avec ce mélange de soins aux créatures magiques, de botanique et de vol.

Le caractère de Samy a tendance à rendre le cours moins dérangeant et mon talent sur balai compensera le fait que ma chevelure risque d'en prendre un coup dans les airs mais le fait en restera le même : j'aurai botanique. Et botanique à l'air de rimer curieusement avec mauvaise humeur. Plus qu'à espérer que la bonne humeur dans laquelle je suis plongée en ce moment suffira à compenser la mauvaise de demain.

Une fois à l'entrée de la grande salle, je prends la liberté de m'arrêter quelques secondes dans l'espoir de trouver une certaine Lumah cachée à la table des Poufsouffle... Ce qui se révèle être un échec. Hm, elle doit être désireuse de manger plus tard.

Personnellement, j'ai faim tout de suite donc je n'ai pas spécialement envie d'attendre. Tant pis : je vais m'installer à la table de Serpentard comme un véritable Serpentard. Ce n'est pas dramatique.

Je n'ai pas spécialement envie de taper la causette mais plutôt de réfléchir à ce que je pourrai faire avec l'équipe de cette année donc je prends soin de choisir une place relativement isolée puis...

— Eh Dale, j'peux te parler ?

... Je ne m'assois pas à la place que j'ai choisie.

Je me tourne vers mon interlocutrice en arquant un sourcil : Everhart. Hm.

Je n'ai même pas eu le temps de me poser, je me fais déjà agresser par une joueuse des Griffes Ardentes. Super. Elle veut quoi ? Se plaindre parce que j'ai pas été gentil avec sa capitaine l'année dernière, bouhou ? Je ne suis pas intéressé, désolé.

— Non.

Puis je m'assois finalement pour tendre ma main en direction des magnifiques pommes de terre qui sont mises à notre disposition ce soir.

— Non.

La réponse heurta la jeune fille de plein fouet comme si Dale venait de lui envoyer un cognard. Bien sûr, elle ne s'attendait pas à qu'il la suive docilement et avec grand intérêt, elle s'était même préparée au fait qu'il lève les yeux au ciel en pondant une remarque désobligeante. Si il n'avait été l'aide dont elle avait besoin, il se serait retrouvé avec un coup de poing dans le menton (oh, wait..). Serrant les dents, elle fit semblant de s'attendre à cette réponse et enchaina, toujours à voix basse.

- S'il te plaît... Ces mots lui brulèrent la langue et se mordant les lèvres elle continua Promis je parlerai pas de votre défaite de l'an dernier, ni de ce qui s'est passé après. Et promis je vais pas te casser la gueule, je veux juste te demander un truc.

Elle hésita à ajouter quelques flatteries à l'attention de l'égo du quatrième année, mais se ravisa, retenue par son propre honneur. Dale restait l'ennemi n°1 malgré la trêve proposée, de par son statut de joueur de Quidditch et également par sa mésaventure avec une personne de l'entourage de Phoebe, cette dernière se rangeant tout naturellement du côté de sa capitaine. Ainsi, le meilleur compliment qu'elle aurait pu sortir au garçon aurait-été un "Ton bras n'est plus trop tordu depuis le coup de cognard de l'année dernière, il est presque normal par rapport à ta tête" et il était évident que Dale ne lui aurait plus adressé la parole.

Je soupire longuement en entendant la supplication de la Gryffondor à mon égard. Ce soupir se voit être accompagné d'une retombée de ma main, poing serré, sur la table, avant qu'elle ne puisse atteindre les fameuses pommes de terre.

Mon « Non. » n'était pas assez sec ? Pas assez froid ? Pas assez clair ? Je veux bien faire un effort et pas mettre tous les Gryffondor dans la case « imbéciles » mais ÇA FAIT QUAND MÊME BEAUCOUP, LÀ, NON ?

Je peux au moins être sûr d'une chose : non, ma bonne humeur du jour ne se répercutera pas sur demain. Parce qu'elle vient tout simplement de s'évaporer.

Je prends alors le temps de tourner longuement et lentement ma tête et mon regard sombre vers l'élève importune, ayant conscience que cela reste une Gryffondor et que cette maison a aussi la réputation de posséder des membres têtus comme des noueux. Elle ne va pas partir avant que je n'aie écouté ce qu'elle a à me dire et avant que je ne l'aie décrédibilisée dans ses propos. Je me dois de perdre deux minutes pour en gagner soixante par la suite.

Mon mouvement se fait cependant encore plus lent et agacé lorsqu'elle aborde les sujets qu'elle n'est pas censée aborder.

C'est ma technique à moi pour faire grincer les dents d'une personne, ça. Et tu verras par ailleurs que cette technique n'a aucun impact sur moi : je suis déjà passé à autre chose. Je suis bien plus mature que tu ne le seras jamais.

C'est faux mais sauvons les apparences.

Mon poing toujours sur la table se décide finalement à tâtonner jusqu'à une pomme bien rouge avant qu'il ne la porte à mes lèvres, mon regard noir plus noir que jamais, l'air de dire « Grouille-toi : j'ai pas tout mon temps ».

— Quoi ?

Puis je croque dans la pomme.

La rousse grimaça quand au bruit produit le poing de Dale qui s'écrasa sur la table. Bon, au moins les limites étaient fixées, ils étaient pas amis. N'osant pas respirer, par peur de contrarier le garçon, elle le regarda droit dans les yeux sans sourcilier attendant sa réponse avec impatience. Finalement, recevant son autorisation pour continuer, elle s’assit à côté de lui, tentant de trouver une distance idéal, pour qu'elle ne soit pas trop proche de lui, mais que personne d'autre mis à part lui puisse l'entendre.

Relevant la tête pour voir le quatrième année croquer dans sa pomme, la rousse se lança dans sa demande, Dale était quelqu'un qui pouvait changer d'avis à n'importe quel moment alors autant profiter du fait qu'il ne pouvait pas parler.

- Tu... tu voudrais quoi en échange du fait que tu trouves un moyen pour euuuhm séparer Jacob de Leo ?

C'était dit. N'osant pas regarder Dale dans les yeux, par peur d'y voir quelque chose qu'elle ne voulait pas, elle fixa la pomme dans laquelle il avait croqué avec insistance. Après tout il était sorti avec elle, et avec les mois qui s'étaient écoulés depuis, il n'avait aucune raison pour aider une gamine inconnue dans une entreprise qu'il voulait probablement oublier.

Aimait-elle Leo ?
Non. Oui. Peut-être. Ses sentiments étaient confus dans sa propre tête alors les éclairer à d'autres était inconcevable. En revanche, elle pouvait affirmer avec certitude, que la voir proche de Jacob nourrissait une boule de jalousie au creux de son ventre qui grandissait à chaque fois qu'elle les apercevait enlacés dans le château et que dès qu'elle les les observait un peu trop longtemps, ses yeux piquaient et ses joues devenaient brulantes. Pensant au début qu'il s'agissait d'un simple impression de dérangement, elle avait continuer comme si de rien n'était pour finalement se rendre compte avec le temps que le sentiment de désagrément venait de lui et non d'elle. C'était un constat auquel elle ne cru qu'à moitié bien qu'il vienne d'elle. La rousse avait longtemps considéré Leo comme une supérieure, avant de la voir comme une amie et la refaire changer de case était étrange et c'était d'autant plus étrange que mal tombé vu son statut relationnel actuel.

Puis je croque dans la pomme. Bruyamment.

Et c'est, bien évidemment, à ce moment-là qu'elle se décide à parler.

Rooh, sérieusement ? J'entends rien : ma pomme est trop bruyante. Désolé.

— ... séparer Jacob de Leo ?

...

Attends-tends-tends-tends-tends-tends-tends... QUOI ?

J'ai bien entendu ? Je n'ai pas halluciné ?

Elle a bel et bien parlé de briser le couple de sa propre capitaine. JE N'AI PAS HALLUCINÉ.

Mais non. Je n'ai pas entendu le début de sa phrase. Elle voulait très probablement dire autre chose. Elle ne voudrait tout de même pas blesser sa capitaine en la séparant de son nouveau petit ami. Quoique...

Je me décide finalement à croquer lentement le morceau qui traîne dans ma bouche depuis bien trop longtemps déjà en cherchant tant bien que mal le regard émeraude de mon interlocutrice dans l'espoir d'y voir si j'ai bien compris sa curieuse requête.

Hélas, celui-ci semble volontairement fuir mon propre regard, préférant admirer le fruit que je tiens plutôt que de subir l'effroi d'affronter mes yeux dignes de gnomes au poivre, que ce soit par leur couleur ou leur effet.

Quelle pourrait être la raison d'une telle gêne, si ce n'est la supposition que j'ai énoncée quelques secondes plus tôt ? Je vous le demande !

Mais pourquoi voudrait-elle entraver ainsi le bonheur de sa capitaine ? Et, en même temps, pourquoi viendrait-elle me voir moi si c'était une demande autre que celle-ci ?

Et puis, quand on y pense... Il y a pas mal de bonnes raisons à sa volonté de les voir se séparer. Genre parce que Leo n'arriverait pas à se rendre compte d'elle-même que sa relation lui nuit, au contraire de ses amis. Parce que ça l'empêcherait de gérer correctement l'équipe, même si, dans ce cas-là, cela ne me gênerait absolument qu'elle continue ainsi : gagner le match avec cent-cinquante points d'avance parce que la capitaine est pendue aux lèvres d'un élève dans les tribunes, ça fait toujours plaisir. Voire le cas inverse : Leo est sur le point de la virer de l'équipe donc elle veut se venger en l'embourbant dans une profonde dépression. Ce qui serait, ma foi, une initiative fort intéressante à laquelle je serais ravi de participer.

Mais bon. Je n'ai même pas la confirmation qu'elle me parlait bel et bien d'une volonté de séparer le couple, non le souder :

— T'as dit quoi ?

Je croque une seconde fois dans ma pomme avant de tâtonner de ma main libre vers une carafe de jus de citrouille dans le but de me servir. Si c'est bien ce à quoi je pense, cela ne me gênerait absooolument pas de prendre le temps de discutailler plus longtemps que prévu.

— 'Pas entendu.

— T'as dit quoi ?

Pardon ?

— 'Pas entendu.

AAAAAAAAH MAIS. Il a fait exprès de croquer au moment où elle s'est mise à parler, c'est sûr. Ramenant ses yeux de la pomme aux yeux du garçon, elle afficha durant quelques secondes un air blazé pour lui faire comprendre qu'elle ne souhaitait pas rentrer dans son jeu où il menait la danse.

Regardant la main de Dale prendre la carafe avec le liquide orange pour verser ce dernier de manière irrégulière dans le verre devant lui, elle fut soudainement prise d'un doute quand à la raison pour laquelle elle était assise à la table verte. Etait-ce raisonnable, de venir voir celui que Leo détestait probablement le plus pour qu'il l'aide à s'en rapprocher ? Non, ou du moins ce n'était probablement pas très honnête envers elle, mais concurrencer Jacob à la normale était partir avec deux longueurs de retard.
Ah ! Les obsessions des adolescents peuvent être parfois irrationelles, faisant apparaître des traits de caractère insoupçonnés. Mais malgré la conscience du fait qu'elle puisse faire quelque chose d'immoral, elle était prête à faire tout pour cette fille aux cheveux couleur jus de citrouille.

- J'ai demandé elle s’interrompit pour s'assurer que parmi les personnes qui les entouraient, aucun n'écoutait, ce que tu voudrais en échange de m'aider à trouver un moyen à séparer Leo de Jacob.

Confus.

- Fin' j'veux dire bafouilla-t-elle, t'as probablement remarqué qu'ils étaient ensemble et euuh je me disais que tu voulais une vengeance sur lui - ou eux et par la même occasion allier nos intérêts, parce que je suis eh bien, interessée.

Cette fois ci, il était obligé d'avoir entendu. Sentant ses mains trembler à cause du stress, la rousse attrapa la carafe que Dale venait de lâcher pour se servir du jus de citrouille, tout en reversant un peu à côté du verre, qu'elle bu à grande gorgée.

Je profite du fait qu'un silence règne pour avaler correctement ce morceau de pomme qui traîne dans ma bouche avant de porter mon verre de jus de citrouille à mes lèvres... Et d'esquisser un sourire amusé en voyant ses prunelles émeraudes me fixer de l'air le plus blasé qui soit. Elle est vraiment marrante, lorsqu'elle le veut.

Je finis par boire une gorgée puis... Oh ! C'est bon : elle se décide à reprendre la parole !

— J'ai demandé...

Et elle s'interrompt.

Quooi ? Tu as demandé quooi ? J'ai entendu ce que tu as dit tout à l'heure, ne me sors pas un « Rien. » !

— ... de m'aider à trouver un moyen à séparer Leo de Jacob.

Bigre.

Alors oui, le peu que j'ai entendu était totalement représentatif de sa demande.

Mon sourire amusé s'élargit bien malgré moi : c'est particulièrement... Comique. Une joueuse de Quidditch, qui plus est de Gryffondor, qui souhaite briser le couple de sa propre capitaine. C'est juste... Woaw.

J'ai besoin d'en savoir plus. Elle ne peut pas juste me laisser avec cette demande, comme ça. Je veux connaître l'histoire derrière cette dem-... !

Ah bah je n'ai même pas eu besoin d'en faire la requête : voilà qu'elle s'entremêle la langue en essayant de la délier. Et voilà que j'apprends... Que... Oh non, pas encore.

July, son histoire de je sais pas quoi au Dominion, Ginger, Orphéa... Et maintenant Everhart aussi ? Mais qu'est-ce qu'elles lui trouvent toutes, sérieusement ? Non seulement c'est un Gryffondor mais en plus il a même pas de rôle !

— Laisse tomber. Jacob est la cible de trop de personnes.

Et j'ignore à quel point tu te démarques au sein-même de Gryffondor mais, dans le château en général, une chose est sûre : tu es un fantôme. C'est à peine si j'avais conscience de ton existence avant que tu viennes me parler. Et pourtant, tu es dans une équipe. C'est pour dire...

— Laisse tomber. Jacob est la cible de trop de personnes.

Hein ?

Elle fronça des sourcils, perplexe face à la réponse que venait de lui donner Dale. Il y avait d'autres personnes intéressées par Leo ? Mais quoi..que faisait Jacob dans tout ça ?

Phoebe recracha instantanément son jus de citrouille sur la table, réalisant soudainement le contenu des paroles du quatrième année. Se rendant compte immédiatement des dégâts provoqué à une table qui n'était même pas la sienne, elle choppa une pile de serviette à proximité, les déposa sur l'endroit où avait atterri le liquide orange et en mis quelques unes sur sa robe sorcière, également victime de l'accident.

Ainsi, Dale l'avait prédestinée à tomber amoureuse de Jacob comme n'importe quelle fille dans la moyenne du château, (exceptée Leo, qui avait pas encore ouvert les yeux devant toutes les possibilités que Poudlard pouvait lui offrir). La rousse ne pu s'empêcher de rigoler, quand à l'idée que venait d'évoquer le garçon. Il n'y avait qu'une chose qui unissait Jacob et elle, c'était la fille qu'ils aimaient, chose qui paradoxalement serai à un moment ou un autre, une source de désaccord. Mais la jeune fille était désintéressée de lui en tant que tel, car malgré sa popularité il se fondait dans une masse d'autres garçons, se fondant eux mêmes avec les murs gris du château quand il était question de sentiment.

- Nan. Elle leva la main, comme pour l'arrêter dans sa pensée et de faire demi-tour avant de dire quelque chose d'encore plus absurde Tu m'as mal compris, c'est pas lui que je veux, y'en a une centaine d'autres de garçon comme lui dans le château et je serai pas venue vers toi pour ça ; c'est elle qui m’intéresse.

L'incident l'ayant aidé à décompresser, la troisième année, se servit un nouveau un jus de citrouille, qu'elle avala à grande gorgée, en faisant bien attention à ne rien recracher.

Suite à mes dires, j'enchaîne avec un croc dans ma pomme. C'est bon, les pommes, tout de même. Surtout lorsqu'elles sont rouges ainsi.

Or, je manque de m'étouffer avec mon morceau de pomme dans le sursaut que j'ai suite à la réaction un peu trop brutale à mon goût de la Gryffondor : elle a juste recraché son verre. Comme ça.

Quoi ? Qu'est-ce que j'ai dit qui aurait pu la choquer ainsi ? Elle est censée être au courant qu'il est hors de sa portée, non ? ... À moins qu'elle ne se soit voilée la face tout ce temps face au succès de ce Gryffondor au château et qu'elle ne se soit rendue compte que maintenant que ses chances étaient très faibles.

— AH.

Ah d'accord. AH, je comprends mieux sa réaction, d'un coup, maintenant qu'elle a lumosé le sujet... Même si je ne peux m'empêcher de pouffer en me rendant compte du véritable fait.

Encore, Tramontane, je peux comprendre : il n'a peut-être rien du tout mais il est objectivement beau. Tramontane avec Ginger, je peux comprendre : ils étaient amis, le petit Jacob un peu trop protecteur a voulu la guérir dans son chagrin. Mais quelqu'un qui aurait un crush sur Ginger...

Je laisse, cette fois-ci, un pouffement plus prononcé s'échapper.

Elle a rien ! Elle n'est pas soignée, elle pue la transpiration, elle pue la pauvreté et fichtre, qu'elle est laide, pour couronner le tout. Sérieusement : même Wellhister est plus beau qu'elle, malgré le fait qu'il ne connaisse visiblement pas l'existence du remède anti-furoncles étant donné son acné ! Et encore, je n'ai même pas mentionné son caractère de chartier humain. La petite sœur cachée de Kingson, sans aucun doute : aussi désagréable que cet être humain.

Et puis mince, ce détail du caractère de chartier, elle doit bien le savoir mieux que moi, non ? C'est elle qui est dans son équipe, pas moi. Elle la côtoie dix fois plus souvent que moi !

Décidément... Phoebe Everhart est un cas spécial. J'ignore si elle a compris quelque chose à l'amour - ce qui n'a pas l'air d'être le cas si son cœur est épris d'une telle personne - mais, ce que je sais, c'est qu'elle m'a proposé quelque chose en échange.

Je prends l'air le plus sérieux dont je peux me munir après une telle déclaration. Je plante froidement mes yeux dans les siens. Je relève un peu hautainement le menton pour me donner un air.

— Vingt-cinq gallions.

Elle ne vient pas d'une famille riche. Elle ne pourra pas se le permettre... Ou du moins elle n'a vraiment pas l'air d'une gosse de riche au vu de son allure.