Tu en as tout simplement marre. Tu sais que ce n'est pas bien, tu t'en veux dans un sens, mais tu dois respecter tes parents. Ils t'ont clairement dit de ne pas te mêler à tout ça. Tu ne dois pas te laisser faire. S'ils veulent parler de politique, grand bien leur fasse. Toi, tu ne dois pas savoir.
Or, tu as bien compris que tout ce dont on parle en ce moment, cette histoire de Bal d'Halloween, de salle détruite et de Néo-Mangemorts, ce n'est pas une histoire de cour de maternelle. C'est quelque chose que les moldus ne comprendraient pas, en regardant toujours leur nombril. Même si tu ne le reconnaîtrais pour rien au monde, tu préfères faire exactement comme eux, pour une fois. Te concentrer sur toi et pas sur les autres. Et ce bal, c'est l'histoire des autres, justement.

En ce moment-même, à l'autre bout du château, Carry Harrison fait ses bagages pour quitter la salle commune. Tu n'avais pas envie de savoir. Tu as compris qu'elle avait fait quelque chose de grave pendant ce bal, et que ça concernait plusieurs élèves de ta maison. Tu en sais déjà trop. Tu as entendu parler de trahison, de sang, de guerre. Tant de mots qui te font comprendre que toute cette histoire ne te regarde pas.

Tu t'en veux quand même, tu as compris que c'était grave. Toutefois, tes parents te l'ont bien dit : tu es trop jeune pour faire quoi que ce soit. C'est triste, mais c'est comme ça. Tu es impuissante face à tout ça, tu continues à suivre la directive de tes parents. Heureusement qu'ils ont dit ça, ça t'arrange bien, tout compte fait.

Levant les yeux, enfin, tu vois une camarade de ton âge. Tu te demandes pourquoi elle est là. Puis tu te dis qu'elle est peut-être comme toi, toi qui ne veux pas savoir, toi qui te bouches les oreilles pour ne pas comprendre.

- Toi aussi, tu en as marre d'entendre parler de ce massacre ?

Mary partait elle voulait s'éloigner le plus possible de sa salle commune. Les discussions ne portaient que sur un et même sujet : le bal d'Halloween. A croire que touts ces élèves n'avaient qu'un seul sujet de discussion. Mary n'y était pas et pourtant son effroi face à ce qui c'était passé était bien réel. Elle restait encore sans voix face à ces sorciers se faisant passer pour des... Quoi déjà ? Mangemorts. Car oui la bleu et bronze avait appris par la même occasion ce qu'était un mangemort. Car ne connaissant que depuis peu de temps le monde magique elle en apprenait tous les jours.

Ce qu'avait fait ces élèves lui donnait envie de vomir. "Traitres à leur sang" c'est ce qu'ils disaient pour leur faire peur. Le problème ne venait pas tellement de ce qu'ils avaient fait, bien que c'était horrible, mais de ce qu'ils continueraient à faire car Mary en était sûre ils ne s'arrêteront pas ici. Et elle avait un peu honte de l'avouer mais ça lui faisait peur.

La jeune McCarty soupira légèrement sa vie avait bien changé depuis ce fameux jour d'été où elle avait reçue sa lettre. Depuis rien n'était pareil les repas, les cours et même Halloween car cette année elle n'avait pas pu sonner aux portes pour ramasser des bonbons. Cette tradition était un peu enfantine mais elle aimait bien. Ici pour cette fête le château était simplement décoré de diverses citrouilles. Il fallait bien l'avouer la jeune fille avait plus que besoin de se changer les idées. Soudain elle entendit une voix et elle sursauta légèrement car elle pensait être seule. Ses yeux se posèrent sur la source de ce bruit. C'était une jeune fille aux chevaux courts et bruns et aux yeux verts. Mary ne répondit rien dans un premier temps. Elle ne savait pas trop si elle avait envie d'avoir de la compagnie. Puis elle dit d'une voix basse :

- Humm oui on peut dire ça comme ça.

Elle se répéta les paroles de la fille dans sa tête. Elle avait parlée de "massacre" c'était peut-être un peu fort comme mot mais elle avait sûrement raison. Puis Mary la regarda avec plus d'attention, essayant de cerner la jeune fille qui se trouvait en face d'elle. Puis elle ajouta :

- Moi c'est Mary.

Elle te répond. Il fallait t'y attendre, après tout, tu lui as posé une question. C'était malin de ta part, ça, tiens. C'est toi qui as lancé le sujet que tu veux éviter. Au moins, elle semble de ton avis. C'est déjà pas mal.

Et mince, le prénom. Qu'est-ce qu'on en a à faire, de qui s'appelle comment ? Tu ne t'en occupes pas, toi. Ils appellent ça être sociable. Qu'il en soit ainsi, si tel est leur souhait.

- Malya.

Qui a dit que tu devais faire une phrase complète ? Tu te présentes, un point c'est tout. Enfin non, tu dis juste ton prénom. La fille devinera que ce n'est pas celui de ton copain imaginaire.

Tu es de mauvaise humeur. La conversation s'en ressent. Ou plutôt, ton absence de conversation. Enfin, maintenant que tu as commencé, autant continuer. Dire ce que tu penses. Si elle n'aime pas le sujet, elle ne commentera pas trop avec des propos indignés. Ces propos qui t'énervent tant.

- Ils n'avaient qu'à rester dans leurs dortoirs, ce ne serait pas arrivé. Je ne comprends pas ce qui s'est passé et je ne veux pas comprendre. Ils parlent de ça, dans la salle commune, et je ne veux pas savoir. De toute façon, j'aime pas Halloween.

Non, tu n'aimes pas. Qui aimerait, à ta place ? Cette fête ridicule où des moldus se font passer pour des sorciers, à courir quémander un bonbon d'une porte à l'autre. Ils croient qu'ils font peur, en plus. Tu préfères rester chez toi et boire un bon jus de citrouille, tu te fatigueras moins.

Mary la fixa. Comme sondant son âme elle chercha le moindre petit indice, une réponse sur la raison de ses mots. Elle était comme eux en fait à détester des gens sans trop savoir pourquoi. Enfin ce n'était peut-être pas de la haine mais plus de l'indifférence totale envers les nés moldus. Mary n'avait pas la force de répliquer sa situation l'agaçait. Elle avait déjà eu à se justifier de sa place à Poudlard il y a 3 jours et une nouvelle altercation ne l'intéressait pas. Quitte à passer pour une peureuse elle préférait ne pas se prendre la tête avec cette fille. Mary arrêta de la fixer et detourna le regard pour le poser sur le paysage qui se trouvait sous ses yeux. Depuis cette tour on avait un point de vu imprenable sur le parc de Poudlard. Il faudrait qu'elle revienne ici un jour pour prendre des photos.

Mary reporta son attention sur la jeune fille qui se trouvait dans la pièce : Malya. C'était un joli prénom. Elle lui aurait bien dit si elle n'avait pas autant de lassitude. Bien qu'elle n'était pas du tout d'accord avec ce qu'elle disait elles étaient en accord sur un point : elles ne comprenaient pas. Mais comment comprendre. Tant de violence était inévitablement incompréhensible. Les sorciers pouvaient se moquer autant qu'ils le voulaient des moldus mais ces deux mondes étaient en réalité semblables. Ils avaient chacun leur forme de racisme, leur propre gouvernement avec leurs injustice et leurs privilégiés. Au fond tout n'était qu'un éternel recommencement. C'est pourquoi Mary décida de taire son identité à la jeune fille. A quoi bon lui dire ? Elle se ferait juger et elle n'avait pas le courage de se défendre aujourd'hui. Elle répondit donc voulant rester évasive :

- Tu a sans doute raison même si je ne suis pas d'accord sur tous les points avec toi. En tout cas cette année Halloween est vraiment pourris.

Son regard n'avait pas quitté le parc quand elle avait parlée.

Elle te parle sans te regarder. Elle n'est pas complètement d'accord avec toi, mais elle admet que tu as raison. Bien sûr que tu as raison. Pourquoi mentirais-tu ? Quel avantage pourrais-tu y trouver ? Quand tu ne sais pas, tu te tais. Mais là, tu es persuadée que tous les arguments pour Halloween ne peuvent qu'être ridicules, faciles à réfuter ou témoignant de la naïveté de ton interlocuteur.

Halloween. Quelle fête inutile. Si tu es restée dans ta chambre, c'est parce qu'entendre parler de ce bal t'a fait remonter de bien mauvais souvenirs. Tu as eu peur, la vérité est là. Tu ne le reconnaîtrais pour rien au monde, mais Halloween te fait peur. Pas du côté des monstres, ou autre. Du côté des moldus.

Ils t'ont tant fait. À Halloween, ils se déguisaient, et alors, tous les coups étaient permis. Tous sans exception car, si tu allais te plaindre, ils disaient que ce n'était pas eux. Tu savais que c'était eux, bien sûr. Les enseignants aussi, d'ailleurs. Mais tu n'avais pas de preuves, et on en exigeait de toi. Comme si on doutait de ta parole, alors qu'on voulait simplement te donner tort.

- Halloween, c'est tout le temps pourri. C'est pas nouveau. C'est bête, comme fête. C'est pour ça que je ne suis pas allée au Bal, au moins j'étais tranquille.

Eh bien, tu avais bien fait, de ne pas y aller. Pour y entendre parler de politique... Tu passes ton tour.

Mary l'écouta sans rien dire. Il ne lui semblait pas qu'Halloween était pourri chaque année et pourtant avec le recul elle se trouvait ridicule. Ridicule d'aller frapper aux portes du quartier déguiser en sorcière ou en fantôme. Car maintenant elle sait à quoi ressemble les sorciers et les fantômes et c'est bien loin de ses déguisements de petite fille. Les sorcières ne sont pas vertes avec un grand chapeau pointu et les fantômes ne portent pas de draps. Pourtant, même si elle devait être ridicule aux yeux de la communauté magique dans sa tête les souvenirs semblaient si idylliques. Ses seuls problèmes étaient d'avoir plus de bonbons que Liam quitte à lui en piquer quelques-uns dans son dos. Si seulement il était là avec elle tout serait plus simple. Mais non lui est dépourvu de pouvoirs et continu à fêter Halloween en ignorant tout de la vérité.

C'était en fait une des raisons pour laquelle la jeune McCarty n'avait pas assistée au bal. Liam lui manquait et c'était trop dur de ne pas être avec lui cette année. Elle ne se voyait pas arriver seule à la fête dans un déguisement surement ridicule faisant semblant que tout allait bien. Non elle avait bien fait de rester dans son dortoir. Et cette jeune fille aux yeux verts avait fait la même chose. Mais pas pour les mêmes raisons.

Mary en eu mare de parler d'Halloween elle lui répondit par un simple hochement de tête. Et si ça ne lui allait pas elle n'avait qu'à partir. Après tout elle était venue ici pour être seule mais visiblement l'univers ne lui accordait pas ce luxe. Pour couper court à la conversation la jeune Serdaigle ouvrit en grand la fenêtre devant laquelle elle se trouvait. Un courant d'air froid vint lui fouetter le visage mais elle n'en tint pas compte continuant ses mouvements. Elle s'appuya sur ses bras et fit passer l'une après l'autre ses jambes par dessus le rebord de la fenêtre. Elle avait désormais les jambes dans le vide. Elle se tourna vers Malya un sourire provocateur sur le visage comme une invitation silencieuse à la rejoindre. Enfin si elle en avait le cran, peut-être que les sorciers n'étaient pas si courageux que ca après tout...