Irene rougit un peu sur les premiers mots de Mr Lynch. Oublier une question était si facile quand on obtenait une réponse qui nous entraînait vers une autre interrogation, c'était cette peur qui amenait la jeune Serdaigle à poser ses questions de la sorte, aussi vite qu'elles apparaissaient dans le fil de ses pensées. Néanmoins, la jeune fille se tut pour écouter la suite et hocha la tête une nouvelle fois. La difficulté et le travail pour réussir cette métamorphose, dont l'intérêt restait souvent somme toute limité, en faisait une capacité particulièrement rare, rendant effectivement les recherches dessus plus difficiles à mener, mais ça ne faisait qu'un voile de plus à lever pour la jeune fille. La Serdaigle observa son professeur se lever pour s'approcher d'une armoire et en sortir un livre. Irene observait avec curiosité la couverture vieillie, attendant d'en savoir plus. Mais son professeur se contenta de répondre à ses questions. Du moins c'est ce que la jeune fille commença à penser. Cependant, après quelques mots, le professeur tendit grimoire vers Irene. La jeune fille hésita un peu et prit délicatement l'ouvrage dans ses mains. Une chaleur se diffusait dans son ventre et ses joues alors qu'elle observait avec curiosité la couverture usée, passant son doigt délicatement sur les lettres du titre. Un livre de cet âge ne pouvait qu'être une mine d'or. L'odeur de vieux livre lui chatouillait agréablement les narines alors qu'elle s'interrogeait sur le geste de son professeur. Etait-ce un prêt ou... un don ? Irene n'osait croire que ce fut la seconde proposition... Alors elle demanda avec hésitation, son regard aimanté sur cette couverture qu'elle mourrait d'envie d'ouvrir :
- Je... dois vous le rendre quand ?

En comprenant que Mr Lynch lui faisait un cadeau, Irene serra le livre contre elle, émue. Elle eu du mal à trouver ses mots, remerciant sont professeur d'un simple "merci", incapable de lui dire à quel point ce geste lui faisait plaisir. Après quelques instants de gêne et de silence, la jeune fille posa une dernière question :
- Il y a beaucoup de métiers en lien avec la métamorphose

Puis, pensant au travail fascinant de sa mère, Irene ajouta :
- Il y a des "chercheurs" en métamorphose ? En magie ?

La jeune fille ne savait pas encore très bien ce qu'elle voudrait faire plus tard, c'était aussi en partie pour ça qu'elle avait choisit la filière qu'elle avait prise et qu'elle suivait autant de cours qu'elle pouvait. Mais comprendre comment la magie fonctionnait, quelles en étaient les limites et les lois, trouver tout ce qu'on pouvait en faire, tout cela intéressait Irene au plus haut point, aussi était-ce une piste de réflexion qu'elle pouvait creuser, une parmi d'autres.

Aydan vit la jeune fille serrer le livre contre elle, il savait qu'elle y accorderait autant d'intérêt que lui-même l'avait fait. Irene avait finalement une nouvelle question, un sujet qu'Aydan connaissait bien, il s'était lui aussi, à peu près au même âge, posé cette question.

"- Bien sûr. Moi-même avant de venir enseigner ici j'ai passé des années à étudier la métamorphose. On cherche à la comprendre, à en créer. On voyage beaucoup pour partager nos connaissances car chaque culture a ses propres approches de la magie et c'est très intéressant de les découvrir. Même de nos jours il y a beaucoup d'inconnus, de secrets à percer."

Il était toujours nostalgique de cette époque, il ne doutait pas que l'enseignement aller lui apporter un nouvel épanouissement, mais cela faisait plusieurs années qu'il avait mis de côté ses voyages et ses recherches et le manque s'en faisait ressentir.

"- Les domaines de recherches sont variés, presque toutes les matières enseignées à Poudlard y sont sujettes. Certaines régions du monde sont spécialisées dans un domaine particulier, en Afrique par exemple, ils ont une maîtrise bien supérieure de la métamorphose que nous, humaine comme élémentaire. Si c'est un métier qui vous intéresse, je serai ravi de vous aider et de vous en dire plus durant les années à venir. Il faut juste être près à faire quelques sacrifices. Pendant 10 ans je suis resté loin de ma famille car toujours perdu dans un pays étranger. Ce n'était pas une obligation, mais c'était la meilleure façon d'exercer mon métier."

Une étincelle se remit à briller dans les yeux de la jeune fille qui écoutait en silence les explications de son professeur. Voyager ainsi, découvrir les différentes approches de la magie, les différentes manières de l'employer, les différentes spiritualités liées à cette énergie si particulière, tout cela la faisait rêver. Cependant, si Irene se sentait capable de mettre œuvre beaucoup d'énergie pour assouvir sa curiosité, elle n'était pas certaine d'être capable de mettre complètement sa famille de côté. Pourtant ne l'avait-elle pas déjà fait en étudiant à Poudlard et en restant au château deux années complètes sans rentrer en Irlande ? Ses choix avaient certes été motivés par son besoin de protéger sa famille, mais cet épisode ne prouvait-il pas qu'elle était capable de faire ce sacrifice ? La question se posait de savoir surtout si ça en valait le coup à ses yeux et à son cœur. Et si Devon accepterait encore de répondre à ses lettres au lieu de partager des conversations avec elle.

Irene médita un instant sur cette question avant de demander :
- Comment on devient chercheur en métamorphose ? En quoi ça consiste exactement ? Est-ce que c'est comme la recherche scientifique moldue ?

Irene rougit un peu et se tut immédiatement, consciente qu'elle venait de laisser échapper une information qu'elle ne voulait pas dévoiler en ces temps troublés. Peut-être que son professeur n'allait pas relever, n'allait pas se poser de questions. Pour se redonner contenance, la jeune fille rejeta ses cheveux en arrière, comme pour attirer le regard du professeur sur ce mouvement plutôt que sur son visage, un peu comme on pose un abat-jour sur une lampe pour atténuer un peu la lumière. Mais même comme cela, Irene avait la sensation d'avoir été aussi discrète qu'un éléphant au milieu d'un couloir. Elle avait laissé échappé cela en pensant au métier de sa mère. Ellen leur en avait parlé longuement et avec plaisir à Devon et Irene. Les jumeaux étaient curieux et ce travail que leur mère faisait et leur racontait les avait toujours fait rêvé. Ils n'en avaient qu'une image romancée encore, comme si on trouvait toujours quelque chose, ignorant les heures de labeurs et parfois de fausse routes qu'un chercheur pouvait vivre. Mais depuis son entrée dans le monde de la magie Irene avait été animée par le besoin de comprendre comment tout ça fonctionnait et quelles étaient les limites de la magie. Elle en apprenait toujours un peu plus, mais elle sentait qu'elle n'avait jusqu'alors abordé dans chaque matière que la surface du domaine étudié, ce qui la frustrait quelque peu, devant prendre alors son mal en patience. Une nouvelle question s'échappa soudainement de ses lèvres :
- Pourquoi avoir arrêté ? Pourquoi enseigner ?

CdC Avril 2021 - Mission n°2

Aydan apprécia l'intérêt d'Irene pour le métier de chercheur en métamorphose, peut-être suivrait-elle cette voie. Mais avant même qu'il n'ait le temps de répondre, elle posa une autre question. Il sourit à nouveau devant l'avidité de savoir de la jeune fille.

"- Il n'y a pas vraiment de parcours, il faut s'y connaître en métamorphose et être passionné, car c'est un vrai métier de passion. Être chercheur en métamorphose, c'est découvrir les métamorphoses du monde, les étudier, les comprendre, ou du moins essayer et les partager aux autres. C'est un métier extrêmement intéressant, rempli de voyages, de découvertes et de rencontres. On apprend continuellement et on transmet notre nouveau savoir à d'autres. On peut aussi avoir un projet, personnellement j'ai axé mes recherches sur le don de métamorphomage. A essayé de comprendre son origine et ses secrets, 10 ans de recherches, et j'en suis toujours au même point haha! Tout le monde peut le devenir ou presque, il faut quelques contacts, soit auprès du Ministère, enfin avant, ou bien auprès de certaines associations de sorciers spécialisés dans le domaine. J'ai aussi travaillé pour le Mensuel de la métamorphose, ils sont très friands de nouvelles découvertes et envoient parfois des sorciers aux informations. Mais voyager sans cesse, ça vous éloigne de vos proches. J'ai choisi d'arrêter de partir à l'autre bout du monde et rester ici, à faire des conférences jusqu'à ce que naisse en moi le désir de transmettre mon savoir à la relève. J'aime croire que parmi vous, il y a de futurs chercheurs en métamorphose, ce serait une belle satisfaction... Je ne sais pas trop si c'est un métier comparable à ce que peuvent faire les moldus. J'imagine que oui, en quelques sortes mais je ne connais pas trop la science moldue. C'est assez admirable de voir ce qu'ils sont capables de faire sans magie d'ailleurs."

C'était un peu risqué d'exprimer une telle pensée en ces temps troubles, mais il l'assumait, les sorciers avaient beaucoup à apprendre des moldus sur leurs maîtrises des technologies et des sciences, c'était un fait.

Le sourire de son professeur rassurait Irene : loin de paraître incommodé par ses flots de questions, il semblait les approuver, les apprécier même. Et il y répondit à nouveau avec profusion, au plus grand plaisir de la jeune fille qui l'écoutait avec toujours plus d'intérêt. Elle acquiesçait presque à chaque point, des étoiles dans les yeux. Et de nouvelles questions fusaient dans son esprit curieux. Elles glissèrent alors de sa bouche, comme une plume sur un parchemin :
- Pourquoi la métamorphomagie ? Un sujet aussi spécifique doit pas en attirer beaucoup... Vous avez fait des découvertes sans rapport avec ?
Peut-être était-ce un métier fait pour elle ? Peut-être pouvait-elle s'y intéresser ?
- Quelles qualités il faut ? Quelles sont les plus grandes difficultés ?
Irene songeait à la curiosité, la persévérance, le plaisir d'apprendre, mais également de la créativité, en bref, des qualités inhérentes à sa maison pour la plupart et qu'elle pensait posséder. Surtout concernant la première, tout comme la mort est notre lot à tous ; sans la mort, la vie serait incomplète, sans sa curiosité et sa soif de connaissance, Irene serait incomplète, pour ne pas dire, pas grand chose... Quant aux difficultés, il en avait déjà mentionné quelques unes : l'éloignement de la famille, les difficultés d'obtenir des résultats... Irene aimait tester les choses qu'elle apprenait, les voir se réaliser, certaines expériences n'étaient pas toujours immédiatement des succès, tout comme elle ne parvenait pas souvent à apprendre à jeter un sortilège ou à faire une figure au Quidditch du premier coup, mais la satisfaction éprouvée lors de la réussite et de la maîtrise était toujours proportionnelle à la difficulté qu'elle avait alors éprouvée pour atteindre ce résultat ; et si, pour beaucoup, la sottise est toujours une tentation irrésistible, pour Irene, l'envie de s'améliorer et d'atteindre ses objectifs était toujours plus forte que l'attrait de la paresse ou de la procrastination, aussi elle se voyait bien s'épanouir dans un tel métier, ce malgré l'éloignement de la famille. Sans compter que si elle se voilait souvent la face à ce propos, elle savait au plus profond d'elle même que sa condition de sorcière était déjà un grand marqueur de séparation avec ses proches, jusqu'alors tous moldus.

CdC Juin 2021 - Mission n°2, Mission n°9

Il aurait pu être déstabilisé par la question ciblée de la jeune fille, mais avec le temps il avait appris à rester impassible lorsque son don était évoqué. Il avait déjà dû justifier son intérêt pour ces recherches dans le passé. Il lui avait fallu trouvé des mécènes pour financer ses voyages. Il offre onc à la Serdaigle une réponse depuis longtemps développée.

"- Effectivement, j’étais pour ainsi dire le seul intéressé par ces recherches. On considère depuis presque toujours que la magie est, tout simplement. Rare son ceux qui cherche à comprendre son existence. Pire, ceux qui le font sont souvent considérés comme dangereux car on pense qu’ils cherchent à acquérir encore plus de pouvoir, et certains sang-purs pensent encore que ceux qui cherche à comprendre visent à partager les secrets de la magie aux moldus. Les métamorphomages sont encore plus énigmatiques que la magie elle-même, il y en a peu, et les rares qui se font connaître ne veulent pas devenir des cas d’études. J’ai toujours considéré ce don comme une maladie, ce n’est pas quelque chose de néfaste mais ça demeure une sorte d’anomalie génétique. J’ai accès mes recherches en ce sens, pour chercher à comprendre ce don, son origine et pourquoi pas, voir si il était possible de s’en débarrasser, bien que ça n’est jamais été un de ses désirs, ou alors réussir à mieux le maîtriser. J’ai essayé de reconstitué les généalogies de métamorphomages, en remontant dans sa famille en premier bien entendu, mais bien souvent je me retrouvais souvent confronté à des impasses, absences d’informations, documents disparus ou détruits, fausses pistes. C’est là toutes les difficultés en fait. Des fois tout est simple, d’autre fois on passe des jours pour trouver ce qu’on cherchait. L’avantage c’est qu’on finit par apprendre des choses qu’on ne serait jamais venu apprendre. J’ai pas la prétention d’avoir fait de grandes découvertes mais j’ai enrichis mon savoir personnels de façon incroyable dans le domaine de la métamorphose. Si vous êtes quelqu’un de passionné, curieux et patient, vous avez déjà trois des principales qualités pour le devenir."

Pour la première fois depuis l’arrivée de la rouquine, Aydan jeta un œil à sa montre à gousset. Il ne commençais pas à s’ennuyer mais cela faisait un bon moment qu’ils parlaient et Aydan avait encore un certain nombre de copie à noté avant le prochain cours. Sans stopper l’élan de curiosité de l’élève, il rangea sa montre et attendit de voir si elle était rassasiée par les infos que lui avait donné l’irlandais.