Samedi 1er février, fin d'après-midi.
@Sigmund Charleston

Le temps était digne d'un mois de février. Des rafales de vents glaciales semblaient parcourir le pays de part en part, la preuve étant que dans le petit village de Pré-au-Lard ou au fin fond de Loutry Ste Chapsoule, le ressenti était globalement le même. Sarah remonta le col de sa cape pour protéger son cou, desserrant un peu au passage l'écharpe qu'elle avait fait l'effort de mettre mais qui grattait quoi qu'elle fasse. Merlin ce que c'était agaçant. Elle relu la note laissée par son collègue quelques jours plus tôt avant de se diriger vers un petit panneau indicatif, un plan de la ville.

Le village n'était pas bien grand et Sarah ne doutait pas qu'elle finirait par trouver la demeure de l'excentrique nouveau botaniste de Poudlard. Après quelques minutes un peu longue à son goût à errer dans les ruelles, elle finit par trouver la porte dont elle avait besoin et après avoir remis un semblant d'ordre dans ses cheveux qui, de toute évidence, appréciaient de se laisser porter par le vent, frappa poliment.

Elle ne connaissait pas particulièrement Sigmund mais, depuis les fêtes de Noël, elle se posait la question d'adopter un chat. Elle avait été faire un tour à l'animalerie magique rue de Traverse mais, s'était contentée d'acheter le nécessaire pour accueillir la bête, décidant qu'elle tomberait probablement sur une annonce un jour ou l'autre. Le fait est, que l'annonce était en fait sous son nez depuis la rentrée de janvier ou presque. Le nouveau professeur de botanique avait une capacité étonnante à faire connaître tout un tas de détails de sa vie sans que cela ne surprenne qui que ce soit. Il avait donc, si on en croyait l'annonce et les dires du bonhomme une portée de chatons à donner contre bons soins.

Bien décidé à se trouver un petit compagnon ronronnant, Sarah avait donc sauté le pas, espérant ne pas regretter son geste. Si la maison de son collègue était à l'image de ses gâteaux de bienvenue ou de son écharpe, l'heure à venir risquait d'être plus longue que d'accoutumée.

(J'ai voulu faire l'expérience d'écrire à la première personne, j'espère que ce n'est pas trop bizarre!)

Derrière la porte, Nana Charleston se hisse sur la pointe des pieds pour enlever le verrou. L'instant d'après et malgré toutes les consignes de sécurité qui lui ont été répétées de ne jamais ouvrir aux inconnus, il fait face à Sarah Priddy. Ses grands yeux ronds glissent simplement sur les motifs bien familiers d'une écharpe et probablement sans réfléchir, il vient faire le tour de sa taille avec ses petits bras potelés et pose sa tête sur son ventre. Qui des deux réagit en premier, je ne saurais le dire mais l'enfant recule rapidement d'un pas avant d'aviser plus sérieusement le visage de l'adulte.

Son visage poupon se froisse sous l'effet de la contrariété. Tout en pointant un doigt accusateur vers elle, il crie un « PAPY ! » inratable pour l'homme attentif aux moindres besoins de son enfant que je suis. Je repose hâtivement le chaton qui commençait à me mordiller furieusement les doigts et me dirige vers l'entrée, d'où me semble provenir l'appel.

« Y a une dame qu'est là et même qu'elle a volé l'écharpe de maman ! Y a une voleuse, j'ai ouvert à une voleuse ! »

L'écharpe ? Le dernier couloir est franchi. Deux mètres devant moi se tient ma très chère Sarah, toujours dans l'entrée. Elle porte autour du cou l'écharpe offerte deux semaines avant et même si l'intention me fait terriblement plaisir, la première vie connue par le vêtement ne semble pas avoir été oubliée par mon petit-fils. Il court vers moi et saute dans mes bras. Alors que je le soulève de terre, je souffle une réponse précipitée pour expliquer le malentendu.

« C'est la même écharpe que Maman, mais elle appartient à cette dame. C'est moi qui lui ai offert. » dis-je autant à son attention qu'à celle de ma jolie collègue. Cette demi-vérité a un petit goût de mensonge qui ne me fait en rien culpabiliser. Après tout, Beth n'a jamais vraiment voulu porter cette écharpe, prétextant une matière trop rude au toucher. Ainsi donc, le vêtement tricoté par mes soins deux hivers plus tôt était comme neuf quand j'ai décidé de lui trouver nouvelle propriétaire.

« Entre, je t'en prie ! Tu as déjà fait connaissance avec Nana. Il est bien plus mignon en vrai, n'est-ce pas ? » D'un geste élégant de la main malgré la petite créature qui occupe mes bras, j'invite mon amie à entrer dans la maison. « L'écharpe te va vraiment bien, tu sais ça me fait vraiment très plaisir que tu la portes. As-tu fait bonne route, la maison n'était pas trop difficile à trouver ? »

Alors que la porte s'ouvrait, les sourcils de la Galloise se froncèrent un court instant en ne voyant absolument personne. Le mouvement plus bas lui fit baisser les yeux tout autant que le contact soudain avec... La sorcière fit défiler mentalement les noms que son collègues énonçait à longueur de journée, incapable de décider qui était ce gamin visiblement en manque d'affection. L'absence de réaction de la sorcière sembla d'ailleurs déplaire grandement au bambin qui se mit tout bonnement à hurler en la traitant de voleuse... Alors celle-là, on ne la lui avait jamais faite. La réponse qu'apporta Sigmund lui donna envie de rire. Ainsi donc, il faisait du recyclage de cadeau et elle en avait bénéficié, formidable... Elle s'abstint cependant de tout commentaire, souriant au compliment de son collègue.

" C'est vrai que les photos ne disent pas tout. Elle ôta l'écharpe pour éviter de nouvelles esclandres et une crise d'urticaire et la tendit au gamin lui adressant un sourire bienveillant au passage. Je te la confie le temps de ma visite si tu veux. Je suis sûre que tu sauras en prendre soin. Elle reporta ensuite son attention sur l'adulte présent. Pour ce qui est de trouver, le plan était bon et la magie est toujours utile, avouons le. Le petit chemin final m'a un peu surprise. Je le voyais plus... sec. "

Pour confirmer ses dires, elle sortit sa baguette et se sécha rapidement le bas du pantalon, ôtant par la même occasion toute trace de boue de ses chaussures.

" Alors, dites moi, où sont ses petits monstres griffus ? C'est toi qui t'occupes des chats de la maison ? "

C'était bien comme ça qu'on gagnait des points avec les gosses non ? En leur parlant gentiment et en leur donnant bien plus d'importance qu'ils n'en ont en général.

Nana tend les bras pour récupérer l'écharpe puis la pose sur sa tête en riant. « C'est moi voleur maintenant ! » Son regard s'écarquille en apercevant la baguette de Sarah. Il observe scrupuleusement sa démonstration de magie et profitant de cette distraction happant toute sa concentration, je le repose par terre. « C'est une sorcière la dame. »

Glissant sur ses épaules l'écharpe tombée par terre dans la manœuvre, j'ébouriffe gentiment ses cheveux.

« Oui, c'est une sorcière. » confirmé-je avec un sourire. Voyant Sarah se pencher pour questionner le petit, je remarque son aisance -du moins c'est ainsi que je l'interprète, avec les jeunes enfants et me fais la réflexion que je ne lui connaissais pas cet intérêt. Nana, fier d'être le centre de l'attention, bombe le torse et relève la tête comme pour se donner un air important. « C'est mes chats. » confirme-t-il cérémonieusement en hochant la tête. « Ils sont juste à côté, dans le salon.» ajouté-je en pointant la direction d'un mouvement de menton. Semblant avoir pris personnellement la requête comme mission, le petit garçon glisse sa main dans celle de la professeure et tire dessus pour la conduire vers les chatons. « Tu viens, tu viens ! » répète-t-il jusqu'à ce que nous franchissions tous les trois la porte séparant le couloir du séjour. Au premier regard, Sarah trouvera peut-être curieux l'agencement des meubles : la pièce semble grossièrement séparée en deux par des étagères, commodes et décorations diverses alignées comme pour former une ligne. En s'approchant de la table renversée faisant office d'entrée, elle comprendra qu'il s'agit simplement d'une manière improvisée de constituer un petit enclos à chatons. Me glissant devant elle et Nana, je décale légèrement la table pour les laisser entrer tous les deux. Sept petites créatures griffues fondent alors aussitôt sur nous, miaulant à en réveiller tous les gnomes du voisinage.

« Nous avons, euh, essayé de dresser une barrière magique mais ni mon Papa ni moi ne sommes très doués. Le vase de Pépé a fondu en cendres et le tapis de mon arrière-grand-mère a disparu... nous n'avons pas réussi à le faire réapparaître depuis. » indiqué-je avec gêne pour expliquer le bazar ambiant. Un chaton parmi les plus téméraires entreprend une séance d'escalade sur le pantalon de Sarah. A côté, Nana s'est assis par terre et récupère tous les félins qu'il pose sur ses genoux. Levant le regard vers nous deux, il explique avec sérieux : « Ça c'est Moustafa, là Moustomate, Moussuri, là Moussino, Moussiflette, Moustichat et... » Il désigne d'un doigt bien potelé un chaton tout occupé à grignoter hargneusement le balai jouet de l'enfant. « C'est Mousufl ! Et Moustache c'est le papa de cœur, il a pas fait bisou avec la maman chat j'ai décidé c'est le papa ! » J'attrape la dernière crapule et la pose maladroitement dans les bras de Sarah. Le chaton se glisse aussitôt sur le dos, toutes griffes sorties pour jouer. « La maman ne s'en occupe pas vraiment alors mh, ils sont un peu spéciaux... »

Ah oui... elle avait oublié ce détail avec les enfants. Du moins certains enfants un peu trop affectueux. Ils aiment vous accrocher et vous tripatouiller les mains, le pantalon... Merlin que c'est agaçant. Au moins, celui-là avait les mains à peu près propres, merci l'écharpe d'avoir servi de serviette au préalable. Sarah suivit le bambin jusqu'à la pièce voisine et ne put se retenir d'écarquiller les yeux en y entrant. Sigmund était à ce point tordu ? Pourquoi... La réponse arriva rapidement et laissa Sarah pantoise ; ils avaient construit un enclos à chats avec des meubles. Un poil surprise, elle ne répondit rien à son collègue, évitant soigneusement de proposer son aide. De toute façon, ne sachant pas du tout ce que le sorcier avait bien pu lancer pour réussir à faire disparaître un tapis et calciner un vase, elle ne pouvait à priori pas faire grand chose.

Nana, désormais plus ou moins enseveli sous les chatons, se lança gaiement dans les présentations. C'était quoi ces noms ? Ils étaient aussi tordus que l'agencement de la pièce.

" Dis donc, ça en fait des noms à retenir. C'est toi qui les a choisi ? "

D'ailleurs, si elle les lui demandait à nouveau, est ce qu'ils changeraient ? Sarah était presque tentée de se lancer dans l'expérience. Peut-être que cette fois-ci il y aurait Missouri ou Moussauriz ou Moussarasé, qui sait... Sigmund la coupa cependant dans son élan expérimental en lui déposant un des chatons dans les bras.

" Salut toi. lança t'elle à la petite créature sans pouvoir retenir un sourire. Même sans être une grande fan de bestiole, on ne pouvait pas ne pas craquer devant un bébé chat qui vous montrait son ventre en agitant ses petites pattes. Les explications continuaient et, la sorcière nota que c'est en faisant des bisous à tout va qu'on se retrouvait avec des polichinelles plein le salon. Déjà peu affective en règle générale, nul doute qu'avec cette nouvelle découverte scientifique, elle allait redoubler de prudence. Lui j'ai oublié... C'est... Moustache ? Non Moustache c'est le papa. Moussouf ? "

Après s'être faite mordiller et griffer les doigts par le chaton, elle le fit rouler contre elle pour le voir de dos et lui gratouiller le cou. Après un dernier coup de patte joueur, l'animal se calma et se mit à ronronner.

" Dis donc, tu m'as l'air bien énervé en tout cas. On se calme petite terreur. "

« Moi qu'a choisi ! » confirme le petit garçon en adressant un grand sourire plein de dents de lait à la professeure. Voyant Sarah sympathiser un peu avec les chatons, je prends place sur un fauteuil bien abîmé depuis que les petites bestioles sont là, et attire Jonathan vers moi. « Grimpe sur les genoux de papy, mon grand » lui murmuré-je tout bas pour ne pas perturber la rencontre de Sarah avec les chatons. Il ne fait nul doute que la jeune femme repartira avec un nouveau compagnon, et je tiens à lui laisser tout l'espace possible pour faire connaissance avec les bébés et la laisser choisir celui qui lui conviendra. « C'est Mousufl. MOUSUFL ! Moussouf c'est moche, moi c'est Mousufl le nom que moi je donne. » s'indigne-t-il sourcils tout froncés en entendant le nom écorché. « Mais Moussouf lui va bien aussi. Moi, j'aime bien cette version. » J'aime cet enfant de tout mon cœur, mais si je ne temporise pas un peu, il finira par pleurer et pourrait rageusement tirer les cheveux de Sarah. Il nous a fait le coup une fois, avec Theodore Baker, un compétiteur sérieux rencontré dans un concours régional de mise en beauté de moustache. Indigné d'apprendre sa préférence pour le chocolat noir quand seule la version au lait trouve grâce à ses yeux d'enfant, mon adorable petit sucre d'orge a plongé les deux mains dans la moustache du vieil homme pour lui tirer les poils.

Heureusement, c'est une fausse alerte puisque le petit garçon retrouve aussitôt son sourire. Profitant de la bonne humeur retrouvée et voyant Sarah bien occupée avec l'un des chatons, je glisse à l'oreille de mon petit : « Dis-moi, tu te souviens de la conversation ? Sur le fait qu'on ne peut pas avoir huit chats de plus à la maison, et que beaucoup de sorciers et sorcières ont besoin d'un peu d'amour dans leur foyer et rêvent d'un petit bébé comme Mousulf. Sarah est l'une de ces sorcières. » Bien sûr, je l'avais déjà prévenu avant l'arrivée de ma collègue, mais l'écharpe ayant fait distraction, j'ignore si le petit n'est pas déjà passé à autre chose. Ce sera le premier départ dans la portée de chatons, et d'autres visites sont attendues dans la semaine. Nous avons fait le choix de garder et stériliser la mère et un de ses chatons hélas, notre maison n'est pas extensible. Enfin, techniquement elle l'est... mais nous avons déjà perdu un vase, et un tapis. « J'ai l'impression que Mousulf t'a tapé dans l'œil » dis-je avec un sourire à Sarah.

Le bambin ne tarda pas à confirmer sa pensée. Effectivement, les noms étaient tout droit issus de son petit crâne. Ceci expliquait cela. Il avait cependant l'air de bien les avoir mémoriser. Etonnant comme les enfants peuvaient inventer et retenir des choses sans queue ni tête.

"D'accord je vois. C'est Mousufl."

Elle s'accroupit pour reposer la petite terreur poilue encore tout ronronnant au sol avec ses frères et sœurs. Cependant, le chaton semblait vouloir recevoir encore quelques câlins et commença à se frotter contre les jambes pliées de la sorcière. D'une oreille cette dernière suivait la conversation qui se déroulait à côté d'elle. Elle avait besoin d'amour dans son foyer... oui, bon... ce n'était pas forcément nécessaire d'en rajouter une couche. Merci Sigmund pour cette petite piqûre de rappel. Sarah, dissimulant toute trace d'embarras ou d'agacement, se tourna vers son collègue quand il l'interpella.

"Oh ils sont tous adorables mais je crois qu'effectivement Mousufl et moi, devrions bien nous entendre."

Elle gratouilla le chaton sur le sommet de la tête alors qu'il roulait sur le dos pour reprendre une partie de griffe-doigts, jeu qu'il appréciait visiblement beaucoup.

"Ils sont déjà allés un peu dehors ou pas du tout ? J'ai prévu que nous voyagerons entre mes appartements à Poudlard la semaine et ma maison à Pré-au-Lard le week-end. Il va me falloir une petite caisse à chats pour traverser le lac noir sans risque et un petit temps d'adaptation avant de le laisser profiter des jardins."

Elle reporta son regard sur le chaton et souriante, se décida à le reprendre dans ses bras en se redressant.

"Oui, s'ils sont prêts, je crois que Mousufl me fera un parfait compagnon d'aventures. Quel est son jeu préféré dis-moi ? Et il a un plat favoris ?" demanda t-elle au petit histoire de l'occuper un peu.

[Non vraiment les pensées de Sig' sont trop obscures pour moi, je retourne à la troisième personne ! et au passé ! désolé pour l'embrouille. ]

Comme possessif des petits chatons qu'il avait vu grandir, Nana quitta les genoux de son grand-père sitôt Mousufl reposé au sol. Alors que le félin continuait à se frotter aux jambes de ce qui semblait être sa future maîtresse, le petit garçon cherchait désespérément à attirer son attention en le flattant derrière les oreilles et en lui murmurant ses Je t'aime. Si Sigmund n'avait paseu l'intime conviction que l'enfant oublierait ce chagrin d'amour en quelques minutes, la scène lui aurait probablement brisé le cœur. Mais puisqu'il connaissait bien le garçon, il savait ne pas avoir à s'en faire et attendait justement patiemment, assis dans son fauteuil.

« On l'a retrouvé dehors, avec la mère et le reste de la portée. Depuis non, ils ne sont pas retournés en extérieur. À vrai dire, ils n'ont pas vraiment quitté cette pièce hormis pour rejoindre les chambres de temps en temps. Mais de ce qu'on m'avait dit avec les chats, tant qu'on leur laisse effectivement un temps d'adaptation, tout devrait bien se passer. » Au moins, celui-ci allait avoir de l'espace pour gambader partout. Il reverrait aussi sans doute Moustache, si Sarah le laissait sortir de ses appartements. Au pire, cela lui ferait un formidable prétexte pour lui rendre de petites visites hebdomadaires, pour faire copiner les chats et prendre le thé. Le programme s'annonçait doux.

Nana afficha une moue boudeuse en voyant le chaton disparaître à nouveau dans les bras de sa future maman. Les autres chatons commençaient déjà à quémander son attention, mordillant ses doigts et se frottant en ronronnant contre lui.

« Son jeu c'est gratter les griffes par terre ! » fit-il cependant remarquer.

« C'est un petit téméraire. Je crois qu'il aime surtout avoir des structures à escalader et des lieux à explorer. Il devrait faire honneur aux arbres à chat que tu pourrais lui offrir. Côté nourriture, on les a principalement nourri avec des croquettes après le début du sevrage. Notre voisin qui a une ferme nous donne aussi quelques abats de poulet, ça leur plait beaucoup. Je me suis fait incendier par la voisine quand elle a appris que je leur donnais du lait de vache, mais théoriquement, il aimait bien aussi. Un bon morceau de poitrine de volaille devrait lui rappeler la maison. »

Sarah hochait la tête aux différents propos, tâchant de mémoriser les informations qu'on lui donnait. Jeu de gratter les griffes par terre... Voilà une habitude qu'il allait falloir changer si possible. Du poulet ? Où diable allait elle trouver des abats de poulet ? Il en avait de bonne... Enfin si, peut-être en cuisine. Elle ne serait pas étonnée que les elfes de Poudlard abattent et plument eux-mêmes les volailles. Ils faisaient tout, absolument tout.

Le chaton ronronnait maintenant dans ses bras et Sarah décida que c'était le bon et surtout le bon moment.

" Et bien je crois que Mousufl et moi allons faire une bonne équipe. Elle s'agenouilla pour se mettre au niveau du gamin qui semblait à moitié ravi de laisser partir un de ses chats. Tu veux bien me le confier ? Je vais tâcher de lui trouver un truc amusant pour jouer au jeu de griffer par terre. Je pourrais donner des photos à Sigmund pour que tu continues à le voir grandir. Qu'en dis tu ? "

Tout en parlant, elle songea qu'elle pourrait effectivement fabriquer assez facilement au chaton un tapis magique pour l'amuser. Un truc d'où sortirait des lumières par exemple, ça pourrait être amusant même à regarder. Par contre, il ne faudrait pas que ce jeu magique soit dans la chambre... La catastrophe pour dormir dans le cas contraire. Si elle se souvenait bien, chez ses parents, les chatons étaient assez actifs durant certaines parties de la nuit.

Sigmund avait attrapé un des sacs qu'il réservait aux futurs adoptants alors que Sarah se mettait à hauteur de Nana pour lui parler. Tandis que les deux passaient aux négociations, le sorcier vérifiait que son petit lot « souvenirs » contenait bien tout le nécessaire. L'équivalent de deux semaines de croquettes pour chaton se trouvait bien là, tout comme quelques jouets et un morceau de la couverture dans laquelle les chatons avaient grandi. Puisque c'était son amie Sarah, le botaniste avait également ajouté une photo de lui avec deux chatons sous le bras ; Mousufl et une de ses sœurs. Sur le cliché, les deux félins semblent se débattre pour quitter les bras de l'humain moustachu qui affichait un fier sourire.

Alors que Sigmund avait la moustache dans son sac, son petit-fils lui se tenait fier et droit devant celle qui osait lui dérober un chaton, les sourcils froncés.

« Si tu veux Mousufl tu dois jurer sur la tête de tous les boussouffets¹ du monde que tu es gentille d'abord ! » marchandait le petit garçon en posant ses deux mains potelées sur ses hanches.

La porte du salon s'ouvrit sur un troisième Charleston. Celui-ci aurait été au moins aussi grand que Sigmund s'il n'avait pas eu le dos voûté et le bras accroché à une canne bien trop petite pour lui. L'arrière grand-père Charleston était la copie conforme de son fils.

« Ah ! Elle est encore là ta copine, mon grand ? » cria-t-il un peu fort. Le vieil homme ne s'aventura pas à escalader l'installation qui compartimentait les chatons. Il s'approcha simplement de la table renversée et se pencha au-dessus, canne tendue, pour taper l'épaule de son fils avec.

« Hein ? » fit Sigmund qui sortait le nez de son sac.

— MON GARÇON, LA P'TITE DAME ELLE RESTERA BIEN POUR LE DÎNER ?

— Mais je ne sais pas, Papa. Sarah est juste venue pour prendre un chaton, je ne sais pas si elle aura le tem...

— Ah v'là qu'vous êtes toujours pressés vous l'jeunes, l'interrompit Donald. Hein tu restes, ma petite ? » fit-il en interpellant cette fois directement l'intéressée.

« Moi veux voir si elle aussi elle mange avec bavoir ou pas, paque² c'est que les adutes³ qui mangent sans bavoir et si ça s'trouve elle est pô assez grande pour avoir Mousufl elle » ajouta Nana par pur intérêt.
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¹ Boursouflet
² parce que
³ adultes