Tiens.

Clarke a dévié sa route. Alors qu'elle ne s'est même pas prise de cognard. Curieux.

Cependant, un coup d'œil vers la direction qu'elle a prise m'indique qu'elle est partie remplacer Fournier... Qui s'est prise un coup de cognard.

Vraiment que des victimes dans cette équipe.

Cependant, lorsque je me retourne vers le vif d'or, c'est pour voir... Lewis. À côté de la balle. Avec son Manchevif. Son Manchevif.

C'est bon. La seule mention de ce balai suffit à me redonner la nausée. Et, combiné à la vitesse à laquelle elle a foncé sur le vif d'or... Oui, elle aurait dû être titulaire. Ma théorie ne peut qu'être confirmée.

Ça me lacère de l'avouer mais Fournier avait raison. Ce n'étaient pas que des paroles en l'air. Elle attendait simplement l'arrivée de l'attrapeuse qui était censée être leur titulaire sur le terrain. Mon action désespérée d'avant-match n'était pas totalement déraisonnée. J'avais bien fait. Du choix de ma cible jusqu'à la manière dont j'ai procédé. Tout était parfait. J'aurais juste dû le faire un tout petit peu plus tard. Ça n'a vraiment pas dû se jouer à beaucoup. Je me hais.

Et c'est là que ce fameux Manchevif se fait ressentir. On est à force égale. Tout se joue sur le balai. Et, forcément, un Brossdur est moins performant qu'un Manchevif.

J'ai l'impression d'être à la fin d'un roman, lorsque le héros se confronte au méchant qui a des pouvoirs démesurés et absolument pas équitables. À ce moment où tout semble perdu, l'auteur se voit toujours être contraint d'user d'un deus ex machina plus ou moins dosé pour sortir son protagoniste des sables mouvants dans lesquels il l'a plongé.

Hélas ! Je ne suis pas le Protégé d'un romancier. Et la vie me l'a déjà fait savoir à nombre reprises. Je vois bien que ce balai me met en difficulté.

Cependant, le match s'interrompt soudainement. Un coup de sifflet a retenti. Même deux. Même trois.

Penalty pour nous ! Pile ce dont j'avais besoin pour me redonner un peu de courage.

Le souafle atterrit dans mes mains. J'ai même l'honneur de le tirer.

Je m'efforce de faire apparaître un sourire au coin de mes lèvres. Je ne suis absolument pas rassuré en cette fin de match mais elle n'a pas à le savoir. Après tout, tout le long du match, notre score a été plus élevé que nos adversaires. Et pas un seul viffet m'a échappé. Leur gardienne, ex-attrapeuse, ne peut pas prétendre au même exploit.

— Tu penses vraiment pouvoir rattraper ce souafle ? Après tous les viffets que tu as loupés ?

Heureusement, elle était parvenue à arrêter le souafle, pas question de laisser les verts prendre plus d'avance sur les Ailes. La balle rouge en main, elle s'apprêtait à la relancer à la poursuiveuse bleue, mais deux coups de sifflets consécutifs retentirent dans le stade. D'abord surprise, elle sursauta, brisant la concentration qu'elle avait établie pour sa relance et d'un rapide coup d’œil, observa l'arbitre pour comprendre ce qui se passait.

Son équipe avait fait une faute... non pas une, mais deux. Quelle catastrophe ! Sans qu'elle ne puisse rien faire, elle relâcha la balle afin que l'équipe adverse la récupère. De nouveau, ce serait à elle d'arrêter la balle, sans ça, les crochets avaient une chance de plus de partir avec la victoire. *Pas question de leur rendre la tâche facile !* Une détermination féroce dans le regard, elle ne quitta pas des yeux l'attrapeur qui s'empara de la balle tout en se dirigeant vers elle. Elle n'avait peut-être pas su se mesurer à lui face aux petites boules de bronze et d'argent, mais un nouveau poste pouvait être considéré comme un nouveau départ, alors pas question de laisser le souafle traverser ses anneaux. Elle avait parfaitement réussi son dernier arrêt et Dale ne pouvait pas prétendre être un bon tireur. En fait, elle ne l'avait même jamais vu faire. Les paroles qu'il lui lança lui passèrent six pieds par dessus la tête et l'enfant se retenu pour ne pas répliquer, lui lançant un simple sourire moqueur. *Pas question de montrer mon inquiétude*

Lorsque la balle fut projeter dans les airs, elle ne réfléchit pas plus longtemps pour s'élancer devant un anneau, en espérant qu'elle ait bien choisi.

Le Vif d'or est toujours sur le terrain ! LEWIS peut s'en emparer. Le Vif d'or octroie 70 points à l'équipe qui parvient à l'attraper et met immédiatement fin au match.

A ce moment précis, Laurence ne regrettait absolument pas le balai qu'elle avait acheté, sur ce mouvement, il avait même été d'une efficacité rare qui lui avait permit d'être en très bonne posture pour faire sa déviation. Ensuite, le plus gros du travail était fait, maintenant qu'elle était bien placée, elle frappa dans le cognard, direction Edmund. L'aiglonne n'était pas peu fière de sa réussite, elle allait pouvoir aider Kyana et espérait que es Ailes gagnent ce match. L'objectif était là, et même si le score n'était pas en leur faveur, tout n'était pas perdu et Laurence était prête à tout donner pour cette fin de match. Laurence jeta un coup d’œil vers Élina et l'observa faire son arrêt, super contente. *Super Élina, tu gères*.

Elle était vraiment contente que son amie ait réussi, malheureusement une faute fut sifflé. *Quoi, une faute ? C'est moi ?*. Elle n'avait absolument pas vu la faute et son premier réflexe fut de se remettre en question, mais elle comprit assez vite que ce n'était pas elle. *Pas grave, Élina va gérer, je le sens* se dit-elle sans aucune raison valable, elle avait juste envie de faire confiance à sa meilleure amie et Laurence avait d'ailleurs une totale confiance en elle. Cependant, pas le temps d'observer, le cognard faisait de nouveau des siennes et l'aiglonne devait protéger ses coéquipières sur le terrain. Dès le moment ou elle le repéra, sans un coup d’œil vers son adversaire, elle partit dans sa direction et tenta de taper dedans pour l'envoyer vers une autre personne. *Promis c'est pas contre vous les verts, je suis désolé*

Un sifflement frustré t’échappe, et tu serres tes mains très fort autour du manche de ton balai, jusqu’à ce que tes phalanges blanchissent. La petite balle, sur laquelle, si rapidement, tu t’étais précipitée, se révèle encore plus insaisissable que prévu.
Pourtant tu sens les effets de ton entraînement. Mais rien n’y fait ; la colère monte. Immobile au-dessus du sol immaculé, tu regardes sans vraiment le voir Dale s’élancer après toi et ne peux t’empêcher de retenir ton souffle. Tu ne peux le rattraper, aussi tu le fixes en retrouvant brusquement tes esprits. Le voir manquer la balle, à son tour, t’inonde de soulagement mais la vague rougeoyante est toujours là, qui gronde au fond de ta poitrine.

Soudainement, le temps se fige. L’attrapeur saisit le souaffle, et tu comprends qu’une erreur a été commise. Par qui ? Cela n’a aucune importance, finalement ; l’un d’entre eux a échoué quelque part. Et même si tu voudrais crier ta frustration, tu gardes tout de même un peu de raison et parviens à les comprendre.
Les dents serrées, tu fixes son bras qui s’élance en arrière, la balle qui s’avance à toute vitesse vers les anneaux et Elina qui, d’une soudaine accélération de son balai, tente de l’arrêter. Un instant, le doute, vil poison, s’insinue en toi, et puis tu souris en voyant ta camarade remonter victorieuse, sa main enserrant la balle de cuir.
Tu vois Dale se faire frapper violemment par le cognard, et tes lèvres s’étirent encore plus. Tu t’approches tranquillement de lui, lui adresses un sourire goguenard.



Tu lui tournes soudainement le dos, interpellée par la lueur reconnaissable entre toutes de la balle d’or. Sans lui adresser un mot de plus, tu t’élances dans sa direction, tendant la main le plus loin possible.

Et vlan ! Voilà ce qui se passait lorsqu'on mettait en rogne Élina Clarke. Sans le savoir, l'attrapeur lui avait permis de protéger deux anneaux, il lui avait donné une dose de motivation supplémentaire et elle s'était élancé sans hésiter vers l'anneau de 15m lorsqu'elle s'était aperçu que son premier objectif ne donnerais rien. Alors lorsque le souafle atterrit dans ses mains, elle ne retenu pas plus longtemps son sourire narquois et le regarda s'en aller. *C'est ça, retourne à tes viffets* Comme si le sort ne pouvait s'attarder davantage sur Dale, Laurence lui envoya le cognard avec une tel précision que le pauvre dû s'arrêter pour reprendre son souffle, laissant à Kyana une chance de plus pour capturer la balle dorée.

Mais elle s'était assez attardé sur l'attrapeur vert, le temps de décider à qui reviendrais le souafle était venu. Qui serait la meilleure cible ? Elle n'avait pas grand choix, c'était vrai, mais sa décision impacterait la suite du match et elle ne voulait pas se louper une autre fois. Alors tour à tour, elle regarda son attrapeuse et sa poursuiveuse. Kyana avait l'air pas mal occupé à s'emparer du vif avant l'autre, mais si la balle rouge lui parvenait, elle pourrait très bien la lâcher pour que Morna la récupère en vitesse, ainsi, la jeune poursuiveuse serait plus prêt des buts qu'à l'instant. Alors que son bras était sur le point de s'élancer, elle jeta une dernier coup d'oeil à Morna pour voir où en était la bleue. Et justement, celle-ci était beaucoup plus prêt d'Eileen qu'elle l'avait d'abord cru. Sans plus hésiter, son choix était fait, restait plus qu'à espérer que sa passe soit assez puissante et précise pour la brune.

Alaska fait une piètre batteuse, elle n'a toujours pas réussi à dompter le cognard, qui d'ailleurs est dévié par Laurence vers son attrapeur. Elle rechigne, la brune est désorienté, elle ne supporte pas ne plus rien contrôler. L'équipe a tout : une belle cohésion, une stratégie en béton, mais une mauvaise joueuse de Quidditch qui ne parvient pas à défendre ses coéquipiers et qui fait tout foirer. Elle est dans les airs depuis longtemps maintenant, à endosser les coups et les échecs, elle commence à faire preuve d'impatience et à montrer sa mauvaise humeur. Pourtant elle a essayé de se reprendre, de multiples fois, notamment lorsqu'elle était sur le banc, mais elle n'a pas été capable de frapper le cognard assez fort malgré toute sa volonté.

La quatrième année coince sa batte sous son bras, elle ne veut plus y toucher, elle va s'y prendre autrement en testant ses capacités à encourager ses joueurs. Elle se rapproche un peu d'Edmund en volant, il vient de se prendre la balle en fer mais semble toujours debout, il reprend sa course. Le garçon est bien plus rapide qu'elle, mais elle essaie quand même de le suivre derrière, en même temps de lui crier :

« Edmund t'assures ! Les cours de monsieur Mason n'ont plus de secrets pour toi, tu as déjà tout : la rapidité, l'agilité, la dextérité... Tu te perfectionnes de plus en plus en Vol !»

Flatter son égo surdimensionné, ça devrait marcher. Sa tête a déjà du mal à passer la porte des vestiaires, mais si ça le pousse à mettre la main sur la petite balle dorée pour mettre un terme au match et le gagner, alors rien n'est trop beau pour le complimenter.

Ses mots d'encouragement seront-ils suffisants ? Feront-ils l'effet escompté sur son coéquipier ? Alaska est prise par le doute, selon elle il vaut mieux être prudent, alors elle se tourne vers Eileen et Luca pour leur faire un signe bien distinctif. Avec ses doigts, elle trace un triangle, s'ils ont bien écouté la stratégie dans les vestiaires, ils devraient reconnaître le symbole qui signifie : la formation des Bombardiers.

« Crochets d'Argent, en avant !» dit-elle en pointant du menton son attrapeur.

Le signal est lancé, les deux joueurs l'ont compris, car en quelque secondes ils se rejoignent après avoir quitté leur position initiale sur le terrain. Cette fois-ci Eileen n'aura pas le plaisir de cracher son venin sur l'équipe adversaire. A deux ils se couchent sur leur balai : ce phénomène accompagne leur course, ils sont désormais plus rapides, et peuvent rattraper le cognard pour se placer de chaque côté et brouiller sa trajectoire. De cette manière, Edmund sera tranquille pendant quelques temps, la balle folle lui lâchera les baskets pour attraper ce vif d'or sans encombres.

Alaska finit par ralentir, son coéquipier est déjà loin devant, elle a confiance en son équipe, maintenant elle doit se charger du cognard. Elle reprend sa batte, l'empoigne fermement et la regarde. Elle sent le lien, il n'est pas aussi puissant que celui qu'elle entretient avec sa baguette ou avec son Brossdur, mais il est bien présent. La Serpentard la regarde attentivement, elle voit les zones de choc avec la balle, le bois effrité, et le caoutchouc qui se décolle. Elle n'a pas fini de s'abîmer, elle doit encore cogner.

Le Vif d'or est toujours sur le terrain ! DALE et SINNEGAN peuvent s'en emparer. Le Vif d'or octroie 70 points à l'équipe qui parvient à l'attraper et met immédiatement fin au match.

BOUM.

Mais quel manque de fair-play ! À peine le souafle lancé vers les anneaux, je me mange déjà un cognard. Même pas le temps de savourer ma victoire. Même pas le temps de savourer ma défaite. De la pure haine dans la plus grande des gratuités. Comme si je ne galérais déjà pas assez avec le vif d'or comme ça...

Et, pour ne rien arranger, lorsque mon regard se lève, c'est pour voir le souafle aux mains de Clarke. Bien sûr.

— C'est toi qui va finir dans un placard.

PAREUDON ?

Mais quel manque de fair-play de la part de l'équipe entière ! Elle faisait moins la maligne, il y a quelques heures de cela. Je suis même sûr que, jusqu'à ce qu'elle rentre sur le terrain en tant qu'attrapeuse, elle était juste frustrée. Frustrée d'avoir perdu son poste de titulaire.

Attends un peu que je te prouve que je suis plus fort que ton vulgaire balai. J'ai pas besoin de Manchevif pour décrocher la victoire. Seul mon talent suffit. Et je n'en manque pas.

Je me contente de serrer les dents en me redressant sur mon balai. S'ils pensent que j'ai une résistance aussi faible au cognard qu'eux... Ils se trompent royalement. Moi, je ne fuis pas devant les cognards. Moi, je vaincs. Pas comme eux.

Cependant, une voix bien familière me coupe net dans mon élan de détermination. Je la connais bien, cette voix. La semaine dernière à peine, elle m'a déjà fait le coup.

Mon regard cherche brièvement la chevelure rousse qui est associée à cette voix. Il finit par se planter net dans le vert écume de ses yeux.

Certes, je suis juste un tout petit peu en train d'affronter sa maison. Mais quand même. Deux samedis de suite, incapable d'esquisser un brin d'encouragement vers un de ses "meilleurs amis". Ça commence à bien faire.

Je prends cet air hautain que prennent les personnes lorsqu'elles veulent dire « t'es sérieux, là ? » mais qu'elles ont la flemme de faire travailler leurs cordes vocales. Puis je me permets une petite liberté : celle de réitérer l'exploit d'Alaska au début du match.

Là. Penché en avant pour bieen accélérer. On fonce sur les tribunes eet... En fait non, je redresse au dernier instant ! Ha !

J'espère qu'elle a au moins eu une crise cardiaque. Au moins. Au plus, une chute du haut des tribunes due à la bourrasque que je lui ai envoyée en passant si près ne serait pas mal.

Et là, si je l'entends à nouveau crier le nom de Kyan-...