Une chemise blanche traînée sur la pelouse autour du lac. Sa cape était en boule sur son sac, non loin de la dite chemise. Il n'y avait là rien d'inquiétant, enfin, si on faisait abstraction du corps inerte de la brune. Elle était étendue sur le sol, son corps pesait sur l'herbe verdoyante, alors que sa tête, elle était plongée dans le lac. Son nez pointait vers le fond, ses cheveux flottait tout autour, se mêlant à moitié à de la boue.

La sorcière était en vie, mais, aucun mouvement n'était perceptible à l'œil seul. Elle travaillait son calme, sa respiration, plus précisément son apnée. Elle voulait tenir le plus longtemps sous l'eau et pour cela elle devait économiser son souffle, ses mouvements. Elle n'avait pas de montre et il lui était impossible de savoir combien de temps elle restait sous l'eau a chaque tentative. Elle se disait qu'une progression considérable serait forcément visible lorsqu'elle atteindrait son but. Elle en était loin, il lui semblait à peine tenir 47 secondes. Parfois un petit poisson se posait sur son bout de nez, l'obligeant à sortir sa tête de l'eau pour se frotter le nez. Et puis, ce froid, c'était si désagréable. Bien que sa peau commençait à être insensibles à la morsure glaciale qui se transformait petit a petit en un feu cuisant. Son visage ne risquait pas de prendre une ride dans les prochains jours.

@Narcisse Brando

La première fois qu'il avait discuté avec Melissandre, Narcisse s'était dit qu'il ne lui reparlerait plus jamais de ce quoi ils avaient parlé. Tout simplement parce qu'il refusait de croire que ce qu'elle disait est vrai. Mais depuis qu'il était persuadé que la blessure de sa mère avait été causé par de la magie noire, il avait besoin d'en reparler. Il avait besoin qu'elle lui démontre son point de vue, il voulait comprendre. Il voulait comprendre pour que ça ne lui arrive pas. Car s'il s'avérait que c'était bien de la magie noire qui avait blessé et rendu sa mère infirme, il n'avait aucune idée de comment il réagirait. Il voulait donc se préparer au pire. Et il ressentait ce besoin assez paradoxal de lui prouver qu'elle avait tort, que c'était possible.

Mais qu'est-ce qu'il allait bien pouvoir lui dire ? Comme à son habitude, il n'y avait pas pensé, il s'était précipité à sa recherche sans réfléchir. Mais ce n'était pas ce qui allait l'empêcher de la trouver, pour lui parler. Fort heureusement, il était certain de ses sources, et on lui avait dit qu'il pourrait la trouver près du lac. Quand il vit quelqu'un plonger sa tête dans le lac, il n'en cru pas ses yeux. Et au début, il se mit à paniquer, il ne comprenait absolument pas ce qui se passait. Il courut donc à sa rencontre, pour secouer son épaule.

- Mais qu'est-ce que tu fais ?? Ça va ?

Sa recherche de Melissandre pouvait attendre, il s'imaginait le pire, et si sa camarade était en train de se noyer ? Et puis l'eau était glacée, mais qu'est-ce qui lui prenait ?

Plongée ainsi dans l'eau, concentrée sur sa respiration, l'aigle était d'un calme Olympien. Sa tête était glacée, ses pensées également, sa tete semblait lourde mais vide à la fois. Elle trouvait finalement que la douleur physique était minimes fasse au soulagement que lui offrait cette pause. C'était une sorte de méditation, étrange mais, efficace. Mélissandre avait toujours été différente, cherchant toujours à aborder les choses autrement.

Alors qu'elle expirait, quelque chose semblait l'agripper avec forces. Elle ouvrait les yeux, pour vérifier qu'il ne s'agissait pas d'un Kappas. La force ne semblait pas venir des profondeurs, en fait, quelqu'un l'extirpait de l'eau.

Dun geste, elle essuyait l'eau ruisselant de ses yeux.

- Tu m'as fais peur, j'ai bien cru qu'un Kappa allait me bouffer. Faut pas faire peur aux gens comme ça, on est pas chez les moldus ici.

La fillette se tenait à présent la tête, sortir aussi rapidement, en changeant de température forcément tout aussi vite, n'était pas très bon. Elle se dirigeait vers sa cape, pour prendre sa baguette et se debarbouiller un peu.

- Br, qu'est ce qu'il t'a prit Roméo ?

Après avoir user de sa magie, elle reportait son attention sur le garçon. Son expression laissait la bleuette perplexe.

* Non mais je rêve, il m'a fichu la trouille de ma vie et j'ai quand même l'impression d'avoir fait un truc de travers. Qu'est-ce que j'ai fais ? Sérieux, j'étais tranquille la tête dans un lac. *

Melissandre ? Mais... Qu'est-ce qu'elle était en train de faire ? Narcisse resta bien une bonne longue seconde totalement figé, incapable de comprendre ce qui passait, avant de lâcher un petit rire. C'est donc pour cela que les camarades à qui il avait demandé des indications avaient tous ce petit sourire aux lèvres.

- Bah j'ai cru qu't'étais en train d'te noyer ! Ou un truc comme ça, mais j'trouvais ça trop bizarre de t'voir juste la tête dans l'eau ! Et puis qu'est-ce qu'tu faisais même ?

Il l'observa en train de se sécher à l'aide de la magie, se demandant quel sort elle pouvait bien utiliser. Puis il secoua la tête. Concentre-toi cerveau ! Tu étais là pour une raison, et pas une autre, et c'était du sérieux. Alors pas question de papillonner comme tu en avais l'habitude nom de nom !

- T'as un p'tit instant ? Faudrait qu'on parle.

Il ne s'attendait pas à ce que ses émotions se déchaînent aussi rapidement en lui. Mais ce fut le cas. À peine eut-il prononcé ses mots qu'il sentit son cœur s'accélérer et ses yeux s'étrécir. Rien que l'idée de ce qu'il allait lui dire le révulsait. Il n'avait même pas envie d'y penser, mais il n'avait pas le choix, il était temps de prendre ses responsabilités et de grandir un peu.

Après un léger rire, il commençait.

* j'ai cru qu't'étais ... d'te noyer ! *

- Ho, Lâchait-elle, comprenant l'incompréhension. C'était un Oh, un peu grave, il avait sûrement eût aussi peur qu'elle. Pendant que le garçon continuait de s'exprimer et la questionner sur son activité, elle entreprit donc son séchage magique en répondant.

- J'apprends à ne pas respirer, ou a respirer l'air des poissons, ça dépend de si j'échoue la première étape.

Elle observait le jeune homme face à elle, se disant qu'il était étrange. C'était son côté moldu, naïf, qui lui donnait une tête si drôle. Il semblait avoir beaucoup de questions en tête. La réponse de Mélissandre en rajoutait probablement quelques-unes.

* Faudrait qu'on parle. * finit il par lancer, comme avec hâte. Il avait besoin de se débarasser de quelque chose ? De l'aigle ? Non, après tout c'était lui qui était venue jusqu'à elle.

Les mots franchir le seuil de sa bouche et sa tête amusante changeait brusquement. Il était différent, c'était son côté sorcier ? Mélissandre devait aussi avoir une tête étrange, la peau rose, les lèvres bleue, penchée sur le côté, le scrutant intensément avec ses yeux noirs. Comme ci ça l'aiderait à résoudre le casse tête imaginaire qu'était ce moldu. Que lui voulait-il ?

- Euh, et bien ... elle regardait le lac brièvement, rompent le contact visuel. Je ne serais pas prête aujourd'hui dans tout les cas alors, je t'écoute !

Narcisse eut un bref moment d'hilarité sur son visage quand elle répondit qu'elle voulait devenir un poisson. Et un bref éclair lumineux passa sur son visage, chassant les ombres dans ses yeux. Mais le sujet qui l'amenait le ramena bien vite dans son état sérieux.

- La fois où tu m'as dit que j'devrais choisir entre l'monde non-sorcier et l'sorcier.

Il la regardait droit dans les yeux, une détermination absolue l'envahissant. A la fois déterminé à réfuter chaque argument qu'elle pourrait lui donner, et celle de refuser de choisir un camp, peu importe le moment de sa vie.

- Bah j'voulais te dire que tu te trompais. Je choisirai jamais.

Il n'avait rien de mieux à dire ? Vraiment ? Et le débat qu'il voulait avoir, quels arguments avait-il ? Il était tellement inquiété par ce qu'elle lui avait dit qu'il avait refusé d'envisager une seule seconde qu'elle puisse dire la vérité. L'idée même de devoir choisir l'horrifiait. Il voulait la forcer à avouer qu'elle avait menti, qu'elle s'était trompée, qu'en réalité il pourrait trouver une alternative. Et il en était persuadé par ailleurs, de son point de vue, il remuerait ciel et terre pour concilier ses parents et le monde magique. Mais il devait d'abord résoudre l'inquiétude lancinante qui le hantait depuis sa discussion avec Melissandre. Toutefois, il se trouvait à nouveau limité par son usage malhabile des mots.

- Ok, ...

Alors là, c'était inattendu...

Elle lui avait parler deux fois dans sa vie, peut-être plus on s'en fiche. Toujours est-il qu'il n'avait eût qu'une conversation et de quoi ? Dix minutes. Depuis tout ce temps, il pensait à cela ? Vraiment ?

- Si tu le dis, mais n'y croit pas trop. Je te rappelle que tu as cru pendant 11 ans que la magie n'existait pas.

Elle était hésitante, elle avait tellement de chose à lui balancer à la tronche mais en même temps. Est-ce qu'elle voulait le briser ? Il lui ressemblait vraiment, il ne devait pas devenir comme elle. Froide, solitaire, tout ça pour se protéger de la vérité.

- Écoute, si tu n'es pas prêt à accepter la vérité, tu devrais apprendre à respirer dans l'eau avec moi, c'est un bon anesthésiant pour cerveau. C'est sûrement pour ça que les poissons ont deux secondes d'attention.

Elle détachait son regard du garçon, retournant auprès du lac. Elle s'agenouillait, prête à en découdre avec l'eau gelé du lac. Elle finirait probablement malade mais, il était important pour elle de savoir respirer sous l'eau. Elle prit une inspiration, observant au loin. L'horizon prometteur, la liberté et peut-être, la tranquillité.

Derrière elle, le petit moldu semblait ne pas vouloir partir. Il la voulait sa conversation, il allait être servi s'il persistait.

Narcisse eut un petit sourire satisfait quand Melissandre lui concéda une demi-victoire. Mais elle avait un drôle de goût au fond de sa gorge : c'était trop facile, c'était donc suspect. Il pensait qu'il devrait débattre plusieurs heures avec elle avant de réussir à lui faire comprendre son point de vue. Et puis elle se ravisa, lui disant qu'il n'était pas prêt à accepter la vérité. Mais c'était l'inverse, c'était elle qui n'acceptait pas l'idée qu'il n'ait pas à choisir ! Rien ne le forcerait jamais à choisir, ses parents et le monde sorcier étaient conciliables, c'était certain ! Droit comme un I, il réfléchissait à ses prochaines paroles, mais son flot de pensées fut interrompu par la proposition de sa camarade. Il hésita quelques secondes, incertain sur ce qu'il devait faire.

Et puis il prit une grande inspiration, sa mère lui aurait tapé sur les doigts à s'emporter de cette manière. Il posa ses mains sur ses hanches en regardant au loin, se mordant la lèvre inférieure, et il s'approcha du bord, un sourire taquin aux lèvres. Il s'agenouilla à côté de Melissandre après avoir déposé sa robe de sorcier sur le côté, et sans la moindre hésitation, plongea sa tête dans l'eau glacé.

Il manqua d'en ressortir immédiatement, jamais il n'avait connu une sensation plus violente pour son organisme. Ses yeux et ses oreilles brûlèrent, et il eut l'impression que tout l'air dans ses poumons voulaient s'échapper. Mais il serra les lèvres, et bloqua sa respiration aussi longtemps qu'il le put, environ une quarantaine de secondes, avant de ressortir en poussant une grande expiration, le visage rouge. Puis il regarda Melissandre, un sourire taquin aux lèvres.

- Ah ouais... Ca anesthésie bien... Pfiou...

Contre toute attente, il ne dit rien. Ok, il était toujours là mais, il n'insistait pas. Il s'approchait silencieusement, se posant à côté d'elle debout. Observant lui aussi au loin, est-ce qu'il essayait de faire comme elle ? Prendre sa place, ses habitudes pour percer son esprit ? Elle tournait la tête vers lui lorsqu'il retirait sa cape, s'agenouillait et plongeait sa tête dans l'eau. La bleuette souriait, c'était bien le signe qu'il avait changé d'avis. Pas de discussion, pas de problème, juste des poissons !

Elle l'accompagnait, plongeant également sa tête dans l'eau. La présence du petit moldu était perturbante. Deja, il faisait des bulles, Mélissandre aussi mais ses bulles ne la gênait pas elle. Celle du garçon par contre était une distraction ! Mélissandre essayait d'ouvrir ses yeux, pour voir si le moldu tenait bon. Elle observait aussi les milles têtard qui passaient. Le sable, et les herbes qui dansaient sous ses yeux. Ça ne ressemblait en rien à sa maison, la mer ! Poudlard n'était plus si attractif qu'avant. Elle décidait alors de sortir de l'eau, quasiment en même temps que Narcisse. Il était difficile de dire lequel des deux étaient meilleurs en respiration aquatique. Est-ce qu'elle était sorti à cause de ce qu'elle avait vu ou parce qu'elle manquait d'air ?

Mélissandre se tournait vers le garçon, répondant à sa réflexion :

- Ouais, après tu vas avoir la sensation d'avoir bu une pimentine, c'est super bizarre.

Mélissandre était plutôt contente d'avoir de la compagnie, cela rendait sa scolarité moins pénible. Ils iraient peut-être même à l'infirmerie ensemble dans quelques heures, l'occasion idéal de débrifer sur leurs progressions, ou observation.

Narcisse respirait compulsivement, le visage insensible, sentant les frissons de froid commencer à se répandre dans son corps. Mais ses pensées l'empêchaient de se refroidir, elles tournaient sans cesse dans son cerveau, empoisonnant et enflammant son cœur. Ses mains passèrent dans ses cheveux pour les remettre en place, quelques gouttelettes glacées glissèrent jusqu'à son menton avant de goutter sur le sol. Même si le sol était légèrement boueux et qu'il tâchait son jean, il s'en moquait, il pourrait toujours lancer un bon récurvite après ça. Il tomba en avant, les mains sur le sol au bord de l'eau, s'adressant à Melissandre sans la regarder.

- Pourquoi les sorciers devraient être séparés des non-sorciers ? Y'a quoi de si différent entre un sorcier et un non-sorcier ?

Puis il plongea à nouveau sa tête dans l'eau glacé, après avoir pris une grande inspiration. Le cardio de Narcisse était bon, vraiment bon. Avec la mère qu'il avait, c'était inévitable, elle lui avait donné le goût du sport et du perfectionnement physique et e mental, et son père lui avait donné le goût de l'étude et de la progression. Et depuis le début de l'année, il avait progressé, il l'avait remarqué lors de ses entraînements avec sa mère durant les vacances. Mais il restait un enfant de onze ans, et par conséquent, son endurance était intrinsèquement limitée. Le maximum qu'il aurait pu atteindre en apnée sous l'eau, à cet âge-là, était un peu plus d'une minute, guère davantage. Mais en l'occurrence, sans entraînement ni préparation, il ne durait pas plus de 45 secondes. Il reprit sa respiration en secouant rapidement sa tête quand il la sortit de l'eau, regardant le fond de l'eau.

- Pourquoi ils pourraient pas s'entendre ??

Il resserra ses poings autour de la vase à ses genoux, sentant la colère gonfler à nouveau son cœur.