Inscription
Connexion

12 avr. 2020, 15:33
 +  Fracas  Libre 
Jeudi 15 décembre — 13h45
Lac — Poudlard
4ème année



Nous sommes jeudi et il est bientôt 14 heures.
Normalement, le jeudi à 14 heures je suis en salle d’étude, dans la Grande Salle, voire même dans la bibliothèque pour étudier.
Depuis plus d’un mois, le jeudi à 14 heures, je n’étudie plus. J’essaie seulement d’apaiser les sursauts angoissés de mon coeur. J’essaie d’oublier que Thalia n’est pas là parce qu’elle est à son cours d’Astronomie. J’essaie de me trouver un coin où je suis seule, dans lequel le bruit des autres ne m'agresse pas. En général, je reste dans le dortoir et j’attends que le temps passe. Je n’étudie pas ; à quoi cela servirait-il ? Je n’arrive plus à me concentrer depuis la Chose, je n’arrive même plus à penser normalement. Alors je me contente d’attendre que le temps passe, délaissant mes devoirs, mes lectures, mes recherches. Et si mes notes baissent, cela m’importe peu. De toute façon, je suis idiote, désormais. Incapable de parler, incapable de me concentrer plus de quelques heures, victimes de la douleur qui résonne dans ma tête. Alors je n’essaie plus.

Aujourd’hui, je ne suis pas dans mon dortoir. Je n’avais pas la force de rentrer dans la Salle Commune et d’affronter le bordel du salon. Alors je suis sortie directement après le repas, laissant Thalia s’en aller à son cours, abandonnant l’idée d’aller chercher Zikomo dans les couloirs. J’ai rejoint un coin du parc et je me suis assise sur un rocher au bord de l’eau. C’est un grand rocher plat, je pourrais m’allonger si je le voulais, mais je préfère rester assise en tailleur. Ma baguette est sur mes genoux, pendante entre mes doigts relâchés. Je la regarde, le coeur en miette, les larmes au bord des yeux.
En plus d’être une idiote, je suis une gamine : je ne fais que pleurer pour un rien, je déteste cela.
Là, ce n’est pas pour un rien. Les larmes hantent mes yeux parce que j’ai essayé de lancer un Repulso, mais que j’ai échoué. J’ai bafouillé, encore et encore, et j’ai échoué. Incapable que je suis. *J’suis nulle*. Inutile, incapable de lancer un petit sortilège.

J’ai l’impression qu’un gouffre s’ouvre dans mon corps ; je suis à deux doigts d’y sombrer et de m’éclater la gueule dedans. Il m’aspire, il m'entraîne. Tremblante, je résiste, refusant de laisser couler mes larmes. Je renifle pitoyablement, m’essuie le nez du bout de ma manche.
Et si je ne peux plus jamais lancer de sortilège ?
Et si je ne peux manipuler ma magie ?
Et si on me vire parce que je suis une incapable ?
Et Loewy se rendait compte que je ne valais plus rien ?
Mon coeur se serre, mon coeur s’agite dans son carcan. Il bat fort et rapidement. Je ferme les yeux pour tenter d’endiguer mon angoisse. Je ne dois pas me laisser aller ; *pas sans Thalia, pas sans Thalia*. Je reste un temps infini ainsi, les yeux clos, au bord de la panique.

L’idée provient du plus profond de mon être. Un léger chuchotement, une brise dans mon esprit. J’ouvre les yeux, hantée par cette étrange idée. Je baisse la tête sur ma baguette qui est là, inutile tant que je serais incapable d’articuler un mot sans bégayer, quand j’arrive à parler. Je la regarde, l’observe, l’analyse et me souviens alors que qu’elle n’est peut-être pas si inutile que cela. Que les mots ne sont pas essentiels à la magie. Mon coeur sursaute en me souvenant de tous mes entraînements à la magie des Golems, de ces heures passées à soulever de la pierre avec ma magie, sans prononcer ne serait-ce qu’une seule formule.
*Ça pourrait marcher…*.
L’espoir me fait mal, mais je ne veux pas le repousser. Je l'accueille les bras grands ouverts.

Concentrée, les sourcils froncés, empoignant ma baguette, je pose la main sur la pierre. Cela m’aide à la ressentir. Je me concentre longtemps, puisant au fond de ma magie tout ce que je peux. Le résultat est plus long à arriver que d’habitude, mais ça y est, je la vois, ma magie. Devant moi, la pierre ondule. Doucement, lentement, un petit monticule grisâtre se forme. Je ne le fais pas monter très haut, dix centimètres peut-être, et je reste ainsi à me concentrer, le souffle court, pour maintenir mon simulacre de golem. Mon coeur bat à toute allure dans ma poitrine, mais cette fois-ci ce n’est pas l’angoisse qui le nourrit, mais l’excitation : je suis encore capable, dit-il, encore capable d’utiliser ma magie, tant que je ne parle pas, tant que je ne dis pas un mot ! 

Premier post réservé. 

13 avr. 2020, 00:07
 +  Fracas  Libre 
Il n'y a qu'un seul enfer. Celui dans lequel nous vivons.



Tout était calme ici. Tout était beau. Tout était parfait. L'air était pur. La vie battait son plein. Et les Autres semblaient si loin. Si loin qu'Arya ne pouvait pas les atteindre, pas les voir. Ici, elle était libre. Seule mais libre. C'était le prix à payer.

Appuyée contre le tronc de l'arbre, assise sur une grosse branche, Arya respirait, la tête rejetée en arrière. Ses pensées flottaient, elle ne les suivait plus. Elle balançait ses jambes dans le vide, elle ne les contrôlait plus. Avachie ainsi, on aurait dit qu'elle essayait de se fondre dans l'arbre lui-même. Cachée par les branchages, elle se sentait protégée du monde extérieur. Ce monde effrayant et trop complexe à comprendre. Ce monde qui l'avait abandonnée.

Elle caressa sa joue, juste là où aurait dû apparaître la cicatrice, disparue depuis bien longtemps. Elle aurait dû rester sur sa peau. Sans elle, elle avait l'impression d'avoir rêvé, de s'être imaginé tout cela, et cette sensation la rendait folle. À moins qu'elle ne le soit déjà. Probable.

Était-ce si grave de devenir folle ? N'étaient-ce pas les fous qui rendaient ce monde un peu moins condamnable ? Elle se visualisa un an auparavant, lorsque tout allait bien. Elle ria elle-même de la façon dont elle désigna ce passé. Tout allait bien ? C'était un euphémisme. Elle s'en voulait d'avoir atterrie à Gryffondor. Elle se décevait parce qu'elle n'avait pas assez de O comme ses sœurs. Elle ne voulait pas entendre parler de son père. Cette ancienne façon de penser était bien loin d'elle à présent. À présent, elle s'en fichait d'être à Gryffondor ou Serdaigle. Elle n'en avait que faire, la maison n'était qu'une classe. Qu'une couleur. Rien d'important. À présent, elle se fichait des cours, de ses notes. À présent les O étaient aussi rares que les phénix. À présent elle entendait son père dans sa tête à chaque détour de couloir.

Elle avait même moins d'énergie pour se défouler comme avant dans le parc. Elle passait plus de temps dans les arbres que les pieds sur la terre ferme, à s'entraîner à l'escrime pour se dépenser. Par contre, elle passait tout autant de temps dans les airs. Sur son balai, elle tentait de combler ses lacunes. Lacunes dont elle ne se serait jamais doutée avant son dernier match, où le vif d'or lui avait échappé magistralement. Comme un courant d'air.

Arya commença à bouger lorsqu'elle ressentît des fourmis dans ses jambes. Elle se redressa, secouant l'arbre sur lequel elle était assise au passage. Tout son corps était engourdi, elle l'ignora. En deux trois mouvements, elle se laisse tomber au sol et atterrit le plus souplement possible dans l'herbe du parc.

Elle embrassa du regard l'horizon, comme elle le faisait toujours lorsqu'elle descendait d'un arbre. C'était comme sa source de méditation, elle avait besoin de temps pour se reconnecter au monde abject. Comme si le monde la rejetait et ne voulait pas d'elle, mais qu'elle continuait à s'y accrocher. Pourquoi ? L'espoir ne faisait qu'enfoncer encore plus profondément.

C'est ainsi qu'elle vit le rocher, tout d'abord. Elle eût la pensée fugace de remarquer qu'il avait l'air confortable, et que la vue devait être belle de là-bas. Ensuite, elle vit la personne assise dessus. D'habitude son regard ne s'accrochait pas aux gens. Il passait dessus, glissait, se perdait ensuite dans le vide. Mais là, sans raison spéciale, son regard resta au même endroit plus de deux secondes.

C'était juste une fille avec une baguette. Une fille qui faisait voler une pierre. Mais Arya l'avait vu faire, et avait vu que ses lèvres n'avaient pas bougé. Elle se sentait un peu indiscrète, debout ici, à l'ombre de l'arbre, à regarder une Inconnue. Comme si elle faisait quelque chose d'interdit, elle se força à regarder ailleurs. Pourtant son regard revint finalement vers elle, comme aimanté.

Finalement, Arya écouta son instinct et se mit à suivre ses jambes. Ces dernières l'emportèrent à côté du rocher de la fille. Elle observa le spectacle, dans son dos, comme une espionne. Elle avait la sensation d'interrompre quelque chose. Cependant elle ne pouvait s'empêcher de la fixer.

Elle en avait assez de se battre contre elle-même. D'essayer d'aller contre sa nature. Alors elle laissa ses lèvres s'ouvrir et sa voix s'éveiller.

« Ça doit être libérateur de pouvoir s'envoler sans un mot. »

Vous dites que c'est si beau la vie. Je veux savoir comment je m'y prendrai pour vivre.
~ Antigone, Anouilh
3èmeannée 2045/2046

13 avr. 2020, 11:24
 +  Fracas  Libre 
Un quart d'heure.
Un malheureux quart d'heure, un foutu quart d'heure.
C'était tout ce qu'il lui restait avant de retourner en cours, replonger dans le bruit, l'agitation des Autres et les paroles sans intérêt des premières années.
La fillette s'était enfuie après le déjeuner. Elle voulait retrouver l'endroit qui avait accueilli sa rencontre avec Will, le Garçon-du-Soleil combattant les nuages plus ou moins sombres, plus ou moins profonds et ténébreux.

Ici deux oiseaux amoureux se posent sur une branche d'arbre. Ils ont l'air paisibles et invincibles. Libres aussi.

*J'veux leurs Ailes*
Pour s'envoler.
Pour voir le Monde de là haut.
Pour sentir le Vent et son chant dans ses cheveux, rebaptisés plumes.
Pour se libérer des inquiétudes et soucis.
Pour cacher la déception que lui cause la vue de cet endroit. Elle a l'impression que sa vision lui ment; hier tout était plus beau ici. Aujourd'hui, il est sans intérêt. Rageant de banalitude, de quoi en pleurer.

Pourtant, c'est bien la même herbe, le même arbre, les mêmes pierres. La Magie n'est plus là cependant. Lydia observe les deux jeunes gens plus grands qu'elle, présents ici. C'est sûrement eux qui pompent tous les enchantements du lieu. Une main sur la pierre, la plus âgée arrive à créer un autre caillou grisâtre, elle a réellement l'air de puiser une force dans le rocher. Pour un peu, cette Autre pourrait disparaître et fusionner avec, sûrement est-ce même son but ultime.

Devenir Pierre doit être une sensation bien étrange. Plus de sentiments à ressentir, plus de cœur où alors celui-ci est devenu rocailleux.
Plus de Larmes, plus d'espoir de voir un beau matin, l'aube se lever et emporter la froideur de la Nuit. Une roche n'a pas la liberté d'un oiseau; elle est statique et lourde.
La petite Holmes s'apprête à repartir. Elle est presque certaine que la fille-pierre et celle à côté ne l'ont pas vue, tant mieux d'ailleurs. Rien ne l'attire ici, le clapotis de l'eau est dissonant, faux par rapport à son beau chant d'hier.
Elle commence à tourner les talons et revenir vers l'imposant château lorsqu'une voix retentit.
Cette Voix la stoppe. Elle prononce des paroles mal-assurées, des paroles oriniques et rêveuses.
*S'envoler...*
Mais la fille avec une chevelure d'or ne s'envole pas, elle est figée dans son élan de fusion avec la pierre. Celle à qui appartient la Voix se trompe, ce n'est pas comme ça qu'on s'envole!

"Elle revient, s'asseoit dans l'herbe."


Lydia est légèrement dissimulée par un arbre, elle espère que ce dernier la protégera des regards violents et intimidants.
De cette cachette, la fillette espère pouvoir Comprendre et Voir.
Un coup d'œil à sa montre lui indique qu'il reste treize minutes avant de devoir revenir dans la fournaise d'agitation du château.

Elle cueille, presque machinalement, une marguerite. La fleur est habillée d'un pourpoint blanc qui contraste avec les dorures de son cœur. La première année tourne la fleur entre ses doigts et en profite pour penser.
Ses cheveux couleur ébène se soulèvent de temps à autre par la force des risées qui font tressauter l'eau du Lac noir. Toujours trop longue cette tignasse, elle lui rappelle l'Avant, quand Lydia ne vivait pas à Poudlard.

Attachés en chignon ses cheveux la laissent tranquille, enfin son esprit peut vagabonder. Une question revient inlassablement, douloureusement.

«T'as des frères ou sœurs?»
Ce sont les Autres qui lui demande ça et pas une seule fois, elle n'a su répondre sans avoir l'impression d'être pitoyable. Alors hier, auprès de son ami: qu'aurait-elle dû répondre?

*J'sais pas*

Si Lydia sait mais ces phrases brûlantes ne veulent pas sortir de ses lèvres endolories. Quelques Larmes glissent le long des joues. Elle sanglote toute seule à l'idée que la prochaine fois, il faudra qu'elle réponde la vérité.
«Ma mère a fait une fausse couche, j'avais 10 ans et prié toutes les nuits pour avoir un frère ou une sœur.»

Elle se débat contre ses demons intérieurs, entre ceux qui veulent l'obliger à dire la vérité et les autres qui prônent le mensonge.
Alors, pour couper court à ces mots horribles, elle met sa tête entre ses bras et ferme les yeux.

*Parfois c'est p'têtre-mieux d'être une pierre...*

J'espère que ce Pas vous plait, je suis très intimidée de Danser avec vous, belles Plumes.

#5d9686
entre en 5ème année RP -
post-pause

13 avr. 2020, 12:50
 +  Fracas  Libre 
Ce n'est qu'un détail, mais Aelle ne fait pas voler la pierre. Elle crée un monticule, une petite bosse de pierre. 

L’excitation fait battre mon coeur. Des battements lourds, profonds, puissants. Ils me bousculent de l’intérieur, ils m’ébranlent, me font frémir. Les yeux à demi-fermés, regardant vaguement ma petite montagne résister, je les écoute comme j’écouterais ma magie. Je me concentre sur chacun d’eux, sur leur forme, leur bruit. Leur fracas. C’est comme si toutes les semaines précédentes n’étaient qu’une rêve, comme si ma peur n’était qu’un mauvais souvenir, comme si ma douleur n’était qu’une illusion. Je la sens pourtant bien présente, cette dernière, dans le creux de ma tête. Elle murmure, elle susurre. Mais je l’ignore, tant que faire se peut. La magie est assez forte pour me permettre de la répousser ; au moins durant quelques minutes.

Je revis.
Adieu, sortilèges. Adieu, paroles.
Je pourrais ne faire plus que cela, créer des golems de pierre, entraîner cette magie qui me vient du plus profond de mon être, ne plus jamais m’encombrer de formules idiotes et de mots débiles. Arrêter de parler. De toute façon, parler est inutile, les Autres ne méritent pas mes mots et ceux qui le méritent peuvent très bien me comprendre sans que je parle, j’imagine. Thalia le fait bien, elle. Et Zikomo aussi.
Et Maman ?
Et Papa ?
Et mes frères ?
Le pourront-ils eux, la semaine prochaine, me comprendre sans que je ne parle ? Il le faudra bien. Je sais déjà qu’Aodren est plutôt mauvais à ce jeu, c’est d’ailleurs bien pour cela que je l’évite. Peut-être que

« Ça doit être libérateur de pouvoir s'envoler sans un mot. »

Les mots me frappent. Le coeur à l’envers, j’arrache ma main de la pierre et me retourne. Mon golem, ce petit monticule de pierre créé à la force de ma magie, s’effondre dans mon dos. Je l’entends comme j’entends mon coeur qui tombe à la renverse quand j’aperçois cet Autre tout près de moi.
Garçon, brun, petit. Indiscret, irrespectueux. Emmerdant. Voyeur.
*Il a vu !* sursaute mon coeur. *Il sait*. Merde, merde. La panique m’enserre la gorge et m’empêche de bouger. Figée sur mon rocher, les yeux agrandis par l'effroi, un futur terrible se dessine dans ma tête. Ce garçon va courir, s’enfuir, rejoindre les Autres de Poudlard. Il va raconter à tout le monde que j’ai fait de la magie étrange, il va le raconter à tout le monde et *non ! Y’a pire encore !*. Il va me faire du chantage, exiger que je lui apprenne, que je lui dise tout ce que je sais. Et il apprendra et il deviendra plus fort que moi, en plus lui sait parler, il sera plus fort et je ne serais plus rien.

Mais qu’est-ce qu’il m’a pris, nom de Merlin ! Qu’est-ce qu’il m’a pris de m’entraîner ici, aux yeux de tous, dans le parc, alors que d’habitude je me cache dans une salle ? Par tous les mages, je suis vraiment conne, alors, c’est avéré, ça y est. Le coup que j’ai pris à la tête m’a vraiment rendu débile. Déjà que je ne sais plus me concentrer, maintenant voilà que je perds toute capacité de réflexion et mon plus grand secret, mon secret le plus cher, va être révélé à tous.
Les larmes envahissent mes yeux, ma gorge se serre.
Je ne peux même pas arrêter ce garçon, j’en suis incapable. En tant normal, je l’aurais immobilisé d’un sortilège, je l’aurais fait taire. Je l’aurais menacé. Ou alors j’aurais sortie tout un tas de phrases destinées à lui faire oublier ce qu’il a vu. Mais j’en suis incapable, je ne suis plus rien, plus rien, je sens déjà que ma langue s’engourdie, que le moindre mot qui sortira de ma bouche sera une bouillie dégueulasse est incompréhensible.

Mes larmes me font mal, elles font exploser la douleur dans ma tête, et mon coeur ne s’en serre que davantage. Je ne sais pas quoi faire, je ne sais pas quoi faire. Et ce gars qui me regarde, qui ne me lâche pas du regard. Qu’a-t-il dit, déjà ? Un truc en rapport avec le vol. En plus de connaître mon secret, cet abruti parle par énigmes. C’est bien ma vaine ! J’essai de prendre une inspiration, apaiser les battements de mon coeur, calmer les tremblements qui me secouent, repousser les larmes qui m'éblouissent. Une inspiration pour reprendre pied.
Je n’y arrive pas.
Je n’y arrive pas.

« T’as… »

Le mot s’extirpe de ma bouche et c’est bien le seul. Je gobe l’air comme un poisson, ma voix buttant contre le prochain mot. « Gh-gh-gh, » marmonné-je comme une débile, incapable de trouver le mot que j’entends pourtant dans ma tête : rien, rien, t’as rien vu, t’as rien vu, c’est clair, tu fermes ta gueule, c’est clair ? Je ne peux pas dire tout cela, je ne peux rien dire. Je voudrais me détourner, honteuse. Je voudrais me cacher pour ne pas avoir à faire au jugement de ce garçon, pour ne pas supporter ses moqueries. C’est certain, il va se moquer. Merlin, je suis incapable de me défendre avec ma baguette, incapable de parler, la magie élémentaire m’est encore trop fragile pour l’utiliser.
Mais j’ai des poings.
Je sais frapper.

Je m’extirpe de mon rocher et saute à terre. Debout, je me rends rapidement compte que je suis bien plus grande que le garçon. Je serre les poings et patiente, le regard noir, tremblante et le coeur battant. J’attends un geste, j’attends une preuve. Une preuve qu’il a compris, qu’il a vu, qu’il va me dénoncer.


Il me plait beaucoup. Très heureuse de pouvoir Danser avec toi, Plume de Lydia. Ne sois pas intimidée, tu n’as aucune raison de l’être.
Aelle est bien trop concentrée sur Arya pour voir ta Protégée pour le moment.

13 avr. 2020, 23:35
 +  Fracas  Libre 
Take me as I am, or watch me as I go.



Une intruse. Voilà ce qu'elle était condamnée à être, éternellement, constamment, continuellement. Elle était toujours celle que les Autres ne voulaient pas voir, toujours celle qui dérangeait, qui arrivait aux moments inopportuns. Comme une malédiction, dès la naissance. Elle n'était pas désirée par ses parents, elle n'aurait jamais dû exister. Elle n'était pas prévue. Elle n'était qu'une erreur. Ce genre d'erreur de passage que l'on traîne toute sa vie.

C'était en partie pour cela qu'elle évitait les Autres, habituellement. Ils finissaient toujours par regretter d'être en sa compagnie. Arya s'était donc instaurée une sorte de règle à suivre, ne pas s'attacher. Les Autres finissaient toujours par l'abandonner. Même le monde l'a abandonné. Elle était une intruse à se tenir debout sur cette Terre.

Elle aurait aimé être quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui n'avait pas peur de l'enfer. Quelqu'un qui ne dérangeait pas. Mais, à tout bien réfléchir, était-ce vraiment ce qu'elle désirait ? Non. Elle voulait simplement être aimée pour ce qu'elle était. Mais elle savait cela impossible. Cependant elle n'était pas non plus capable de jouer un rôle. La meilleure solution était sans doute de rester seule, comme elle se l'était promis. La solitude collait à la peau, parfois de manière désagréable, mais elle était tout autant une protection. Voilà, Arya se protégeait.

Pourtant son armure semblait fragile. Ou tout du moins, elle se fragilisa lorsque la fille réagit. D'emblée, Arya sut qu'elle aurait dû rester dans son arbre et se fondre dans le tronc. Comme un Botruc, en quelque sorte. Elle aurait dû être un Botruc. Pourquoi n'était-elle pas née Botruc ? Elle aurait peut-être aimée, en Botruc. Les Botrucs sont mignons. Elle, n'était que dégoût.

La magie de la fille était magnifique, délicate, sublime. En une seconde, Arya gâcha tout. La fille se retourna mais la Gryffondor ne la vit pas. Elle observait le monticule de pierre s'effondrer. C'était beau, cette chute, en un sens. Comme les enfants qui font des pyramides de cubes, et qui se font un plaisir de les démolir ensuite. Sauf que cette chute-là n'était provoquée par un enfant. Elle était provoquée par une abrutie. Elle-même.

Arya fixa le no man's land qu'était devenu la magie de la fille. Elle se sentait meurtrière. Meurtrière d'un art qu'elle était venue détruire sans même le savoir. Elle baissa les yeux quelques secondes, comme en mémoire de ce monticule abattu. Comme lors de l'enterrement de son père, quand il semblait obligatoire de garder la tête tournée vers le sol. Pourquoi regardait-on nos pieds à la mort de quelqu'un ou quelque chose, alors qu'ils étaient censés s'envoler ? Pourquoi ne les suivait-on pas des yeux ?

Enfin, Arya orienta son regard vers la fille. Celle qui avait créé. Elle, n'avait fait que détruire.

La peur se lisait en elle. Une peur qui apeura à son tour la rouge et or, comme si elle était contagieuse. Elle aurait compris la colère. Pas la peur. La peur était irrationnelle, incontrôlable, absurde. La colère était juste, logique, réelle. Elle ne savait pas faire face à la peur.

Ce n'est pas sa propre peur, pourtant Arya se sentit paralysée. Elle avait peur de la peur de la fille, et ce sentiment n'était qu'un cercle vicieux. Un nuage de buée s'échappa de sa bouche. Elle se rendit compte qu'elle avait froid.

La fille ouvrit la bouche. Un mot en sortit, poussé par sa voix. Peut-être deux. Arya n'avait pas compris. Elle se demanda si c'était elle le problème ou l'Autre. Peut-être étaient-elles fêlées toutes les deux, après tout. Tout le monde pouvait se retrouver avec des ailes brisées. Il suffisait de savoir comment les soulever pour aller se les brûler un peu plus au soleil pour continuer. Car les ailes brisées ne nous enterrent pas. Elles nous clouent au sol, simplement. Reste à décider quelle situation était la pire.

La fille sauta à terre. Comme d'habitude, Arya leva la tête pour la regarder. Elle était plus vieille qu'elle. Mais ce qui la frappa, c'était qu'elle serrait les poings. La voilà, la colère qu'elle attendait. Allait-elle se défouler sur elle ? Arya n'avait pas envie de se battre. Pas maintenant. Mais s'il le fallait, elle se défendrait. Ou non. La fille était en droit de vouloir se venger. Elle avait détruit, après tout. C'était légitime.

Arya soutint son regard, attendit son jugement, comme au tribunal. Mais il ne venait pas. Peut-être qu'elle aussi attendait. Qui attendait l'autre, finalement ?

« J'voulais pas t'interrompre. Désolée de t'avoir clouée au sol. »

Vous dites que c'est si beau la vie. Je veux savoir comment je m'y prendrai pour vivre.
~ Antigone, Anouilh
3èmeannée 2045/2046

14 avr. 2020, 19:05
 +  Fracas  Libre 
Les manches de la robe de sorcier râpent ses joues. Le tissu est rêche, il gratte et laisse des traces rouges.
Les poings contre le visage écrasent ses yeux. Elle veut faire disparaître ses pensées en même temps que sa vue. Elle veut voir les points blancs entraver ses pupilles, hallucination qu'elle s'est faite elle-même avec la force de ses paumes.

Fuyez réflexions funestes, démons sanguinolents. Fuyez sentiments appelés Mal-Être et Douleur. Libérez Lydia de votre emprise, laissez la tranquille.
Elle peut être une fillette heureuse, oui elle le peut, mais sans Tourments qui l'en empêchent. Sans histoires d'enfance qui lui reviennent.

Tant bien que mal elle essaye de se relever. Ses petites jambes font leur possible pour tenir son corps en équilibre. Elle est comme une équilibriste sur un fil, chaque geste est important, chaque erreur peut la faire basculer de tous côtés.
Soudain un bruit.
Un borborygme.
Une Voix mais pas celle qui parlait des Ailes.
Une Voix aggressive.
Une Voix de personne perdue.

"Elle finit de se lever, observe les Autres."


La brunette s'est décalée, le tronc protecteur de l'arbre ne la dissimule plus. Sa main blanche posée sur les fibres du bois, elle observe la scène devant elle.
Le monticule gris crée par la Fille-pierre s'est effondré. Lydia comprend aussi que les balbutiements appartenaient à cette dernière.
L'Autre semble désorientée.

Les gouttes d'eau qui parcellent ses joues n'ont pas la brillance des éclaboussures de l'eau du Lac, ce sont plutôt les rejets des eaux de la tristesse.
Mais pourquoi pleure-t-elle?
Mais pourquoi sa magie n'est plus là?
Plusieurs "mais pourquoi" naissent dans son esprit. Comme à chaque fois, Curiosité est utile, elle chasse les questions sombre pour les remplacer par d'autres, plus désintéressés, plus claires surtout.

Ses grands yeux bleus ouverts, sans points blancs qui troublent sa vision, la première année essaye de comprendre.
Scrutant avec attention ce qui se déroule à côté, elle distingue un Autre.
Si à la première fraction de seconde où elle l'a aperçu, la fillette a douté de son genre, ce n'est plus le cas maintenant.
Ce n'est rien qu'un petit garçon brun.
Il ouvre à nouveau sa bouche pour s'excuser.
*De quoi?*
D'avoir cloué au sol l'Autre qui voulait s'envoler.
*L'était déjà clouée au sol t'façon*
Cette fille ressemble à une Autre et c'est bien connu, les Autres ne peuvent pas avoir de plumes!

Absorbée dans sa contemplation, Lydia relâche la prudence qui l'incitait à rester cachée. Ceux qui se trouvent devant elle ne sont pas forcément invincibles, elle se sent plus libre.
La jeune Holmes se dévoile presque entièrement de l'écorce et sans s'en rendre compte, marche sur un bout de bois mort.
Crac.
Avant de se fendre, la brindille pousse un cri violent, larmoyant.
Crac.
Elle est intruse, encore plus que le garçon qui s'immisçait dans la magie des pierres.
Elle a le coeur tambourinant, elle voudrait courir aussi vite que ses Battements; fuir les regards insoutenables que les Autres en face vont probablement lui accorder.
Mais la fillette ne bouge pas et reste terrassée par la honte, privée d'Ailes, clouée au sol.

#5d9686
entre en 5ème année RP -
post-pause

15 avr. 2020, 13:24
 +  Fracas  Libre 
Mes poings tremblent. Tout au bout de mon corps, ils ont beau être serrés, serrés à m’en faire mal, je ne peux les empêcher de trembler. La peur qui règne sur mon coeur est trop grande pour que je l’empêche de s’exprimer, je n’arrive pas à la remplacer par la colère. Et ce garçon face à moi, ce garçon qui ne réagit pas, qui ne dit rien. Sans doute ne doit-il pas avoir peur, lui. Sans doute doit-il comprendre que je ne suis pas grand chose. Il aurait tort, cependant. Je sais que je peux encore frapper, et je peux frapper fort. Si je lance mon poing en avant, ma taille m’aidera. Je pourrais le plaquer au sol, le bâillonner pour qu’il se la ferme, et alors j’aurais le dessus, j’aurais le pouvoir. Dans ma tête, je me vois déjà le faire. Je nous vois tous les deux roulants au sol. Pourtant, je n’en ai pas envie. Je voulais être seule avec ma magie, seule avec moi-même, dans l’attente de Thalia. Je n’avais pas envie de faire face à un Autre, et encore moins de le rouer de coups. Non, je n’en ai nulle envie, mais s’il faut cela pour préserver mon secret, alors je le ferais.

Ses mots m’arrachent à mes pensées. Il parle, tout à coup. J’avais oublié que lui savait parler. Et qu’il parlait par énigmes. Il parle étrangement. Il ne m’a pas cloué au sol, que veut-il dire ? Peut-être parle-t-il de mon golem qui s’est effondré ridiculement quand il m’a surpris. Même pas capable de maintenir ta magie, me souffle ma conscience, c’est pas comme ça que tu impressionneras Nyakane la prochaine que tu la verras. Je repousse ma culpabilité et le coup de massue que la déception me donne. Mes yeux se froncent légèrement, je me concentre sur le garçon qui ne voulait pas m’interrompre, mais qui l’a tout de même fait. Mon souffle est court, mon coeur tambourinant. Je réfléchis à mes mots, je maudis ma foutue vie, ma foutue incapacité à dire simplement les choses.
Je ferme brièvement les yeux, prends une inspiration profonde.
Encore une autre.
*J’vais y arriver*.

« Tu… Tu dis rien, » l'avertis-je.

J’y suis arrivé ! D’une voix lente, grave et hésitante, une voix d’enfant qui bafouille, certainement pas une voix qui ordonne, une voix qui effraie. Mais cela devra faire l’affaire. je compte sur mon regard, mes billes de suie qui ne se détournent plus du garçon. C’est ma seule arme, mon regard noir.

Un craquement me fait sursauter. Le coeur à l’envers, je tourne la tête dans la direction du bruit. J’ouvre la bouche, surprise, mais ne dis rien. Là-bas, à quelques mètres, proche d’un arbre, une fille. Banale, aux couleurs de Serdaigle. Banale, mais bien présente. Son regard est rivé sur nous. Putain, elle nous observait elle aussi. A-t-elle vu ma magie ? A-t-elle compris ? L’angoisse enserre mes poumons. Déjà que je ne parviens pas à effrayer un gamin, comment pourrais-je faire face à deux personnes ? Je me sens inutile et idiote. Peut-être devrais-je tout simplement abandonner, m’enfuir, me barrer d’ici et les laisser tous les deux. Espérer qu’ils ferment leur gueule. De toute façon, qui les croirait s’ils l’ouvraient ? Qui croirait que la Honte de Poufsouffle, la gamine qui s’est faite renvoyer de l’école, qui a insulté un invité diplomatique est capable de faire se mouvoir la pierre sans énoncer une seule parole ? Personne. Personne le croirait, parce que c’est fou. 
Je n'y avais pas pensé. 
C'est fou, ce serait fou de croire à ça. 
Je suis rassurée, tout à coup. Rassurée. Une vague de soulagement m’envahit et tout au bout de mes bras mes poings perdent de leur force. Un sourire passe furtivement sur mes traits : personne ne les croira, je suis sauve !

Je secoue la tête de gauche à droit, peinant à croire que je me suis laissée aller à l’angoisse. Ces derniers temps, cela m’arrive bien trop souvent. L’angoisse et les larmes. Comme si je n’étais qu’une petite chose fragile que l’on pouvait casser d’une simple poussée. C’est complètement idiot — et vrai, mais je m’efforce de ne pas y penser. Dernier regard accordé à la Serdaigle qui observe, dernier regard noir en direction du garçon *foutu Gryffondor* qui regarde. Puis je me détourne et retourne sur mon rocher. J’ai laissé là mon sac. Je le récupère du bout des doigts, un soupir d’effort sur les lèvres, et le glisse à mon épaule. Dommage, j’aimais bien l’endroit que je m’étais trouvé. Mais je vais pas rester en si mauvaise compagnie. Trop dangereux, les Autres risquent de me parler. Je vais aller retrouver Zikomo dans les couloirs, peut-être même m’entraîner à la magie des golems, cette fois-ci à l’abri des regards.

16 avr. 2020, 00:57
 +  Fracas  Libre 
She says something when she wants to say everything



La plupart du temps, les gens ne comprenaient pas le charabia d'Arya. Elle parlait chinois, disaient certains. Lorsqu'elle parlait. D'aussi loin qu'elle se souvînt, seule Alison l'avait toujours écouté jusqu'au bout. Elle ignorait si elle, comprenait les paroles dénuées de sens qui sortaient toujours de sa bouche. En tout cas, elle faisait en sorte qu'elle le crût. Quand elle était à la maison, elle prenait toujours soin d'elle comme si elle était sa mère et non sa sœur. Quand sa véritable mère l'accusait de ne sortir que des paroles sans queue ni tête, Alison était là derrière pour la border et réparer les dégâts. À partir d'où les rôles s'étaient-ils inversés comme cela ? Pourquoi Alison avait appris Arya à marcher, alors que sa mère ne l'avait pas vu faire ses premiers pas ?

Toujours était-il que la fille n'avait pas l'air de la comprendre non plus. Alors qu'Arya faisait de son mieux pour ne pas détourner les yeux, elle devinait dans le regard de l'Autre une violente panique. Elle se demanda si elle allait la frapper. Si elle allait hésiter longtemps, à la regarder ainsi comme s'il était possible de tuer quelqu'un avec ses yeux. Mais les regards n'étaient que des regards. Ses yeux ne seraient pas remplacés par des revolvers, ils ne lui feraient pas de mal. Pourtant les émotions s'y lisaient plus facilement que partout ailleurs. Et les émotions sont des lames tranchantes qui nous heurtent sans pitié. Arya se sentit frottée par la lame de ses yeux, et ces frottements laissaient des entailles, fines mais douloureuses.

« Tu… Tu dis rien, » dit-elle.

C'est tout ? pensa Arya. Elle fut presque déçue. Déçue parce qu'elle ne pensait pas que c'était d'elle que l'Autre avait peur. Juste elle. Alors qu'elle ne faisait qu'1m34, et qu'elle ne parlait quasiment jamais. Seulement lorsque c'était nécessaire. Elle était économe, en ce qui concernait sa salive, personne ne pourrait lui reprocher cela. Pourquoi dirait-elle quelque chose à propos de ce qu'elle venait de voir. Certes, c'était beau, mais pourquoi irait-elle le crier sur tous les toits ? Tout d'abord, elle était plus du genre à grimper silencieusement sur les toits plutôt que d'y crier, et quel intérêt aurait-elle à faire cela ? Égoïste comme elle était, elle cherchait toujours un intérêt personnel dans ses actes. Là, il n'y en avait pas.

L'Autre voulait certainement garder cette magie secrète. La garder pour elle. Arya comprenait. Elle aussi voulait garder certaines choses secrète. Ses arbres, tout d'abord. Elle n'aimait pas partager la sérénité que lui offrait les arbres. Sauf avec Roman, mais lui, il n'était pas comme les Autres.

Un craquement. Arya sursauta et fit volte-face, comme si elle se sentait attaquée. Elle se détendit en apercevant une autre fille. C'qui ? Elle ne chercha pas à connaître la réponse puisque l'Autre se retournait déjà pour récupérer son sac sur le rocher. Arya la regarda faire, la regarda préparer sa fuite. Lâche, pensa la Gryffondor. Elle ne savait pas bien pourquoi, mais quelque chose la poussait à la mettre au défi. Peut-être devenait-elle folle. Peut-être sa folie la poussait à vérifier où était ses propres limites. Ou peut-être souhaitait-elle simplement profiter du peu de pouvoir qu'elle avait réussi à acquérir juste en s'introduisant dans l’intimité de la fille, telle un voleur sans valeur.

« Et ça fait quoi si j'le dit ? » lança-t-elle en levant le menton.

Elle n'avait pas adopté un ton de défi comme le faisaient ces petits idiots immatures. Simplement de la curiosité, et une pointe d'espièglerie.

Elle lança un bref regard à l'autre fille derrière, certainement une Serdaigle de ce qu'Arya pouvait voir. Quel rôle allait-elle jouer, elle ?

Vous dites que c'est si beau la vie. Je veux savoir comment je m'y prendrai pour vivre.
~ Antigone, Anouilh
3èmeannée 2045/2046

16 avr. 2020, 18:47
 +  Fracas  Libre 
Toujours planté là, elle regardait. Et elle attendait la sentence qu’allaient lui attribuer les deux Autres. Peut-être que si elle restait planté là, l’arbre lui transmettra sa magie, jusqu’à la faire devenir Ecorce et Bois. Qu’à force d’avoir les pieds sur le sol mais les yeux rivés vers le ciel, elle obtiendra de longues branches pour effectuer au mieux la tâche qui leur était destinée ; attraper chaque rayon de soleil.

Pour l’instant Lydia n’est pas un arbre et reste confrontée aux regards des deux élèves. Elle sait qu’ils l’ont vu; ils l’ont toisé, comme pour lui démontrer qu’elle n’était pas Arbre ni feuilles. Ces regards transpercent douloureusement sa peau. Ils sondent les profondeurs de son âme d'enfant, ils savent tout et c'est insupportable. Elle ne peut pas se laisser déstabiliser par de simples Autres, cela ne lui ressemble pas, elle ne peut pas rester figée comme ça, elle ne peut pas! Le temps de Fuir ne lui semble pourtant pas encore venu alors elle reste, à Contempler.

La fille-pierre dont le monticule a été si lâchement Brisé ordonne au gamin de se taire, de ne plus rien dire. Sa voix devait casser, entraver; les cailloux en sont d'ailleurs la preuve.

Si elle n'aime pas les Voix-Qui-Brisent, elle vaut peut-être mieux qu'une Autre?

*M’étonnerait*

Pas le temps de vérifier, elle s'en va déjà. Elle doit sûrement vouloir s'échapper d'ici, de cette endroit ou sa Magie étrange n'a pas même eu le temps de commencer qu'elle s'était déjà achevée.
Lydia hausse les épaules. Ce ne sera qu'un regard transperçant de moins à supporter si elle quitte ce carré d'herbe et de pierres étrange. Ce lieu qui se métamorphose tout le temps; l'esprit de Zeus y habite. Un jour pluie d'or, un jour cygne. Jamais seulement les métamorphoses du roi des dieux ne décevaient alors que la vision de cet endroit triste à la Magie pompée laisse un goût amer au fond de la bouche. Presqu'un goût rance quand on compare hier et aujourd'hui.

Pour la deuxième fois, elle s'apprête à tourner les talons. Pour la deuxième fois la Voix du gryffon la retient à causse du sens si mystique de ses paroles. Il veut Dire à présent.
Parler sûrement de ce qu'il lui a été interdit pour retenir celle qui a posé l'avertissement.

Une idée apparaît dans la tête de la petite Holmes. Une idée stupide mais tentante, une idée irrésistible...

*Nan c'est bête*
En même temps, qu'a-t-elle à perdre? Ils n'oseront pas user à nouveau de leurs regards transperçants.
*C'que des autres t'façon, ils feront rien*
Lydia risquera, il lui reste peu de temps avant de retourner en cours et il faut au moins mettre cette idée à exécution pour que le Lieu soit emprunt d'autre chose qu'une déception.
*J'y vais*

"Elle avance, sort sa baguette"


Puis elle regarde la plus âgée.
Puis le garçon. Elle ouvre enfin sa bouche devant lui et prononce des Mots provocateurs.


-C'pas comme ça que tu dois faire.

Non, c'pas comme ça que tu dois essayer de la retenir.
C'pas comme ça que tu dois t'excuser, enfin si tu veux le faire.
C'pas comme ça que tu dois t'y prendre.
C'pas comme ça non plus que tu dois regarder Lydia, trop dur à soutenir ton regard.

Après ces mots, elle lève sa baguette et prononce la formule apprise par cœur;


-Wingardium Leviosa...

La fillette vise le plus petit caillou qui se trouve au bord du lac et tant bien que mal, arrive à le soulever. L'effort à fournir est dur, immense pour un enfant ayant découvert sa Magie il y a seulement quelques mois. Pendant six secondes qui paraissent une éternité, elle fait voler la pierre grise puis la fait atterrir au pied de la Fille. Ainsi elle aura un nouveau mannequin pour sculpter, improviser et s'entraîner à ses petites montagnes.

Voilà, garçon, c'comme ça qu'il faut faire.

#5d9686
entre en 5ème année RP -
post-pause

17 avr. 2020, 12:54
 +  Fracas  Libre 
Je récupère ma baguette que j’avais laissé traîner à côté de mon sac. Sautant du rocher, je retrouve tout juste la terre ferme que la voix du garçon me frappe, soulevant mon coeur et me fronçant mes sourcils. Il ose ! Il ose me défier ! Un tremblement fugace me secoue : il a raison, ça fait quoi s’il le dit ? Qu’est-ce que moi je ferais s’il le dit ? Je rate un sortilège sur deux, je pleure à la moindre frustration, je fais des crises d’angoisse au moindre souvenir brutal. Alors oui, que ferais-je, moi, si il parle dans les couloirs et raconte ce que j'ai fait ? Pas grand chose. Et pourtant, pourtant je peux encore lui envoyer mon poing dans le visage pour le faire taire.
Ou me barrer, tout simplement.
Partir pour éviter de me fatiguer de colère.
Fuir, parce que je n’ai pas la force, ni l’envie, de quoi que ce soit ces derniers temps.

Ma colère s’est faite soufflée, il ne reste plus rien d’elle et je baisse les épaules, désabusée et légèrement perdue, incapable de décider que faire face à ce garçon ; le bousculer ou me barrer ? Ma gorge se serre. Encore une preuve que j’ai changé. Avant, je l’aurais fait taire cet abruti. Et maintenant, je n’ai même plus envie de lui faire payer.

L’Autre Bleue m’empêche de devoir prendre une décision. Elle est toute proche désormais, je ne l’avais pas vu s’approcher. Elle a sa baguette en main, mes yeux s’écarquillent. Va-t-elle m’attaquer ? Ma prise s’affirme sur ma propre moitié, mais je ne peux m’empêcher de reculer, angoissée. Pourtant, elle n’a pas l’air de vouloir me faire quoi que ce soit ; une parole envoyée au garçon, un sortilège lancé et voilà qu’une pierre vole vers moi. Je sais d’avance que le sortilège est bien trop tangible, bien trop peu puissant, et semble-t-il bien trop éprouvant pour l’enfant pour que la pierre soit un réel danger, alors je ne bouge pas. Mon regard, lui, se dépose sur la Serdaigle, l’air un peu éberlué.
C’était quoi, ça ?
C’est ainsi qu’elle pense me faire peur ? Avec un sortilège de première année réalisé avec la puissance d’un bambin ?

« Nul, » conclus-je en déposant mes billes noires sur l'Inutile. 

Peu impressionnant, ennuyant, comique, même. Rien de bien intéressant, je ne sais même pas pourquoi elle a fait ça. Ma curiosité me pousse à me poser des questions, mais je sais déjà que je ne perdrais pas de temps à essayer de lui parler. Je lui accorde mon regard méprisant quelques secondes avant de me tourner vers le garçon.

« Ça fait qu’j’t… » Ma bouche s’emmêle, ma langue s’entortille. Je souffle, frustrée, et inspire profondément. « Que je te dé-défonce, repris-je en articulant exagérément. O-occupe-toi plutôt d’elle. »

Du bout du menton, je désigne la Bleue qui a voulu, peut-être, m’impressionner avec son sortilège. Dois-je prendre ceci comme une confirmation qu’elle a vu ma magie ? Je ne peux pas lui dire de se taire, ou elle se poserait des questions dans le cas où elle n’aurait rien vu. Je préfère économiser mes mots. Déjà, l’effort de ceux que j'ai prononcés me pèse. Des vagues s’agitent, dans ma tête. Elles annoncent la douleur. Et la douleur amènent les larmes. Je renferme mes bras autour de mon corps. Je me sens fragile. Un regard en direction du château. *Zikomo*, appelle mon coeur. Si seulement il pouvait être là.