La brise créant des ondes sur la surface plane de l’eau, le bruit de la nature, l'azur du ciel contrastant avec le verdâtre du lac, l’odeur de l’herbe fraiche et surtout, l'atmosphère calme et apaisant.
Ava aimait cet endroit. Elle s’y plaisait, et sentait qu’elle y avait sa place, contrairement à la Grande Salle, où le bruit régnait en maitre.

La Serpentard s’embarqua sur une barque, un sourire rêveur aux lèvres. Elle s’assit, ouvrit le roman qu’elle avait en main et continua la lecture débutée un peu plus tôt dans son dortoir.

Ses doigts parcoururent les lettres, les mots puis les phrases, suivant le rythme de sa lecture et le nombre de pages qui la séparait de la fin du récit diminuait peu à peu.

Pleinement absorbée par l'histoire, la première année fut brusquement interrompue par un choc, et elle perdit l’équilibre.
La barque se renversa et la fillette se retrouva plongée dans l’eau noire du lac. Elle remonta à la surface, crachotant de l’eau, encore sous le choc.
Lorsqu’elle reprit conscience de la scène, un frisson lui parcourut l’échine ; l’eau était glacée.

Elle tâta la barque, cherchant à le monter, avant de distinguer dans les eaux sombres son roman, qu’elle repêcha aussitôt. Ses pages étaient trempées, mais heureusement l’encre n’avait pas bavé.

L'irlandaise soupira ; elle avait à peine commencé l'année scolaire qu'elle avait réussi à faire un plongeon forcé au lac noir.

Le dessin est un échappatoire. Une parade à l'ennui, à la souffrance, à la peine, aux questions trop nombreuses dans ma tête.

Alors, je créé des animaux fantastiques, des paysages de rêves ou j'aimerais m'échapper. Je reproduis les objets en face de mois, pour redonner un sens à cette réalité qui m'échappe.

Aujourd'hui, c'est le lac qui m'accueille, qui me fascine. L'eau bouge lentement, ignorant le reste du monde, dérangée, quelques fois, mais qui reprend toujours son chemin.

Je crois que mon bateau dérive. Je sais que mon esprit le fait aussi. Est-ce que ça importe ? Mon trait est sûr, lui.

La mine ne tremble pas lorsqu'elle trace une ligne. Elle ne vacille pas quand elle doit placer une vague. Elle, elle n'est pas triste, pas incertaine, pas hésitante.

Je songe à raturer toute ma feuille, mon esprit moins sur que mon trait, quand un choc me fait tomber. Ma tête heurte le bois et mon crayon roule dans un coin.

Je relève la tête, m'attendant à un bout de terre, ou un élève qui s'excuse, mais la barque est vide. Son occupante est tombée à l'eau.

Elle manque d'équilibre. C'est ma première réaction. Ma deuxième est un peu plus socialement acceptable.

-Oh, désolé je regardais pas ou j'allais ! C'est de ma faute.

Dans un même temps, je m'approche le plus possible afin de lui tendre ma main, tentant de la remonter à bord.

Je m'excuse pour ce retard

Tout en toussant et en grelottant de froid, Ava battit des pieds pour flotter.
Elle leva les yeux en direction de la barque qu'elle avait heurté.
Une fille aux cheveux noirs s'y tenait, lui tendant la main. Elle lui avait dit quelque chose que la Vert et Argent ne comprit pas, mais elle déduisit par le ton qu'elle avait employé qu'elle s'excusait.



Elle accepta sa main, les joues en feu. Elle se sentait ridicule.
Elle avait sûrement eu l'air d'un éléphant, battant des bras pour tenter de rester en équilibre − en vain − avant de tomber lourdement dans l'eau.

La Serpentard monta sur la barque, toute trempée et rouge de honte. Elle laissa tomber le livre à côté d'elle et essora ses cheveux et ses vêtements, en prenant garde de rester à distance avec l'Autre pour ne pas l'éclabousser.



Elle se racla la gorge, mal à l'aise. Elle vit que sa camarade était en train de dessiner, du moins avant l'incident.
La Serpentard jeta un rapide coup d'œil sur la feuille ; c'était un dessin en crayon de papier qui représentait les environs : le lac et le château de Poudlard.
C'était une sorte de brouillon, mais qui reflétait sans aucun doute un grand talent artistique.
La première année ne put s'empêcher d'admirer son talent.