"Hey Damian !"

Je me retourne, croisant le regard d'un sixième année que je connais bien. Celui ci se rapproche de moi, discret, regardant autour de lui. Puis voyant que personne ne fait attention à nous dans le couloir, me décoche un grand sourire.

"On a ouvert le miroir. Il est fonctionnel."

Mes pupilles s'agrandissent d'excitations. Je lui souris en retour. Puis sans rien dire de plus, nous nous séparons...



6 janvier 2046, 17h
Escalier menant aux appontements

Le ciel commençait à prendre ses teintes brulantes annonçant la fin de la journée. Emmitouflé de mon plus chaud manteau, ma face cachée sous mon bonnet et mon écharpe, je descendais avec énergie l'escalier de pierre, le contenu de mon sac tintant dans mon dos à chacun de mes pas. Un vent glacial en provenance du lac me fouette le visage, me faisant crisper les yeux. Manquant de rater une marche, je ralentis, descendant prudemment, restreignant mon enthousiasme. Ce serait vraiment dommage de tomber avant d'avoir profité de ce cadeau...

Je m'arrête quelques secondes à chaque virages de l'escalier, regardant le lac rougir des couleurs du soleil, grande étendue d'eau nous séparant de la civilisation, le village de Pré-au-Lard, si petit, de l'autre côté. Il fait encore trop soleil pour que ses lumières commencent à s'allumer mais ça ne saurais tarder... Je ne peux m'empêcher d'être joyeux à cette idée.

Je descends encore, mes réflexions tournant dans mon crâne... Est ce que je vais croiser des grands ? Que devrais je leur dire si ils me questionnent ? Alors que je construit dans mon esprit une réponse appropriée, j'arrive enfin au ponton.

Devant moi, les longues barques de Poudlard, bougent doucement. Je reste quelques secondes à regarder leur danse, en silence, touchant du bout des oreilles les petits bruits de clapotis et les craquements du bois magique. Il y a une odeur particulière ici, riche et humide, organique. Ca sent la vase et le bois mouillé, mais ce n'est pas aussi fort que les pontons de mon autre monde. Je fais la moue, un demi sourire en coin. La magie est pratique pour nettoyer, c'est vrai, garder propre, garder ordonné. Mais je ne peux pas m'empêcher de regretter ces petites preuves nauséabondes de l'activité humaine classique. La Tamise et son odeur si particulière me manquent un peu. Et alors que je soupire doucement, laissant s'échapper ma mélancolie dans mon souffle, j'entends un petit bruit derrière moi.

Je me retourne, à l'affut. Quelqu'un m'a suivi ? Non, l'escalier est désert, a part les barques magiques et leurs cordes d'appontages, rien ne bouge autour de moi... Mais j'entends de nouveau ce petit bruit. Je me calme quand j'en reconnais la provenance. Et doucement, tout doucement, je m'avance dans sa direction.

Il y a bien quelqu'un ici. Mais c'est moi l'intrus. Je m'approche pas-à-pas, dévoilant mon visage sous mon écharpe, et souriant de toute mes dents.

"Bonsoir. Toi aussi tu es venue admirer le coucher de soleil ?"

Mes yeux se tournent vers le lac, vers le crépuscule, et son reflet dans l'eau.

"Le regarder d'ici, c'est comme le voir deux fois, n'est ce pas ?"

Sur un rocher, Lylas était installée depuis le début de la journée. Elle n'avait pas mangé depuis la veille. Devant le lac, elle observait la beauté de ce coucher de soleil. Le lac avait pris des teintures dorées, ce reflet était magnifique. Peut-être trop beau pour un jour comme celui-ci. Elle n'avait pas eu une lettre, pas un cadeau. Après tout, même à Noël, elle n'avait rien eu. Sa grand-mère le lui avait dis pourtant, que ses parents ne la laisserait pas lui envoyer quelque chose. Mais la petite avait tout de même espérait recevoir ne serait-ce qu'un cadeau... Espérer, elle était douée pour ça.
Restée à Poudlard pour les vacances, elle en avait profité pour se ressourcer. Beaucoup d'élèves et de professeurs étant parti, une atmosphère relaxante et apaisante régnait sur Poudlard. Elle frissonna. La fin de journée était là et le froid se faisait plus intense. Mais Lylas n'avait pas envie de rentrer. Elle réajusta donc son écharpe et mit ses gants. Seule, face au monde. Voilà ce qu'elle était à ce moment. Perdu dans ses multiples pensées, Lylas n'entendit pas que quelqu'un s'approchait.

"Bonsoir. Toi aussi tu es venue admirer le coucher de soleil ?"

Une voix, un sourire, un garçon, une personne, un gryffondor. Voilà ce que Lylas enregistra quand elle eu tournée la tête pour voir son interlocuteur.

"Le regarder d'ici, c'est comme le voir deux fois, n'est ce pas ?"

Elle répondit simplement :

"Salut, l'admirer non mais me perdre en lui oui. J'avais besoin d'être seule en cette journée spéciale. Mais maintenant que tu es là, je t'en pris, assis-toi. Oui, c'est l'effet miroir. Et c'est ce qui, pour moi, participe à la beauté de cet endroit..."

C'était-elle donnée la peine de sourire ? Non. Elle ne voyait pas de raison pour le faire. Elle replongea son regard dans le coucher de soleil. C'est vrai qu'il y avait de quoi l'admirer. Un doux vent frais se leva. Lylas qui n'avait pas pris la peine de s'attacher les cheveux, senti ses derniers s'envolaient dans le vent. Un sourire se dessina sur son visage. La magie de cet endroit apaisa ses pensées qui s'envolèrent pour laisser place au vide dans la tête de la gryffonne. Pour la première fois depuis très longtemps elle se sentait bien. La simplicité de l'endroit lui faisait réellement du bien en ce jour si particulier pour elle. Elle en était même arrivée à oublier le jeune garçon qui l'avait abordé. Elle ne faisait pas attention à lui. De ce fait, elle ne savait pas s'il s'était assis comme elle l'avait invité à le faire ou s'il était parti. Le sourire de Lylas cessa en même temps que le vent et elle ferma les yeux pour se préparer à l'horrible retour de ses abominables pensées...

Je me tenais là, laissant le vent frais du lac s'enrouler autour de moi, frissonnant à sa caresse, alors que le soleil doucement, très doucement, continuait à descendre sur la forêt interdite. Au dessus de nous, l'arc en ciel crépusculaire commençait à se définir et recouvrir l'ensemble de notre environnement de ses couleurs.

J'hésitais. Je savais être en avance, mais le meilleur moment allait bientôt commencer. Je regardais ma jeune camarade, circonspect. Elle ne me prêtait pas vraiment d'attention. Son regard trainait dans la direction du soleil et ses cheveux s'envolaient au vent me faisant presque signe de la laisser à ses pensées.

Mais je m'arrêtais rarement à un seul regard, et je continuais à observer. Elle avait le corps si frêle, si pâle, si adaptée à cet environnement glacé qui me faisait frissonner. Depuis combien de temps était elle assise à cet endroit, immobile, dans ce vent humide ? Sa respiration était simple, constante, régulière, expulsant sans s'en rendre compte la vapeur de son brasier intérieur. Elle méditait, et souriait, un sourire qui ne m'était pas destiné, faisant face au soleil et ses derniers rayons de chaleurs. Un instant parfait qu'elle essayait de retrouver ? Non, quelque chose d'autre. Une évasion peut être ? Mais dans ce cas, qui étais je pour la déranger d'avantage ?

J'allais donc la laisser, mais au moment où je m'apprêtais à partir, j'entraperçu la chute de son sourire alors que le vent tombait, sur son visage de trois quarts. Je m'arrêtais. Sa main gantée frissonna imperceptiblement, se resserrant un peu. La commissure de ses yeux eut ce micro mouvement de douleur émotionnelle. .. Mes épaules retombèrent. Non. Je ne pouvais pas partir...

Alors je m'avançais vers elle, hors de son champ de vision. Le rocher sur laquelle elle était assise était assez grand pour deux. Je décidais de briser notre distance. De mes longues jambes, je fis deux pas et vint m'asseoir à ses côtés. Nous étions désormais deux élèves solitaires, baignés des rayons du soleil se mourant. Nos corps si proches, mais sans encore de contact, irradiaient leur propre chaleur rappelant qu'à cet instant précis, nous n'étions plus seuls. Que l'autre était à portée...

Et alors que mon visage restait tourné vers le soleil, je laissais mon regard trainer sur ses expressions, sur sa posture, sur sa tenue. J'épiais ses yeux, son nez, ses lèvres, à la recherche d'une explication. Mais elle en fermait l’accès, dans un masque que je connaissais bien pour le voir chaque jour dans le miroir. Mais même les masques avaient une histoire.

Et dans l'étrange silence qui nous entourait, je tournais mon visage vers elle, souriant, simple, sympathique, ouvert. Je cherchais ses yeux des miens. Et d'une voix douce, je lui demandais.

"Que célèbres tu en ce jour spécial ? Puis je participer ?"

Elle n'était plus seule... J’espérais que ma présence lui conviendrait.

Elle sentait le regard du jeune garçon posé sur elle. Ce regard n'avait pas l'air insistant, au contraire, il avait l'air bienveillant. Un bruit. Était-ce le garçon qui s'en allait ? Elle le cru un instant, mais au moment où elle le pensait parti, elle senti quelqu'un s’asseoir à coté d'elle. Il avait accepté son invitation. Un demi sourire étira discrètement les lèvres de Lylas pendant une demie seconde. Ils étaient côte à côte, le silence régnait. Ils semblaient tous les deux apprécier ce silence qui leur permettait soit d'admirer le coucher de soleil soit de détailler l'autre du regard...
Tout à coup, le gryffon tourna la tête vers Lylas. La jeune fille fit de même. On aurait dit qu'il cherchait son regard. Lylas, sachant que son regard était tout aussi indéchiffrable que son visage, donna satisfaction au garçon en plantant ses yeux dans les siens. Une minute s'écoula, puis une douce voix vint troubler ce mystérieux silence.

"Que célèbres tu en ce jour spécial ? Puis je participer ?"

A la mention de cette journée, une ombre passa dans les yeux de Lylas. Une ombre que le garçon n'avait certainement pas vu puisque rare était ceux qui les voyaient... Sa seconde question était un peu étrange. Comment pourrait-il participer à son anniversaire ? Il ne l'a connaissait même pas. Sans détacher son regard du sien, Lylas répondit d'une voix monotone presque morte...

"13 ans d’existence... Es-ce que cela ce fête... Je ne vois pas comment tu pourrais y participer mais c'est très gentil à toi."

La présence de ce garçon avait un effet étrange sur le comportement de Lylas. D'ordinaire, elle aurait gracieusement fait comprendre à son interlocuteur que ce n'était pas ses affaires et qu'il pouvait disposer. Elle l'aurait congédié sans aucune pitié ni aucune émotion. Lylas ne serait dire si c'était à cause de ce jour spécial ou de la présence de ce jeune homme que son comportement changeait. Surement un peu des deux. Mais cela n'avait pas beaucoup d'importance.
Soudain, elle pris conscience que ce gryffon était la première personne à qui elle parlait de la journée. Elle s'était levée aux aurores pour venir tranquillement se poser sur son rocher à la recherche de calme et de sérénité... Elle n'avait pas bouger, pas manger, pas parler jusqu'à maintenant.
Pendant que ses yeux observait ceux du garçon, une question se forma dans son esprit. Et lui, pourquoi était-il là ? Mille hypothèses pour répondre à cette question mais aucunes d'elles ne devaient être la bonne réponse à la question... Lylas soupira. Elle fini par dire :

"Et toi, dis moi, que fais tu ici à une heure pareille ?"

Un coup de vent, comme pour confirmer qu'il commençait à se faire tard. Mais Lylas n'avait pas envie de rentrer, elle comptait bien restait là encore quelques heures...

Ma tête suivait le sens du vent, se levant alors qu'il soufflait d'avantage, le laissant traverser mon afro, caresser le bas de mon cou. Je frissonnais. Nous étions encore clairement en hiver. Je ne pouvais qu'être admiratif de la nonchalance affichée par ma camarade de rocher. J'étais un être de soleil. Il ne faisait jamais assez chaud pour moi. Elle était l'étrange inverse, pâle comme la neige et profondément habitué à la nuit...

Et alors que j'écoutais sa dernière phrase, sa question, un rire silencieux s'échappa de ma bouche. Était ce une coïncidence ? Et alors que je laissais cette pensée s'écouler dans mon crâne, je m'étirais, frissonnant à nouveau, réfléchissant à mes mots :

"Je viens recevoir un cadeau..."

Étrange départ, mais si elle me regarde à cet instant, mon visage vers le large, elle ne peut rater mon sourire malicieux.

"Un cadeau particulier, que je ne crois pas vraiment mériter, mais qui m'a été offert tout de même... En paiement..."

Mes yeux suivent la courbe descendante du soleil, le crépuscule approche. Je sais que j'ai encore quelques minutes pour profiter de cet instant, pour prendre ma décision. Mais pas beaucoup plus. Je regarde la demoiselle à mes côtés. Je ressens dans sa gestuelle un intérêt poli mais peu motivé. Cela me donne envie de me vendre d'avantage... De créer l'étincelle dans ses yeux. Mais ce serais trop facile que de tout lui révéler immédiatement. Et dans quel intérêt ?

Alors je la regarde, silencieux, cherchant l'ouverture, cette simple petite brèche dans sa barrière de glace, me permettant d'accéder à son feu intérieur, je ressens sa solitude, le jour de son anniversaire. Et je me rends compte que je sais, inconsciemment je comprends, que nous sommes dans une situation inédite et singulière.

Elle ne fête rien aujourd'hui, alors qu'elle aurait tout à s'exciter. 13 ans, c'est sacré. Chaque anniversaire est une nouvelle occasion de faire le bilan. De recevoir l'amour du monde. Et le sien semble ne lui attirer que mélancolie et solitude.

Je fête quelque chose aujourd'hui, alors que je ne le mérite pas. Ce n'est pas moi qui ai fait ce qu'il fallait, j'ai seulement été au bon endroit, au bon moment, avec la bonne décision. Et pourtant ce cadeau est si tellement démesuré... Je me sens obligé d'en profiter. De ne pas le laisser disparaitre... Il est inutile de laisser flétrir les fruits d'une récolte.

Et me voila à un nouveau de ces moments. Ce que je vais faire à cet instant est une nouvelle décision. Mais je n'hésite pas. J'écoute simplement mon instinct. Et celui ci hurle depuis tout à l'heure :

"Dis moi... Sais tu garder un secret ?"

Après sa dernière phrase, quelques instants passèrent, le temps qu'il fallait au garçon pour trouver ses mots. Lylas en profita pour l'observer. Il avait un beau sourire malicieux sur son visage. Quand sa voix brisa la mélodie du vent, elle appris qu'il devait recevoir un cadeau. Un cadeau qu'il ne pensait pas mériter et qu'il qualifiait de paiement... Étrange, se dit-elle, un cadeau ici et à cette heure ? Pourquoi ne le mériterait-il pas ? Et surtout, un cadeau de la part de qui ? Elle l'observa avec encore plus de curiosité, elle voulait comprendre ses énigmatiques paroles. Voyant qu'aucune réponse à ses questions n'arrivait, Lylas détourna le regard et le replongea dans le couché de soleil. C’était à elle de se faire observer à présent. Elle ne disait rien, ne bougeait pas. Il n'y avait que ses cheveux qui ondulaient sous le chant du vent. Elle repensa à ce qui c’était passé ce jour là, le jour de huit ans. Ce jour où tout avait basculé, où tout avait changé, à jamais. Tristes pensées, un voile d'ombre passa sur son visage. Pour une fois, Lylas ne chercha pas à le dissimuler, si bien que ce voile s'imprégna sur son visage. Il était impossible pour le garçon de ne pas avoir vu ce changement sur le visage de Lylas. Ce fut d'ailleurs surement pour ça que ça voix résonna :

"Dis moi... Sais tu garder un secret ?"

Ses mots arrachèrent Lylas de ses pensées, le voile d'ombre disparu et son visage redevint impassible. Décidément, ce garçon était vraiment étrange. Pensait-il réellement qu'elle serait capable de crier haut et fort les secrets de quelqu'un d'autre ? Elle choisit de lui répondre de la même voix que tout à l'heure, cette voix monotone et presque morte :

"A qui voudrais-tu que j'en parle ?"

C'était vrai, elle n'avait pas grand monde à qui parler... Et puis, qu'es-ce que ça lui apporterait ? Rien. Le vent s'adoucit, sans pour autant disparaître. Il aura joué plusieurs chansons aujourd'hui. Bref, ne divaguons pas, revenons en au secret...

"Je t'écoute, tu peux me faire confiance, je ne dirai rien."

Ce garçon avait bel et bien fini par attiser sa curiosité. Que cachait-il ? Lylas laissa dériver son regard encore quelques temps puis elle reporta son attention sur le garçon. Allait-il lui dire maintenant ? Ou peut-être préférait-il les mystères ? Quoi qu'il en soit, il finirait par lui dire. Du moins, elle l'espérait.

Lylas sourit, ce gryffondor, elle cherchait son prénom depuis tout à l'heure. Elle venait de trouver, c'était le fameux Damian Temple ! En quelle année était-il déjà ? Elle ne s'en souvenait pas. Mais une chose était sure, c'était bien lui, le gryffond dont tout le monde parle, celui qui met l'ambiance en salle commune et à la table des Gryffondor dans la grande salle. Comment n'avait-elle pas fait le lien plus tôt ? Elle se sentie idiote tout à coup.

"Alors Damian, me feras-tu l'honneur de m'en dire un peu plus ?"

abandonné car Damian n'est plus sur le site.

RP repris avec Awstin Winster. par ici