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10 févr. 2021, 15:16
Fragile(s)  PV : Aelle Bristyle 
[PV : @Aelle Bristyle ]
Suite du RP Exultant Lusibus

Dimanche 12 juin 2044
14h30


Le Lac, "Petit Chalet"

Le dôme de protection au-dessus de Poudlard, ainsi que la naissance dans le parc des deux majestueux arbres gigantesques à laquelle chaque élève avait contribué, participaient à alimenter les conversations autour des événements de début mai. Pourtant, Gabryel était bien loin de toute cette agitation politique qui régnait dans le Monde Magique, bien loin aussi de ce qui se jouait au sujet de son véritable père*. Depuis plusieurs mois, l’enfant partageait son temps entre son apprentissage de sorcier mandaté par les professeurs, et leçons particulières qu’Aelle Bristyle avait accepté de lui prodiguer pour parfaire son niveau en Sortilèges. Deux trimestres entiers s’étaient écoulés depuis la fois où il avait tenu la main de la jeune fille. Le doux souvenir de ce fugace instant de plénitude s’était enraciné dans son esprit. A chacune de leurs séances de travail, le jeune Écossais cachait comme il le pouvait le trouble provoqué par la présence d’Aelle. La profondeur de son regard, la douceur de sa peau, le parfum de ses cheveux bouleversaient le quotidien du Gryffon.

Pourtant, il n’a jamais osé aborder avec elle ce moment magique où leurs doigts s’étaient enlacés. Il ne voulait pas brusquer d’avantage la Poufsouffle, se contentant jour après jour de profiter du moment présent, s’efforçant de maîtriser Repulso, et de survivre aux intenses entraînements encadrés par l’Anglaise. D’ailleurs, il ne savait même pas si, en sa présence, cette dernière vivait comme lui dans un trouble permanent, priant pour que les minutes séparant leurs rendez-vous s’écoulent plus rapidement qu’un torrent de lave. Chaque fois qu’Aelle posait ses yeux dans les siens, Gabryel pensait que son cœur allait le lâcher, qu’il ne survivrait pas au flot d’émotions qu’elle provoquait. Il ne s’expliquait pas pourquoi cette fille, dont il ignorait encore presque tout, le touchait autant. C’était comme une évidence : Elle était l’équilibre qui manquait à sa vie, le contre-poids de ce vide abyssal qui lui coupait parfois la respiration sans raison particulière. Auprès d’elle, il était autant fragile qu’indestructible.

Un léger vent caressait le front du garçon, installé au sommet de son Petit Chalet, la cabane en bois construite de ses mains au cœur d’un Saule Pleureur, face au Lac Noir. Les deux enfants en avaient fait le QG de leurs entraînements. La même question le tarabustait, tel un leitmotiv : Viendrait-elle aujourd’hui ? Aelle ne répondait à aucune convention relationnelle, ne respectait nulle règle de savoir-être, sinon la rigueur nécessaire à manipuler la Magie. Elle semblait pouvoir se passer de tout le monde, n’être attachée à quiconque, et ne dépendre que d’elle-même.
Aelle ne ressemblait à personne d’autre.


Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »

14 févr. 2021, 00:06
Fragile(s)  PV : Aelle Bristyle 
12 juin 2044
Petit Chalet — Poudlard
3ème année



« De la concentration, Fleurdelys ! m'écrié-je en balançant mon sac au pied de l'arbre et en sautillant pour ôter mes bottines. J'ai réfléchi et la dernière fois... La dernière fois, j'sais pas c'qui s'est passé mais sérieux, faut arrêter de penser, un peu, pour un peu plus ressentir. Tu crois qu'la magie c'est de d'la... »

Je tourne la tête à droite et à gauche, fouille les roseaux du regard, je fais même quelques pas en direction du lac dont j'aperçois les ondulations là-bas. Aucune trace de Fleurdelys. Je pensais pourtant le trouver là. Il est toujours là, toujours. Parfois, c'est moi qui ne viens pas parce que je me souviens soudainement que j'ai autre chose à faire — mais quand je lui dis que je viens, je viens parce qu'il ne faut pas faire de promesse en l'air. Avec Fleurdelys, ça fonctionne un peu comme ça. Une fois il me dit « On se voit dimanche prochain ? » et si je lui dis « On verra » il y a une chance sur deux pour que je ne me pointe pas. Et si je lui dis : « Ok » et que j'arrive, je me rends parfois compte qu'il attend depuis une bonne heure. C'est de sa faute, évidemment. Cela lui apprendra à ne pas être précis dans ses prises de rendez-vous.

Quelques secondes passent avant que l'évidence ne me frappe : si le garçon n'est pas au sol c'est qu'il est dans sa cabane dont il est si fier. Les mains sur les hanches, je lève la tête et l'aperçois effectivement là-haut, détendu comme si nous allions simplement bavarder — cela ne m'étonne pas de lui. Il a un tel flegme ! Malgré mes sourcils froncés et mon air agacé, un sourire vient étirer mes lèvres. Je ne peux le retenir, tout comme je ne peux rien faire face à la folie qui secoue tout à coup mon cœur.

Gabryel Fleurdelys est un garçon tout à fait banal. Il est simple, souriant, souvent de bonne humeur, très déterminé et attentif aux autres ; parfois trop. Certes, il est tout cela. Si simple et pourtant je ne comprends rien à ses comportements. Je n'arrive pas à le percer à jour. C'est peut-être pour cela, songé-je, qu'il ne m'ennuie toujours pas malgré les mois que nous avons passé à nous côtoyer. Oh, parfois je suis de moins bonne humeur et je le lui montre. Parfois, il m'agace avec ses sourires qui me troublent ! Parfois, il m'agace avec sa voix douce. Parfois, je le secoue plutôt rudement, je le pousse dans ses retranchements, je lui dis de mauvaises choses, je suis méchante et dure et brute — c'est toujours justifié et je ne m'excuse jamais de mon comportement, évidemment. Malgré tout, notre relation est simple. Si les Autres se montrent toujours indiscrets, ce n'est pas le cas de Fleurdelys. Il semble comprendre, et j'en suis déjà suffisamment troublée pour chercher à savoir comment il fait ça, où se trouvent ses limites. C'est pour cela que je le supporte *l'apprécie*. Je ne sais pas exactement quand le garçon a cessé d'être un Autre.

Bien entendu, il faudrait me faire avaler une fiole de Véritaserum de force pour que j'avoue tout cela à voix haute.

Le fait est qu'il m'écoute, la plupart du temps. Je ne sais pas très bien pourquoi, je ne sais pas très bien comment. Et comme il m'écoute et qu'il n'est pas trop idiot *pas du tout* nos entraînements avancent bien et ne sont pas désagréables. Je sais que le chemin sera encore long avant qu'il parvienne enfin à lancer un Repulso de bonne qualité, mais avec sa détermination et sa puissance, il finira par y arriver. Moi qui n'ai jamais éprouvé le moindre intérêt pour l'enseignement, je découvre avec le Gryffondor qu'il est parfois agréable d'être l'enseignante, celle que l'on écoute et que l'on suit. Ce qui est rassurant, c'est qu'il n'existe pas deux Gabryel Fleurdelys dans le monde : il n'y a donc pas de risque pour que je me prenne de passion pour l'enseignement.

J'empoigne la corde pour rejoindre le garçon et grimpe dans la petite cabane en bois. J'aime être là-haut et regarder l'horizon. J'aime sentir le vent me caresser les cheveux et être protégée du soleil par les branches de l'arbre. J'aime entendre la brise qui joue parmi les roseaux. Être ici me permet d'oublier pendant quelques instants du moins que le monde est vraiment en train de se casser la gueule, ces derniers temps, et que je déteste ça. Le Petit Chalet, hideux nom trouvé par Fleurdelys, a le même effet sur moi que Zikomo : il me fait me sentir bien.

D'un geste vague du menton, je salue le garçon. Les mots sont si vains. Je me plante devant le paysage et inspire l'air chaud du mois de juin.

18 avr. 2021, 21:37
Fragile(s)  PV : Aelle Bristyle 
Il suffisait qu’Aelle prenne place à ses côtés, sur la petite passerelle de bois du Petit Chalet, pour que le garçon se sente plus vivant que jamais. Le vent pour seule musique, dont les notes semblaient créer des vibrations sur l’étendue grise du Lac, enveloppait ces instants de sérénité. Il avait envie de lui dire tant de choses, des sentiments qui le bousculaient depuis des mois. Avant elle, jamais il n’avait eu le désir de voir le temps précipiter sa course, pour être au prochain entraînement, le rendez-vous suivant, la fois d’après, où il la verrait à nouveau. Il préparait dans son esprit tout un tas de sujets qu’il aborderait, des centaines de questions à lui poser. Il voulait la connaître d’avantage, tout savoir sur elle. D’où venait-elle ? Comment était sa famille ? Avait-elle des amis en dehors de Poudlard ? Quelles étaient ses passions, à part la magie ? Mais le moment venu, les mots semblaient inutiles. Le jeune Écossais profitait simplement de ces instants de bien-être, en compagnie de cette fille étrange, et si belle lorsque son regard s’envolait ailleurs. À quoi pensait-elle ?

Après quelques minutes de silence, sans aucun calcul, et avec la candeur et la désarmante spontanéité qui le caractérisaient, Gabryel posa une question à la Poufsouffle :

- C’est qui Thalia pour toi ?

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »

29 avr. 2021, 12:03
Fragile(s)  PV : Aelle Bristyle 
Le vent qui souffle fait doucement s'agiter les feuilles des arbres. La mélodie est apaisante, mes pensées m'échappent ; je me sens bien. Le moment serait parfait si Zikomo était là, je n'aurais besoin de rien d'autre, je crois. Mais il n'est pas là. C'est effrayant la vitesse à laquelle on s'attache à certaines personnes. Un jour, soudainement, on prend conscience qu'elles nous sont essentielles et leur absence nous bousille. Heureusement, je ne suis pas bousillée par l'absence de Zik et ne le serais jamais, parce que je suis indépendante et que je n'ai besoin de personne, mais tout de même, il me manque quand il n'est pas là.

Feignant observer le ciel, je dépose rapidement mes yeux sur Fleurdelys avant de me détourner. Je me demande ce qu'il se passe dans sa tête. Parfois, il reste silencieux et concentré pendant un long moment et d'autres fois, il discute comme s'il avait oublié que les bavardages m'ennuyaient. Je ne sais jamais sur quel moment je vais tomber avec lui. Aujourd'hui, il semblerait que ce soit le garçon silencieux qui m'accompagne. Tant mieux.

Quelques secondes passent durant lesquelles je me complais dans cette situation — de trop courtes secondes puisque le garçon se décide enfin à prendre la parole. C'est mon regard éberlué qui se tourne vers lui, impossible de le retenir. Mon cœur bat avec bien trop de hargne. Quand s'est-il réveillé, ce cœur ? Quand le prénom de Thalia a été prononcé ou lorsque j'ai compris la nature de la question ? Bordel, mais en quoi ma relation avec Thalia concerne-t-elle le garçon ? Les deux enfants n'ont absolument rien en commun, rien ne les relie, et d'ailleurs dans mon esprit je n'ai jamais fait le rapport entre les deux. Il y a Thalia qui agrémente mon quotidien, qui est là durant les repas et le soir dans la Salle Commune, elle est avec moi lorsque j'étudie, quand je marche dans les couloirs, quand je veux parler et parfois même quand je préférerais être seule ; Thalia, c'est mon quotidien au même titre que Zikomo, c'est tout. Et d'un autre côté, il y a Gabryel Fleurdelys. Le garçon est moins souvent là. Il habille mes week-end, parfois même mes soirées. Quand je vais le retrouver je dis « je fais faire un tour » à Thalia parce que c'est vrai, je vais faire un tour, un tour dans une autre réalité ; c'est l'impression que me donne Fleurdelys. Les moments passés avec lui sont hors du temps et un peu essentiels (après tout, ne lui ai-je pas fait la promesse de l'entraîner, ou quelque chose s'en rapprochant ?). Le Gryffondor est donc littéralement opposé à Thalia.

Qu'il me parle d'elle ne me fait pas plaisir. Je fronce les sourcils et dresse le menton, je croise même les bras sur ma poitrine pour bien montrer que non, je ne suis pas perturbée parce qu'il parle d'une personne très *trop* importante pour moi. Et certainement pas parce qu'il me pose une question que je n'ai jamais osé me poser à moi-même — et moins encore à Thalia : qu'est la jeune fille pour moi ? Pas rien, certes. Le problème, c'est que je n'ai pas envie de répondre à cette question, moi. Je veux continuer à profiter des moments que je passe avec elle, profiter de nos discussions, de nos sourires, de nos silences sans chercher à les définir. C'est exactement ce que je fais avec Fleurdelys, d'ailleurs. Il détesterait, comme moi, que je définisse notre relation, n'est-ce pas ? Il n'a donc pas à me demander que je définisse celle que j'ai avec Thalia et qui ne le concerne en rien.

« Personne, » répondis-je enfin sur un ton bien trop cassant pour qu'il paraisse sincère.

Ce qu'il y a de bien avec les énormes mensonges comme celui que je viens de proférer, c'est qu'ils sont si imposants que personne ne peut ignorer qu'il s'agit bien d'un mensonge. Ainsi, Fleurdelys comprendra que je n'ai pas envie de répondre à sa question et il me laissera en paix. C'est simple comme le monde et je suis déjà rassurée : j'avais peur de devoir batailler pour qu'il me lâche, mais finalement ça n'arrivera pas.

Persuadée que le garçon ne renchérira pas, je me détourne et plonge mes yeux dans le paysage. Néanmoins, je dois bien avouer que je ne suis pas aussi sereine que tout à l'heure. Thalia danse dans esprit et l'accompagne en écho la question qu'a posé le garçon à son propos. Et je ne peux m'empêcher de me demander également ce qu'il est, lui, pour moi.

Bon courage, Gab, pour extorquer la réponse à cette question à Aelle.
Plume de Gab, ton Protégé m'apporte une telle douceur ; merci.

15 juin 2021, 00:23
Fragile(s)  PV : Aelle Bristyle 
Gabryel sentit instinctivement dans la réponse d’Aelle un mécontentement. Il avait posé une simple question, en toute innocence, poussé par sa curiosité et son désir d’en connaître d’avantage sur la jeune fille. Toutefois, le garçon ne fut pas pour autant peiné. Il commençait à bien appréhender les réactions de sa camarade. Il fit mine de continuer à observer l’étendue grise du Lac, caressée par les larges branches de l’arbre qui abritaient son « Petit Chalet ». Toute son attention se portait en réalité sur la respiration d’Aelle, assise à ses côtés. Lorsqu’elle était froissée, son souffle s’accélérait un peu, signe d’un agacement soudain, ou d’une contrariété. Était-ce d’avoir évoqué Thalia, ou de s’être montré trop curieux sur ce qui régissait le quotidien à Poudlard de la jeune sorcière ? L’Écossais ne savait strictement rien sur la scolarité de la Poufsouffle. Qui étaient ses camarades ? S’entendait-elle bien avec eux ? S’épanouissait-elle au sein de sa maison ? Cette fille restait un mystère, son mystère. Avait-elle des frères et soeurs ? Vivait-elle dans une maison ou dans un appartement sorcier ? Quels métiers faisaient ses parents ? Toutes ces questions, il mourrait d’envie de les lui poser. Mais il resta silencieux, tétanisé par la peur d’être à nouveau maladroit, et de voir fuire celle qui lui donnait la sensation d’être enfin quelque part à sa place. Soudain, un sourire s’étendit sur les lèvres du Rouge et Or :

- Sais-tu que mon chat, Moustache, fait des vvvvocalises, comme les chanteurs d’opéra ? À tel point qu’il fait ffffuir tous les fantômes de la maison.

Le rire de l’apprenti sorcier éclata comme un feu d’artifice en plein jour.

- Mais Moustache, il s’en fiche. Il adore chanter ! Et toi, as-tu des animaux ?

Toutes mes excuses pour cet horrible retard…
Dernière modification par Gabryel Fleurdelys le 12 avr. 2023, 18:18, modifié 3 fois.

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »

24 juin 2021, 12:59
Fragile(s)  PV : Aelle Bristyle 
Tu sais bien que le retard n'importe pas ! Je suis vraiment heureuse de te lire.

Mon esprit a beau tourner dans tous les sens, encore et encore, je n’arrive pas à trouver la réponse à la question qui me hante. Qui est Fleurdelys pour moi ? J’en veux au garçon de m’avoir mis sur le chemin de ce questionnement qui n’a aucune réponse. Après tout, pourquoi faut-il toujours mettre un mot sur ce que l’on vit ? Pourquoi devrais-je définir le petit sursaut que fait mon coeur à chaque fois que je rejoins le Gryffondor ? Pourquoi devrais-je mettre un mot sur la folie qui secoue parfois mon ventre quand je me trouve près de lui ? Et surtout, pourquoi devrais-je nommer le bonheur tout simple qui est le mien actuellement, parce que je suis ici, au sommet du Petit chalet avec un gars qui, finalement, n’est pas si insupportable, pas si dérangeant, pas si agaçant ; un gars qui parvient à me rendre fière quand il écoute mes directives et qui m’arrache même quelques sourires, de temps en temps. C’est Fleurdelys, c’est tout. Et Thalia est Thalia, c’est tout. Moi, je n’ai pas besoin de mettre de mots là-dessus de toute manière. Je ne suis pas comme les Autres qui ont toujours besoin d’acter les choses pour se persuader qu’elles existent ; certainement parce que sans cela, ces choses en question ne sont pas assez sincères, pas assez vraies, pas assez puissantes pour exister réellement.

Lorsque le garçon prend la parole, toute la tension accumulée ces dernières minutes disparaît et je me relâche imperceptiblement, rassurée de ne pas avoir à répondre à d’autres questions étranges et sans intérêt. Enfin, question il y a mais elle n’est pas dangereuse. Il n’y a que le Gryffondor pour ne pas insister, pour accepter ma réponse comme la vérité, même s’il sait que c’est un mensonge. Je lui en suis reconnaissante mais plutôt crever que de le lui avouer.

Son rire est une explosion, un coup en plein coeur. Comme à chaque fois. Son rire naît dans sa bouche pour exploser dans le monde ; ce son a le don de me bouleverser, je ne sais pas pourquoi. Une grimace gênée m’étire les lèvres et je baisse les yeux vers le sol. Les éclats de rire des gens ne m’ont jamais touché outre-mesure. Du bruit, voilà ce qu’est le rire. Zakary quand il rit, lui, c’est toujours très fort. Il prend de la place même dans son bonheur. Celui de Papa est tout discret, presque retenu ; Maman ne rit fort que rarement. Je n’ai aucune comparaison dans mon entourage pour comprendre l’effet du rire de ce garçon sur moi. Je ne sais pas. Il a l’air si sincère, son rire, si vrai. Comme s’il avait besoin d’exister et donc de s’exprimer. Gabryel Fleurdelys rit sans retenu. C'est rare. Il ne s'agit peut-être que de cela, après tout : la rareté me touche, il n'y a rien d'autre.
*Pourquoi j’pense à ça ?*.

Les secondes s’étirent, si je ne réponds pas ce sera suspect. J’essaie de me concentrer sur les mots prononcés par Fleurdelys. Un détail m’interpelle.

« T’as vraiment des fantômes chez toi ? demandé-je d’une voix que j’espère neutre. Les fantômes de qui ? »

Mes pensées se tournent vers le fameux Moustache. C’est un nom terriblement banal pour un chat mais de la part de Fleurdelys ça ne m’étonne que moyennement. Il est du genre à donner des noms banals comme ça sans que ce soit pour autant ennuyeux. Habituellement, les histoires de chats de mes camarades me passent par-dessus la tête. Mais pour le moment, ça ne me dérange pas. Plutôt parler de Moustache que de Thalia. Puis je peux bien laisser le garçon déblatérer quelques minutes avant de le forcer à se mettre au travail, ainsi il évitera de discuter pendant la leçon.

« J’ai pas d’animaux, dis-je finalement en haussant les épaules. ‘Fin, à part les hiboux d’la famille. » Jetant un dernier regard au paysage, je me détourne pour regarder le garçon franchement. « On en a jamais eu d’autres, j’sais pas pourquoi. » *Et je m’en tamponne*.

Le vent souffle doucement sur les feuilles des arbres. Cette douce mélodie me berce et me fait oublier tout ce que j’ai d’autres à faire, mes révisions, mes recherches ; j’en oublie la folie qui secoue le monde actuellement, l’attentat qui a récemment bouleversé nos vies, ma rencontre avec Sidiki. Tout se dissout pour ne laisser que le moment que je suis en train de vivre, l’instant présent. C’est agréable.

11 août 2021, 16:31
Fragile(s)  PV : Aelle Bristyle 
L’Écossais sentit qu’en parlant de Thalia, il avait frôlé le départ anticipé de sa camarade. La présence de la jeune fille était pour lui un petit miracle. Elle avait accepté de lui donner des leçons pour parfaire son apprentissage de la magie, mais ces instants restaient fragiles. Si quelque chose déplaisait à Aelle, elle partirait simplement sans mot dire.

- Le fantôme que je ppppréfère le plus chez nous s’appelle Perfide. Mais il porte mal son nom, parce qu’il n’est pas mauvais du tout.

L’enfant avait un sourire jusqu’aux oreilles. La douce chaleur des souvenirs heureux à Fife l’envahit.

- Il était valet de chambre à l’époque de mes arrières gggrands parents. Il a vu grandir trois générations de Fleurdelys. Et la nuit, il vient quand je dors, pour vvvvoir si tout va bien, comme quand j’étais bébé.

Perfide n’était pas très bavard, mais son regard était doux et chaleureux. Il aimait rendre service. Parfois, maman se trouvait à la cuisine, et le mandatait pour prévenir Gabryel à l’étage de venir goûter. Le fantôme s’exécutait avec joie.

- Ils ne sont pas tous aussi sociables, ou ne se montrent ppppas toujours. Ils ont souvent peur de Moustache. Donc, chacun fait sa vie… Enfin, sa mort plutôt !

Gabryel éclata de rire. Moustache était plutôt indifférent aux spectres du château, tant qu’ils ne l’empêchaient ni de manger, ni de dormir. Aelle avoua ne pas avoir d’autres animaux chez elle que des hiboux, comme tous les sorciers. Il était rare qu’elle parle de sa vie en dehors de Poudlard. Ces mots remplirent de joie le Gryffon. Quelques mois auparavant, elle n’aurait même pas pris la peine de lui répondre. Après un moment de silence, le garçon se mit debout sur la passerelle du Petit Chalet, et annonça avec toute la joie de vivre dont il était empli :

- Je me sens en ppppleine forme pour faire de la magie, Madame le Professeur* ! On y va ?

(*en français)

Je te laisse clôturer ce post, dont l’écriture avec toi a été, comme toujours, un vrai plaisir, merci… Avant d’attaquer ensemble la suite des aventures nos deux petits sorciers :wink:

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »

24 août 2021, 13:39
Fragile(s)  PV : Aelle Bristyle 
Il est si simple, Fleurdelys. Il ne s’encombre pas de pensées inutiles, il répond aux questions qu’on lui pose, il donne tellement de détails, il répond exactement comme il vit, en fait : avec passion. Habituellement, je n’aime pas les gens qui parlent trop. Cela me fatigue. Je n’aime pas supporter leurs discours sans fin, je les interromps toujours, souvent pour leur dire que ce qu’ils racontent ne m’intéresse pas, et en général je finis par partir. Mais avec Fleurdelys, c’est différent. Ce qu’il raconte n’est pas très important mais pourtant c’est intéressant. Il parle de sa vie, de sa maison, de ses parents. De son chat Moustache. Il parle de lui comme s’il ne rencontrait aucune difficulté à le faire, comme si c’était simple comme le monde d’étaler sa vie aux yeux de tous. Et ça, ça me perturbe, moi. Déjà parce que je ne comprends pas l’intérêt de faire cela, mais aussi parce que moi, je ne sais pas le faire. Je ne sais pas parler de ma famille, de ma maison, de mes habitudes hors du château. Déjà parce que je pense que l’on s’en tamponne carrément de ce que je peux bien faire chez moi mais aussi parce que je ne saurais même pas par quoi commencer. De toute façon, la question ne se pose pas. Si Fleurdelys aime parler de sujets sans importance, et si j’aime l’écouter, je l’avoue, ce n’est pas pour autant que j’apprécie faire la même chose. Je peux bien me contenter de m’accrocher au flux de ses paroles et de laisser le reste se faire tout seul.

Ainsi, j’écoute, j’apprends le nom des fantômes qui habitent chez lui — non sans une grimace : avoir des fantômes à Poudlard, c’est amusant, mais en avoir dans ma maison, non merci. C’est déjà assez perturbant de les voir apparaître partout dans le château. Et puis Perfide, c’est vraiment un prénom ennuyant, comme Moustache, mais ça n’a pas l’air de déranger le garçon alors je ne dis rien, je l’écoute et je le regarde quand il ne me voit pas. Je regarde ses sourires, ses yeux qui brillent, le rouge sur ses joues, ses cheveux en bataille. Je le regarde en entier et en détails. J’essaie de comprendre pourquoi je suis toujours là assise près de lui alors que nous sommes en train de parler de Moustache et de Perfide et que ce sont des sujets tellement banals pour une fille comme moi. J’apprends ses expressions, ses comportements, l’intonation de sa voix en fonction de ses humeurs que je devine tant bien que mal. Cela fait des mois et des mois que nous nous voyons, des mois et des mois que je lui apprends à lancer un sortilège, des mois et des mois que je l’apprends lui. Des mois et des mois, pourtant je me sens la même qu’au premier jour, perturbée, perdue, un peu comme si lui et moi ne voguions pas sur le même océan. Il est si différent de moi que ça me chamboule tout à fait.

Tout à coup, il se redresse. J’ai honte de mon regard qui le suit, comme s’il était réellement accroché à lui. Je baisse la tête pour qu’il ne me voit pas le regarder. Sa motivation semble être revenue, tant mieux. Je commençais à me laisser aller dans mes pensées, ce qui arrive souvent, pour ne pas dire toujours, quand l’enfant se lance dans ses discours qui ma captivent malgré tout. Bien plus doucement, je me lève à mon tour et prends le temps d’épousseter ma cape. Ce n’est pas rare que Fleurdelys parle en français. Je reconnais les mots qu’il emploie et cela me fait sourire avec une certaine suffisance. Je lui jette un regard en biais.

« Commence déjà par te concentrer, Fleurdelys, lui rétorqué-je en retrouvant mon sérieux. Il faut toujours commencer par là, tu te souviens que je t’ai dit… »

Et je lui répète des choses que j’ai déjà répété des millions de fois. Mais ce sont des choses importantes, alors je les répète à chaque fois que nous nous voyons. Pour que ça lui rentre bien dans le crâne. Il faut dire que Fleurdelys et la concentration, ce n’est pas tout à fait ça. Les mains dans le dos, le menton dressé bien haut, je lui donne mes indications. J’ai l’air très sérieuse, très concentrée, très impliquée dans mon rôle… Pourtant, à l’intérieur, mon coeur bat étrangement. Un peu rapidement. Un peu follement.
C’est agréable.

- Fin -


Merci, merci ! J’aime tellement écrire avec toi. C’était un réel plaisir, comme toujours. À très vite, pour écrire cette suite tant attendue.