9 septembre


Un rayon de soleil vint percer le ciel couvert de nuages gris. Ce rayon, c'était la lumière dans l'obscurité, l'espoir qui vient nous chercher quand on est tombé tout en bas. Clara se rendit soudainement compte qu'elle faisait partit de ceux qui étaient tombés tout en bas, ceux qui avaient touchés le fond. Mais ce rayon de soleil de changea rien. Une partie de sa vie qu'elle avait voulu chasser de ses souvenirs refit surface, et pile à ce moment-là, le rayon disparu.

Le regard de Clara se troubla, ses joues tremblèrent, il fallait qu'elle sorte, qu'elle respire, qu'elle réfléchisse. Elle quitta la salle des Poufsouffle, s'engagea dans les couloirs de Poudlard et descendit dans le parc. L'air s'était rafraichit et le vent vint fouetter le visage de Clara. Elle s'aida d'une grande bouffée d'air pour refouler la larme qui menaçait de couler sur sa joue. La vie pouvait être tellement cruelle, parfois...

Elle s'installa sur un banc assez humide. On sentait bien que l'automne arrivait : le lac semblait froid, triste, les feuilles se détachaient une à une des arbres, venant se poser délicatement sur le sol tandis qu'un vent froid secouait celles qui s'accrochaient encore aux arbres. Clara faisait partie de ces feuilles qui s'accrochaient désespérément. Elle resserra la veste de son uniforme des Jaunes et Noirs autour d'elle pour se réchauffer un peu. Mais ça ne changea rien. Elle était froide de l'intérieur, un gros trou s'était formé depuis décembre dernier et elle n'arrivait pas à le reboucher.

Mamie...

Maëlle Lovista, grand-mère de Clara, nous avait quittée en décembre dernier. Clara ne s'en était toujours pas remise. Elle n'arrivait pas à tourner cette page, si lourde de sa vie. Il lui fallait de l'aide, car toute seule elle n'y arriverait pas. Elle n'avait pas assez de force.

Une feuille se détacha de son arbre et descendit, tout doucement, gracieusement mais tristement et vint se poser sur l'épaule de Clara. Cette feuille la représentait. Elles étaient toutes les deux tombées, et il n'y avait personne pour les relever.

Ce fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Les larmes que Clara avait tenté de retenir jusque là coulèrent sur ses joues entre deux sanglots. La carapace que Clara s'était forgé et dont elle avait réussit à quitter se reforma peu à peu. Elle tomba, tout au fond d'elle dans le gros trou que sa grand-mère avait laissé. Sa grand-mère qui était partie sans un au revoir.


C'est par-là pour connaître le début...

Ravi de son après-midi, Eridan s'apprêtait à rentrer au château et regagner la tour qui lui avait tant manqué pendant l'été. Il s'était quelque peu forcé l'adolescent, à héler son cousin fraichement répartit à Serpentard pour lui proposer une promenade digestive dans le parc. Et il avait bien fait ! Même si les débuts furent laborieux alors que la conversation peinait à se lancer entre les deux garçons particulièrement réservés, il avait toutefois passé un agréable moment en sa compagnie. Il était temps pour lui à présent de regagner le confort de sa salle commune et Eridan se voyait déjà lové dans un moelleux fauteuil, un bon bouquin dans les mains. Il n'avait pas encore beaucoup de devoirs ce qui lui laissait tout le temps pour ses lectures personnelle à son plus grand contentement.

Ce n'était pas le chemin le plus court pour rejoindre le château, mais le garçon ne put s'en empêcher de faire un petit détour pour aller sur les bords du lac, voir si le Calmar géant était à la surface. Si aucune trace de tentacules n'attira son attention, en revanche, une jeune fille -une Poufsouffle d'après la couleur de la bordure de sa veste d'uniforme- était seule et en retrait sur un petit banc. Si le weekend, les élèves n'étaient pas obligés de porter l'uniforme, Eridan lui, le trouvait plutôt confortable si bien qu'il ne s'embêtait pas à prendre avec lui à l'école davantage d'habits que nécessaire. En revanche, il ne portait pas sa cravate, appréciant d'avoir les boutons du haut de sa chemise détachés. Bien que l'air était relativement frais en écosse, le garçon ne s'était pas encombré de sa cape et portait simplement son pull gris, où l'écusson de sa maison était apposé par-dessus sa chemise.

Le garçon s'apprêtait à détourner le regard pour rentrer au château quand il nota un mouvement spasmodique des épaules de la jeune fille, trahissant le fait qu'elle pleurait. S'il était trop loin pour voir les larmes qui dévalaient ses joues, Eridan ne put s'empêcher de ressentir un pincement au coeur. S'il était très timide et réservé, le garçon n'en restait pas moins très sensible si bien qu'il s'approcha de la jeune fille. Il n'était plus qu'à quelques pas de la jeune fille et entendait clairement ses sanglots à présent lorsqu'il tenta un sourire réconfortant en hélant doucement la jeune étudiante : « hey... » Clairement peu à l'aise sur la marche à suivre pour réconforter la jeune fille, Eridan se sentait impuissant face à la détresse de Clara. Il fit encore un pas en avant, voyant que la jeune fille était complètement recroquevillée sur elle-même, serrant entre ses mains les pans de sa veste. Il voulait lui demander ce qu'elle avait, si elle voulait en parler, lui dire qu'il était là, mais rien ne semblait vouloir sortir de sa bouche. Le quatrième année fit alors une chose qu'il pensait impensable venant de lui, il s'assit à ses côtés et passa un bras sur ses épaules, l'attirant contre lui et commença à lui frotter le bras en lui murmurant : « ça va aller... »

Clara ne voyait et n'entendait plus rien, mis à part sa grande tristesse. Quelle ne fut pas sa surprise quand elle se rendit compte que les présences, elle les sentait encore ! En effet, elle sentait que quelqu'un était là, derrière ou à côté d'elle, mais ne voulait pas relever la tête. Elle fit alors comme si elle n'avait rien remarqué.

- Hey... , entendit-elle.

Elle devina alors un sourire, sur le visage qu'elle refusait de regarder, grâce au ton de la voix. Un sourire réconfortant. Mais elle ne pouvait plus éteindre ses sanglots et stopper ses larmes. Qui pouvait bien la trouver ici, sur un banc en face de ce lac dont ce reflétaient les nuages gris du ciel ? Et surtout, qui se préoccupait d'elle ?

Après un silence, Clara se demanda si la personne était encore là. Elle pensa que non, qu'il n'y avait pas de raison, mais elle se trompait. La personne s'assit à côté d'elle, à sa grande surprise. Elle risqua alors un coup d’œil rapide en direction de cette dernière et aperçut un garçon -plutôt un jeune homme- l'air un peu plus âgé qu'elle. Ensuite, il passa un bras autour de ses épaules (ce qui la réchauffa plus que ça ne le devrait) l'attirant contre lui et lui frottant le bras.

A la première fraction de seconde, Clara ne sut que faire mais elle décida ensuite de se laisser faire et appuya sa tête contre l'épaule réconfortante. Elle essuya d'un revers de la manche les larmes qui s'étaient arrêtées de couler au moment même où le Serdaigle murmura :

- Ça va aller...

Clara l'espérait mais ne le croyait pas. Fixant le lac, elle fit « non » de la tête. Elle en était convaincue. Du moins, elle croyait en être convaincue.

Sentir la présence de quelqu'un la réconfortant, la soutenant, l'avait déjà réchauffée. Elle n'était du coup sans doute pas si seule... Mais elle était toujours autant surprise. Pourquoi la réconfortait-on ? Elle ne connaissait en aucun cas le Serdaigle qui était assis à côté d'elle et lui non plus. C'était aussi pour ça qu'elle était très touchée.

Ne sachant que dire ou que faire, Clara décida de ne rien dire ni rien faire et continua à fixer le lac dont elle aurait juré avoir perçu un mouvement à la surface. Le Calamar géant ? Elle n'avait jusque là, eu aucune occasion de l'apercevoir depuis qu'elle était à Poudlard. Il faut dire aussi, qu'elle n'était pas souvent dans le parc, et encore moins au bord du lac. Ça réduisait donc ses chances.

Soudain, Clara eut envie d'aller se jeter dans les flots, laissant le lac faire ce qu'il voudrait d'elle. Elle n'avait pas oublié sa grand-mère malgré l'espérance d'apercevoir enfin le Calamar et la réconfortation du Serdaigle à côté de lui. Au lieu de ça, d'autres larmes coulèrent. Elle se sentait tout de même affreusement bien assise là, contre le jeune homme et sentait qu'elle avait besoin de se confier. Tout ça était bien trop lourd pour elle.

@Eridan Lowell

Eridan n'ajouta rien de plus. Il n'était pas doué avec les mots de toute façon. Ce n'était pas la première fois qu'il regrettait que Poudlard ne dispense pas des cours sur les relations sociales, lui qui manquait cruellement d'aisance. A l'image des cours d'étude des moldus, savoir quoi dire et quoi faire dans différentes situations lui aurait été extrêmement bénéfique. Il avait beau faire partie des meilleurs de sa promotion, s'approcher de ses quinze ans, rien n'y faisait. Leur proximité ne semblait pas trop déranger la jeune fille, qui ne l'avait pas repoussé et dont les sanglots commençaient à s'espacer. Elle semblait apprécier le contact, se laissant même aller dans l'étreinte en appuyant un peu plus son front contre son épaule.

Le Serdaigle resta assis à côté d'elle, en silence, attendant patiemment que les larmes se tarissent d'elles-mêmes, la gardant simplement contre lui. Seul son regard perdu sur le lac qui encerclait Poudlard trahissait sa légère gêne, n'osant pas baisser les yeux sur la jeune fille ni lui poser des questions sur la raison de sa tristesse. Mais étrangement, cela ne lui était pas aussi inconfortable qu'il aurait pu penser de la consoler ainsi en la tenant contre son torse tout en lui frottant le bras dans un geste qu'il espérait être apaisant.

La jeune fille commença finalement à remuer doucement contre lui. Elle ne s'écarta pas pour autant, levant juste son bras pour essuyer les dernières traces de larmes de ses joues avec sa manche tout en secouant la tête de gauche à droite pour contredire le garçon. Si Eridan arrêta les mouvements avec sa main, il garda néanmoins son bras sur ses épaules et conserva la pression qui la maintenait blottie contre lui. Le garçon laissa quelques secondes s'écouler avant de jeter un coup d'oeil vers la jeune fille. Elle avait les yeux perdus au loin, sur le lac et même si Eridan ne la dévisageait pas intensément, il pouvait voir que ses prunelles continuaient de briller de l'émotion qui devait lui serrer la gorge et le coeur.

Il allait détourner le regard quand une nouvelle larme perla au coin de ses yeux verts, glissant entre ses cils pour venir rouler sur sa pommette. Doucement pour ne pas la brusquer, Eridan se décala légèrement pour se tourner davantage vers elle. Il essaya de croiser son regard tout en levant sa seconde main pour venir intercepta la larme qui dévalait sa joue à présent. Du bout de son pouce, il l'essuya aussi délicatement qu'il le pouvait tout en osant lui demander dans un murmure : « je peux faire quelque chose ? Tu veux m'en parler ? » C'était sans doute stupide, ils ne se connaissaient pas après tout, mais le garçon, sensible qu'il était, ne pouvait ignorer la tristesse de la jeune fille sans rien faire.

Toujours les yeux rivés sur le lac, Clara sentit le Serdaigle essuyer délicatement sa larme. Ce contact physique la réchauffa d'avantage et stoppa la prochaine larme qui tentait tant bien que mal à sortir. Mais elle ne sortira pas.

- Je peux faire quelque chose ? Tu veux m'en parler ? murmura le jeune homme.

Clara mit un temps fou à déchiffrer ces paroles. Comme si son cerveau était en mode "OFF".
Elle cligna ensuite des yeux, en se rendant compte qu'ils lui piquaient car elle n'avait pas cligné depuis un long moment. Bizarrement, ce mouvement mit son cerveau en mode "ON", et elle se rendit compte qu'elle était vraiment affalée sur celui qui se préoccupait d'elle. Se redressant un peu, gênée, sans pour autant se dégager de son étreinte, elle tenta d'articuler :

- C'est juste que...

Ses mots se perdirent. Maintenant qu'elle y pensait, elle ne savait pas comment formuler tout ça. Jamais elle n'avait essayé. Personne, dans sa famille, n'avait essayé. Comment exprimer cette souffrance d'un être cher, perdu à jamais ? Au lieu de se débrouiller, elle posa une question qu'elle jugea ensuite indiscrète, violente, et cruelle si la réponse était "oui".

- As-tu déjà perdu un proche ?

Rien qu'après avoir prononcé ces mots, Clara s'en voulut énormément. Elle craignait vraiment la réponse du Serdaigle. Si c'était non, elle serait vraiment rassurée, mais si c'était oui... Elle était en train de le contaminer de sa tristesse. Miss Catastrophe était de retour.
Elle voulut se rattraper, changer de sujet, mais les mots ne vinrent pas. Ils s'étouffèrent dans sa gorge avant de redescendre.
Paniquée, elle priait pour ne pas lui causer de peine. C'aurait été le dernier comportement à adopter envers quelqu'un qui essayait de nous consoler.

Comme d'habitude, elle faisait tout foirer rater.


@Eridan Lowell, désolée du retard.

Si aucun des deux élèves ne semblaient vouloir rompre l'étreinte réconfortante, elle s'était défaite naturellement quand Eridan s'était décalé pour essuyer la larme qui avait dévalé la pommette de la jeune fille. Le garçon ne s'attarda pas plus que nécessaire sur la joue de la jeune fille et sitôt la goutte effacée, il retira sa main pour la glisser dans la poche de son pantalon. Eridan continuait de regarder la jeune fille, patientant qu'elle se confie ou qu'elle lui demande de partir. Son émotion était toujours palpable et bien que ses larmes semblaient s'être taries, il garda le silence, l'encourageant d'un léger sourire quand elle commença un début de phrase sans oser la finir.

La suite perturba le garçon qui ne s'attendait pas à une telle question. Un voile de tristesse passa dans ses yeux le temps d'une petite seconde, quand dans son esprit s'imposait le visage de son grand-père maternelle. Peut-être que la jeune fille l'avait noté, mais cela avait été très rapide, car déjà Eridan se reprenait, ses yeux noisettes redevant normaux. Il comprenait mieux l'état de la jeune fille à présent, qui avait, vraisemblablement perdu un proche il y a peu. Se disant qu'elle se confierait surement davantage s'il se confiait à elle en premier, il lui répondit d'un ton le plus doux que possible. « Oui, mon papy, il y a quelques années. » Sa voix ne tremblait pas, pas plus que la peine de l'absence n'était lisible sur les traits de son visage. La douleur de la perte avait fini par s'atténuer avec le temps et même s'il lui manquait terriblement, Eridan arrivait à présent à se remémorer les bons souvenirs sans être submergé par la peine par l'absence. Le garçon laissa le silence s'installer et durer quelques minutes, se sachant pas trop comment aborder la conversation, avant d'oser simplement lui retourner la question d'une petite voix. « Et toi ? »

Clara suait mentalement. Comment pouvait-elle poser une telle question ? C'était non seulement indiscret, mais aussi ça ne la regardait absolument pas, et elle risquait de rendre triste le Serdaigle. Cette question lui avait échappé des lèvres, comme si elle voulait se poser toute seule, car à aucun moment Clara n'avait songé à la lui poser. Elle ferma les yeux. Elle ne voulait pas savoir si la tristesse s'était empreint du visage du garçon. Elle les rouvrit quand elle entendit sa voix, trop douce pour être triste. Trop réconfortante.

- Oui, mon papy, il y a quelques années.

Non.
"Je suis cruelle, pensa Clara. Je vais lui faire revivre des souvenirs qu'il tente sûrement d'éviter. Je suis un monstre."
Clara examina d'un rapide coup d’œil le jeune homme. Aucune peine, aucune tristesse, pas même de l'amertume n'était visible sur son visage, ni même dans ses yeux. Mais cela n'y changeait rien à sa honte. Même si la question n'avait pas eu l'effet qu'elle craignait de voir sur lui, elle n'en restait pas moins honteuse. Coupable.
Après plusieurs minutes de silence à essayer se disparaître sous terre, ne sachant que répondre, le Serdaigle posa la question. Cette question qu'elle redoutait. Mais elle devait se confier. C'était malheureusement ça le plus dur.

- Et toi ?

Clara prit une grande inspiration et se lança. Se confier, ça ne pouvait lui faire que du bien ! Elle tenta alors de parler, sans penser. C'était plutôt dur et l'image de sa grand-mère lui vint à l'esprit malgré elle. Tant pis.

- Oui..., parvint-elle à articuler avec un léger hochement de tête d'une voix tremblotante qu'elle ne parvenait plus à contrôler. Ma... grand-mère maternelle. Elle est décédée lors des vacances de Noël dernier.

Elle fit une pose, choisissant ses mots avec soin, avant de poursuivre :

- Je n'ai pas eu le temps de lui dire au revoir. De lui dire que je l'aimais. La dernière fois que je l'avais vue remontait à plusieurs mois avant sa mort, et je pensais la revoir à Noël, pour lui montrer combien j'avais évolué à Poudlard. Pour qu'elle soit fière de moi...

Clara s'attendit à ce que les larmes lui montent une nouvelle fois aux yeux, mais rien ne vint. Elle ne parvenait plus à pleurer. Après avoir tiré une flèche dans le cœur de la seule personne qui daignait la réconforter, elle allait avoir un cœur de pierre et ne plus pleurer la perte de sa grand-mère avec laquelle elle avait partagé tant de choses ? Quelle ingrate elle faisait !
Mais la peine n'en était pas moins grande.

- Mais c'est trop tard maintenant..., souffla-t-elle, baissant les yeux vers le lac pour y perdre son regard.

Après un long silence de réflexion, elle jugea bon de s'excuser auprès du jeune homme. De s'excuser pour la question qu'elle lui avait posé, et pour l'avoir ennuyé avec son histoire barbante.

- Je te demande pardon, dit-elle d'une voix faible et coupable.

@Eridan Lowell, encore désoléééééééééééée . J'espère que ma réponse sera assez bien pour rattraper (un tout petit peu) le coup.

Comme il s'y attendait, la réponse de la poufsouffle fut positive. Eridan hocha simplement de la tête à la confidence, pour montrer qu'il l'écoutait attentivement. Il n'avait pas grand-chose à ajouter à cette déclaration mais surtout, il préférait maintenir le silence le temps qu'elle puisse reprendre le dessus et aller jusqu'au bout de ce qu'elle voulait dire, ses émotions se bousculant sans l'ombre d'un doute en elle. Après avoir énoncé plusieurs regrets, qu'Eridan avait également ressenti à l'annonce du décès de son grand-père, la jeune fille détourna le regard en direction du lac en soufflant ses derniers mots.

Se penchant en avant, Eridan essaya de rétablir le contact visuel, espérant ne pas être trop maladroit dans sa tentative de réconforter la première année. Etrangement et bien qu'il n'était pourtant pas très habile socialement parlant, l'aiglon n'était pas gêné par la thématique, se reconnaissant dans la souffrance de la jeune fille. « Je ne connais pas ta grand-mère mais je suis certain qu'elle était fière de toi et qu'elle savait combien tu l'aimais. » Il laissa quelques secondes s'écouler avant de reprendre la parole, toujours aussi doucement. Bien qu'il ignorait ce qu'elle pensait sur le sujet, étant persuadé que ce n'était la fin pour lui, il ajouta, insistant sur l'emploi du présent : « d'ailleurs, je pense qu'elle est fière et veille sur toi. Où qu'elle soit. »

Après avoir adressé un dernier sourire à la jeune fille, Eridan se redressa et détourna à son tour les yeux pour les poser sur le lac. Il n'observa pas longtemps le paysage que Clara reprenait la parole. Balayant doucement les excuses de la jeune fille en secouant doucement ses boucles brunes de gauche à droite, il reprit la parole, espérant la rassurer à nouveau : « mais non, ne t'excuse pas. C'est normal d'avoir de la peine. Tu n'as rien fait de mal qui nécessite d'être pardonnée. »

Après l'avoir contredite d'un signe de la tête, le Serdaigle lui répondit, de sa voix toujours aussi rassurante :

- Mais non, ne t'excuse pas. C'est normal d'avoir de la peine. Tu n'as rien fait de mal qui nécessite d'être pardonnée.


Clara ne savait plus quoi répondre. Elle ne savait plus quoi penser non plus. Le jeune homme s'était montré si attentif lors de son récit. Il l'avait écoutée. Et avait eu le don de trouver les bons mots qui puisse réchauffer la peine glaciale qui avait emplie son cœur.
« D'ailleurs, je pense qu'elle est fière et veille sur toi. Où qu'elle soit. »
Ses paroles résonnaient dans sa tête, comme pour l'en convaincre. Car si c'était bel et bien le cas, elle n'avait plus de peine à avoir.
Comme simple réponse, Clara se tourna vers le garçon -dont elle ignorait toujours le nom, par ailleurs- et lui adressa un simple sourire. Un simple sourire, certes, mais qui voulait dire bien des choses. Et le message qui y était transmit, par dessus les autres, était merci. Un merci franc et sincère, qu'elle pensait au plus profond d'elle-même.
Accompagnées de ce sourire, des larmes se remirent à couleur. Mais cette fois-ci, ce n'était plus des larmes de tristesse. C'étaient des larmes de joie. Et la pensée de sa grand-mère ne lui semblait plus si triste. Quelle incroyable magie que celle des mots.
En deux, trois phrases seulement, le Serdaigle avait réussit à presque faire disparaître sa douleur et sa peine. Elle lui était redevable.
Comme pour chasser toute la peine qu'elle avait ressentie ces derniers mois, la Poufsouffle inspira un grand coup, pour ne laisser place qu'au bonheur et au bon souvenir de sa grand-mère.
Puis, planta ses yeux émeraudes dans ceux de celui qui l'avait sauvée, celui qui l'avait aidée à sortir de ce trou sombre dans lequel elle s'était terrée... Pour prononcer une des plus banales phrases, de sa voix la plus amicale et chaleureuse possible :

- Comment t'appelles-tu ?

Elle n'allait tout de même pas rester à ignorer toute sa vie, le nom de la personne qui l'avait aidée à franchir un lourd cap de sa vie. Bien sûr, la peine de l'absence ne s'était pas envolée, comme ça, par magie. Mais désormais, la vie sans sa grand-mère lui semblait possible. Car cette vie ne serait pas totalement sans elle. Son souvenir sera toujours là.

Eridan ne s'était pas rendu compte qu'il était profondément touché par la peine de la jeune fille jusqu'à ce qu'elle lui adresse un sourire sincère. Cela semblait peut-être anodin vu de l'extérieur, mais cet échange valait plus que mille mots. Le poids qu'Eridan ressentait dans sa poitrine commença à se délier tandis que ses lèvres s'étiraient à son tour pour répondre à son sourire. Bien sûr la tristesse du décès de sa grand-mère devait toujours présente dans le coeur dans la jeune fille, les larmes coulaient d'ailleurs à nouveau sur ses joues mais il semblait à l'aiglon que Clara avait été un peu réconfortée par ses propos et ressortirait un peu apaisée de leur petite conversation.

Le troisième année laissa le temps à la plus jeune de se remettre de ses émotions, reportant son attention sur les eaux tranquilles du lac pendant quelques instants. Il balaya à nouveau la surface à la recherche d'un remous qui signalerait la présence du calmar géant sans réussir, sans doute ce dernier faisait la sieste, avant de détourner les yeux pour revenir sur la petite brune qui lui posait une question. « Eridan, » répondit le garçon dans un sourire avant de lui retourner la question. « Et toi ? » Baissant les yeux sur l'uniforme de Clara, il ajouta une seconde question, bien qu'il se doutait déjà que la réponse serait positive. « Tu es à Poufsouffle c'est ça ? »