Finalement, Olympe avait fait toutes ces machinations pour rien. Irene s'était confiée à elle sans filtre, et sans retenue, elle savait donc, qu'elle pouvait parler à son tour franchement. Ses parents, n'avaient pas l'air d'être, comment dire, très compréhensifs.
- Mais c'est merveilleux d'être une sorcière, tu vas voir ! Tes parents sont des...

Elle allait dire moldus, mais elle avait peur de ne pas être comprise :
-Ils n'ont pas de pouvoirs magiques ? Ils étaient ici, sur le chemin de travers ?

Olympe prenait la rousse très au sérieux. Elle trouvait peut-être plus ses parents sur le chemin de travers, mais il y avait quelque chose de plus profond, une véritable séparation. Son cœur se brisa, par compassion pour Irene. Elle espérait que ça ne lui arriverait jamais... Une bonne heure devait s'être écoulée, depuis son entrée dans le magasin d'ingrédient magiques, car la foule commençait à diminuer dans la rue. Elle saisit la main de sa camarade, se leva et l'entraîna avec elle.
- Tu sais une sorcière, c'est être comme tout le monde, mais en mieux !

Elle décida d'être honnête, et de dire le fond de sa pensée :
-Je ne sais pas ce qui t'est arrivé, et d'ailleurs, tu n'es pas obligée de me le dire, mais sache que si ta famille ne t'accepte pas comme tu es, ce n'est pas à toi de changer, mais eux. Laisse-toi le temps de découvrir ton côté sorcier, tu y prendras peut-être goût ?

Et oui, parfois, quand cela s'impose, Olympe peut être sérieuse, et même de bon conseille.

La fillette haussa les épaules, elle n'en était pas bien sûre, elle, que ce fut "merveilleux d'être une sorcière". En fait elle en doutait fortement. L'idée de voir Devon loin d'elle, qu'ils ne se voient plus, qu'il soient ainsi arrachés l'un à l'autre, ça la terrorisait. Allait-elle s'en sortir sans lui ? Qu'allait-il se passer ? Il s'éloignerait probablement d'elle. Il ne lui pardonnerait jamais. Elle ne pouvait pas lui en vouloir. A ces pensées, les yeux de la fillette se remirent à couler silencieusement, mais elle ne se livra pas à sa nouvelle camarade. Il n'y avait aucune raison qu'elle le fasse. Elle ne la connaissait même pas. Cependant, en reniflant, Irene répondit à la petite Olympe : 
-Oui, moldus. Ils étaient avec moi et se sont acheté une glace. 
Elle renifla une nouvelle fois puis reprit, sans faire de commentaire sur les paroles que la jeune sorcière qui l'accompagnait avait voulues rassurantes. 
-Ils... Ils ont dû partir se balader... Quelque part. 
Elle se tût un instant, séchant ses larmes avec son T-shirt, puis risqua un regard bouffi et rougi vers la petite blonde vénitienne qui la tirait dans la rue. D'une voix hésitante elle demanda : 
-Tu... tu crois savoir où les trouver ? 
Peut-être, peut-être qu'elle les avait vus ? ou alors, elle savait où trouver un adulte près à les aider ? Un regard jeté autour d'elle montra à la jeune Gates des sorciers se pressés, des familles entières qui sortaient et entraient encore dans les boutiques. Cependant, la rue s'était beaucoup éclaircie depuis le début de ses emplettes, les magasins fermeraient probablement bientôt ? Elle devrait probablement revenir le lendemain pour terminer ses achats. Mais avant il fallait absolument qu'elle retrouve sa famille. Silencieusement, la petite fille se remit à sangloter et bientôt son mouchoir en tissus donna l'impression de tout juste sortir de la machine. 

Olympe se fia aux dires de son interlocutrice, et n'essaya pas de creuser plus loin, pour chercher les raisons de son état. Floriant Fortârome n'était vraiment as loin, et on voyait bien qu'aucune famille moldu n'attendait là-bas. D'ailleurs, la rouquine n'avait encore jamais rencontré de famille moldu dans des lieux entièrement magiques, comme celui-ci, qui avaient un air décontracté et curieux. Ils ne devaient donc certainement pas faire les boutiques, ou flâner dans les rues.
- Vous êtes venu... À pied, ou avec des moyens de transport moldus ?

Elle connaissait déjà la réponse. La poudre de cheminette ne devait pas être une pratique courante chez les non-maj's. Elle réfléchit encore. Lorsqu'on arrive dans un endroit totalement inconnu, on ne s'aventure pas dans les rues au hasard. Ils ont dû retourner sur leurs pas. Le portail entre le monde magique, et le Londres "normal, n'était autre que le Chaudron Baveur !
- Pour rentrer, vous êtes passé par un petit pub ? Tes parents y sont certainement retournés. À vrai dire, en bonne campagnarde, c'est la première fois que je viens, et je ne connais les boutiques que de réputation. Remarque, il suffit de demander à un passant, je suis sure que tout le monde doit connaître.

Elle se voulait rassurante, mais elle priait intérieurement, pour que la famille Gates ne se soit pas perdue. Elle avait entendu parler de "l'allée des embrumes". Les sorciers confirmés hésitent parfois avant de s'y rendre, alors les autres, n'en parlons pas.

A l'évocation du pub, Irene releva la tête brusquement, ses yeux brillaient, mais non plus tant par les larmes qu'on pouvait encore deviner que par l'espoir soudain qui revenait. 
-Oui, le Baveur du Chaudron ! 
Oui, elle était bien passé par le pub. Un sorcier leur avait ouvert le passage en tapotant sur un mur de brique avec sa baguette. Ses parents avaient été effrayé de voir les pavés rouges se mouvoir tous seuls, la petite rousse avait surpris le regard inquiet qu'ils avaient échangés. Mais au moins étaient-ils forcés d'accepter l'idée que les sorciers existaient bel et bien et que leur fille en était une. Elle se souvenait que lorsque la lettre était arrivée, ils avaient d'abord cru à un canular, mais ayant eu la visite d'un vrai sorcier, ils s'étaient laissés convaincre et avec un certain scepticisme sous-jacent, ils avaient emmené leurs enfants à Londres pour le reste des vacances, profitant de ce voyage pour au moins leur faire découvrir la capitale de l'Angleterre et son histoire. 

La fillette se secoua, l'énergie revenant en elle, telle l'étincelle qui se pose sur un morceau d'amadou et embrase finalement la forêt toute entière dans de grandes flammes dansantes. Ses parents ne pouvaient sortir d'ici que par là, avait-elle compris, donc, dans le pire des cas, ils finiraient par aller la chercher à cet endroit. Ou au moins y passeraient-ils. Regardant autour d'elle, elle cru reconnaître un endroit par lequel la famille Gates était passée plus tôt dans la journée. Ainsi, ils devaient être sur le bon chemin probablement. Elle attrapa le bras de sa jeune compagne et indiqua la longue rue qui s'étendait sur leur droite :
-Par là ! je crois....
Puis elle fronça les sourcils et ajouta : 
-Toi, ta famille ? 
La petite rouquine qui l'accompagnait était-elle seule ? Ses parents-n'allaient-ils pas s'inquiéter de ne pas la voir reparaître ? 

L’évocation du pub sembla réveiller quelque chose en Irene. Visiblement, ce lieu ne lui était pas inconnu. D'après ses réactions, il n'était pas difficile de voir qu'elle était en train de se convaincre que sa famille était bien là bas. Quoi qu'il en soit, son accès de tristesse passager était passé. Elle saisit Olympe par le bras, et l'emmena avec elle. Notre rouquine ne résista pas, contente de se dégourdir les jambes. Sa compagne lui posa une question tout à fait pertinente à laquelle Olympe n'avait pas vraiment réfléchi. Mais lorsqu'elle dut répondre, les mots sortirent tout seul de sa bouche :
- Ils doivent certainement être chez Keddle and Lether, la boutique de balais. Maman adore le Quidditch. Papa aussi d'ailleurs. Ça me fait penser qu'on aura peut être des cours de vol à Poudlard ?

Elle reprit sa respiration un peu essoufflée, et pensa à ce qu'elle venait de dire.Elle venait peut être de faire une grosse gaffe... Il y a plein de gens qui rêvent de voler, serte, mais si ce n'est pas le cas d'Irene, ça risque de l'effrayer plus qu'autre chose. Sur ce coup là c'était quitte ou double.
- En tout cas, la boutique est juste après le Chaudron Baveur il me semble.

La jeune Watson aurait aimé être rassurante, protectrice, donner envie à sa camarade de découvrir, d'apprendre à connaître le monde des sorciers. Mais comment peut-on faire, et inspirer tout cela à 11 ans ?

Irene s'arrêta brusquement en entendant le drôle de mot... Kouiquoi ?! Des cours de vols ? Les sorciers étaient des voleurs ? Non. Un image, d'un de ses livres d'enfant, représentant une sorcière sur un balai volant dansa dans la mémoire de la fillette. Elle pâlit d'un coup, manqua de tomber au sol, se retenant à Olympe. On pouvait réellement voler sur un balai ? Une brindille ? Une sensation de vertige la pris. C'était pour cela qu'il était précisé que les premières années n'avaient pas droit à leur propre balai ! Les pièces se mirent en place dans la tête de la petite Gates. Elle avait jusqu'à présent naïvement pensé qu'il s'agissait d'une affaire de ménage, mais elle s'était manifestement trompée. Pourtant, cela ne la rassurait pas le moins du monde... Pourrait elle réussir elle à faire voler un balai ? à tenir dessus ? à ne pas chuter ou perdre le contrôle ? un frisson la parcourut. Puis elle se dit que ça devait être l'équivalent de la voiture pour les sorciers. Elle aurait donc juste à attendre sa majorité pour monter sur un balai. Elle aurait bien le temps de se trouver une excuse pour échapper à ce transport ! 

La fillette reprit confiance et se remit en route, sans vraiment répondre. Elle resta plongée un moment dans ses pensées, muette. Oui voler l'avais effleurée plusieurs fois, cette douce envie de liberté. Pourtant, non, le balai ne lui semblait pas sûr du tout. Il fallait qu'elle se renseigne ! 

L'enseigne du Chaudron Baveur apparut au loin. Elles y étaient presque. Les doutes assaillirent Irene à nouveau.
-S'ils sont pas là ? 
Elle avait peur. Elle ralentit, s'arrêta presque, les larmes affluant de nouveau vers ses yeux...