Ethan en signe d'abandon contre la nervosité d'Elfia, leva la main et promit que jamais il ne révélerait la page de son carnet noir. La jeune fille ne put s'empêcher de souffler un soupir de satisfaction, les choses étaient mieux ainsi. Les enfants allaient devoir se supporter un moment, alors commencer une amitié, une rencontre sur de bonne bases était le mieux à faire. Avec énergie et gaieté il attrapa la friandise au chocolat tendue, en quelque secondes celle ci disparue. Une mine boudeuse décorait le visage du garçon, la carte découverte dans la chocogrenouille n'était pas nouvelle malheureusement.

- J'ai déjà cette carte dans ma collection. Tiens, elle est pour toi.

La fillette se contenta d'hocher la tête pour le remercier, de plus c'était une chance pour elle, sa collection s'agrandissait avec 2 nouvelles cartes. Les visages se mirent à grimacer lorsqu'ils étaient légèrement secoués. C'était amusant. Le vent dans le parc se mit à siffler, faisant ainsi voler quelques feuilles au sol. Ethan finalement, décida de se confier à propos de ses sentiments et cela arracha un bien joli sourire à Elfia.

- Tu as raison, la fille avec qui tu m'as vu échanger des messages, c'est quelqu'un de très spécial pour moi. Elle est trop charmante, tu ne trouves pas? Elle s'appelle Orphéa. Elle est chez Serpentard. Ca veut dire en plus qu'elle a beaucoup de potentiel, c'est chouette non?

Ses souvenirs n'étaient pas si maigres finalement, un serpent, Orphéa. Depuis son arrivée à Poudlard, la Poufsouffle n'avait rencontrée que deux Serpentard, l'un doux comme le vent, l'autre sournois comme une vipère. Le venin peut faire si mal. Ethan ne devait pas se blesser, pas autant s'emballée après quelques papiers froissés. Les serpents sont comme le fruit d'un cerisier doux et soyeux à l’extérieure, croquant et amer à l'intérieur.

- Tu sais ce qu'on dit des serpents non?

Un silence s'installa doucement. Les qualités des différentes maisons correspondaient généralement aux élèves. On savait tous que la fourberie et la ruse habitaient chez les verts. Elfia les yeux rivés dans les premiers bourgeons de fleurs dont quelques marguerites, des jonquilles et des bleuets, cherchait ses mots afin de mettre le gardon sur ses gardes.

- J'conniais pas cette fille, mais. Tu sais, ils sont fourbes, malins, et parviennent toujours à leur fin. Tu ne connais pas ses intentions? Qui te dis qu'elle ne se joue pas de toi? Nous les Poufsouffle on nous prend tellement pour des naïfs..

Le cœur est un coffre à conserver avec prudence, la clé, ne doit pas être donnée comme un vulgaire morceau de pain. L'amour est un mystère, un sentiment parfois éphémère. Tel un rêve il peut disparaître en quelques secondes.

- Fais attention Ethan, c'est tout..

Les yeux clos pour profiter de la brise agréable, la fillette espérait voir bientôt les clochettes des brins de muguets. Dans un murmure elle dit: "Vivement la saison.."

Le vent s'était levé dans le parc. Ethan fut parcourut d'un frisson. De froid, mais aussi d'un mauvais pressentiment. Il avait l'impression qu'il aurait dû garder pour lui ses confidences. Le chocolat n'était pas toujours de bonne influence, voilà ce qu'il en conclut. Le pire de tout fut la confirmation de son appréhension. Elfia le mit en garde contre le fait de s'attacher à une fille de chez Serpentard. Tout cela, il y avait aussi déjà pensé. Mais son amie semblait vraiment sincère envers lui. Il n'avait pas l'impression qu'elle se jouait de lui. Il savait qu'il était pouvait être naïf par moment. En profitait-elle? Il ne le pensait pas. Elle ne lui avait jamais demandé de service. C'était même elle qui le conseillait en potion. Malgré tout, le fait de l'entendre d'une autre bouche le perturba plus qu'il ne s'y attendait. Il prit quelques secondes de réflexion avant de répondre.

- Je sais ce qu'on dit des Serpentard. Orphéa n'est pas comme ce que tu décris. Je le souhaite de tout mon coeur en tout cas. Et puis tu sais ce qu'on dit des Poufsouffle aussi. Pourtant ni toi ni moi ne sommes comme ce qu'on dit. Du moins pas tout à fait. Il y a des nuances...

Le sourire quitta les lèvres d'Ethan. Pourquoi était-ce si compliqué d'apprécier quelqu'un chez Serpentard? On ne lui aurait pas tenu le même discours avec une Serdaigle ou un Gryffondor. Pourtant les vieux préjugés étaient coriaces. Même lui y avait pensé. Il en eut honte et se dit que plus jamais il jugerait quelqu'un en fonction de sa maison. Est-ce qu'Orphéa subissait le même genre de mise en garde de son côté? Il était de notoriété publique que certains Serpentard n'appréciaient pas les Poufsouffle pour ce qu'ils étaient censés être selon les clichés. Son amie subissait-elle des pressions ou des moqueries? Après tout on était en 2044. Il était à espérer qu'ils aient évolué eux aussi dans leur vision du monde et n'étaient pas restés bloqués aux préjugés du millénaire passé. En tout cas il était certain qu'Orphéa était ouvert d'esprit.

- Je lui fais confiance. Je n'ai aucune raison de penser qu'elle essaie de profiter de moi, conclut-il avec conviction, l'air résolu.

Mais il savait que tout au fond de lui, dans un lieu qu'il essayait d'enfuir le plus loin possible, une petite boule d'angoisse venait de prendre naissance. Il se sentit subitement mal à l'aise dans le parc. Il n'avait qu'une envie: aller s'affaler sur son lit et se blottir sous sa couette.

- Je suis en train d'attraper froid avec ce vent qui se lève. Je vais rentrer. Je suis content d'avoir fait ta connaisse Elfia. On se reverra en salle commune ou en cours. A bientôt!

Le jeune garçon salua de la main sa camarade et prit le chemin du retour, le cœur un peu plus lourd qu'à l'aller.

L'air d'Ethan changeait, sans grand étonnement. On parlait de celle qu'il appréciait, pas comme une amie, pas comme une proche, c'était un sentiment bien particulier qu'il ressentait pour elle, de l'amour. Assurément sincère. Son visage enfantin se crispait sous l'effet du doute et de la réflexion, il répondit sans hésitation ce qu'il avait sur le cœur. Ce qu'il en pensait. Après tout, Elfia ne connaissait pas plus que ça cette chère Orphéa, elle savait simplement de loin, qu'elle était proche de son camarade. Mais les couleurs en disaient longs sur les apparences, alors c'était plus fort qu'elle, l'enfant borné gardait ses propos dans un coin de sa tête, et en silence elle espérait qu'Orphéa soit tout le contraire. Il y a, oui, en effet, toujours des nuances.
Il continua sur un ton confiant, assuré.

- Je lui fais confiance. Je n'ai aucune raison de penser qu'elle essaie de profiter de moi.

Elfia ne put s'empêcher d'aborder une mine douteuse. Elle avait peur, peur pour Ethan. C'était bête, ridicule de s'attacher à de vulgaires propos concernant les maisons. Mais s'ils étaient là, c'était bien pour une raison. Ils faisaient parti, d'une certaine façon, de nous.

- Alors, j'espère qu'elle ne va pas gâcher cette confiance Ethan. Je le souhaite..

Ethan frissonnait sans cesse dans la légère tempête qui se manifestait dans le parc. Il se leva doucement, il était sûrement le temps de rentrer.

- Je suis en train d'attraper froid avec ce vent qui se lève. Je vais rentrer. Je suis content d'avoir fait ta connaisse Elfia. On se reverra en salle commune ou en cours. A bientôt!

En guise de réponse, la fillette hocha la tête avec un sourire sincère. Elle était contente elle aussi, de voir Ethan d'un peu plus près, de le connaître un peu mieux. Elle le remercia en pensée pour sa confession à propos de ses sentiments. Les enfants se reverraient au prochain cours, ou bien, dans la salle commune.

Elfia leva la tête, elle allait rester encore un peu, les cheveux dans le vent. Elle pensait à son camarade. Elle croisait les doigts pour lui, pour elle, pour eux. Ethan et Orphéa.




Merci pour cet échange Ethan!