Elfie venait de terminer ses cours de la matinée par de la métamorphose. Le professeur Lynch s'était montré, comme à l'habitude, compréhensible et indulgent avec ses élèves. C'était toujours un plaisir d'assister à ses cours, à l'instar de ceux du professeur Bergsturm; la rouquine était donc sereine pour la suite de la journée.
Il était maintenant l'heure du déjeuner et la jeune fille s'était assise à la table des Serpentard un peu en avance. Le flot d'élèves affamés envahissait peu à peu la Grande Salle et se regroupaient pour manger entre amis. Elfie, qui était plutôt laissée pour seule lors des repas, s'était installée pas très loin de quatrième année qui riaient grassement.

Plus de vingt-minutes après son arrivée, un vieux hibou gris des marais entra affolé dans la Salle alors que la rouquine commençait à peine son plat de résistance. L'oiseau déboussolé vola vers cette dernière qui n'avait pas réellement remarqué sa présence. Les autres élèves l'ignoraient également puisque les correspondances arrivaient généralement le matin, pendant le petit-déjeuner. Certains devaient penser qu'il transportait une Beuglante. Le hibou finit par atterrir maladroitement à côté d'Elfie, surprise.

"-Qu'est-ce..." s'exclama-t-elle en plissant les yeux pour mieux voir à travers les plumes qui voletaient autour d'elle.

Le hibou, qui s'endormait, ouvrit un œil suspicieux avant de lui tendre l'enveloppe qu'il tenait en son bec. La jeune fille lui prit délicatement avant de le remercier. Elfie ouvrit la lettre une fois son transporteur reparti vers d'autres contrées.

Elfie,

Nous voulions te faire part d'un événement récent qui va peut-être te choquer. N'ayant pas la possibilité de te contacter directement, j'ai demandé à ta grand-mère si elle connaissait des personnes susceptibles de nous prêter un hibou ou une chouette le temps que cette lettre te parvienne. J'espère qu'elle est arrivée d'ailleurs parce qu'on ne faisait pas trop confiance à ce hibou gâteux.
Bref, une fois le hibou en notre possession, nous avons commencé l'écriture de cette lettre. Pour en revenir au sujet plus sérieux, nous devons absolument te parler de quelque chose d'important. Ton père, Ellen et moi avons été expulsés de notre appartement il y a une semaine. Nous n'avions plus les moyens de payer le loyer car je venais de perdre mon travail. Je suis désolée Elfie. J'aurais voulu te le dire autrement, te voir, t'expliquer en détail...
Ne t'inquiète pas pour nous surtout mais tu vas être obligée de rester jusqu'aux grandes vacances, du moins, le temps qu'on trouve une solution. Pour l'instant, nous vivons chez mamie Theo mais sa petite maison ne peut pas tous nous contenir très longtemps.

Sache que nous t'aimons très fort ma puce,

Maman, papa, Ellen et mamie Theodora

Elfie resta longtemps les yeux fixés sur le papier. Quand elle releva enfin le regard, il ne restait qu'un Serdaigle plongé dans un bouquin. Son esprit semblait fonctionner lentement. Elle n'avait plus conscience de rien. Juste que sa famille lui avait menti, l'avait écartée de leurs problèmes. Une rage monta en elle. Elle se sentait trahie malgré la petite voix de son inconscient qui disait tout le contraire. Ne savant plus quoi faire, elle éclata en sanglots.