Les vacances... Depuis son entrée à Poudlard, Ena n’avait cessé d’appréhender cette période, année après année. Mais cette fois, c’était la septième fois. Il n’y aurait pas de retour, la Poufsouffle ne reviendrait plus dans sa salle commune qui n’était plus sienne, elle n’arpenterait plus son foyer qui n’était plus le sien, elle n’aiderait plus sa famille qui l’avait vu grandir en tant que sorcière... Le château l’avait accueilli à bras ouverts et il était temps maintenant de prendre son envol, de quitter le confortable nid qui lui avait permis de grandir dans ce monde qu’elle avait découvert sept ans plus tôt. Lorsqu’elle se présenta devant le Poudlard Express qu’elle n’avait plus emprunté depuis deux ans, certains avaient pu voir une larme couler de ses yeux de biche. Elle voulut se retourner une dernière fois pour jeter un ultime coup d’œil au château, mais elle avait déjà fait ça. Elle avait profité jusqu’au dernier moment et inscrit dans sa mémoire tout ce qu’elle souhaitait garder au fond d’elle, les murs, les professeurs, les petites bêtises des Première Année, la formidable fête que lui avait organisé Poufsouffle pour son départ et son diplôme... Elle quittait Poudlard triste, mais sans regrets. Puis elle se rappela les paroles du frère de son père, un oncle décédé alors qu’elle n’avait même pas trois ans, mais de qui elle tenait un carnet de voyage. Il avait écrit dedans « il y a deux types de personnes. Celles qui se retournent vers le passé ou le futur et passent à côté de l’essentiel puis celles qui vivent l’instant présent et vont de l’avant. ». Décidée à être de la deuxième catégorie, Ena agrippa la poignée près de la porte et se hissa dans le train.

À bord du Poudlard Express, après de nombreux au revoir et embrassades, au cours d’un moment de détente dans son wagon avant de retrouver sa famille, Ena sortit la carte et le fameux carnet de voyage de son oncle Lekha. La jeune fille avait un plan. Elle ne resterait pas chez elle une fois rentrée. C’était décidé depuis des mois maintenant, Ena avait prévu d’arpenter le monde ! Son oncle avait laissé un carnet rempli de destinations et quoi y faire et elle comptait bien s’y rendre malgré les dangers que représentait une telle expédition.

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Ena était restée deux semaines au domicile parental, où elle avait pu profiter de son petit frère, revoir quelques amis d’enfance et... le plus important, faire accepter à ses parents ce voyage pour lequel elle ne renoncerait pas. Si Aftan et Ahmi étaient inquiets pour la jeune fille, ils étaient avant tout fiers d’elle. Pendant trop longtemps, ils avaient cru que leur fille et les phénomènes inexpliqués qui l’entouraient ne trouveraient pas de place dans la société, qu’elle serait condamnée à vivre cachée ou dans la marginalité. Mais aujourd’hui elle était forte, puissante et déterminée ; capable d’affirmer ses choix et de tenir tête à ses géniteurs. Bien sûr, elle vivait cachée et dans la marginalité, mais cela importait peu puisqu’elle était devenue « quelqu’un de bien ». Pour rassurer ses parents elle avait même acheté un guide de voyage et s’était fait livrer depuis le chemin de Traverse. Si c’était initialement pour rassurer ses parents elle s’aperçut à la lecture qu’il lui serait d’une grande aide.

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Le jour du grand départ, des larmes furent versées, des baisers furent donnés, des mots d’amour prononcé. Une nouvelle fois, sept ans plus tard, Ena quittait sa famille, son foyer, sa ville pour grandir un peu plus. Rejane rentrerai en sixième année à la rentrée et Sohan serait presque un jeune homme à son retour. S'il y avait un retour... Ena avait conscience de ce risque, mais elle se refusait de laisser l’obscurantisme moderne gagner. Elle s’adressa une dernière fois à son frère et sa sœur avant de partir « Faites pas cette tête... Je reviendrai. Les vacances à Londres, c’est cool puis je vous ai laissé un carton de ma confection au grenier. Dites rien à abba et ma. » Elle les embrassa, enlaça ses parents et parti sans se retourner.

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Elle partait avec un sac un peu lourd, mais le cœur léger. Elle pensait au début qu’elle ne serait plus une Poufsouffle, mais une sorcière à part entière. Quelle naïveté... Lorsqu’on a été Poufsouffle un jour, on l’est toute sa vie. Elle était d’ailleurs partie avec chacune des lettres et idées de destination que sa deuxième famille lui avait donné, pour qu’ils restent près d’elle, pour qu’elle ne les oublie pas.

Les vacances, c’est aussi ça ; suivre les conseils de celles et ceux que l’on aime.

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