Inscription
Connexion

01 sept. 2020, 22:16
 solo  Dans les serres de l’hippogriffe
26 juin 2045
Poudlard Express - Voie 91/4


•••


La vie est une succession d’incertitude. Voilà la seule chose dont Alice était convaincue.
Sa tempe contre la fenêtre froide de son compartiment, Alice demeurait silencieuse, bercée par les saccades du Poudlard Express et ses interrogations. Qu’est-ce qui n’allait pas, avec elle ? Chaque bonheur qui fleurissait dans sa vie finissait par faner en quelques semaines, quelques mois. Elle ne parvenait même plus à s’en émouvoir, cela devenait... habituel. C’était une fatalité. Monsieur Penwyn lui avait offert le plus merveilleux des présents en l’invitant à venir vivre chez lui, avec sa fiancée et leur bébé à naître. Et puis, il avait disparu, pour réapparaître finalement, séquestré par des moldus, sauvé par ce gouvernement qu’il avait juré de détruire, et mis au repos forcé par Kristen Loewy. Avec tout ceci, il avait prit peur, et avait donc préféré rester loin de Diane, de leur bébé, et d’Alice, tout cela pour les protéger. Avec cette terrible nouvelle, Alice se retrouvait à nouveau sans foyer, avec de nouvelles incertitudes. C’était bien cela, le pire de tout.

Alice se redressa un peu sur son siège pour recoiffer ses boucles blanches de quelques coups de doigts. Elle réajusta le col de sa chemise bleue pastel, son reflet dans la fenêtre lui renvoyait une image trop peu délicate. Elle devait être parfaite pour ne pas recevoir quelques commentaires désagréables.
C’est le cœur lourd qu’elle avait écrit à Thomas pour lui demander si il lui était possible de l’accueillir chez lui, cet été. Elle n’en avait pas eu envie, mais il fallait se rendre à l’évidence : il n’y avait que lui. Il avait refusé, non pas parce qu’il ne le voulait pas, mais parce qu’il n’habitait plus dans son appartement de Glasgow : c’est à la Tour des Manteaux Noirs qu’il séjournait aujourd’hui, en plein cœur de la Citadelle. Hors de question pour lui de laisser sa sœur seule chez lui, quand bien même elle lui avait assuré qu’elle s’en sortirait. Non, il avait trouvé une autre solution. Une solution qui écœurait l’enfant.

Le train s’arrêta en quelques grincements et soufflements brumeux. On se levait autour d’elle, on la saluait, les lèvres sucrées de son Irisia vinrent même embrasser sa joue pâle. Alice les laissait prendre tous de l’avance, prétextant devoir rassembler ses affaires. Althéa secouait ses ailes dans sa cage, sa petite tête ronde dansant de droite à gauche. Au travers de la vapeur se distinguait la voie 91/4, toute agitée par les retrouvailles des parents et des élèves. Alice n’avait pas leur hâte. La femme qu’elle s’apprêtait à rejoindre ne lui inspirait aucun semblant de sympathie.
Il fallait pourtant y aller. Car c’était bien chez sa mère qu’elle devrait passer ses vacances d’été.

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN

01 sept. 2020, 22:45
 solo  Dans les serres de l’hippogriffe
Alice avançait, slalomait entre les familles, Althéa appelant parfois ses congénères lorsqu’elle en croisait. Son regard vagabondait, en quête d’une grande sorcière à la crinière cendrée, impeccablement vêtue, certainement excentrée de la populace, jugeant chaque sorcier d’un œil froid et implacable. De toutes évidences, elle n’était pas encore là, sinon Alice l’aurait immédiatement aperçue. Renesmée Nerrah n’était pas une sorcière qui pouvait se fondre dans la masse. Elle ne l’avait jamais été. Tout, absolument tout chez elle, transpirait la grandeur, la supériorité du rang et du sang. Quelle horrible femme.

« Mademoiselle Alice ! Mademoiselle Alice ! »

La fillette fit volte face en reconnaissant la voix, le couinement aigu, de celle qui avait été son amie et sa confidente pendant dix années. Jenny l’elfe de maison de la famille trottinait jusqu’à la fillette, vêtue de sa guenille qu’elle ne quitterait pour rien au monde. Sa vue flanqua à Alice quelques nostalgies bienvenues. Elle s’avança à sa rencontre, accélérant chaque pas qui la séparait d’elle. Depuis combien de temps ne l’avait-elle pas vue ?

«  - Bonjour Jenny.
- Bonjour mademoiselle Alice. Ce que vous avez grandit ! Jenny va vous débarrasser, nous allons rentrer au manoir de Monsieur votre père.
- Comment se fait-il que Mère ne soit pas venue elle même me chercher ?
- Madame aurait aimé, Mademoiselle en soit assurée, mais Madame était retenue à la Citadelle. »

Évidemment. La Citadelle. Alice en aurait presque oublié les nouvelles attributions de sa mère dans le gouvernement de Parkinson. Il n’était plus question de la servir elle directement, ça non.
Les yeux globuleux de Jenny se posèrent un instant sur la cicatrice qui barrait la joue d’Alice.

« Mademoiselle... » glapit-elle avec peine.

Alice replaça ses boucles sur son horreur et sourit à l’elfe. Elle ne voulait pas en parler, et ne voulait certainement pas recevoir de pitié.

« Ramène moi au domaine. J’ai hâte de pouvoir retrouver ma chambre. »

Chambre qui avait accueilli Carry, Alice le savait. Elle sentirait sa présence à chaque instant, entendrait ses pas sur les planches de son parquet. Elle savait que tout lui rappellerait que sa mère avait accueilli celle qui avait mutilé son enfant.

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN

02 sept. 2020, 08:06
 solo  Dans les serres de l’hippogriffe
26 juin 2045
Domaine Sangblanc, landes irlandaises non loin de Limerick


•••


Ses doigts caressait la soie de ses draps blancs avec lenteur. La chambre d’Alice n’avait pas changé, elle était comme dans ses souvenirs. Au détail près que les rideaux de son lit à baldaquin avait désormais une teinte lilas qui n’était pas pour lui déplaire.

« Jenny a tout nettoyé » dit cette dernière en rangeant les vêtements d’Alice dans son dressing en quelques claquement de doigts crochus. « Jenny avait changé la disposition de la chambre de Mademoiselle pour que ce ne soit plus vraiment celle de Mademoiselle lorsque Madame a accueilli ... Mademoiselle sait. »

« Mademoiselle sait » répéta Alice en s’asseyant sur sa méridienne de blanc et d’or. Et elle préférait ne pas y penser pour l’instant, il y aurait bien assez de choses horribles ici, elle en était convaincue.
Les portes de l’armoire se refermèrent, et Jenny pu rejoindre sa jeune maîtresse. Elle se planta devant elle, lui servant un sourire piteux qui trahissait son inconfort face à la situation.

« - Jenny est heureuse de revoir Mademoiselle Alice. Jenny sait que Mademoiselle Alice n’est pas heureuse d’être ici, qu’elle aurait préféré être ailleurs, mais ...
- Je suis heureuse de te revoir, moi aussi. Le reste, ce n’est pas important. Nous n’y pouvons rien, il me faudra donc faire avec.
- Si Jenny pouvait seulement aider Mademoiselle Alice à se sentir mieux...
- Peut-être pourrais-tu me préparer un grand chocolat chaud ? »

Le sourire de l’elfe se fit plus sincère, et en quelques petits pas pressés, elle quitta la chambre d’Alice. Dans le cœur de la jeune Sangblanc s’immisça soudain un grand vide. Cette chambre était si grande, si belle, et personne pour voir cela, personne pour la partager avec elle. Irisia lui manquait tant. Deux mois allaient passé sans que personne ne soit à ses côtés pour faire elle ne savait quoi. Jenny serait là, bien sûr, mais Alice savait pertinemment que Mère refuserait tout amusement avec elle, trouvant cela déplacé pour une elfe de maison.
Alice soupira, ses épaules retombèrent lentement. Quel grand vide.

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN

02 sept. 2020, 22:10
 solo  Dans les serres de l’hippogriffe
« Mademoiselle ? Madame est rentrée. »

Jenny inclina un peu la tête devant Alice, et s’éclipse pour rejoindre le rez-de-chaussée. La fillette demeurait statique dans l’encadrement de la porte de sa chambre, la gorge nouée, la tête vaseuse. Elle ne voulait pas aller à la rencontre de sa mère, elle ne voulait rien de moins que cela. Depuis combien de temps n’avait-elles pas été confrontée ? Cela ne faisait pas tout à fait une année, à un mois près, mais peu importait que ce petit mois. Hélas, la vie d’Alice avait changé, et il lui fallait à nouveau vivre avec sa mère.

Alice descendit l’escalier de marbre blanc avec lenteur, faisant passer cela pour une élégance alors qu’il s’agissait plutôt d’un moyen de retarder l’échéance. Elle entendait les talons de sa mère frapper le parquet du petit salon. Le pas était félin, puissant, autoritaire.
La dernière marche l’offrit au vestibule, baigné de la lumière du soleil qui déclinait lentement. Alice s’approcha de la haute fenêtre qui perçait le mur pour observer le ciel tantôt rose saumon, tantôt bleu pâle, mourir au profit de la pénombre. Quelques années auparavant, Alice aurait été observer ce coucher de soleil avec son père, depuis le balcon de la chambre de ce dernier.

« Bonsoir, Alice. »

L’enfant déglutit, et pivota pour faire face à sa mère. Enfilée dans une robe droite au plus près du corps, Renesmée Nerrah avait quelque peu changé, et Alice s’en étonna. Il n’y avait plus de chignon strict, mais une cascade de boucles d’un blond cendré brillant. C’était tout ce qu’Alice notait, mais c’était déjà énormément pour cette femme qui n’avait jamais accepté la moindre boucle sauvage.

« Bonsoir, Mère. »

Renesmée observait son enfant en silence, peut-être constatait-elle également à quel point Alice avait changé depuis leur dernière rencontre. Mais elle ne fit aucun commentaire, pas même lorsque ses yeux clairs se posèrent sur la cicatrice d’Alice.

«  Le repas est prêt » dit-elle en gagnant la salle à manger, d’où Alice sentait la provenance d’un délicat fumet qui lui rappelait l’orange cuite. Rita n’avait pas perdu son talent pour la cuisine. Alice laissa sa mère prendre un peu d’avance, et la suivit, ses mains jointes sur son ventre.

Assise l’une en face de l’autre, espacé par les quelques trois mètres qui faisait la table, fille et mère gardait le silence, chacune occupée à découper le canard à l’orange que proposait leurs assiettes. Alice n’avait pas très faim, et la vue de la viande n’était pas pour la ravir. Fort heureusement, Rita avait préparé comme accompagnements quelques légumes rôtis et moelleux. Il lui faudrait pourtant manger son canard, sinon la mort de ce pauvre animal n’aura servi à rien.

« Ton année s’est-elle bien passé ? »

Renesmée n’avait pas levé les yeux sur sa fille, trop occupée à faire tournoyer son Bordeaux.

« Oui » mentit Alice en observant sa mère, plus par politesse que par réelle envie. « C’était une année pleine d’enrichissement.

« Gut » et Renesmée bu une gorgée de son vin. Elle n’avait pas flairé le mensonge de sa fille, ou l’avait tout simplement ignoré. Elle ne s’intéressait pas vraiment à la scolarité d’Alice, rien ne l’avait jamais intéressé à son sujet. Elle s’ennuyait, voilà tout.
Seul le tintement des fourchettes contre les couteaux rompaient le silence qui s’était à nouveau installé. Alice se sentait oppressée, étouffée. Ce qu’elle n’aurait pas donné pour entendre le vacarme assourdissant de la Grande Salle aux heures des repas. Rien qu’un petit vacarme, un fragment...

« J’ai eu vent des événements qui ont eu lieu à Poudlard cette année » lança Renesmée en dédaignant son assiette vide. Elle ne laissait jamais la moindre trace de nourriture, haïssant le gâchis. Alice ignorait si il s’agissait d’une banalité, ou d’un héritage de sa vie auprès de grand-père et grand-mère Nerrah.
Le regard de sa mère se posant enfin sur elle, sur sa cicatrice, qu’elle observait sans ménagement aucun. Alice la cacha à l’aide de ses boucles.

« - Je ne m’attendais pas à ce que ce soit si ... flagrant.
- A quoi vous attendiez-vous ? répondit Alice avec une aigreur soudaine. A une égratignure ?
- A rien d’aussi laid. »

Le cœur d’Alice fut transpercé par un pic glacé, et ses yeux se baissèrent. Elle n’aurait pas dû être vexée par la cruauté de sa mère, elle y était habitué. Cependant, jamais Renesmée ne s’en était pris au physique de sa fille. Jamais. Alice demeura silencieuse, refusant de poursuivre cette conversation qui froissait sa confiance en elle si ébranlée ces derniers mois.

Renesmée n’ajouta rien. Fort heureusement. Alice ne fondrait pas en sanglot devant sa mère, ça non, mais elle finirait par trahir son offense à force de mots tranchants.

Le fromage irlandais, très peu pour Alice, elle déclina le plateau lorsque Jenny lui présenta. Renesmée n’en voulait pas, elle non plus. Depuis quand servait-on un fromage autre que le français ? Y avait-il des difficultés à se fournir, désormais ? Alice n’osa poser la question, et sourit à Jenny lorsque cette dernière se retira.
L’elfe revint peu de temps après, deux assiettes sous cloches lévitant devant elle. Chacune fut déposée devant ses maîtresses, la plus jeune s’empressa de dévoiler le dessert.

« - Une Forêt Noire, se réjouit Alice.
- Rita s’est souvenu qu’il s’agissait du dessert préféré de Mademoiselle. Mademoiselle est heureuse ?
- Très heureuse, merci Jenny. Tu remercieras Rita également. »

Jenny se retira en souriant, conquise jusqu’aux oreilles. Renesmée fit bien moins de cérémonie, et entreprit la dégustation de sa part.

« -Schwarzwälder Kirschtorte
- Pardon, Mère ?
- Schwarzwälder Kirschtorte. C’est le nom de ce gâteau. C’est allemand, comme la forêt à qui cette pâtisserie a emprunté le nom. »

Alice ne su quoi répondre à cette petite leçon. Un sourire ? Un "merci" ? Elle était si peu habituée a entendre sa mère s’adresser à elle sans que ce ne soit pour la rabaisser ou l’humilier. Elle se contenta d’un petit signe de tête puis mangea sa pâtisserie tant aimé.

Plus aucun mot ne fut prononcé, et Alice, étrangement, en était dorénavant satisfaite. Elles n’avaient rien à se dire, car elles n’avaient rien en commun si ce n’était leur sang. C’était mieux ainsi. Alice ne voulait rien avoir de similaire avec cette odieuse femme.
Renesmée se releva, et Alice l’imita.

« - Gut. Bonne soirée.
- Bonne soirée, Mère. »

Et la maîtresse des lieux se retira sans un regard pour Alice. Elle, restait immobile, attendant sagement que sa mère quitte la salle à manger pour qu’elle puisse gagner sa chambre. Est-ce que chaque repas se déroulerait ainsi ? Dans l’attente d’un embarras, dans l’indifférence et la politesse de quelques banalités ? Ces repas là, ils n’avaient rien à voir avec ceux d’oncle Kenneth et Imogen. Rien à voir du tout. Ils lui manquaient dorénavant un peu plus fort.
Dernière modification par Alice Sangblanc le 03 sept. 2020, 09:36, modifié 1 fois.

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN

03 sept. 2020, 09:34
 solo  Dans les serres de l’hippogriffe
Pas de baiser sur son front, pas de caresse dans ses cheveux. Rien que la fraîcheur du drap contre sa peau et le vide dans son cœur. Il n’y aurait plus de douceur pendant deux longs mois, pourtant nécessaire à son sommeil. Plus de discussion avec Irisia sur le tout et le rien, plus de chanson partagée avec Imogen, plus de joie en revoyant face hirsute de Kenneth dans l’encadrement de la porte. Sa mère n’avait jamais été femme à border ses enfants, pas Alice en tout cas. Aurait-ce été trop demandé qu’un simple sourire avant que sa fille ne ferme les yeux ? Un sourire, rien qu’un sourire.

Le cœur d’Alice rata un battement lorsque, au fond de son lit, elle perçu distinctement des voix provenir du dehors. Une fenêtre était restée ouverte pour qu’elle puisse entendre le chant des insectes, le vent dans les cyprès, et les possibles Moldus qui pourraient venir frapper à la porte du manoir à grand coup de pieds.
Alice se releva lentement sur son séant, son palpitant agité comme un cheval fou. Qu’était-ce ? Comme un murmure inaudible, elle ne parvenait pas à reconnaître les mots, ni les voix, mais elle savait qu’il s’agissait de quelqu’un, là, en bas.
La fillette mis pied à terre, elle attrapa sa baguette et se dirigea vers son armoire pour s’y habiller. Avec Imogen, Alice s’était entraînée plus d’une fois à réagir si, pour une raison ou une autre, le danger frappait en pleine nuit. Il fallait s’habiller en silence, et s’enfuir par la fenêtre lorsque le danger serait entré. Mais comment faire si le domaine venait à brûler ? Alice ne doutait pas que Jenny viendrait la sauver. Alors, où était-elle à présent ?

Sa chemise de nuit délaissée au profit d’un pantalon moldu et d’une chemise moldue, Alice parfait sa tenue de camouflage d’un bonnet à grosse maille qui cacherait sa chevelure immaculée. Pour sa peau, malheureusement, Alice ne pourrait rien faire. Par Circée, si elle venait à s’enfuir, les rayons lunaires trahirait la blancheur de sa peau qu’ils illumineraient pour chaque moldus. Non, il n’y avait pas de raison de paniquer, ce n’était certainement pas des Moldus, de puissantes protections cachaient le domaine. Mais alors, qui était là, aux pieds du manoir ?

Lentement, sur la pointe des pieds, Alice s’approcha de ses fenêtres pour tenter d’apercevoir quelque chose. La vue plongeante sur le haut portail et son allée de graviers blancs menant à la porte du domaine lui permettait de voir chaque entrée, et chaque sortie. Le nez presque collé à la vitre froide, Alice observait, et réalisait que les insectes ne chantaient plus.

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN

04 sept. 2020, 00:19
 solo  Dans les serres de l’hippogriffe
En contrebas, la lumière de l’entrée perçait la pénombre de la nuit. L’ombre d’une silhouette s’étendait dans l’allée, immobile. Elle faisait face à la porte d’entrée, certainement ouverte puisque Alice reconnaissait à présent la voix de Mère. Il y avait de la colère dans son ton, de l’exaspération également.
Un éclat de rire, comme le tintement d’un verre cristal, désarma l’enfant. Elle l’avait reconnu, ce rire là. Il n’avait rien d’amusé, rien d’émotif. Il était une parure, une délicate chaîne d’or enroulée autour de ses mots tranchants. Elle l’aurait reconnu entre milles.

Alice quitta immédiatement sa chambre, dévala les escaliers et franchi le seuil de la porte d’entrée, manquant de percuter sa mère.

« Tante Élise ! »

Les yeux d’argent de la française se posèrent sur sa nièce. Un sourire roula sur ses lèvres pâles, son regard détaillant l’enfant avec précision. Elle se tenait là, fière et belle comme l’aurore, enveloppée dans une robe d’un vert émeraude rayonnant. Ni le tissu, ni ses cheveux ne dansaient au gré du vent qui secouait les arbres de la cour. C’était bel et bien elle, drapée de magie comme à son habitude.
Alice aurait bondit pour la rejoindre si Mère n’avait pas enroulé ses serres autour de son épaule. Il lui avait fallu du temps pour réagir, mais la surprise de voir sa fille désobéissante et vêtue comme une maudite Moldue y était certainement pour quelque chose.
L’intervention de sa mère secoua les pensées d’Alice et la ramena à la réalité. Mais que faisait donc tante Élise ici, en Irlande ?

« Maintenant que vous avez pu voir qu’Alice se porte bien, rentrez chez vous » grinça Renesmée. « Je vous le répète, je n’ai pas la patience de vous recevoir ce soir. »

Élise balaya les mots de Mère d’un geste de la main. Renesmée se raidit, absolument courroucée par le comportement de sa belle-sœur.

«  Alice, douce enfant. J’ai eu vent de vos aventures malencontreuses. Quelle tragédie. »

Alice peinait à savoir de quelle tragédie sa tante parlait. Il y en avait tant eu cette année, mais la plus grande était estampé à la vue de tous. Élise eu la politesse de ne pas examiner la cicatrice d’Alice, concentrée alors sur le visage de la jeune fille. Elle semblait imprégner chacun de ses traits. Après tout, cela faisait quelques temps que les deux Sangblanc n’avaient pu se voir.

« Partez » ordonna Renesmée, qui tira encore un peu plus sa fille en arrière, avec une certaine rigueur qui invitait l’enfant à rentrer dans la bâtisse. Mais Alice refusa de se laisser faire, et s’extirpa de sa prise d’un vif coup d’épaule. Elle s’écarta d’un bond pas.

« Alice, ta présence n’est pas nécessaire » trancha l’allemande avec fureur. « Rentre immédiatement, ou dés demain matin tu seras assigné à ta chambre sans possibilité de mettre un seul pied dehors. » Alice resta de marbre, ses yeux plantés sur Renesmée. Elle ne serait pas là pour juger de l’obéissance de sa fille, de toutes façons.

Les traits du visage de Renesmée se durcirent et, l’espace d’un instant, Alice imagina sa mère venir corriger sa désobéissance d’une paire de claque rageuses. Finalement, Alice déglutit.

«  Alice va rentrer, en effet » lança tante Élise. «  Mais pour rassembler ses affaires, car elle repart avec moi. »

Alice fit volte-face, bouche bée. « Comment ? » s’étonna Mère, de suite agitée d’un rire tant nerveux que moqueur. « Alice est ma fille, vous l’oubliez, une fois n’est pas coutume. Vous n’avez aucun droit sur elle, aucune raison de me la prendre. »

La fillette peinait à comprendre ce qui arrivait, trop de choses la secouaient, trop de questionnement. Elle leva ses yeux sur sa Mère, puis sur Élise. La française souriait légèrement.

« - Il m’a été demandé de vous prendre Alice.
- Je me moque des consignes que Henri aurait pu vous donner. Il n’est pas ici, sa voix n’a aucune valeur sur ces terres. Elles sont miennes.
- Vous vous emportez, très chère. Il ne s’agit pas là d’un ordre de mon père, mais d’une demande de votre fils. »

La colère de Renesmée fut tranchée avec une netteté époustouflante.

« C’est Jacob qui vous...? » demanda Alice, en proie à l’incompréhension. Il avait disparu ! Il avait rejoint la Résistance ! Comment avait-il trouvé l’occasion de s’entretenir avec tante Élise au sujet d’Alice ?

«  Non » corrigea Élise avec délectation. «  Je parlais de votre Thomas. »

« C’est impossible » cracha Renesmée. « Vous mentez, vipère. Mon fils n’aurait jamais demandé une telle chose. »

Le sourire de tante Élise était pourtant la preuve qu’aucun mensonge n’avait franchi ses lèvres. Elle jubilait de voir la mère prendre toute conscience de la trahison de son premier-né tant aimé. Alice ne partageait pas encore cette petite victoire.
Sans mot dire, l’enfant s’éloigna des deux femmes pour regagner l’intérieur. Elle avait des valises à préparer.

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN

04 sept. 2020, 22:03
 solo  Dans les serres de l’hippogriffe
Les dialogues sont désormais en français.

Nuit du 26 au 27 juin 2045
Lieu inconnu

•••



« Vous ne m’enlèverez pas ma fille bien longtemps » avait promis Mère avant que les deux Sangblanc ne disparaissent dans un tourbillon. L’expression du visage de Renesmée, Alice ne l’oublierait pas de sitôt. Il y avait de la fureur, mais aussi quelque chose de bien plus discret, quelque chose de dangereux. Ça avait animé ses pupilles bleues glace de quelques crépitations terribles. Heureusement, elles s’étaient évaporés en même temps que le domaine.

Les pieds d’Alice atterrirent dans l’herbe tendre d’une clairière. Elle manqua de s’écrouler sur ses genoux tant l’impact lui sembla brutal, mais tante Élise assura sa prise sur son épaule. Les nausées passées, Alice releva ses yeux sur le paysage. La clairière était encadrée par de majestueux arbres tous plus grands les uns que les autres. Ils étaient sombres, certaines feuilles plus clairs illuminées par les rayons lunaires. Alice percevait même le son d’un court d’eau, impossible pour l’heure de le localiser, il était bien trop tard. Au loin, une chouette hululait, et Althéa lui répondit de bon cœur, agitant un peu ses longues ailes. Vivement que sa cage lui soit arrachée.

« Où sommes nous ? » demanda Alice à sa tante.

Élise ne répondit pas, mais Alice savait que ce n’était que partie remise. D’un pan de sa robe, Élise extirpa sa baguette. Et c’est en quelques gestuelles qu’Alice ne connaissait pas que sa tante jeta un sort aux étincelles mêlées d’or et d’argent. Elles frappèrent le tronc si épais d’un arbre dont le bois presque noire s’illumina d’or. En un instant, peut-être deux, une porte sculptée apparue.

« Après vous » dit Élise dans un sourire.

Ébahie, Alice s’avança machinalement vers cette porte. Elle était splendide, estampée d’arabesques dorées. Au dessus la surplombait une tête d’hippogriffe aux yeux d’argent. Ils se posèrent sur Alice. Instinctivement, la fillette plia les genoux pour saluer l’animal, retirant son bonnet au passage. On lui avait apprit à le faire toute sa vie, tant avec les hippogriffes de chaire et de plume qu’avec le portrait qui accueillait les visiteurs du manoir de Grand-Père.
A son tour, l’oiseau inclina la tête, et la porte s’ouvrît dans un cliquetis.

« Vous avez bien retenu vos leçons, mon enfant. Entrez. »

Enorgueillie par les mots de sa tante, Alice poussa la porte et pénétra dans l’arbre.
Au yeux de l’enfant jaillirent un émerveillement de lumières colorées. A chaque pas, les lieux se découvraient un peu plus. C’était un vestibule de bois sombre, si haut qu’Alice n’en voyait la fin. Le sol était drapé d’un tapis rouge aux arabesques dorées, les murs décoré avec goût et simplicité. Un grand escalier s’enroulait tout au long, grimpant comme un long serpent marron tout en haut du vestibule. Pas de fenêtre, aucune.

Un « pop » significatif qui sursauter l’enfant qui recula d’un bon pas. Ses épaules rencontrèrent les mains apaisantes de tante Élise.
Devant elles étaient apparus trois elfes, haut comme un jeune hippogriffe, et semblables l’un comme l’autre. Seules leurs tenues les dépareillaient. Il ne s’agissait pas là de guenille comme celle de Jenny ou d’Effie, mais de beaux petits costumes, l’un vert d’émeraude, l’un rouge rubis et l’un bleu topaze. Trois petits elfes mâles.

« La Maîtresse n’est pas blessée ? » demanda fiévreusement l’elfe au costume rouge. « La Maîtresse semble bien se porter. » répondit celui de bleu vêtu. « Pas de sang, pas de déchirure  » remarqua l’émeraude. De cœur, les elfes de maison soupirèrent de soulagement.

«  - Vous aviez prévu que Mère vous attaque ? s’étonna Alice en se tournant vers sa tante.
- Avec votre mère, il m’est impossible de prévoir quoi que ce soit. Mieux vaut prévenir que guérir, n’est-il pas ? Très chère, permettez moi de vous présenter les trois serviteurs qui sauront prendre soin de vous aussi longtemps que vous resterez en ces lieux. »

« Jean, Firmin et Alban » et successivement, le rouge, le bleu et le vert inclinèrent poliment leur grosse tête. Il faudrait du temps à Alice pour se souvenir de ces trois petits personnages, cela ne faisait pas l’ombre d’un doute. « Ils s’occupent respectivement de la cuisine, du service et de l’entretien des lieux » ajouta tante Élise. « Aussi, souvenez vous en. » Alice acquiesça d’un sourire. Elle ferait des efforts pour s’en souvenir. Elle connaissait l’aversion qu’avait tante Élise pour les serviteurs multi-tâches. C’est sale et grossier, disait-elle.

Tante Élise ordonna à Firmin de monter les affaires d’Alice à sa chambre, ce qu’il fit sans attendre. « Suivez-moi ma nièce, je vais vous montrer votre suite. » Alice avait tant de question à poser, mais elle ne trouvait jamais le temps de le faire, c’était comme ci tante Élise cherchait absolument à éluder ce moment. Elle n’en aurait pas toujours l’occasion.

La chambre d’Alice se trouvait derrière une des nombreuses portes que desservait le grand escalier de bois. Elle n’aurait su dire à quelle étage celle ci ce trouvait, de toutes façons elle aurait bien assez le temps de compter chaque marche pour trouver la réponse. « Vous vous égarerez les premiers temps » avait assuré tante Élise lors de la monte des marches. « Moi même, il m’arrive encore d’ouvrir la mauvaise porte. Mais soyez certaine qu’aucune ne vous précipitera vers un quelconque danger. Sauf peut-être la dernière, mais d’ici que vous ayez la volonté d’escalader chaque marche... »
La porte s’était ouverte sur une jolie suite, comme l’avais promis tante Élise. Une chambre qui correspondait à Alice, du parquet blanc au plafond décoré de dorure, du tapis lilas au lit à baldaquin crème. Elle ressemblait à celle qu’elle possédait au domaine de Père, mais il y avait bien quelques différences qui n’était pas pour la déplaire. Ce petit salon, tout d’abord, où trônait une harpe diatonique. Alice s’en approcha immédiatement, interdite.

« La colonne est en ivoire » dit Élise en s’avançant dans la pièce. « Le corps et le reste en or. Les pierres qui l’ornent proviennent d’Autriche. » Les doigts d’Alice caressait ce magnifique instrument. C’était... elle n’avait pas les mots pour le définir. Il y avait bien peu de chose qui égalait la beauté de cette harpe.

« Et les cordes ? » parvînt-elle à demander. Élise sourit. « Du crin d’Abraxan, accompagné de fil d’or. »
La fillette manqua de s’évanouir. Les yeux qu’elle posait à présent sur la harpe n’étaient plus qu’admiration. Comment pourrait-elle seulement jouer une seule note ?

« Il est à vous, Alice. C’est le présent qui aurait dû vous être fait le jour de vos douze ans. » Un présent qui dépassait toutes ses espérances, même les plus folles. L’enfant se retourna et vint enlacer tante Élise. Les bras de la française se nouèrent autour d’Alice dans une douce étreinte.
Tout bien réfléchi, tout ce qui se passait ce soir, cette nuit, dépassait tout ce qu’Alice avait pu imaginer. Elle avait tant de questions à poser à sa tante. Elles lui donnaient le tournis.

« - Je vous remercie, tante Élise. Elle est magnifique...
- Quelques questions brûlent vos lèvres, n’est-ce pas ? Demandez, mon enfant. Demandez un peu, ensuite il vous faudra gagner votre lit. Demain, vous aurez tout le loisir de m’abreuver de vos questions.
- Que faites vous en Irlande ?
- Je ne pouvais rester dans le confort du Domaine tandis que mon frère en est rendu à chancir en prison.
- Vous êtes ici pour le libérer ?
- J’ai essayé, par divers moyens. J’ai marchandé, palabré, séduis... chaque stratagème pour atteindre Azkaban a échoué, à mon plus grand damn croyez le bien. Elle est inaccessible, que ce soit par la mer ou le ciel. Si Dorian avait été enfermé sur le sol français, nous aurions pu l’en sortir. Hélas, dans ce pays... je suis navrée, ma douce enfant. »

Alice s’était attendu à cette réponse, elle n’avait jamais espéré entendre quelques victoires dans la bouche de tante Elise. Elle savait son père perdu depuis quelques temps désormais. Perdu.

« Vous avez essayé, c’est tout ce qui compte. » Les lèvres de tante Élise vinrent embrasser le crâne d’Alice. « Merci » murmura t-elle, affectée. Tante Elise était dépourvue d’émotion depuis de longues années, mais ce soir, Alice sentait toute sa peine comme si elle était sienne.

Tante Elise se redressa et écarta l’enfant d’elle, un joli sourire ourlant ses lèvres. « Allez vous coucher » dit-elle. « Demain, nous discuterons des heures durant. Je vous aime, petite fleur. Faites de beaux rêves. »

Une légère courbette, et tante Élise quitta la pièce. Alice fixa un moment la porte, conservant le merveilleux souvenir de sa gracieuse tante et de son sourire. Il y avait encore de nombreuses questions à lui poser, il lui faudrait attendre demain.
Le poids de la journée se faisait enfin ressentir sur ses faibles épaules, nul doute que Morphée viendrait promptement l’étreindre cette nuit.

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN

06 sept. 2020, 00:22
 solo  Dans les serres de l’hippogriffe
Reducio
Dialogues en français


27 Juin 2044, au matin
Manoir inconnu


•••

« Είναι τόσο νεαρή ... »

Une vive brûlure à sa main droite avait réveillée Alice ce matin, couplé à ces mots qui ne disparaissait pas de ses souvenirs. Elle avait regardé sa main, ses doigts, pour tenter d’y voir une quelconque blessure, mais ne vit rien d’autre que la chevalière de son père. Alice avait rêvé.

Elle s’était plongée dans la baignoire de sa salle de bain personnelle, associée à sa chambre par une porte de bois. Combien de temps elle était restée à barboter, Alice ne savait pas. Elle n’avait aucun repère de temps, dans cet endroit. Pas une pendule, pas une fenêtre pour surveiller la course du soleil. C’était si oppressant.

L’elfe Firmin était venu la chercher à peine avait-elle enfilé la longue robe jaune d’or qui lui avait été préparé ce matin, certainement lors de son bain. Alice n’avait plus l’habitude de porter autant de dentelle à même sa peau, mais il fallait reconnaître que cela lui avait manqué. Dans ces vêtements là, où se mêlaient des tissus tous plus coûteux les uns que les autres, Alice se sentait à sa place, bien plus que dans ceux provenant de quelques boutiques moldues tant appréciées par Imogen pour leur accessibilité et leur "originalité".
Sans un mot, Alice avait suivi l’elfe dans les escaliers qu’ils descendaient, peut-être un peu trop vite à son goût, il lui avait fallu se tenir à la rembarre. L’elfe ne s’en était pas occupé. Toujours pas de lumière du jour dans le vestibule, rien que ces lumières colorées d’or pâle flottant un peu partout.

« Pourquoi n’y a t-il pas de fenêtre ? » demanda Alice. L’elfe garda le silence un moment, avant de répondre d’une voix blanche. « Pourquoi mademoiselle voudrait-elle des fenêtres ? » Cette réponse la désarma tant qu’elle ne parvint à modifier sa question.
Firmin la conduisit à la première porte que desservaient les escaliers, soit de longues marches plus bas depuis sa chambre. L’enfant pénétra dans la pièce, longue et haute. Il s’agissait d’une salle à manger pour de nombreux convives. Pas de fenêtre ici non plus, mais de grands tableaux animés par des occupants silencieux. Ils avaient posés quelques regards sur Alice alors qu’elle s’avançait dans la pièce, sans oser les regarder. Sur la longue table de bois blanc trônait un petit déjeuner à la française, garni de croissants, de pains au chocolat, de fruits, de tartines, de confitures de pêche, framboise, groseille, fraise, pomme, caramel et melon, de jus d’oranges, pamplemousses, abricots et pommes, de café, de thé, de tisane et de chocolat fumant. Alice aurait pu croire qu’il s’agissait là du banquet de la Grande Salle de Poudlard.

Alice jeta quelques regards autour d’elle, cherchant tante Élise ou qui que ce soit - elle peinait à croire que ce repas soit pour elles seules - mais pas l’ombre d’un Fléreur. Aussi s’installa t-elle à table.

« Malapprise » cracha une femme dans un tableau, et Alice se leva de suite, ses joues empourprées. « Grossièreté de petites gens » siffla une autre avec mépris. Alice n’était pas malapprise, ni grossière. Ça non ! A moins que quelques bribes du protocole ne lui aient échappé ?

« N’écoutez pas ces bécasses, douce enfant » lança tante Élise en refermant la porte dans son dos. « Elles ne ratent jamais une occasion de rabrouer les vivants. Installez vous, je vous en prie. »

L’arrivée de sa tante n’était pas pour déplaire à l’enfant qui se sentait on ne pouvait plus mal à l’aise. Elle sourit, et s’installa. Tante Élise prit place en face d’elle. Ses longs cheveux blancs étaient attaché en un chignon sophistiqué d’où s’extrayaient quelques mèches tressées de fil d’or. La robe ivoire qu’elle portait aujourd’hui était grandiose. Sur sa poitrine était plaqué un enchevêtrement de dentelle blanche et de broderie d’or exhibant quelques lions rugissants. La longueur tombait le long de ses jambes avec plus de simplicité, mais pas moins de beauté.

« - Avez vous passé une bonne nuit ? demanda tante Elise en attrapant une tartine préalablement nappée de confiture de pomme.
- Oui ma tante, répondit Alice en se saisissant d’un pain au chocolat. Le lit est merveilleux, la chambre également. Oh, cet endroit aussi.
- Le manoir est enchanteur, vous avez raison. Je ne me lasse pas de contempler chaque pièce qui le compose.
- Qu’est-ce que ce manoir ? Où sommes nous, en réalité ?
- Il y a des secrets que je souhaite conserver, aussi bien pour votre sécurité que pour celle de cet endroit.
- Que craignez...
- Alice, que portez-vous à votre doigt ? »

Tante Elise avait enfin remarqué la chevalière qui appartenait jadis à son grand frère. Lorsqu’Alice tendis la main pour lui montrer, elle s’en saisi avec douceur mais fermeté.

« - Grands dieux, mais que faites-vous donc avec la chevalière de votre père ?
- Il l’a confié à onc... Kenneth avant d’être emmené par le Conseil. Kenneth me l’a donnée le jour de mes douze ans. »

Tante Élise ne dit mot, son visage n’avait pas cillé un seul instant. Cette chevalière suscitait beaucoup de choses au sein de sa famille. D’abord avec Thomas, et maintenant avec tante Élise. Elle aurait aimé comprendre pourquoi, ce n’était pourtant pas trop demandé. Tante Élise la relâcha sans un commentaire, souriant même un peu comme pour assurer à sa nièce que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Alice n’était pas idiote.

Alice n’obtint aucune réponse sur ce drôle d’endroit, aucune non plus au sujet de la chevalière de Père. Il y avait de nombreux secrets, on l’en tenait à l’écart. Elle n’aimait pas cela, car elle en éprouvait quelques envies d’enquêter.

« - Elle est importante, n’est-ce pas ?
- Qui donc ?
- Cette chevalière.
- Chaque héritage à son importance, enfant. Certains plus que d’autres. Auriez-vous des choses à me confier à son sujet ? »

Alice ne savait qu’en dire. Elle secoua la tête. « Au moins habille t-elle joliment votre main » conclu tante Élise avant de déguster sa tartine.
Des choses arrivaient depuis qu’elle avait enfilé cette chevalière, l’an passé. Mais... non, ce n’était rien. Alice était parfois perturbée, mais quoi de plus normal après tout ce qui lui était arrivé ? Tante Élise devait la savoir forte, il était hors de question d’avouer quelques faiblesses morales.

« Comptez moi les événements de votre vie, depuis que nous nous sommes quittées. Je sais que vous avez hérité de la malchance des femmes Sangblanc. »

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN

06 sept. 2020, 15:23
 solo  Dans les serres de l’hippogriffe
Tante Élise avait écouté, sans un commentaire, pas même lorsqu’Alice lui avait dit qu’un Manteau Noir avait bien failli la tuer l’an passé. Elle n’avait pas non plus bronché en apprenant que sa nièce aurait vécu avec un professeur d’Étude des Moldus si ce dernier n’avait pas décidé de rompre cette promesse après avoir été séquestrés par ses sujets d’étude. Pas un mot quand Alice lui compta avec quelle cruauté Carry Harrison s’en était prise à elle lors du bal d’Halloween. Aucun non plus pour Kenneth et Imogen qui l’avaient abandonnée.
Oh, si, il y avait bien eu une réaction, à un moment. Ce fut quand Alice raconta comment son amoureux l’avait humiliée devant toute l’école en embrassant une autre fille qu’elle. Tante Élise avait roulé des yeux, Alice l’avait très clairement vu.

Alice se tut lorsqu’elle clôtura son année par les vilenies de Mère au sujet de sa cicatrice. Elle avait la gorge sèche, aussi bu t-elle une coupe de jus d’orange. Quel enfant de douze ans pouvait se targuer d’avoir une vie aussi remplie ?

« Vous êtes bel et bien une femme Sangblanc » conclu tante Élise en posant un regard travaillé sur Alice. « Quelques petites mésaventures auraient pu vous être évitées, cependant. Votre cœur brisé par ce ... Christopher, par exemple.»

Alice rétorqua immédiatement.

« - Mon cœur n’est pas brisé, ma Tante. Je suis seulement en colère, parce que je le pensais mon allié. Je pensais pouvoir lui faire confiance. 
- Comme vous pensiez pouvoir faire confiance à Kenneth Bain et ce Né-Moldu ? »

Son cœur, cette fois, elle le sentis se briser dans sa poitrine. De suite, les mains de tante Elise vinrent s’emparer des siennes avec douceur.

« C’est avec la confiance que l’on vous poignardera toujours, douce enfant. Il vous faut être plus prudente. Votre père ne vous l’a t-il pas suffisamment répété ? »

Père lui avait enseigné à être une gentille fille bien élevée. Ces deux hommes là, il les connaissait, il avait même demandé à l’un d’eux de veiller sur elle. Lui même ne respectait pas les mots de tante Élise.
Alice remua négativement la tête.

« Toute une éducation à refaire » dit Élise dans un sourire. Elle libéra les mains de sa nièce. Alice ne savait si il était bien judicieux d’écouter ces conseils là. Monsieur Penwyn et oncle Kenneth avaient toujours pris soin d’elle. Ils n’avaient pas abandonné Alice de leur plein gré : les Moldus les avaient forcés.
Dans le cœur d’Alice dansait une colère qu’elle ne voulait pas laisser poindre. Cette colère là ne devrait jamais éclater, elle mettrait à mal tout ce qu’Alice avait construit si difficilement. Le Merlin, pour commencer.

« Venez, ma douce. Je dois vous montrez quelque chose. » Et elle se releva, suivi par Alice. Le petit déjeuner avait été succulent.

Les deux femmes franchirent la porte de la salle à manger et regagnèrent le vestibule. Tante Elise traversa la pièce jusqu’à rejoindre l’une des quatre portes du rez-de-chaussée. « Chacune de ces portes mènent aux pièces réservées aux elfes de maison. Sauf celle ci. » Ses doigts s’enroulèrent autour de la poignée d’or, et elle ouvrit la porte.

La lumière du jour jailli aux yeux d’Alice qui dû se les protéger de son avant-bras. La chaleur du petit jour lui chauffa durement la peau. A ses oreilles parvint le chant des oiseau et la course délicate d’un cours d’eau. Une brise caressa sa joue, l’invitant à regarder quel endroit merveilleux s’était offert à’ elle.
La grande clairière de la veille était habillée de fleur blanches qui l’embaumait délicatement de leur parfum. Un petit salon de jardin d’osier se tenait là, non loin d’elle, laissant toute la place à la faune et la flore.
La faune, elle se tenait là, représentée en un seul être. Grand-Griffe, l’hippogriffe de Tante Élise. Il courrait à travers la clairière, déployant ses grandes ailes d’or par quelques à-coups, ne prêtant aucune attention à l’arrivée de sa maîtresse et de sa nièce. Sa vue enchantait Alice. Ici, il y était bien, cela ne faisait aucun doute. La forêt s’offrait à lui.

Tante Elise s’avança de quelques pas, Grand-Griffe s’arrêtant enfin. Elle inclina le buste en une révérence soignée, imitée par l’oiseau. Et de cœur, les deux amis se réunirent.
Alice s’avança à son tour et salua l’oiseau d’une révérence. Grand-Griffe, son bec contre la paume de la main de tante Élise, prit le temps de saluer la fillette à son tour.

« - Comme il doit être heureux, par ici, commenta Alice en rejoignant sa tante et Grand-Griffe.
- Il serait bien plus heureux si il pouvait voler, hélas je ne peux prendre le risque à cause des Moldus. Aussi doit-il attendre que je sois disponible pour que nous puissions y aller ensemble. »

Les yeux d’ambre de Grand-Griffe se posèrent sur Alice, et son grand bec vint lui chercher quelques caresses. Elle lui donna sans hésiter, ravie de revoir ce bel animal.

Le bras de tante Élise vint enlacer les hanches de sa nièce pour lui déposer un baiser sur le crâne.

« Plus aucun mal ne vous sera fait, ma douce enfant. Je prendrai soin de vous.  »

Et ce murmure sonna comme une douce promesse aux oreilles d’Alice.

• FIN •

Sixième année RP - 741B47
Étudiante à Beauxbâtons depuis Janvier 2046
Fondatrice du MERLIN