Des plantes qui parlent... enfin qui crient et qui mettent des chaussettes. La première année en resta muette de surprise. Quelques instants plus tard, elle reporta son attention sur les plantes. Donc, ce qu'on voyait, c'était vraiment des yeux et ... Par Merlin ! Il y avait vraiment des choses étranges chez les sorciers. En les observant avec attention, elle nota que certains plants étaient bien plus grands que d'autres et qu'ils semblaient bouger légèrement. C'était vraiment passionnant.

Elle décida de s'appliquer du mieux possible pour faire un dessin ressemblant. Après quelques coups de crayons, elle décida que cette plante aurait bien mérité des couleurs. Un coup d’œil vers sa camarade lui confirma qu'elle était loin d'avoir terminé de son côté. Elle sorti donc sa petite palette de peinture à l'eau. Elle était petite mais très pratique car on pouvait l'emporter partout. C'est sa mère qui la lui avait offerte à Noël. Elle plongea la pointe de son pinceau dans l'eau d'un arrosoir proche et se mit à colorer son dessin.

La douce chaleur ambiante était très agréable et le silence qui régnait dans la serre faisait du bien. Au fur et à mesure qu'elle peignait, la première année se sentait de mieux en mieux. Son sourire ne la quitterait plus d'ici la fin de la journée. Elle alternait un peu de couleur et un peu d'eau, faisant naître sur sa page une petite mandragore dans son pot. Après plusieurs minutes de dessin, elle s'aperçut qu'Alyona avait de toute évidence terminé son dessin.

- Oh tu as fini ! Mais il fallait me dire. Elle ramassa rapidement ses crayons au fond de sa boîte et ferma sa petite palette. C'est chouette ici, ce calme. Je pourrais rester des heures à dessiner... Elle se releva prenant soin de garder son carnet bien à plat pour ne pas faire couler les couleurs puis observa autour d'elle.


Elle se tût pour écouter le silence. D'ailleurs ce n'était pas si silencieux que ça. En tendant l'oreille, on entendait des bruits à l'extérieur, des bruits lointains. A l'intérieur, on entendait la terre. Oui c'était étrange mais on entendait la terre. Enfin ! La terre ne bouge pas toute seule ! On entendait plutôt les plantes bougeant leurs racines. Elle secoua la tête. Les plantes ne bougent pas leurs racines c'était plutôt de l'eau qui s'infiltrait doucement. Oui, c'était surement ça ! Son regard se posa à nouveau sur les mandragores. Quoique... Quelle surprise pouvait encore renfermer cet endroit ? Elle se tourna vers Alyona qui semblait attendre. Deryn bouillait maintenant d'impatience de découvrir les autres espèces de la serre mais elle ne voulait pas prendre toute la place.

- A ton tour de choisir une plante. Qu'est ce que tu veux qu'on dessine ?

Excuse-moi pour ce retard...

J'observe attentivement Deryn se servir d'une palette de peinture à eau. Je n'ai jamais usé de cela. C'est étrange. Mais elle se débrouille bien. C'est beau ce qu'elle fait. Jalousie viendrait presque s'installer dans mon coeur. Mais il n'y a pas de place pour elle dans mon âme. Et puis, après tout, peut-être que Deryn voudrait bien m'apprendre ? Je suis sûre qu'elle accepterait si je lui demandai. Et puis, elle semble y prendre tellement de plaisir. Mais pas maintenant. Peut-être un autre jour. J'ai encore le temps, non ? Maintenant, rêvons le bonheur dans les serres.

« C'est beau ce que tu fais. »

Je désigne son carnet tandis qu'elle range tout son matériel après s'être rendu compte que j'avais fini. Moi je ne sais pas dessiner comme elle. Mais elle a raison, ici, c'est parfait. Ici, c'est calme. Ici, c'est reposant. Ici, c'est inspirant. Ici, c'est un peu comme chez moi. Ici, c'est mille souvenirs, mille rêves, mille instants. Ici, je me sens bien. Et c'est si agréable, cette douce chaleur au fond de mon coeur. Petites flammes brûlantes. Danseuses de Lumière dans mon Âme. Jolies bougies de bonheur. Ne soufflez pas trop fort sur elles car rien n’est éternel.

Un sourire amusé sur les lèvres, je me dirige vers des plantes tout à fait normales au loin.

« Viens, c'est par là. Tu connais peut-être ces plantes de vue, elles sont connues chez les Moldus. »

Je m'arrête face aux petites plantes vertes en pleines période de floraison et me retourne vers Deryn.

« Voici du dictame. C'est une plante très utile. Elle peut soigner de nombreuses douleurs : maux de ventre, infections buccales et dentaires, petites coupures, grossesse à risque et bien d'autre. En fait, elle soigne presque tout. Elle est souvent utilisée en tisane, en huile essentielle comme cataplasme ou même à avaler mais chez les sorciers, on la connait aussi en essence. »

Mon regard se détourne des plantes et mes mains plongent dans mon sac. Elle doit bien être là. Je ne la laisse jamais dans les dortoirs. *Trouvée !* Un nouveau sourire s'installe sur mes lèvres.

« Et voilà ! De l'essence de dictame ! C'est ma grand-mère qui me l'a offerte. Bien utile dans toutes les situations. Comme lorsqu'un rat a très peur et s'attaque gentiment à un bras avec ses petites griffes. »

Mon regard se perd un instant tandis que je me souviens de ce jour où Ecco et moi avons croisé un chat alors qu'Ecco était posé sur mon épaule. Ses griffes sur ma peau ont laissé leurs traces.

« J'ai toujours de l'essence de dictame sur moi. On ne sait jamais ce qui peut arriver. Bon, pour cette fois, ce n'est pas vraiment une plante passionnante comme la Mandragore, mais je la trouve tout de même importante. Et puis, elle est assez jolie. »

Je m'assis de nouveau sur le sol et ressors mes crayons. J'essaye de m'appliquer. J'ai déjà dessiné du dictame, mais avec Deryn près de moi, une étrange pression vient se poser sur mes épaules. Comme si je redoutais le fait qu'elle me prenne pour une débutante en dessin. Alors je me concentre. Mes pensées ne sont tournées plus que sur cela. Sur chaque détail. Chaque couleur. Chaque point. L'environnement apaisant m'aide à me concentrer. Il calme le fleuve bouillonnant de mes pensées. Il réduit les vagues étouffantes de mes sentiments. Doux végétaux. Bel entourage.
Laissez-moi emplir mes sens de votre présence.

S'enivrer de l'odeur printanière, de la douceur des parfums, de la beauté de l'instant. Laisser l'air humide embraser ma peau. Écouter le bruit de la terre, le silence des plantes, les frémissements de certaines, les traits des crayons. Observer les couleurs vives, les formes apparaître sur les feuilles blanches, la douceur des courbes des plantes, la beauté des environs, le baiser de la lumière. Goûter les arômes floraux de l'air. Profiter de l'instant. Se laisser rêver. Disparaître dans l'océan calme des lieux.
Laissez-moi goûter aux rêves.

Holala... désolée, désolée, désolée...

L'irlandaise sourit au compliment de sa camarade avant de la remercier. Depuis qu'elle avait reçu sa peinture, Deryn n'avait pas pris beaucoup de temps pour l'utiliser. Il faut dire qu'elle avait tendance à remplir ses journées de façon assez intense. Toujours un grand projet en cours, un ou une camarade avec qui se balader, la vie à Poudlard était des plus trépidantes et heureusement car les élèves ne rentraient pas souvent chez eux.

La première année suivit son aînée jusqu'à un autre recoin de la serre. Là, de jolies fleurs blanches attirèrent son attention. Une plante d'aspect plutôt banale. Elle présentait de longues tiges, parsemées de petites feuilles vertes et arrondies. Des petits aspérités blanches donnaient envie de les caresser car elles semblaient douces au toucher. Fronçant les sourcils, Deryn cherchait dans sa tête où elle avait déjà vu des fleurs de la sorte. Oui, elles ressemblaient un peu aux fleurs de chèvrefeuille. Cette plante certes toxique, sentait si bon en soirée que Deryn aimait s'asseoir au pied des buissons envahis au bout du jardin pour profiter de leur parfum enivrant. Intriguée, elle approcha donc son nez, tout en restant à une distance raisonnable au cas où, pour humer le potentiel parfum du dictame.

La déception s'installa alors qu'aucune effluve digne de ce nom ne pénètrait ses narines. Elle s'éloigna donc un peu pour écouter les informations que lui délivrait Alyona. La petite plante remontait déjà dans son estime. C'était étonnant de penser qu'une si petite choses pouvait servir pour autant de maux. Deryn pencha légèrement la tête sur le côté en plissant les yeux afin d'observer la petite fiole de sa camarade. Ça c'était une bonne idée ! Surtout quand on s'appellait Deryn et qu'on passait son temps à grimper dans les arbres quelque soit la météo annoncée. Elle secoua la tête, mémorisant mentalement la nécessité de s'en procurer pour les années à venir. Mais...

- On peut en acheter de l'essence de dictame ? Parce que moi ma grand-mère ne risque pas de m'en fournir. Celle d'Irlande est morte enfin je crois et celle de Londres... Elle fit une petite pause. Je me demande si je vais la revoir un jour. Si ça se trouve elle me voit comme un monstre maintenant. Elle doit surement regretter de m'avoir acheter ce stupide tee-shirt rose l'été dernier.

Tout en parlant, elle avait ressorti ces crayons. Elle observait les feuilles, se demandant comment elle pourrait rendre cet aspect cotonneux sur sa feuille de papier. C'était probablement au-delà de ses compétences pour le moment. Elle se contenta donc de tracer avec soin le contour des feuilles. Certaines formaient presque des cœurs. Deryn sourit.

- En fait en la regardant avec attention, on peut presque deviner que cette plante est une bonne plante regarde : des feuilles arrondies en formes de petits cœurs qui semblent doux comme du coton.

Elle avait fini son dessin. Elle n'était pas totalement satisfaite mais elle ne ferait pas mieux aujourd'hui. Elle ferma donc son carnet et, assise en tailleur à même le sol, elle se tourna vers Alyona.

- Ta grand-mère c'est une sorcière ? Elle fait pousser son propre dictame ?

À mon tour de m'excuser pour ce retard affreux et ce post assez moyen ...

Je tourne la tête vers Deryn en l'entendant prendre la parole. Acheter de l'essence de dictame ? Oui, il me semble que c'est possible. Je crois même qu'on pouvait en acheter chez Apothic'herbes avant que le bâtiment ne brûle. Mais maintenant, certains sorciers doivent bien en vendre à Londres ou à Godric's Hollow. C'est un produit assez courant et utile. Oh, et puis, peut-être que les Moldus en vendent aussi ? J'aime bien l'essence de dictame. Cela me rappelle de si beaux souvenirs avec Mamie. Comme ce jour où j'avais glissé sur la glace en Russie. Je me souviens, Grand-mère avait les sourcils si froncés tant elle était concentrée à masser mes petites mains abîmées qu'ils se rejoignaient presque. Et son sourire quand elle avait fini. Il aurait pu réchauffer une pièce entière en plein hiver. Grand-mère a le don de rallumer les étoiles dans les yeux. *J'aimerai bien avoir ce don moi aussi. D'un sourire, illuminer les pupilles et faire s'étirer les lèvres.*

Mes pensées semblent s'écrouler tel un château de cartes quand Deryn me parle de ses grand-mères. Apprendre que l'une est morte et l'autre a tourné le dos à Deryn me met mal à l'aise. Comment peut-on tourner le dos à sa famille ? Comment Deryn fait elle pour que sa voix ne se brise pas en disant cela ? Je ne sais pas ce que serait ma vie sans mes deux grand-mères. Elles ont tracé les lignes de mon enfance. Elles ont ris avec moi. L'une a vu mes premiers pas et l'autre mes premières phrases complètes. Je ne peux oublier. Oublier est trop dur. Les souvenirs sont comme des cicatrices. Toujours présentes. Je ne peux m'empêcher d'être admirative devant la façon dont Deryn prononce cela. Comme si elle s'était détachée de tout ça. Je ne sais pas si j'aurais réussi à sa place.

« Oui, bien sûr. Je suis certaine que tu peux en trouver à Godric's Hollow ou à Londres. »

Inspiration. Je me surprends à prendre une voix plus calme et chaleureuse.

« Je suis désolée pour tes grand-mères ... Tu sais, tu n'es pas un "monstre". Tu es une sorcière. Et les sorciers ne sont pas des monstres. Et puis, peu importe si ta grand-mère regrette son cadeau, tu étais la même l'été dernier. Seules les choses que ta grand-mère sait ont changé, pas toi. »

Je souris à la Poufsouffle avant de reprendre mes crayons pour terminer mon dessin. Mes yeux ne cessent de faire des aller-retours entre la plante et ma feuille, s'arrêtant sur chaque détail, observant toutes les formes et tous les traits. Mes sourcils se froncent tant je suis concentrée. Oh, ces moments à dessiner ainsi face aux plantes me rappellent tant le Passé. Le sourire de Maman quand elle peignait. L'odeur des fleurs dans les serres de Mamie. Une photo sur l'étagère dans le salon, souvenir de mes premières peintures. Et tout cela me fait sourire. Certains souvenirs sont si beaux, si agréables, si doux.

Je sursaute quand Deryn reprend la parole. Oh, si seulement l'apparence pouvait nous apprendre qui est gentil et qui ne l'est pas ! Malheureusement, pour cette fois-ci, je crois que ce n'est qu'une coïncidence. Une jolie coïncidence. J'aimerais croire que la Nature a donné au dictame une belle apparence pour nous montrer que c'est une bonne plante. Tout serait plus simple ! Je hausse les épaules en me tournant vers Deryn. Cependant, elle a raison, la forme des feuilles du dictame et leur douceur pourrait être un signe que cette plante est bonne. Même si j'en doute.

Je reprends mon dessin, ajoute quelques couleurs par-ci, d'autres par-là. J'aime donner vie aux plantes sur mon carnet. Comme des captures de ce que je vois. Des souvenirs dessinés. Presque comme des photos, mais immobiles et moins réalistes. *Mais qui sait ce qui est réaliste et ce qui ne l'est pas ? Nous avons tous une vision différente des choses, non ?* Je repose mes crayons à côté sur le sol et plisse les yeux tout en reculant un peu ma tête pour comparer mon dessin et les plants de dictame face à moi. Cela me semble plutôt pas mal. Après un regard vers la Poufsouffle, je constate qu'elle aussi a terminé son dessin. Peut-être même avant moi. Tout en rangeant mes crayons, je réponds à la question posée par Deryn quelques secondes auparavant.

« Oui, ma grand-mère est une sorcière. Elle prend soin des serres de mon grand-père, il était botaniste. Avant, elle vivait en Russie mais maintenant, elle vit en Écosse pour être près de Maman et moi. Elle fait pousser tous genres de plantes dont le dictame. Ensuite, elle concocte quelques petites choses avec comme de l'essence de dictame. J'avais quelques bases en potion en arrivant ici grâce à elle. »

Je me relève avant d'attraper mes affaires. Maintenant, c'est au tour de Deryn de choisir la plante que nous allons voir. Je suis curieuse du choix qu'elle fera. Je suis certaine qu'elle nous emmènera voir une belle plante intéressante. Toute cette aventure dans les sertes m'enthousiasme tant ! Je suis sûre que grand-mère sera très curieuse de découvrir mes dessins et les plantes que nous avons vues. Elle aime bien fouiller dans mon carnet pour y lire mes notes et mes découvertes.

« Aller, maintenant c'est à toi de choisir la plante que nous allons dessiner ! »

Deryn médite les paroles de sa camarade. Finalement elles se connaissent assez peu. C'est étrange car elle apprécie réellement Alyona sans pour autant connaître grand chose d'elle, elle s'en rend bien compte à cet instant. Elle soupire intérieurement. Qu'est ce qu'elle aurait aimé avoir une sorcière ou un sorcier dans sa famille. Elle adorait les siens, là n'était pas le problème mais plus elle leur écrivait plus elle se rendait compte du fossé qui s'élargissait entre eux : les non-dits, les secrets, les trucs qu'elle ne pouvait pas leur dire ni leur montrer. Un instant elle s'imagina ce qu'il serait advenue de son entrée à Poudlard si sa grand-mère avait comme Alyona été botaniste ou potionniste. Elle sourit en imaginant des promenades dans les landes du Connemara à la recherche de plantes magiques et de créatures secrètes. Mais en même temps elle n'avait aucune envie de faire une croix sur ses randonnées à cheval avec Audran.

- Tu as raison. Je n'ai pas vraiment changé mais j'ai changé un peu quand même à l'intérieur. C'est bizarre de se dire qu'on est différent des autres membres de sa famille en fait. J'avais pas forcément envie d'être différente d'eux mais en même temps, je ne voudrais pas revenir en arrière. Pour rien au monde... Un instant, elle écouta le bruit de l'humus et des plantes, le vent dehors et les rires au loin dans le parc et décida qu'il était temps de redémarrer. Si c'est mon tour, ... allons par là !

Deryn s'avança parmi une allée de terre sèche jusqu'au fond de la serre. Là, elle s'arrêta en fronçant les sourcils et se pencha légèrement en avant.

- Celle là, elle ne m'inspire pas confiance. Regarde là. Ces petites feuilles pointues, et ces espèces de fleurs blanches bizarres. Elle, je la met pas dans mon jardin, je préfère le... dictame c'est ça ? J'ai du mal à retenir le nom des plantes. C'est marrant. Pourtant ça m'intéresse mais j'ai du mal à retenir leur nom alors que le nom des animaux, ils restent sans aucun soucis. Bon, on va quand même la dessiner cette plante. Il ne faut pas se fier aux apparences il parait.

Elle s'installa donc sur son séant et ressortit son petit matériel, prête à faire apparaître sur son papier les étranges fleurs blanchâtres. Elles avaient l'aspect de... de quoi d'ailleurs ? Un long museau un peu arrondi.

- Comment elle s'appelle cette plante au fait ? Quelle chance elle avait d'être là avec Alyona. Une élève bien plus grande qu'elle et avec d'évidentes connaissances en botanique. L'irlandaise laissa un sourire lui envahir le visage en repliant ses jambes sous elle, tel les indiens dans les livres d'histoires pour enfants. Son crayon commença doucement à caresser le papier de son carnet, faisant apparaître des tiges, des feuilles et des pétales.

Je suis honteuse : mes trois dernières réponses sont arrivées avec un retard monstrueux. J'espère que tu ne m'en veux pas trop...

Jamais je n'aurais aimé être née dans une famille de Moldus. De nombreuses choses auraient été différentes. Je serais allée dans une école moldue, j'aurais découvert la Magie avec mon entrée à Poudlard, j'aurais connu des choses moldus et peut-être même regretté mon statut de sorcière. Oh, je serais passée à côté de tant de belles choses ! Aurais-je aussi regretté ma vie de Moldue comme certains élèves ? Je ne peux m'imaginer être Née-Moldue, c'est bien trop difficile et affreux. Je plains Deryn de ne pas avoir grandi dans une famille de Sang-Pur, elle y aurait beaucoup mieux vécu. Être ainsi coincée entre deux mondes si différents tout en sachant que celui dans lequel on a grandi est aussi celui de personnes cruelles et inférieures doit bouleverser notre façon de penser. Peut-être que Deryn ne doit pas être très à l'aise chez elle, entre tous ces Moldus dépourvus de Magie. Un frisson me parcourt avec l'idée que de telles personnes puissent nous empêcher de vivre libres et nous forcer à nous cacher derrière nos mensonges et nos sortilèges d'Amnésie. *Un jour, nous pourrons user de nos sortilèges devant le Monde sans qu'un Moldu n'hurle de terreur.*

Je me dépêche de suivre Deryn, déjà partie à la recherche d'une nouvelle plante. Elle décide finalement de s'arrêter au fond de la serre face à un plant d'aconits qu'elle ne semble pas reconnaître. Les Moldus n'apprennent-ils donc pas à leurs enfants à reconnaître les types de plantes ? Ou tout du moins les plantes dangereuses ? C'est pourtant une information essentielle que tout le monde devrait savoir, surtout quand l'on sait que la jolie plante qui me fait face peut tuer. L'aconit est fortement dangereux. Deryn se remet à parler et je l'écoute avec attention. Une pointe d'amusement vient pétiller dans mes yeux quand elle m'annonce que cette plante ne lui semble pas fiable ; je devrais l'emmener un jour en forêt à la recherche de champignons pour tester son intuition, elle me semble plutôt bonne. De toute manière, comment l'aconit peut-il paraître fiable quand on sait que ses feuilles sont toxiques ? Il me semble qu'on racontait dans la mythologie que cette plante venait de la bave de Cerbère. Peut-être que Deryn n'a jamais lu de livres de mythologie ? Cela m'étonnerait car ce sont certainement les seules inventions moldues intéressantes et fascinantes. A moins que Deryn ne prenne pas de plaisir à lire ce genre de livre, ce qui est tout à fait possible.

Je m'assieds à mon tour sur le sol, reposant sur mes cuisses et mes genoux mon carnet. Tout en préparant le matériel dont j'ai besoin, je prends la parole pour mettre en garde Deryn et lui en apprendre un peu plus sur cette plante fascinante mais dangereuse.

« C'est de l'aconit, ou napel, connue aussi sous le nom de tue-loup. Surtout, ne touche jamais cette plante sans gants, elle peut être mortelle. Ses feuilles sont toxiques. » Hmmm. Que rajouter ? Peut-être lui parler des bons côtés de cette plante ? « Cependant, elle est utilisée dans la concoction de potions. Tu connais la potion Tue-loup ? Elle aide les loups-garous à se contrôler durant la pleine lune. Tu peux aussi la trouver dans la potion de l'Œil Vif qui empêche les gens de dormir ou les réveille. » Je fais une pause avant d'hausser les épaules. « Comme quoi, même les plantes dangereuses ont leurs utilités ! »

Je reporte mon attention sur les fleurs de l'aconit en bourgeon avant de commencer à les dessiner comme si j'avais besoin de concentrer mes pensées dessus avant de pouvoir retracer leurs contours. C'est étrange qu'une plante aussi dangereuse puisse avoir des fleurs blanches quand on sait que le blanc est synonyme de pureté et de paix. Peut-être est-ce un hasard ou un simple contraste décidé par la nature. Ces fleurs blanches qui ne semblent pas à leur place sur cette plante toxique me dérangent. Il y a quelque chose d'anormal à cette présence. Ces bourgeons de pureté seraient-ils l'œuvre d'un hasard étrange ou celle d'une nature déconcertante ? Elles sont comme les fleurs d'un cactus ou les voiles d'un navire se détachant sur le fond bleu de l'océan ; des éclats de pureté sur un fond de terreurs. Je ne sais pas si c'est la présence de cette plante toxique près de moi ou celle de ces fleurs contrastant avec l'aconit qui me rend mal à l'aise mais il y a quelque chose chez cette plante qui me dérange. *Peut-être les deux* Je finis par hausser les épaules et continue à dessiner.

Ma feuille blanche est devenue noire. Dessiner l'aconit avec du fusain me semblait bizarrement plus approprié. Je contemple quelques secondes le résultat de ces traits et ces coups d'œil avant de lever ma tête de mon carnet. Deryn semble bientôt avoir terminé. Je l'observe un petit peu avant de me lever pour essuyer mes doigts noirs contre mon pantalon. Cela me rappelle un peu Grand-Mère et son tablier plein de couleurs étonnantes et de traces de doigts. Je souris en me la remémorant ; je crois qu'elle me manque un peu des fois.

« Hmmm... » Je tourne sur moi-même pour parcourir du regard le reste de la serre. « Je ne crois pas qu'il nous reste une plante. » Je baisse les yeux sur ma montre. Presque seize heures vingt. « Cela te dirait de sortir quelques minutes dehors ? Pour se dégourdir un peu les jambes après tout ce temps où nous étions assises et pour respirer les bonnes odeurs d'avril ? »

Je regarde Deryn tandis que le sourire sur mon visage s'étend doucement. M'imaginer respirer l'air frais extérieur fait naître en moi une belle envie de liberté. Je crois que le vent dans mes cheveux me manque un peu lui aussi.

Deyn s'était avancée pour bien voir les détails de cette étrange spécimen mais recula prudemment en écoutant les informations délivrées par sa guide botanique du jour. Cette plante faisait vraiment froid dans le dos. Dire qu'elle poussait à l'état sauvage. Deryn ne s'était jamais vraiment préoccupée des plantes qui l'entouraient. Elle connaissait celles qui plaisaient aux bêtes et celles qu'il ne fallait pas les laisser manger mais ça s'arrêtait là. D'ailleurs elle n'aurait même pas su donner des noms. Parfois elle savait juste que telle ou telle plante était toxique. Elle observa attentivement la Tue-Loup en plissant les yeux. Elle se concentrait pour se souvenir de sa forme, de sa couleur, ... Bref pour ne pas l'oublier et bien la garder dans un coin de sa tête.

Elle reprit ensuite son dessin, se laissant bercer par les bruissements de la serre. Le grattement de sa mine sur le papier ronronnait à ses oreilles. Elle se mordilla la lèvre sans s'en rendre compte en reproduisant plusieurs fois les fleurs. Le résultat ne lui plaisait pas. Quelque chose la gênait. Elle finit après avoir gommé plusieurs fois par se décider pour une version pas trop mauvaise à ses yeux. Ce serait le dessin qui la laisserai la plus insatisfaite aujourd'hui.

Alyona avait terminé elle aussi. Son dessin au fusain était très réussi. Et Deryn sourit en pensant au contraste entre sa mandragore colorée et ce Napel noir. Suite à la remarque de la Serdaigle, elle fit elle aussi un rapide tour visuel de la serre. Elles semblaient effectivement à voir fait tout le tour. Déjà ! Le temps était passé vite et en même temps, la luminosité lui indiquait que l'après-midi devait être bien entamée.

- Oui, une petite marche pour rejoindre le château fera du bien ! Elle se redressa et s'étira en baillant. La douce chaleur de la serre et le silence apaisant qui y régnait l'avait un peu endormie. Les deux jeunes filles retournèrent vers la sortie. Deryn observa avec attention la plume à papote qui notait toujours les allers et venues puis passa la porte. Le monde magique était vraiment fascinant. Une fois dehors, elle sourit en présentant son visage aux rayons du soleil de cette journée d'Avril. Le vent frais ébouriffa ses cheveux et elle frissonna après avoir passé autant de temps au chaud.

Deryn remonta son col puis se tourna vers Alyona qui semblait elle aussi apprécier de prendre un peu l'air.

- Merci pour cet aprem dans les serres, c'était vraiment sympa. J'ai appris plein de truc grâce à toi. Maintenant il va falloir que je les retienne. Quelle est ta plante préférée parmi celles que tu as étudiées depuis ta première année ? Tu as vu presque toutes les serres maintenant non ?

Elle jeta un œil aux serres en parlant. Dire qu'il y avait tout ça à découvrir ! Elle ne s'ennuierait pas de sitôt en botanique. Les deux élèves reprirent donc le chemin du château en bavardant, Alyona répondant patiemment aux réponses de la première année.

Et voilà ! Terminé pour moi aussi ! Ce sera un plaisir de te retrouver pour un autre bout d'histoire.
Dis moi si tu veux que je modifie quelques chose sur la fin à propos d'Alyona.