Perdu dans ses pensées, Eridan déambulait dans les couloirs de Poudlard. Il venait de finir quelques instants auparavant son petit-déjeuner et s'apprêtait à rejoindre la bibliothèque pour étudier. Il avait quelques devoirs à finir et une lecture qu'il avait hâte de reprendre. Pour une fois, qu'il ne pensait pas à l'actualité du monde magique. La découverte des colliers de ronces à son retour au château de ses vacances l'avaient particulièrement choqué et s'il culpabilisait parfois de ne pas se battre pour son école, il était plus que soulagé de ne pas être l'un des champions de Poudlard. En dehors de ses études et lecture de la Gazette, une jeune fille occupait ses pensées. Une jolie blonde à qui il n'avait pas adressé la parole depuis plus de mois à présent. A chaque fois qu'il l'apercevait au loin, dans la Grande Salle notamment, il ne pouvait s'empêcher de s'attarder sur les traits de son visage, se trouvant particulièrement ridicule de ne pas réussir à aller la saluer convenablement.

Ce qu'il attendait ? Il n'en savait trop rien. Il était de plus en plus évident qu'il appréciait la jeune fille, qu'il avait même ce que ses camarades de promotion appelait un béguin, mais Eridan était bien trop réservé pour se l'avouer et encore plus pour le dire à la principale concernée. Il s'était pourtant inquiété et questionné sur la naissance de la jeune fille, suite au décret qui avait été instauré le 30 novembre dernier en même temps que l'annonce de la délibération du procès d'Ursula Parkinson. Lui n'était pas impacté par ces mesures et ne pensait pas le moins du monde que les né-moldus valaient moins que les né-sorciers et il espérait qu'il en était de même pour la jeune fille, aussi bien qu'elle n'était pas concernée qu'elle ne soit pas sectaire. Mais malgré qu'il en mourait d'envie, aussi bien de savoir que de prendre de ses nouvelles, il était resté dans son coin et ne l'avait pas approché, se contentant de l'observer de loin.

Déjà dans son essai de métamorphose et du plan qu'il souhaitait faire pour son devoir, le garçon manqua de peu de renverser la jeune fille qui venait tournait à l'angle du couloir. Réagissant au quart de tour en attrapant l'élève par les bras pour les stabiliser tous deux sains et sauf, Eridan cligna deux fois des yeux avant de s'exclamer : « Megan ! » en reconnaissant la jeune fille. « Désolé ! Ça va, tu n'as rien ? »

« Ça va aussi ! » répondit Eridan un petit sourire accroché à ses lèvres en lâchant sa prise sur le bras de la poufsouffle. Elle était terriblement mignonne, emmitouflée dans son manteau, les joues rougies par le froid et sans doute un peu par sa course dans les couloirs. Et lui se sentait sacrément bête, ne sachant pas quoi lui dire, se contentant de replacer la lanière de son sac sur son épaule droite. Une chance pour Eridan, Megan reprit la parole, le faisant pouffer de rire. Il ne put toutefois s'empêcher de penser que si la croiser dans les couloirs devenait une habitude, il en serait plus que ravi bien qu'il comprenait la jeune fille qui avait sans doute dit cela pour le fait qu'ils se bousculaient sans cesse, ce dont Eridan se serait bien passé également. « Y'a aucun problème, » déclara doucement le garçon avant de se décaler pour laisser la poufsouffle passer.

« Un bonhomme de neige ? » répéta le garçon intrigué alors que la jeune fille reprenait déjà son chemin avant de conclure, réitérant son envie et accord de l'accompagner pendant une sortie scolaire ou au moins, de la rejoindre pour boire une bièraubeurre au Trois Balais. « Tu me raconteras ça à Pré-au-Lard oui. » Ne lui restait plus qu'à trouver le courage d'aller lui parler un autre jour, pour caler une date. Une date pas un date, n'est-ce pas ? Il n'était pas assez intéressant pour lui plaire, si ? Le ventre du garçon se noua rien que d'y penser, de stress ou de déception, il ne savait plus, il ne voulait pas savoir. Il la regarda quelques secondes s'éloigner, avant de tourner les talons, se marmonnant à voix basse pour lui-même. « Tu dérailles mon vieux, c'est juste pour boire un verre... »

Cela faisait déjà deux bonnes heures que le serdaigle était réveillé. De nature matinale, il se levait très souvent avant le soleil. La plupart du temps il descendait s'installer dans sa salle commune, qui déserte, était extrêmement paisible et agréable. Mais malgré le confort promit par son fauteuil préféré installé devant la cheminée, le garçon ne quitta pas son lit ce matin-là, trop à l'aise bien au chaud sous sa couette. Eclairé par la douce lueur d'un Lumos bien maîtrisé, il lisait son livre et comme souvent, il avait du mal à décrocher. Ses camarades commençaient à se lever, signe qu'il était tant pour lui de s'activer s'il voulait éviter la foule dans la Grande Salle mais impossible de se résoudre à arrêter sa lecture au milieu d'un chapitre. Se disant que ça ne lui ferait pas de mal de socialiser pour une fois, Eridan descendit en compagnie de ses camarades de classes pour prendre son petit déjeuner, hochant poliment de la tête de temps à autre, simulacre de réponse agrémentée d'un sourire en guise de participation aux bavardages.

Le petit groupe s'approchait de l'entrée quand le garçon croisa le regard de Megan. S'efforçant de rester calme et de ne pas rougir, il leva à son tour la main pour lui retourner son salut. Un de ses camarades lui donna un coup de coude, agrémenté d'un clin d'œil appuyé -dont il se serait bien passé- voyant qu'elle s'approchait, avant de s'éloigner en compagnie des autres garçons de serdaigle qui ricanaient bêtement. « Salut ! » répondit un peu gêné le garçon, non pas à cause de l'énergie qui se dégageait de la jeune fille mais parce qu'elle venait lui parler devant tout le monde. « Oui, c'est exact ! » continuait-il en reprenant légèrement contenance. « Je dois juste passer m'acheter de l'encre. Mais on se retrouve après ? Directement au 3 balais ? Vers 16h, ça te va ? » Le garçon patienta quelques instants, le temps que la jeune fille le contredise en lui donnant ses propres impératifs ou accepte sa proposition avant de pointer la Grande Salle et amorcer son mouvement dans cette direction. « Du coup, j'vais rejoindre les garçons... Je suppose toi aussi ? Bon appétit ! »