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25 oct. 2021, 13:59
Implosion, explosion  PV 
@Aelle Bristyle


Septembre 2046, un mercredi, 12h29.

Les bras croisés, adossée au mur du couloir, Kristen Loewy attendait presque patiemment la fin du cours d'Histoire de la Magie des élèves de sixième année. Elle regarda une fois de plus sa montre : une nouvelle acquisition, d'ailleurs. Un joli cadeau d'Aude pour son anniversaire. Le bracelet argenté était assez épais, mais le cadran restait fin et délicat. Les chiffres étaient remplacés par des runes argentées sur fond noir, qui correspondaient apparemment à un certain alignement des planètes qui devait devait donner l'heure... ou quelque chose de ce genre. Elles changeaient de temps en temps, si bien que même si on n'était pas expert des runes, on pouvait toujours se repérer par la lecture classique d'un cadran. C'était plus esthétique qu'autre chose, donc. De l'autre côté de la porte, les élèves devaient sentir approcher la fin du cours. On pouvait ressentir une petite agitation naissante : des affaires qui se rangeaient, des livres qui se refermaient un peu trop tôt... Et puis, la fin du cours arriva, la porte s'ouvrit et les premiers élèves, fort impatients d'aller déjeuner, se précipitèrent hors de la salle, oubliant probablement de dire au revoir à leur professeur - quelle bande d'ingrats.

Ceux qui croisèrent le regard de Kristen murmurèrent toutefois un bonjour indistinct, baissant la tête, faisant presque semblant de ne pas l'avoir tout à fait vue : si la directrice est là, c'est qu'il se passe quelque chose de pas tout à fait net - j'espère que ça n'a rien à voir avec moi ! S'étant redressée, Kristen leur rendit leur salut d'une voix tout aussi absente et d'un faible hochement de tête. Elle tentait de repérer dans cette masse l'élève qu'elle cherchait, des cheveux châtain un peu décoiffés, un uniforme aux couleurs de la maison d'Helga.

Quand elle la vit, Kristen haussa le menton, comme pour mieux faire sentir sa présence. Elle ne pouvait quand même pas la louper !

« Mademoiselle Bristyle, fit-elle en regardant les quelques curieux qui restaient dans le coin. »

Il n'était pas temps de l'appeler Aelle, comme ça, devant tout le monde. Posture de directrice oblige.

« Voulez-vous m'accompagner dans mon bureau ? »

Évidemment, ce n'était pas une question.

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26 oct. 2021, 18:40
Implosion, explosion  PV 
Septembre 2046
Couloirs — Poudlard
6ème année



Le brouhaha des élèves qui se lèvent, pressés d’aller manger, ne m’émeut pas. Tranquillement, je termine de noter sur mon parchemin les derniers mots prononcés par la professeure. Puis je prends soin de reboucher mon flacon d’encre, de ranger ma plume dans ma boite en fer, de replier mon parchemin ; bref, tout est bon pour m’occuper le temps que les élèves de ma classe quittent la salle. Laisser la troupe bruyante s’éloigner de moi. Ils m’exaspèrent. Ils m’exaspèrent toujours et j’ai beau les supporter depuis cinq ans, c’est toujours la même chose. Leurs pensées futiles me fatiguent. Parce qu’à les voir se ruer vers la sortie, c’est facile de deviner ce qui hante leur esprit : le repas du midi, la perspective d’avoir une pause avant la reprise des cours ou les vaines occupations qu’ils se sont trouvés pour l’après-midi. Rien d’intéressant ne se passe dans ces têtes-là. Alors je les laisse s’en aller avant de quitter la salle de classe à mon tour.

Ça murmure, par là-bas. Ça me fait mal à la tête, toutes ces discussions de couloir. N'ont-ils que cela à faire, discuter à la sortie des cours ? Je suis l’une des dernières à quitter la salle pour intégrer la foule mouvante des couloirs. Je salue ma professeure du bout des lèvres, baisse la tête pour éviter d’avoir à croiser le regard de qui que ce soit et…

… une voix m’interpelle. Mon coeur sursaute, évidemment. Cette voix, je la connais bien. Je lève les yeux et ne cherche même pas à cacher la surprise qui s’étale sur mon visage quand je la vois. *Loewy !*. Oui, c’est bien elle. Adossée au mur comme si elle soutenait à elle seule le château entier, ce qui n’est pas loin d’être la vérité, Kristen Loewy se tient là, au coeur de l'attention. Croiser son regard crée une véritable tempête dans mon coeur. Merde alors, j’avais oublié ce que ça faisait de l’avoir devant moi.

Je comprends mieux les murmures. Je me nourris un instant de l'intérêt que l'on nous porte. Se faire interpeller par la directrice de Poudlard, ce n’est pas rien, n’est-ce pas ? Que la directrice de Poudlard vienne me chercher à la sortie d’un cours, ce n’est pas rien. Je me redresse, toute fière. J’aime quand Loewy bouleverse tout son emploi du temps pour moi. Cela me fait me sentir importante. Après tout, ce n’est pas comme si madame sortait souvent de son bureau pour aller quémander la présence d’une élève. Sauf que je ne suis pas tout à fait une élève pour elle, moi. Les élèves qui traînent autour de nous s’en rendent-ils compte ? Que je suis quelqu’un de spécial pour elle ?

Mes yeux retrouvent enfin le chemin vers les siens. Je laisse passer deux, trois élèves entre nous avant de me rapprocher d’elle. Après la fierté, vient la surprise. Que me veut-elle un mercredi midi ? Qu’est-ce qui est assez urgent pour qu’elle vienne m’attendre à la sortie d’un cours, à la vue de tous ? Mon coeur en rate quelques battements. Il doit se passer quelque chose d’exceptionnel ! De grave ! De fantastique ! Et loin de m’effrayer, moi ça m’excite. J’en oublie tout à fait le programme fort chargé que j’avais pour le reste de la journée. Aller étudier à la bibliothèque ? Faire mon devoir de Métamorphose ? Aucun intérêt quand on a une Kristen Loewy à disposition.

Elle n’a d’ailleurs pas changé. Toujours aussi exigeante. Elle se pointe et ordonne, comme si le monde lui appartenait — je ne suis pas bête au point de croire qu'elle me demande réellement de l'accompagner dans son bureau.

Je n’ai pas changé non plus. À mon plaisir se mêle l’agacement. C’est la seule à me faire ressentir ce genre de choses. J’ai bien envie de lui répondre « non », juste pour qu’elle comprenne que je ne suis pas à ses ordres, moi, que je suis capable de prendre des décisions, capable de lui résister. Mais je n’en ai pas envie. Je suis bien trop curieuse — ça me fait culpabiliser. Alors pour le principe, je lui réponds sur un ton insolent et qu’importe si les Autres m’entendent.

« Depuis quand vous demandez la permission ? Ça m’étonne même qu’on ait pas déjà transplané dans votre bureau. »

Ça remue à l’intérieur de mon corps. Mon ventre se noue, mon coeur bat trop fort et mes lèvres veulent sourire. C’est n’importe quoi. Un véritable bazar. Une oscillation permanente. Quand je regarde cette femme me vient toujours la terrible envie de flirter avec ses limites.

« J’vous accompagne, rajouté-je en haussant les épaules. J’avais rien de prévu de toute façon. »

Je meurs d’impatience de quitter ce couloir rempli de regards et de présences indésirables. Parler avec elle quand d’autres personnes nous entourent, c’est la chose la plus inutile au monde. Elle est comme moi, Loewy *Kristen*. Quand elle n’est pas seule, elle fait semblant. Tout simplement parce que les autres ne méritent pas autre chose venant d’elle. C’est pour cela qu’elle me vouvoie et m’appelle mademoiselle Bristyle. Ce n’est qu’un masque, tout ça. Un jeu qui m’amuse parce que je sais qu’une fois seules elle me donnera du Aelle et me tutoiera ; *elle va l’faire, hein ?*. Mais au milieu de ce couloir, il n’y a que nous qui savons cela. Que moi et elle. Les Autres ne voient qu’une directrice et son élève. Que se disent-ils ? Ils vont penser que je me suis faite engueuler, que j’ai fait quelque chose de grave. Et ce soir, ils me verront réapparaître et se demanderont ce qui m’est arrivé dans le bureau de la sombre directrice. Ils n’auront jamais de réponses, ça les rendra fou — j’aime cette idée.

26 oct. 2021, 19:40
Implosion, explosion  PV 
Quelle insolence caractéristique de la jeune adolescente ! Aelle n'avait visiblement pas l'intention de s'en tenir tout à fait à son rôle, même dans ce lieu fréquenté. Kristen jeta un rapide coup d’œil sur le côté, si fugace que les élèves que ses yeux captèrent ne purent même pas le remarquer. Elle aurait pu essayer de se justifier verbalement, au vu et su de tous, de l'attitude qu'Aelle adoptait face à sa directrice. Il fallait bien comprendre qu'on ne parlait pas ainsi à la directrice de Poudlard. Elle aurait même pu changer d'avis, hausser les épaules comme la gamine et renoncer à s'embarquer dans une nouvelle aventure avec cette enfant. Mais... elle se contenta d'être brève, en suspens, comme souvent.

« Vous m'en voyez ravie, dit-elle poliment, avec l'un de ses sourires qui ne se cachaient pas d'être factices. »

Aussitôt dit, elle embarqua l'élève dans le couloir et jeta un regard noir aux curieux qui secouaient bêtement les mains comme pour dire : oh-oh, ça va chauffer pour elle !

Enfin à l'abri des regards indiscrets, Kristen attrapa effectivement le bras de la Poufsouffle et elles transplanèrent... La lumière, le souffle léger du vent contre la peau, sifflant doucement dans les oreilles : ce n'était visiblement pas le bureau de la directrice de Poudlard. Si le décor était similaire au domaine de la vouivre noire, ce n'était pas tout à fait le même endroit : d'ici, on ne voyait pas Poudlard. Tout au plus une forêt, une plaine... C'était beaucoup plus loin, au milieu de nulle part, entre pierre, eau et bois.

Kristen lâcha le bras d'Aelle et ajusta les plis de ses vêtements.

« J'ai vu que tu n'avais pas cours cet après-midi, ce qui est honteux, lâcha-t-elle, pourtant bien consciente qu'elle avait un regard sur les emplois du temps des élèves... »

Elle leva la tête et laissa la brise tiède caresser son visage.

« Réparons cet affront. Cours pratique. »

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27 oct. 2021, 11:21
Implosion, explosion  PV 
Un tourbillon plus tard et me voilà à l’autre bout du monde. C’est du moins l’impression que j’en ai. La tête et l’estomac complètement à l’envers, je me penche en avant et me retiens vaillamment à mes propres jambes dans l’espoir que cela m’empêche de me ramasser par terre. Je ne fais rien pour retenir le regard noir que j’adresse à la grande femme. Quand on est une personne polie, on prévient avant de faire transplaner inopinément quelqu’un, n’est-ce pas ? Peut-être mais pas quand on est la directrice de Poudlard. Je suis certaine qu’elle l’a fait exprès pour me faire payer mon insolence. J’aurais dû m’y attendre et pourtant, elle m’a prise par surprise. Et comme souvent quand je transplane, que ce soit avec elle ou non, je le vis mal. Ce que je peux détester ça, Merlin. Surtout quand je ne suis pas prévenue, songé-je avec amertume. Cela aurait été trop difficile de me dire : « Aelle, nous allons transplaner, prépare-toi » ?

J’avale une grande goulée d’air et me redresse doucement ; mieux vaut ne pas y aller trop fort pour le moment. Je n’ai pas envie de vomir devant Loewy. Curieuse, je jette un regard autour de moi et le sourire qui me vient aux lèvres est si naturel que je ne cherche même pas à le camoufler. Je ne sais pas où nous sommes et je n’en ai absolument rien à faire. La seule chose que je remarque, c’est que nous ne sommes pas à Poudlard et ça, c’est vraiment excitant. C’est palpitant, même. Je me sens euphorique, tout à coup, et j’en oublie presque qu’encore une fois, la femme s’est pointée près de moi sans me demander mon avis et m’a imposé son emploi du temps — il faut dire que je commence à être habituée. Je serais bien en peine de me plaindre puisque je ne demande que ça, moi, d’être alpaguée à la sortie des cours pour me balader hors des murs de l’école. Mais si on me demande mon avis, je dirais que je suis outrée par la façon de faire de la femme, qu'elle bouscule tout mon programme, qu'elle fout le bordel dans mon organisation. Si je me plains suffisamment, personne ne pourra remarquer que je me sens bien plus vivante ici que coincée entre les murs du château en étant maîtresse de mon propre emploi du temps.

De toute façon, elle ne me demande pas mon avis. Un cours pratique, n’est-ce pas ? Mon coeur bondit dans ma poitrine. Bordel, depuis le temps que j’attends ça ! Naturellement, ma main se glisse dans ma poche et s’enroule autour de ma baguette magique. Je m’éloigne de quelques pas, au cas où — si elle ne me prévient pas avant de me faire transplaner, elle n’est pas plus le genre à me prévenir avant de me balancer un sortilège au visage.

« C’est plus intéressant que le devoir de Métamorphose que j’avais prévu de rédiger, » avoué-je, un sourire aux lèvres.

Je me sens fébrile. Que va-t-il se passer ? Plusieurs scénarios se profilent dans mon esprit. Un cours pratique, ça peut-être n’importe quoi. Du simple entraînement au duel en passant par l’apprentissage d’un sortilège spécifique. Connaissant la femme, je sais que ça ne va pas être de tout repos. Ne pas savoir ce qu’elle a en tête devrait m’inquiéter mais ce n’est pas le cas. Peu importe ce qui lui passe par l’esprit, je suis prête à y faire face.

« Alors, c'est quoi la leçon du jour ? La dernière fois, c'était de pas oublier de s'amuser, c'qu'on avait finalement oublié de faire..., » rappelé-je sur un ton sarcastique.

Cette fois-là, nous nous étions disputées fort, moi et elle. Comme souvent.

Je ne la quitte pas du regard. Si je devais être tout à fait honnête avec moi-même, je m’avouerais que je crains légèrement de ne pas être à la hauteur. C’est qu’il en faut pour impressionner cette femme. Mais je suis bien plus à l’aise avec elle qu’avec n’importe qui d’autre. Ce n’est pas ici que je vais devoir brider ma magie, au contraire, même. La seule chose que je crains, c’est la future dispute que nous aurons. Puisque nous nous disputons toujours, n’est-ce pas ? Le ton finit toujours pas monter. Il y a toujours un moment où nous nous confrontons, où nous nous affrontons. Cette fois-ci, ce ne sera peut-être pas avec des mots — tant mieux, cela m’évitera d’avoir à lutter contre les larmes. Merlin, plutôt mourir que de pleurer encore devant elle. Je préfère me prendre des sortilèges dans la poire. Et si en échange je peux lui montrer ma frustration d’une façon plus violente que pitoyable, ce sera pour le mieux, non ?

Me passe par l’esprit la vague idée d’attaquer sans attendre. Cela ne sert à rien de discuter, après tout. Mais je ne fais rien. J’attends, je surveille, j’observe. Qu’elle donne donc le ton de son cours pratique. Nyakane me répète toujours que l’observation est aussi importante que l’action, quand il est question de magie. Et pour une fois, je suis plutôt d’accord avec lui.

27 oct. 2021, 12:29
Implosion, explosion  PV 
Kristen décida de ne pas relever la remarque d'Aelle : c'était inutile. En effet, ces deux personnes-là avaient tendance à s'emporter, se rentrer dedans assez brutalement, et ça finissait par produire des centaines d'étincelles brûlantes. Pouvait-il en être autrement, alors qu'elles étaient qui elles étaient ?

« Sentir à fond tout le poids de son être, tout le prix de la vie. Si nous courons après un secret d'immortalité, il faut savoir apprécier la substantifique moelle de l'existence. »

Par anticipation, elle sentit un point minuscule se former au creux de son diaphragme.

« Nous autres, sorciers, avons le privilège de pouvoir ressentir réellement ce tourbillon de la vie dans notre corps... la magie. Tu n'auras pas besoin de ta baguette pour l'instant. Contente-toi de regarder. »

Elle saisit sa baguette d'un geste vif mais discret et quelques fractions de secondes plus tard, Aelle Bristyle se retrouvait enfermée dans une prison de cordes, tandis que Kristen remettait tranquillement sa baguette dans sa poche.

« Simple mesure de précaution, ne m'en veux pas. Tu comprendras. »

Avant d'en dire plus, elle entreprit donc de faire une démonstration. Elle ferma les yeux, prit une profonde inspiration qui emplit totalement ses poumons, et posa ses deux mains contre son diaphragme. Elle s'autorisa, alors, à tout ressentir à fond. L'environnement, d'abord, qui devait la nourrir : mieux sentir les fluctuations du vent, écouter son souffle discret, découvrir au loin le bruit d'un oiseau, sentir les variations de température de son corps, les chatouillis de ses cheveux contre sa nuque... Et puis à l'intérieur, l'amour profond qu'elle ressentait pour Aude, son désir de la protéger, la jalousie et la crainte de la perdre, la haine intense qu'elle éprouvait pour Baldur Feuerbach, la peur de ne jamais revoir son fils et le besoin viscéral de le retrouver pour tout lui expliquer, la frustration de ses responsabilités à Poudlard, sa colère envers les Lignées du Nord, la joie ressentie en faisant un pied-de-nez à la mort, ce sentiment de puissance ultime... Tout cela, elle l'amplifia si fort que son corps se mit à la trahir légèrement : quelques coupures au niveau de son avant-bras droit, comme si ce melting-pot d'émotions intenses profitait d'une brèche de son corps pour s'extirper de cette prison de chair.

Autour, c'était l'effet de ce qu'on appelait l'aura. L'air devait sembler plus lourd, cela pouvait même jouer des tours à l'esprit, tout comme Dante Ferrovecchio pouvait rendre fou par sa seule présence. On n'en était sans doute pas là : il était peu probable qu'Aelle ait des envies de meurtre incontrôlées, à moins que son cas soit encore plus inquiétant que Kristen ne le pensait. Mais il était possible qu'elle ait envie de faire quelque chose de dingue, comme se ruer sur son professeur et la ruer de coups, par exemple.

Et puis Kristen fit tous les efforts du monde pour canaliser ces flux d'émotions dans une boule imaginaire qu'elle forma dans son diaphragme, une boule compacte, lisse, parfaite, qui devait être d'un gris anthracite. C'était là le cœur de sa magie, de sa puissance, enfermée dans une petite boule qui n'existait pas. Ce faisant, son aura devait être réduite et ne plus influencer l'esprit d'Aelle.

Enfin, la directrice de Poudlard reprit sa baguette, très calmement, et la pointa vers la cime d'un arbre, à une vingtaine de mètres de distance, en contrebas. D'une impulsion de sa volonté, elle fit éclater cette boule imaginaire et relâcha tout ces fluides d'émotions dans son bras, puis dans sa baguette. Le sommet de l'arbre fut tout simplement rasé en quelques millièmes de secondes, comme arraché par un coup de vent gris foncé qu'on n'avait même pas eu le temps de voir passer.

Elle souffla un grand coup et dut s'appuyer sur ses cuisses pour reprendre ses esprits. En se redressant, elle regarda Aelle et défit ses liens d'un nouveau coup de baguette.

« Veux-tu savoir à quoi ressemble ta magie, et ressentir à quel point tu existes ? »


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29 oct. 2021, 19:55
Implosion, explosion  PV 
Se tenir prête à toutes éventualités, n’est-ce pas ? Cette idée perd tout son sens quand il est question de Loewy. Je n’ai même pas eu le temps de réagir, même pas eu le temps de me jeter sur le côté ou de lever ma baguette pour me protéger que je me prends son sortilège en pleine face. Cela arrive si soudainement et si brutalement que je ne peux que subir ; un instant plus tard, me voilà toute entortillée par des cordes qui se resserrent autour de moi. Je ne sais pas comment je me débrouille pour tenir encore debout mais j’y arrive. Ma fierté, elle, n’y parvient pas. Elle s’écrase quelque part loin de moi et je ne peux qu’assister, impuissante et une boule dans la gorge, à mon propre emprisonnement. J’entends ce qu’elle me dit, qu’il s’agit d’une simple mesure de précaution, et je comprends de ce fait que ce n’est pas une technique pour me réduire à moins que rien ou m’humilier. Certes, je le comprends mais cela ne m’empêche pas de ressentir une vive colère et un fort sentiment d’injustice. Je déteste être ainsi privée de mes mouvements et ce que je hais encore plus fort, c’est la sensation de ne plus avoir le contrôle du tout sur la situation. Parce que c’est ce qu’il arrive, je ne contrôle plus rien, je suis réduite à la simple condition de spectatrice et ça me blesse. N’a-t-elle donc pas confiance en moi ? Est-ce pour cela qu’elle m’enferme si brutalement ? De quoi a-t-elle peur ? Que je lui saute dessus, que je lui lance un sortilège, que je résiste ? Que compte-t-elle me faire qui nécessite que je reste immobile ? Si elle m’avait dit « reste sagement sans bouger, Aelle » cela n’aurait-il pas été suffisant ? J’ai du mal à l’avouer, mais à la vue de mes mâchoires crispées et de mes efforts, vains je dois dire, pour me libérer, peut-être que cela n’aurait pas suffit, non, mais ce n’est pas pour autant que j’accepte ma condition.

Ça résiste, dans mon esprit, ça résiste si fort que j’en manquerais presque ce qu’il se passe devant moi. Mais bientôt, je suis bien obligée d’accorder toute mon attention à Loewy. Ce n’est pas tant que j’ai envie de la lui accorder, cette attention, mais je suis bien forcée de le faire. Il se passe quelque chose là-bas qui attire irrésistiblement mon regard. Et pas seulement mon regard. Tout mon corps, tout mon être, peut-être même mon âme — plus vraisemblablement ce tourbillon de vie, expression plus qu’honnête qu’elle utilise pour parler de la magie qui grouille en nous. Rien en moi ne peut résister à ce qu’il se passe actuellement dans le corps de Loewy. Je ne sais pas ce qu’il se passe dans sa tête, je ne sais pas quelles couleurs ont ses pensées, moins encore ses émotions, mais en tout cas je ressens quelque chose, un quelque chose qui fait s’accélérer mon souffle et les battements de mon coeur. Un quelque chose qui me fascine et m’effraie en même temps. Il n’y a que la magie pour me faire ça, je le sais déjà, c’est pour ça que je comprends ce qui est en train d’arriver, ce qu’elle essaie de me montrer.

Sentir le tourbillon de vie que j’ai en moi. Ce n’est pas la première fois que j’entends parler de cela, même si ça n’a jamais été fait avec des mots semblables. J’ai moi-même tenté, à plusieurs reprises, de ressentir la magie qui grouille dans mon corps mais jamais avec un résultat aussi flagrant que ce que me montre Loewy. Souvent, quand je m’entraîne à faire apparaître ce golem de pierre qu’a tenté de m’apprendre Erza, je palpe ma propre magie, comme si je pouvais du bout de ma pensée manipuler cette chose qui fait de moi une sorcière. Il n’y a que les idiots qui croient que la seule manière de canaliser sa magie, c’est d’utiliser une baguette ou n’importe quel autre catalyseur. Je suis loin d’être idiote, moi.

C’est étouffant, ce que je ressens. C’est angoissant, cette magie qui s’échappe de la sorcière. Cela me rappelle, dans une moindre mesure, ce que j’ai ressenti face à Issa Sidiki. Sauf que lui avait une aura qui étouffait naturellement. Il n’avait nul besoin de se concentrer de la sorte pour la faire ressortir. Mais si Loewy a besoin de se concentrer, cela n’enlève rien à sa puissance magique. J’étais déjà au courant qu’elle était puissante, tout le monde le sait après tout, mais c’est la deuxième fois que je parviens à réellement ressentir cette puissance. La première fois, c’était en dehors de Poudlard, aussi. Quand la magie noire s’est échappée par nuées d’elle sous l’effet de sa colère. Comme la dernière fois, aujourd’hui je suis perdue entre la crainte et la fascination. J’ai peur, certes, mais je ne voudrais pour rien au monde être ailleurs. Au contraire, même, je donnerais tout pour ressentir avec plus de force encore cette magie qui s’échappe de la femme. C’est étrange de ressentir cette fascination, c’est étrange de sentir mon regard briller quand je la regarde. C’est étrange d’aimer ça autant que j’aime ma propre magie. C’est dérangeant parce que c’est agréable.

Et soudainement, tout disparaît. Toute cette force se concentre en une seule et unique explosion qui arrache son sommet à un arbre. Je me sens vide, tout à coup, un peu perdue également. Je cligne des yeux, retrouve une respiration plus ou moins normale. J’atterris. Mon regard reste braqué sur cette prouesse. J’ai du mal à retrouver le chemin de mes propres pensées, du mal à cacher la grimace fascinée qui me déchire le visage. Je me rends compte avec un instant de retard que mes liens ont disparu et que je suis de nouveau libre de mes mouvements.

Je déglutis péniblement en tournant mes yeux vers Loewy. Alors c’est ça, son cours pratique ? C’est cela qu’elle veut m’inculquer ? Bordel, ai-je seulement désiré autre chose avec autant de force ? Je ne crois pas. Désormais, je ne veux plus que cela. Dézinguer des arbres en puisant dans mon tourbillon de vie. Quelle sensation folle cela doit être ! Comment se sent-elle ? que ressent-elle ? Est-elle exaltée ? fatiguée ? Se sent-elle puissante ? Certainement puissante, oui, et moi aussi je veux me sentir ainsi.

« Ouais. »

C’est la seule chose que j’arrive à articuler. Oui, je veux me sentir exister, je veux voir à quoi ressemble ma magie, je veux sentir cette force m’entourer, je veux m’y noyer toute entière, même, sans la moindre limite. Sans raison.

« Dites-moi comment faire, exigé-je du bout des lèvres, sans avoir conscience que je ne suis pas en état d’exiger quoi que ce soit. Vous pensiez à quoi ? Comment vous avez réussi à faire ça ? J’ai jamais pu ressentir ma magie de cette façon. »

L’aveu aurait été difficile si je n’étais pas tant subjuguée. Mais actuellement, je n’en ai rien à faire d’avouer ne pas être capable des mêmes choses qu’elle. Je veux seulement savoir, apprendre, agir, m’exécuter. Maintenant ! Plus qu’une envie, c’est un besoin.

29 oct. 2021, 20:44
Implosion, explosion  PV 
« Je vais t'apprendre. C'est précisément pour cette raison que nous sommes là. »

Le flux d'émotions intenses qu'elle venait de ressentir la submergeait encore un peu. C'était grisant, mais il n'était pas évident d'en sortir, de reprendre le contrôle quand on le perdait volontairement. Mais cette leçon n'aurait eu aucune valeur si elle n'avait pas elle-même travaillé dessus avant d'en faire la démonstration à l'élève.

« Tu vas te tenir bien droite et fermer les yeux... »

Ayant malgré tout gardé des réflexes de professeur, elle répéta ces gestes pour mimer ses explications, sans aller au bout, cette fois.

« Ensuite, tu vas choisir un point de ton corps qui te semble profond et central... Le cœur peut-être un peu dangereux. En ce qui me concerne, je me concentre sur mon diaphragme... Juste là, dit-elle en désignant ce point précis de son corps. »

Elle prit une inspiration qui lui fit relever la tête.

« Une fois encore, il s'agit en fait d'un principe de base de la production de magie. Quelque chose que l'on vous a toujours appris... Mais il s'agit de tirer le maximum de ces connaissances pour produire ce que l'on souhaite. Interpréter, extrapoler, expérimenter... Le lien entre les émotions et la magie n'est plus à prouver. C'est précisément de cela dont il est question, rien de plus. »

Même si Kristen aurait eu bien du mal à l'avouer, elle aimait assez cette posture de professeur : transmettre, expliquer, décortiquer, faire prendre conscience les élèves de ce qui les entoure et ce qui les fait. Comme avec Mark et leur discussion sur la couleur de la magie, démontrer lui était plaisant.

« Attends la fin de mes explications avant de te lancer. Une fois que tu auras bien choisi ce point de ton corps, essaie d'en prendre totalement conscience, même de le visualiser. Concentre-toi là-dessus à fond. Et puis... laisse tes émotions te submerger un instant. Très court. Tout ce que tu ressens, tout ce qui te tracasse, tout ce qui te fait plaisir. Pense à tes réussites, à tes échecs, à tes moments de bonheur et à tes déceptions. Amour, amitié, joie, plaisir, désir, envie, frustration, colère, jalousie, que sais-je... Relâche tout, ne te censure pas. Ressens à fond, pense que tout est légitime. De toute façon, personne ne te juge, et personne ne peut vraiment savoir ce qui se passe en toi. Pour une fois, aucune retenue n'est autorisée. »

Cette étape était cruciale. Si l'on voulait vraiment ressentir la vie, la censure ne devait pas faire partie de l'équation : cela fausserait le résultat, et le risque serait même qu'il ne se passe rien du tout, ou que cela finisse en pétard mouillé.

« Si tes émotions sont suffisamment fortes, elles pourront se ressentir de l'extérieur. C'est comme lorsque tu vois quelqu'un qui est en colère, par exemple, et qu'un seul de ses regards te permet de le ressentir. L'idée est la même, sauf qu'ici, tes émotions seront déjà liées à ta magie... C'est ce qu'on appelle l'aura. Théoriquement, elle se contrôle. La libérer ou l'enfermer est un choix : la plupart des sorciers la brident pour ne pas dévoiler leur jeu, ou tout simplement parce qu'ils n'ont jamais appris à reconnaître ce que c'était, cette aura. D'autres font le choix inverse dans un but généralement dissuasif, ou pour manipuler l'esprit des autres. »

Elle accompagnait son discours de gestes des mains très professoraux, comme si faire un moulinet avec son poignet donnait plus de sens à ce qu'elle disait. Pour la suite, elle décida carrément de schématiser ses explications à l'aide de sa baguette magique.

« C'est là que le point que tu auras choisi deviendra essentiel. Si tu laisses tes émotions t'envahir trop longtemps, tu risques de ne pas parvenir à reprendre le contrôle. Crois-moi, c'est une sensation extrêmement désagréable. Toutes ces émotions, donc, il faut que tu les visualises... comme des flux dans ton corps. Tous ces flux, des sortes de... rubans, doivent se concentrer vers ton point central. Ce que je te recommande, c'est de visualiser ces rubans former une boule, la plus compacte et la plus stable possible. »

Des rubans blancs, gris, noirs, rouges, bleus... s'échappèrent de sa baguette et flottèrent quelques instants dans les airs, avant de s'agglomérer en une seule boule compacte, dont la couleur était un mélange des précédentes.

« Ce concentré d'émotion désormais parfaitement contrôlé est finalement très dense... Une fois que cette boule imaginaire sera bien stable, tu pourras prendre ta baguette et imaginer que cette boule remonte jusque dans ta baguette et s'expulse... »

Elle donna un coup de baguette vers la boule de rubans flottants, et celle-ci partit vers les arbres à toute vitesse.

« ... comme une balle de fusil. »

Kristen Loewy observa Aelle un instant et se tut, lui laissant l'occasion de digérer ces longues explications.

« Est-ce que tu as compris ? »

Nécromancienne - Mère du dragon - Détentrice de la Baguette de Sureau et du Retourneur de Temps
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31 oct. 2021, 13:10
Implosion, explosion  PV 
Il y a quelque chose dans la voix de Loewy qui donne envie de l’écouter. Ce n’est pas la première fois que je le remarque. Quand elle prend ce ton et cette posture, c’est qu’elle va dire des choses intéressantes. Et quand cette femme dit des choses intéressantes, la plupart du temps mieux vaut écouter. Non pas parce que c’est un événement rare mais tout simplement parce qu’apprendre de Kristen Loewy est une chance. Je le pense sincèrement même si jamais je ne l’avouerai à voix haute. J’ai conscience de toutes les connaissances amassées par cette femme, de toutes ses expériences ; le fait qu’elle veuille, aujourd’hui, me les partager me fait me sentir très importante. Ce n’est pas tous les jours que la directrice de Poudlard donne un cours pratique à l’une de ses élèves. Ce n’est pas tous les jours, tout simplement, qu’une femme de la trempe de Loewy, insupportable et caractérielle donc, accepte de passer suffisamment de temps avec une gamine pour lui inculquer quoi que ce soit. Alors moi, ça me rend fière, ça me donne de l’importance et ça me fait même sourire. N’est pas étranger à cette grimace la joie indécente qui m’envahie entièrement. Le sujet dont nous parlons avec la femme est sérieux voire même dangereux mais je ne peux pas étouffer mon excitation, ignorer mon coeur battant ; c’est à peine si je parviens à effacer le sourire qui m’étire les lèvres. J’ai comme l’étrange envie de m’agiter dans tous les sens tant je suis ravie de me trouver ici.

Je me contiens, évidemment.
L’amusement, c’est pour les enfants. Je suis une jeune femme sérieuse, moi. Je repousse tous ces sentiments loin de moi et, le regard froncé et le dos droit, l’on pourrait croire que je suis tout à fait sérieuse et concentrée. Les yeux braqués sur Loewy, tantôt plongés dans ses pupilles tantôt attirés par les gestes qu’elle utilise pour appuyer ses propos, je ne manque pas un seul mot de ce qu’elle me raconte.

Quand elle parle de choisir un point de mon corps, ma main bouge naturellement pour se poser sur mon ventre. Là, c’est le coeur de tout ce que je ressens. Je ne sais pas pourquoi ici et pas ailleurs. Peut-être parce que mes émotions viennent de mes tripes ? Dans mon ventre, profondément caché sous les couches de peau et de tissu, je ressens quelque chose de fort et de puissant ; quand j'expérimente une vive émotion, c’est toujours cette partie précise de mon coeur qui me fait mal et qui se noue dans tous les sens, ce n’est sans doute pas pour rien, non ?

Son explication me parait d’une simplicité enfantine et ne me surprend absolument pas. Tout ce qu’elle raconte semble plutôt évident même s’il ne me serait jamais venu à l’esprit de me concentrer sur une partie de mon corps de cette façon-là. Mais pour ce qui est des émotions… De songer à tout ce qui me remue de l’intérieur… Oui, c’est assez logique. Je me demande à quoi elle a pensé, elle, sur quels souvenirs elle s’est appuyée, quelles émotions, quelle colère, quelle tristesse. Et moi, alors ? Bah, ça viendra tout seul. Je suis tellement lourde de toutes ces choses au quotidien que ce sera un jeu d’enfant de les rassembler.

Elle met fin à son discours par une question. Je hoche la tête dans sa direction et réponds tout simplement :

« Oui. »

Ce n’est pas le moment pour les questions. Je lui parlerai de sa propre aura tout à l’heure, j’approfondirai le sujet une fois que j’aurais goûté moi-même à cette puissance qu’elle me décrit. Pour l’heure, il est seulement temps d’agir.

Je ferme les yeux, le dos droit, comme demandé. Une fois réfugiée dans l’obscurité de mon esprit, je me concentre sur un point précis dans mon ventre. Pas trop haut, pas trop bas mais profondément enfouit là-dessous. Comme j’ai vu Loewy le faire, je pose ma main à cet endroit pour mieux ressentir ma respiration, pour mieux ressentir tout court ce qu’il se passe dans mon corps. « Laisse tes émotions te submerger un instant » a-t-elle dit ensuite. Très bien. Mes émotions. Tout ce qui me tracasse, ce qui me fait plaisir, mes réussites, mes échecs, mes colères… Incapable de me retrouver dans la mélasse d’émotions que je ressens au quotidien, je remonte doucement le temps à la recherche de tout ce qui m’a marqué profondément.

Mon bonheur d’être ici, avec elle, d’apprendre, l’idée de devenir plus puissante, d’être privilégiée surtout, d’être apparue dans les pensées de cette femme et qu’elle songe à venir me chercher, mon excitation quand j’ai senti son aura, cette crainte mêlée de fascination, cette attirance aussi. Et je remonte plus loin encore. Ma confrontation avec Delphilllia, la colère sourde qu’elle m’a faite ressentir, mon déchaînement dans la Salle sur demande, ma rage, ma haine, mon envie de lui montrer, à cette fille, lui montrer qu’elle ne peut pas se passer de moi. D’autres émotions se cachent là, tout un tas d’émotions qui se mélangent un peu n’importe comment. Ma joie de revenir au château, la fierté de mes résultats plus que bons aux Buse, les retrouvailles avec Elowen, ma jalousie toujours aussi marquée pour Sildnir et toute une foule d’autres choses, toute une nuée d’informations. Il y a tellement de choses qui se passent dans mon coeur, tellement d’émotions que j’ai ressenti, des bribes, de poussières d’émotions, rien de très important, rien de très fort mais je me souviens pourtant de toutes ces choses maintenant et les émotions plus bouleversantes s’éloignent de moi. Ai-je réellement ressenti une haine intense dans la Salle sur demande lorsque je me défoulais sur les mannequins d’entraînement pour éviter d’avoir à le faire sur Delphillia ? Et il y a un instant à peine, était-ce réellement aussi fort ce que j’ai vu, ce que j’ai ressenti en observant Loewy ?

Il y a comme un immense barrage en moi. Je le sens très précisément. Je vois mes émotions, je me souviens de mes colères, de mes bonheurs euphoriques, de mes rires mêmes, et des coups de gueule que j’ai poussé, de mes jalousies, de la joie indécente face à mes nombreuses réussites, de ce sentiment grisant de puissance quand je réussi un sortilège particulièrement difficile. Je me souviens de tous ces moments, ils sont gravés dans ma mémoire pourtant je n’arrive pas… Je ne peux pas… Je ne parviens pas à les ressentir. C’est comme si j’étais vide, tout à coup. J’en perds ma concentration, j’en oublie de visualiser le point choisi au creux de mon ventre, j’en oublie même à un moment de fermer les yeux.

Je tombe dans le regard de Loewy et mes joues brûlent de honte.
*Merde*. Est-ce donc si compliqué de se concentrer sur ses émotions pour les transformer en quelque chose de concret ? Pourquoi ne parviens-je pas à me concentrer ? Pourquoi ai-je l’impression d’être totalement vide alors que j’ai douloureusement conscience d’être envahie par toutes ces putains d’émotions au quotidien ?

Elle va me prendre pour une abrutie. C’est bien ce que je pensais, elle est incapable de quoi que ce soit. Je ne supporterais pas sentir sur moi son regard lourd de jugement. Non, hors de question.

Mon regard s’assombrit sous mes sourcils froncés et je me détourne soudainement. Je montre mon dos à Loewy et je ferme une nouvelle fois les yeux, bien décidée à ressentir quelque chose et surtout à trier tout ce qu’il se passe là, à l’intérieur, pour me concentrer sur ce qui compte réellement.

D’abord, se concentrer sur le creux de mon ventre.
Sentir ma respiration, l’accompagner, la visualiser.
« Laisse tes émotions te submerger un instant ».
La seule chose que je ressens, c’est la frustration de ne parvenir à rien. C’est la crainte de ne pas réussir. L’angoisse de ne rien ressentir. Et si j’étais vide ? Et si j’étais incapable de la moindre émotion ? « Tu es vide, Aelle », a dit Delphillia. Et si à cause de cela j’étais une sorcière médiocre ? Et si, lourde de mes émotions, je perdais le contrôle ? Et si mes larmes coulaient sous l’effet de la colère, comme souvent ? Et si je me mettais à penser à des choses auxquelles je n’ai pas envie de penser, des vieux souvenirs, de vilains sentiments, de vieilles choses poussiéreuses qui me font mal au coeur ? Et si elle me jugeait, Loewy, et si elle ne me trouvait pas assez bien ? Et mes joies, que sont-elles ? La joie n’est pas assez puissante pour réussir quoi que ce soit, je ne dois pas penser à mes sourires et à mes rires, à ce qui me retourne le coeur, à ce qui me donne envie de crier de joie, à mes doux moments passés avec Zik, ma joie d’être là avec Loewy, le bonheur d’apprendre de nouvelles choses. Non, ce n’est pas assez fort, tout ça.

Je serre les poings, mes traits se crispent. J’éloigne de moi tout ce que je crois futile et ne reste qu’une immense boule de frustration qui se loge quelque part dans ma gorge. Alors je me concentre dessus de toutes mes forces, en même temps que je me concentre sur le point dans mon ventre. Ma respiration s’amenuise, mon coeur s’affole.

Et dans mon esprit persiste l’idée que tous mes efforts semblent bien trop forcés pour parvenir à un résultat semblable à celui de Loewy.

Aelle me fait penser à un évier bouché. Je doute qu’elle parvienne à quoi que ce soit de cette façon mais à Kristen de voir si elle ressent quelque chose.

01 nov. 2021, 17:06
Implosion, explosion  PV 
Kristen observa son élève avec une grande attention. Aelle semblait sûre d'elle : elle reproduisit quelques gestes que Kristen lui avait montrés, sembla se concentrer sur la tâche qui lui était donnée et... Et rien du tout, à vrai dire. Kristen ne ressentit pas la moindre aura, même infime, s'échapper de la Poufsouffle. D'ici, Aelle ressemblait davantage à un boursouflet constipé qu'à une adolescente qui pouvait laisser libre cours à ses émotions. C'était cela depuis le début, à vrai dire, mais aujourd'hui, tout ceci devenait terriblement flagrant. On touchait au cœur du problème.

« Tu penses trop, dit-elle. »

Elle secoua la tête en souriant très légèrement.

« Donne-toi la permission de perdre le contrôle pendant un instant. Tu le reprendras après. »

La directrice de Poudlard se tourna vers l'immensité de l'horizon, qui ne faisait que renforcer la petitesse des êtres qui s'y perdaient.

« Regarde là-bas, dit-elle en caressant le paysage du plat de la main. Et hurle, hurle n'importe quoi. Fais juste sortir ta voix, ou dis quelque chose... Je veux que l'autre côté de l'horizon soit capable d'entendre ce que tu as dans le ventre. »

De toute évidence, Aelle avait grand besoin de se décoincer. Peut-être se sentait-elle gênée par l'épisode précédent, où justement, elle avait perdu le contrôle de ses émotions en se mettant à pleurer devant Kristen ? C'était justement cela, que l'on cherchait aujourd'hui. Aelle devait retrouver cette capacité à s'exprimer. Si c'était la gêne qui la bloquait, peut-être que...

Kristen prit une inspiration qui gonfla si bien ses poumons qu'elle se rejeta un peu en arrière. Et puis, quand elle fut pleine d'air, elle lâcha tout :

« JE NE VEUX PAS ÊTRE NÉFASTE ! »

Surprise par sa propre voix, Kristen haussa les sourcils. Elle-même n'avait jamais hurlé ainsi. Et encore, ce n'était pas tout à fait satisfaisant.

« Mh, fais mieux que moi, fit-elle en haussant les épaules. »

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02 nov. 2021, 15:26
Implosion, explosion  PV 
« Tu penses trop. »

Une seule parole de la femme, une seule affirmation et je me dégonfle totalement. Je relâche ma respiration, desserre les poings, mes épaules s’affaissent et je rouvre les yeux, la tête baissée comme si j’étais trop déçue de moi-même pour affronter le paysage qui s’ouvre devant moi. Je me retourne à moitié vers Loewy, le regard un peu rancunier, forte de cette impression totalement mensongère que c’est de sa faute si je ne suis pas parvenue à quoi que ce soit. Mon coeur se serre. À vrai dire, ce n’est pas de sa faute à elle mais de la mienne. C’est moi qui dois avoir un problème, c’est moi qui suis toute vide à l’intérieur. Parce que c’est vrai, non ? Je ne ressens rien si ce n’est ma propre déception. J’ai l’impression que toutes mes colères passées sont des chimères. Je sais qu’elles sont là, je sais que je les ai vécu, mais à cet instant précis je me sens complètement vide et incapable de ressentir quoi que ce soit.

J’ai du mal à affronter le regard de Loewy. J’aurais aimé qu’elle se taise et qu’elle me laisse me débrouiller toute seule. Quelle me laisse face à mon propre vide, même si ça doit durer des heures et des heures. En intervenant, c’est comme si elle me disait que j’étais trop nulle pour me passer de son aide. Oh, Aelle Bristyle est incapable de se débrouiller toute seule et si je lui venais en aide avec mes fabuleux conseils ? Non pas que ses conseils soient mauvais… Non pas que Loewy m’ait déjà dit quoi que ce soit d’inutile… Mais je me sens complètement idiote devant elle, mon échec est difficile à avaler. Et cette grosse boule dans ma gorge a bien trop le goût de la fierté blessée pour que je sois totalement à l’aise.

Donne-toi la permission de perdre le contrôle. Mes dents s’enfoncent dans mes lèvres et je détourne le regard pour cacher mon sourire amer. Perdre le contrôle ? Elle est sérieuse, là ? Elle parle de contrôle ? Elle sait aussi bien que moi que cette notion de contrôle est au coeur de tous nos échanges, de toutes nos discussions — notamment la dernière que nous avons eu. Perds le contrôle, c’est comme dire : « laisse-toi l'occasion de choisir ceux qui pourront voir tes larmes », c’est s’autoriser à être faible et je refuse, je refuse de faire ça, c’est clair ?

Non, ce n’est pas clair pour elle. Évidemment que ça ne l’est pas. Parfois, j’ai l’impression qu’elle aimerait bien me secouer dans tous les sens pour me débarrasser de toutes les barrières que j’ai érigé autour de moi avec les années. J’ai l’impression qu’elle veut les détruire une à une, sans comprendre qu’elles sont essentielles pour mon bien-être, essentielles pour mon quotidien. Elle ne comprend pas, Loewy, que c'est impensable pour moi de pleurer devant elle sans en rougir, tout comme il m’est impensable de gueuler des demi-vérités à la gueule de l’horizon.

De mauvaise grâce, je tourne mes yeux vers cet horizon, moi aussi, et grimace un peu quand elle crie du plus fort de ses poumons cette peur qu’elle m’a déjà confié par le passé. Comment peut-elle gueuler cela aussi aisément ? C’est gênant d’avouer à voix haute qu’elle craint d’être néfaste, je suis gênée qu’elle le fasse et d’autant plus gênée que cette phrase résonne là, tout au fond de moi — elle résonne si fort que je m’empresse de faire prendre à mes pensées une autre direction, une direction bien moins dangereuse ; ce n’est pas le moment de me poser des questions sur mon propre comportement néfaste, surtout que je n’ai aucun comportement néfaste, ce sont les autres qui sont néfastes, pas moi.

Et puis tout cela a-t-il seulement quelque chose à voir avec mon incapacité à ressentir quoi que ce soit ? Ce n’est pas la peur de perdre le contrôle qui m’empêche de réussir son exercice, c’est tout simplement… Tout simplement la gêne, voilà. Je suis gênée qu’elle puisse voir tout ça. Gênée de m’enfoncer dans des émotions aussi intimes alors qu’elle est toute proche. C’est seulement cela. N’est-ce pas ?

Loewy attend de moi que j’agisse. L’horizon lui-même attend que je fasse quelque chose. Un petit sourire m’étire les lèvres et gloussement gêné m’échappe, c’est plus fort que moi.

« Hum… J’peux pas… C’est… »

complètement con de gueuler des idioties de ce genre.
Énoncer cela tout haut reviendrait littéralement à dire que le comportement de Kristen Loewy est complètement con. C’est une mauvaise idée. Elle est si susceptible qu’elle pourrait bien me faire transplaner en un claquement de doigt pour m’abandonner dans un couloir.

Je me racle la gorge et offre mon regard à l’horizon. Un fort joli horizon, d’ailleurs, bardé de nuages et de traces de ciel bleu qui règnent sur la forêt et les montagnes. Je prends une grande inspiration, ouvre la bouche et… Expire brutalement. Je ne peux pas. Je ne peux sérieusement pas faire ça. Je jette un regard horrifié à Loewy puis je me retourne vers le paysage, mes pensées se pressant dans mon crâne : si, tu peux, allez, crie, crie quelque chose, n’importe quoi, même un mensonge, tu peux le faire ! après, elle sera contente, elle sera rassurée, et toi aussi peut-être, au moins tout cela sera oublié, tu pourras recommencer l’exercice et le réussir, et ce sera toujours mieux que de rester planter là sans bouger à te faire juger par une femme bien plus puissante que toi qui va te penser incapable de réussir un simple exercice ; et puis, que doit-elle penser, hein, elle va penser que tu es coincée, que tu ne sais pas exprimer tes émotions, pire encore que tu es incapable de les accepter, elle va finir par croire que tu n’es pas prête et… Et… Oh, Merlin, elle doit déjà le penser. Elle doit certainement croire que je suis incapable d’accepter mes propres émotions et pour elle, c’est rédhibitoire, elle me l’a déjà dit. Elle m’a dit qu’elle ne voudrait pas enseigner la magie noire à une personne qui préfère renoncer à son humanité, à ses émotions, à ses besoins.

« Tu penses trop. »

Bordel, mais oui ! Ça se bouscule à l’intérieur, je n’en peux plus de toutes mes peurs, toutes mes pensées, toutes ces choses insignifiantes qui m’empêchent d’avancer. Je n’en peux plus d’avoir peur du regard qu’elle posera sur moi si j’ose crier ce que j’ai en tête, d’avoir peur que cela ne soit pas suffisant pour elle, qu’elle décide que je ne suis pas prête, qu’elle me trouve trop immature, qu’elle m’interdise son savoir.
Ça me prend aux tripes.
Ça me coupe le souffle.
C’est une grosse angoisse qui monte de mon ventre, qui rend mes doigts moites, mon regard fuyant et mes traits crispés.

Allez, crie !

« Je… »

Crie !

« J’veux pas… perdre le contrôle ! »

Ce n’est pas un cri, ça. Juste une phrase prononcée à voix haute d’une voix foutrement hésitante. La honte me submerge, je secoue la tête de droite à gauche, les sourcils froncés à leur maximum.

« Merlin, c’est ridicule ! » m’exclamé-je d’une voix bien plus naturelle et plus forte.

C’est bien plus facile de prononcer cette vérité évidente plutôt que le mensonge énoncé plus haut, n’est-ce pas ? Je lance un regard noir à Loewy parce que je lui en veux de me faire faire des choses complètement idiotes. Et je répète, dans sa direction et non pas celle de l’horizon :

« C’EST RIDICULE ! »

Et étrangement, ce hurlement me fait un bien fou.