D'un pas tranquille, Lahya montait les escaliers, venant de terminer son repas. Cependant, contrairement à ce que son attitude aurait pu laisser paraître, rien d'apaisant ne traversait ses pensées. En effet, une petite heure plus tôt venait de se terminer son cours de métamorphose, matière que la jeune fille redoutait, en grande partie à cause de la partie pratique. Elle n'arrivait que très rarement à un résultat concluant, et c'était ainsi que chaque mercredi matin était devenu un moment redouté à ses yeux. Au fond d'elle, l'adolescente aurait bien voulu ne prêter aucune importance à ses résultats piteux, et pourtant, impossible de détacher ses yeux des commentaires de son professeur quant à sa maigre moyenne dans cette matière. Faire mieux, réussir chaque partie pratique, se donner au maximum, était devenu une obsession pour la jeune Serdaigle. Elle devait réussir, il fallait qu'elle y arrive. Toutefois, même avec entraînements de son côté, les trois quart de ses exercices échouaient, lui causant une immense frustration. Pourquoi cette matière refusait-elle d'elle ?

Ainsi, la jeune bleue grimpait les marches lentement, ne prêtant guère attention à son environnement... Et encore moins à son lézard. Posé sur son épaule, celui-ci aurait pu y rester jusqu'à la fin de son trajet en direction de la salle commune bleue, et cet écrit se serait terminé à l'instant. Cependant, il fallut bien que les évènements dérapent, il faut s'en douter. Ainsi, Ophrys, petit lézard farceur qu'il se trouvait être, décida soudainement l'épaule de sa maîtresse comme bien inconfortable, et n'attendit pas plus pour sauter sur la pierre froide et s'enfuir à travers un couloir adjacent. Lahya, encore très préoccupée par ses échecs en métamorphose, ne prit pas immédiatement conscience du poids manquant sur son épaule gauche. Ce ne fut finalement que lorsqu'elle tourna la tête vers un portrait pour le fusiller du regard, que son expression agacée se mua en étonnement, puis en crainte.

Après être restée comme statique, la jeune fille sentit son cœur s'emballer, et les larmes lui monter aux yeux. En plus d'avoir eu un début de journée bien fatiguant, il avait fallut qu'Ophrys en fasse des siennes ! Lessivée, à bout de force car tout semblait bien mal s'enchaîner dans sa journée, la bleue se laissa tomber sur une des marches de l'escalier et tenta de reprendre son calme. Ophrys reviendrait, Ophrys connaissait le château. Mais en était-elle certaine ? Voilà un mois, à peine, que le lézard pâle avait fait son entrée à Poudlard, se perdre restait une option très probable pour lui.
Ne sachant quelle attitude adopter, son cœur battant toujours la cadence — certainement au même rythme que celui auquel le lézard courrait, d'ailleurs —, après quelques minutes à désespérer, la bleue se leva et décida de chercher le petit reptile dans les couloirs autours.

- Ophrys !

Le pas à présent vif dans une des ailes, Lahya appelait son lézard, sa tête sur le point d’éclater. Pourquoi ? Pourquoi le sort lui avait-il joué un si mauvais tour ? La bleue arrivait à peine à déglutir, et regarder derrière chaque statue sans y trouver Ophrys la lacérait à chaque fois un peu plus, l'espoir de l'y voir étant envolé. Et, alors qu'elle allait abandonner puis s'asseoir dans un coin du couloir pour se décharger de toutes ses émotions, l'adolescente aperçut une silhouette non loin. Peut-être que... Hésitante, Lahya n'osa pas bouger pendant quelques secondes, avant qu'une pensée funeste ne la traverse. “Tu ne le récupéreras jamais.” Effrayée par cette perspective, la bleue prit finalement son courage à deux mains, et se mit à courir après l'individu pour le rattraper. Au diable son aspect, son adorable reptile comptait plus que la réaction qu'aurait cette personne en la voyant.

- Excuse-moi !

Les mots lui manquaient. C'était qu'il était grand en plus... Cinquième, sixième année ? Les phrases que Lahya aurait voulu sortir semblaient profondément enfoncées dans sa gorge, et les extraire lui lui demanda tout son souffle.

- Je... Mon lézard, Ophrys, je... Il a disparu, là, il y a cinq minutes. Tu... ne l'aurais pas aperçu ?

Le regard suppliant, la jeune fille n'espérait plus qu'une réponse positive, ou sa journée serait décidément fichue.

Une journée comme une autre... En fait c'était peut-être la même, Isaac était peut-être simplement coincé dans une boucle sans fin, ça expliquerait tout. Il n'aurait juste qu'à trouver la source de cette perturbation temporelle pour retrouver cette vie d’excitation constante qu'il avait durant ses premières années. Le fait qu'il sortait d'un cours de runes ou ils avaient du traduire un texte de la longueur d'au moins trente mètres de parchemin sous le regard glacial de miss Taylor ne devait pas arranger les choses. Elle mettait le serpentard tellement mal à l'aise, mais elle était quand même une de ses profs préférés, c'était dire.

Le cinquième année nota également que marcher sans réfléchir à où on mettait les pieds était une mauvaise idée, il avait pris un escalier qui était sur le chemin direct vers la salle commune sauf que ce-dernier se mit à bouger immédiatement et l'emmena sur un tout autre chemin. Isaac soupira. Il n'aurait plus qu'à faire un détour, il n'avait pas grand chose à faire dans tous les cas. Enfin théoriquement il devait réviser ses BUSEs et écrire une biographe en histoire de la magie mais il avait encore le temps, on était qu'au début de l'année et le devoir était pour vendredi.

"Excuse-moi !"

Et puis d'façon les cours étaient trop simples, enfin il n'avait pas toujours des bonnes notes mais c'est parce qu'il s'en fichait que des gobelins aient décidé de se révolter ou il ne savait quoi. C'était leur problème, pourquoi il devait être noté sur les actions des autres ? Enfin sur sa capacité à les mémoriser plutôt, mais même.

"Je... Mon lézard, Ophrys, je... Il a disparu, là, il y a cinq minutes. Tu... ne l'aurais pas aperçu ?"

Son train de pensée fut interrompu lorsqu'Isaac se rendit soudainement compte qu'une troisième ou deuxième année, enfin une plus petite que lui, lui parlait.

"Hein, quoi, moi ?" Évidemment que c'était lui il n'y avait personne d'autre dans ce fichu couloir. Il enchaina pour éviter qu'elle ne réponde à sa question qui n'en était pas une : "Euh non désolé j'ai rien vu."

En même temps qu'elle idée de prendre un lézard comme animal de compagnie et s'attendre à qu'il ne s'enfuie pas immédiatement. Le cinquième année était quasiment sur que ce n'était pas un animal fait pour être domestiqué. Il allait d'ailleurs partir et la laisser continuer sa recherche mais cette fille de Serdaigle semblait au bord des larmes, il se sentirait mal de l'abandonner alors qu'elle n'avait visiblement pas encore trouvé de l'aide.

Mais en même temps que pouvait-il faire ? Un lézard ça ne se retrouve pas comme ça, enfin il faudrait chercher dans tout Poudl⁠—

"T'a essayé d'utiliser le sortilège de Transfert ? Ou alors ton lézard est trop loin ? En tout cas si c'est le cas il suffit qu'on se déplace en essayant régulièrement le sortilège de Transfert." Oui mais même si elle réussissait à le transférer il faudrait tout de même l’attraper, enfin la solution était simple mais elle nécessiterait qu'ils soient deux. "Bon regarde ce que je te propose, on marche pendant que l'un de nous deux essaie régulièrement d'échanger le lézard avec..." Isaac chercha dans ses poches et en extirpa une pièce de monnaire. "... cette noise, et dès que le sort réussi l'autre lance le sort de Blocage. Ça te va ?"

Dire qu'il voulait juste rentrer s'allonger et lire à la base, et éventuellement commencer ce devoir à faire pour le surlendemain. En tout cas quitte à être obligé d'aider cette serdaigle autant que ce soit fait de manière efficace.

Qu'il dise oui, par pitié. L'affaire se terminerait ainsi là, et cela aurait pour avantage que Lahya puisse s'enfuir vite, loin de ce "grand". Cependant, aux mots de l'élève, l'espoir qu'entretenait la bleue dégringola comme une tour de Kapla à laquelle on avait donné un coup de pied. Il n'avait rien vu, rien aperçu. Ophrys s'était donc bel et bien volatilisé, sautillant dans quelques recoins sombres du château. Qui savait s'il n'avait d'ailleurs pas été déjà dévoré par une bête sournoise tapie entre les interstices des vieilles pierres de l'édifice ?

Lahya n'eut néanmoins pas le temps d'imaginer pire scénario — si c'était possible — que le brun embraya sur une question qui mit un peu de temps à atteindre son cerveau paniqué d'adolescente. Un... Quoi ? Le truc qu'elle avait vu en première année et qu'elle était censée maîtriser ? Compter sur de la métamorphose pour retrouver son animal ? Instinctivement...

- Je n'utiliserai pas de métamorphose pour retrouver Ophrys.

Les souvenirs de tout ses échecs de métamorphose en tête, Lahya ne put s'empêcher de pincer les lèvres. Non, décidément une mauvaise idée. Néanmoins... Ce garçon avait été ouvert, il aurait pu partir en la laissant dans son problème.

- Peut-être que...

...si tu le fais, ça me gênerait pas.

Ne réussissant pourtant pas à terminer sa phrase, la bleue observa l'élève en silence pendant quelques instants, l’esprit indécis. La peur de retrouver Ophrys transformé en demie noise semblait bien supérieure à la confiance qu'elle réussissait à accorder à ce Serpentard. Certes, il existait bien le Réparifagex... Mais tout de même ! On parlait ici de la vie de son animal de compagnie, pas d'une grenouille quelconque ou elle ne savait quel autre insecte* se trouvant dans le château ! Soupirant, l'adolescente baissa finalement la tête. Plus le temps passait et plus les risques qu'elle ne retrouve jamais Ohprys s'élevaient. Mais, elle ne pouvait pas non plus tenter ce que proposait l'individu en face d'elle ! Si ? Perdue face à ce dilemme, la jeune fille resta muette. Un peu plus et elle aurait l'impression de jouer sa vie. Enfin, celle de son lézard remplissait déjà largement l'affaire.
___________
*Il faut laisser Lahya dans sa confusion, je n'en suis nullement responsable.

La réponse de la jeune fille agaça Isaac. Ça ne l'avait pas dérangé de l'aider au départ mais la serdaigle lui avait bien rappelé pourquoi il en avait marre des gens qui l'abordaient aléatoirement. Si elle refusait en bloc sa solution elle méritait de se débrouiller toute seule, et puis qu'est-ce qu'il en avait à faire lui d'un lézard, il devait y en avoir des centaines dans ce château qui se ressemblaient tous.

"Peut-être que quoi ? Tu peux pas commencer une phrase et pas la finir en fait."

Il avait peut-être montré à peine trop d’agacement. Et c'était qu'une deuxième année, en plus elle devait être timide ou quelque chose comme ça vu ses réactions. Lui-même avait été bien plus timide que ça à son âge. Il n'aurait même pas pensé à demander de l'aide à un cinquième année, ça aurait été ridicule. C'était peut-être pour ça d'ailleurs que cette situation l'agaçait, ça lui rappelait bien trop ses premières années...

Dans tous les cas il avait d'autres choses à faire, il ne pouvait pas se permettre de perdre son temps avec cette deuxième année là. Et puis soyons honnête Isaac n'en avait même plus envie, la vague motivation de travailler sa pratique des sorts de métamorphose avait disparue très vite comme un boursoufflet devant un dragon quand ses idées furent rejetées sans un seul contre argument. C'est pour ça qu'il enchaîna très vite, sans attendre la réponse de la fille :

"Bon sinon t'a qu'à essayer de l'attirer avec de la nourriture ou je sais pas quoi, je connais pas les lézards. Enfin c'est pas tout ça mais j'ai des trucs à faire, voilà voilà..."

Puis le cinquième année initia les différents mouvements nécessaires pour réaliser une fuite discrète et stratégique de la conversation. Il se sentait un peu mal de la lâcher comme ça mais il devait apprendre à arrêter d'en avoir quelque chose à faire des gens qui n'auraient jamais levé le petit doigt si lui avait besoin d'aide. Il avait passé la plupart de ses cinq dernières années seul, il ne comptait pas s'arrêter en si bon chemin, il n'avait besoin de personne lui, donc les autres pouvaient faire pareil.

D'façon elle devait surement avoir plein d'amis, elle, le genre de groupe de copines qui piaillent spécifiquement de manière à le déconcentrer, ça et leur rires aigus affreux aussi. Isaac était sûr qu'elles ne s'amusaient même pas vraiment en plus, elles devaient passer leur temps à faire semblant de sourire tout en cherchant les indices qui montreraient que les autres se moquaient d'elle dans leur dos. Être dans un groupe de ce genre n'apporterait absolument rien, il ne voyait pas pourquoi quelqu'un aurait une quelconque envie d'appartenir à ce genre de trucs.

Et puis si elle avait laissé échapper son animal c'était complètement de sa faute, elle avait qu'à s'en occuper. Et elle pouvait toujours demander à un prof, elle avait certainement pas besoin de lui...

- Peut-être que quoi ? Tu peux pas commencer une phrase et pas la finir en fait.

Les phrases de ce grand cinquième année heurtèrent avec violence l'adolescente, qui ne fit que se refermer davantage, tel un escargot que l'on aurait cherché à saisir. Après tout, oui, si elle n'était même pas capable de terminer une phrase, que valait-elle ? Incapable d'achever ses propos, incapable de réaliser correctement un sort de métamorphose, incapable d'être suffisamment emphatique pour que son lézard daigne de rester près d'elle-même. Juste une incapable. Oui, voilà le mot qui représentait le mieux Lahya, au final. Elle ne méritait même pas d'être une sorcière. Si cet heureux hasard avait été placé sur sa route, c'était simplement pour qu'elle puisse s'apercevoir à quel point sa valeur n'existait pas.

« [...] Enfin c'est pas tout ça mais j'ai des trucs à faire, voilà voilà... »

Si la bleue tentait déjà de se rendre inexistante, se terrant à l’intérieur de cette vague d'abattement qui l'avait envahie quelques instants plus tôt, ces derniers mots achevèrent de la faire désespérer. Elle dérangeait cette personne. Ce garçon n'avait juste aucune envie de rester ici, cela crevait les yeux.
Parce que lui, il avait certainement des gens à retrouver, des devoirs à faire, des parents à rendre fiers. Lui, il ne se contentait pas de désespérer dans un couloir en suppliant une aide qui ne viendrait pas. Lui, ne se rendait pas responsable de cette aide qui ne venait pas, et il devait certainement être très doué en métamorphose. Ou alors quelque chose comme ça, dans le genre, il avait forcément du talent. Un truc qui faisait que Lahya n'avait qu'à repartir les pieds traînant sur le sol, le lézard perdu. Et elle reverrait alors Ophrys dans quelques jours, le cœur lourd, songeant à tout cet affolement pour rien. Puis, la vie continuerait son cours, et la bleue resterait toujours autant incapable.

- ... Ouais.

N'osant même plus regarder la silhouette plutôt imposante, le regard de l'adolescente s’égara une nouvelle fois sur le mur à côté, ainsi que les armures. Comme cela pouvait être frustrant qu'il n'y ait mieux pour satisfaire ce besoin de fixer son attention autre part, ce Serpentard allait la croire bien stupide à détourner les yeux pour ne se concentrer que sur métaux et pierres. Si au moins, elle se trouvait à l'extérieur et qu'un animal passait, l'excuse aurait pu être valable. Mais ici, rien. Juste des pierres d'une affreuse couleur grise, s'accordant d'ailleurs parfaitement avec l'humeur de Lahya.

- C'est... Bien, comme idée. Je vais te laisser tranquille.

La jeune fille ne savait même plus ce qu'elle articulait, les mots semblaient lui échapper, pour habiller le silence. Car elle n'allait tout de même pas s'en aller avant d'avoir acquiescé aux propos de ce garçon, n'est-ce pas ? Il fallait rester polie et ne pas rétorquer que, le temps qu'elle trouve la nourriture, Ophrys aurait déjà pu s'être rendu dans la forêt interdite.

La fille accepta simplement et le laissa partir. Isaac s'attendait à ce qu'elle le rappelle, qu'il se retourne et qu'il aille finalement l'aider mais ça n'arrivait probablement que dans les livres. Il était juste un élève à qui elle avait demandé de l'aide et si il refusait de la donner et disait qu'il était occupé, elle n'allait pas lui dire de rester, ça n'avait aucun sens.

Mais, comment allait-elle retrouver son lézard ? Toute seule elle aurait du mal, surtout si elle voulait pas utiliser de magie... Enfin il lui avait donné l'idée donc une fois qu'elle se rendrait compte que c'était la meilleure solution, elle changerait d'avis et réussirait au moins à faire venir le lézard près d'elle. Elle devait bien avoir une façon de l'attraper, elle était la propriétaire du dit lézard après tout.

Mais tout ça c'était que des excuses, le serpentard en réalité se sentait juste mal de laisser la serdaigle toute seule avec ses problèmes. Sauf que comme il lui avait déjà dit qu'il partait, il ne pouvait décemment pas revenir sur sa décision sans passer pour un imbécile fini. Isaac continua donc son chemin, son esprit se bataillant entre culpabilité et "non mais d'façon c'est de sa faute".

Après le premier virage cependant, le serpentard s'arrêta. Il tourna autour de lui pour voir si quelqu'un était en vue, ce qui n'était pas le cas. Il n'entendait pas non plus la fille venir vers lui. Dans tous les cas Isaac avait voulu pratiquer ses sorts depuis un moment maintenant, il avait rarement besoin de le faire donc c'était l'occasion. Il sortit donc de sa poche sa baguette, la noise, et chuchota :

"Translatio"

À sa grande surprise, la noise se retrouva instantanément échangée avec un gros lézard. Dans sa surprise il secoua sa main pour se débarrasser de l'affreuse créature qui détala vers le couloir qu'il venait de quitter. Puis, se rendant compte qu'il venait de parfaitement réussir ce qu'il souhaitait faire et qu'il n'avait pas invoqué une quelconque créature du lac à la place, il courut à la poursuite de l'animal et le pointa en criant à sa propriétaire :

"Eh, toi là-bas ! Ton lézard là ! Vite, fait un sortilège de Blocage, ou utilise une technique de propriétaire de lézard pour l'attraper, ou fait un truc n'importe quoi !"

Il savait qu'il avait encore une autre noise dans sa poche donc dans le pire des cas il pouvait simplement relancer le sort. Il pourrait aussi lancer soi-même un sortilège de Blocage mais pour être honnête le garçon n'y avait même pas pensé et, dans sa précipitation, avait seulement gardé en tête le plan qu'il avait énoncé plus tôt.

L'adolescente observa, le cœur en miettes, la silhouette du garçon s'éloigner. Intérieurement, elle tentait de se rassurer : non, son lézard n'avait disparu, elle allait le retrouver. Après tout, il était connu de tous que les animaux aimaient faire ce qu'ils voulaient lorsque cela leur chantaient. Qu'ils disparaissent quelques heures, minutes, ne pouvait-être qu'anodin. Et pourtant, Lahya n'y parvenait pas. Elle avait beau avoir conscience de ces vérités, le vase ne parvenait pas à se vider proprement. Un autre évènement négatif, et la jeune fille en viendrait sûrement à fondre en larme au milieu de ce couloir.

Le moral dans les chaussettes, incapable de retenir son esprit de paniquer alors qu'elle se détournait du couloir, Lahya n'eut même pas le courage de se diriger vers les cuisines. À quoi bon ? Le temps qu'elle aille là-bas, qu'elle s'occupe de demander aux elfes la nourriture, puis qu'elle remonte... Autant rentrer directement dans sa salle commune, et se morfondre dans un fauteuil pour le reste de la soirée. Beau programme, ça. Cependant, alors qu'elle entamait lentement son chemin vers ce qui allait être une soirée désagréable — peut-être qu'elle pourrait aller chercher du réconfort auprès d'Élina ? —, une voix l'interpella. D'ailleurs, n'était-ce pas celle de tout à l'heure, du grand garçon ?

« fait un sortilège de Blocage »

Que... QUOI ? Ceci ne pouvait signifier qu'une chose, évidemment. Se dépêchant alors de se rendre près du grand, Lahya sortit sa baguette, ne sachant pas encore quel sortilège utiliser. C'était bien beau de proposer le sortilège de blocage, mais l'adolescente de l'avait tout bonnement pas encore appris ! Se rabattant finalement sur un incontournable, celui agrémenté du "on tourne et on abaisse", la jeune fille lança le sort. Nul doute que la détermination ne lui ferait pas défaut.

- Wingardium Leviosa

Ayant bien évidemment repéré le reptile auparavant, Lahya s'était donc dépêchée de le viser avant qu'il ne bouge à nouveau. Jamais elle n'avait mis autant de bonne volonté dans un lancer de sortilège, et à sa grande joie celui-ci réussit, le lézard s'envolant dans les airs. *Miss Per- Priddy, aurait été contente, ou alors c'est juste la base, c'est vrai.* Saisissant enfin la bête tant recherchée, Lahya sentit un immense soulagement l'envahir à la sensation du corps chaud sur sa peau. Elle l'avait retrouvé, il n'allait plus disparaître. Respirant quelques secondes — il fallait bien se remettre de ses émotions ! —, l'adolescente se tourna vers le garçon, qui a présent lui semblait un peu plus sympathique. Il l'avait finalement aidée.

- Je... Merci. Sans toi je n'aurai jamais pu le retrouver, la métamorphose est mon gros point faible.

Se passant une main sur ses cheveux, souriant, tandis que le reptile se trouvait bien serré entre sa cape et l'autre main, Lahya soupira. Sa soirée aurait des points positifs, finalement.

La fille utilisa rapidement un sortilège de Lévitation et réussit à récupérer le lézard. Isaac soupira. Voilà qui était fait. La troisième année semblait très contente et ça réchauffa le cœur du serpentard, sa journée n'aurait pas été inutile au moins.

"Oh t'inquiètes pas, tant que j'étais là... Et puis ça aurait été bête de laisser ton lézard s'enfuir."

Il aurait bien voulu donnez des conseils sur la métamorphose, comment il trouvait ça pas plus compliqué que les sortilèges, mais elle pourrait aussi ne pas être forte en sortilèges donc ça aiderait pas. Et il ne pouvait pas non plus ressortir les concepts basiques, elle les savait probablement déjà et c'était ni le lieu, ni la situation pour le faire. Par conséquent il ne réagit juste pas à la mention de ses difficultés.

Maintenant venait le moment qu'il détestait dans toutes les conversations : est-ce qu'il devait juste partir, ou rester un peu et continuer la conversation ? S'il voulait agir avant qu'il y ait un blanc c'était maintenant. Mais est-ce qu'il voulait vraiment éviter le blanc ? Un blanc lui permettrait de gêner la personne en face ce qui lui causerait à la forcer à parler, soit pour terminer la conversation, soit pour la continuer, ce qui déléguerait le choix à son interlocutrice.

"Sinon désolé d'avoir été sec tout à l'heure."

Et zut, non seulement il avait hésité à peine trop longtemps et un blanc avait eu le temps de se créer, mais en plus il n'avait pas résisté et avait tout de même relancé la conversation. En même temps l'interaction avait été trop courte pour qu'Isaac puisse juste partir sans un mot de plus. Il y avait aussi le fait qu'il se sentait réellement désolé, mais il avait été agacé par son refus d'une solution pourtant simple et efficace.

Il ne se souvenait pas avoir un jour eu du mal avec la magie, il avait toujours eu une aisance avec les sorts. C'était probablement parce qu'il y avait aucun moldu dans sa famille et qu'il avait grandi entouré de magie tout le temps. Peut-être qu'elle n'avait pas été aussi chanceuse, il ne savait pas si c'était vrai mais il avait entendu des gens dire que même un moldu dans la famille et le potentiel magique était grandement réduit, c'était peut-être ça. Ou alors elle était née-moldue, et qu'elle avait découvert l'existence de la magie il y a seulement quelques années. L'idée même fit frissonner intérieurement Isaac, il était incapable de s'imaginer comment elle aurait pu faire sans magie.

En tout cas elle en aurait besoin de cette magie dans le futur, non seulement à Poudlard mais surtout dans la vie de tout les jours. Il faudrait qu'elle acquiert ces réflexes de penser d'abord à la magie pour résoudre n'importe quel problème qui pourrait lui arriver avant d'essayer des méthodes moins conventionnelles.

Le garçon ne semblait plus autant énervé que les précédents instants, et si Lahya y avait prêté attention, elle aurait sans doute songé qu’il n’était pas si terrifiant que cela. Cependant, n’ayant d’yeux que pour son lézard si chèrement retrouvé, l’adolescente ne nota pas le changement d’attitude, et acquiesça aux paroles du vert. Inspirant une goulée d’air frais, sa soirée était à revoir avec la réapparition du lézard, la jeune fille observa son interlocuteur qui semblait soudainement mal à l’aise. Pourquoi cela ? Souhaitait-il lui demander quelque chose ? La bleue s’inquiéta alors d’une idée à laquelle elle n’avait pas songé une seule seconde : et si cet inconnu considérait ceci comme un service, mais payant ? Après tout, il avait bien été réparti dans la maison des roublards, qui savaient ce que certains de ses membres pouvaient sortir, parfois. Le petit problème restait que la jeune fille n’avait que très peu d’argent sorcier, du fait de son ascendance moldue, il ne fallait donc pas qu’il demande un dû.

En attente, Lahya attendit les mots de grand, et faillit soupirer de soulagement lorsque ses paroles atteignirent ses oreilles. Par Merlin, qu’était-elle allée s’imaginer ? Il n’y avait pas que des tricheurs et mauvais perdants chez Serpentard, il ne fallait pas qu’elle en fasse une généralité. La surprise retombant, la Serdaigle répondit avec un sourire réservé. Elle n’était pas blanche elle non plus, cependant, contrairement au Serpentard elle n’avait pas vraiment le cran de s’excuser. Pas du tout, même.

- Oh, pas grave.

Bon, ce serait mentir d’affirmer qu’elle ne lui en voulait absolument pas pour ses paroles dures, mais après tout elle n’en était pas morte. Puis, il s’était bien racheté avec la trouvaille d’Ophrys, il ne fallait pas non plus placer ce garçon dans le mauvais panier. Il devait certainement être très agréable lors de circonstances plus apaisées.

- Et puis tu as retrouvé mon lézard, c’est le plus important, si tu as passé une mauvaise journée ou je ne sais quoi… Enfin voilà tu comprends, je ne peux pas non plus trop t’en vouloir pour ça. Ah et au fait, je m’appelle Lahya.

Voilà que la Serdaigle commençait à s’embrouiller, et à parler pour ne rien dire. Elle se retrouvait bien dans cette attitude ! Il valait d’ailleurs peut-être mieux qu’elle s’en aille avant d’irriter à nouveau ce grand et de s’en faire un ennemi. Elle pouvait être tellement maladroite dans son rapport avec les autres, parfois…

- Bon et bien… Je pense que je vais y aller, et tu dois sûrement être occupé, toi aussi. Encore merci !

Il n’y avait pas à dire, retrouver son lézard avait vraiment mis Lahya de bonne humeur. Quelqu’un aurait pu la faire tomber qu’elle ne lui en aurait pas voulu. Avec un signe de la main, l’adolescente salua finalement le vert et se dirigea vers les escaliers pour sa salle commune. Son programme de la soirée n’était bien évidemment plus le même !

C'est vrai qu'Isaac avait été méchant, il n'aurait pas dû lui parler comme ça. Et puis ça devait déjà être intimidant de demander à "un grand" de l'aide donc il avait vraiment mal joué en l'attaquant comme ça, impatient comme tout. Et puis elle avait pas le droit d'être si gentille après coup, elle lui était même assez empathique pour le pardonner parce qu'il avait eu une mauvaise journée, ce qui était un peu vrai quand il y réfléchissait, sauf que maintenant il se sentait juste encore plus coupable.

"Moi c'est Isaac."

Et avant qu'il puisse être gêné par un blanc encore longtemps, la fille s'excusa et partit. Le serpentard espérait tout de même ne pas avoir fait une trop mauvaise impression sur elle, en fait il espérait même avoir eu le moins d'influence possible. Il n'avait pas envie de penser au fait qu'il l'avait peut-être dégoutée des serpentard, ou des gens de plus hautes années, peut-être même qu'elle passerait à côté d'une super opportunité simplement parce que la personne en face était un serpentard. Isaac se souvenait de ses propres interactions avec des gens plus âgés et c'était horrible, il avait l'impression qu'ils ne faisaient que le juger fortement, qu'il était examiné sous tous ses angles pour être sûr qu'il était quelqu’un de valable, ou des trucs comme ça.

Et voilà, il se retrouvait de nouveaux seul. Pendant un moment il ne bougea pas, puis se mit à faire quelques pas un peu au hasard... Il avait cours cet après-midi. Il n'avait pas envie d'avoir cours cet après-midi. Et pourquoi est-ce qu'il devrait avoir cours cet après-midi ? Pourquoi était-il obligé de suivre ces tortionnaires de profs qui voulaient le séquestrer pendant des heures à le torturer ? Comment le gouvernement pouvait encore accepter de telles crimes contre l'humanité ?

Isaac frappa une armure qui résonna fortement dans le couloir vide.

"Mais fait moins de bruit, s'pèce de stupide." cria un tableau plus loin dans le couloir.

"Vas te faire voir, s'pèce d'aquarelle."

Isaac avait répondu du tac-au-tac avec la même intonation insupportable. Non mais de quoi ce reflet d'un gars mort depuis longtemps se mêlait ? Le garçon, au moins, avait la possibilité de penser en dehors de ce que le créateur du tableau avait autorisé et il pouvait se déplacer en trois dimensions en plus de ça. Privilège qu'il utilisa, par ailleurs, pour se mettre à se diriger vers son prochain cours.

Tout de même, comment c'était fait un tableau ? Comment on choisissait la personnalité du tableau et avec quels sortilèges pouvait-on l'imprimer sur la toile ? C'était quand même fascinant comme concept. Ça devait très probablement être différent des photos mouvantes dans le journal, ça devait plus être comme les portraits des chocogrenouilles mais en plus avancé. Enfin bon, le cours, il fallait se diriger vers le fichu cours.

Fin du RP !