Comme la plupart des personnes allant prendre leur petit-déjeuner ce matin là, la jeune poudlarienne avait remarqué l’attroupement d’élèves autour du panneau d’affichage du Hall d’entrée et cela avait suffisamment attiré son attention pour qu’elle décide d’y jeter un coup d’oeil en quittant la Grande-Salle. Quoiqu’initialement surprise que Poudlard organisa quelque chose d’aussi ordinaire et non magique - du moins à ses yeux - qu’un programme de correspondance scolaire, son intérêt pour le projet fut immédiat et ne fit qu’aller crescendo à la lecture des différents noms d’écoles sur la liste. Elle gardait un excellent souvenir de son expérience d’échanges épistolaires à l’école primaire et n’osait pas imaginer tout ce qu’elle pourrait apprendre si on lui offrait l'opportunité d'échanger avec un étudiant de n’importe laquelle de ces écoles. Et aussitôt l’idée implantée dans son esprit, elle n’avait eu de cesse de s’interroger sur laméthode d'intégration de projet.

Cependant, après avoir passé la journée à peser le pour et le contre, la jeune serpentard était arrivée à la conclusion que s’inviter à la réunion d’information qui aurait lieu dans la Petite Salle le lundi suivant n’était pas une option. Après tout, elle savait d’expérience que se trouver là où elle n’était pas conviée, n’était jamais une bonne chose. Non, si elle voulait avoir plus d’éléments sur ce projet, il lui faudrait s’adresser aux personnes directement concernées, des personnes qui, si sa lecture de la liste n’était pas erronée, étaient tous des élèves se trouvant minimum en quatrième année, des élèves plus vieux. Le douloureux souvenir de ses dernières tentatives d’échange avec des élèves plus vieux était décourageant et allait lui faire renoncer à cette solution, lorsque le hasard décida de lui venir en aide. Juste en face d’elle, assise seule à une table de travail, Ennis O’Belt. Non seulement, elle faisait partie des élèves élus, mais en plus, c’était la préfète de Gryffondor et aider les élèves les plus jeunes faisait partie des missions des préfets. Le regard rivé sur la préfète, Abygaïl hésita un instant avant de prendre son courage à deux mains et d’avancée résolument dans sa direction … pour se figer silencieusement devant sa table.

Après l'effervescence de la découverte des heureux élus participant au programme d'achange avec le nom et l'école de leurs correspondants, tous les élèves avaient fini par vaquer à leurs occupations. Ennis avait donc été prendre son petit déjeuner avant de rejoindre sa salle de cours. En conséquence de la soirée d'Halloween de la veille, elle n'avait eu rendez-vous en métamorphose avec le professeur Lynch et l'ensemble des cinquièmes années concernés qu'à dix heures. Puis il y avait eu le repas de midi qui s'enchaînait avec le cours d'Etude de Runes. Le jeudi était une journée très chargée pour les étudiants de la filière science puis qu'après une petite heure de pause, ils devraient rejoindre le professeur Falkner pour en apprendre plus sur les créatures magiques. Il fallait donc mettre à profit ces soixante minutes. Ennis avait donc rejoint une salle d'étude et s'était attablée pour commencer à rédiger quelque chose. Elle voulait réfléchir à ce qu'elle allait écrire à sa correspondante. Mais il résidait un soucis majeure, la barrière de la langue. L'irlandaise voulait apprendre le russe. Mais d'ici au premier envoi, elle doutait de pouvoir produire une lettre entière. Mais ce n'était pas grave. Elle commençait simplement à inscrire sur son vélin ce qu'elle voulait transmettre à cette adolescente étrangère encore inconnue. Se présenter lui semblait un bon début. Mais elle ne se voyait pas écrire son pedigree, c'était absurde. Alors que la préfète notait cependant les choses essentielles comme son identité et quelques questions qu'elle aimerait poser à son interlocutrice, la luminosité baissa d'un coup. Elle releva donc la tête pour voir une jeune Serpentard dont le visage ne lui disait pas grand chose. Elle la regardait de manière un peu étrange:

- "Un problème?" Lui souffla de dire la part de son esprit en charge du préfectorat.

Ennis n'ayant qu'une heure de libre le jeudi après midi, j'ai placé ce RP entre 16h et 17h

Aby sentit ses joues s'enflammer et, embarrassée, elle se mit à se dandiner sur place. Parler à une élève plus âgée, malgré le statut de préfet pour aider, n'était pas aussi simple que ce qu'elle avait anticipé et elle s'était retrouvée bloqué devant la brunette, sans savoir comment commencer la conversation. Et maintenant elle avait l'air stupide et elle n'était pas sûre que son interruption, aussi silencieuse fut-elle, soit appréciée par la rouge et or.

Même si la question avait été posée sur un ton neutre, quelque chose dans le visage de son interlocutrice donnait le sentiment à la petite métisse qu'elle n'avait pas intérêt à lui faire perdre son temps. Le souci, cependant, était qu'elle craignait de l'avoir déjà fait. En effet, la préfète lui avait demandé si elle avait un problème et la liverpuldienne n'était pas sûre que sa curiosité entrait dans le cadre des problèmes pour lesquels les préfets étaient susceptibles de donner leur aide.

Étant désormais en deuxième année, elle n'avait pas eu droit à un discours de l'équipe préfectoral à la rentrée, mais, si ses souvenirs étaient bons, l'aide des préfets concernait principalement le repérage dans le labyrinthe qu'était Poudlard et parfois de l'aide aux devoirs. Devoirs desquels elle venait peut-être de tirer la cinquième année vu le parchemin qui faisait face à cette dernière. Abygaïl grimaça, plus gênée encore. Comme la plupart des gens, elle n'aimait pas être dérangée lorsqu'elle était concentrée sur ses devoirs et elle ne doutait pas un instant que ce fût également le cas de son interlocutrice. Surtout qu'elle venait d'entamer l'année des B.U.S.E.S, une année pour laquelle les devoirs étaient plus difficiles et plus nombreux, alors que le temps pour les faire lui allait en diminuant ...du moins c'est ce qu'elle avait conclu des nombreuses plaintes des élèves en cinquième année. Bref, plus elle y pensait et moins elle trouvait son interruption justifiée. Cependant, ce qui était fait, était fait et elle ne pouvait plus faire machine arrière.

La fillette qui se tenait devant elle semblait pétrie de doute quand au fait de lui exposer son problème? Ennis fronça très légèrement ses sourcils. Elle se demandait si c'était grave Auquel cas, il faudrait qu'elle aille avec sa cadette trouver un adulte, professeur, infirmière... Quelqu'un qui serait à même de l'aider. Plus qu'elle. Mais souvent, quand on venait trouver un préfet - surtout elle - plutôt qu'un adulte, c'était que la situation était plutôt délicate. Elle même avait pensé pouvoir gérer seule l'épine douloureuse qu'avait été Daniel Smith l'an passé. Et si elle était tombée sur quelqu'un d'autre qu'Owen, très certainement qu'elle aurait nié en bloc plutôt que de réussir à tout expliquer. Par morceaux épars. Mais si elle avait réussi c'est que ce professeur était avant tout l'ami de son frère, et puis elle ne l'avait pas en classe. Cela lui avait permis de voir la connaissance amicale avant la figure d'autorité.

L'irlandaise fut soulagée et en même temps quelque peu contrariée de savoir que tout ceci n'était dû qu'à l'envie de poser une question. Mais après tout, la question était peut être importante alors, elle posa sa plume et reboucha son encrier pour s'adresser à la plus jeune sur un ton toujours aussi égal:

- "Je t'écoute, quelle est ta question?" Si c'était quelque chose de trop privé, préfète ou pas, fillette ou pas, elle lui volerait dans les plumes.

La préfète lui répondit de nouveau par une question, mais cette fois-ci, la deuxième année se sentit en confiance et cessa de se trémousser. Le ton était le même, mais le signal de disponibilité claire qu'était le fait de poser sa plume et reboucher son encrier, rassura la fillette sur le fait qu'elle n'était pas perçue comme un désagréable élément perturbateur.

Calmée et plus à l'aise en présence d'Ennis, la fillette décida de prendre place sur la chaise qui faisait face à son aînée. Après tout, le but initial de sa visite en salle d'études était d'avancer un peu sur son devoir d'histoire de la magie, qui était dû pour la semaine suivant. Et surtout, son épaule la faisait souffrir. *Et si j'envoie un courrier à maman en lui demandant de me prendre un nouveau sac, elle me répétera qu'elle m'avait prévenu et qu'elle avait raison jusqu'à ma mort. Et si je demande à papa, il le dira à maman.* Non, elle n'avait pas le choix. Elle était forcée de continuer à souffrir tant qu'elle n'aurait pas appris le sortilège de poids-plume ou ...peut-être qu'elle pourrait en profiter pour demander de l'aide à la préfète dans cet autre domaine aussi ? *Une chose à la fois patate!*. Elle jeta négligemment son sac à bandoulière au sol.



Heureuse d'être parvenu à faire des phrases plutôt cohérentes, sans trop bafouiller ou s'emmêler dans ses mots, la fillette termina sa question qui en était en réalité plusieurs avec un sourire incertain. Puis, prise de doute elle demanda, en espérant le prononcer correctement.

Ennis observa sa cadette scolarisée dans la maison historiquement ennemie à la sienne s'installer face à elle. L!irlandaise se demanda ce qu'elle cherchait exactement, car elle n'avait pas prévu de prendre le thé pendant cette petite heure de libre, bien entamée. Mais bien d'avancer sur la lettre qu'elle voulait écrire à Petrova. Heureusement la plus jeune entra dans le vif du sujet, de la curiosité. Ennis retint un soupir face aux différentes questions mais resta le plus impassible possible.

- "Oui je suis bien Ennis O'Belt." Répondit la châtain en appuyant sur son prénom que tous, hormis les irlandais, prononçaient de manière erronée. Les autres natifs des îles britanniques semblaient ignorer que son prénom se prononçait Inis. Mais ça, à la rigueur, elle en avait l'habitude et prenait rarement le temps de corriger ou de pointer l'erreur. Mais il semblait que de l'interrompre dans son travail la gênait toujours autant et ne la mettait pas dans de bonnes dispositions. Elle pinca très légèrement les lèvres et observa la fillette. Elle décida de répondre à son interrogation sur le tout nouveau programme d'échange organisé entre les différentes écoles reconnues par la Confédération Internationale des Sorciers.

- "C'est bien un programme d'échanges. Épistolaire d'abord. Et l'an prochain on pourra certainement se rendre dans l'école de notre correspondant. Mais je crois que c'est exclusivement pour les élèves qui sont au moins en quatrième année. Ça ne sera pas avant deux ans pour toi." Conclua l'adolescente.

La fillette adressa un sourire contrit à la cinquième année lorsqu'elle la reprit sur la prononciation de son prénom. Elle s'adressait bien à la bonne personne, mais avait avait complètement écorchée son prénom. Pour sa défense, c'était ainsi qu'elle entendu d'autres élèves le prononcer et la façon dont le prénom était orthographié était une invitation à en malmener la prononciation. *Inis ? Ça doit être un prénom celte, leur usage de l'alphabet est bizarre comme ça !*

Quoiqu'il en soit, ce n'était pas les éléments les plus importants dans la réponse de son interlocutrice. La bonne nouvelle était que non seulement elle ne s'était pas trompée sur l'objet du programme, celui-ci avait une conséquence plus intéressante encore. Le programme permettait de faire la rencontre d'élèves étrangers avec lesquels il serait intéressant d'échanger sur les différences de pratiques magiques entre leurs pays respectifs mais en plus, mais en plus les poudlariens participants auraient l'opportunité de faire un voyage scolaire. Un voyage qui permettrait de visiter une des écoles reconnues par la Confédération Internationale des Sorciers mais aussi, en fonction de l'école d'origine des corresponds, de découvrir un autre pays, voire peut-être même quitter le continent. La mauvaise nouvelle était qu'elle ne pourrait accéder à cela avant un moment, comme le précisa la gryffondor.

Il y avait quelque chose de final dans le ton d'Ennis. Quelqu'un d'un peu moins autocentrée aurait porté plus d'attention aux divers signaux envoyés par son interlocutrice, aurait compris que l'adolescente voulait retourné à ce qu'elle faisait avant l'interruption d'Abygaïl, mais la deuxième année avait d'autres questions et décida d'ignorer l'impression qu'elle avait qu'elle était en train de déranger son aînée et que cette dernière commençait à perdre patience.

« Cool ! J'veux dire, c'est frustrant de d'voir attendre d'être en quatrième année, c'est pas juste, mais doit y avoir une raison, non ? Tu sais pourquoi ça commence qu'en quatrième année ? Comment on fait pour y participer ? C'est quoi les conditions ? Les notes ? Le comportement? Le fait de parler une autre langue ? Est-ce qu'on choisit dans quelle école on veut notre correspondant ? Tu parles russe ? Ta correspondante est Durmstrang, non ? Enfin, j'crois qu'c'est une fille, ça ressemblait à un prénom de fille, mais peut-être que je me trompe, je sais plus trop.»

L'enthousiasme de la fillette était-elle, qu'elle passait d'une idée à une autre, enchaînant les questions et les remarques, sans transition et sans faire de pause.

« Ma mère était déçue de s'apercevoir que Poudlard ne propose pas de langues étrangères, mais du coup est-ce que je vais devoir m'y mettre sur mon temps perso ? Et puis du coup, laquelle je choisis, parce que y a des écoles du monde entier et même si je travaille beaucoup pendant deux ans, j'pense pas pouvoir apprendre tant de langues que ça. J'aime les défis mais j'suis pas complètement folle, à moins qu'il y ait un moyen magique pour apprendre plus vite les langues étrangères !! Il faudrait que je me renseigne tiens ...»

Ennis s'était dit que peut être, la plus jeune la laisserait tranquille, mais non cela n'avait fait qu'attiser son envie de parler et de poser une multitude de questions auxquelles la préfète de cinquième n'était pas certaine d'avoir toutes les réponses. La pensée qu'elle aurait mieux fait de se taire ne fut pas aussi fugace que ce qu'elle aurait pu l'être. D'ailleurs l'irlandaise répartie dans la maison du courageux Godric Gryffondor se demanda si elle ne devait pas la planter là. De toute façon elle n'avait pas retenu un quart des questions. Ennis soupira sans même chercher à cacher son agacement et apporta les réponses qui lui venait à l'esprit:

- "Il faut exposer ses motivations et dire si une école offre des choses qu'on aimerait découvrir. Mais je ne parle pas un mot de russe." Dit Ennis, confirmant implicitement que sa correspondante était bien scolarisée à Durmstrang et donc que ce n'était pas un critère pour être sélectionné. "Je vais apprendre sur mon temps libre." La châtain retint un commentaire acerbe ressemblant à 'Ou ce qu'il en reste'. Satanée fonction qui demandait de montrer l'exemple. Mais quelle plaie parfois ce badge!

- "On peut utiliser des sorts pour traduire des écrits mais apprendre, ça ne se fait pas par magie... Sinon on n'aurait pas besoin d'aller en cours..." Ajouta la gardienne des Griffes Ardentes exaspérée.

La deuxième année était tellement heureuse de pouvoir enfin poser toutes les questions qui lui avaient trotté dans la tête tout au long de la journée, qu'elle mit un moment à se rendre compte qu'en face, son interlocutrice commençait à s'agacer. Le soupir qui précéda les réponses de la préfète était un indice claire et directe de ce fait, un indice qui ralluma le feu sur l'entièreté du visage de la jeune serpentard. Clairement, bombarder son interlocutrice de questions n'étaient pas une bonne idée.

Elle aurait souhaité interroger encore son aînée par rapport à ces histoires de motivations. Elle n'avait pas encore beaucoup étudié les autres écoles du monde, mais le peu d'informations qu'elle avait à leur sujet rendait compliqué le choix d'une école à laquelle postuler. Lui serait-il possible de postuler pour plusieurs écoles ?
Seulement, la dernière phrase prononcé par la gryffondor, plus encore que le soupir, mortifia tellement Abygaïl qu'elle comprit que la seule chose qui lui restait à faire, était de mettre un terme à cette conversation : évidemment que si l'on pouvait apprendre les choses par magie, aller en cours n'aurait plus eu aucun intérêt. Se sentant stupide, la petite métisse regretta de s'être installée à la même table qu'Ennis, rendant difficile la fuite, instinct auquel tout son être voulait répondre. Elle aurait voulu pouvoir cacher son embarras dans une autre pièce, à des kilomètres, mais la gêne ajoutait comme un poids à ses jambes et elle craignait de s'humilier davantage en tentant de se lever. Aussi, elle baissa la tête pour dissimuler un maximum sa gêne, plongea le nez dans son sac pour en sortir plume, parchemin, encrier et surtout pour ne pas avoir à croiser le regard de la cinquième année lorsqu'elle répondit, d'une voix qu'elle espérait claire.


Puis, elle se mit à recopier avec beaucoup d'attention son cours de métamorphose pour ne plus avoir à croiser le regard de son interlocutrice.

La jeune irlandaise vit la Serpentard piquer un fard au fur qu'elle lui répondait. Elle venait en fin de comprendre qu'Ennis n'était pas vraiment disposée à faire de la simple conversation. Aussi, elle accueillit avec une satisfaction certaine - bien qu'elle ne a montra pas - le fait que la plus jeune s'en retourne à ses devoirs. La préfète aux cheveux châtains chercha dans la pièce une horloge afin de savoir du temps dont elle disposait encore pour écrire sa lettre. Elle trouva l'objet de ses convoitises juste à côté de la porte d'entrée et ce qu'elle put lire sur le cadran de la pendule d'un autre temps n'était pas vraiment pour la satisfaire. Si elle souhaitait être à l'heure en Soins aux Créatures Magiques - cours dispensé par son directeur de maison, même si pour l'heure, elle était la seule à le savoir avec sa collègue - elle devrait partir dans une quinzaine de minutes au plus. L'adolescente retint un soupir et reporta l’entièreté de son attention sur son parchemin ou quelques mots à peine avaient réussi à s'inscrire. Et lui vint une pensée fulgurante. Jeffrey! Elle avait projeté avec lui de se retrouver avant leur cours commun le matin même. Tant pis pour sa lettre, elle verrait ce soir, elle rangea l'ensemble de ses affaires et quitta la pièce.

Merci pour ce RP