Inscription
Connexion

02 févr. 2022, 17:19
Des fourmis et des sorciers  PV : Aelle Brystile 
[PV : @Aelle Brystile]

Dimanche 27 janvier 2047
14h30


- Le Parc -

Une pluie sans fin s’acharnait sur le château depuis la veille au soir. Mais l’Ecossais n’en avait cure. Il était bien décidé à suivre le spectacle de la vie qui se jouait depuis trente minutes sous ses yeux. Sa baguette dans la poche arrière de son pantalon crotté, allongé la tête en avant sur le sol gadouilleux, à l’abri de l’averse sous les branches d’un des immenses chênes du parc désert, ses yeux étaient rivés sur les racines de l’arbre. Il semblait obnubilé par ce qui absorbait toute son attention. Une fourmilière avait vue le jour au pied du tronc, ce qui n’avait pas échappé au garçon, toujours très observateur face à la nature qui l’entourait, et dont il connaissait chaque recoin. La boue recouvrait sa robe de sorcier remonté jusque sur son dos, ainsi qu’une partie de son nez, et de son front sur lequel dégoulinait l’eau de ses cheveux trempés. Il restait là, immobile, à peine conscient des éléments déchainés et du froid. Il faut dire que ce petit groupe de fourmis, affairé autour d’un vieux trognon de pomme, peinait à prendre une décision sur la meilleure stratégie à suivre. Leur objectif était clairement de pouvoir le transporter en direction de leur nid, mais la charge était plus élevée que toute leur colonie réunie. Leurs autres congénères avaient manifestement décidé de ne pas braver le déluge, laissant ces cinq termites se débrouiller seules. Gabryel s’interrogeait aussi sur la taille du butin, bien plus gros que l’entrée de la fourmilière. Tout ceci était plus que passionnant. Sans bouger, à moins d’un mètre de distance des bestioles, il tentait de se faire oublier comme faisant partie du décor, sans être identifié comme un potentiel danger. L’un des minuscules soldats paraissait être le chef. Il faisait le tour du fruit pourri, comme jaugeant la situation, tandis que le reste de son escadron attendait sagement les consignes.

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »

03 févr. 2022, 22:14
Des fourmis et des sorciers  PV : Aelle Brystile 
27 janvier 2047
Parc — Poudlard
6ème année



La pluie tombe dru, ce dimanche. Malgré tout, me voilà à parcourir le parc de long en large, ma baguette brandie vers le haut pour me protéger des pleurs du ciel. Je marche sans but aucun. Je suis les chemins, me laisse porter par mes pas. De temps en temps je trouve la force de lever un bras pour essuyer le bout de mon nez rendu rouge par le froid hibernal. Le reste du temps, ma main reste cachée au fond de ma poche et mes yeux baissés vers le sol. Je marche, je songe, peut-être même que je songe plus que je ne marche. Je ne sais pas exactement. Le fait est qu'un dimanche malheureux ne peut que difficilement être rattrapable lorsqu'il pleut autant. Pourtant, je ne suis pas de ceux qui se laissent attendrir par le mauvais temps.

C'est en me torchant une énième fois le nez que je le remarque au loin, allongé au pied d'un arbre. Mon coeur rate un battement. Malgré la distance, je le reconnais. Il n'y a qu'un abruti dans tout Poudlard capable de se rouler au pied d'un arbre par un temps pareil. *Gabryel*. Ignorant le soudain élan de mon âme, je reprends ma marche. Le chemin que je suis mène de toute façon à ce grand chêne qui abrite tant bien que mal mon... Je bute sur le mot avant de me reprendre : camarade.

Le sentier m'approche tout près. Je m'arrête et mon regard dégringole de sa chevelure aplatie par la pluie à sa baguette qui dépasse de son pantalon. Une moue m'étire les lèvres à cette vision. Puis une pensée fugace traverse mon esprit : *à quoi bon ?* et encore une autre ; *j'ai pas besoin de lui*. Et en plus, en plus me rappelle ma raison, ce n'est pas comme si nous avions rendez-vous. Certes. Cela fait un moment que nous nous sommes pas retrouvés au Petit Chalet, lui et moi.

« Tu vas traîner dans la boue jusqu'à quel âge, Fleurdelys ? » lui balancé-je sans m'approcher. Puis, parce que... Je n'ai pas envie de réfléchir à la raison ainsi me contenté-je d'agir : « Impervius ».

Une seconde avant que mon sortilège ne s'échappe de ma baguette pour frapper le garçon, je prends conscience que cette pulsion idiote fait de moi une énième victime de la pluie. J'expulse un soupir en dressant le menton vers le ciel, battant des cils pour me protéger des gouttes.

« Bordel, » soufflé-je à voix basse.

J'ai encore l'odeur de la terre mouillée dans le nez ; merci.
Dernière modification par Aelle Bristyle le 13 avr. 2023, 00:50, modifié 1 fois.

24 févr. 2022, 15:00
Des fourmis et des sorciers  PV : Aelle Brystile 
L’inspection du futur festin par la microscopique cheffe de bataillon s’effectua avec minutie. Le haut du trognon n’était pas encore totalement décomposé, mais la base s’était parée d’une couleur grisâtre et odorante. Ce constat ne sembla pas repousser la fourmi. Ce qui peut paraitre peu ragoutant aux humains constitue souvent un plat de gourmet pour les insectes. La bestiole entreprit d’arpenter la pomme pourrie afin de se placer sur son sommet, comme pour jauger des forces dont auraient besoin son escadron. Gabryel savait que ces termites avaient l’étonnante faculté de transporter dix à vingt fois leur poids. Il ne perdait pas une miette des évènements qui se jouaient sous ses yeux. D’ailleurs, il ne prit pas immédiatement conscience de la présence de sa camarade, et encore moins de l’Impervius qu’elle venait de lui jeter pour le protéger de la pluie. C’est le mot « Bordel » qui le fit sortir de son observation.

L’enfant tourna la tête. Aelle se tenait debout, les yeux fixés sur lui. Gabryel sentit les battements de son cœur s’accélérer un instant. Depuis quelques mois, il avait malgré lui pris quelques distances avec la jeune fille, ne la voyant que durant leurs entrainements au Chalet, moins quotidiens qu’avant. Avant… qu’il ne décide de se protéger un peu. Son attachement à Aelle n’avait jamais perdu en intensité, mais une petite poussière s’était insinuée dans son être, une infime sensation de douleur et de tristesse qui envahissait son âme, balayant toute la joie d’être à ses côtés. La Poufsouffle ne partageait manifestement pas les mêmes sentiments grandissants que lui à son égard. Après le bal d’Halloween, un an plus tôt, l’Ecossais avait pris conscience que son univers entier tournait maintenant autour de la jeune sorcière. Il ne se passait plus une minute sans qu’il ne pense à elle, au point de perdre une partie de sa naturelle joie de vivre. Il avait eu besoin de temps pour lui, de s’éloigner un peu d’elle. Il avait vécu en parallèle la douleur de voir partir le professeur Penwyn, cet homme auquel il s’était instinctivement attaché, sans vraiment comprendre pourquoi. L’année écoulée avait été compliquée pour le Lionceau.

Lorsqu’il identifia clairement la silhouette d’Aelle, un sourire envahit son visage. Il se gratta le bout du nez boueux. Lorsqu’il se trouvait en sa présence, même après une longue période sans la voir, c’était un peu comme s’ils avaient parlé la veille, et il reprenait tout naturellement le cours de leur conversation :

- Aelle ! Viens à côté de moi, mais tout doucement surtout… Je ne veux pas qu’on fffffasse peur aux soldats. L’instant est gggrave !

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »

14 mars 2022, 10:49
Des fourmis et des sorciers  PV : Aelle Brystile 
La pluie tombe en cascade sur ma tête et des sillons humides dégoulinent le long de mon front et de mes joues. Je papillonne des paupières pour me débarrasser des gouttes pernicieuses qui s'accrochent à mes cils. Fleurdelys se tourne vers moi et ce qu'il me dit me trouble plus que je ne veux l'avouer. En une seule phrase il me fait prendre conscience des semaines qui sont passés, des mois peut-être... Tout ce temps sans partager réellement de conversations, de moments semblables durant lesquels il me montre une vision du monde contemplatrice avec laquelle je ne suis pas familière. Voir le garçon me fait songer à Elowen et à son absence. Et Elowen me fait penser à tellement d'autres choses. Je repousse cela loin de moi et m'approche du Gryffondor sans savoir ce que je suis censée dire ou faire ou même penser. Je crois qu'il n'y a que du vide à l'intérieur de moi.

Je me souviens de l'enfant que Gabryel était. Ce souvenir se rappelle à moi parce que le jeune homme qu'il est devenu lui ressemble beaucoup : de la boue sur le visage et sur les vêtements, un intérêt marqué pour tout ce qui grouille sous ses pieds et un comportement désinvolte qui est la preuve flagrante que son innocence est toujours sauve — je ne sais pas si je dois m'en réjouir ou non. Quelque part, je crois que ça me vexe qu'il ne réponde pas à ma question. Tu vas traîner dans la boue jusqu'à quel âge ? Combien de temps encore continueras-tu à ignorer ce qui t'entoure pour ne regarder que ce qui n'intéresse personne d'autre ? Je crois que le fait qu'il soit toujours lui-même après toutes ces années me gêne et me met face à mes propres changements.

La pluie est froide. J'aimerais la prendre à partie, lui reprocher mon humeur sombre. Mais je sais qu'elle n'a rien à voir avec ça. Pas plus que le garçon allongé contre le ventre de la terre même si... Même si sa vision m'inspire de bien étranges choses.

Un Gabryel allongé dans la boue... de la pluie dans le ciel... des soldats... Je relie rapidement les éléments entre eux pour en conclure qu'il parle d'insectes et de la minuscule vie tempétueuse qu'ils vivent là, cachés sous nos yeux.

Ma baguette pend inutilement le long de ma jambe. Je ne sais pas pourquoi je ne la brandis pas au dessus de ma tête pour me protéger de la fureur du ciel. Je crois que je me sens plus légitime à broyer du noir en étant complètement trempée. Regardez comme je suis misérable ! dit mon état. Et cela me réconforte que le monde puisse voir que je n'ai pas envie de sourire.

« C'est qu'des fourmis, Gabryel. »

J'arrache mon regard du Gryffondor pour le tourner loin, loin vers l'horizon, loin vers les montagnes qui se cachent derrière la brume humide du ciel.

23 mars 2022, 16:55
Des fourmis et des sorciers  PV : Aelle Brystile 
Après le bal d’Halloween, plus d’un an avant cette rencontre sous la pluie, Gabryel avait espéré que cette soirée cauchemardesque le rapprocherait d’Aelle. Quelque chose s’était passé durant leur bref échange dans la Grande Salle**. "On apprend plus d'un regard que de mille mots", avait-il lu au détour d’un livre. Les yeux d’Aelle, alors qu’elle souffrait trop physiquement pour prononcer le moindre mot, l’avaient-ils trompé, au point qu’il ne se fasse des idées ? Il lui avait pourtant semblé déchiffrer de la tendresse, et même un certain attachement à son égard. Et puis plus rien… La vie avait repris son cours. Ils se voyaient durant leurs entrainements dans le parc, au Petit Chalet, sans jamais aborder leur expérience de cette soirée. La demoiselle n’avait plus jamais fait allusion au petit mot que l’Écossais lui avait transmis, alors qu’elle se trouvait à l’infirmerie. Du jour au lendemain, elle était redevenue l’Aelle peu démonstrative, un peu froide, parfois même distante. Le garçon ne s’était pas aventuré à l’interroger sur ses pensées. A quoi bon la braquer ? Il avait beaucoup souffert de la situation. Sa seule alternative avait été de « faire avec », comme on dit, poursuivre sa route, tenter de la sortir de son esprit coûte que coûte afin de ne plus ressentir cette forme de dépendance affective à sens unique. Il connaissait maintenant un peu plus son histoire, pour avoir questionné certains camarades. Pour autant, il n’avait jamais porté aucun jugement.

Le hasard offre souvent son lot d’inattendu. Le passé semblait ainsi faire écho, plus de trois années après leur première rencontre dans le parc, sous une pluie battante, tandis qu’il observait non pas des fourmis mais une grenouille, allongé dans la boue*. Elle se tenait debout face à lui, dubitative devant ce jeune sorcier obnubilé par ce qui se passait au ras du sol.

- C'est qu'des fourmis, Gabryel…

Le Gryffon sourit, peu surpris par la réaction de son amie.

- Tout l’monde est une fourmi ! La sssseule différence, c’est que nous, les humains, sommes cent fois plus grands qu’eux. Mais nous faisons la même chose quand on cherche une ssssolution à un problème. A part que l’on n’aime pas trop mmmmanger les pommes pourries !

Le garçon éclata d’un rire lumineux, pourfendant le gris du ciel et le souffle du vent.

- Tu te rends compte que l’entrée de leur fffffourmilière est beaucoup plus petite que ce trognon ? Je me demande juste comment elles vont s’y prendre…

Le commandant de l’armée microscopique redescendit du haut de son futur trophée, se plaça au centre du fruit en décomposition, à l’endroit ou ce dernier était le plus fin, et entrepris de le grignoter. Les petits soldats le rejoignirent pour faire de même. En quelques secondes, le futur met était subdivisé en deux.

- Bien joué ! Faut maintenant qu’ils transportent tout ça ! C’est dix fois plus lourd qu’eux, et ils n’ont ni magie, ni baguette…

* "La fête à la grenouille »
** "Comme un lien invisible"

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »

05 avr. 2022, 11:55
Des fourmis et des sorciers  PV : Aelle Brystile 
Une moue dubitative m’étire les lèvres. *J’suis pas une fourmi, moi*. De toute façon, quoi que puisse dire le garçon, je réagirai de la même façon. Avec une moue et des pensées négatives puisque rien ne semble pouvoir éclairer cette journée. Je soupire et mon souffle se transforme en nuage grisâtre au contact du froid. J’accorde de nouveau mon attention à Gabryel mais je le regarde de côté, l’air de rien, trop sincèrement agacée pour le regarder de face. Le gouffre qui me sépare de lui me parait tout à coup immense, presqu’insurmontable : lui se passionne pour des fourmis et leurs petites missions insignifiantes alors que je cherche à résoudre les mystères de la magie, répondre aux grandes questions de ce monde. Que fait-il quand je suis en train de travailler sur l’Élixir de Longue-Vie en compagnie d’une des plus grandes sorcières britanniques de ce siècle ? Ou quand je me perds dans ma magie jusqu’à en ressentir l’essence même, exercice qui a déjà manqué une fois de me tuer ? Il observe les fourmis au pied des arbres avec l’impression que se trouve là le cœur de sa vie et de son intérêt. C’est un enfant qui joue dans la boue. Et je suis une sorcière destinée à de grandes choses.

Alors pourquoi suis-je encore ici à l’observer, pourquoi reviens-je toujours vers lui, non pas par obligation mais par envie ? Rien ne me forçait à m’arrêter, aujourd’hui. Si je l’ai fait, c’est parce que je le souhaitais.

*Putain d’pensées*, songé-je avec aigreur. Puis : *j’en ai marre*.
Parfois, j’aimerais un peu moins vivre.

Je me tais à l’intérieur de ma tête et j’avance. Je m’accroupis à côté de Gabryel et baisse le nez sur l’ouvrage des fourmis. La pomme pourrie est là, en bonne voie d’être transportée puis dévorée. Je renifle et frissonne dans le froid. Le ciel me punit en me chialant dessus. Le Gryffondor est très concentré. Ses cils baissés me cachent la couleur de ses yeux. Mon regard se perd sur les mèches qui lui retombent devant le front, protégées de la pluie depuis que j’ai lancé mon sortilège. Ses cheveux lui ont poussé ; à moins qu’il ne les ait coupé ? Quelque chose semble avoir changé.

« Pourquoi tu t’intéresses à ça alors qu’il y a des choses bien plus passionnantes ? »

Pourquoi est-ce que tu es qui tu es ? Pourquoi ne changes-tu pas malgré les années ?

« Ça t’apporte quoi ? »

J’abandonne mon observation.

« J’te comprends pas. »

La phrase tombe comme une pierre. Ma gorge se noue lorsque je m’en rends compte. Je crois que cela fait des mois et des mois que je n’ai pas avoué tout haut ne pas comprendre quelque chose. Le faire ne me fait pas de bien, au contraire. La boule dans ma gorge grossit, mes entrailles se nouent. L’incompréhension est une ennemie que je combats depuis toujours… En avouant mon incompréhension, suis-je en train de devenir médiocre, comme semblent le sous-entendre mes cauchemars ?

J’aurais dû me taire, j’aurais dû me taire. Je me redresse et vacille un instant, déséquilibrée par la boue. Le dire à voix haute rend la chose réelle : c’est vrai que je ne le comprends pas, ce garçon a toujours été un mystère pour moi. Ses rires, ses sourires, ses intérêts étranges, sa gentillesse, sa compréhension, ses comportements. Il vit dans un putain d’autre monde et aujourd’hui, cette différence entre lui et moi m’agresse plus qu’elle ne l’a jamais fait.

07 mai 2022, 12:41
Des fourmis et des sorciers  PV : Aelle Brystile 
L’affaire sembla bouclée pour la petite garnison d’insectes. Le trognon découpé en plusieurs morceaux fut rapidement acheminé en direction de la fourmilière. Le garçon observa leurs déambulations un bref moment avant de se relever à son tour. Aelle se tenait debout près de lui, mais il lui sembla qu’une distance infranchissable se dressait entre eux. Elle était plus renfrognée qu’à l’accoutumée, le visage fermé. Cette fille était Aelle, si différente de toutes ses autres camarades, et c’est tout ce qu’il aimait chez elle. Pourtant, sous cette pluie battante, le coeur de l’Écossais se serra un peu. Il frotta le revers de son manteau, recouvert de boue.

- Tu te souviens la fois où je suis pppparvenu à produire plus de magie que mon ccccorps n’avait pu le supporter ?

C’était au Petit Chalet, tandis qu’Aelle lui dispensait ses fameux entraînements. Le garçon avait ressentit la sorcellerie dans tous les membres de son corps, jusqu’au moindre atome de son être, au point de tomber au sol.

- Tu m’avais dit « Ferme les yeux et visualise ». Tu sais, je ne l’ai pas trouvée uniquement dans mon esprit, mais ttttout autour de moi. Elle est partout. Dans les arbres, la sève des branches, les feuilles. Je la sens dans les bbbbrins d’herbes, dans le plumage des oiseaux, sous les pierres, et dans la mousse dont elles sont rrrrrecouvertes. Je la sens dans les vibrations de chaque battement d’ailes des insctes volants, et aussi dans ces fourmis insignifiantes pour toi. C’est là que je trouve la magie, dans la vvvvie.

Gabryel renoua machinalement la cordelette de sa cape, sous son cou.

- Elle est si puissante, je la vois quand j’observe ces petites bêtes affairées à ttttrouver une solution à leur problème. Elle a des couleurs qui bbbbougent, qui se mélangent. Il suffit juste d’observer autour de soit pour s’en imprégner.

L’enfant pointe du doigt deux escargots, bien décidés à arpenter la tige d’un roseau.

- Tu vois leurs petits tentacules qui bougent sur leurs têtes. Elles sont reliées à une gggglande cérébrale, pas plus grosse qu’une miette de pain. C’est là qu’est toute leur faculté de pensée. Et bien à chaque mouvement de ces minuscules appendices, je sens la magie, je la vois. Ici, elle est mauve et bleu. Si j’en ai besoin, il me suffit jjjjuste de la lier à tout ce qu’il y a autour de moi, à cet instant présent… La pluie, le vent, un frisson sur ma nuque. Nous ffffaisons partie d’un tout, de ce qui la compose.

L’enfant remonte sa capuche sur ses cheveux, et se gratte le bout du nez.

- Enfin… Voilà pourquoi jjjje l’observe partout, cette magie. Elle me rend humain, et aussi sorcier. L’un ne va pas sans l’autre. Et je ne saurai même pas comment l’ignorer, elle m’appelle sans cesse.

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »

29 mai 2022, 11:50
Des fourmis et des sorciers  PV : Aelle Brystile 
Bien que l'écoutant avec toute mon attention, je ne me tourne vers lui que lorsque résonne cette phrase qui fait s'agiter un peu plus rapidement mon coeur : « C'est là que je trouve la magie, dans la vie ». Se rend-il compte que ses paroles, même si elles trouvent un écho très fort et très particulier en moi, ne font qu'aggraver le gouffre qui existe entre nous ? Gabryel a toujours été un être très lumineux. Son rire fait exploser les couleurs du monde, en même temps qu'il fait chavirer mes entrailles. C'est ainsi depuis la première fois que je l'ai vu. Ce garçon est foncièrement bon et doux, gentil, attentionné. Tourné vers les autres. Vers la vie. Sans doute serait-il très effrayé d'apprendre ce à quoi je passe mes journées et mes nuits. Pour certains, repousser la mort revient à refuser la vie ; comment vivre alors qu'il n'y a pas de fin au chemin que l'on arpente ? Une vie tronquée, voilà ce que serait pour lui mon projet autour de l'Élixir de Longue-Vie. J'en suis persuadée.

Il est là à me parler de la beauté de la vie qui peut se retrouver dans tout ce qui nous entoure, dans la nature, dans les animaux ; il parle de couleurs, me prouve que sa sensibilité exacerbée fait de lui un sorcier déjà plus intéressant que tous les autres qui vivent dans ce château. Il ressent la magie qui l'entoure lorsque moi je ressens celle qui grouille à l'intérieur de moi, dans mes propres veines. Il regarde dans une direction alors que je regarde dans l'autre. Pourquoi est-ce que je lui parle ? Nous sommes fondamentalement opposés. Quand je l'observe, je vois un éclat lumineux ; quand je me regarde moi, je vois toute la noirceur dont je suis faite et dont je refuse de me passer — je suis ainsi, je ne souhaite pas être autre chose.

Je me penche pour observer les escargots dont il me parle. Il les voit auréolés de couleurs. Moi je ne vois que deux bestioles pleines de bave. Il voit la vie. Je vois la mort qui arriverait si simplement, trop simplement : il me suffirait de lever ma chaussure de l'abattre sur ce roseau et cette minuscule vie insignifiante cesserait d'exister sans que cela n'affecte qui que ce soit.

Je me redresse, le coeur un peu vide. La beauté de la magie, je suis également capable de la voir. Je la remarque tous les jours et à chaque fois, elle me rappelle pourquoi je continue d'étudier avec tant d'ardeur. Parce que j'aime ça, parce que la magie est tout, qu'elle est moi et que je suis elle. La magie est belle, je suis heureuse que Gabryel puisse comprendre ça.

« Elle t'appelle, tu dis, » répété-je d'une voix lente et détachée en observant les brins d'herbe recouverts d'eau de pluie.

Puis je le regarde lui, ses traits si familiers et pourtant trop inconnus, l'éclat dans son regard, sa tignasse, ses gestes, la ligne de ses lèvres. Il me semble qu'il a grandi. Pour la première fois, je vois un sorcier quand je le regarde et non pas un gamin qui a besoin d'aide, un gamin un peu trop naïf qui veut qu'on lui explique les choses. Il est capable de voir ce dont la plupart des gens ne connaissent même pas l'existence.

Je lui souris.

Une autre personne a un jour utilisé cette expression pour parler de l'appel féroce de la magie.

« Elle m'appelle aussi, » dis-je alors même que mon intention en ouvrant la bouche avait été de le complimenter sur ses avancées en matière de magie. Je plante mon regard dans le sien, mes yeux se font plus durs, mes traits se figent. « Est-ce que tu veux que je te dise comment elle m'appelle, Gabryel ? »

Je ne crois pas l'avoir déjà appelé par son prénom. Ou peut-être ne l'ai-je jamais fait devant lui, seulement en pensées ? De toute façon, rien de tout cela ne compte. Dans ma tête résonne ma propre question. Je me sens toute sale quand je le regarde. C'est la première fois que cela m'arrive, la toute première fois. Je n'aime pas cela. Je me redresse, carre les épaules ; je suis fière de ce que je suis, fière de ce dont je suis capable, fière de mes aspirations, de ma force, même de ma violence intérieure. Je suis fière de me sentir si proche d'une certaine grande femme, non pas parce que nous avons un truc qui ressemble à s'y méprendre à une "relation", mais parce que j'ai compris depuis longtemps à quel point nous nous ressemblons.

Aujourd'hui, un étrange sentiment m'étreint. Il rend mon coeur lourd, fait se nouer ma gorge. Pourtant, je ne me sens ni triste ni désespérée. Je crois que c'est ce poids qui me pèse. Le poids de la vie.

07 avr. 2023, 17:41
Des fourmis et des sorciers  PV : Aelle Brystile 
- Elle m'appelle aussi...

Un petit brin de cheveux effleurait ses lèvres roses, tandis qu'elle prononçait ces quelques mots. Le garçon se demandait comment elle pouvait être aussi belle, et l'ignorer. Était-ce cette inconscience qui la rendait tellement jolie, le fait qu'elle ne se posait même pas la question ? Si, à cette seconde, on lui proposait de perdre la vue pour ne conserver éternellement dans son esprit que cet instantané d'Aelle, il chérirait la vie pour ce cadeau. La pluie coulait sur le visage de la Poufsouffle, mais elle semblait n'y porter aucun intérêt. La tristesse de son regard accentuait la pâle sublimité du ciel, fendu d'un vol de Sternes Arctiques, migrantes de contrées lointaines. Les oiseaux vivent et se déplacent en nuées. Ils comptent les uns sur les autres pour s'orienter, se nourrir, palier à tous les dangers dont ils doivent faire preuve durant leur interminable périple d'un bout du Monde à l'autre. L'Humain a lui aussi besoin de ces semblables pour survivre, supporter le poids de la solitude, du regret et de la peur.

Aelle et Gabryel étaient deux enfants à part. Ils n'avaient guère cette nécessité d'appartenir à un groupe. Ce n'est pas qu'ils fuyaient volontairement leurs camarades, cela faisait simplement partie de leur nature. Ils se sentaient au plus proche de leur vérité lorsqu'ils s'isolaient. Mais aucun être vivant ne saurait, en réalité, se passer des autres. Ainsi parfois rencontre-t-on une personne dont on a le sentiment de la connaître plus que soit, et qui paraît vous appréhender au plus profond de votre âme sans avoir besoin de vous questionner. Peut-être est-ce pourquoi ces deux enfants s'étaient reconnus la première fois, malgré leurs différences, pourquoi Aelle n'avait pas simplement continué sa route sans se soucier de ces histoires de grenouilles, et la raison pour laquelle l'Ecossais s'était énervé après elle, lui qui ne faisait habituellement pas fi des critiques.

- Est-ce que tu veux que je te dise comment elle m'appelle, Gabryel ?

Aelle estimait que partager sa relation avec la magie composait une forme de paroxysme de l’intimité profonde d’un sorcier. Le Gryffon le savait. Aussi, cette proposition le flatta, lui donna l’impression d’exister vraiment pour elle. Il ne parvint toutefois pas à chasser une forme d’inquiétude instinctive, dont il n’identifiait pas les raisons.

- Oui.

Ma longue absence n’a d’égal que le plaisir de te retrouver @Aelle Bristyle.

Gabryel Fleurdelys (avec deux « Y »)
6ème année RP Gryffondor
Auteur de « La touille, c'est la vie »

13 avr. 2023, 01:50
Des fourmis et des sorciers  PV : Aelle Brystile 
Je me sens sale lorsque je songe à ce que je vais lui dire. Je me sens sale en voyant ces deux escargots toujours en pleine ascension de leur tige de roseau. L'obscurité recouvre mes sens, ne le voit-il donc pas ? Pourquoi est-il encore ici ? Ne voit-il pas que je vais gâcher son moment, réduire à néant son envie d'observer la vie qui existe dans le monde invisible sous nos pied ? Son regard clair et naïf ne m'attendrit pas, pour une fois. Pourtant, ce n'est pas faute d'apercevoir dans ses yeux bleus l'éclat que j'y ai toujours trouvé : la lumière tendre de l'enfant qu'il était et qu'il sera pour toujours, cet éclat qui fait de lui un être contemplatif et profondément opposé à moi. Mais au lieu de m'apaiser, cette lueur familière accentue le poids qui pèse sur mon coeur. Ce grand regard bleu a besoin d'être secoué, d'être ramené dans le vrai monde. Je me sens horrible de penser une telle chose et pourtant, j'y crois. J'y crois, à ce besoin de dire la vérité crûment pour lui faire prendre conscience des choses.

« Parfois, elle me donne envie de détruire toute cette vie dont tu me parles. »

Des sillons d'eau coulent le long de l'arête de mon nez et des gouttes s'accrochent à mes paupières. Je les laisse glisser le long de ma peau, trop occupée à m'incruster dans le regard de Gabryel pour songer à les essuyer.

« Les arbres, les branches, la sève, les brins d'herbe... Les pierres, les oiseaux, la mousse, les fourmis... » Un rire sans joie me traverse ; mon corps vibre de la tension pleine de tristesse que je ressens. « La vie. J'ai envie de la faire exploser, de la détruire. Ça me ferait un bien fou. Ça se passe juste là, tu vois ? »

Je pose une main sur ma poitrine. Je papillonne des yeux et fais un pas dans sa direction. Ma voix tremble sous les vérités toutes sombres que j'assène à ce garçon qui vient de m'avouer qu'il aimait follement la vie et qu'il trouvait dans toutes ces choses que j'évoque des traces de magie — la source de la vie. Je sais que ce que je dis l'ébranlera profondément et pourtant je ne peux pas m'arrêter. Je ne peux pas alors que je sais que je suis en train d'abîmer le souvenir de l'éclat de ses rires, ceux-là même qui savent si bien faire bondir mon coeur.

« Moi c'est dans mon coeur que ça se passe et parfois c'est si fort, elle m'appelle tellement que je peux juste pas résister. »

Lui montrer que nous ne sommes pas fait du même bois, lui et moi. Que son monde s'oppose totalement au mien. Ce n'est pas la pluie qui me force à songer à de telles choses, pas non plus la peine que je me traîne depuis le début de la journée comme un boulet qui entrave mes pas. C'est seulement la vérité qui m'a frappée en le trouvant allongé dans la boue à observer un monde invisible.

« Je veux pas le faire. »

Construire leur éloignement pas à pas, aller, c'est parti.
Je me réconforte en sachant qu'un an plus tard, Aelle se verra recevoir : « Tu es magnifique » sorti de nul part de la part de Gab. Je me réconforte aussi en sachant que depuis le début tout les oppose, pourtant ça ne les a jamais dérangé pour partager de beaux moments.