Début de soirée, 9 septembre 2046, devant la salle commune de Serpentard

Argentella dévalait les escaliers en direction de la salle commune des Serpentard. Les cours étaient terminés depuis longtemps et Amarande devait être avec ses amis à l’intérieur.
La jeune fille avait terminé ses devoirs et s’était retrouvée toute seule avec ses pensées, ce qui était une bien mauvaise idée. Elle n’avait pu s’empêcher de penser à sa mère, et l’angoisse l’avait saisi à la gorge. Elle avait repensé à ce que sa cousine lui avait dit avant de monter dans le Poudlard Express. Mais alors qu’elle arrivait devant la salle commune des verts et argents, au bord des larmes, elle vit la meilleure amie de sa cousine qui en sortait.

« Tu cherches Ame ? » demanda la plus âgée.

Argentella hocha la tête avec un mauvais pressentiment.

« Elle n’est pas là, désolée. Et pour être honnête, je n’ai aucune idée d’où elle est. Bonne chance pour la trouver. »

La Serpentard lui adressa un sourire et s’en alla d’un pas vif.
Dès qu’elle eu disparu à l’angle du couloir, Argentella s’effondra contre le mur et enfouit son visage dans ses mains. Elle glissa doucement le long des pierres et se retrouva assise par terre, seule avec l’angoisse qui lui prenait la gorge. Tu disais que tu serais toujours là… dès que j’aurai besoin de toi… pensa la jeune fille dans un sanglot. Puis elle craqua et fondit en larmes.

@Leann Jacky

Leann avait passé la journée en cours. Elle avait retrouvé son frère plusieurs fois aujourd'hui pour lui rappeler de faire ses devoirs. Elle l'avait toujours rembarré en lui jetant un livre sur la tête, ou en le balayant devant ses amis qui étaient, pour la plupart, pliés de rire. En y repensant, Leann secoua la tête fronçant les sourcils. "Inari... Ton frère va être envoyé au manoir, chez Grand-Mère et Grand-Père durant toute sa quatrième année..."

A chaque fois qu'elle y repensait, elle ne pouvait s'empêcher de s'arrêter et de s'adosser à un mur pour reprendre son souffle et se calmer. De plus, son père essayait de lui cacher. Autant dire que ces vacances ont été horrible autant pour lui que pour elle.
Alors qu'elle se décida à marcher vers les cachots, elle entendit un reniflement près de la salle commune.

Elle s'approcha donc doucement de l'auteur de ces pleures et tomba face à une... Poufsouffle ?
Une blairelle chez les Serpents, autant dire qu'il était dangereux pour elle de rester ici, surtout qu'elle était une proie parfaite pour ces reptiles. Leann se racla alors la gorge et déclara d'une voix sévère :

- Arrête. Je ne sais pas pourquoi tu pleures mais va faire ça ailleurs, je ne veux pas entendre les sanglots d'une blairelle désespérée.

Elle était dure, terriblement dure. Mais elle n'avait pas le choix. Si elle était plus souple, la jeune blonde serait entrain de pleurer toute les larmes de son corps à coté de la blairelle. Mais savoir qu'elle n'était pas la seule à avoir mal quelque part la rassurait déjà plus.

@Argentella Wighters

Une voix sèche interrompit les larmes que versait la jeune fille. Elles ne s'arrêtèrent pas vraiment de couler mais déstabilisèrent la jeune fille, qui releva la tête vers la personne qui venait de parler. Il s'agissait d'une jeune fille aux cheveux de la même couleur que les siens et qui avaient de beaux yeux verts, mais avec un visage dur, qui donnait à Argentella une sensation désagréable. « Va faire ça ailleurs ». Très sympa la demoiselle. Et puis ce n'était pas à elle de décider où la jeune fille pleurait. Si elle voulait verser toutes les larmes de son corps devant la salle commune des verts, elle ne voyait pas ce qui l'en empêchait.

« Et donc ? répliqua-t-elle d'une voix acerbe qui contrastait sans doute avec les larmes encore présentes sur ses joues. Juste parce que je dérange mademoiselle, il faudrait que je m'en aille, c'est ça ? »

Argentella détestait juger les autres sur leurs maisons, mais elle commençait à croire que les Serpentard manquaient vraiment d'empathie. Elle se maudit aussitôt pour avoir penser ça. Il ne fallait pas. C'était sa faute si elle n'était pas assez forte pour supporter que sa mère soit malade. Cette fille était peut-être désagréable, mais elle ne méritait aucunement qu'Argentella passe ses humeurs sur elle, tout comme les Serpentard ne méritaient pas d'être jugés pour les actes d'une seule de leur membres. De toute façon, la jeune fille savait très bien que l'amour pouvait être une terrible faiblesse. Plus on s'attache, plus on a à perdre. Mais en même temps... cette fille avait sans doute quand même un peu mérité qu'elle s'énerve. On ne s'adresse pas à quelqu'un comme ça, surtout quand la personne est en situation de faiblesse. Alors Argentella regarda la fille dans les yeux avec un air de défi, attendant sa réaction pour voir si elle devait s'énerver ou non.

@Leann Jacky
La phrase en italique est une citation pour Au fil des mots. Elle vient d'Harry Potter et l'Ordre du Phénix et a été prononcée par Harry.

Et donc ? Tout ça paraissait évident mais peut-être pas pour la jeune fille par terre. De plus, elle était en deuxième année également. Après un petit instant à la détailler, elle pu mettre un nom sur la jeune fille. Argentella Wighters, Poufsouffle. Elle l'avait brièvement vu durant la cérémonie de répartition de l'an dernier. Elle se souvenait de la voix de Miss Montmort annonçant les élèves qui devaient passer par le Choixpeau.

- Et donc ? Tout simplement parce que je - et peut-être d'autres serpents qui sait - n'ont pas besoin d'entendre quelqu'un pleurer ce soir. S'écria-t-elle en insistant bien sur le "besoin".

Elle était toujours calme mais on pouvait entendre sa voix trembler légèrement.
Elle se passa donc ne main dans les cheveux et soupira longuement avant de plonger ses yeux dans ceux humides d'Argentella. C'est vrai qu'elle n'avait pas l'air très gentille aux premiers abords, mais tout ça, elle le faisait pour s'éviter des souffrances inutiles en essayant de s'attacher aux gens. Tout ça finissait toujours affreusement mal.

- Pourquoi tu pleures ?

Elle se devait au moins d'écouter une jeune fille si elle ne avait besoin.
Cela lui permettrait peut-être de ne pas craquer devant la salle commune des verts et de devoir ensuite se cacher pour pleurer un bon coup. Maintenant, elle n'avait plus son cher chêne d'où elle pouvait hurler sans que personne ne l'entende. Elle n'avait qu'elle-même pour aller mieux.

@Argentella Wighters

Argentella sentit la colère monter doucement en elle. « Pas besoin d’entendre quelqu’un pleurer ce soir, hein ? » Cependant, elle avait remarqué le tremblement discret dans la voix de la Serpentard et son énervement retomba légèrement. La verte se passa une main dans les cheveux et Argentella baissa les yeux. Elle ne savait pas pourquoi la Seprentard faisait ce geste mais chez Argentella, c’était un signe d’agacement la plupart du temps. Elle releva donc la tête avec surprise en entendant sa question. Pourquoi pleurait-elle ? Le motif lui paraissait si stupide à présent...

« Tu vas rire, commença la blonde avec un ton amer. L’année dernière, j’ai vraiment fait n’importe quoi dans ma relation avec ma mère, et... elle est tombée malade, et je n’ai encore jamais pu aller la voir à l’hôpital alors qu'elle était consciente... ça fait depuis ma rentrée de première année que je ne l’ai pas vraiment vue, et si ça se trouve elle va mourir avant que j’aie pu me réconcilier avec elle... enfin bref, c’est une situation assez dure pour moi, et ma cousine m’avais promis qu’elle serait toujours là si j’avais besoin de soutien, et... et elle n’est pas là et je me retrouve à raconter ma vie à quelqu’un que je ne connais même pas... » finit Argentella en pleurant de plus belle.

Elle s’essuya les yeux, tentant de ne pas perdre le peu de fierté qu’il lui restait.

@Leann Jacky, désolée pour le retard

Elle écoutait, sans vraiment entendre. Souvent, les Autres avaient racontés leurs problèmes. Et ) chaque fois, elle les écoutait sans vraiment les entendre. Cette fois, elle l'entendait sans comprendre. Peut-être n'essayait-elle même pas ? Oui, surement. Elle ne se souciant pas des autres, jamais. Alors pourquoi cette gorge nouée ? Elle-même ne le savait pas. En revanche, ce dont elle était sure, c'était que cela n'était nullement de l'empathie à l'égard d'Argentella, elle n'en avait jamais eu pour quiconque.

- Écoute, on passe tous pour la plupart, une horrible soirée. Toi comme moi. Alors je suis profondément désolée pour ta mère, et pour ta cousine, mais arrête de pleurer je t'en prie !

*Mensonge sur mensonge* C'est vrai, elle n'était pas désolée. Tout ce qu'il se passe dans la Vie est écrit à l'avance. On ne change rien, on ne peut rien changer. Mais sa voix avait vrillée à la supplication vers la fin de sa phrase, elle ne voulait pas faire comme la Poufsouffle d'en face, elle ne voulait pas fondre en larme devant sa salle commune ! Elle avait déjà prit cher quand Cinead l'avait humiliée, en première année, devant toutes sa Salle commune. En y repensant, ses épaules qu'elle gardait droites s’affaissèrent, et elle tomba sur les genoux, épuisée.

- Tu sais combien d'énergie demande le fait de retenir ses larmes pendant 10 ans ? Moi non, mais je me demande ce que ça fait si je continue comme ça 10 années de plus.

Elle avait planté ses yeux verts humides dans ceux de la blairelle, oubliant presque le mouvement autour des deux. Elle se perdait facilement dans les yeux des gens... Ses respiration se firent plus longues, plus hésitantes. Ses pupilles étaient dilatées. Elle était vraiment dans un sale état et se demandait comme elle avait fait pour tenir comme ça toute sa vie.

@Argentella Wighters

Argentella n’avait plus vraiment envie de pleurer. Si elle avait du mal à parler aux gens, elle avait en général une certaine facilité à les comprendre. Et là, elle se heurtai a un mur. Était-ce une mauvaise journée, ou la Serpentard se conduisait-elle toujours de la sorte ? Ce n’était pas forcément négatif, mais… étrange. Argentella ne comprenait pas.

« Tu sais, je peux comprendre que me voir pleurer t’agace, voir même te tape carrément sur le système. Mais tu pourrais juste passer ton chemin. Je ne sais pas pourquoi tu restes avec moi, mais je ne pleure pas sur commande tu sais. Je ne le contrôle pas. En tout cas, bien joué. Grâce à toi j’ai presque arrêté. »

Les yeux gonflés, elle le sentait, la jeune fille regarda la verte qui s’effondra soudain devant elle. Elle avait les yeux presque larmoyants, mais quelque chose s’était partiellement refermé dans le cœur de la blonde. Elle n’avait pas cette envie irrépressible de la prendre dans ses bras pour la réconforter comme elle l’aurait fait en d’autres circonstances. Au lieu de cela, elle dit donc d’une voix amère :

« Je ne sais pas ce qui se passe dans ta tête, ni pourquoi tu refuses de pleurer. Mais essaie, tu verras, c’est très libérateur. D’ailleurs, peut-être que si tu as un peu de chance, quelqu’un viendra te demander de la fermer, et comme ça tu pourras bien jeter ta tristesse dans un coin et la remplacer par de la colère. »

Cette dernière remarque était empreinte d’un ton acerbe. La blonde imaginait l’étrange tableau que les deux filles devaient dessiner. Toutes deux assises par terre, l’une les yeux bouffis et le regard amer, l’autre les yeux humides et l’air au bord du craquage de nerfs. Pour un peu, elle aurait laissé échapper un ricanement devant cette situation.

Elle écoutait, la tête penchée, les yeux à moitié clos, ce que lui disait la blairelle. Elle ne s'était pas rendue compte de la position dans laquelle elle était, ni même qu'elle était au sol.
Mais quand elle remarqua que la jeune fille en face d'elle avait arrêté de pleurer, un sourire franchit ses lèvres. Inconsciemment, elle avait fait s'en aller la tristesse de quelqu'un, même en la remplaçant par de l'agacement et de la colère.

Elle sourit, et la remercia du regard avant de se relever, époussetant ses vêtements, et répondit :

- Merci, porte-toi bien, et arrête de pleurer devant les salles communes des autres... Bonne soirée.

Elle se retourna en lançant un dernier sourire triste et... Désolé ? A la blairelle, avant d'avancer vers la porte. Leann baissa la tête à la frontière entre le couloir et la salle commune et s'arrêta un instant. C'était vrai, rien n'allait pour le moment. Peut-être que ça changerait, qui sait ? *Non, c'est ta faut petite sotte* Et oui, rien ne s’arrangerait.

Une larme coula quand elle pénétra à l'intérieur et elle ne prit la peine de saluer quiconque avant de monter dans on dortoir, puis dans sa chambre, et de se recroqueviller dans ses couvertures, toujours habillée, sanglotante, et désormais complètement désespérée par tout ce qu'il lui arrivait.

- Fais chier... murmura-t-elle.