Le paysage devint flou devant elle, emportant également Carry dans son idée abstraite du monde. La désagréable sensation d'un picotement au nez vint s'ajouter à celle parfois libératrice des larmes incessantes sur ses joues, mais elle n'osait pas bouger un seul de ses membres, de peur d'être battue. Ses jambes tremblaient, elle était secouée de spasmes. Elle avait peur. Elle avait si peur. Tant et si bien qu'elle avait même du mal à respirer - non, elle n'osait pas respirer non plus, et son estomac s'était noué d'une telle manière qu'elle sentait qu'elle allait se faire dessus d'un moment à l'autre. Elle n'avait plus la notion du temps, mais elle espérait que tout se termine vite. Alors, elle se laissait porter comme une poupée dont on ne voulait pas, une poupée bonne à jeter, peut importe si son image était salie. Elle attendait juste qu'on la jette au sol, que l'Autre disparaisse.

Mais Carry n'en avait pas fini, et la peur de Lumah grandissait d'un mot à l'autre. Non pas par rapport à son corps, mais par rapport à ses propos. Et si une lampe état vraiment considéré comme une arme ? Comme un objet interdit, capable de la renvoyer ? Non, elle se fichait bien d'être renvoyée, à ce stade-là. Si c'était pour être utilisée comme ça le restant de son séjour au château, qu'on la renvoie ! Mais ça n'était pas aussi facile.

« NON ! Non, par pitié, pas ça ! Je suis désolée », elle tomba sur le sol, l'obligeant à regarder Carry de bas. Elle était encore plus effrayante de ce point de vue. Elle fut prise de nausée, et sanglota de plus belle. Elle posa ses mains sur le sol crasseux et assied ses cuisses sur ses pieds. Dans la non-lumière de la pièce, Carry ressemblait à une ombre au grand sourire blanc, comme celles qui la poursuivaient dans ses cauchemars.

« Je suis désolée, je t'en supplie, pardonne-moi, je voulais pas- Je suis désolée », la supplia la petite, en proie à la panique.