Tu étais revenue ici, au Manoir. C'était quelque peu spécial, puisque même si tu y vivais, les événements de cette année avaient été plutôt troublants. Une fête dont la fin étais un grand mystère pour toi, la découverte d'une demi-sœur, et les relations changeantes ente toi et ta mère, et celles avec ton frère. Cette année t'avais chamboulée. De fond en comble, tu avais changé. Tes relations avec Scary s' étaient quelque peu améliorées, vers la fin de l'année, et tu en avais profité. *C'est toujours quelqu'un en moins à haïr.* Ta valise dans une main, ton manteau dans l'autre, tu passas le lourd portail en fer, et commenças ta progression dans l'allée de gravier qui menait au Manoir. La propriété était grande, et si on ne la connaissait pas, on pourrait facilement s' y perdre. Ton frère était déjà là, dans la maison. Tu étais mitigée. À la vois impatiente de le retrouver, mais gênée, parce que tu l'avais observée à son insu lors de sa discussion avec Scary. Tu ne lui avais pas dit, que tu t'étais cachée pour les écouter, mais il faudrait bien le fait un jour, si tu voulais faire avancer les choses. Si tu voulais redevenir sa sœur. En effet, dans un sens tu ne l'étais plus. Enfin tu n'étais plus sa sœur comme avant. Et réciproquement, il n'était malheureusement plus ton frère comme avant. Tes pas faisaient crisser les cailloux, et le vent soufflait dans les feuilles des arbres. Cet endroit, tu l'aimais. Malgré tout ce qu'il s'y était passé, tu lui trouvais un charme, qu'il n'y avait nul part ailleurs. L'endroit était calme, doux, clair, lumineux, rempli de magie, et d'eau. Cela pouvait paraître étrange, mais tu aimais l'eau. Cet élément. Parfois, tu allais te baigner dans la crique située à quelques minutes de la propriété. C'était beau, insouciant, mais cette époque était révolue à présent. Plus rien n'était comme avant.


Tu annonçais ton arrivée tout en grimpant les marches, avant de passer la grande porte d'entrée. Tu pris un instant pour fermer les yeux, et ne faire que sentir toutes les odeurs présentes. Celle du thé de maman, de la cuisine de Mariana, ou encore celle de la propreté. Ta grand-mère entra avec un doux sourire dans l'entrée. Elle te pris une boucle, et la fit rouler entre ses doigts.


Mariana avait prit l' habitude de t'appeler comme ça, c'était son surnom pour toi. Comme certaines amies proches de ta mère l'appelait Ari. Ta mère descendit aussi te dire bonjour, et entre temps tu répondis à Mariana.


Votre domestique, Fiorella, porta tes affaires dans ta chambre. Vous aviez plusieurs domestiques. Ce n'était pas pour y plus grande joie, mais ta mère te répétait sans cesse que c'était *pour montrer notre richesse*. En bref, tu trouvais cela ridicule. Enfin, ton frère descendit.



Sa voix n'était pas aussi enjouée qu'avant, mais le fait qu'il te reparle plus, te plaisait déjà.


Tu mourrais d'envie de courir te jeter dans ses bras, ou de l'attaquer à coup de coussin, mais tu te reteinds. *Parle lui d'abord*. Ta mère et ta grand-mère repartirent vaquer à leurs occupations, vous laissant seuls. Une gêne légère s' installa, mais fut brisée par Fred.


C'était intéressant, alors tu aquisças. *Ce sera le moment ou jamais pour tout lui dire. Tout.* Vous alliez enfin pouvoir parler de tout ce qui était arrivé cette année, de vous deux, et de comment arranger votre situation. D'habitude, tu étais plutôt adepte du fait que les actes valaient mieux que des mots, mais après tout, pourquoi ne pas essayer. Tu n'avais jamais vraiment été adroite dans les situations où il fallait faire des discours, contrairement à Fred, qui avait toujours été à l'aise à l'oral. De ton côté, cela contrastait avec le fait que tu pouvais être très bavarde quand tu le voulais. Il monta dans sa chambre, et tu restas seule dans l'entrée. Après quelque secondes à y rester, tu partis à ton tour, mais sa le petit salon, là où ta mère et ta grand-mère bavassaient lorsqu'elles invitaient des amies. Tu pris une chaise, et tu t'assis pour reprendre tes marques. Il te falait toujours quelques temps pour reprendre une vie ici, puisque tu vivais toujours à Poudlard, sauf durant certaines vacances. La maison était calme, depuis que ton père était parti. Ta mère l'avait comme évincé de la famille et donc aussi de la maison. Un morceau de ton cœur le regrettait, mais il était tellement enfoui que tu ne le savais même pas. Ton père était à présent un fantôme du passé. Quelqu'un qui, pour toi, n'existait plus. Tu ne savais même pas où il était, à présent. Était-il parti rejoindre la mère de Felicia ? Ou encore une autre femme, moldue cette fois-ci ? Tu n'en savais rien. Et tu ne voulais pas le savoir. S' il se dressait un jour sur ton chemin, déjà semé d'embuches, tu l'écraserais sûrement tel un vulgaire insecte. Enfin, ils disparaîtrait pour toujours. Car pour le moment, il subsistait un fond de souvenir partagé avec lui, qui ne vous pas s' effacer. À cause de ça, ton père n'était pas tout à fait parti. De toutes nos forces. De toutes nos forces nous le vaincrons. Une bonne fois pour toute, il ne fera plus jamais de mal. Il en a déjà trop fait. Alexander Pullman. Un simple boulanger qui avait réussi à rentrer dans deux familles de sorcières. *Il a fait fort le salaud*. Très fort. Tu sortis de ta rêverie, pour regarder par la fenêtre. Le temps est bon ...

—*1 an* C'était à peu près tout le temps qu'elle avait eu pour profiter. Se faire des amis. Penser à autre chose qu'à... *Ça.* Un terrible accident selon ses parents. Une incroyable chance de s'écarter au maximum des moldus selon son frère. Ce frère qui n'en était plus un. Ce frère, en qui elle n'avait plus confiance. *Si seulement...* Quoi ? Si seulement il n'était pas devenu aussi hautain ? Au point de haïr les né-moldus ? Mais pas seulement...

—— Mais pourquoi on doit aller là-bas !? Moi je veux rest-...
—— Un vrai gamin... C'est IN-CROY-ABLE...
—L'Île de Skye. *Mais c'est très bien l'Île de Skye !* Et puis... ce n'est pas comme si il avait son mot à dire. La décision avait été prise. Point. Lily soupira avant de tourner vers son frère.
—— William... tu vois pas que tu casses les pieds du monde entier en te lamentant pendant des heures entières... Des millions de personnes aimeraient être, rien qu'une journée, à ta place...
—— Lily... William... Ne commencez p-...
—— Tu fais parles des moldus ? C'est vrai. En vrai, n'importe qui aimerait se retrouver à ma place.
—*L'ignorer... L'ignorer...* C'est plus facile à dire qu'à faire... De la pure provocation... Oh, et puis zut.

—— Aux moldus ? Même un moldu serait plus digne que toi de la maison de Salazar Serpentard. Lui, il ne perdrait pas son temps à répéter de pareilles bêtises...
—Lily lui sourit. Un de ses sourires qui foutent la rage. *Parfait. Il veut jouer à ça ? Et bien on va jouer...*
—— Quoi !? Tu-... Tu n'es qu'une...
—*Ça y est. Il ne sait même plus parler...* Le pire, c'est que c'était plus agaçant qu'autre chose...
—— Qu'une p'tite conne ? Peut-être bien. Tu sais, faut pas te gêner, hein.
—Lily reporta son attention sur Edward. Ce petit chat embellissait ses journées. *Mon pauvre petit... si je pouvais, je t'enverrais loin de cet imbécile.* Elle lui caressa la tête en souriant. Lily s'accroupit auprès du petit chat blanc et dit, pensive :
—— Parce que tu ne te gênais pas à Poudlard. T'en avais rien à foutre. Tu pouvais bien me gâcher ma journée, ça ne te faisait rien... J'aimerais juste que tu saches une chose... tu m'as pourri mon année. Moi je ne voulais qu'une chose : profiter. Ma première année, William ! Tu te rends compte qu'avec tous les autres évènements qui se sont produits, moi ça... ça ne m'a pas facilité la vie...
—Voilà. Tout avait été dit. Ses parents étaient au courant. Et pourtant... *J'ai encore mal* Une de ces blessures qui ne guérissaient pas. Elle aurait bien aimé savoir ce qu'en pensait ses parents. Mais ils restaient muets. Sa mère semblait au bord des larmes. Lily la regarda avec tristesse, puis baissa sa tête vers le sol. Partir ? Fuir ? Affronter ? Supporter ? Ou bien tout à la fois...

—Un long moment de silence suivit. Personne n'avait parlé depuis 5 minutes. Le benjamine des Turner ne savait plus quoi faire. *Mais je ne regrette pas... ça sert à rien les regrets.*

—— Allez... viens, Edward. Inutile de rester à côté de lui.
—Lily fit une rapide révérence avant de faire volte-face et de partir vers... *On verra bien...* Elle sourit quand elle aperçut Edward prendre les devants. *Très bien. Je te suis.* Tout en avançant, elle observait les maisons qui l'entouraient. Grandes. Petites. Avec cette dispute, ils n'avaient même pas pris le temps d'y prêter attention. *Dommage... Surtout que le coin est sympa.* Ne regardant pas tellement où elle allait, elle s'aperçut au dernier moment qu'elle allait écraser Edward. Elle l'enjamba de justesse et fronça les sourcils.
—— Bah-... Pourquoi tu t'es arrêté Ed'-... Wouah...
—Complètement ébahie, Lily resta un moment plantée devant... ça. Un immense manoir. *Il ressemble tellement...* à celui de tes grands-parents paternels. Qui n'en étaient plus, non plus. Alors... un frère en moins, plus deux grands-parents en moins... ça fait beaucoup, non ?

—La futur deuxième année s'adossa au grand portail qui protégeait la maison et soupira. Non pas d'exaspération. Mais de tristesse. Sa famille était complètement déchirée. C'était d'autant plus compliqué de se confier à quelqu'un... Une larme coula le long de sa joue pour rejoindre le sol. Elle n'avait plus la force de les retenir.


@Erza McGowan
Je te rejoins enfin
Si il n'y a quoi que ce soit qui ne va pas, n'hésite pas à me le faire savoir
En tous cas, je suis fière de mes 705 mots

J'ouvre la fenêtre et me penche, bien que je sois au rez de chaussée, pour aspirer une grande bouffée d'air. Ça fait du bien. Beaucoup de bien. J'en ai besoin, pour tout dire. L'air nous fait vivre, mais ce n'est pas souvent qu'on respire vraiment. Enfin, c'est ce que je crois. Les Autres courent sans arrêt, et ne prennent pas le temps de se poser quelques temps. On dit que les vacances sont faites pour ça, mais j'ai peur que ce soit faux. Ces vacances promettent d'être tumultueuse, et je n'ai pas hâte d'être en août. Maman m'a dit que Scary viendrai, accompagnée de Norman. Lui, je ne veux pas le voir. Il me fait peur. J'ai peur que même Fred ne puisse rien faire face à lui. J'ai peur qu'ils se haïssent, et que ça se finisse mal. J'ai peur que Fred fasse encore des bêtises. J'ai peur que ça lui cause du tort. Et j'ai peur qu'on ne puisse rien faire pour y remédier. J'ai *trop* peur. Les gens me croient insensible, mais c'est tout l'inverse. Je ressens les événements puissance mille. Les Autres me pensent provocatrice, mais je ne fais que me défendre. J'ai *trop* souffert pour réagir autrement. Ce n'est qu'un moyen de me défendre face à eux. La seule chose qui est vrai, c'est qu'ils pensent que je suis folle. Je suis *folle*.

J'ai besoin de plus d'air, alors je sors par la fenêtre, sans prendre la peine de passer par la porte. Je ne veux pas qu'on me voit. Surtout Maman. Je ne veux plus avoir affaire avec elle. Je la hais. Peut-être moins que Papa mais je la hais. Le pire c'est que cela m'est insupportable. Comment peut-on haïr sa propre famille ? Alors j'en pleure. Être heureuse. C'est tout ce que je souhaite, mais j'ai l'impression que c'est impossible. Peut-être ne suis-je pas la seule dans cette situation ? Alors je veux rencontrer ces personnes. Ça veut dire qu'on est liées. Comme l'*Aube* et le *Crépuscule*.

J'entend les graviers se cogner sous mes Pas, alors je me glisse sous les arbres. Je veux entendre le Silence. Je crois que c'est le seul qui écoute chacun d'entre nous. Je l'aime bien. Souvent il disparaît, aussi vite que lorsque le Soleil s'éclipse derrière les Nuages. Je marche lentement à l'ombre des arbres. J'aime bien regarder le Soleil, enfin sa Lumière, mais je déteste être dans sa Lumière. J'ai l'impression qu'un projecteur est tourné vers moi et que tout les Autres me pointent du doigt. C'est ma hantise. Le Regard des Autres. Leurs yeux qui me transpercent le corps de toutes parts. Leurs doigts me fusillant sur place. Je me rapproche de plus en plus du portail, et des hauts murs qui entourent notre maison, sans vraiment m'en rendre compte. Je n'accepte plus le mot *Manoir*. Je suis trop *perdue* dans mon Esprit pour entendre les bruits caractéristiques d'une famille, qui s'approche de chez moi. Est-ce réellement *chez moi* ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je continue ma lente marche, et alors, je les entends. Eux. Qui est-ce ?

Je relève la tête, et j'aperçois alors une fille, qui ouvre grand les yeux émerveillés vers cette bâtisse. La mienne. Je ne souris même pas. À quoi est-ce que cela sert ? Je n'aime pas cette maison. Je ne l'aime plus. Une fois de plus, j'hésite. Dois-je leur parler ? Dois-je ouvrir la bouche pour leur lancer des Mots ? J'hésite. Cela va me forcer à les regarder. Et ils vont sûrement me répondre, alors ça va me forcer à leur répondre encore et encore, jusqu'à ce que le fil de la conversation soit coupé. Il faut que je me lance. Sinon, je n'arriverai jamais à changer. Alors j'avance. Je me poste droit devant eux, et je les détaille. Soudain, je reconnais la fille. C'est une 1e année. Je l'ai croisée, j'en suis certaine. Jamais je ne lui ai parlé, mais je l'ai vue. Est-ce que ça suffit à la connaître ? Sûrement pas, mais je n'ai pas besoin de la connaître. Je crois que c'est une bleue, mais ce n'est pas une certitude. Le garçon, lui, ne me dit rien. Il n'a pas l'air commode, mais qu'importe. Le suis-je moi-même ? Bien sur que non. Je m'adresse à eux.


Je marque une pause, cherchant Fred du regard. J'ai besoin de lui. Je ne sais pas si je vais réussir à leur parler, finalement. J'ai moi-même l'impression qu'il faut que je poursuive. Alors je continue ma progression.


Je plaque ma main devant ma bouche. Comment ais-je pu dire ça ? Eux aussi, ils vont me croire folle. Qu'ais-je pensé en leur proposant d'entrer dans ma propriété alors qu'on ne se connaît pas ? J'aperçois alors une femme, plus en retrait, qui semble être leur mère. J'espère de tout mon cœur qu'elle va les prendre avec elle, pour qu'ils m'oublient, et qu'ils repartent comme si rien n'était arrivé. Je ne veux pas ressentir une nouvelle fois de la honte. Je n'en peux plus de la honte. Je l'imagine comme une masse sombre et vaseuss, qui se cache dans notre ombre pour mieux en sortir lorsqu'elle sent le moment venir. Donc, je l'imagine là, à mes côtés, en train de me sourire d'un air mesquin et vicieux. Elle sait que je la hait. Alors elle s'approche encore plus de moi. Je voudrais la repousser, mais les bras la traversent, et elle s'approche encore plus. Je voudrais crier, mais mon souffle ne se transforme plus en Mots. Je voudrais m'enfuir, mais je n'arrive pas, mes jambes restent fixées au sol. La Terre m'attire dans ses tréfonds, et m'aspire dans ses entrailles, jusqu'à ce que je disparaisse totalement. Pas d'Adieux possible. Alors, je me laisse partir, en arrêtant de lutter inutilement.

Je me rends compte que ce n'était que mon imagination. *Comme toujours*. Je rougis bêtement, mais je me reprend comme je sais si bien le faire. Comme *nous* savons si bien le faire. *Nous*. Les McGowan et leurs descendants. Nous sommes tous liés par le mensonge. Le mensonge et la maîtrise de nous même. Mais j'ai bien l'impression que ce deuxième lien se perd peu à peu... Peut-être bien que nous ne serons plus rien du tout, d'ici quelques générations. *Poussière avant la Mort*¹.

¹ >> Extrait de la poésie Être Jeune écrite par le général McArthur en 1945.

—— Salut. Vous la trouvez belle ? Mieux vaut ne pas regarder à l'intérieur. Les secrets valent mieux ne pas être découverts.
—Lily se releva en vitesse, surprise. *C'est qui ça ?* Elle se retourna pour observer l'étrangère... qui ne lui était pas si étrangère, finalement. *Ce visage me dit vaguement quelque chose...* Ne pouvant mettre un nom sur le visage, elle se contenta d’assimiler ses derniers mots. [...] Les secrets valent mieux ne pas être découverts.
—*Étrange...*

—— J'ai l'impression que nous ne venons pas du même monde, à cause des barreaux. Vous ne voulez pas rentrer, ce sera mieux pour parler non ?
—La future deuxième année eut un mouvement de recul au moment où la personne qui lui faisait face plaqua sa main sur sa bouche. *McGowan. C'est elle, la joueuse de Quidditch des Crochets d'Argent...* Comment avait-elle pu l'oublier ? Elle qui suivait tous les matchs et connaissait les noms des joueurs sur les bout des doigts — ou presque. *Il va falloir que je me remette à jour à la rentrée... y'aura sûrement des nouveaux joueurs...*

—— Tu... Ton nom de famille c'est McGowan, non ? Tu es vraiment une excellente joueuse... Dans tous les cas... enfin, ne te sens pas dans l'obligation de nous proposer d'entrer, hein. Je pense que j'aurais fait la même chose face à une... hum, inconnue...
—Un sourire timide s'afficha sur le visage de la bleue. *J'aurais dû lui demander son prénom* Elle se baissa à la hauteur de son chat et le prit dans ses bras avant de se relever.
—— Lui, c'est Edward. On est ici en vacances mais... disons qu'elles ont mal commencé... Je... me suis disputée avec-... mon...
—Lily caressa instinctivement la petite tête du chat blanc. Le regard dans le vague. *Mieux vaut ne pas aborder le sujet...* Elle se retourna, de sorte à voir ce qu'ils avaient fait. Le moindre geste aurait été apprécié. Mais rien. Des larmes semblaient avoir coulées sur le visage de sa mère, ses yeux rouges en étaient témoins. Son père semblait abasourdi. Il écarquillait légèrement les yeux, il pensait sûrement que tout ça n'était qu'un rêve. *Ou alors il est déçu d'être le père de quelqu'un comme... ça.* Personne n'avait rien fait. À part peut-être son frère qui avait retiré l'expression étonnée de son visage. *Faut vraiment qu'il arrête de faire ça... il fait vraiment con avec cette tête...*

—Et cette année... qui était passée si vite... Il avait tout gâché. *Il me doit une année...* Mais ça ne l'avait pas empêchée de faire des rencontres inoubliables. *Encore heureux !* Élina, et cette journée riche en émotion. Autant dire qu'elle n'étaient pas parties sur de bonnes bases... mais le destin avait miraculeusement arrangé les choses. Elles avaient tout les deux perdu un ou des être.s cher.s. À deux, elles avaient compris que la peur peut se transformer en force. Et le dénommé Jacob, le lendemain de la rentrée, sa voix puissante avait éveillé sa curiosité. Un grand. *Un très grand.* Mais cet avis était probablement subjectif... on est émerveillé de tout la première fois qu'on entre à Poudlard... Oh ! Et la sacrée Diary. Comment l'oublier ! Elle lui a fait une très forte impression. Ce n'était peut-être que l'effet Beuglante ? Tout était censé mal se dérouler de jour là, et pourtant... Des liens s'étaient noués. Ils avaient tous pris place de son cœur. Ses souvenirs. Il y en avait, certes, beaucoup d'autres qu'elle avait vus ou croisés... et elle leur en était reconnaissants, à tous, d'avoir plus ou moins égayé ses journées. *Merlin, faîtes qu'il ne leur arrive rien pour que je puisse les revoir...*

—— Tu t'appelles comment, parce que... je trouve bizarre d'appeler quelqu'un par son nom de famille... À moins que tu préfères ne pas me le dire, bien sûr... C'est tout à fait normal. Mais c'est que je n'ai pas tellement l'attention de t'appeler McGowan tout le temps... Moi c'est Lily Turner, à Serdaigle.
—Elle s'arrangea tant bien que mal pour tenir son chat d'un seul bras, avant de faire passer l'autre de quelques centimètres à travers les barreaux. *Erza. Erza McGowan.* Lily ouvrit grand la bouche avant de la refermer en voyant son chat sauter par terre. *Excuse-moi, Edward... j'étais... ailleurs.*

La petite brune semble très surprise de me voir là. Malgré le soleil, on ne peut pas dire qu'il fasse une chaleur étouffante, surtout à l'ombre, mais c'est comme ça, l'écosse. Je ne me comprends pas, je propose de l'accueillir alors que je ne la connais pas. En plus, je dois lui paraître bien étrange, et de la route, on ne distingue pas bien la grandeur du Manoir, à cause des arbres. On ne voit pas tout bien. Elle titube et recule d'un pas — j'ai l'impression de lui avoir fait peur. *Non*. Je crois juste qu'elle m'a reconnue. Fait-elle partie des ami.e.s de nés-moldus à qui j'ai fait du mal, sinon pourquoi se tiendrait-elle de cette façon la bouche ? Ses mots me rendent perplexe. Moi, une très bonne joueuse ? C'est à voir comment j'ai déraillé au dernier match... Au moins, elle connaît mon prénom. Enfin mon nom. Mais est-ce vraiment le mien si d'autres personnes le portent ? Elle se baisse pour ramasser la boule de poils qui semblent être un chat, et se redresse.

— Ouais c'est ça. T'façon, y a pas grand chose à faire à Shulista, si tu connais pas l'coin, alors autant que j'te montre nan ? On peut faire le tour du village, ou d' la propriété c'est comme tu veux. fis-je en désignant ma *maison*.

Elle s'empresse d'ajouter un bout de contexte, sur sa présence ici. *Dispute*. Je connais bien ce genre de choses, par contre, je me demande bien ce qu'elle vient faire ici, à Shulista-Croft. Devrais-je lui demander ? Peut-être que ça pourra la détendre, alors autant le faire.

— Pourquoi tes parents ont choisi de venir ici ? Genre, j'sais pas c'est un coin paumé sur l'île de Skye, tout au bout qui plus est...

J'espère qu'elle n'aura pas l'impression que j'essaye de la virer, puisque c'est tout sauf le cas. Je m'ennuie à mourir, je n'ai plus envie de rien faire toute seule. La fillette qui semble perdue dans ses pensées, ressassant sûrement des souvenirs lointains ou non tout en caressant son chat m'a l'air sympathique. Elle me demande finalement si elle peut m'appeler par mon prénom — qu'elle ne connait donc pas je crois — et me semble toute gênée. Je crois que je n'arrive décidément pas à la mettre à l'aise.

— T'as raison ce s'ra mieux quand même, Lily donc. Attends j'vais ouvrir le portail.

Je tire chacune des portes à tour de rôle, dans un grincement vieillot. Cette maison — ma maison — est vieille. Son grincement me rappel le craquement du parquet de notre ancien appartement, à Edimburgh. C'était il y a longtemps à présent. Le vent soulève quelques feuilles tandis que je termine d'ouvrir le portail.

— Peut-être que ça te parait accueillant et tout, mais bon, quand t'y vis c'est moins cool. Tu connais la petite crique depuis la promenade secrète ? fis-je pour changer de sujet.

Pas question de m'étendre sur ma vie familiale. Je passe le portail et m'adosse au mur de pierre qui font offices de murailles autour de notre grande propriété. Shulista Croft est vide, même en été, alors je n'en reviens toujours pas d'avoir croisé une fille de Poudlard ici... De toute façon, comme je vais passer mon été ici, je saurais tout ce qu'il va se passer — ou plutôt ce qui ne se passera pas — dans mon cher village. J'observe d'un mauvais oeil le chat qui se trouve avec la dénommée Lily. J'aime les animaux, mais pas les chats. Ils sont gros, n'aiment que manger et dormir, et puis, au final, c'est toi qui a besoin d'eux plus que l'inverse. Je lance un regard à la Serdaigle qui signifie *suis moi !* et je commence à partir.

— J'te f'rais visiter après. Il faut chaud, j'pense qu'on peut aller se rafraichir qu'en penses tu ?

J'espère que mon regard malicieux suffira à la convaincre de me suivre. Je compte l'emmener à la petit crique. Pour l'instant, les seules personnes à y aller fréquemment son Fred, Evan et moi-même. Je crois que j'ai tellement besoin de compagnie que je suis prête à partager ce secret avec une presqu'inconnue. Je dois d'abord lui faire promettre de ne rien dire à personne.

— Je vais t'emmener dans un endroit trèès spécial, mais qui dit spécial dit secret, alors tu dois promettre sur l'honneur que tu ne dévoileras pas ta découverte de cette surprise.

Sur ces mots je tends ma main vers elle pour qu'elle la serre si elle accepte — ce que ma foi j'espère de tout coeur.

—— Pourquoi tes parents ont choisi de venir ici ? Genre, j'sais pas c'est un coin paumé sur l'île de Skye, tout au bout qui plus est...

—*Pourquoi on est là ?* La bleue fronça les sourcils et pivota, légèrement, sans s'en rendre compte vers l'endroit où était restée sa famille. *Ça aurait plus à certains de rester au Manoir...*

—— Ils... adorent voyager. Et cette année, c'est l'Écosse, visiblement, répondit Lily en plissant légèrement les yeux et en reportant son attention sur la verte. C'est très joli par ici, en tous cas ! Mais c'est vrai qu'il n'y a pas beaucoup de monde...

—Elle ponctua ses dires d'un éclat de rire étouffé. Ses parents n'avaient sûrement pas eu le temps de beaucoup voyager alors qu'elle et son frère était petits. Et ils allaient sûrement essayer de se rattraper les prochaines années... Ce n'était pas le temps, qui leur manquerait. *Ils profiteront qu'on ne soit pas là, avec William. C'est pas plus mal... Avec un boulet comme lui dans les pattes, difficile de profiter.*

—*Erza.* Lily s'en rappela juste après s'être présentée. Elle n'était pas ceux qui appelaient par le nom de famille. *Sauf si c'est quelqu'un que j'aime pas.* Après... appeler son frère ou ses grands-parents par leur nom... c'est une tout autre histoire. *Eux, je vais me contenter de leur faire comprendre que je les aime pas.*

—— T'as raison ce s'ra mieux quand même, Lily donc. Attends j'vais ouvrir le portail.

—La future deuxième année recula quand Erza lui dit qu'elle allait lui ouvrir. Elle leva la tête pour voir le portail dans son entièreté. Un grincement sourd se fit entendre. Les oreilles du chat blanc se baissèrent, et il montra les crocs, sur ses gardes. Lily lui caressa la tête, tentant de le calmer, avant de lui murmurer quelques mots réconfortant. *Qu'est-ce que t'as, Ed' ? Moi qui ne te croyais pas froussard...*

—— Peut-être que ça te parait accueillant et tout, mais bon, quand t'y vis c'est moins cool. Tu connais la petite crique depuis la promenade secrète ?

—*Pas accueillant... ? Quand t'y vis c'est moins cool ?* C'était la deuxième fois qu'elle disait quelque chose qui avait probablement un double sens... Un sous-entendu. La benjamine des Turner haussa un sourcil aux paroles de la joueuse de Quidditch avant de faire "non" de la tête en réponse à la question. Elle n'était jamais venue par ici, mais l'endroit lui rappelait vaguement quelque chose.
—Elle posa Edward par terre et suivit son ainée. Lily préféra n'observer que le jardin, la grande maison lui rappelant trop de souvenirs douloureux. Une image s'imposa à elle. Ses grands-parents paternels sortant du manoir. Leurs sourcils froncés au dessus de leurs regards toujours aussi froids et tranchants. Quelque chose avait cependant changé chez eux. Leurs postu-...

—— J'te f'rais visiter après. Il faut chaud, j'pense qu'on peut aller se rafraichir qu'en penses tu ?

—Erza la tira de ses pensées, demandant... *Quoi, déjà ? Oh ! Si elle voulait se rafraîchir ?

—— Ou-... Oui, bredouilla-t-elle en souriant timidement, ce serait vraiment bien. Merci.

—Elle grimaça, voyant que le "merci" n'avait pas vraiment sa place dans la phrase. *Merci de m'avoir chassé cette vision d'horreur... ?* Il aurait suffit qu'elle identifie le moindre changement... qui aurait pu lui faire penser que c'était la réalité..
—Elle aurait eu une réaction qui aurait alerté Erza. Une réaction qui aurait tout gâché — tout.
—Mais c'était toujours comme ça. Les meilleurs moments avaient toujours un hic. *Mais là c'est magique... J'ai pas envie que tout s'arrête.* Au fond, le "merci" était sorti tout seul. Parce qu'elle lui offrait de vraies vacances. *Tss... elles auraient dû débuter depuis looongtemps...*

—— Je vais t'emmener dans un endroit trèès spécial, mais qui dit spécial dit secret, alors tu dois promettre sur l'honneur que tu ne dévoileras pas ta découverte de cette surprise.

—Erza fit clairement savoir que ce lieu était secret. Et visiblement important pour elle. *Rien de plus normal.* Promettre sur l'honneur... Sur l'honneur ?

—— Oh ! Alors, fit-elle en prenant son ton le plus solennel, avec une pointe d'humour, en ce premier juillet 2046, moi, Lily Turner, promet sur l'honneur, à Erza McGowan, que je ne parlerais de cet endroit secret à personne ! Que Merlin m'en soit témoin.

—Derechef, elle serra la main qui lui était tendue, un petit sourire aux lèvres.
—Erza lui faisait confiance. Ce mot réchauffa grandement le cœur de Lily. À elle. Même sa famille ne serait pas capable de pareille bonté avec quelqu'un qu'ils ne connaissaient pas. Un inconnu restait un inconnu pour eux. Rien d'autre. Ils se contenteraient de l'ignorer... *Ou même de le mépriser.*

—— Tu as fait un immense pas vers moi... je t'assure que tu peux vraiment me faire confiance, promit-elle en redevenant sérieuse. Je te jure de ne dévoiler ce lieu à personne.

La Gamine m'appris que ses parents étaient de grands voyageurs. La Bleue qui ne semblait pas vraiment enchantée au début avait repris de l'aplomb et cela me fit plaisir. Pour une fois, la journée s' annonçait plaisante. Je n'allais pas passer la journée seule à me morfondre dans ma chambre, ou à faire pour la énième fois le trajet entre le Manoir et la crique mes écouteurs enfoncés dans les oreilles. En vérité, il y avait pire comme vacances, mais un peu de piment ne me ferai pas de mal. Lily semblait être redevenue muette, et déposa sa bestiole sur le bitume. *Si au moins j'avais un animal pour me tenir compagnie*... J'avais Rainry, mais il était chez le vétérinaire pour le moment, et ne reviendrais que dans deux semaines. Je m'étais attachée à mon cher petit serpent mais il restait la plupart du temps dans sa cage. Les fois où je le laissais sortir il restait sur mon tapis ou sur mon lit sans bouger pendant plusieurs heures. Fred quant à lui s'enfermait dans sa chambre pour faire *je-ne-sais-quoi* me promettant toujours qu'il me rejoindrait après. Souvent, nous ne faisions des choses ensemble le soir. Nous sortions dans le jardin et allions nous baigner dans la piscine ou bien nous nous baladions dans les rues ou sur les bords de mer. Lily se décida enfin à rouvrir la bouche de surprise après que j'ai proposé d'aller nous rafraîchir. *Bah quoi* pensais-je. Il était évident qu'elle ne vivait pas en Écosse, et je me demandais si elle croyait au cliché concernant une météo pluvieuse tous les jours. Comme elle avait acquiescé, j'avais tendue ma main afin de lui faire promettre de n'en parler à personne. En vérité, je savais bien que je n'étais pas la seule à connaître l'existence de ma petite crique mais j'aimais bien ajouter un peu de mystère à ça. Je ne pus m'empêcher de rire tandis qu'elle se prit au jeu et commença à faire une promesse sur l'honneur de Merlin. Puis, elle ajouta je je pouvais lui faire confiance et je ne su dire si c'était toujours en rigolant, ou bien si elle était devenue sérieuse. Je lui tends un grand sourire, me saisis de sa main et la tire en partant en courant.

— C'est partiiii !

Je m'élance sur le petit chemin à côté du Manoir, celui qui mène à ma petite crique. Nous courrons poussées par le vent qui vient de derrière. Finalement, je m'arrête à mi parcours, me rendant compte que je suis avec quelqu'un que je connais à peine, ce qui veut dire que, peut-être Lily n'aime pas courir. Je lui lâche la main et me met à marcher plus lentement. Alors, je me rends compte que je viens de me montrer enjouée, enthousiaste et drôle. *Euhh*. Je fais comme si de rien n'était, mais en vérité je me pose une question. Comment vais-je faire, quand dans cinq minutes je vais redevenir la Erza normale ? *Fais comme si*. C'est simple. Je n'ai qu'à faire comme si j'étais vraiment enjouée, faire comme si j'étais vraiment enthousiaste, faire comme si j'étais vraiment drôle. *Ça se tente... Faut d'abord que j'essaye de sourire*. Je tourne la tête à l'opposé de la Bleue et je commence à faire des grimaces en tentant de fait un sourire convenable. *Plus compliqué que ce que je pensais*... En même temps, je ne saurais pas dire de quand date mon dernier sourire. Me retournant vers Lily je lui explique le plan.

— Bon. La plage est en vue, donc on pourra se trampouiller, puis après j' peux t' faire visiter les environs ? Faut voir avec tes parents nan ?

Comme si j'en avais quelque chose à faire des adultes... Chassant cette pensée je hurle :

— Dernière arrivée en bas est un poulpe sans encre¹ !

À peine ais-je terminé ma phrase que je dévale les escaliers en courrant. J'ai un peu triché, parce qu'il n'y a pas la place de dépasser l'autre, alors j'arrive en première en bas.

— Gagné !

Je suis en short alors je plonge mes pieds dans l'eau en m'assaillant sur un rocher. Je tapotte la place à côté de moi pour lui signifier que je veux qu'elle vienne s' assoir à côté de moi. *Y font quoi les jeunes de notre âge déjà ?* Ils jouent non ?

— Tu veux jouer ?

À quoi...j'espère qu'elle va me donner une idée.

—Ma promesse sembla la convaincre. J'avais l'air ridicule. Je pinçai les lèvres pour me retenir d'éclater de rire. Elle s'empara de ma main et je la suivit en courant, Edward sur mes talons. Plus je m'éloignais de ma famille, plus j'avais l'impression de pouvoir pleinement respirer. Ce sentiment qui m'habitait quand j'étais en leur présence... cette oppression au niveau de ma cage thoracique... Je trouvai enfin un moyen de m'en libérer. Loin. C'était la première fois depuis de longues années que je passais de vraies vacances où je m'amusais. Étrangement ça me semblait à la fois naturel et nouveau. Ce sentiment de liberté, je ne voulais le laisser partir sous aucun prétexte. Avais-je seulement ce droit ? Était-ce égoïste de ma part de le désirer ?
—Je regardai tout autour de moi une fois notre course terminée. Elle en avait de la chance, Erza. Je ne pouvais pas me permettre de la juger ainsi, sa vie n'était peut-être pas aussi rose que je l'imaginais. N'empêche, la voir ainsi me laissais penser qu'elle était bien plus libre de ses mouvements que moi. Et je l'enviais. Ma famille tout entière affirmait qu'il n'y avait que l'argent qui faisait le bonheur. Que le fait qu'ils en aient en grande quantité faisaient d'eux les rois du monde. Peut-être était-ce parce que j'étais trop naïve ou en raison de mon jeune âge, mais je voyais l'argent comme un faiseur de problèmes. L'héritage déchirait les familles. Alors que certains en avaient en abondance, d'autres en manquaient terriblement. Voilà le fléau de toute ma vie. À quoi cela servait-il d'en amasser autant si ce n'est pour en faire don... Question à laquelle on me répondrait que c'était pour notre futur, pour qu'on puisse vivre aisément. Seulement je voulais vivre avec de l'argent que j'aurais gagné avec un travail qui me plaisait. Et non profiter de sous facilement récolté de ventes immobilières. De sous gardés précieusement par mes grands-parents profitant aisément de la vie sans avoir à bouger le petit orteil. Ce genre de choix de vie me dépassait. Et j'avais la fâcheuse manie de m'énerver quand quelqu'un avait le malheur d'aborder le sujet dans ma famille.

—Je tiquai à l'entente du dernier mot de ma camarade. Pitié, non.
—— Non, t'inquiètes, pas besoin de leur demander...
—Merlin, je voulais rester loin, très loin d'eux et simplement profiter. Je n'eus pas le temps de dévolpper ma réponse que Erza se remit à courir. Je la suivis, riant aux éclats et ravie de ne pas avoir eu à me justifier. Le seul moyen que j'avais de la dépasser était de sauter par dessus elle... mieux valait éviter. Et je n’avais pas ma baguette.
—— C'est pas juste... tu... !
—Je repris mon souffle, dans l'incapacité de terminer ma phrase. Chaussures retirées et pantalon retroussé, je la rejoignit et plongeai à mon tour les pieds dans l'eau. Est-ce que c'était ingrat de penser que mes grands-parents paternels m'avaient volé mon enfance ? Tous ce qui comptaient, pour eux, c'était que j'apprenne les bonnes manières et l'infériorité des moldus ainsi que de leurs enfants sorciers. Être au sommet, l’élite.
—Jouer ? En voilà une question qu’on aurait plus souvent dû me poser, non ? Au point que je peinerais à saisir le sens de ces mots. Je réfléchis et scrutai le beau paysage qui s'offrait à nos yeux. Paisible. Loin. Loin de toute personne qui pourrait me nuire. Je balançai mes jambes au rythme des vagues, tentant de me remémorer le peu de jeux auxquels nous avions joué avec William avant... avant qu'on ne se dispute. Échecs, morpion... Merlin, mon enfance était vraiment banalité effarante. Voire ennuyante.
—— Je n'ai pas d'idée, là, tout de suite. On peu se donner trois affirmations dont deux sont vraies et une fausse ? Ou bien faire deviner une chose à l'autre ? C'est pas incroyable...
—Je rigolai, me sentant pathétique de proposer des jeux aussi basiques.
—À l'effigie de ce que j'avais toujours connu.

Étrangement, j'étais en joie aujourd'hui. C'était comme si rien ne pouvait gâcher ma bonne humeur, et que tous mes soucis s'étaient enfouis dans un coin de mon esprit. *C'est juste pour ressortir plus forts ensuite*. Je préférais tout de même ne pas y penser. Personne ne savait ce qu'il se passait à l'intérieur de moi. En même temps, comment quelqu'un pourrait-il le savoir ? Moi-même je ne savais pas. La brise légère fit virevolter mes cheveux, éparpillant mes différentes mèches de façon à ce qu'elles viennent me voiler la face. Les écartant avec mes doigts, je me rendis compte que je n'avais toujours pas répondu à la jeune Bleue. 2 vérités et un mensonge. Et pourquoi pas trois mensonges ? Cela me paraissait beaucoup plus simple à trouver. Le mensonge était devenu comme une seconde nature chez moi. Il faisait parti de moi, était encré en mon être comme s'il était moi. Je n'arrivais parfois plus à distinguer le faux du vrai. J'ai finis par croire que je devais moi-même un mensonge. *Tu m'étonnes que personne veuille de toi*. Personne. Personne. Personne.

Lily semblait mal à l'aise après sa proposition de jeu. Pourtant, c'était peut-être la seule chose dont j'avais besoin à l'heure actuelle. Quelque chose de normal. Pour continuer dans mon déni de la réalité. Rien ne va chez moi. Je suis un prototype qui n'est pas en état de marche, et ce depuis toujours. Toujours. Je ne comprends pas comment fait ma mère pour encore me considérer comme sa fille. Pour me garder sous son toit. Pour m'aimer. Le problème, quand on a souffert, qu'on a perdu foi en quelque chose d'indispensable — au hasard l'Amour — c'est que ça ne se récupère pas d'un simple claquement de doigt. Il faut du temps. Beaucoup de temps. Trop de temps. Réapprendre comme si l'on était un gosse d'un an et demi qui apprend à marcher ou bien à parler. Comme si j'étais un vieillard atteint d'Alzheimer qui cherche en vain sa mémoire. Je suis à la frontière des deux. À mi chemin pour enfin savoir si je serais un jour capable d'aimer à nouveau. Et d'accepter que quelqu'un puisse m'aimer. Parfois, je me demandais à quoi ressemblait mon coeur à l'intérieur de mon corps. Battait-il comme il battait pour tout le monde ?

Perdue dans mes pensées, j'en avais oublié ma présence ici, et même jusqu'à Lily. Je devais absolument trouver quelque chose à lui répondre. Le mensonge serait facile à trouver, mais les deux vérités... Que pouvais-je bien lui dire ? J'ai 3 frères. Je ne savais même pas si c'était encore vrai. J'habite en Ecosse. Ais-je seulement un chez moi ? Comme prévu, les vérités qui pourraient paraître simples à trouver pour n'importe qui de normal. Toutes les propositions basiques qui me venaient à l'esprit se voyaient trouver automatiquement un élément l'invalidant. Mon cerveau se jouait de moi et semblait bien s'amuser. Je décidais de raconter n'importe quoi.

— Je suis née en Janvier, j'ai une demi-soeur à Gryffondor et j'ai choisi la filière Sport et Soins

Ce que je venais de lui dire au moins, était valable. *J'suis tellement anormale que je suis incapable de jouer à des jeux communs* Il était temps de changer de sujet.

— Et sinon ta famille ?

Et sinon ta famille. Mais quelle débile j'étais ! Ne JAMAIS au grand JAMAIS parler de la famille. Peu importe les circonstances, les personnes, c'était l'une de mes règles les plus importantes. Trop de secrets, de vérités trop dures à avouer ou simplement à accepter, trop de risques qui ne devaient être pris en aucun cas. Aucun cas. Comment avais-je pu briser l'interdiction si facilement ? Parler de la famille signifiait parler de Papa, de ce qui s'était passé pendant les vacances où il était parti, de statut de sang, de cousins, bref, que des problèmes en perspective. Il fallait que je fuis, que je cours, loin, très loin d'ici. L'autre en savait déjà trop, et ma joie s'était muée en terreur. Les souvenirs remontaient, toujours plus forts, toujours plus précis. Son regard déterminé, mais à en faire peur. Son pas lourd écrasant les gravillons avec son passage. Cette silhouette disparaissant derrière le portail. Et puis Elle. Qu'était-elle devenue ? Elle avait disparue, mais je n'étais pas sur de vouloir en savoir plus à son sujet.