Inscription
Connexion

01 mai 2022, 18:19
Les fleurs du bouquet de tes pleurs
Mercredi 20 mars 2047
Juste avant le couvre-feu
Solo, OS (?)


Tentative de "tu" histoire de ne pas mourir bête.
Finalement, ça ne me correspondait pas. Ça manquait d'infos, de pensées incohérentes, de rapidité... Je recommence en "je", mais mets quand même mon premier jet sous reducio.
J'ai commencé à écrire pour écrire, sans n'avoir rien à raconter, on verra bien où ça nous mène !


Reducio
L'heure du couvre-feu approche, mais toi, tu es différente, toi tu ne veux jamais faire comme tout le monde, il faut que tu suives ta propre voie, toi tu restes plantée là, à attendre la toute dernière minute pour rejoindre le château. Tu n'as jamais été une personne raisonnable, ce n'est pas aujourd'hui que ça va changer.

Tu as fait un tour dans le parc, dans lequel tu as cueilli des fleurs dans le Parterre de l'Amitié. Miss Nenez n'a pas apprécié ton bouquet de pissenlits, soit, tu as retenu la leçon, tu fuis désormais cette fleur comme la peste, sait-on jamais, qu'elle ait jeté ton présent en raison de sa toxicité. Dans tes mains, des hautes fleurs oranges, des plus petites, rondes, rose fuchsia, de longues feuilles aux bordures violettes, des minuscules boules blanches, un bouquet très printanier au vu de la saison. L'apprentie garde-chasse qui l'entretient est vraiment douée, quelle que soit la période de l'année, qu'il pleuve ou qu'il vente, ce parterre est toujours brillant de mille couleurs.

Tes pas t'ont menée dans le terrain d'entraînement de Quidditch. A cette heure, il n'y a plus âme qui vive.


Contenu sensible : mémoires de traumatismes, mort, sang, violence sexuelle
(allusions brèves non détaillées et peu claires)


Thème musical : Foé, Bouquet de pleurs


L'heure du couvre-feu approche, mais moi, je suis différente, il faut toujours que je sorte du lot, que j'agisse à ma façon, que je n'écoute rien ni personne, les adultes doivent s'arracher les cheveux avec une gamine comme moi qui ne suit aucune logique. Qui suit sa propre route. Moi, je ne rentre pas, je reste plantée là, à attendre que le temps passe, à compter les étoiles qui envahissent le ciel, à attendre la toute dernière minute pour regagner les portes du château, étendue dans l'herbe je laisse les émotions me prendre à la gorge. Je ne peux pas m'en défaire, je ne peux pas bouger, je ne peux pas penser, m'en débarrasser, je suis submergée.

Dans mes mains, un bouquet. Avec ma longue robe blanche, mes pieds nus et mes cheveux désordonnés et pleins d'épines, il ne serait pas compliqué de m'associer à la mariée funèbre, au fantôme lugubre de la dame blanche, à la fiancée morte d'avoir attendu si longtemps son promis devant l'autel. Je ne souris pas, mon visage boursouflé est tourné vers le sol. Au centre du terrain d'entraînement de Quidditch, je laisse les larmes perler au coin de mes yeux et dégouliner le long de mes pommettes, de mes joues, le long de mon nez, se coincer entre la commissure de mes lèvres, rebondir sur mon menton, terminer leur route sur mes vêtements.

Le bouquet contraste avec mon état. Il est vif, coloré, fait de hautes fleurs oranges, de plus petites, ovales, rose fuchsia, de longues feuilles aux bordures violettes, de petites boules blanches, un bouquet printanier qui contraste avec les tons mornes de l'hiver. L'apprentie garde-chasse a vraiment un don pour maintenir le Parterre de l'Amitié en fleurs tout au long de l'année.

Assise en tailleur en plein milieu du cercle central du terrain, j'ai les yeux perdus dans le vide, vitreux, ailleurs. Le corps immobile. Les pensées arrêtées. Inerte, là, par terre, je vois le monde défiler, il avance sans moi. La réalité s'éloigne.

Un elfe... un elfe... un elfe ! Un cri. Un hurlement qui résonne, qui brise le silence, le mien, il rebondit sur les tourelles qui entourent le terrain, il déchire l'obscurité, un cri qui me sort des tripes. Il dure longtemps et en profite pour me vider de mes forces, toujours immobile je panique, mes yeux voient défiler de douloureux souvenirs, je transpire seule, par terre, au milieu de nulle part.

Le Dominion hante toujours mon esprit, les cellules remplies d'enfants qui crient, se battent, s’échappent, se tuent, la cuisinière qui veut m'empoisonner, le spectacle des squelettes qui jouent la vie de ma sœur de cœur, la sensation que mon crâne va exploser quand le squelette sous son drap noir force la porte de mon esprit, le sort que je lance à Asha et qui manque de la tuer pour récupérer une bague que j'ai dans tous les cas perdue, les murs pleins de runes bleues, le labyrinthe, Lilly, et cet elfe. Cet enfoiré d'elfe qui m'a volé ma vie. Ma deuxième vie.

La sensation de mon corps qui ne m'appartient plus, qui essaie de bouger mais qui pourtant s'immobilise, mes lèvres qui hurlent et aucun son qui n'en sort, mes muscles lourd qui devient durs, mes pieds que je ne sens plus, mes jambes, mon bassin, mon ventre, et ce corps de pierre que peu à peu je deviens, un dernier regard à Lilly, je tente de respirer, d'appeler à l'aide, mais déjà je suffoque, ma vie s'éteint, devant mes yeux un voile. Je suis morte. A nouveau.

Mes larmes coulent de plus en plus vite, elles ruissellent sur mes vêtements. Mes yeux sont accrochés à ce bouquet, ce bouquet de mes pleurs, je l'envoie valser au loin, je veux qu'il disparaisse de ma vue, ce bouquet m'insupporte, et toutes ces couleurs, et toute cette joie alors que moi, je suis morte ! C'est inconcevable.

Dans mon bouquet de pleurs, j'enfouis tous mes douloureux souvenirs. Le Dominion. Mes amitiés perdues. L'homme. Tee-shirt café-crème, dents jaunes, beau sourire et un jean serré, trop serré, un jean qu'il a fini par ôter.

Ta peau, ta peau, ta peau, ses épines piquent et te traînent, et sortent le rouge et la peine. Et les fleurs, les fleurs, les fleurs, du bouquet de tes pleurs... laissent tomber leurs pétales, ta peau marquée qui saigne... ta peau marquée qui saigne... ta peau marquée qui saigne.

Mes ongles entrent dans ma chair, la lacèrent, je revis tout, étalée là, par terre, et ma peau marquée qui saigne, ces griffures qui tapissent mes bras, ces marques de mes traumatismes. J'appelle à l'aide. Je crie à nouveau. Je respire, je suffoque, je ne mourrai pas une troisième fois ce soir, ni même un autre soir. Debout, Elo, tu ne vas pas mourir. J'ai envoyé valser le bouquet de pleurs, c'est donc que je peux bouger, cette fois-ci je peux, je ne suis pas statufiée, tétanisée, mourante du corps et de l'âme, non je ne resterai pas immobile, mes larmes coulent, mes cris résonnent, je suis en vie, je peux me lever, courir. Si je meurs une troisième fois, je ne pense plus pouvoir me réveiller. Jamais. Alors je me redresse, je suis une battante. Aveuglée par ces images qui me reviennent de plein fouet, je cours, je cherche la sortie, j'ai besoin qu'on me protège.

Juste avant que ne résonne le couvre-feu, j'entre dans le château, le cœur battant à tout rompre, l'esprit apeuré, les yeux exorbités, les muscles tremblants, trempée.

« SILDNIR ! A l'aide ! »

7e année RP - #8C6A8E
JE NE SUIS PAS UN HIBOU UNE PLUME