Rien ne s’était vraiment passé.
Depuis juillet.
J’étais restée seule chez moi.
Maman était en plein tournage d’un film pour les moldus.
Je n’ai jamais compris sa passion pour ce genre de chose.
Elle fait semblant de crier ou d’être heureuse pour que les gens viennent regarder quelque chose qui n’est même pas réel.
Je n’ai jamais vraiment compris.
Mais je n’ai jamais cherché à comprendre.

~

Cet été, je n’avais rien fait.
Je marchais dans la rue.
Je sentais une boule de peur dans mon ventre mais j’avais ma baguette avec moi, dans mon chemisier.
Un vieux monsieur m’avait parlé des sorciers.
Il avait compris.
Il avait deviné que c’était moi,
La sorcière.
Mais je n’avais rien dit.
J’avais fait un gentil sourire et je m’étais enfuie en courant.

~

Hier, c’était la rentrée.
Pendant tout le buffet, j’étais restée la tête dans mon assiette.
J’avais regardé ma nourriture, sans appétit.
Mais en partant, je l’ai remarqué.
Le vieux monsieur qui avait deviné que j’étais une sorcière.
Il l’avait dit.
Il m’avait dit qu’on se reverrait.
Et là je l’avais vu.
Il était assis à la table des professeurs, tout sourire, avec son dentier.
Je ne comprenais pas ce qu’il fichait là.
Mais je ne cherchais toujours pas à comprendre.

~

Repensant à ce visage que j’avais croisé,
Je me rappelle des mots que j’avais utilisé lorsque je lui avais parlé, à Londres.
Et je me rappelle qu’il avait compris.
Il sait ce qui t’est arrivé. Papa.
Il sait.
Personne ne sait.
Il ne mérite pas de le savoir.
Il ne mérite pas.
Personne ne mérite.

~

Comme habituellement, je me dirigeais vers le parc;
Tôt le matin.
J’aime me balader quand il n’y a personne.
J’aime écouter le bruit du vent et regarder la rosée s’étaler sur les feuilles.
C’est alors que je l’aperçois.
Au niveau des serres de botanique,
Je vois le vieux monsieur.
Je ne sais pas ce qu’il fabrique.
Il doit sans doute être en train d’arroser des rosiers ou je ne sais quoi.

~

Je décide de m’approcher.
Pas à pas,
Je reconnais de mieux en mieux le vieil homme de Londres.
Alors que je m’approche de lui,
Je racle ma gorge et crie (je ne sais pas s’il m’entend) :

- Euuh… Bonjour monsieur.

J’attend une réaction de sa part avant de continuer :

- Vous vous rappelez de moi ?

J’ai fait un peu de blabla, désolée. N’hésitez pas à me dire si quelque chose ne va pas

Le professeur faisait sa première rentrée en tant que membre de l'équipe professorale. Revenir au château après de bien nombreuses années lui paraissait étrange : comme revivre quelques instants de sa jeunesse. Mais en presque cinq décennies, les choses avaient bien changé, Poudlard n'était plus l'établissement qu'il connaissait, à l'époque d'Albus Dumbledore.

Ayant pris possession de ses serres, le botaniste avait placé toute son attention dans la taille de quelques Arbrisseau à Pipaillons dont les ramures se faisaient un peu grande et parfois de mauvaises qualités. C'est qu'il avait du travail en ce début d'année : les serres avaient été un peu laissées à l'abandon durant l'été.

Mais alors qu'il coupait quelques branches, une élève vint à sa rencontre. Surpris de la curiosité de la fillette, le professeur détacha son regard de la plante pour se tourner vers elle. Que lui voulait-elle ? Il écouta alors sa question, qu'elle posa d'une voix assurée. Était-elle en train de crier ? Le professeur ne l'aurait pas dit.

Il examina alors l'enfant qui se présentait à lui. Visiblement, ils s'étaient déjà rencontrés, puisque l'adolescente le pensait capable de la reconnaître. Mais le professeur ne savait pas jusqu'à quand il devait remonter dans ses souvenirs. Il n'avait pas beaucoup de famille, surtout de cet âge. Il n'avait ni amis qui puissent avoir leur fille, ou petite-fille, à Poudlard. Alors il répondit simplement, après des salutations cordiales :

« Non, je ne me rappelle pas de vous, j'en suis navré. A qui ai-je l'honneur ? »