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29 août 2021, 14:37
L'œil de l'Ouragan  PV+ 
Qu’il est bon de voir son visage se tordre et se draper de colère ! Oh, c’est une vision dont je ne pourrais plus me passer, je crois. Je me sens particulièrement puissante. C'est moi qui suis capable de lui faire ressentir des choses aussi fortes, de la déstabiliser suffisamment pour qu’elle en vienne à me jeter ces mots au visage. C’est exactement ce dont j’ai besoin. Une raison pour que mes poings se serrent, des insultes pour expliquer pourquoi je me sens aussi mal, aussi frustrée, tellement en colère, tellement pleine de sentiments et d’émotions qui prennent toute la place. Et Morrow, elle me donne tout ce que dont j’ai besoin, oui, elle me donne la possibilité de crier, de frapper, de me venger, de laisser sortir toutes ces choses qui sont en train de me pourrir de l'intérieur. Et peut-être même qu’à la place de sa tête je peux imaginer celle de Thalia, et qu’à la place de sa voix je peux entendre celle de la fille. Je pourrais faire cela, certes, mais je remarque que je n’ai pas besoin de le faire. Nul besoin d’imaginer une autre à la place de Morrow ; son seul visage, ses seuls yeux, sa voix, ses paroles, tout cela est suffisant pour moi.

Je me jette sur l’occasion avec un désespoir qui me laisse pantelante. J’en oublie totalement Farrow qui pourtant est toujours là, éternellement silencieuse, comme si cela ne la dérangeait pas que la Poufsouffle prenne toute la place, comme si elle avait compris que ce qui est en train de se passer dans ce couloir ne la concerne pas — et ne me concerne pas non plus, certes, mais maintenant que je suis là, je ne compte pas m’en aller. Surtout pas après avoir reçu ces mots au visage. Elle veut que je dégage de là, n’est-ce pas ? Parce que ce ne sont pas mes putains d’affaires ? Oh, Morrow, mais tu sais que plus tu exigeras que je parte, moins je partirais, n’est-ce pas ?

Je me redresse et abandonne la colère naturelle que je ressens, celle que je ressens toujours face à cette fille insupportable. Ou du moins, je fais semblant de l’abandonner. Je me drape dans une cape de suffisance en croisant les bras sur ma poitrine, un sourire étirant joliment mes lèvres. Je prends bien garde à la regarder droit dans les yeux, juste pour être certaine qu’elle comprend bien que je m’adresse à elle et à personne d’autre.

« Et tu feras quoi si je dégage pas ? »

Un sourire pour la provoquer.
Mon coeur s’envole ! Oh, je me sens en position de force ! Je ne sais pas d’où cela vient exactement, cette envie de la faire sortir de ses gonds. J’ai envie qu’elle éructe, j’ai envie qu’elle dépasse les bornes, j’ai même envie qu’elle me frappe, qu’elle se déchaîne sur moi. Exactement comme la dernière fois, cette dernière fois pendant le mois de janvier, il y a si longtemps. La dernière fois, c’était un Serpentard qui se trouvait face à moi, et Thalia qui était juste derrière. Cette fois-ci aussi c’était elle que j’avais envie de frapper et de malmener, mais je me suis déchaîné sur lui, à le frapper de toutes mes forces, seulement parce que j’en avais besoin. Et Merlin ! cela m’a fait tant de bien.

Ma respiration s’amenuise, mon sourire s’évanouit. Je sens la grande rage qui monte, celle qui me donne envie d’avoir de mauvais comportements, qui me donne envie de crier, de frapper, même si ce n’est pas très intelligent. J’ai envie d’être mauvaise.

Un pas m’avance vers la fille, je me retrouve toute proche d’elle. Bordel, elle est si petite. Il sera si facile de lui faire du mal.

« Hein, Morrow ? Tu feras quoi ? »

Tout se mélange dans ma tête et dans mon coeur. Je ne sais plus très bien vers qui est dirigée ma colère, je ne sais pas ce que je fais là, je ne sais pas grand chose. Mais ce qui est évident, c’est que ça grouille à l’intérieur. Mes émotions serpentent vicieusement et s’entremêlent jusqu’à former un nœud compact qui fait battre mon coeur très fort.

Ma vision se réduit à elle. Je ne vois plus que ses yeux vert, plus que la colère qui froisse son visage enfantin. Le pire, c’est que je n’ai aucune envie d’être ailleurs. Je suis parfaitement à ma place, là, enveloppée dans ma surpuissance.

Toutes mes excuses pour ce retard ! Presque un mois pile là aussi, je suis sincèrement désolée.
Et bien, je crois que je ne peux pas te promettre qu'Aelle n’abîmera pas Alison, Plume...

30 août 2021, 17:15
L'œil de l'Ouragan  PV+ 
Je ne m'étais jamais rendu compte avant aujourd'hui à quel point mes émotions me dépassaient, non, m'écrasaient. J'ai toujours cru que mes pensées étaient plus fortes que tout et que c'étaient elles qui me dévoraient de l'intérieur et cherchaient à me faire glisser vers des terrains sombres et dangereux tels que la peur, la tristesse, la douleur ou la colère. Mais finalement, j'avais tout faux. C'est complément l'inverse ; et dire que je ne l'avais jamais remarqué jusqu'ici ! Ce sont mes sentiments qui me contrôlent depuis le début. Ils sont le vent rendant mon océan de pensées tumultueux et dangereux, la surface sur laquelle je glisse avant de me retrouver dans un nid de réflexions irrépressibles et les responsables des battements rapides de mon cœur, de mes actions irréfléchies et de mes gestes incontrôlés. Mes émotions forment un nœud indiscernable que je ne peux ni enlever, ni couper, ni extraire de mon ventre tant il y a sa place depuis si longtemps. Je n'ai aucun contrôle sur ce que je ressens, je ne peux que subir cela sans pouvoir y changer quoi que ce soit. Et moi qui n'avais jamais remarqué la menace et la puissance de mes sentiments ! Quelle idiote j'ai été ! Me voici désormais prise au piège par eux, enfermée dans un corps qui pense et ressent trop. Ouragan intérieur.

Je ne parviens pas à chasser de mes pensées le regard dur puis plein d'espoir d'Alison. J'ai l'impression qu'il s'y est gravé pour l'Éternité. Ce sont ses yeux qui ont fait ressurgir en moi ma culpabilité, mes regrets et ma souffrance, me rendant une nouvelle fois muette et choquée. Alison parviendra-t-elle à me pardonner un jour ? Ou alors, est-ce que la douleur s'introduira entre nous pour tout dévaster, tout nous prendre et effacer tout ce qu'il s'est passé avant ce moment ? Après tout, si nous sommes aussi pleines de souffrance à cet instant, c'est à cause de moi. Je n'aurais jamais dû mettre mon nom dans cette urne avant de prendre pleinement conscience des conséquences que ce choix aurait sur ma vie. Mais comment aurais-je pu imaginer qu'Alison m'en voudrait à ce point et qu'elle tiendrait aussi fort à moi alors que six mois de silence s'étaient installés entre nous ? Peut-être que je n'ai pas souhaité imaginer les conséquences que mon acte aurait sur ceux qui m'aiment car je craignais que cela m'empêche d'accomplir ce que je me devais de faire. Alors, finalement, j'ai été complétement égoïste, préoccupée par mes sentiments et mes valeurs alors que le plus important était les conséquences que mon acte aurait sur ma vie et celle des autres. J'ai été aveuglée par mes propres émotions *comme toujours* ; et me voici ici, coincée dans l'impasse vers laquelle je suis moi-même allée, incapable de revenir en arrière et de tout effacer.

Une douleur brute me malmène le ventre. Je m'en veux, je m'en veux terriblement. Je souffre de mes erreurs et je crains d'en commettre d'autres. Je ne peux rien réparer cette fois-ci, rien faire disparaître, ce sont des marques indélébiles qui se sont gravées dans ma vie. Je suis enfermée dans mon corps avec mes émotions qui me submergent et ces grands regrets qui essayent de me dévorer. Car, oui, je crois que je regrette mon geste. Mettre mon nom dans cette urne n'était pas une bonne idée, cela ne m'a rien apporté de bien. Désormais, peu m'importe que je sois choisie ou non, j'ai déjà perdu mon lien avec Alison. J'ai brisé la promesse que je lui avais faite et je lui ai fait mal, je l'ai bien vu. Je crois que, si je regrette tout cela, c'est à cause de la douleur que j'ai aperçue dans son regard. Que je me sens coupable de la savoir souffrir de mes choix ! Une grande culpabilité que je n'ai pas vu arriver et que je n'imaginais pas quand j'ai déposé mon nom dans cette fente sournoise. Elle me fait maintenant souffrir et regretter tout le reste. Je ne m'étais jamais sentie comme cela, aussi désolée pour des gestes que j'ai fait, aussi désireuse d'effacer une partie du passé.

Alison me tourne le dos pour se mettre face à Bristyle. Elles m'ont complètement oublié toutes les deux, bien trop concentrées sur la colère réciproque qui habite leur cœur. Mon cœur à moi ne contient aucun courroux, seulement une grande douleur et mes regrets ; il est noyé par eux. J'aimerais m'intéresser aux mots qu'Alison et Aelle échangent pour comprendre ce qui les relie mais je n'en ai ni la force ni l'envie. Je n'écoute plus leurs mots-venins, en moi résonne beaucoup d'autres mots. Je suis si lourde d'émotions et de souffrance que je n'ai plus le courage de me redresser pour écouter les paroles d'Aelle et d'Alison. Le regard perdu, je reste collée contre le mur, insensible aux yeux scrutateurs des autres, bouleversée par ce que je ressens et mes pensées apparaissant sans interruption dans la cavité résonante de mon crâne.

Je n'ai pas été assez réfléchie pour imaginer toutes les conséquences que mon acte aurait pu et pourrait avoir, et désormais, je vais devoir assumer mes erreurs parce que c'est ce que les gens font. Tout ce qui arrive est ma faute et mes excuses n'y changeront rien.

Au loin, à l'orée de ma conscience, je perçois le rapprochement d'Aelle et les paroles provoquantes qu'elle jette à Alison. Pourtant, je ne fais rien. Je ne dis rien, ne bouge pas, ne les regarde même pas et reste pâle et frêle contre le mur, silhouette fragile débordante de culpabilité. De toute manière, je crois en avoir déjà bien trop fait. Qui sait si ma prochaine action ne sera pas une nouvelle erreur, hein ?


Je suis désolée. Je ne suis absolument pas satisfaite de ce Pas. J'ai l'impression qu'il ne mène à rien. J'aimerais tellement secouer Alyona dans tous les sens pour qu'elle prenne conscience de ce qu'il se passe sous ses yeux !

Ahh, cette tension entre Alison et Aelle... !

#466962Étudiante à l'Institut de Médicomagie et des Sciences Magiques — spécialité botanique

03 oct. 2021, 18:57
L'œil de l'Ouragan  PV+ 
Déraillement.
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C'était étrange, cette sensation.
Comme si elle était enveloppée d'un cocon de brouillard, et que plus rien ne pouvait parvenir à ses oreilles, que le tambourinement furieux de son sang contre ses tempes.
La Colère venait tout ravager comme une vague en elle.
Si un regard pouvait tuer, Bristyle serait morte sur place. Un cadavre était certes encombrant, mais par Circé, cela aurait été si jouissif !

Elle ne pensait pas avoir déjà détesté quelqu'un aussi fort. Sa poitrine lui faisait mal, les ongles dans sa peau lui faisaient mal, tout en elle voulait repousser la Grande, la faire décamper par tous les moyens possibles. Respirer le même air qu'elle lui était insupportable, sentir Son ombre courir sur les pavés lui donnaient envie de hurler, et surtout, Ses deux billes de charbons ardents face à elle lui donnaient envie de l'envoyer brûler directement en enfer. *C'est qu'ici qu'elle s'ra à sa place ! Avec les MONSTRES !*

Ses traits étaient probablement défigurés, mais elle s'en moquait. Pourquoi Bristyle devait se sentir obligée de fourrer son nez dans ses affaires ? C'était quoi ? Un juste retour des choses ? Elle lui avait posé une question *débile* et maintenant, c'était à la Grande de poser les grandes questions, et à elle-même de pinailler sur les mots, et de casser les chocoballes au monde entier ? Mais vas-y ! Vas-y Bristyle, elle n'attendait que cela ! Un bon moyen de pouvoir se défouler, d'encastrer toute sa colère en une seule personne vivante !
Et Merlin, tu souriais ! Tu souriais , comme la pauvre petite inconsciente que tu es, face au danger. Tu n'es rien, Bristyle, t'es rien rien rien, et pourtant, tu te crois grande, tu te crois puissante, avec ta *sal'té d'renard tout bleu*, avec ta grande gueule qui sert qu'à déblatérer des conneries, avec ton sourire que tu crois *méprisant* et qui est juste *dégueulasse* !


Et tu continuais à sourire. Merlin, comme si ta seule réponse face à des montagnes et des montagnes de colère, c'était un sourire ! Un grand sourire que tu offrais, un sourire qui épousait parfaitement tes mots complètement cons, car tu le savais parfaitement, ce qu'il allait se passer ! Tu le savais tellement fort, que cela se lisait dans tes yeux !
Peut-être qu'au final, tu attendais cela, peut-être avec encore plus d'impatience qu'elle-même ne l'attendait.
Combien de temps ? Combien de temps que vous vous tourniez autour, vous ignorant, vous lançant des regards à terrifier les plus dangereuses manticores ? Et puis quoi ? Oh, bien sûr, il y avait bien la voix de la raison. Celle-là, cette idiote, qui lui soufflait peureusement à l'oreille de ne pas en écailler tout un magyar. Et puis quoi, encore ? La laisser se faire marcher dessus, par une Grande conne comme un manche à balai ?! Jamais de la vie !


Et puis, la Grande s'avança.
Tu avais décidé de jouer avec le feu, et il était juste en face de toi. Tu le surplombais, cela semblait si facile. À peine une flamme qu'on peut écraser du talon, n'est-ce pas ?
L'air était devenu électrique, toute son attention était focalisée sur Bristyle, sa gueule plus du tout souriante, ses mots pas plus intelligents que les premiers.

Sa bouche se tordit d'un sourire profondément narquois.

"Tu l'sais parfaitement, Bristyle", cracha-t-elle, venimeuse.

Son ton avait été plutôt calme, bien que tremblant de rage, et le nom de la Grande avait été prononcé avec tellement de haine, qu'on aurait pu croire que c'était une insulte. C'était exactement ce qu'elle voulait : qu'elle se sente insultée. Qu'elle fasse le premier Pas. Qu'elle ose lui balancer ses phalanges dans la tronche. Qu'elle commence, qu'elle se mette dans la merde d'éruptif jusqu'au cou, et qu'elle y reste si quelqu'un arrivait !
Elle était en colère, elle avait envie de lui gueuler ses dix vérités les yeux dans les yeux, mais elle n'était pas stupide.

"Par contre, la vraie question c'est toi, qu'est-c'que tu f'ras, quand Loewy te prendras ta baguette pour l'reste de l'année parc'que t'as agressé une deuxième année sans raison."

Elle fit à son tour un pas en avant, levant la tête, bien droite, le visage mortellement sérieux.
Eh bien quoi, Bristyle ? Tu voulais jouer ? Mais elle n'attendait que cela ! Fonce ! Allez, frappe, cogne, qu'on en finisse de toute cette mascarade, de ces faux-semblants et de ces silences lourds comme des orages ! De ces mois passés à s'éviter, à s'ignorer, à oublier qu'on se retrouvait chaque soir avec seulement quelques murs pour nous séparer ! Quelques murs ! Une bien faible protection, n'est-ce pas ? Et pourtant, des mois entiers sans la moindre vague. Avais-tu trouvé le temps long, toi aussi ? Avais-tu eu envie de les faire imploser, ces murs, d'enfin marcher sur leurs cendres et de la retrouver pour lui coller ton poing dans la figure ?

"Après tout, ce s'rait pas la première fois qu'tu t'ferais virer."

Elle s'était renseignée, bien sûr. La haine est une fleur capricieuse qui demande de l'attention.
Mais fais le premier Pas, viens, c'est presque une invitation à Danser !
Oseras-tu seulement ?
Oseras-tu, ou tu te dégonfleras, exactement comme cette première fois à Poufsouffle ?
Parle, Bristyle ! Agis ! Le monde n'attendait plus que toi pour se remettre en branle !

Navrée de ce retard. Je n'ai pas réussi à imiter la Plume d'Alyona et à me mettre à jour avant la rentrée ! :laugh:
Je... Ne sais pas quoi penser.
Plume d'Aelle, j'ai vraiment envie de m'excuser vis-à-vis de ta Gamine, parce qu'Alison n'y va pas de main morte...>< Je crois que c'est la première fois que je l'écris aussi...En colère. Et je t'avoue que ça me fait un peu beaucoup carrément flipper...>< Je ne savais même plus comment écrire cela, désolée pour ces passages de "Aelle" à "tu", je... Bah, j'essaye pour la première fois de retranscrire quelque chose qui me dépasse commmplètement...XD
Et Plume d'Alyona... Beuh. Je ne sais même pas si Alison se rappelle pourquoi Aelle est brutalement là, en train de la provoquer..>< Elle me fatigue cette gamine !
Bon, point positif : encore aucun coup n'est parti. Et tout le monde est physiquement entier. J'ose espérer ! :cute:

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

21 oct. 2021, 15:58
L'œil de l'Ouragan  PV+ 
Son visage est une oeuvre d’art. Tout chez elle hurle de colère. Son regard, si sombre qu’il pourrait m’avaler toute entière ; ses traits crispés ; sa voix qui tremble, qui frémit. Elle est à deux doigts d’exploser. Et moi, fascinée, je regarde sans avoir peur. Comment pourrais-je avoir peur alors que c’est moi qui ait créé cette chose ? Non pas que Morrow ait besoin de l’aide de qui que ce soit pour péter des câbles et s’enfoncer dans la colère mais je sais que mon comportement la met hors d’elle. C’est pour cela que ça me plait tant de la voir dans cet état. J’ai envie qu’elle explose, qu’elle ne puisse plus se contrôler et qu’elle dépasse les limites. Je n’attends que ça. Je l’attends si fort que moi aussi je tremble. De colère, certes, et d’impatience.

« Tu l'sais parfaitement, Bristyle. »

Oh oui, je le sais. Je sais que tu vas gueuler, que tu vas dire de vilaines choses, que tu vas essayer de m’écraser. Mais je sais aussi que tu n’arriveras à rien parce que tu n’as pas le pouvoir de me faire quoi que ce soit. Je sais aussi que tu as l’impression de tout contrôler, incapable que tu es de comprendre que c’est moi qui mène la discussion, que c’est moi qui façonne ta colère. Je te crée toute entière, Morrow.

Je ne sais pas très bien comment nous en sommes arrivées là. Moi et elle. Et cette chose entre nous. Je ne parle pas de Farrow qui brille tant par son inutilité que cela ne m’étonnerait pas que j’en vienne à l’oublier. Non, je fais référence à notre rage qui prend toute la place. Celle qui fait frémir la magie dans mes veines — et dans celles de Morrow, aussi. Je le sais, je le sens. C’est presque une créature physique qui naît entre nos deux corps, une créature qui prend possession de nous et qui finira par tout dévorer. Comment ? De quelle manière ? Violemment, j’espère. Brutalement. Désespéramment. Peu importe, tant que j’en oublie un peu la colère et la tristesse que je ressens ces derniers temps. Tant que Thalia s’évanouit de mes pensées et me laisse un peu en paix. Je n’en peux plus de la revoir déposer son nom dans l’urne. Je ne fais que ressasser la scène encore et encore. Elle entre dans la Grande Salle, dépose son nom dans l’urne et retourne s’asseoir. Et je me revoie moi, incapable de faire quoi que ce soit, incapable de la retenir, tout simplement parce que la fille a été égoïste et qu’elle ne m’a pas fait part de ses plans — certainement parce qu’elle n’avait pas envie que je l’arrête. Tout se mélange dans ma tête. Les traits de Thalia *Gil’Sayan* se confondent avec ceux de Morrow, sa voix, ses yeux, ses paroles deviennent les siennes et je ne sais plus très bien ce que je ressens, ce que je veux, ce que j’attends et surtout ce que je fais ici.

Ma respiration s’amenuise. Je ne sais pas encore ce que je vais faire mais je vais le faire. Différentes solutions se présentent à moi. Lui sauter dessus et la rouer de coups ; sortir ma baguette et lui balancer un vilain sortilège au visage ; lui jeter des mots méchants qui lui feront mal à l’intérieur ; s’en prendre à son amie qui reste silencieuse comme s’il ne se passait rien devant elle… Que faire ? Que choisir ?
J’aurais pu faire tellement.
Jusqu’à ce qu’elle prononce un nom qui fait exploser mon coeur. Il sursaute si fort que ça doit se voir sur mon visage.

Qu’est-c’que tu f’ras quand Loewy te prendra ta baguette pour l’reste de l’année parc’que t’as agressé une deuxième année sans raison ?

*Loewy*.

Je ne m’attendais tellement pas à entendre ce nom que ça me bousille. Et je me souviens tout à coup de l’endroit dans lequel je me trouve, des élèves qui nous entourent. Surtout, je me souviens de ce qu’il s’est passé la dernière fois que j’ai fait une bêtise plus grosse que moi, je me rappelle de la colère de Loewy qui m’a littéralement tétanisée. Mais les choses ont changé, n’est-ce pas ? Mes rapports avec la femme ne sont plus les mêmes, notre dernière entrevue le prouve. Elle ne pourrait plus me renvoyer, n’est-ce pas ? Elle et moi, ce n’est pas comme une élève lambda et sa directrice, n’est-ce pas ? N’est-ce pas ?

Je doute si fort de Loewy que je ne peux même pas être certaine de ce que j’affirme.

Mon regard s’assombrit aux derniers mots de Morrow. J’aimerais être capable de répliquer quelque chose mais j’ai du mal à réfléchir. Elle a raison, après tout. Elle ira cafter si je l’agresse et tous les témoins qui nous entourent iront dans son sens. Elle se fera un plaisir de tout aller répéter à la directrice, seulement pour que je me fasse punir.

Je vaux tellement mieux que ça, moi. Me faire virer ou confisquer ma baguette pour les beaux yeux de Morrow ? Jamais de la vie. Jamais je ne laisserais une telle chose arriver. Merlin, j’en crèverai de honte. Je me suis fait la promesse, en revenant au château, que je ne laisserai plus jamais qui que ce soit menacer ma vie étudiante.

Je force mes poings à se desserrer et mon souffle à reprendre un rythme un peu plus normal. Je ne peux pas la frapper ? Ni lui lancer un sortilège ? Très bien. Si elle croit que ce sont là mes seules armes, elle se plante la baguette dans l’oeil.

« T’as d’l’audace, Morrow, soufflé-je d’une voix rendue grave par la colère, de parler de choses qui te dépassent. »

J’aimerais être un peu plus grande, un peu plus forte. Avec une aura qui dérange, qui déstabilise, qui fait trembler et frémir. J’aimerais, comme Loewy, faire pâlir d’un regard mes ennemis. Comme elle, je voudrais avoir le pouvoir de réduire les autres au silence par la seule force de ma présence. Écraser les gens en me contentant d’exister. J’aimerais être comme elle. Mais je suis moi et j’ai toujours eu l’habitude d’attaquer lorsque je me sentais en danger ou en colère. Les mots, les paroles blessantes, ce n’est pas pour moi. Une fois, j’ai réussi à réduire à moins que rien une personne grâce à mes paroles. Quel pouvoir ont eu mes mots ce jour-là face à Livingstone ! Mais là, dans ce couloir, face à une Alison Morrow frémissante de colère et de paroles qui ne devraient même pas exister dans sa bouche, je me sens complètement démunie. En prononçant le prénom de Loewy, elle m’a ramené à ma condition de simple élève. Une simple élève soumise aux mêmes règles que les autres habitants de ce château. Merlin, il était beaucoup plus aisé de me sentir libérée de toute loi lorsque j’étais dans le bureau de Loewy — loin d’elle, j’en viens à oublier qu’elle ne me considère pas tout à fait comme une élève, tout comme je ne la considère pas tout à fait comme une directrice.

Puisque j’ai perdu toutes mes armes, je dois m’en inventer d’autres. Si Aelle Bristyle n’arrive pas à gérer, je dois devenir quelqu’un d’autre. Quelqu’un qui, à ma place, serait capable d’affronter ce qu’il se passe sans perdre la face.
Je dois être Kristen Loewy.

Tout d’abord, se redresser. Le dos droit, le regard fermé, la bouche close. Même si tout cela est feint, je dois feindre jusqu’au bout. Le mépris doit briller dans mes yeux. Mes poings rester desserrés et mon corps détendu — Loewy ne se crispe pas comme une gamine en pleine crise, nom de Merlin. Ainsi, je me sens un peu plus forte, un peu plus légitime. Morrow éructe de rage alors que j’ai l’air totalement détachée.

« Tu me fais pitié, énoncé-je alors. C’est la seule chose que tu as trouvé, parler de mon renvoi ? Me menacer de tout raconter à la directrice si j’ose te faire quoi que ce soit ? » Un petit sourire m’étire les lèvres et je secoue la tête comme si la situation m’amusait particulièrement. « Tout ça parce que t’es incapable de te défendre. Finalement ce que j’t’ai dit la dernière fois est vrai : t’es lâche. »

Je ne l’avouerais pour rien au monde mais sous mon masque aux traits de Loewy, mon corps entier tremble. J’ai l’impression de nager à contre courant. Je ne me sens pas du tout à l’aise, comme si j’avais enfilé un costume trop petit pour moi. D’un moment à l’autre, je risque de disjoncter. De laisser s’effondrer ma petite mascarade pour sauter sur cette fille. Merlin, ce serait tellement plus simple de lui balancer un Reducto à la figure. Les sortilèges peuvent tout régler alors que les mots sont si futiles, si dangereux, si fragiles. Mais je tiens bon. Juste pour sauver les apparences. Parce que je veux réduire cette fille au silence mais que je ne peux pas prendre le risque de me faire punir pour mes actes.


Et bien, je suis la première surprise par le comportement d'Aelle. Il faut dire que la menace d'Alison la fait flipper — elle a bien choisi ses mots.
Plume d’Alyona, tu es notre dernier espoir. Avec un peu de chance, ta Protégée séparera nos deux Protégées avant que tout ne dérape.
D’ailleurs, Lil, ne t’en fais pas pour l’alternance “Aelle” et “tu”. J’ai bien aimé et j’ai suivi sans aucun souci. Ça se sent à la lecture que ton écriture a été instinctive, ça a dû être très intense à vivre ! En tout cas, ça l'était à la lecture.

13 déc. 2021, 18:09
L'œil de l'Ouragan  PV+ 
Je caresse du bout des doigts mes certitudes avec la terrible sensation qu'elles ne sont pas grand-chose.
Je suis perdue dans le chaos de mes pensées. Tout est brouillard, je ne parviens pas à discerner ce que je sais de ce que je suppose. J'ai l'impression qu'une grande tempête est parvenue à ravager mon esprit. Je tangue de droite à gauche sur l'océan de mes pensées. Et, par-dessus tout, je suis terrifiée. J'ai tellement peur Merlin ! Mon cœur s'affole quand je pense à tout ce qui est en train de glisser loin de moi. Je me sens tellement impuissante. J'ai mis mon nom dans cette urne ravageante, peut-être que je serai sélectionnée, que je partirai et ne reviendrai plus jamais comme avant, peut-être que d'autres partiront à ma place et que je ne pourrai rien faire pour les aider et peut-être que certains ne... — oh, Merlin, je n'ose y penser ; c'est trop immense comme idée, j'ai l'âme qui ploie sous son poids. Et puis, il y a Alison et Aelle. Alison qui me déteste désormais *son regard... !* et que j'ai perdu pour de bon *comme Anaë*. Elle m'en voudra pour toujours, c'est certain ; je l'ai vu dans ses yeux. Ses mots, son déni, sa colère, son regard aussi dur que la pierre, tout s'écrase sur mon âme ensanglantée. Et Aelle ! Que doit penser Bristyle en me voyant ainsi, dégoulinante de larmes et dans un état lamentable ? J'ai l'air bien conne à baigner dans mes erreurs. Plus jamais elle ne me verra comme une élève comme les autres, plus jamais elle n'aura de respect pour moi. Se moque-t-elle silencieusement ? Me regardera-t-elle désormais avec pitié ? Après tout, je suis complètement pitoyable dans cet état. Et les autres élèves qui passent dans les couloirs ? Voient-ils mes larmes de gamine et mon cœur en éclat ? Je dois paraître complètement stupide et immature. Je suis terrifiée et morte de honte. Terrifiée à l'idée de perdre pour toujours ce à quoi je tiens et honteuse de mon visage humide et de ma douleur éparpillée sur ce dernier.

J'ai le cœur froissé comme un vieux papier, les joues rougies, les yeux plein de larmes et le corps tremblotant au rythme de mes sanglots. Je me sens tellement ridicule et idiote ! Et dire que j'ai cru que mon choix pouvait très bien ne mener à rien ! J'ai réussi à tout détruire en écrivant mon nom sur un foutu parchemin pour le glisser dans cette urne maudite. Je me sens si mal. J'aimerais m'en aller brusquement et très loin, quitter Poudlard et la fumée de malheurs qui l'empli, ne pas me retourner et courir à des lieux d'ici. Si j'en avais la force, je le ferais. Et, puisque je ne peux pas quitter le château, je m'enfuirais dans la salle de bain des dortoirs. Je fermerais la porte à l'aide d'un sort pour que personne ne me retrouve. Je quitterais ce couloir trop plein de mes larmes et Alison et Bristyle, je m'en irais pour ne plus penser à tout cela. *Je vais m'enfuir en courant*, mais qu'importe, c'est tout ce que je souhaite.
Cependant, en attendant, je ne peux pas. Bientôt, peut-être.

L'air semble plus compact, plus tendu. Je ne comprends pas comment je peux parvenir à percevoir cela à travers mes sanglots bruyants, la vie est si mal faite. Cette tension, je sais qu'elle s'est installée entre les deux Poufsouffle — Merlin seul sait pourquoi ! J'essaye de comprendre et de reconnaître d'autres éléments mais c'est comme marcher dans le noir le plus total : je tâte de mes mains ce qui m'entoure et garde mes yeux grands ouverts mais je ne découvre rien. Mon cœur éclaté prend toute la place dans mon champ de vision. Ah ! la belle égoïste qui se croit attentionnée ! Incapable de comprendre la colère et de la calmer. Incapable de rester tranquille face aux événements inattendus et dévastateurs. Et dire que je me croyais utile, stable et empathique ! Je suis simplement aveugle. Je ne sais même pas comprendre ce qu'il se passe autour de moi en me servant des éléments que je perçois. Ce qui m'entoure est si flou à travers mes larmes. J'ai le cœur plein de brouillard. J'ai l'impression que depuis que sa tristesse s'est transformée en colère et qu'elle a plongé ses yeux froids dans les miens avant de se retourner, je chute dans mon propre corps. Le problème est qu'il n'y a aucune fin à cette dégringolade, en tout cas, c'est ce que je ressens. Je tombe dans le noir sans savoir où je vais, et même la chute de mes larmes ne fait pas de bruit.

Il faut agir, je le sais, je le perçois. Mais que faire ? Que dire ? Je ne parviens même pas à comprendre ce qu'il se passe devant moi, à croire que mes larmes rendent également flous mes sens. J'aimerais juste partir, Merlin. Effacer tout ce moment et disparaître comme si rien n'avait existé. Je voudrais simplement oublier l'urne, le fait qu'Alison me déteste et qu'Aelle m'ait vu dans cet état, oublier que tout va mal et que je suis à deux doigts de m'écrouler tant je me sens fragile. J'ai le cœur fait de verre, vous comprenez ? Un rien le fissure et une chute le brise. Dévoré par les vers des regrets et de la peur. Ah, cette peur si immense ! Elle me fait mal. Je me sens faible sous son regard écrasant. Elle prend toute la place dans mes pensées. Je n'arrive même pas à la transformer en colère pour me pousser à agir. Tout ce qu'elle parvient à faire naître en moi, c'est de la tristesse. Alors, je suis noyée par des vagues de peur et d'accablement, perdue dans mes pensées pleines de nœuds. J'ai mal et rien ne va, même ouvrir les yeux est compliqué.

Pourtant, j'entends. Je suis parfaitement consciente du dernier mot de Bristyle. *Lâche* Cependant, je ne comprends pas. Est-ce par ma faute qu'elle s'en prend à Alison ? Ce mot, m'est-il destiné ? Et si elle essayait de faire souffrir Alison avec ses paroles ? Mais finalement, n'est-ce pas moi, la lâche ? Je ne fais rien, je ne les regarde même pas. Je ne comprends pas, oui. Alors que dois-je faire ? Aurai-je seulement la force de faire quelque chose ? Un sanglot me déchire brusquement la poitrine. *Merlin, moi j'veux juste que tout cela cesse. J'veux juste que tout redevienne comme avant. Pourquoi est-ce impossible ?*

Il faut réfléchir pour analyser une situation, non ? Très bien, alors il faut que je regroupe les éléments que j'ai perçus. Je sais qu'Alison m'en veut. Je sais que Bristyle et Alison se connaissent et qu'elles ne s'apprécient pas. Je sais qu'elles sont en colère. Je sais que mettre mon nom dans l'urne était une erreur et que je le regrette parce qu'à cause de cela, Alison me déteste.
Alors, est-ce ma faute si les deux Jaunes sont furieuses ? Et si j'étais la racine de leurs échanges houleux ? N'est-ce pas à cause de moi qu'Alison est en colère ? Merlin, oui. Je suis aussi responsable de cela. Pourquoi tout tourne tout à coup dans ma tête ? Est-ce parce que je touche à la vérité ? *Elles me haïssent et plus rien ne sera jamais comme avant.* J'ai mal, Circé, j'ai mal. Comment sortir de ce bordel douloureux ?

Je plaque ma main devant ma bouche pour étouffer mes sanglots. Si Maman me voyait dans cet état, elle aurait honte. Il faut que je me ressaisisse. Toutes ces émotions que je refoulais et qui surgissent d'un coup, toute cette peur et ces regrets, toutes ces pensées affreuses... Je n'en veux plus ! *Faites-moi sortir de mon crâne...* Se ressaisir, hein ? Comment s'y prendre ? Où est le mode d'emploi ? Personne ne nous apprend à aller au-devant des difficultés, c'est à nous de le faire seuls, mais c'est tellement compliqué !

Je me redresse. *Ne pas croiser leur reg...* C'est la haine qui défigure leurs traits. De la haine à l'état pur, celle qu'on ne peut pas contenir et qui vous bouffe les entrailles, celle qui grossit et ne connaît aucune limite. Je bascule une nouvelle fois dans ma terreur. C'est moi qu'elles détestent. J'ai fait quelque chose d'affreux et maintenant elles m'en voudront pour toujours — je ne sais même pas pourquoi j'inclus Bristyle dans ce elles, tout est tellement désordonné dans ma tête que cela se mélange sans que je ne le perçoive. Mais moi, je suis incapable de réparer cela ! Même si je le souhaite, c'est impossible, c'est trop puissant. Elles vont m'écraser avec leur colère. Je suis comme collée au sol, les membres raidis, le regard plein de peur ; je suis incapable de bouger. Je dois agir mais je n'y parviens pas. Quels mots utiliser ? Comment parler ? J'ai perdu mon souffle en tombant dans ma frayeur. Merlin, où est passée la lumière au fond du tunnel ?

Je tremble, je tangue, je pleure. Elles vont me faire mal. Elles vont se faire mal. Et tout cela par ma faute. Je suis minuscule face à elles. Je suis désarmée et impuissante. Que faire ? J'ai beau retourner la question dans tous les sens, rien ne me vient à l'esprit. Et si Aelle frappe Alison *par ma faute* ? Et si elles se battent ? Et si elles se percent le corps avec leurs mots-venins tellement acides que rien ne leur résiste ? Et si elles continuent à se blesser avec leurs paroles et que je ne fais rien pour les en empêcher ? Oh Merlin, mes jambes sont si fragiles.

Soudain, la terreur devient si forte qu'elle me pousse à réagir. Je pourrais tout à coup hurler, courir vers les dortoirs, appeler à l'aide et inonder le couloir de mes mots. Pourtant, tout ce que je parviens à faire, c'est franchir la distance qui me sépare d'Alison et passer mes bras autour de ses épaules.

« S'il te plaît p'tit bourgeon, ’te met pas en colère à cause de moi. J'suis désolée, tellement désolée. J'voulais pas te faire mal. Ne te mets pas en colère, s'il te plaît. J'voulais pas qu'ça se passe comme ça... Oh, je suis tellement désolée... » Mes paroles, dévorées par mon accent, ne sont presque que des murmures. Tout déborde : les larmes, les mots, les émotions. Je suis le ballon qui explose sous la pression trop forte. Je ne contiens plus rien. J'ai le cœur qui se répand en larmes sur le sol du couloir. Et pourtant, j'ai toujours aussi mal.

Je me recule brusquement, les paumes sur mes paupières. Je voudrais être soudainement aveugle, ne plus rien voir et ne plus rien ressentir. *Et m'en aller.* Oui, je voudrais m'en aller. Maintenant. Courir vers la volière, envoyer ma lettre et m'enfermer quelque part. Je voudrais oublier de penser. Réfléchir est bien trop douloureux.


Wow, vos Écrits sont si puissants, c'est magnifique. (J'ai vraiment de la chance d'écrire cette Danse avec vous.)

En prenant du recul, j'ai l'impression qu'Alyona exagère un peu par rapport à ce qu'elle ressent — ce n'est tout de même pas la fin du monde. Mais quand je l'écris... Oh la la, c'est si fort ! (En fait, elle a réussi à me tirer des larmes).

Plume d'Aelle, je ne sais pas si Aly peut vraiment changer quelque chose mais je l'espère. Plume d'Alison, aïe. Ta pauvre gamine va en voir de toutes les couleurs.
C'est fou, je n'ai absolument aucune idée de la manière dont cette Danse se terminera. C'est magnifique, excitant et tellement terrifiant !

#466962Étudiante à l'Institut de Médicomagie et des Sciences Magiques — spécialité botanique

02 mars 2022, 11:09
L'œil de l'Ouragan  PV+ 
Diluvienne
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Elle tremblait, la grande.
Finalement vous voilà toutes les deux dressées au milieu du couloir. C'est beau, cette atmosphère vibrante de haine. C'est beau, d'oublier pendant quelques secondes les Autres. C'est beau de se laisser envahir par cette furie incontrôlable que l'on appelle Colère.
Et elle la fixait, Bristyle.
Bristyle et son *putain d'renard bleu* sans qui rien ne serait arrivé.
Elle aimait sentir cette aura l'envelopper, faire se dresser sur sa nuque ses cheveux. Comme si tout pouvait imploser en un claquement de doigts, les murs s'effondrer sur la gueule de la Jaune, la voir se réduire à un tas de cendres à ses pieds.
Elle chérissait le mal, en cet instant même, souhaitant plus, avide de voir ce que Bristyle n'allait *pas* faire.

Elle l'avait coincée. Acculée à un mur, la grande dinde. Et elle aurait peur, elle aurait peur pour la première fois en face d'elle, peur de ses mots. Et tout ça serait sien, la peur de la Grande, la peur de *c'te conne*, tout serait à elle.
Bristyle l'avait sous-estimée, comme elle le faisait à chaque fois dès qu'elle croisait quelqu'un qu'elle ne jugeait pas important. Ô révélation suprême ! Ce n'est pas parce qu'on se balade avec un animal ayant joué dans un pot de peinture indélébile qu'on peut tout se permettre ! Elle espérait que la grande allait exploser. Qu'elle allait se laisser dépasser par la Rage.

C'est la surprise, qui fait frémir le visage de la Grande.
Un léger sourire grimpa sur ses lèvres. *Touchée, Bristyle.* En un mot. Un mot des plus communs, et elle voyait tout défiler dans les yeux de la Jaune. C'était si simple, quelques petites consonnes reliées par le fil rouge de l'air. Elle avait amorcé une bombe, et elle savourait cet instant.
Voir Bristyle chuter de son piédestal, se ramasser au sol en essayant de ne pas montrer qu'elle venait de se prendre une claque dans la gueule. *Tu sais pas quoi m'répondre ? Tu sais pas quoi m'répondre, à moi, la deuxième année ? T'as cru que t'allais l'faire, hein. Y arriver comme dans les dortoirs. Mais j'suis plus forte. J'suis plus grande que toi. Et toi, t'es rien, t'es rien rien rien sur mon chemin.*

Bristyle devait se rendre compte qu'elles n'étaient pas seules, à présent. Elle devait se rappeler du couloir, que sa colère avait masqué derrière un voile écarlate. Mais ne t'inquiète pas Bristyle, elle était là, là pour te rappeler où tu étais, et où tu aurais aimé ne pas être.
Le sourire grandit sur ses lèvres au fur et à mesure qu'elle te voyait perdre pied. C'était tout ce que tu pouvais lui faire ? Un regard noir ? Des yeux de boursouflets mécontents, et tu appelais ça ton arme ultime ?
La vérité, Bristyle, et elle n'avait pas peur de te la cracher au visage : c'est que tu as peur.
Tu es pétrifiée, tu n'oses plus bouger. Parce que tu viens de trouver quelque chose de plus dur que toi, de plus coriace. Et tu n'as pas l'habitude, c'est certain. Mais ce n'est pas une épine dont tu peux te débarrasser facilement.

Et l'Ouragan est passé. Il a quitté ton visage Bristyle. Tu te forces à te détendre, à reprendre un souffle normal. Comme si toute cette situation était normale. Comme si ce n'était qu'une rencontre de plus, dans ces couloirs, et peut-être est-ce le cas pour toi !
Elle te fixait, un sourire narquois sur les lèvres, le menton haut. Que vas-tu répliquer à cela ?

« T’as d’l’audace, Morrow, de parler de choses qui te dépassent. »

Les lèvres s'arquèrent un peu plus, tandis que des étincelles d'amusement pétillaient dans les orbes verts. Bristyle pourrait croire qu'elle se foutait de sa tête, en cet instant. Elle n'aurait pas eu totalement tort, s'il fallait être honnête. Il fallait juste se souvenir que les étincelles peuvent cacher le début des incendies les plus destructeurs.

La Jaune tentait misérablement de reprendre la situation en main. Mais le mépris glissait sur sa propre peau. La grande n'était rien. Elle avait beau lancer des paroles dans l'air, elle ne les écoutait plus. Elle l'avait faite plier, et maintenant, elle attendait de la briser.

Elle se rapprocha d'un pas de Bristyle, réduisant à néant les quelques centimètres les séparant. Puis, hissant sur la pointe des pieds, elle approcha sa bouche de son oreille, pour lui murmurer un secret.

"C'est moi qui suis lâche ? Alors que c'est toi qui n'ose plus rien faire ? Mais essaye..." Sussura-t-elle, avant de se reculer prudemment de deux pas.

Puis brusquement, des bras autour de ses épaules, une tête non loin de la sienne, une voix vacillante et infime, presque un souffle de vent qui pourrait s'évaporer dans l'air.
Elle aurait pu tout ignorer, en cet instant. Repousser Alyona, et ses bras. Parce qu'elle n'aimait pas l'idée d'être montrée comme la plus petite face à Bristyle, celle que l'on pouvait prendre par le bras pour la calmer et lui dicter quoi faire.
Elle frissonna en se rendant compte qu'Alyona pleurait. Elle cligna des yeux, interdite. *D'puis combien d'temps ?* Combien de temps avait duré cette altercation, pour que la Bleue se soit mise dans cet état ?

Elle ne pouvait pas faire les deux. Elle ne pouvait pas réconforter Alyona et faire la peau à Bristyle. Elle allait devoir choisir.
Soit s'éclipser, soit résister.
Dans les deux cas, Bristyle la traiterait de lâche. Mais si elle ignorait Alyona, après tout ce que la Bleue lui avait apporté, si elle la rejetait au pire moment, alors oserait-elle encore croiser son regard ? Alors que la rousse pouvait se barrer à tout jamais au fin fond du Dominion, et qu'elle ne pourrait plus la voir ?
Son cœur tanguait, il lui faisait mal.
Ce n'est pas juste, Alyona, d'être arrivée à ce moment. Ce n'est pas juste, elle aurait tellement pu faire plus, tu comprends ?

Mais tu passes avant.

Parce que Bristyle n'est rien, elle l'avait déjà affirmé des centaines de fois.
Et pour toi, elle essayait d'être à la hauteur. De quoi ? Elle ne savait pas. Mais elle voulait te rendre fière. Et ce ne serait certainement pas le cas en *cassant la tronche de l'autre débile*.
*Dommage.*

Elle tourna le dos à Bristyle, ne s'en souciant plus. *Qu'elle aille au diable, Merlin ! Tout est d'sa putain d'faute !*
Tentant tant bien que mal de décoller les paumes d'Alyona de ses yeux, elle commença à chuchoter d'une voix douce :

"Eh, Aly... Alyona, c'est pas grave, d'accord ? C'est pas d'ta faute. J'suis plus fâchée." *Y'a l'autre conne qui m'énerve assez comme ça.* "T'as fait c'qui t'semblait juste, c'est tout. C'pas grave. J'suis... J'suis désolée d'mettre emportée..."

*Allez, regarde-moi. Sèche tes larmes. On s'en fout des Autres. On vaut plus que ça.*

Des larmes commençaient à embuer ses yeux, mais elle forçait un petit sourire bien différent de celui qu'elle adressait à Bristyle à rester sur ses lèvres.


Brrr. Désolée de ce retard, tout d'abord.
Je suis contente qu'Alison se soit détournée d'Aelle. Je suis moins contente qu'Aelle ne se soit probablement pas décrochée d'Alison. :roll:
Il fait un peu chaud dans ce couloir, vous trouvez pas ? x')
Pauvre petite Alyona... J'ai envie d'lui faire un câlin, c'est la seule qui en mérite dans toute cette histoire. x')

Je ne lâche jamais rien. Quand je commence une barre de chocolat, je la mange jusqu'au bout.

18 avr. 2022, 18:47
L'œil de l'Ouragan  PV+ 
« C'est moi qui suis lâche ? »

Le souffle de Morrow est brûlant quand elle lâche ces mots tout près de mon oreille. Je frissonne malgré moi, dégoûtée par le contact. C’est si intime de murmurer à l’oreille d’une personne. Ce sont les amis proches qui font ça ou les couples peut-être — Aodren chuchote souvent à l’oreille de Quétrilla. Ce ne sont pas les ennemis. Je n’en reviens pas qu’elle ait osé faire une telle chose. Elle parle encore de lâcheté, elle. Une boule compacte explose soudainement dans ma mâchoire. Oui, tout se rassemble dans ma mâchoire et des fourmis rendent ma bouche pâteuse, mes dents se crispent les unes contre les autres, et la rage m’aveugle. Un feu grimpe partout dans mon corps. Mes entrailles se nouent.

J’avance d’un pas. C’est si rapide que je n’ai même pas conscience de le faire. Je serre le poing, le ramène en arrière et le jette de toutes mes forces contre son petit visage d’abrutie. Morrow tombe sur le sol et moi je recommence, je la frappe autant que je peux et à chaque fois que mon poing rencontre son visage, la pression sur mes cotes se fait un peu moins forte. À chaque coup, je retrouve un brin de souffle. À chaque coup, mon visage s’éclaire. Ça me fait un bien fou de l’éclater.

Je cille et reviens à moi.

Un bras s’enroule autour des épaules de Morrow. Son amie est là, tout près d’elle. Elle pleure. La Poufsouffle concentre son attention sur elle. Moi, je reviens lentement à moi, je bats des paupières pour effacer les dernières images de la pulsion qui gronde encore dans mon coeur. Je détourne mes yeux presque invisibles sous mes sourcils froncés. Si Farrow n’était pas arrivée, je me serais déchaînée contre Morrow, comme ce jour-là dans le couloir, quand Thalia m’avait tellement énervée que j’en avais frappé un Serpentard. Mais rien n’arrivera aujourd’hui. Je fais un pas en arrière jusqu’à atteindre le mur et m’y adosser. Mon coeur bat très vite, j’ai l’impression de sortir d’un rêve. Mon regard se balade sur ce qui m’entoure. Des élèves passent devant moi sans même me voir, certains même passent entre les deux filles et moi. La tension entre nous semble se déliter par ce seul passage.

À l’intérieur de moi, je ressens toujours une rage brûlante, mais elle est comme endormie. Elle repose au fond de mon corps, elle palpite doucement mais je n’y ai pas accès. Démunie, je regarde les deux filles ensemble. L’autre qui pleure et Morrow qui la réconforte et qui sourit comme Thalia souriait parfois en me regardant. Un écho me soulève soudainement le coeur. Je me souviens d’un autre moment, à un autre endroit, avec deux autres filles. Je me souviens d’un baiser, je me souviens de deux mains qui se lient. Je me souviens des sourires que nous échangions souvent avec Thalia. De nos longues discussions. De ce lien qui nous unit. Nous unissait. Nous unit ? Non sans douleur, je me rappelle pourquoi j’ai si mal aujourd’hui et pourquoi je pense à tout cela. Je la revoie mettre son nom dans l’urne. Encore et encore. Encore et toujours. J’ai beau travailler durant des heures, me plonger dans la lecture, m’entraîner jusqu’à l’épuisement, c’est la même chose : je pense encore à ça, encore et encore, je ne parviens pas à l’oublier. Et chaque souvenir, chaque seconde de ce putain de souvenir m’alourdit le coeur et m’en arrache un morceau.

Merde, je lui en veux tellement. Je la déteste !

Une moue haineuse s’affiche sur mes traits, mes yeux sont toujours braqués sur le profil des deux filles. Je les déteste, je les déteste et cela n’a rien à voir avec nos précédentes discussions, ça n’a rien à voir avec cette misérable Alison Morrow, avec mon envie de lui arracher les yeux et de les lui faire avaler. Non, ça a à voir avec cette chose toute simple qui doit se voir à des miles à la ronde. Elles sont proches l’une de l’autre, le contact parait aisé entre elle. Il y a un lien brûlant qui les réunit. Je pourrais presque le voir à l’oeil nu. Là, un lien invisible qui réunit leur deux visages.
*Elles s’aiment ?*.
Elles doivent être amoureuses, oui, c’est évident.

J’ai envie de vomir. L’envie me prend soudainement. Une boule énorme qui grossit dans ma gorge et me coupe la respiration. Je vais vomir ou hurler, au choix. Je vais faire quelque chose, bientôt. Ça va exploser. J’aimerais exploser et écrabouiller ces deux têtes l’une contre l’autre mais je n’en ai même pas la force. Plutôt envie d’envoyer mon poing dans un mur. Mon corps se crispe, je me détache du mur. Je percute un élève qui m’envoie un regard noir. Je l’ignore. Partir, m’éloigner, maintenant. Je tourne le dos au duo amoureux qui me rappelle avec bien trop de force l’étrange duo que je formais avec Thalia Gil’Sayan avant qu’elle ne foute son nom dans l’urne. Ce souvenir me convainc : je m’éloigne et si je pousse deux trois corps sur le chemin, cela n’a aucune importance. J’ai juste envie de disparaître, maintenant, et tout oublier de ce qui vient de se passer.

Tout oublier… Sauf ma haine pour Morrow qui a définitivement fait son nid au plus profond de mon coeur.


Alors ça ! Je ne m’y attendais absolument pas. Lorsque j’ai commencé à écrire, je pensais qu’Aelle allait détruire Alison. Après quelques mots, je me suis rendu compte que l’intervention d’Alyona allait nous sauver la vie, n’est-ce pas. Mais en fait je n’avais pas pris en compte l’état dans lequel Aelle était actuellement, la tristesse et la colère qu’elle ressent vis à vis de Thalia. Et effectivement, voir deux filles aussi proches devant elle, à ce moment-là… Certes, et bien mieux vaut qu’elle ait envie de vomir plutôt que d’envoyer son poing dans le joli visage de ta Protégée, Lil.
Si rien ni personne ne l’interrompt, Aelle disparaîtra en quelques secondes à peine !
Enfin, je m’excuse sincèrement pour mon retard.

23 mai 2022, 18:40
L'œil de l'Ouragan  PV+ 
Et brutalement, mes doutes réapparaissent pour venir me fouetter le cœur.
Merlin. Alison fulmine tellement ; elle va se mettre en colère contre moi. Elle va me repousser et me réduire en cendres avec son regard incendiaire. Pourquoi suis-je venue m'interposer entre Bristyle et elle ? Peut-être m'écraseront-elles toutes les deux de leur regard. Leur haine est si forte ; pourquoi ai-je tenté de la calmer ? L'air est brûlant et explosif ; leurs yeux sont ravageurs et destructeurs ; leurs mots sont acides et frappent là où ils le doivent ; leur attention n'est fixée que l'une sur l'autre ; leur attitude déborde de colère et d'une envie de faire souffrir l'autre, comme la lave d'un volcan qui prépare son éruption ; tout bouillonne, tout brûle, tout ronge le corps et l'âme. Ce qui entoure les deux Jaunes est aussi incandescent que corrosif, chaque pensée semble être une étincelle ; chaque émotion ressentie est un réceptacle de l'incendie qui s'apprête à naître en elles.
Et moi, je me jette au milieu de tout cela, comme poussée par un acte de folie *qui n'arrangera rien*. Jamais je n'aurais dû faire cela, car jamais je ne pourrai éteindre le début d'incendie qui prend feu entre elles. Tout est beaucoup trop violent et puissant, tout est beaucoup trop hors de contrôle. Moi, je ne suis rien, et surtout pas dans cet état. Je n'ai jamais su comment calmer la colère ! Ma propre colère m'est incompréhensible, elle prend le dessus sur mes pensées et écrase tout ; je ne respire alors que son parfum agressant et n'aperçois que son visage dans mes pensées. Quand ma haine arrive, elle me semble être partout à la fois, et je ne peux pas la maîtriser. Alors ici, comment puis-je calmer la colère de ces deux Jaunes qui se frappent et se battent autant avec leurs mots qu'avec leurs regards ? Je ne vais réussir à rien, sauf à brûler entre elles deux, consumée par ma peur, mon angoisse et leur haine. Je ne suis plus que le réceptacle d'un tas d'émotions trop fortes ; les laisser gagner reviendrait à me noyer en elles. Lutter pour que rien ne s'enflamme dans ce couloir étroit, c'est comme me jeter dans les flammes de leur incendie, les yeux fermés et le cœur ouvert au monde. *Une grande chaleur et puis plus rien.*

Mes mains restent plaquées sur mes yeux, et mes sanglots, bruyants. J'ai si peur ! Jamais je n'avais ressenti une telle colère autour de moi. Et mon cœur est si plein de brouillard que tout se mélange ; ma peur, leur colère, la haine, notre désespoir, son mépris... Je ne sais plus si ce que je ressens est mien, tout est bouleversé. J'ai l'impression de m'être tellement ouverte à elles que je reçois toutes les émotions qui transpercent leur peau. Je ne suis plus moi et ma tristesse, ma peur et mes regrets, je suis moi et leur colère, moi et leur mépris, moi et leur haine. Et tout est si fort que j'en suis envahie. Tout m'écrase, je ne résiste plus. Je suis tout, puis je ne suis plus rien.
*Elles vont s'faire mal.* Je sens leur attention posée sur moi ; tout est si lourd ! Mon souffle s'affole. *Elles vont m'faire mal.* Mais pas autant que moi je leur aurais fait mal, n'est-ce pas ? Car, si Alison est en colère, c'est de ma faute. Et si Bristyle est en colère, c'est parce qu'Alison l'est, et donc encore une fois à cause de moi.

Tout va exploser dans ce couloir, exploser en feux d'émotions. Et ce sera par ma faute ; n'est-ce pas ?

Mais, au lieu de recevoir des mots perçants et toute la colère des deux Jaunes, je ne sens que des mains qui tentent de faire quitter les miennes de mon visage. Je secoue la tête de gauche à droite et résiste un moment en murmurant des sons qui ne veulent rien dire. *J'veux pas rentrer de nouveau dans c'cauchemar ; j'veux rien voir, ne plus rien ressentir...* Elles vont me faire mal au cœur, me dérouler tous leurs reproches pour m'écraser avec ; elles vont me reprocher d'avoir mis mon nom dans cette urne folle ; elles vont retourner leur haine contre moi... Ce sera justifié, et je le comprendrai, mais je ne veux pas recroiser leur regard brûlant de colère à mon égard, je ne veux pas réouvrir les yeux sur ce cauchemar. Je veux juste prendre la fuite comme si cela pouvait tout résoudre. Fuir, et ne plus jamais les revoir, pour ne plus jamais les faire souffrir.
*Elles...* Bristyle transforme mon singulier en pluriel, Merlin seul sait pourquoi. Mon corps entier est tellement emmêlé à cause de mes sentiments que je ne prends pas conscience des erreurs que je fais ; je manque de lucidité et de recul, mon cœur déborde de mes perceptions, et mon crâne ne me permet plus de réfléchir correctement.

Puis soudain, c'est sa voix calme et douce qui vient briser mes dernières résistances. *Alison...*

Mes paumes quittent mon visage et dévoilent les sillons que mes larmes ont creusés sur mes joues. J'ai l'air si idiote et faible ! Tellement pitoyable ! Je dois la dégoûter ainsi, mes traits si humides qu'on croirait voir un enfant en colère ! Mais qui suis-je pour ne pas rester droite et forte, impassible et sûre de moi ? Qui suis-je pour laisser mes émotions guider toutes mes pensées, comme si mon cœur parlait avant ma raison ? Qui suis-je pour me laisser emporter sans résister, permettre aux autres de voir mes faiblesses, laisser ma peur gagner face à mon assurance ? Qui suis-je pour avoir provoqué tout cela, et préféré fuir au lieu d'affronter pleinement les conséquences de mes actes ?
Et qui Alison est-elle donc pour se montrer si grande, si bienveillante et si calme, alors même que c'est moi qui ai fait naître sa tristesse et sa colère ?

Un sanglot explose une nouvelle fois hors de mon corps. Je suis si pitoyable !

Pourquoi tant de douceur dans sa voix ? Pourquoi tant de compréhension et de gentillesse ? Je n'ai rien fait de bien pour mériter tout cela. « C'est pas d'ta faute. J'suis plus fâchée. » *Si, et tu le devrais.* Avant cette rencontre, tu devais passer une belle journée, Alison. Il fait plutôt bon aujourd'hui, et même si l'urne pèse sur de nombreux esprits, il est aisé de l'oublier quand on passe un peu de temps à s'amuser avec ses amis. La Jaune a certainement passé de beaux mois avant que l'urne n'apparaisse. Et désormais, tout a été bouleversé à cause de moi. Elle voulait s'assurer que je n'ai pas mis mon nom dans cette fente noire pour continuer à passer une scolarité sereine, mais je l'ai déçue, elle s'est mise en colère, et Bristyle n'a rien arrangé à cela. Tout allait bien pour Alison avant qu'elle ne vienne me parler. Elle peut toujours m'assurer que ce n'est pas de ma faute et qu'elle n'est plus fâchée, je sais bien que ce n'est pas totalement le cas.

Par Merlin, je me suis montrée si égoïste ! Je n'ai même pas pensé à mes proches ! J'ai mis mon nom dans l'urne, et j'allais m'enfuir loin du château, comme si tout allait se passer pour le mieux ! Mais quelle inconsciente ! Je pensais que cela irait, mais à la place, je n'ai fait que décevoir Alison et la mettre en colère contre moi et Aelle. « C'est pas grave », dit-elle, ce n'est pas grave... Mais ce n'est pas non plus doux, plaisant, agréable et joyeux ; et cela, c'est un peu de ma faute. Je ne devrais pas apporter de la douleur à ceux qui m'entourent. C'est mauvais, et ce n'est pas ce que je veux. Je ne suis pas là pour faire mal ou rendre triste, ce serait contraire à mes envies et à mes valeurs. Pourtant, c'est ce que j'ai réussi à faire avec Alison.

J'ai l'impression de ne pas savoir comment agir, ou de mal le faire. J'ai l'impression de tout faire de travers. Peut-être ne suis-je pas très douée pour faire venir le bonheur autour de moi ; après tout, Anaë aussi est partie. Peut-être que c'était une mauvaise idée de m'attacher à Alison, elle n'aurait pas eu de déception aujourd'hui si elle ne m'avait pas connu. Et la manière dont elle tente de me rassurer ! J'aimerais tellement mériter cela, parce que cela semble partir d'une si bonne intention. Mais au fond, je sais qu'elle continue à m'en vouloir, qu'elle continue à être triste. D'ailleurs, ses yeux ne sont-ils pas en train de briller de larmes ? Les miennes se sont arrêtées de couler, à croire que tout en moi est devenu brusquement sec, mon cœur comme mes yeux.

Un sourire courageux tente de se faufiler sur les lèvres d'Alison, tant bien que mal. *Elle essaye de se montrer forte, tandis que moi je suis pitoyable.* Je déglutis péniblement avant d'attraper ses mains et de les serrer dans les miennes quelques secondes. « C'est moi qui suis désolée. » Ma gorge se serre et mon ventre m'élance. *J'vais pas y arriver.* « J'aurais dû... » Réfléchir davantage ? Me montrer plus mature, plus intelligente ? « J'voulais pas t'faire mal. » *J'n'y arrive pas, j'n'y arrive pas, j'n'y arrive pas !* Les larmes me grimpent aux yeux, mais je lâche brutalement les mains d'Alison avant de lever mon regard vers le plafond.

Je ne dois pas la regarder, je dois continuer à parler et m'en aller. C'est une mauvaise idée de faire durer ça, c'est une mauvaise idée de prolonger sa souffrance. Elle va pleurer et ce sera de ma faute ; je lui fais si mal ! « ’Faut que j'parte pour... Pour envoyer une lettre. Demain, je prendrai le Poudlard Express pour passer Noël chez moi. » Parler me coûte et me semble inutile. Plus je parle et plus j'ai mal, plus je regrette. Mais c'est nécessaire. « Je crois que... Je crois que c'est mieux pour toi que tu essayes de m'oublier un peu. C'est pas une bonne idée qu'tu sois triste à cause de moi, ou que tu te mettes en colère... Je préfère que tu m'oublies pour ne plus être déçue, ou irritée, ou tourmentée ; ce sera mieux. » *Oh, Circé, j'ai si peur.* J'ai la sensation de m'excuser pour pouvoir partir rapidement d'ici ; j'ai l'impression que je la pousse à s'éloigner de moi parce que j'ai si honte de moi-même que je ne peux plus la regarder dans les yeux. Merlin, tout tourne brusquement ! J'ai terriblement besoin de quitter ce château et ces pensées étouffantes.

Je laisse tomber mon regard une dernière fois dans le sien, avant de me retourner brusquement vers le couloir vers lequel je me dirigeais. Je ferme les yeux et fais de grands pas, marchant sur les traces d'une Bristyle que j'ai désormais complètement oublié. Mon cœur bat très vite, mais j'essaye de le calmer en me disant que demain, cela ira mieux.
J'avance sans me retourner, totalement hermétique au reste du monde.
La brutalité fait mal, mais parfois elle est nécessaire. Aujourd'hui, elle l'était, même si elle me fait aussi foutrement mal.


Je crois que c'est une fin pour moi, mais j'ai presque du mal à y croire. Oh la la, qu'est-ce que c'était dur et fort ! Alyona s'est montrée tellement fermée et négative ! Mais qu'est-ce c'était beau à écrire !
Merci, je n'ai pas vraiment d'autres mots. Je n'arrive pas à imaginer que cette Danse puisse se terminer ahah. Merci beaucoup à vous deux, sincèrement. (Que j'ai hâte d'écrire de nouveau avec vous et de découvrir la suite de tout cela !)

#466962Étudiante à l'Institut de Médicomagie et des Sciences Magiques — spécialité botanique